Bonjour à tous ! Encore une longue absence... J'en suis désolée. Je suis en dernière année de mes études alors le temps se fait rare ! J'espère que vous ne m'en tiendrez pas rigueur... Voici le premier chapitre du nouvel arc ! Comme je vous l'ai dit dans le chapitre précédent, il sera bien différent des deux premiers :D Enjoy !


CHAPITRE 22 : RENAISSANCE


Rin avait appelé Ren tous les jours depuis qu'elle voyageait avec Yuri. Elles se disputaient souvent : leurs caractères explosifs ne s'alliaient pas vraiment. Donc elles passaient leurs journées dans leurs cabines.

La pirate n'avait plus rien à faire. Pas de Bittle avec qui étudier, ni de Ness à taquiner, ni de Amaya pour lui enseigner, ni de Coco ou de Kazuki à qui apprendre, et ni de Teach avec qui avoir de conversation passionnante. Satch et Vista lui manquaient, et elle avait envie de caler sa tête contre leur épaule encore une fois. Barbe-Blanche et son rire guttural, ses trous partout et sa bienveillance sans limite. Les nuits avec Marco lui manquaient aussi.

Et les bras d'Ace lui manquaient.

Elle rêvait de lui toutes les nuits. Elle rêvait qu'il ne lui pardonnait pas, qu'il mourait dans ses bras, ou pire : qu'elle le tuait.

Elle ne comptait pas non plus le nombre de fois où elle avait essayé de l'appeler. Kyle lui avait une fois téléphoné, et il avait compris à quel point elle allait mal.

— Un pirate qui trahit son capitaine ne revient jamais dans les rangs, expliqua-t-elle. C'est une règle tacite. Si tu pars, c'est pour toujours ou pour jamais.

Kyle en était tout autant chamboulé. Savoir son amie dans cet état le rendait malade. Il savait qu'elle avait fait ça pour Ren, alors il la rassurait. Bientôt, elle deviendrait corsaire : un de ses ennemis à lui aussi. Et ça, elle ne pouvait pas se le pardonner non plus. De tous les appels qu'il avait effectués, elle n'en avait pris qu'un. Et ceux de Marco aussi :

"— Rin ?

— …

Rin, tu seras toujours ma fille.

— …

Ace est un bon commandant. La deuxième division est sauve.

— …

Porte-toi bien.

— … Merci Papa."

C'était un acte de faiblesse de l'appeler son père après tout ce qu'elle avait fait. Elle le savait. Mais même la plus grande résolution ne pouvait l'empêcher de déclarer tout son amour pour son père. Elle se demandait si Bittle, Amaya et Ness étaient déçus. Elle se demandait si Coco et Kazuki prenaient leur entraînement sérieusement. Connaissant Ace, elle n'avait pas à s'inquiéter.

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Premier pied à terre depuis quelques semaines. Ils étaient revenus sur East Blue en passant par Grand Line. Revenir sur la mer qui l'avait vue naître lui faisait bizarre, surtout sachant qu'elle avait passé beaucoup de temps dans le Nouveau Monde. Elle connaissait l'Île des Hommes Poissons par cœur et pourtant n'arrivait pas à se souvenir d'Inochi, sa ville natale.

Ren lui avait informé qu'elle arriverait sur l'île la plus proche de Red Line : Loguetown. Rin l'avait déjà visitée plusieurs fois, mais ses souvenirs étaient flous. Tant de choses s'étaient passées depuis, et elle n'avait plus eu le temps de faire quoique ce soit, sauf des missions en tant que commandante puisque la marine et les pirates rivaux cherchaient perpétuellement des noises à l'équipage de Barbe-Blanche, ce qui la tenait éternellement occupée.

Ren lui avait aussi dit qu'elle trouverait sur l'île le QG d'un colonel qu'il appréciait.

Smoker.

Elle n'avait pas eu à chercher son nom très longtemps dans les journaux puisqu'il en faisait souvent la une. Il était une des coqueluches de la marine. En discutant avec la deuxième colonelle —la fameuse Yuri, elle avait répliqué aussi méchamment que possible. Rin était étonnée qu'elle parte au quart de tour, elle qui était explosive mais pourtant pas excessive.

