Non corrigé.

Black widow - Iggy Azelea


J'ai passé le reste de ma matinée à trainer au salon avec les jumeaux et Ginny. J'ai bien aimé ce moment hors du temps, sans pression. On aurait pu se croire avant la bataille finale tant l'ambiance était bonne. Je crois même avoir lâché un vrai rire. J'en suis particulièrement fier, il faudra que je pense à le dire à Draco.

Être avec les gens que j'aime m'a permis de penser à autre chose qu'à nos corps collés l'un contre l'autre, ce qui m'a reposé les pensées. Vers midi, Hermione nous a rejoint et nous avons aidé Molly à préparer le déjeuner. Ron n'a pas daigné se lever mais nous l'avons laissé faire. Le repas s'est passé dans la bonne humeur quoique sans Arthur : occupé à travailler au ministère.

- Tu seras là ce soir Harry ? m'interroge Ginny

Je prends quelques secondes pour réfléchir à ma réponse. Je n'ai pas prévu d'aller au Bag'lette mais je sais que la discussion avec Hermione peut m'influencer et me pousser à me rendre sur place.

- Je ne pense pas, mais je vous préviendrai si je ne dîne pas à la maison.

Elle a l'air un peu déçue mais m'adresse un petit sourire qui me rassure. Je ne dois pas oublier qu'à l'origine, je ne suis pas chez moi à proprement parler. Je me demande quand est-ce que je partirai d'ici pour aller dans un « chez moi ».

Je monte et retourne dans ma chambre, désireux de fuir une situation qui m'échappe. Je déteste quand mon cerveau s'emballe, c'est encore pire que le vide. Je crois que je préférai lorsque je ne ressentirais plus rien. Je suis revenu au point de départ, quand mes pensées s'emballent, quand l'angoisse me tord le ventre, quand la colère est ma seule réponse face à elle. Le Harry d'avant. Draco avait dit que je ne reviendrai pas comme avant.

Je dois lui faire confiance… Il fait exactement ce que je lui demande de faire depuis le début. Il ne me laisse pas tomber. Par Merlin, suis-je censé croire qu'il ne me laissera pas tomber ?

Jusqu'à la fin du contrat…

Sans trop savoir interpréter ma réaction, j'accueilli le douloureux pincement au cœur docilement.

Je pose ma main sur mon pectoral, inspirant profondément avant d'expirer longuement.

-Harry ? Tu ne m'as pas attendu trop longtemps ?

Mione. Hermione est là. Mes épaules se relâchent, je n'avais même pas remarqué que j'étais aussi tendu.

- Non, à peine cinq minutes.

- Tu as mal quelque part ?

Je nie d'un geste et l'invite à s'asseoir à mes côtés.

- Avant qu'on parle de moi, raconte-moi pour hier soir !

- Tu n'es pas obligé, je suis là pour t'écouter me raconter les nouveautés.

- Je veux savoir, mais après je serai trop focus sur mes problèmes, alors vas-y, raconte !

- Nous sommes allés dans un bar tous les deux. A la base, c'était pour qu'il parle du dernier match avec le gérant, mais on a fini par manger un bout, puis boire un peu. Le gérant était super occupé, c'était bondé ! J'ai fini par trop boire, alors je me suis dis qu'aller danser était une bonne idée. Tu m'aurai vu Harry ! Ronald a dû me rejoindre pour m'éviter de faire n'importe quoi, et les autres clients se sont mis à danser avec nous. Le gérant a pousser les tables pour créer une piste de danse dans son bar ! J'ai rarement pris autant de risques, Ronald a été incroyable toute la soirée. C'était hors du temps.

On a tous dansé hier soir apparemment.

- Incroyable, j'aurai aimé te voir comme ça ! Tu es éblouissante depuis ta déclaration, tu as l'air tellement plus libre. Je suis ravi pour toi, pour vous deux, Mione. Te voir heureuse est ce que j'ai toujours voulu.

- Moi, j'ai toujours voulu qu'on soit heureux tous ensemble.

Encore deux secondes et elle va pleurer.

- On est sur la bonne voie je trouve.

Et voilà, elle retrouve le sourire.

- Bon on passe à toi, raconte-moi !

- Hier soir, j'avais un rendez-vous avec Drago. Il faut savoir qu'il y a quelques temps, j'ai fait un rêve très particulier. Un peu comme à l'époque, mais en moins grave. Je me suis ouvert à lui à ce sujet, et il a trouvé la raison. Un sort un peu mal prononcé ! Tant d'angoisse pour une erreur, j'ai crû devenir fou. Résultat, il se pourrait que j'ai craqué devant Malfoy…

- Plus de peur que de mal, c'est toujours ça de pris j'imagine. Il a réagi comment ?

