PART II – VOLARE
Penso che un sogno così non ritorni mai più
Mi dipingevo le mani e la faccia di blu
Poi d'improvviso venivo dal vento rapito
E incominciavo a volare nel cielo infinito
La voix de Domenico Modugno résonnait dans les oreilles de Mercredi. Le corbillard de la famille Addams s'élançait sur la route déserte dont la surface miroitait sous la chaleur des rayons du soleil. La radio passait un chant italien que ses parents ne purent ignorer plus d'une seconde. Aussi, ils se lancèrent bien vite dans une interprétation en duo de « Volare ». Le mélange entre la voix grave et profonde de Gomez et de celle, plus volatile et suave, de Morticia offrait un spectacle qui donnait la nausée à la jeune fille. Assise en face d'eux, Enid à ses côtés, elle tenta d'ignorer la manière dont ses parents se pelotaient tout en chantant. Leur habitude dégoutante de démontrer leurs affections en public fit se retrousser les lèvres de Mercredi dans une grimace exprimant son dégout. Les yeux les plus observateurs pouvaient constater que sa peau d'une blancheur inquiétante se nuançait par une discrète nuance verdâtre…
Volare oh, oh
Cantare oh, oh
Nel blu dipinto di blu
Felice di stare lassù
Tentant d'ignorer l'odieux spectacle qui se déroulait devant ses yeux, la gothique détourna le regard pour le poser sur sa petite amie. Celle-ci semblait captivée par la prestation des parents Addams. Ses yeux brillaient devant leur performance vocale. Étouffant un soupir de découragement face à ce sentiment de solitude, Mercredi se résigna à endurer ce moment musical non consenti. En dépit du fait qu'elle aurait apprécié un peu de soutien de sa petite amie, elle se doutait que cette dernière apprécierait la prestation irritante de ses parents. Aussi ne fit-elle rien pour les interrompre.
Au lieu de quoi, elle regarda le paysage défiler par la fenêtre du corbillard. Le véhicule s'avançait entre les champs alors qu'il se rapprochait de leur destination. Après les nombreuses demandes d'Enid, il avait été convenu que toute la famille Addams passerait au moins une journée à la plage. Si Gomez et Morticia ont tout de suite adhéré à la proposition de la blonde, Mercredi et Pugsley furent plus difficiles à convaincre. Ce fut après avoir promis au garçon qu'elle viendrait pêcher à la grenade dans la mer, et de faire remarquer à Mercredi que les coups de soleil pouvaient s'avérer des douleurs intéressantes, qu'Enid rassembla tout le monde autour de son projet estival. Plus souriante que jamais, la louve se mit à chanter avec ses parents adoptifs.
E volavo, volavo felice più in alto del sole
Ed ancora più su
Mentre il mondo pian piano spariva lontano laggiù
Una musica dolce suonava soltanto per me
Volare oh, oh
Cantare oh, oh
Nel blu dipinto di blu
Felice di stare lassù
« Tu ne vas pas t'y mettre aussi. » grogna Mercredi en levant les yeux au ciel.
Mais sa petite amie ignora son commentaire, faisant une gracieuse démonstration de son accent italien alors qu'elle suivait le rythme et les paroles de Domenico Modugno. Agacée, la gothique ravala la remarque sarcastique qui, à l'instar de la bile, lui rongeait l'œsophage. À cause de la chaleur de l'été, elle avait troqué sa robe longue habituelle pour un pantalon noir et une blouse rayée noir et blanc. Le tissu de cette tenue, beaucoup plus fin que le reste de sa garde-robe, lui permettait de conserver une certaine fraicheur autour de son corps. Enid au contraire, portait une jupe rose qui lui arrivait au milieu des cuisses, laissant ainsi paraitre ses genoux pâles, un débardeur blanc et une chemise lavande laissée ouverte. Elle était belle et Mercredi se réprimanda intérieurement de se laisser distraire par le charme de sa petite amie.
Cette dernière continua de chanter en cœur avec Morticia et Gomez. Le trio offrait un spectacle acceptable, tous possédant une voix adéquate pour interpréter les chants italiens. Gomez était, sans aucun doute, celui qui possédait la voix la plus grave. Aussi pouvait-il apporter au chant une profondeur que les deux voix plus volatiles, qui l'accompagnaient, ne faisaient que survoler. Malgré l'irritation qui se découlait dans les veines de Mercredi, elle ne pouvait qu'admirer la capacité de sa petite amie à se joindre, avec autant de facilité, à ses parents.
« Chante avec nous. » dit Enid entre deux paroles.
