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J'espère que vous aimerez ce chapitre (dis-je avec un grand sourire de grinch).
Enjoy & Review!
« I am not afraid of death," he said.
"It is not the death that inspires fear," said the domowik, said the ancient creature, the guardian of households, the last echo of humanity in a death-swept town.
"It is the dying. »
Don't Call The Wolf – Aleksandra Ross
« Je n'ai pas peur de la mort » dit-il.
« Ce n'est pas la mort qui inspire la peur. » répondit le domowik, répondit l'ancienne créature, le gardien des foyers, le dernier écho de l'humanité dans une ville balayée par la mort.
« C'est mourir. »
Don't Call The Wolf – Aleksandra Ross
Chapitre 81 : It Is The Dying
C'était la merde.
Il n'y avait pas d'autre mot pour décrire cette bataille, décida Nymphadora en concentrant sa magie avant d'écarter les bras en grand et de dresser deux boucliers qui coupèrent la rue en trois. D'un côté les Anglais, de l'autre les paramilitaires irlandais et, entre les deux, pris en sandwich, les Inféris et son unité d'Aurors.
C'était une modification à la va-vite d'un bouclier que lui avait un jour montré Fol'Œil, sans s'appesantir dessus, et pour ce qu'elle en savait…
Les boucliers n'avaient pour seul but que de bloquer les balles.
Son équipe, bien rôdée, se chargea de brûler les morts-vivants désormais contenus. Ils n'allaient pas assez vite. Leur avancée était ralentie par les robes rouges ignifugées que certains portaient toujours et qui étaient censées protéger leur porteur contre ce genre de sorts.
Les soldats Moldus ne comprenaient pas ce qui se passait, pensaient chacun que l'autre groupe était responsable de la situation et semblaient déterminés à s'entretuer à tout prix, sans aucune pensée pour les civils qui tentaient désespérément de fuir.
Sa deuxième équipe d'Aurors avait pour ordre de les attraper et de transplaner loin et sans chercher à s'expliquer. Ils leur jetteraient des oubliettes plus tard.
Quant à Sirius…
« Tonks, c'est le bordel, ici ! » s'énerva Sirius dans son oreillette. Il n'était pas loin, quelques rues à peine. La topographie des lieux ne leur facilitait pas la tâche. Les rues, bordées de maisons collées les unes aux autres, étaient sinueuses, certaines encore pavées, et offraient peu d'ouvertures… Il leur fallait mesurer leur incendio de peur de raser la ville par le feu… Un incendie prendrait vite, vu la configuration.
« Ce n'est pas beaucoup mieux ici ! » ragea-t-elle, les dents serrées.
La force que cela exigeait de maintenir ces boucliers, de faire consciemment barrage à ces minuscules projectiles qui les auraient déchirés… Deux Aurors avaient déjà dû se retrancher à cause d'une balle perdue.
Elle tint trois minutes puis dû poser un genou à terre.
La force du sort l'écrasait.
Elle avait l'impression d'écarteler sa magie.
« Madame ! » cria quelqu'un avec inquiétude.
Elle ignora la migraine comme elle ignora la nausée comme elle ignora la certitude qu'ils ne s'en tireraient pas facilement et sûrement pas sans pertes comme elle ignora le sang qui perlait à sa narine comme elle ignorait la douleur comme elle ignorait…
La tête lui tournait.
Elle avait une bonne puissance magique – pouvait l'admettre désormais, grâce à Severus qui détestait la fausse modestie – mais même un grand sorcier comme Dumbledore n'aurait pas pu maintenir ce genre de boucliers indéfiniment.
« Au sol ! » beugla-t-elle.
Elle replia les bras vers son torse, visualisa la magie qu'elle ramenait vers elle puis les rouvrit brusquement, libérant une vague de pouvoir brut qui balaya tout sur son passage.
Ses Aurors n'avaient pas cherché à discuter et s'était jetés sur l'asphalte.
