Prompt : Beauté sombre
Note : spoils tome 36 et 37 et peut-être un peu les scans.
Les cauchemars.
Le premier soir, Izuku se réveilla en hurlant, puis toujours perdu dans son cauchemar, il se leva et en respirant mal à cause de l'angoisse. Il appela dans les couloirs « Kacchan, Kacchan » sans se rendre compte qu'il réveillait tout le monde, sans se rendre compte que les gens sortaient leur tête de leur chambre. Il n'avait retrouvé sa respiration qu'en voyant le blond et s'était presque jeté sur lui.
— Kacchan tu es vivant.
Le blond avait dû le serrer contre lui et le rassurer pendant au moins trente minutes avant qu'Izuku accepte de le relâcher et d'aller boire un truc avant d'aller se recoucher.
— Tu seras toujours là demain hein ?
Bakugo avait promis.
Le deuxième soir, même cinéma, sauf que Bakugo était sorti plus vite de sa chambre et que le lendemain matin, Izuku s'était excusé d'avoir réveillé tout le monde comme ça. Mais personne ne lui en tenait rigueur, parce que tous savaient ce qu'Izuku avait vécu et ils comprenaient. Et comment en vouloir à celui qui les avait presque tous sauvés ? Si la guerre était finie et malgré les dégâts qu'elle avait causés et tout ce qu'il y avait à réparer désormais, c'était en partie grâce à Izuku et Bakugo. Bien sûr ils n'étaient pas les seuls, mais personne n'aurait pu se plaindre du traumatisme qu'ils avaient subi. Une guerre laisse des traces, des cicatrices et pas seulement à l'extérieur. Les blessures d'Izuku étaient aussi mentales et ses cauchemars étaient suffisamment terrifiants pour le réveiller en hurlant et lui faire perdre pied. Ils pouvaient le comprendre.
Bakugo le premier.
Le troisième soir, le blond installa un matelas dans la chambre d'Izuku, prit son oreiller et sa couette et s'installa là. Izuku s'était excusé au moins un million de fois et lui avait dit que ce n'était pas la peine, avait promis que ça irait, qu'il se retiendrait de faire des cauchemars, comme si c'était un choix de sa part. Bakugo l'avait fait taire :
— T'es pas le seul à faire des cauchemars ! J'en fais aussi. Je serai plus rassuré d'être près de toi.
La déclaration avait coupé le sifflet d'Izuku.
Depuis qu'il avait frôlé la mort… Ou plutôt depuis qu'il était vraiment mort pendant quelques instants, Bakugo utilisait moins de moyens détournés pour dire le fond de sa pensée. Il était toujours aussi gueulard, mais il disait les choses plus simplement, plus naturellement, plus sincèrement. Izuku le laissa s'installer.
Et quand au milieu de la nuit il se réveilla en criant, et se leva à la recherche de son Kacchan, il trébucha sur le matelas et tomba droit sur lui. Bakugo émit un gémissement de douleur, mais serra ses bras autour d'un Izuku paniqué.
— Je suis là. Je suis vivant. Tout va bien.
Il sentit Izuku se cramponner à son tee-shirt et sa respiration se calmer petit à petit. Le cœur de Bakugo résonnait à son oreille où sa tête était posée et cela lui permettait d'être sûr que son ami d'enfance était bel et bien vivant.
— Tu comptes dormir là ou tu vas te recoucher ? interrogea Bakugo quand il le sentit calmé.
Le blond avait demandé ça gentiment, ce n'était pas un reproche, mais Izuku se redressa d'un coup les joues rouges et se rallongea dans son lit.
— Désolé, murmura-t-il.
— Y a pas de quoi, fit Bakugo. Tu aurais pu rester.
Izuku avait remonté la couette jusque sur sa tête, mort de honte, sans trop savoir pourquoi.