« Jamais. »
Ma tutti i sogni nell'alba svaniscon perché
Quando tramonta la luna li porta con sé
Ma io continuo a sognare negli occhi tuoi belli
Che sono blu comme un cielo trapunto di stelle
Enid sourit, mais continua à faire entendre sa voix douce. Un sourire faillit échapper au contrôle de la gothique alors qu'elle tentait d'afficher un visage renfrogné. La chaleur dans la voiture lui serrait la gorge, en dépit de l'air conditionné lancé à plein régime. Le soleil incendiait le ciel et martelait le sol de ses rayons ardent. Une journée horrible pour une activité horrible. Un frisson parcourut l'échine de Mercredi. Elle posa un regard sombre par la fenêtre du corbillard. Elle regrettait la fraicheur du Manoir Addams, et la brume qui hantait leur cimetière familial. Pourtant, lorsque les doigts délicats d'Enid se mêlèrent aux siens, elle ressentit une étrange chaleur qui se propagea dans son ventre. Encore. Un sentiment devenu régulier depuis le début de sa relation amoureuse avec la louve. Une sensation qu'elle aurait voulu détester, sans jamais y parvenir. Luttant contre son instinct, elle serra la main de sa petite amie, sans pour autant lui accorder l'ombre d'un regard. Nullement troublée par le mutisme de Mercredi, la louve-garou entama à nouveau le refrain de cette chanson horripilante.
Volare oh, oh
Cantare oh, oh
Nel blu degli occhi tuoi blu
Felice di stare quaggiù
E continuo a volare felice più in alto del sole
Ed ancora più su
Mentre il mondo pian piano scompare negli occhi tuoi blu
La tua voce è una musica dolce che suona per me
Il ne restait plus qu'un refrain avant que cette séance de torture ne se termine. Mercredi serra la mâchoire, comme pour se contenir et ne pas écraser sa main glacée sur la bouche de sa petite amie. Cela faisait longtemps qu'elle avait abandonné l'idée de raisonner ses parents.
Volare oh, oh
Cantare oh, oh
Nel blu degli occhi tuoi blu
Felice di stare quaggiù
Nel blu degli occhi tuoi blu
Felice di stare quaggiù
Ainsi se termina ce supplice auditif. Ses parents ainsi qu'Enid se turent, partageant un sourire radieux qui retourna l'estomac de Mercredi. Se mêla à cette nausée invasive, l'étrange impression qu'une colonie de mygales remontait le long de son bas-ventre vers sa poitrine. Émotion née du contact prolongé avec la main de sa petite amie. Conservant un silence de mausolée, Mercredi porta son regard noir vers le visage jovial d'Enid. La veille, juste avant d'aller dormir, cette dernière avait opéré à une recoloration de ses cheveux. Ceux-ci, fraichement coupés par les soins méticuleux d'Esmeralda, flottaient à un demi-centimètre de ses épaules. Les pointes de ses mèches avaient retrouvé leurs éclats bleus, verts et roses. Dans un moment d'inattention, Mercredi lui avait conseillé de changer de couleur. Mais cette suggestion fut balayée par un haussement d'épaules auquel la gothique ne trouva rien à répondre.
« Merci pour ce petit voyage à la plage. » dit Enid à ses parents adoptifs.
« Nous sommes ravis de participer, ma chérie. » répondit Morticia d'une voix emplie de tendresse. « Toutefois, je suis étonnée que tu veuilles y aller par un temps aussi horrible. Un ciel bleu à perte de vue et un soleil éblouissant… drôle de météo pour sortir de chez soi. »
Les lèvres roses de la jeune fille s'étirèrent en un sourire gêné. Elle n'était pas encore accoutumée aux nombreuses extravagances de la famille Addams. Pourtant, cela ne sembla pas la perturber. Son air joyeux resta peint sur ses traits. Sur son visage, Mercredi pouvait apercevoir les stigmates des épreuves qu'elle avait traversées par le passé. Les maltraitances de sa mère, le harcèlement scolaire, les humiliations que lui faisait subir ses frères, son viol, sa tentative de suicide ou encore sa confrontation avec Atticus Graham. Pourtant, une sérénité prenait place dans l'azur de ses yeux. La gothique se surprit à apprécier cette vision, soulagée que sa petite amie guérisse enfin.
Mercredi tourna la tête et porta son attention sur les arbres en fleurs qui bordaient la route. L'allure rapide du corbillard l'empêchait de distinguer les détails de la végétation. Peu lui importait, car Mercredi se perdit, comme emportée par la brise de la nostalgie, dans ses souvenirs. Elle remonta à l'époque où la relation qu'elle entrainait avec Enid n'était qu'amicale. L'époque où elle ne se préoccupait pas de la santé mentale des autres. Une époque qui lui sembla lointaine.