Les Inféris qui restaient encore debout furent soufflés en arrière, tout comme les soldats, leurs armes et leurs voitures blindées. Tant pis pour eux. Elle avait hurlé de cesser le feu à s'en écorcher la voix. Elle se préoccupait davantage des civils.
« Dora. » appela calmement Remus dans son oreille. Un calme qui n'avait rien de rassurant. Elle entendait le loup dans sa voix. « Mangemorts en approche. »
Elle tenta de se remettre debout, vacilla… Une de ses Aurors la rattrapa et elle dut fermer les yeux, prendre le temps de se replier davantage derrière ses boucliers, d'ignorer la douleur comme le malaise général… La magie n'était pas censée être utilisée comme ça. Peut-être qu'à l'époque de Merlin ou même des Fondateurs, les gens avaient été suffisamment puissants pour se battre à coup de magie brute mais, de leurs jours, il y avait une raison si les baguettes servaient à canaliser la magie, s'il y avait des sorts et des limites à ne pas dépasser.
« Combien ? » demanda-t-elle, en s'humectant les lèvres.
« Trois. » répondit Remus. « Bella, Lestrange et un non identifié. »
Trois c'était gérable.
Trois, c'était absolument gérable.
« Bella est la nécromancienne. » lâcha-t-elle. « Si on l'élimine, plus d'Inféris. »
Elle fit un effort pour se tenir droite dans ses bottes, balayant du regard les bouts de la rue où les soldats commençaient à se relever…
« Retraite ! » beugla quelqu'un dans le lointain.
Preuve que les miracles arrivaient.
Les soldats anglais tournèrent le dos sans demander leur reste.
Elle ferma brièvement les yeux.
Un point pour John Major.
Et, supposait-elle, pour Albus.
L'autre groupe paramilitaire, en revanche, ne paraissait pas disposé à s'enfuir.
Elle haussa la voix. « À toutes les unités. Concentrez-vous sur les civils. Vous me faites les maisons une à une s'il le faut mais vous m'évacuez cette ville. Sirius, Remus, avec moi. On va s'occuper des Mangemorts. »
« Reçu. » confirma l'Auror en charge de l'autre équipe et qui, de facto, était désormais en charge de son propre groupe.
« Reçu. » répéta Sirius.
« Bella s'est séparée des deux autres. » grinça Remus, le grondement perceptible dans sa voix. « Vers le nord. Les deux autres vont vers l'ouest, vers la rivière. Il y a un pont. »
« Bella est pour moi. » les informa froidement Sirius. « Prenez les deux autres. »
Nymphadora était déjà partie en courant et ajusta sa trajectoire en fonction plutôt que de discuter. Elle connaissait assez son cousin pour savoir qu'il s'était déjà lancé à la poursuite de sa tante. Elle dut résister à l'envie de leur rappeler qui était aux commandes.
À choisir, elle aurait pris Bella.
« Reçu. Sois prudent. » ordonna Remus. « Dora, j'engage. »
« Attends-moi ! » répliqua-t-elle.
« Ils ne sont que deux. Je ne veux pas qu'ils passent le pont. Les soldats évacuent des civils de l'autre côté. Pas d'inféris. » contra le loup. « J'engage en t'attendant. »
Elle ravala un juron et se mit à courir plus vite.
°O°O°O°O°
Remus n'attendit pas confirmation avant de sortir de sa cachette.
Le premier Mangemort, celui qu'il n'avait pas identifié, vola au loin sous la force de son stupefix.
Lestrange ne fut pas aussi prompt à se laisser avoir par surprise. Le temps qu'il tourne sa baguette vers lui, le Mangemort avait dressé plusieurs couches de boucliers et entraînait Remus dans un duel où la précision se disputait à la force brute.