- Incroyablement bien. Je le déteste d'être à ce point parfait quand je vais mal.

- Vos ressemblances me sautent de plus en plus aux yeux… Drôle d'évolution de la part de Malfoy cela dit.

- Ouais… Le plus drôle dans l'histoire, c'est que toi et moi on a fait la même chose hier soir. Après ma crise, dans un club dansé tous les deux dans la fête.

- Nan ! Ah j'y crois pas. Harry, tu y avais mis du cœur pour me contredire lors de notre dernière conversation, tout ça pour que tu finisse par m'annoncer ça.

Elle se fout clairement de ma gueule. J'avoue que c'est absurde. Assez pour m'arracher un sourire ironique.

- Hors blague, comment tu te sens vis-à-vis de cette soirée dansante ? Si tu m'en parles, j'imagine que c'était plutôt tendu…

- Si on pense au même type de tension, carrément. Honnêtement, je le vis vraiment mal.

- C'est pour ça que tu ne sais pas si tu y retournes ce soir ? Si tu veux avoir du temps pour te poser mentalement tu peux passer la soirée avec nous. Tu n'es pas obligé de sortir.

- Je ne sais pas si c'est juste ça. Je pense que j'aimerai discuter avec quelqu'un… au sujet du rêve. A part au club, je ne sais pas où le trouver, mais je ne sais même pas s'il continue d'y aller !

- Qui sait, tu auras peut-être de la chance ! Mais ne te force pas, demain, dans une semaine, dans le mois : ça se vaudra toujours.

- Je ne veux pas continuer à avoir la boule au ventre…

- Alors je pense qu'au fond Harry, ta décision est déjà prise. C'est ok. Même si tu vois Draco, je ne pense pas que tu as fait quoi que ce soit de plus que danser, donc tu n'as rien à te reprocher.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Je veux dire que si tu veux fuir cette relation qui te dérange : tu peux encore le faire.

Quelques heures plus tard, tandis qu'Hermione passe du temps avec un Ron à demi-réveillé, je me décide enfin. J'enfile une chemise après une douche rapide, prends mes balai, et voilà en route pour la Bag'lette.

C'est fou, je ne tiens jamais longtemps avant d'y retourner.

Mes pensées tournent en boucle entre Draco et cette histoire de rêve et j'ai besoin de faire taire au moins une des deux.

Lorsque je suis enfin à l'intérieur, je constate l'absence de Draco par l'étiquette « fermée » sur son bureau. Il pourrait être là sans recevoir, mais l'après-midi, il est toujours ouvert à moins d'être en séance.

Pour une fois, la piste de danse ne m'attire pas plus que le bar et je me surprends à vouloir faire demi-tour. C'est comme si l'endroit avait perdu son pouvoir. Déjà, j'ai envie de rentrer. Je me force à avancer jusqu'au fond du club, histoire d'avoir une vue d'ensemble. La probabilité que Grin soit là, ce jour-là, à cet horaire précis est si faible que je rirais presque de ma bêtise.

- Harry Potter ?

Encore un qui ne respecte pas l'anonymat… Je pose un regard peu avenant sur le nouveau venu avant de me liquéfier quand je reconnais celui pour lequel je me suis déplacé.

- Grin ?

- C'est bien moi. Monsieur Malfoy m'a dit que je vous trouverai sûrement ici aujourd'hui. Il m'a dit que nous devrions en discuter.

Par Merlin. Foutu-serpent. Je ne peux m'empêcher de sourire même si je pense que celui-ci doit avoir l'air un peu amer.

- C'est vrai, en fait il a raison. On va boire un verre ?

Il hoche la tête, l'air nerveux, et me précède vers le bar. Pas très à l'aise moi non plus, je tapote le bois de mon siège en commandant une bière au beurre.

- Si c'est à cause de cette histoire d'anonymat, je tenais à m'excuser encore une fois…

- Ce n'est pas pour ça, je ne suis pas rancunier à ce point. En fait, je ne vous en veux pour rien.