— Smoker se la pète un peu trop, railla Yuri. Juste parce qu'il a réussi à monter en grade avant moi…

Ren lui raconta que Smoker et Yuri étaient des rivaux. Toujours à se prendre la tête, toujours à essayer de surpasser l'autre. L'un doué en close combat et la seconde en armes à distance. En vérité, leur duo était plus efficace que n'importe lequel, mais leurs tempéraments les obligeaient à se toiser. Ren se surpassait chaque jour pour les associer, et l'opération Chaînes Vengeresses était l'un de ces multiples essais.

Ren lui rappelait Marco qui avait tenté pendant des semaines de réunir Bittle et Rin, les deux pépites de la première division (à ce moment-là.) Bittle avait migré directement vers la deuxième (le fourre-tout de l'époque) et Rin avait tenté la quatrième avant de se détacher de Satch.

Le cuisinier lui manquait aussi, se dit-elle. Il était une des rares personnes qui se souciait d'elle comme un parent. L'amoureux de Marco, son partenaire mais aussi une figure maternelle. Il avait beau être collant, il savait aussi mettre de la distance entre eux —Marco en mettait beaucoup trop.

En faisant le deuxième pas qui la détacha totalement du bateau sur lequel elle avait vogué des semaines, Rin se débarrassa de toutes ces pensées futiles. Rien ne servait de rêvasser du passé. En regardant le dos de la colonelle devant elle et sa démarche enjouée, Rin ne remarqua que la présence fugace d'une âme bien connue dans la ville.

Et Yuri disparut de son esprit.

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— Yuri !

Un jeune homme aux cheveux roses balaya l'air de sa main, pour faire signe à son amie qu'il est enfin arrivé. Yuri croisa son regard et rosie un peu, un sourire tendre sur le visage.

— Kobby.

— Yuri, où est notre invitée ?

La colonelle observa autour d'elle, ses yeux aussi écarquillés qu'un chien qui monte la garde. Finalement, son regard se posa dans celui de Kobby.

C'était sûr :

— Elle s'est barrée.

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— Je me suis perdue… Marmonna-t-elle.

Ça n'était sans doute pas arrivé depuis l'incident de la robe, quand elle avait 12 ans. Et Satch avait été là pour la retrouver. Elle devait vraiment être dissipée…

Elle soupira de nouveau, se pinçant l'arête du nez.
Très bien. Perdue ? Rin Utsuii ? Commandante de la deuxième flotte de Barbe-Blanche et bientôt Corsaire ? 780 millions de berries de prime ? Non, pas possible. Loguetown avait tellement changé, en si peu de temps… Il était sûr que le colonel dont lui avait parlé son frère y était pour quelque chose.

Bien déterminée à retrouver le chemin qui la mènerait à Ren, elle s'engouffra dans les méandres de l'île.

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Loguetown était la ville où était né et mort Gold Roger. S'il avait beaucoup d'importance au sein de la piraterie, pour Rin cet homme ne signifiait rien. Mais maintenant qu'elle savait que son père et lui avaient été camarades, elle ne pouvait s'empêcher de le voir d'un œil neuf.

A l'instar de Water Seven, qui était une destination quasiment obligatoire pour se rendre dans le Nouveau Monde, il n'y avait pas un pirate qui n'avait pas foulé la terre de Loguetown. Pour deux raisons : il était un point important avant de traverser Reverse Mountain et la Route de Tous les Périls, et était la dernière île sur laquelle on pouvait prendre des provisions avant d'arriver sur Grand Line.

Mais d'après Rin, il était complètement stupide d'aller sur une île où un colonel avait établi son QG. L'information circulait dans tous les journaux, se dit-elle en arrachant celui du jour des mains d'un citoyen lambda qui la gronda. Quand elle était encore pirate de Barbe-Blanche, elle avait déjà visité cette ville et ledit Smoker n'y habitait toujours pas. Ça devait être récent.

Quand elle fut devant l'échafaud de Roger, elle se demanda comment Jun avait dû se sentir en voyant son ami se faire exécuter. Barbe-Blanche, lui, comment se sentait-il quand son rival de toujours avait quitté cette terre ? Comment s'était-il senti quand ses camarades étaient partis ?