Janvier PrÉCÉdent
Lorsque Mercredi passa le seuil d'Ophélia Hall, après plusieurs mois de pause, elle ressentit une forte impression de confort. Même si l'aveu ne passera jamais la barrière de ses lèvres, l'école lui avait manqué. Plus précisément, certaines personnes fréquentant l'école. Eugène et ses abeilles bien sûr, mais également Bianca Barclay et sa rivalité stimulante entretenue depuis leur première rencontre. Pourtant, malgré la puissante volonté de la nier, le vide intérieur qu'elle avait éprouvé tout au long de la pause ne fut comblé que par la vision napalmisante des couleurs écarlates de son dortoir. Enid Sinclair avait déjà pris possession de son côté de la pièce. Malgré son absence actuelle dans leur chambre, l'âme de la louve-garou imprégnait à nouveau ses murs. Aussitôt, Mercredi se sentit chez elle.
Avec une allure calme et maîtrisée, elle commença à investir sa moitié de l'espace. Le premier élément personnel à retrouver sa place fut son emblématique machine à écrire. Puis, elle ouvrit sa malle en cuir sombre. Telle la bouche monstrueuse d'une créature infernale, la valise s'ouvrit sur une multitude de vêtements pliés avec soin. Au sommet de cette pile de linge en noir et blanc siégeait le snood que sa colocataire lui avait offert pour son seizième anniversaire. Il avait subi quelques raccommodages suite à leur mésaventure dans la maison des Gates, le trimestre précédent. L'étoffe en laine noire était marquée de cicatrices suite aux réparations manuelles exercées par Mercredi au cours de la pause. Cette dernière s'était surprise à le porter avec une régularité écœurante au Manoir Addams. Mais uniquement lorsqu'elle était toute seule, enfermée dans sa chambre. Le snood lui conférait un sentiment de sécurité repoussant.
Rejetant le souvenir nauséabond au fin fond de sa mémoire meurtrière et sanglante, la gothique entreprit de ranger ses vêtements dans son armoire personnelle. Elle enveloppait son matelas dans des draps dans des draps de soie terne lorsque sa colocataire fit une entrée magistrale dans la pièce. Mercredi eut à peine le temps de se retourner avant que les mains de la jeune fille aux cheveux blonds ne lui saisissent les épaules pour les secouer.
« OMG ! OMG ! OMG ! Tu es là ! » s'écria Enid les yeux remplis d'une joie incommensurable. « J'avais peur que tu ne reviennes pas. Mais tu es là ! Tu es là ! OMG ! Tu m'as tellement manquée ! »
Tout en débitant son flot continu de paroles criardes, comme un train élancé sur des rails en ligne droite, elle continuait de secouer le corps maigre de sa meilleure amie avec un enthousiasme étouffant. Mercredi enfouit sa joie de revoir la jeune fille derrière un masque de cynisme glacial. Pourtant, lorsqu'Enid finit par prendre conscience qu'elle dépassait peut-être les limites tactiles de la gothique, cette dernière ne put réprimer son envie viscérale de prolonger le contact physique. Aussi insensé que lui paraisse ce geste, elle enroula ses bras autour d'Enid et lui offrit une étreinte brève, mais salvatrice. La louve se figea quelques instants peinant à enregistrer l'anomalie qui se déroulait.
« Je dois admettre que ton absence ne m'a procuré aucun plaisir. » répondit Mercredi en se détachant du corps de chaud de son amie.
« Tu veux dire que je t'ai manqué ?! » s'emporta Enid en offrant un sourire éclatant.
« Ne pousse pas ta chance, Sinclair. Savoure cette petite victoire. »
Cette remarque froide ne suffit pas à endiguer le sourire radieux qu'arborait la blonde. Celle-ci sembla réprimer un cri de bonheur alors qu'elle se réfrénait ostensiblement de reprendre sa colocataire dans ses bras. Étrangement, Mercredi ne trouva pas l'idée déplaisante. Constatation qu'elle prit soin de garder pour elle.
« J'étais chez Yoko et Divina. Mais quand j'ai reçu un message de la Chose qui m'annonçait que vous étiez arrivés, j'ai aussitôt accouru jusqu'ici ! »
« Ce qui explique ton entrée fracassante. »
La louve rougit à ce commentaire et baissa quelque peu la tête. Malgré toute sa volonté, Mercredi ne put s'empêcher de la trouver adorable. Une certaine douceur dut se glisser dans son regard, car bientôt, la louve devint plus écarlate encore. Le malaise fut brisé lorsque la Chose pénétra dans la pièce, perché sur ses cinq doigts qui martelaient le plancher brut d'Ophélia Hall.
« La Chose ! » s'écria Enid en oubliant sa gêne et en s'accroupissant pour se rapprocher de son ami. « Je suis tellement contente de te voir. »
L'appendice sauta dans les mains de la jeune fille et signa quelque salutation amicale. Bientôt, la Chose se trouva perchée sur l'épaule duveteuse de la louve-garou. Cette dernière portait un gros pull décoré de vagues mauves et bleues qui semblait doux et confortable. Ses jambes, quant à elles, étaient dissimulées sous le tissu moulant d'un legging bleu clair saupoudré de tache nuageuse de blanc. Ces vêtements semblaient horriblement confortables. Pourtant, malgré ses habits hivernaux, la louve frissonna. Pour cause, la mauvaise isolation thermique du dortoir assurait une température froide et crue. À l'extérieur, il neigeait. De gros flocons molletonneux virevoltaient au gré du vent glacé. Le lac était gelé et attirerait, dans un futur proche, un grand nombre d'étudiants amateur de patinage. Cela promettait quelques hypothermies intéressantes. Aucun doute, l'hiver était enraciné dans la région et couvrait le paysage de son grand manteau immaculé.