Les gestes du loup-garou auraient pu être plus fluides si son corps n'avait pas accusé le coup de la transformation. D'ordinaire, les jours où il assistait Slughorn et Snape dans leurs recherches, il s'accordait le reste de la journée pour récupérer. La potion antidouleur que lui avait donnée Severus avait un peu atténué les choses mais il ressentait le fourmillement qui suivait une pleine lune. La lourdeur dans ses os. La brûlure dans ses muscles.
La sensation étrange de ne pas être dans le bon corps.
Une part de lui n'avait pas la tête au combat.
Une part de lui était concentré sur la petite fiole qui irradiait d'une douce lumière nichée dans la poche intérieure de sa veste.
En cas de nécessité uniquement, avait dit Severus.
Remus le croyait lorsqu'il disait ne pas pouvoir garantir sa sécurité s'il reprenait une dose aussi vite.
Remus le croyait.
Et c'était tout ce qui le stoppait de glisser la main dans sa poche.
Un Doloris fusa vers lui.
Il ne parvint pas à l'esquiver à temps mais serra les dents, fouetta l'air devant lui de sa baguette, toucha Lestrange à l'épaule avec un maléfice qui brisa sa concentration suffisamment longtemps pour que Remus se reprenne et ne réattaque de toutes ses forces…
On disait que le Doloris était la pire douleur au monde mais il était rôdé à la douleur.
Il en faudrait plus que ça pour l'arrêter.
Mais si Tonks pouvait se dépêcher…
°O°O°O°O°
Nymphadora stoppa net, au détour d'une rue, lorsqu'elle se retrouva face à face avec un tank.
Un putain de tank.
Assiégé par des Inféris.
Aucune robe rouge dans le tas.
Des victimes du jour.
Elle assista, impuissante, à l'attaque.
Que ce soit par malchance ou inconscience, la trappe du tank s'ouvrit et le pilote chercha à sortir, à échapper à la vague de mains qui fusaient vers lui… Il fut attiré dans la masse grouillante.
Ses hurlements résonnèrent longtemps, inhumains, alors qu'il était mis en pièces.
S'il y en avait d'autres, à l'intérieur du tank, ils ne tardèrent pas à subir le même sort.
L'essaim d'Inféris ne l'avait pas remarquée mais bloquait la rue. Elle fit lentement demi-tour, espérant pouvoir les contourner et…
Une tâche noire se détacha dans le ciel clair, attirant son attention.
Une tâche qui se déplaçait, se rapprochait, prenait forme et…
Les Inféris se figèrent soudain avant de contourner le tank comme sous l'effet d'un appel muet, ne laissant que le cadavre du soldat derrière eux, en trop de morceaux pour aller gonfler leurs rangs.
Nymphadora ne le vit même pas.
Le souffle court, le cœur au bord des lèvres, elle déglutit difficilement, effleura l'oreillette…
« Vous-savez-qui en visuel. » lâcha-t-elle. « À tous. Dégagez. »
Le mage noir volait.
C'était impossible.
Cela défiait toutes les lois de la physique et de la magie mais il volait.
Pire, il volait vers elle.
« On évacue ! » insista-t-elle. « Laissez tomber la mission de secours. Évacuation immédiate. C'est un putain d'ordre direct. »
« Reçu. » confirma calmement son Auror. « En cours. »
De la part de Remus et Sirius, évidemment, ce fut le grand silence.
°O°O°O°O°
Sirius pouvait admettre qu'il n'avait pas abordé la situation comme il l'aurait dû.
S'il avait pris juste une minute pour réfléchir avant de foncer dans le tas…
Si cela avait été n'importe quel autre Mangemort, il n'aurait jamais agi ainsi. Il aurait pris le temps d'analyser les alentours, d'étudier sa cible, de garder la tête froide… Il avait répété et répété à ses volontaires de ne jamais perdre leur calme sur le terrain, de toujours garder une distance, d'être aussi détaché que possible.
Et pourtant, à la seconde où il avait aperçu Bellatrix, il s'était jeté sur elle avec un cri de rage, fendant l'air de sa baguette pour lancer un Avada qui était allé s'écraser sur l'Inféri qui s'était brusquement dressé entre eux.