Le cœur de Rin était encore avec eux. Elle ne pensait qu'à eux, toujours, tout le temps. Alors il était logique que le cœur de Barbe-Blanche soit encore avec eux.

— Tragique, non ?

Le corps de Rin avait ressenti la présence bien avant de la réaliser. Comme si la personne avait détruit tous les murs de protection qu'elle avait échafaudé depuis qu'elle était née.

La voix du jeune homme lui donna envie de pleurer et elle n'osait pas le regarder.

— Gold Roger, le Roi des pirates, a souri lors de son exécution. Tu le savais, Rin ?

Elle se tourna finalement vers son frère.

C'est comme s'il n'avait pas changé. Il était plus grand qu'elle maintenant, et ses yeux étaient d'un bleu aussi pur que les siens.

— Sourire ou pas, qu'est-ce que ça change quand on va mourir ? Répondit-elle avec un sourire contrit.

Le rire de son frère sonnait si mélancolique quand il était à côté d'elle. Avant de s'en rendre compte, elle était dans ses bras. Avant de s'en rendre compte, elle l'enlaçait en retour. Et gonfla son torse de sa présence.

— Tu m'as manqué… Souffla-t-il.

Elle ne sut quoi répondre. N'était-il pas évident qu'il lui avait manqué bien plus que ce que les mots pouvaient transmettre ?

— Contre-Amiral Bayle, je dérange peut-être ?

La voix si grave de l'homme —qui venait d'apparaître, coupa court aux retrouvailles des jumeaux. Sur ses gardes, Rin se dressa entre l'inconnu et son frère.

— Colonel Smoker ! S'exclama Ren.

Le jumeau dépassa sa sœur pour rejoindre le fameux Smoker qui la toisait d'un air suffisant. Ce dernier était obligé de respecter Ren, pour la simple et bonne raison qu'il était son supérieur. Alors Rin ne se sentait pas tant en danger.

— Je vous présente Mikito, qui va devenir corsaire sous mes ordres.

Les yeux de Rin étaient aussi acérés que ceux d'un chat, se dit Smoker en constatant la méfiance dans toutes les fibres du corps de la pirate.

— La 2nde commandante de Barbe-Blanche ? Railla-t-il en mettant la main sur sa jitte.

Sentant l'atmosphère s'épaissir notablement, Ren posa sa main sur l'épaule de Smoker et claqua d'une voix sèche :

— Colonel Smoker, je vous suggère d'arrêter tout de suite.

Le sourire de Ren n'avait rien d'avenant. Si Rin n'avait pas été sa sœur, elle l'aurait attaqué directement tant il respirait la malveillance à cet instant. L'attitude complètement hostile de Ren lui fit hérisser les poils. Et la seconde d'après, son aura malfaisante s'en était allé.

Son frère est flippant, pensa-t-elle en le suivant jusqu'au QG.

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— Les gens ne se souviennent pas de mon visage.

— Comment ça ?

— Mon fruit altère les souvenirs des gens, expliqua Ren. C'est pour ça que personne ne comprend à quel point nous nous ressemblons. Tu demanderas au colonel Smoker, il ne saura pas te dire la couleur de mes cheveux.

Voilà qui expliquait comment ils avaient fait pour ne pas être reconnus, se dit Rin. Ils étaient le miroir de l'autre, et seul quelqu'un d'aveugle aurait pu ne pas comprendre leur apparenté.

Ren se faisait connaître sous le pseudonyme d'Akazie. Tout comme Akainu, Aokiji ou Kizaru, son vrai nom, Bayle D. Ren, était connu de tous. Memoir avait été Amirale, alors il était bien normal que son fils reçoive un traitement tout particulier.

Rin était sûre qu'il n'avait pas triché pour en arriver au grade de Contre-Amiral, d'ailleurs Smoker ne le regardait pas avec jalousie mais avec respect, ce qui indiquait qu'il n'avait pas volé sa place sous l'effet piston de son affiliation.

Les jumeaux se tenaient la main constamment —peu importe le regard du colonel derrière qui pensait avoir à faire à des amoureux. Ren avait l'impression que s'il lâchait sa sœur, elle s'envolerait. Elle s'était déjà perdue, alors il devait la surveiller.