« Tu devrais allumer le radiateur. » déclara Mercredi en reprenant le cours de son installation.
Pour une raison étrange, elle n'éprouva aucun désir de voir sa colocataire perdre ses orteils à cause du froid. Alors qu'elle terminait de prendre possession de l'espace qui lui était dédié, elle écouta Enid. Cette dernière était assise sur le lit de la gothique, les genoux repliés contre sa poitrine et raconta l'intégralité de ses vacances d'hiver avec un enthousiasme qui sonnait faux. Mercredi ne releva pas cette observation et fit semblant de ne pas s'intéresser à l'histoire de la louve. Pourtant, elle ne put dissimuler sa consternation lorsqu'elle apprit que la mère d'Enid, la sévère Esther Sinclair, n'avait pas fait preuve de la moindre once de fierté à l'égard de sa fille. Mercredi ferma la porte de son armoire et se tourna vers sa colocataire.
« Je pensais que ta mère serait satisfaite, maintenant que tu es parvenue à transmuter. Et fière que tu aies pu prendre l'avantage sur un adversaire aussi redoutable qu'un Hyde. » dit la gothique en fronçant sensiblement les sourcils.
« Moi aussi. » avoua Enid. « Mais lorsque la pleine lune est arrivée et que j'ai eu l'occasion de montrer à toute ma famille ce dont j'étais capable… je… je ne suis plus parvenue à me transformer. Donc maintenant, ma mère me prend pour une ratée et une menteuse. »
« C'est absurde. » répliqua Mercredi d'un ton sec. « Même si je trouve ça étrange que tu ne puisses plus transmuter, je ne te considère pas comme ratée. »
Une fois de plus, Enid rougit au commentaire. La gothique nota que dans ses yeux luisaient des larmes contenues. Mal à l'aise face à l'émotion peinte sur le visage de son amie, la jeune fille aux tresses brunes se racla la gorge et retourna à sa tâche. Enid la regarda faire, assise sur son lit rigide et sombre. Malgré la mélancolie qui gangrenait son esprit, elle préserva à sourire, manifestant sa joie d'enfin retrouver sa meilleure amie.
« Et toi ? Tu as passé de bonnes vacances ? »
« Elles furent décevantes, je dois bien l'admettre. » répondit Mercredi.
« Ah bon ? »
« Je ne suis pas parvenue à écrire plus de quelques lignes et je ne cessais pas de faire des fautes lors de mes sessions de violoncelle. C'est comme si je n'étais plus capable de me concentrer. Il y avait quelque chose d'étrange à l'intérieur de moi. Je n'ai même pas pris de plaisir lorsque j'électrocutais Pugsley… »
« Quelque chose d'étrange en toi ? Comme… des sentiments par exemple ? » la taquina Enid.
« Ne sois pas ridicule, Sinclair. »
La louve-garou éclata d'un rire cristallin en se levant du lit de Mercredi. Les ressorts grincèrent lorsqu'ils furent libérés du poids de la jeune fille. Sous le regard venimeux de sa colocataire, la blonde traversa le dortoir et alla se coucher sur son proche matelas. Ses couvertures colorées se froissèrent alors qu'elle tombait dessus. Elle sortit son téléphone portable et entreprit de consulter les réseaux sociaux. Lorsque Mercredi termina enfin de vider sa malle, elle se permit de s'assoir sur la chaise de son bureau.
« En tout cas, je suis heureuse d'être de retour ici. » déclara Enid sans quitter l'écran de son téléphone des yeux. « Et je suis contente que tu sois là aussi. »
Moi aussi. Pensa Mercredi. Moi aussi.
ACTUELLEMENT
« Mercredi ? » demanda Enid avec un soupçon d'inquiétude. « Tu m'entends ? »
La gothique revint dans le présent, prenant soudainement conscience du silence prolongé de sa part. Plongée dans les limbes du passé, elle avait cessé d'écouter sa famille et sa petite amie converser autour d'elle. Chassant les dernières brumes mémorielles, elle fixa son regard de charbon sur la jeune fille aux cheveux de barbe à papa.
« Excuse-moi, Cara Mia, j'étais perdue dans mes pensées. » marmonna-t-elle.