Les cauchemars auraient pu s'espacer avec le temps, mais la semaine fut remplie pour Izuku de moments où il voyait Bakugo mourir ou déjà mort et cela le terrifiait tellement qu'il finissait par sortir de son cauchemar en criant. Soit il se levait complètement perdu et finissait irrémédiablement par se prendre les pieds dans le matelas, soit Bakugo se relevait d'un coup et l'attrapait dans ses bras pour le calmer. Sentir sa proximité, être dans ses bras, pouvoir se rendre compte que le corps de Kacchan était chaud et bien vivant, cela le rassurait, cela l'ancrait dans la réalité. Les mots ne suffisaient pas. Si Bakugo tentait de juste lui parler, Izuku continuait de paniquer, il avait un besoin quasi vital d'être dans ses bras. Il s'excusait beaucoup, pleurait parfois, mais Bakugo faisait preuve d'une patience presque perturbante. Il ne l'envoyait jamais paître, il ne se plaignait pas d'être réveillé au milieu de la nuit lui pour qui le sommeil était si important, il était là et le serrait fort, caressait son dos, essuyait ses larmes, le rassurait.
Izuku eut un rire amer une fois :
— Est-ce qu'on t'a échangé contre un autre Kacchan ?
— Non. Je suis toujours le même, ton Kacchan, je fais plus attention à toi et à ce qui m'entoure, c'est tout.
— Tu dormirais dans la chambre de n'importe qui et le consolerait, si cette personne faisait des cauchemars ?
— Eh non ! répondit Bakugo. Ça, c'est le service spécial Izuku.
— Pourquoi ?
Bakugo mit du temps à répondre, tellement de temps qu'Izuku pensait qu'il ne le ferait jamais.
— J'imagine que c'est parce que c'est toi, tout simplement.
Izuku ne comprit pas vraiment la réponse.
Un soir, après un cauchemar, Izuku s'endormit dans les bras de Bakugo et ce dernier le garda lové contre lui, comme un maître qui laisse son chat s'installer auprès de lui. Il trouva assez vite le sommeil ainsi allongé avec Izuku. Les jours d'après, le petit nerd ne chercha même plus à rejoindre son lit après ses cauchemars, il restait blotti contre Bakugo et s'endormait contre lui, apaisé, soulagé.
La journée, ils agissaient normalement, comme d'habitude, ils se parlaient entre eux ou avec les autres, ils avaient beaucoup à faire pour remettre de l'ordre dans la société, mais c'était aussi – et surtout – le travail des adultes de réparer leurs erreurs. Ils avaient tant à penser, qu'ils ne discutaient jamais de ce qu'il se passait la nuit. Et le soir, Izuku se couchait dans son lit, Bakugo sur son matelas et ils ne parlaient pas avant de s'endormir. Enfin pas au début. Et puis un jour, Izuku observa Bakugo allongé sur son matelas, seulement éclairé par la petite lampe de chevet. Il l'examina et essaya d'enregistrer le fait qu'il était vivant, qu'il était là, qu'il allait bien et qu'il était toujours aussi beau malgré les cicatrices laissées par All for One. Une beauté sombre et lumineuse à la fois, ou un truc dans le genre. Bakugo capta son regard et Izuku rougit et tenta de s'expliquer :
— Je voulais juste m'assurer que tu étais vivant avant de dormir, tu sais, pour éloigner les cauchemars.
Bakugo ne dit rien, mais il se leva. Izuku crut qu'il allait partir de la chambre, à la place il fit signe au nerd de se pousser un peu et vint s'allonger près de lui.
— Comme ça, tu es sûr que je suis bel et bien vivant non ?
Le cœur d'Izuku battait à toute vitesse, sans qu'il ne comprenne pourquoi. Ce fut pire quand Bakugo l'attira contre lui. Il se sentit rougir comme jamais auparavant. Mais il était si bien qu'il n'osa pas bouger de peur de se faire repousser.
— Je suis là, murmura Bakugo d'une voix presque endormie, ton Kacchan est là.
Izuku eut l'impression que son cœur se décrochait ou faisait une pirouette dans sa poitrine. Il ne dit rien, il ne pouvait plus parler. Il se contenta de respirer plus fort et de tenter de se calmer. S'il ne fit pas de cauchemar cette nuit-là, ce fut parce qu'il dormit très peu.
Bakugo le prit comme un bon signe, il lui dit :
— Ça veut dire que dormir avec toi te rassure tellement que tu ne fais plus de cauchemar.