Je ris sous cape de ce mensonge poli, même si je ne lui en veux effectivement pour rien, et encore moins cette affaire qui remonte maintenant. Il pose un regard curieux sur moi alors je m'empresse de poursuivre :

- Je vais vous raconter une histoire à dormir debout mais je vous promets que je vous dis la vérité. C'est extrêmement gênant alors j'espère que vous comprendrez que je vous le dis par soucis d'honnêteté, pour me libérer, et si possible, pour me remettre de cet évènement. En aucun cas vous ne devez vous en vouloir pour ce que je vais dire, ce n'est clairement pas votre faute.

- Vous me faites un peu peur, monsieur Potter.

Je lui offre un sourire gêné et continue :

- J'ai eu un rêve partagé avec vous. En fait, je vous ai vu coucher avec votre partenaire pendant mon sommeil. Je pensais à un simple rêve coquin au réveil, un peu original certes. Mais quand vous n'avez pas respecté mon anonymat lors de notre rencontre, je vous ai reconnu. Vous étiez un des deux hommes de mon rêve. J'avoue que ça m'a vraiment mis dans une position délicate. Je ne vous en ai pas parlé plus tôt par gêne mais aussi par manque de réponses. Mais je les ai, depuis hier. Votre partenaire à éventuellement jeter un sort de travers, ce qui au lieu de réparer le lit, à transmettre la scène en direct à la personne endormie la plus proche. J'étais cette personne.

- Par Merlin.

- Désolé de vous annoncer ça comme un cheveu sur la soupe.

Je me trouve des talents de locuteur insoupçonnés, merci Hermione pour les tips.

- Ce n'est pas votre faute mais c'est vraiment gênant… Je suis censé réussir à vous regarder dans les yeux après ça ? La honte, cet enfoiré m'aura vraiment tout fait…

- Ce serait mieux, nous sommes tous les deux gênés à notre façon alors autant le partager maintenant… Si vous l'appelez comme ça, j'en déduis qu'il n'est plus d'actualité dans votre vie alors je propose qu' on rapporte toute la faute sur lui et que nous soyons innocents dans cette histoire.

- Très bonne idée, faisons ça.

Nous avons tous les deux finis notre verre en silence après ça, dans un silence de plomb. Pas franchement rassuré par cette conversation, j'hésitais à prendre un alcool fort après ma bière mais nos regards se sont croisés.

Nous sommes restés stoïques un moment avant d'éclater de rire, d'abord nerveusement puis plus franchement, plus naturellement. La tension a fortement diminué.

- Au moins notre rencontre à été atypique. Moi dit-il

- Tellement atypique que je propose qu'on se tutoie.

- Je suis pour, Harry. Nous devrions nous revoir dans quelques temps, lorsqu'en rire sera devenu une habitude.

- Pas de soucis de mon côté, ça me ferait plaisir.

Etrangement, je le pense.

On se sourit une dernière fois et sans me dire au revoir, je le regard s'éloigner dans la foule. C'est un départ original que je ne prends pas personnellement, une grosse épine a été enlevée de mon pied.

De mon côté la piste de danse ne m'attire toujours pas, il est trop tôt pour rentrer car le dîné n'est toujours pas passé. Je n'ai envie de voir personne. Le bureau de Draco est toujours fermé. Je vais donc récupérer mon balai que je réduis afin qu'il rentre dans ma poche et décider d'aller m'aller balader un peu, flâner devant les vitrines. Ce que je ne fais jamais habituellement.

Je regarde à peine au final, je me contente d'avoir l'air occupé pour que personne ne m'accoste. Je pense, encore et toujours. Avoir retiré un des deux sujets de la boucle laissés plus de place pour la dernière en liste.

Je regarde la nuit tombée sans me décider à rentrer, il doit être aux alentours de vingt heures maintenant. L'arrivée d'un froid plus mordant me pousse à m'arrêter pour fermer ma veste : je n'ai toujours pas la compétence nécessaire pour le faire en slalomant entre les sorciers et sorcières.

- Monsieur Potter désire-t-il que je lui ferme son manteau ?

J'aurai pu sursauter, mais ça fait des années maintenant qu'il m'en faut bien plus, alors je me contente de me tourner vers la source sonore. Une source sonore blonde platine et irréelle sous ce paysage urbain et hivernal avec les quelques rougeurs qui habillent son teint plus blanc que neige.

- Comment t'as su que je chercherai à le voir aujourd'hui ?

La question est sortie toute seule, il n'en est même pas surpris et ça m'agace.

- Je commence à te connaître Harry.

Putain. Je déteste quand il utilise cette ton de voix. Je retiens de justesse un frisson et choisis mon type préféré de réaction lorsque je suis mal à l'aise : la fuite.