« J'ai vu ça. » la taquina la louve avec bonne humeur. « Je te demandais si tu avais bien pris ton maillot. »
« J'aurais souhaité l'oublier. N'espère pas me faire entrer dans l'eau. Sauf s'il y a des requins. »
La louve arqua un sourcil, soudainement prise d'une légère angoisse. Elle jeta un coup d'œil à ses beaux-parents qui ne prêtaient aucune attention à la discussion des deux jeunes filles. Se mordant la lèvre, elle reporta son attention sur sa petite amie et se pencha un peu vers l'avant. La nervosité de ses gestes trahissait son inquiétude.
« Il n'y a pas vraiment de requin, rassure-moi ? »
« Les requins sont des compagnons de natation très fidèle. »
« Mais je n'ai pas envie de nager avec des requins. »
Mercredi lui prit la main avec tendresse. Lorsque ses doigts s'enroulèrent autour de la peau douce d'Enid, elle sentit sa chaleur se transmettre dans l'intégralité de son corps. En vérifiant dans sa vision périphérique que ses parents ne l'épiaient pas, elle se permit de déposer un baiser protecteur sur le front de la louve.
« Ne t'inquiète pas, le récif empêche les gros prédateurs de parvenir jusqu'à la plage. Malheureusement. »
Enid poussa un soupir de soulagement avant de se mettre à rire, sans que Mercredi en comprenne la cause. Cependant, elle savoura la joie qui se dessinait sur les traits de la blonde. Son rire lui procurait la même satisfaction qu'un cri d'agonie, ou que le bruit du courant électrique qui traversait le corps de son frère. L'un des meilleurs sons que ses oreilles eurent le privilège d'entendre. Réprimant un sourire, elle tourna la tête pour regarder par la fenêtre. Il ne leur restait qu'une dizaine de minutes de trajet. Le soleil estival était déjà haut dans le ciel malgré l'heure peu avancée de la matinée. Dix heure du matin. Ils avaient prévu de rester à la plage jusqu'à la fin de l'après-midi. Une mauvaise journée en perspective…
Le corbillard des Addams poursuivit sa route jusqu'à ce qu'une large et vaste étendue de sable beige s'étende devant eux. Les pneus arrêtèrent leur travail à quelques centimètres des dunes, juste à temps pour ne pas s'enliser. Lurch coupa le moteur et sortit de l'habitacle dans un grognement morbide. Remplissant ses obligations de majordome, il ouvrit la porte à Morticia et l'aida à sortir. La femme grimaça sous le soleil qui frappa sa peau albâtre. S'extirpant avec grâce du corbillard, Gomez s'empressa de prendre le bras de sa femme. Ils furent suivis par Enid, Pugsley et enfin, Mercredi, munie d'une ombrelle en dentelle noire. Cette dernière parut aussi timide que sa mère face au beau temps qui illuminait la plage. Esmeralda avait préféré rester au manoir sous prétexte de devoir surveiller la concoction de ses potions. La Chose sauta de l'épaule de Pugsley pour atterrir dans le sable. Il s'y enfonça jusqu'à la première phalange.
« Bien, allons-y et essayons de trouver un endroit désert. » déclara Morticia en enlevant ses chaussures à talons, peu adaptées à une longue marche dans un milieu pareil.
Ils s'avancèrent dans les dunes jusqu'à ce que la mer bleue se déchaine devant eux. À peine eurent-ils quitté la protection des dunes qu'un vent tiède fit s'envoler leurs cheveux. Enid ferma les yeux et savoura la sensation de la brise du son visage. Sa crinière blonde se laissait porter derrière elle. Réagissant par un instinct étrange, Mercredi s'avança et joignit leurs mains. Peut-être que la journée ne sera pas si horrible, au final.
« Tu vas bien ? » demanda la gothique à mi-voix.
Enid se retourna et planta son regard d'azur dans le sien. Aussitôt, Mercredi sentit un frisson parcourir sa colonne vertébrale. Quand sa petite amie lui accordait ce regard, le sol semblait toujours s'ouvrir sous ses pieds. Elle apprécia la sensation de chute.
« Très bien. » affirma la louve avec un sourire à faire rougir le soleil. « Je suis heureuse d'être ici, avec toi et ta famille. »
« Notre famille. » corrigea la fille aux tresses brunes.
Sans répondre, Enid se retourna et continua d'avancer vers la mer, talonnée par la famille Addams. À sa grande surprise, les gens prirent leur distance avec eux. Si Mercredi s'en réjouit, elle ne manqua toutefois pas le froncement de sourcil d'Enid. Bien sûr, elle aussi était une marginale et donc avait l'habitude de voir les normis s'éloigner à son approche. Mais en ce moment, il n'y avait aucun indice qui les désignait comme marginaux. Lorsqu'elle comprit que l'aura ténébreuse de la famille Addams était à l'origine de ce changement de comportement, elle ne put réprimer un petit rire.
« Au moins, nous n'aurons pas à nous battre pour avoir une place. » relativisa-t-elle.