Ses caquètements semi-hystériques le rendaient fou.
Et les Inféris…
Il y avait des Inféris partout.
Et sur chaque visage, il voyait les traits de son frère.
C'était son imagination, cette honte qui le gardait éveillé la nuit…
Savoir que Regulus pourrissait dans un lac, sa dépouille profanée, son corps gonflé par l'eau…
Alors, non, il n'avait pas agi de manière réfléchie ou intelligente et Severus aurait toutes les raisons de lui botter le cul quand il rentrerait parce que Bellatrix le dominait.
Cela faisait trois fois qu'elle l'envoyait voler au loin, trois fois qu'il échappait de justesse à un Doloris, trois fois qu'il…
« Tu n'es pas très en forme, cousin. » se moqua-t-elle, tandis qu'il se remettait debout.
La volée de couteaux aiguisés qu'il fit apparaître et lança droit sur elle la fit rire et elle pirouetta, les déviant d'un bouclier. Certains allèrent se ficher dans d'autres cadavres qui patientaient là, d'autres se perdirent contre les murs des maisons et disparurent…
Sirius prit soudain conscience qu'il se tenait au centre d'un énorme cercle d'Inféris.
Quand les avait-elle rappelés ?
Quand…
Le sourire de Bellatrix était glacial.
« La Maison des Black ne sera pas souillée plus longtemps. » chantonna-t-elle. « Je vais tuer Sirius Black… »
« Vous-savez-qui en visuel. » lança Tonks dans son oreille, la panique complètement perceptible dans sa voix. « À tous. Dégagez. On évacue ! Laissez tomber la mission de secours. Évacuation immédiate. C'est un putain d'ordre direct. »
Une part de Sirius, une part dont il eut immédiatement honte, fut embarrassée de ressentir du soulagement.
Parce qu'il soupçonnait que ce duel n'aurait pas tourné en sa faveur.
Il n'eut pas le temps de dire à Tonks qu'il avait reçu le message ou même d'amorcer son transplanage.
Bellatrix lui lança un sort qu'il parvint à parer, uniquement pour manquer se faire avoir par le suivant.
Elle l'obligea à reculer.
« Reçu. » répondit quelqu'un, sans qu'il ne s'en préoccupe. « En cours. »
Pas à pas, maléfice par maléfice, un sourire mauvais sur les lèvres, elle l'obligeait à reculer vers la masse d'Inféris qui ne cessait de grossir…
« Tu les aimes, mes nouveaux amis, Sirius ? » ricana-t-elle, entre deux sorts. « Contrairement à la famille, ils ne sont pas près de me trahir, eux. Tu sais pourquoi ? Parce que je les contrôle. » Elle retroussa légèrement le nez de dédain, comme Cissy le faisait souvent, comme Tonks le faisait parfois. « Toi, je ne crois pas que je te veux comme jouet. Tu m'as trop déçue. »
Foutu pour foutu, il canalisa sa puissance, mit toute sa haine dans son maléfice et lança un Avada.
Le rire de Bellatrix était fou mais ses réflexes affutés.
Elle parvint à l'esquiver.
Au moment précis où il sentit les premières mains le happer, le tirer en arrière…
« Non ! » cria-t-il, malgré lui.
Il voulut transplaner, fuir…
Mais avant qu'il n'ait pu seulement l'amorcer, il sentit le poids de protections anti-transplanage tomber sur la ville, inaltérables.
Et il ne put rien faire quand les Inféris se refermèrent sur lui.
Rien d'autre que hurler.
Les doigts s'enfonçaient dans sa chair…
Les dents déchiraient sa peau, emportaient des bouts avec eux…
Les mains agrippaient ses cheveux, tiraient sa tête en arrière, découvraient sa gorge…
Les plaies s'ouvraient, béantes.
Les bruits de mastication.