J'ai à peine le temps de faire un mètre qu'il m'attrape par le bras.

- Cliché.

- C'est entièrement de ta faute si ça l'est. J'allais au Bag'lette, j'espérais que tu y serais toujours.

-Pourquoi ?

- Je voulais qu'on prévoit une séance.

- Tu es libre là ? J'ai vraiment besoin de me vider la tête.

Draco ne réfléchit même pas avant de me dire oui. Encore une fois, je ne peux m'empêcher de trouver la situation étrange : tout est trop simple. Si facile que ça semble suspect.

- Allons-y. Tu as ton balais sur toi ?

Je réponds par l'affirmative et en plein milieu de la rue bondée, Malfoy me prend le bras pour me faire transplaner avec lui.

- Le manoir Malfoy ?!

Il me sourit et me pousse à le suivre jusque derrière les écuries. Je ne savais même pas qu'ils avaient des chevaux. Je regarde la bâtisse avec dédain, de mauvais souvenirs y sont rattachés. Il suit mon regard et le sien se fait plus triste. Il se crispe et d'un mouvement de menton, me pousse à lui faire confiance.

- Il n'est plus habité. Même plus par moi. Mais il m'appartient toujours. Ma mère n'en veut plus, mon père en a perdu le droit. Je l'ai mais c'est du poison, je n'arrive juste pas à m'en débarrasser.

C'est un poids qu'il s'impose parce que le vide qu'il laisserait serait insupportable. Je me reconnais tant en lui que ça pique, un tout petit peu à la jointure entre le cœur et la vena amoris.

- Aujourd'hui, notre séance va être assez intime. Je me livre à toi par cette activité, mais je pense que nos ressemblances peuvent être mises à ton service au moins que nos différences. Ce n'est pas n'importe quelle balade en balais que je vais faire avec toi. Je vais te montrer mon seul échappatoire.

Je retiens mon souffle pour ne pas le laisser voir que mon cœur s'emballe et que je commence à trembler. Le Harry insensible s'en mord les doigts, le Harry d'avant-guerre rougit de honte devant ce que me prodigue Draco putain de Malfoy.

- Quelles sont les consignes ?

- Monte en ligne de droite, le plus haut possible. Jusqu'à ce que la pression face trembler ton balais au moins aussi vite que les battements de ton cœur.

Nos regards, accrochées comme à notre habitude, semblent se dire bien plus de choses que nos bouches ne s'autorisent à le faire. J'ai l'impression de gravir les étapes en un temps record avec lui, sans aucune stabilité ni sécurité. Pourtant, je ne me suis jamais autant senti à l'abri qu'avec lui.

Il attrape un balai caché dans la première boîte de l'écurie et monte directement dessus. Je l'imite donc, et après m'avoir offert un sourire encourageant, il prend de la hauteur et commence son pic.

Nous n'avons que deux secondes d'écarts, faute à son sourire qui m'a fait réaliser que je ne l'ai jamais vu faire autant de vrais sourires que depuis nos séances.

Je n'ai pas peur de la hauteur, ni de la pression, alors je commence mon pic sereinement.

Petit à petit, je réalise qu'il monte bien plus haut que ce que je n'ai jamais fait. Je ne sais même pas si le ministère l'autorise mais je me précipite à sa suite pour ressentir ce qu'il ressent.

Lorsque quelques secondes plus tard, j'ai l'impression de ne plus réussir à tenir le manche de mon balais, que je commence à avoir peur d'être arraché à lui pour faire une chute bien trop haute pour être maitrisée enfin là, je vois Draco s'arrêter.

Il me fait signer de redescendre avec lui et alors que je ne pense plus qu'à garder la bouche fermée de crainte que mon cœur n'en sorte, je me penche pour regagner une hauteur raisonnable, à quelques dizaines de mètres plus bas.

- C'est en faisant ça que j'ai survécu toutes ces années.

Face au poids de sa déclaration, le silence s'installe pendant plusieurs minutes pendant lesquelles on reste parfaitement immobile, à s'observer partout à part directement dans les yeux. Je pense qu'on sait tous les deux ce que cela voudrait dire.