« J'aime ta façon de voir les choses. » s'exclama Gomez.
Après quelques minutes de marches, ils décidèrent de s'installer à environ cinq mètres de la plage. Morticia et Pugsley étalèrent des serviettes noires sur le sol alors que Mercredi contemplait les roulis des vagues, à l'arbi sous son ombrelle en dentelle noire. Enid enleva ses chaussures, puis ses chaussettes afin d'enfoncer ses orteils dans le sable. Gomez et Morticia appliquèrent de la crème solaire sur leurs quelques parcelles de peau visible et s'allongèrent sur deux serviettes, sans se lâcher la main.
Il n'en fallut pas plus pour que la journée commence. La louve enleva ses vêtements, portant son maillot en dessus. Il s'agissait d'un bikini d'un jaune concentré, probablement visible depuis la stratosphère. Devant le corps séduisant et peu vêtu de sa petite amie, Mercredi sentit ses joues chauffées. Enid possédait des courbes attrayantes et malgré le tissu qui cachait son intimité, sa petite amie la trouva plus excitante que jamais. Bien entendu, elle mit ce phénomène sur le compte de la chaleur qui alourdissait l'atmosphère de la plage. Ajustant le haut de son maillot, s'assurant que sa pudeur était bien préservée, elle ne tarda pas à s'élancer vers la mer.
« Viens Mercredi ! On va nager. »
« Même pas en rêve, Sinclair. » répondit la gothique en s'agenouillant sur l'une des serviettes.
« Moi, j'y vais. » dit Pugsley en enlevant son habituel polo rayé noir et blanc. « Attends-moi, Enid ! »
Tous deux coururent vers l'eau salée. Si Pugsley plongea tête la première dans les vagues, la température fraiche de la mer arrêta Enid dans son élan. À peine ses mollets furent immergés dans la froideur de l'océan qu'elle se figea, une grimace envahissant son visage, sans toutefois en chasser les empreintes de bonheur. Son sourire, un croissant de lune étincelant d'une oreille à l'autre, ne vacilla qu'une fraction de seconde.
« Tu viens ? » demanda Pugsley en sortant la tête de l'eau.
De ses cheveux de pétrole s'échappaient des filaments de liquide translucide. Au contraire de la blonde, le garçon ne trahit aucun trouble à cause du brusque changement de température. Il regarda la jeune fille dans un élan d'impatience qui amusa beaucoup cette dernière. Elle trempa ses mains dans la mer pour s'asperger le reste du corps. Une technique peu efficace pour se préparer au choc thermique.
« Laisse-moi un peu de temps pour m'habituer, Pugs », rit-elle en passant ses doigts humides sur sa nuque.
« Pas question. » s'écria ce dernier en se jetant sur elle.
Emportée par le poids du garçon, Enid s'étala dans l'eau salée, éclaboussant une large zone les entourant. La jeune fille poussa un cri sous la sensation glacée qui parcourut son épiderme alors que Pugsley se relevait en riant bêtement. Enid eut à peine le temps de s'accoutumer à la température de l'eau que Mercredi s'était matérialisée à ses côtés, jetant un regard meurtrier à son jeune frère. Le sourire de celui-ci s'estompa devant les menaces tacites qui émanaient de la gothique.
« C'était pour rire. » eut-il le temps de rétorquer avant que les mains agiles de Mercredi lui attrapent la nuque pour lui enfoncer la tête sous l'eau.
Le sable sous ses pieds céda sous la pression exercée et Pugsley ne put résister à la prise de sa sœur. Sa tête se trouva immergée pendant de longues secondes. Au début, il ne s'agita pas. Les séances de torture par la noyade étaient monnaie courante au Manoir Addams. Du moins, avant l'arrivée d'Enid. Aussi, la sensation de l'eau emplissant ses poumons ne paniqua pas le jeune garçon. Il devait même s'amuser. Pourtant, Mercredi ne lâcha pas son emprise aussi rapidement que d'ordinaire.
« Mercredi ! C'est bon, lâche-le. » s'écria Enid en prenant conscience de la scène qui se déroulait sous ses yeux.
« Encore quelques secondes. » répondit l'intéressée en enfonçant la tête de son frère un peu plus profondément dans l'eau.
Pugsley se mit à se débattre alors que l'oxygène désertait ses veines. Ses bras et ses jambes s'affolaient en de vulgaires gestes imprécis. Appréciant les spasmes provoqués par la noyade, Mercredi ne put réfréner un petit sourire de satisfaction. Jusqu'à ce qu'Enid ne la pousse et l'oblige à lâcher prise.
« Arrête ! Tu vas le tuer ! » gronda Enid avec gravité.
« Si Dieu le veut. » répondit la gothique sans se démonter.
« Dieu peut-être, mais pas moi. » répliqua la louve en aidant Pugsley à se relever.