N'est-ce pas ?

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— Yuri !

La jeune femme avait les cheveux encore plus emmêlés que d'habitude. Elle se battait avec sa crinière, qu'elle attacha prestement en voyant ses deux supérieurs.

— Colonel Smoker, Contre-Amiral Bayle ! Apostropha-t-elle d'un air paniqué.

Son regard se dirigea vers Rin, qui ne lui offrit qu'un visage neutre quand Yuri la sermonna :

— Mikito, je vous ai cherchée partout ! Où étiez-vous ?

Elle était accompagnée d'un officier aux cheveux roses, qui s'empressa de fuir son regard dès qu'elle le posa sur lui. Un troisième, blond, aux lunettes de soleil, fit l'exact inverse (même si Rin ne pouvait pas savoir où se posaient ses yeux à cause desdites lunettes.)

— Je suis partie visiter, expliqua Rin.

C'était faux.

Elle s'était perdue.

— Mais enfin ! Explosa forcément Yuri. Vous êtes pas bien, j'ai eu peur moi !

— D'accord d'accord, calma Ren en voyant Smoker perdre son sang froid contre son ennemie de toujours.

— Deux colonels au même endroit, j'ai le droit à un grand privilège. Siffla Rin en s'amusant de l'agacement de Smoker.

— Ne commence pas ! Implora son frère.

Yuri, Smoker et Rin semblaient être aussi compatibles que l'eau et l'huile. Le trio allait donner des maux de tête à Ren, c'était sûr.

— Bonne chance, Contre-Amiral Akazie. Lui dit Hermepp en posant sa main sur son épaule.

Kobby ne renchérit pas, mais sa moue décontenancée montrait l'étendue de la force qu'il donnait à son supérieur. Les trois se disputaient encore, et rien ne semblait pouvoir les arrêter.

— J'ai une idée.

Tout le monde se tourna vers la sniper à la grimace de défi.

— Faisons un duel, si tu es si sûre de gagner, Chaînes Vengeresses.

— Pas en présence du Contre-amiral Akazie, siffla Smoker.

— Non, c'est une très bonne idée ! S'exclama ledit Contre-amiral.

Smoker tombait des nues, il ne comprenait pas pourquoi son supérieur prenait une telle décision, lui qui apaisait souvent les tensions. Mais en voyant que Rin le toisait, il comprit qu'elle se demandait la même chose :

— Ren…

— Tu n'as pas envie de les affronter ? Rigola un peu sarcastiquement Ren.

Une étincelle dans son regard s'alluma, ce qui intrigua Smoker. De toute façon, il aurait accepté le duel uniquement car c'était un ordre de son supérieur.

— Niquel ! Sauta Yuri, déjà prête à en découdre.

— Ouais, niquel… soupira Rin.

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Ils étaient quand même revenus au QG, pour prendre des vêtements à Rin qui avait déserté et dont le sac était tombé pendant son combat avec Ace. Ren avait déjà tout prévu —normal,

Quand elle vit les vêtements qu'on lui avait donnés, elle fronça les sourcils et les regarda avec mépris.

Elle prit la robe et l'enfila. Remonta la fermeture éclair.

Tout en fermant son vêtement, elle suivit la courbe de sa taille. En plus de ne pas être très grande, elle n'avait aucune forme.

Pas de hanche. Pas de seins. Pas de taille. Pas de cuisses, ni de mollet. Juste une musculature qui lui faisait avoir de grandes épaules et un ventre plat ciselé d'abdominaux.

Son frère, lui, se dit-elle, avait de grands yeux comme elle et pourtant était plus frêle et plus doux. Il avait tout d'une fille alors qu'elle ressemblait à un garçon.

De fureur, elle brisa le miroir de son poing. Une bonne chose de faite, se dit-elle. Rin n'avait jamais apprécié son apparence, mais revoir les combinaisons blanches de l'époque où elle était encore avec Isaac la rendait malade.

Elle s'efforça de penser aux enlacements d'Ace. Quand il la prenait dans ses bras, elle avait l'impression d'être belle, et ça la rendait heureuse.