- Je détestais tout le monde. Sans abuser, je crois que je me détestais aussi moi-même. J'étais tiraillé entre mon amour pour mes parents et l'indifférence que mon père me montrait. Je voulais être méritant mais j'étais insuffisant. A Poudlard, tout le monde me semblait inférieur, en grade et en souffrance. Il n'y a que quand je t'ai vu évoluer au fil des années que je me suis trouvé un concurrent. Aujourd'hui j'ai conscience qu'on a tous notre lot de douleurs. Ce n'était pas le cas, pendant notre scolarité. Quand Il a commencé à vivre chez moi, je me suis surpris à rêver de libération, de loin, d'enfin en finir. Je voulais sauver ma mère, la seule qui se serait sacrifiée pour moi. Pendant la bataille, quand on pensait que tu étais mort, j'ai crû devenir fou de souffrance. Tu étais la seule bougie encore allumée, et tu venais de t'éteindre. C'est sûrement par ta rage une fois sur pied que j'ai eu le courage de te lancer la fameuse baguette par la suite. Je n'avais jamais été aussi heureux de voir ta face de Gryffond, Harry.

Je ne sais pas quoi répondre, alors j'autorise juste mes yeux à rejoindre les siens. Il n'a rien fait pendant plusieurs minutes à nouveau. Puis soudain, dans un souffle, il me pose la question… et je dis « oui ».

Le savoir dans ma tête a été épouvantable, savoir que je n'avais pas à chercher au chasseur était presque agréable. Il n'a pas cherché plus loin que ce que je lui ai fait voir en surface et j'étais reconnaissant qu'il ait compris que jamais je n'aurai réussi à lui dire ça .

Sans se soucier plus du côté sérieux et extrêmement lourd de notre conversation, Draco se mit à rire. Une partie de moi veut rire avec lui, l'autre est mortifié qu'il est vu cette question dans mon esprit.

- Je sais que tu as parlé avec Grin aujourd'hui. Je vois que vous n'avez rien échangé de trop personnel… Je suis donc ton informateur pour cette fois : Grin a un nouveau petit ami.

- Ca ne me regarde pas.

- C'est vrai, mais son nouveau petit ami s'appelle Damien, et ça, je crois, tu voulais le savoir.

Drago n'est donc pas avec Damien.

- Il est vrai qu'il m'a prêté sa chemise avant de finir par moi la donner. La couleur est affreuse n'est-ce pas ?

- Ca te fait un teint affreux. Déjà que tu l'es en permanence.

-Menteur.

J'ai l'impression qu'on a quinze ans avec notre répartie. Cependant, au-delà du ton ridicule de notre conversation, je perçois la formalité cachée de notre échange.

Je me mets à redescendre, désireux de rejoindre la terre ferme. Il me rend nerveux, je déteste ce sentiment autant que j'ai envie de l'entretenir. Tout va trop vite dans ma tête. Je ne supporte pas. Je ne supporte plus.

Je sais qu'il me suit alors j'accélère. Ce qu'il fait aussi. Dès que mes pieds touchent le sol, je réduis mon balai d'un sort informulé et pars sans regarder où il se trouve.

Je réagis de façon pathétique. Mais j'ai trop mal, ça fait trop mal. Je préférais le Harry qui ne ressentait rien. J'étais à l'abri. Je ne voulais pas ressentir ce genre de choses.

- Harry Potter ! Je refuse que tu fuis de nouveau ! Je ne suis pas aveugle, ne me dis pas que tu n'as rien remarqué, je ne te croirais pas.

Le fait qu'il ait crié me surprend assez pour que je m'arrête, sa remontrance me convainc assez pour que je me retourne, l'impact que son interpellation a eu sur mon ego me pousse à me diriger vers lui.

Cliché, aurait-il dit, si sa bouche n'avait pas été sur la mienne.

Il s'y était apparemment préparé parce qu'il n'y a aucun moment de surprise, il me répond à la seconde et par Merlin ce qu'il est doué. Il a plus d'expérience que moi, j'en ai conscience, mais à ce point ? Peut-être est-il nul et juste le meilleur des quelques personnes que j'ai connu, ce qui ne serait pas compliqué.

Lorsqu'il approfondit le baiser quelques secondes plus tard, les questions et les réflexions disparaissent.

Le serpent a planté ses crocs profondément en moi. Le pire étant certainement que je crois déjà être accro à son venin.

On s'agrippe les cheveux, on se les tirent, nos corps s'entrechoquent et ça doit ressembler à un combat mais c'est parfait.

On fini par se séparer et à nouveau, je prends peur. Et parce que le courage de Gryffondor a apparemment déserté les lieux, je transplane pour le fuir. Une nouvelle fois.

Sûrement la dernière . Me souffle une petite voix.