Il n'était plus qu'un tas de viande.
Il allait mourir.
À travers la douleur, la terreur, vint la certitude.
Il allait mourir.
Il ne reverrait jamais Harry ou Nyssa, ne verrait pas grandir Orion…
Il allait mourir.
Il n'avait jamais eu la présence d'esprit d'avoir peur de la mort, avait parfois flirté avec elle simplement pour le simple plaisir de se sentir vivant… Mais à cette seconde… À cette seconde, il était terrifié.
Il allait mourir.
James avait-il eu le temps d'avoir peur ?
Il allait mourir.
Et Regulus ?
Il allait mourir.
Il pleurait, sa dignité volée par Bellatrix qui riait à s'en tenir le ventre.
Il allait mourir.
Il ne voulait pas mourir.
Ce fut sa dernière pensée consciente avant que les Inféris aient raison de sa résistance.
Il ne voulait pas mourir.
°O°O°O°O°
Voldemort prit son temps pour atterrir devant elle, sa descente parfaitement contrôlée, ses robes noires flottant autour de lui comme un écran de fumée.
Nymphadora aurait dû fuir, elle le savait.
Mais elle ne pouvait pas partir tant qu'elle n'était pas sûre que toutes ses troupes s'en étaient sorties.
Produire ces boucliers, plus tôt, lui avait coûté. Elle était fatiguée. Le sang perlait à sa narine, signe probable qu'elle aurait dû se retirer plus tôt. Elle le goûtait à chaque fois qu'elle s'humectait les lèvres.
Lentement, méthodiquement, elle se mit à construire ses défenses. Boucliers, protections, couches et couches de tout ce que Fol'Œil et Severus lui avaient appris. Tout ce qui pourrait faire la différence. Tout ce qui pourrait la protéger.
Elle sut, à la seconde où les bottes du mage noir touchèrent le sol, qu'elle avait fait une erreur.
Parce que, soudain, elle eut la sensation qu'une cage de magie venait de se refermer sur elle. Des protections anti-transplanage si puissantes qu'elle n'aurait eu aucune chance de les briser. Pas sans un expert.
Voldemort ne dit rien.
Il se contenta de la dévisager.
Et de sourire.
Sans doute car il savait qu'il avait déjà gagné.
°O°O°O°O°
« Vous-savez-qui en visuel. » cria Tonks dans son oreille. Remus la connaissait trop bien pour ne pas entendre la panique dans sa voix et le loup en lui se dressa, répondant instinctivement à la terreur de celle qu'il avait longtemps cru sa compagne. « À tous. Dégagez. On évacue ! Laissez tomber la mission de secours. Évacuation immédiate. C'est un putain d'ordre direct. »
Il avait promis de suivre ses ordres mais il ne partirait pas sans s'assurer qu'il était le dernier.
Tonks était trop imprudente.
Elle voudrait s'assurer qu'il ne restait plus d'Aurors.
Et Sirius…
Sirius n'aurait pas la présence d'esprit de se désengager de Bellatrix pour fuir.
« Reçu. » déclara l'autre Auror. « En cours. »
Lestrange ne lui laissait guère de répit mais Remus n'avait pas dit son dernier mot. Tout ce qu'il lui fallait, c'était une ouverture que l'homme finit par lui donner sans le vouloir.
Il ne chercha pas à savoir si son maléfice l'avait simplement assommé ou bien tué. Lestrange était au sol et ne se relevait pas, cela lui suffisait.
Il partit en courant, ignorant les protestations de son corps, en direction de là où il savait trouver Sirius. Il récupérerait son ami puis, ensemble, ils iraient tirer Tonks du guêpier dans lequel elle s'était immanquablement fourrée.
Il espérait simplement qu'elle aurait la présence d'esprit de ne pas chercher à engager Voldemort.
Ce fut à ce moment-là qu'il le vit.
La tâche humanoïde sombre qui se détachait sur le ciel bleu.