Mais plus maintenant.

Rin s'en alla, ne fermant même pas la porte derrière elle.

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— Vous êtes prêts ? S'exclama Kobby, une légère couche de sueur sur la tempe.

Rin se craqua les phalanges et remonta ses gants. Ses adversaires, eux, préparaient leurs armes. L'arène avait été pensée pour les entraînements, se dit Rin en observant autour d'elle. Dans les gradins, beaucoup d'officiers, de jeunots tout juste admis. Son frère, Ren, bien sûr, qui lui envoya un clin d'œil malicieux.

Et, d'un coup, tout le monde courba l'échine.

Smoker et Yuri se tournèrent comme un seul homme vers la source de l'attention des gradins. Kobby n'osait pas se retourner quand il entendit la voix suave du nouvel arrivant derrière lui :

— Qu'est-ce qu'il se passe ici, Colonel Smoker.

Kobby s'inclina bas, comme l'ensemble des soldats présents —même Ren. Rin devina qu'elle avait devant elle un Amiral, et que son arrivée n'était pas prévue. Son frère ne l'aurait jamais mise en danger en la présentant seule face à un si haut gradé, et le visage paniqué de Kobby le montrait bien.

— Bienvenue, Amiral Aokiji. Annonça Smoker.

Les yeux océan de la désormais corsaire coulèrent sur le fameux Aokiji. Elle avait entendu parler de lui —qui n'avait jamais entendu parler des amiraux ? Il fit de même et la décrit. Il était si grand qu'elle n'arrivait pas à voir le bout de sa personne. Longiligne, peau mat, un masque de sommeil sur son front. Son attitude désinvolte et apathique avait quelque chose de fascinant, pensa Rin en se préparant mentalement à l'affronter. Elle n'était pas sûre (du tout) d'avoir la puissance de le battre. Ses gants seraient d'un grand recours.

— Amiral Aokiji, apostropha Ren des gradins. Soyez la bienvenue. Que nous vaut votre venue ?

— J'ai ouïe dire que tu avais embauché ton corsaire personnel, Bayle. Je suis venu la voir en personne.

Le regard de Ren se transforma devant tout le monde. Acérés, comme possédés. Et Aokiji avait l'air quasiment amusé.

— Mais continuez, continuez, je veux voir ce spectacle.

Il s'adossa nonchalamment au mur de l'arène. Être épiée n'était pas aux goûts de la pirate, mais le visage de son frère l'empêchait de dire quoi que ce soit. Il fallait prouver sa valeur maintenant, ou il serait trop tard.

Kobby se remit de ses émotions et énonça le compte à rebours lentement. Les colonels se préparèrent de nouveau, sous l'air désintéressé de Rin.

— Commencez !

La voix du mousse fut suivie d'un bruit sec. Rin, d'un lancer de couteau, avait endommagé le sniper de Yuri qui en dégaina presque instantanément un deuxième. Smoker fondit sur elle, sa fumée devenant étouffante. Contre toute attente, et même s'il avait de très bonnes oreilles, Rin le frappa au plexus solaire. Plusieurs soldats bondirent dans leurs rangs, étonnés que l'on puisse toucher un logia. Il risposta en utilisant sa jitte, mais la pirate était déjà partie se précipiter sur Yuri. Celle-ci tira plusieurs balles qui n'atteignirent pas leur cible —mais ce n'était pas le but de la jeune femme. Quand Smoker s'en rendit compte, il suivit le plan de sa rivale.

Ils voulaient acculer la corsaire.

Et y arrivèrent.

Quand Rin se retrouva à devoir bloquer la jitte de Smoker de son avant-bras gauche et le fusil de Yuri de son avant-bras droit, elle sourit. Son visage si neutre se mua en une grimace de défi.

— Pas mal.

Les deux colonels furent expulsés par une force qu'ils n'expliquèrent pas. Smoker fut assailli de coups, peu importe le nombre de fois où il essayait de se reprendre et de riposter. Son fruit avait été subtilisé par la pirate, constata-t-il avec effroi. Et elle l'utilisa contre Yuri, qui fut enfermée dans une bulle de fumée.