Izuku ne trouva pas les mots pour le contredire et passa une nuit de plus dans les bras de Bakugo. Il était bien. Il était si bien. Au bout d'un moment ses paupières se firent lourdes et il s'endormit dans la chaleur des bras de Bakugo. Mais malgré ça, les cauchemars le rattrapèrent, il était là dans un monde tout noir et juste devant lui, il y avait Bakugo plein de sang et complètement mort. Izuku essayait de le réveiller doucement d'abord puis brutalement, jusqu'à hurler « Kacchan » et ouvrir les yeux. Il essaya de se débattre de l'étreinte qui le bloquait et l'empêchait de rejoindre son ami d'enfance. Il ne se calma que quand il entendit à son oreille :
— C'est moi Izuku, c'est moi, c'est Kacchan.
Izuku souffla et se laissa câliner, pleurant tout son soûl, et pour la première fois décrivant son cauchemar, tremblant dans les bras de Bakugo. Ce dernier caressait tendrement son dos et le rassurait doucement. Izuku s'excusa encore et encore, mais Bakugo ne lui en voulait pas. Sans réfléchir, il prit la main d'Izuku dans la sienne et la posa contre sa poitrine.
— Écoute, mon cœur bat, je vais bien.
Effectivement, le cœur de Bakugo battait. Vite. Fort. Celui d'Izuku s'accéléra. Malgré la pénombre, il se recula pour apercevoir le visage de son ami d'enfance. Ce visage qu'il aimait tant, ce garçon qu'il aimait tellement. Il posa sans réfléchir sa main libre sur la joue de Bakugo. Ce dernier eut un petit sourire et les doigts d'Izuku ne purent s'empêcher de s'égarer sur sa bouche. Il le sentait respirer. Sa peau était chaude. Ses lèvres aussi.
— Tu es vivant.
Il ne savait pas l'effet qu'il faisait sur Bakugo, il n'en avait pas conscience. Quand il retira ses doigts, le blond les rattrapa et doucement les reposa contre sa bouche pour les embrasser. Ce qui embrasa Izuku.
— Je suis vivant, fit Bakugo et il embrassa sa paume.
Izuku se mit à trembler. Mais pas d'effroi.
— Tu trembles, murmura Bakugo.
Izuku hocha la tête. Il n'aurait pas pu expliquer avec des mots pourquoi, c'était simplement comme ça, parce qu'il avait trop chaud, parce qu'il était si proche du blond, parce qu'il en était tellement, mais tellement, amoureux.
— Est-ce que je peux t'embrasser ? demanda-t-il perdant le contrôle.
— Pour t'assurer que je suis vivant ? le taquina Bakugo.
Izuku était déjà plus rouge que rouge alors il répondit :
— Pour m'assurer que tu ne partiras nulle part.
Bakugo lui sourit, ce sourire qui aurait fait tourner des têtes s'il souriait trop souvent comme ça devant les autres. Izuku prit ça pour un oui et posa ses lèvres sur celle de son ami d'enfance.
Oui.
Bakugo était bien vivant.
Chaud, doux.
Merveilleux.
Le baiser se transforma en plusieurs baisers, comme si leurs bouches s'étaient désirées si longtemps qu'elles avaient beaucoup de choses à se raconter et ne voulaient plus se lâcher. Quand enfin ils se séparèrent, Bakugo serra plus fort Izuku contre lui.
— On pourra recommencer demain ? demanda le nerd.
— Oui.
— D'accord. Tant mieux.
Les cauchemars d'Izuku s'espacèrent, mais ne s'éteignirent jamais totalement. Seulement Bakugo était là, le rassurait, le consolait. Et se rassurait lui-même aussi. Parce que lui aussi craignait de perdre Izuku. Ils s'embrassaient souvent, avant de dormir ou au réveil le matin. Et puis petit à petit, ils ne limitèrent plus au soir leurs câlins et leurs baisers. Se fichant du regard qu'on leur jetterait, ils se tinrent par la main quand ils le pouvaient, s'embrassaient de temps à autre, sortaient ensemble et le montraient à la face du monde.
Parce qu'ils s'aimaient fort, fort, fort.
Et qu'ils n'avaient pas de temps à perdre.
Izuku le savait, il avait failli perdre Kacchan.
Bakugo le savait, il avait failli ne plus pouvoir vivre aux côtés d'Izuku (ou vivre tout court).
Ensemble, ils affronteraient l'avenir, mais surtout ils comptaient bien profiter du présent et de chaque moment.
Fin.
L'autatrice : une fic doudou tranquillou, malgré les cauchemars d'Izuku.