Voldemort volait.
Il sentit le poids des protections anti-transplanage se refermer sur la ville au moment précis où il entendit les premiers hurlements.
C'était la voix de Sirius.
Et s'il s'était apprêté à courir rejoindre Tonks parce qu'il savait, il savait qu'elle allait faire la chose stupide et attaquer Voldemort, trop arrogante pour se rendre compte qu'elle n'avait aucune chance, il fut incapable d'ignorer les cris.
Son loup était tiraillé, pris entre deux instincts irrépressibles…
Remus hurla de frustration.
Il ne pouvait pas être à deux endroits en même temps.
Il était trop fatigué.
Il était trop lent.
Il…
Il ferma les yeux.
Seul dans une rue saccagée, il glissa la main dans sa poche et en tira la potion qui exerçait sur lui une attirance qui n'avait rien de naturelle.
À l'intérieur, la panique laissa place au calme.
La belladone… Je ne peux pas garantir que l'usage en serait sûr, si tôt après la dose précédente.
Si c'était la seule manière de les sauver tous les deux…
Lunard était plus puissant que Remus.
Peu de choses arrêtaient un loup-garou.
La décision, au fond, était facile.
Il avait beau dire qu'ils n'appartenaient plus à sa meute, il tenait tout de même à eux.
À Sirius plus qu'à Tonks.
Cela le surprit de le découvrir.
Cela confirma aussi ce qu'il devinait depuis un moment.
Elle n'était pas sa compagne.
Ne serait jamais sa compagne.
Il s'était trompé.
L'Alpha rouvrit les yeux et descendit la fiole d'un trait, se préparant mentalement à l'agonie qui ne manquerait pas de suivre alors que son corps amorçait sa deuxième transformation de la journée.
°O°O°O°O°
« Nymphadora. » siffla Voldemort, ses yeux reptiliens fixés sur elle.
La jeune femme frissonna d'horreur mais ajusta sa prise sur sa baguette, adopta une position de combat classique. Classique mais efficace. Elle s'enfonça plus loin derrière ses boucliers mentaux. S'interdit de penser à Severus. S'interdit de penser à Harry. S'interdit de penser à ses parents. S'interdit de penser à Charlie. S'interdit de penser à quoi que ce soit qui n'était pas le combat à venir.
Ce serait peut-être son dernier duel mais putain ça allait être un duel pour les annales.
Elle refusait de se coucher et de mourir.
Elle refusait de tomber sans se battre.
Si elle devait mourir, elle mourrait dignement, baguette à la main, sort aux lèvres et ils en parleraient encore dans dix ou vingt ans.
Jusqu'à son dernier souffle, elle se battrait.
C'était qui elle était.
C'était sa nature.
Le mage noir sembla comprendre tout ça d'un seul coup d'œil et cela sembla beaucoup l'amuser.
« Il y a beaucoup de choses qui me rendent la trahison de Severus insupportable… » se moqua le mage noir. « Qu'il ne t'ait pas emmenée à moi en est une. » Ses yeux rouges la parcoururent des pieds à la tête. « Sais-tu que si tu jetais ta baguette, te mettais à genoux et suppliais ma clémence, je serais peut-être enclin à te l'accorder ? Lord Voldemort a toujours récompensé la puissance. Et ton père n'est peut-être que de la bourbe mais la lignée des Black a très visiblement engendré une vraie sorcière. »
Nymphadora serra les dents. « Mon père vous vaut mille fois. »
Les lèvres fines du mage noir tressautèrent sans véritable amusement.
L'étincelle intriguée qui avait brillé dans son regard rouge avait été soufflée.
« Tant pis. » décréta Voldemort. « Tu changeras peut-être d'avis lorsque j'écraserai tes entrailles au creux de mon poing. » Ce qui lui servait de narines se dilata comme s'il sentait quelque chose de particulièrement alléchant. « J'ai des projets pour toi, Nymphadora. De grands projets. »
Se faire tuer.