Retirer la vue à un sniper, en voilà une bonne idée. Aokiji était presque impressionné. Rin avait réussi à trouver une tactique si vite. Et ce qu'on disait sur elle était aussi vrai :

— Tu reproduis les pouvoirs des utilisateurs des fruits du démon… Grommela Smoker en la voyant changer ses bras en cristaux.

Aussitôt, la fumée dans l'arène se fit si écrasante qu'on ne pouvait plus y voir.

— Attention, Smoker !

Yuri l'avait avertie. Enfin, c'est ce qu'on voulait lui faire croire.

Smoker se retourna prestement, et contra la frappe de la pirate qui avait pris la voix de sa rivale.

— Elle ne prendrait pas la peine de me prévenir. Expliqua le colonel avec un sourire.

— Je vois, répondit Rin avec sarcasme.

Une balle passa entre les deux opposants, sifflant si fortement qu'ils en furent étourdis une seconde. Rin disparut de nouveau dans les nuages de fumée, que Smoker rappela à lui. La scène était de nouveau visible.

Yuri tenait la pirate en joug, et tira à de multiples reprises.

Elle ne manqua jamais. Mais que pouvait-elle faire contre les pouvoirs du Phénix ?

Rin fondit sur elle, et personne ne réussit à savoir quel fut le coup qui la mit à terre. Rin récupéra alors l'arme de la jeune colonel, tandis que Smoker essayait de comprendre son manège. D'un geste lent, elle pointa son adversaire au sol et il comprit que Rin était prête à tuer Yuri sur-le-champ. Était-elle sérieuse ?

— Les pirates restent des pirates. Tonna Rin. C'est ce que tu m'as dit, n'est-ce pas, Smoker ?

Smoker avait une ouïe très fine. C'est pour ça qu'il entendit le chien s'enclencher.

Plus qu'à tirer sur la gâchette.

Quand le coup de feu partit, Smoker était déjà sur la jeune femme. Elle en profita pour le plaquer au sol de sa main libre, et l'étouffer avec sa propre fumée.

— Je suis fait de fumée, penses-tu que ça va me faire quelque chose ? S'exclama Smoker.

— Bien sûr que non, railla la pirate.

Et elle enfonça son front dans le sien.

Smoker était assommé mais se reprit vite. Derrière Rin, Yuri se relevait déjà.

Et là, ils s'évanouirent.

Eux, et la majorité des soldats présents dans la salle.

— Bah voilà, bougonna Rin.

Une veine battait sur sa tempe. Elle avait perdu son temps, mais ses adversaires avaient été meilleurs que ce qu'elle avait pensé. Smoker et son ouïe, Yuri et son instinct sans faille.

Puisque Kobby avait basculé dans l'inconscience aussi et que Ren était trop interloqué pour effectuer un seul geste, l'applaudissement indolent d'Aokiji se répercuta dans l'arène :

— Bravo, gamine, c'est bien. Le Contre-Amiral Bayle s'est trouvé une pépite.

Rin n'appréciait pas du tout la désinvolture totale de l'Amiral. Bien vite, son frère sauta des gradins pour les rejoindre.

— Bayle, je suis ici pour amener notre belle invitée à Sengoku.

La respiration de Ren se bloqua un peu, Rin pouvait le sentir. Elle prit sa main discrètement —pas suffisamment pour qu'Aokiji ne le remarque pas, et rétorqua :

— Parfait, je pensais que ce serait plus difficile.

Le contre-amiral était souriant et son attitude chaleureuse, mais Aokiji ne s'y trompait pas. Son subordonné était un vrai charognard —une vraie vipère. Outre le fait qu'il ne puisse jamais se rappeler de son visage ou de ses aptitudes, Bayle D. Ren avait la réputation d'être un démon sous l'apparence d'un ange.

— Merci d'avoir fait tout ce chemin, Amiral. Répondit Ren.

— Hm. Suivez-moi.

L'amiral avait avec lui un vélo qu'il s'empressa d'enfourcher. Les jumeaux le regardèrent avec un soupçon de désarroi. Un vélo… alors que les amiraux pouvaient littéralement marcher dans les airs.

Soit.

Ils partirent sans prendre le soin de s'occuper des soldats évanouis dans la salle.