Ce dernier s'évertuait à évacuer toute l'eau de ses poumons, aidé par des tapes dans le dos généreusement distribuées par Enid, affichant un air inquiet face à l'état du jeune garçon.
« Je vis dans un monde d'amateur. » se plaignit Mercredi dans un murmure frustrer.
« N'en rajoute pas ! Ça va, Pugs ? »
Ce dernier releva la tête, le visage rouge et les yeux irrités. Pourtant, un étrange sourire s'étira sur ses lèvres.
« Mieux que jamais. Ça m'avait manqué. » s'exclama-t-il se massant la poitrine.
« Quoi ? »
« Avant que tu arrives, Mercredi avait l'habitude de me noyer dans la baignoire au moins une fois par semaine. C'était le bon temps. »
« Une époque qu'il m'arrive de regretter. » intervient la gothique avec froideur.
Enid resta hébétée devant l'échange entre la fratrie. Il est vrai que ses frères avaient pour habitude de la martyriser pendant son enfance. Elle se remémora ce souvenir atroce où ils avaient déchiré un travail pour l'école qu'elle avait passé le weekend à faire. Où de la fois où ils l'avaient enfermé à l'extérieur, vêtue d'un simple pyjama, en plein hiver. Mais jamais elle n'aurait imaginé entendre des histoires aussi sordides. Aussi, finit-elle par laisser tomber l'affaire en haussant les épaules et en étouffant, au fond de sa gorge, l'armée de remarques scandalisées qui envahissait la surface de sa langue.
Le reste de la journée se passa sans qu'aucun nuage ne vienne ternir cet horrible tableau rempli de joie et d'amusement. Mercredi n'avait pas persévéré dans son expérience aquatique. Ayant vite battue en retraire, elle laissa sa petite amie et son frère s'amuser dans l'eau, préférant la compagnie de « Laisse-Moi Entrer » de John Ajvide Lindqvist. La noirceur de l'humanité, dépeinte dans ce livre, lui donna l'étrange satisfaction de plonger dans un océan malsain. Exactement ce qu'il lui fallait pour lutter contre le bonheur qui inondait cette maudite journée à la plage.
Pendant le reste de la matinée, Enid et Pugsley s'amusèrent dans la mer, s'éclaboussant et essayant de nager aussi vite que possible. Lorsqu'ils sortirent de l'eau, leurs lèvres étaient cyanosées et leurs corps tremblaient. En dépit de la chaleur des rayons du soleil qui s'étalaient sur leurs peaux nues, ils ne pouvaient s'empêcher de grelotter. Mercredi se contrait à abandonner son roman pour enrouler une serviette autour de sa petite amie frissonnante. Cette dernière sourit alors que la gothique s'occupait d'elle. Elle se pencha vers Mercredi pour bénéficier d'un câlin bref, mais salvateur.
Ils décidèrent de passer à table peu de temps après. Morticia sortit d'un sac plusieurs sandwichs qu'elle avait préparés le matin même, avant leur départ. Mercredi se trouva satisfaite de piocher un sandwich garni de tripes sanglantes. Une des spécialités de la famille Addams. Enid s'en sortit avec un simple jambon beurre, ce qui lui convenu à merveille. Elle fut rassurée de ne pas manger de la bouille d'organe vital. Tous les gouts sont dans la nature. Du moins, c'est ce que pensa Mercredi lorsqu'Enid grimaça en regardant son repas.
Après avoir englouti leurs sandwichs respectifs, Enid convainc sa petite amie de s'allonger sur le sable chaud et de se laisser bronzer sous le regard doré du soleil d'été. La gothique accepta à la seule condition de rester sur son ombrelle. Malgré l'absurde de cette situation, la louve accepta, trop heureuse de passer un moment privilégié avec la jeune fille. Gomez et Morticia décidèrent d'aller se promener sur la plage pour laisser les adolescentes seules. Pugsley les accompagna, ne voulant pas jouer les troubles faits, et de ne pas subir la colère vengeresse de sa sœur ainée.
« Tu veux bien me mettre de la crème solaire dans le dos ? » demanda Enid en sortant un flacon de son sac.
« Puisqu'il le faut. »
La louve s'allongea sur le ventre et laissa Mercredi dénouer le haut de son bikini. Avec un soin méticuleux, cette dernière étala le liquide blanc laiteux sur la peau de sa petite amie, baladant ses mains sur son corps et en massant la chair. Une chaleur confortable irradiait de la peau douce d'Enid. Le grain de sa peau roulait sous les paumes de Mercredi alors que celle-ci exécutait sa mission délicate. Ses doigts allèrent de sa nuque, partiellement protégée par ses cheveux colorés, jusqu'au vallon précédant ses fesses. Son maillot s'arrêtait au bas de son dos, mais Mercredi fut saisie d'une soudaine envie de poursuivre la course de son massage jusque sous le tissus. Chassant cette pensée lubrique de son esprit, elle termina d'étaler la crème solaire et se remit à l'abri sous son ombrelle en dentelle noire.