La pensée vint, claire et paniquée.
Si elle ne pouvait pas s'enfuir, elle devait s'assurer de mourir.
Être capturée…
Elle était trop loin derrière ses boucliers pour que le souvenir, trop intrusif, n'ancre ses crochets en elle mais elle savait ce que cela faisait d'être à sa merci, de voir son esprit broyé par le sien…
Elle ne se laisserait pas capturer.
Pas vivante.
Elle devinait ce qu'il ferait de son cadavre, devinait l'enfer qui attendrait Severus lorsqu'il serait forcé d'y faire face, mais c'était le moindre mal.
Sauf si elle souhaitait s'immoler par le feu.
Et, l'espace d'une seconde, elle se dit que c'était une solution viable.
Un Feudeymon qui les emporterait tous les deux.
Voldemort ne mourrait pas vraiment, bien sûr, pas tant qu'Harry, Nagini et le diadème subsistaient mais si elle détruisait son corps… Si elle détruisait ce bout d'âme-ci… Cela aiderait-il ? Cela leur faciliterait-il la tâche ? Cela ralentirait-il la guerre ? Cela déstabiliserait-il le camp adverse juste assez pour reprendre la main ?
Ou bien cela serait-il pire ?
Risquait-elle de mettre Harry en danger ? L'horcruxe en lui l'emporterait-il sur la conscience du garçon ?
Elle n'en savait rien.
Personne n'en savait rien.
Ils n'avaient que des théories fumeuses et Severus lui aurait dit de cesser de penser à tout ça tout de suite.
Certes Voldemort n'avait pas encore tenté de pénétrer son esprit mais ça ne saurait tarder et ses défenses ne le contiendraient pas longtemps. Elle n'avait pas de coffre. Pas fonctionnel, en tout cas. Tout ce qu'elle pouvait faire était d'enterrer les informations sensibles derrière des souvenirs anodins, de les enfoncer si loin dans sa psyché que, avec un peu de chance, il n'irait pas les y chercher.
Non pas qu'elle allait lui en donner l'opportunité.
Elle ne se laisserait pas capturer.
« Moi aussi j'ai de grands projets. » répondit-elle du tac-au-tac. « Et le premier d'entre eux, c'est de vous tuer. »
Le deuxième : épouser Severus.
Le troisième : acheter une maison.
Le quatrième : vivre leur vie. Une vie faite de petits-déjeuners, de chamailleries et de rires. Une vie faite d'anniversaires, de Noëls et de la banalité du quotidien. Une vie.
Elle attaqua d'un Sectumsempra, para le maléfice qu'il lui renvoya, ce qui suffit pourtant à faire éclater ses trois premières couches de défense.
La baguette du mage noir ressemblait à une branche mal taillée mais elle était mortelle.
Cardiff.
Elle s'interdit d'y penser.
Elle se fondit dans le rythme du combat.
Et n'était que trop consciente qu'elle n'était qu'un papillon se battant contre un ouragan.
°O°O°O°O°
Les cris s'étaient tus depuis plusieurs secondes lorsque le loup déboula dans la rue où s'amassait un large groupe de charognes qui n'avaient pas eu la présence d'esprit de rester morts. Les corps empestaient la magie et pas la bonne. L'odeur putride lui emplissait la truffe.
L'Alpha ne chercha pas à comprendre, mû par un instinct plus puissant que toute possible réflexion.
Il fonça dans le tas, se frayant un passage à coup de griffes, de crocs et de coups de pattes. Il déchirait les morts et les écartaient comme des poupées de chiffon, cherchant l'odeur de Patmol, cherchant… Le sang lui emplissait la bouche, le goût de chair viciée par la magie noire à peine supportable.
Patmol...
Patmol…
Patmol…
Il entendait encore le battement de son cœur.
Ténu.
Lunard ne prêtait attention ni aux ongles qui lui raclaient les flancs, ni aux dents qui cherchaient à emporter un morceau de sa chair. Ce n'était que des insectes.
