Soporifique
Ronald Weasley, vingt-neuf ans, s'ennuyait à mourir.
Après la bataille finale, le deuil de Fred s'était fait trop lourd à porter au Terrier. Grisé par la célébrité qu'il avait obtenue en aidant Harry Potter à vaincre Voldemort, le roux avait voulu en profiter au maximum. Les filles qui se jetaient sur lui se comptaient par dizaines, les restaurants lui offraient le repas dès qu'il se présentait à la porte, tout le monde voulait l'engager … bref, il n'avait qu'à demander, il avait tout ce qu'il voulait.
Constatant que son rêve de devenir auror était à portée de main, Ron avait voulu s'engager immédiatement dans le programme des aurors mais en se renseignant auprès de ses amis, il découvrit qu'Hermione et Harry avaient décidé de faire leur septième année à Poudlard, qui rouvrirait ses portes au premier octobre. Refusant de se retrouver seul, il leur emboîta le pas et durant toute l'année scolaire, suivit sans broncher le programme de la brune s'il ne voulait pas passer pour un imbécile au programme des aurors. Sa ténacité avait été telle qu'il avait obtenu une confortable moyenne à ses ASPICS, ce qui rendrait obsolète toute critique future qui dirait qu'il aurait obtenu sa place dans le programme grâce à sa célébrité.
Malgré tout, Ron entra seul dans le programme des aurors. Harry, qui aurait dû le suivre, s'était vu opposer une fin de non-recevoir pour tenter l'examen d'entrée du programme. En effet, depuis son affrontement avec Voldemort, le brun était suivi médicalement et son corps et sa magie récupéraient enfin de son enfance, de son adolescence et des combats. Comprenant que si son meilleur ami s'obstinait, il pourrait en mourir, le roux décida de vivre leur rêve pour tous les deux. Il se plongea donc complètement dans ses études et deux ans plus tard, il était dans les dix premiers de sa promotion.
De son avis, la première année sur le terrain avait été intense. En tant qu'auror junior, Ron devait passer par tous les postes où un auror pouvait être demandé. Patrouilles dans les rues, interventions, prises de déposition … rien ne lui avait été épargné et mine de rien, le métier lui plaisait de plus en plus, même si Harry ne pouvait plus l'exercer avec lui. Là où il avait eu des difficultés, c'était tout ce qui avait trait à Azkaban. Les détraqueurs étaient toujours présents en attendant une solution pour leur faire quitter les lieux et généralement, son comportement ignoble pendant le peu de temps qu'il avait passé sur les routes avec Hermione et Harry lui revenait en pleine figure, entre autres.
Les choses se corsèrent quand Ron devint auror sénior, deux ans après la fin du programme.
Les aurors furent affectés à leurs postes définitifs et si la plupart de ses camarades de promotion furent répartis à travers le pays, lui dût rester à Londres, plus particulièrement auprès du ministre de la magie en tant que garde rapprochée. Méfiant depuis que Cornelius Fudge avait été au pouvoir, il ne lui avait pas fallu longtemps pour comprendre qu'il avait été sélectionné pour ce poste uniquement à cause de sa célébrité. Malheureusement, il était coincé au moins jusqu'à la fin de son mandat, où il pourrait demander une nouvelle affectation, et ce ne serait pas avant de longues années.
Ron découvrit alors le mauvais côté de la célébrité et surtout, comprit ce qu'Harry vivait pendant son adolescence. Il devait surveiller tous ses faits et gestes sans quoi, cela lui retomberait dessus avec autant de force que s'il avait tué quelqu'un devant tout le monde. Il devait également répondre à tous les caprices du ministre – non, le terme n'était pas trop fort – et garder, si ce n'est le sourire, au moins ses sentiments pour lui.
Alors qu'il se trouvait à une énième soirée où il devait surveiller son patron qui s'imbibait consciencieusement, Ron passa distraitement une main dans ses poches pour éviter de bailler ouvertement devant les invités qui ne le quittaient pas des yeux. Il eut la surprise de tomber sur un artefact de Weasley et Weasley, Farces et Attrapes, sur des Fusées Fuseboom miniatures plus exactement, qu'il avait obtenu en exclusivité. Pendant un instant, il fut tenté de les utiliser et un regard sur le ministre le convainquit. Qu'est-ce qu'il risquait exactement, à part le renvoi ? Rien qu'il ne voulait déjà et son chef n'en serait même pas étonné, sachant que sa lettre de démission ne serait acceptée que si le ministre lui lâchait la grappe.
Discrètement, il laissa tomber la petite balle sur le sol où elle roula jusqu'à la table la plus proche. D'un coup de baguette, il l'alluma et fit un pas en arrière. La première explosion retentit avec les premières exclamations de surprise.
Que le spectacle commence.
Fin