« Merci, Mia Rosa Nera. » murmura Enid en croisant ses mains sous sa tête pour en faire un coussin de fortune.
Mercredi ne répondit pas, perdue dans ses pensées. La louve resta allongée sur le ventre, le dos exposé au soleil. De biais, il était possible d'apercevoir l'ampleur de ses seins. Une vision à laquelle Mercredi ne put résister bien longtemps.
Bon sang, ce qu'elle peut être belle…
« Tu souris. » déclara Enid en posant sur iris céruléens.
« Je ne souris jamais, Sinclair. » contra Mercredi en renonçant à son observation niaise.
« Tu viens de le refaire ! »
« Non. »
« Arrête de mentir, tu souris. » la taquina la louve avec bonne humeur.
« Tu dois surement souffrir d'une insolation. »
Enid soupira et ferma les yeux pour s'adonner à une petite sieste. Le soleil n'éclairait qu'une partie de son visage. Pourtant, il aurait été possible de voir sa lumière dans le noir complet.
« Oui, c'est surement ça. » ricana-t-elle. « Fais-moi plaisir, réveille-moi avant que mon dos ne se transforme en betterave. »
« Si tu veux. »
Mercredi regarda le ciel à travers cette toile d'araignée que formait son ombrelle. Entre les mailles sombres, des éclats d'azur parvenaient à subjuguer son regard. Elle n'aurait jamais pensé qu'un tel spectacle aurait pu nourrir en elle un si profond sentiment de sérénité. Elle comprenait la douleur, la mort, le désespoir. Elle passait même son temps à s'en vanter. Mais maintenant, elle, Mercredi Addams, appréciait cette paix qui lui était enfin offerte.
Leur repos fut troublé par une sonnerie de téléphone. Enid se redressa, prenant soin de cacher ses seins aux éventuels vacanciers qui prendraient le risque de s'approcher, et s'empara de son téléphone, à l'abri dans la poche de son sac. L'écran s'illumina sous son regard incrédule. Aussitôt le message affiché, les yeux de la louve perdirent de leur éclat. Comme si une étoile venait de mourir dans la voute céleste. Inquiète Mercredi tenta de voir le message qui avait à ce point troublé sa petite amie. Cette dernière éteignit son téléphone avant que la gothique ne parvînt à apercevoir l'envoyeur.
« Que se passe-t-il ? » demanda Mercredi en se redressant sur ses coudes.
« Rien. Rien d'important… » répliqua Enid d'un ton évasif.
La jeune fille n'insista pas, mais fut troublée par le comportement changeant de la louve. Cette dernière se recoucha comme si rien ne s'était passé. Pourtant, son sourire ne brillait plus autant. Et cela dérangea étrangement Mercredi.
Le voyage du retour se fit dans un calme relatif. Tout le monde était fatigué après une journée sous le soleil cuisant et les brises ensablées. Même Gomez et Morticia, d'ordinaire si énergiques et expansifs, paraissaient sur le point de s'endormir, bercés par les ballotements réguliers du corbillard. À l'avant du véhicule, Pugsley comatait contre la portière, discutant sans grande ambition avec Lurch. Mercredi les contemplait tous d'un air dédaigneux. Ils lui semblaient si faibles, si fragiles. De vulnérables insectes qu'elle pouvait écraser en serrant le poing. Assise sur le côté droit de la banquette, elle affichait une posture rigide, incarnant sa discipline et sa ténacité. Les symptômes de la fatigue ne l'épargnaient pas, mais jamais elle ne se permettra d'en laisser paraitre aux yeux des autres.
Son aura impitoyable s'adoucit lorsque ses yeux, enflammés d'une fierté obscure, se posèrent sur Enid. Malgré son état éveillé, elle demeurait dans un silence imperturbable qui ne lui ressemblait pas. Le coude appuyé sur la portière, la tête délicatement posée sur sa main, elle observait le paysage. L'après-midi touchait à sa fin, pourtant le soleil conservait sa place dans la voute du ciel. Sa lumière dorée les accompagnait alors qu'ils revenaient au Manoir Addams. La journée à la plage s'était déroulée mieux que Mercredi l'avait craint à la base. Elle se souviendra toujours de l'expression anxieuse d'Enid lorsqu'elle a, pour tenir sa promesse, pêché à la grenade pour la première fois de sa vie.
Malgré le bonheur qui avait irradié de la jeune fille tout au long de la journée, Enid semblait à présent soucieuse. Un nuage inquiétant était apparu dans ses pensées. Aussi, Mercredi crut rêver lorsqu'elle entendit les murmures de la louve. Elle prit sa main et l'écouta chanter pour elle-même.
Volare oh, oh
Cantare oh, oh
Nel blu dipinto di blu
Felice di stare lassù