Il était loup.
Il était le prédateur ultime.
Il était trop puissant pour être ralenti par ces choses contre-nature.
Lorsqu'il trouva enfin l'ancien membre de sa meute, Lunard hurla d'horreur.
Vivant.
Vivant mais dans quel état.
Et toutes ces choses qui persistaient à attaquer, à vouloir le mettre en pièces…
La vision du loup vira au rouge.
La teinte carmin du sang.
Lunard glissa à l'intérieur de lui-même, perdit le contrôle de son corps, laissa libre court à ses instincts primaires.
Lorsqu'il recouvra conscience, lorsque l'Alpha fut de nouveau aux commandes, il était débout, campé au-dessus de Patmol – de ce qu'il restait de Patmol – un charnier autour de lui.
Bras, jambes, torses, têtes…
Les créatures n'avaient plus rien d'humain et ne bougeaient plus.
Le seul autre être vivant dans cette rue, mis à part lui et Patmol, était la sorcière dont les caquètements amusés avaient fini par se tarir.
Lunard l'observa, babines retroussées, une promesse de mort dans le regard.
« Tu n'es qu'une bête. » lâcha l'humaine, en faisant pourtant un pas en arrière. « Tu n'es qu'une grosse bête stupide. »
L'Alpha se ramassa légèrement, prêt à bondir, anticipant l'attaque qui ne manqua pas d'arriver. Il n'eut aucun mal à esquiver le trait vert qui fusa vers lui, traversa la distance qui les séparait en quelques bonds…
Et il lui aurait arraché la gorge d'un coup de crocs si une vague de magie brute ne l'avait pas brusquement envoyé valser. D'un rapide coup de reins, il se retourna en plein vol et retomba sur ses quatre pattes, montrant à nouveau les crocs.
La femme dut comprendre le danger parce qu'elle jeta un coup d'œil à Patmol, un coup d'œil qui lui valut un grondement qui n'était rien d'autre qu'une promesse de mort, et tourna les talons sans attendre.
Lunard voulait la poursuivre, la tuer pour ce qu'elle avait fait.
Mais l'Alpha savait que sa première préoccupation devait être Patmol alors il attendit d'être sûr qu'elle soit partie puis courut jusqu'à l'endroit où le membre de sa meute gisait dans une flaque de sang.
Il poussa sa main du museau, sa joue…
Patmol n'ouvrit pas les yeux.
Il lécha sa figure, gémit, lui donna autant de coups de tête qu'il l'osa…
Patmol ne bougeait pas.
Il entendait le son de cœur, les battements irréguliers trop fébriles…
Il sentait la mort qui rôdait.
Patmol puait la mort qui approchait.
Ils n'étaient pas en sécurité ici.
Délicatement, prenant garde à ne pas ajouter aux multiples morsures, il attrapa les robes déchirées entre ses dents et se mit à le tirer.
Lunard devait le mettre en sécurité.
Et ensuite…
Ensuite il devait trouver de l'aide.
Un autre humain avec un bâton.
Un bon humain.
°O°O°O°O°
Tonks dérapa sur une bonne dizaine de mètres sous la force du sortilège et serra les dents contre la sensation de brûlure sur le côté de sa cuisse, son flanc et son bras. L'asphalte ne pardonnait pas.
Par miracle, elle parvint à ne pas se cogner à nouveau la tête.
Par miracle, il lui restait encore un bouclier intact et ce fut ce qui la sauva du sortilège explosif qui fusait vers elle. Son bouclier vola en éclat, la forçant à lever le bras pour physiquement se protéger des résidus du sort, l'aveuglant légèrement au passage… La robe bleue la protégea du reste.
« Sais-tu que ce petit duel est presque plaisant ? » lança Voldemort, d'un ton amusé. « Nous ne jouons pas dans la même ligue, bien entendu, mais il est rare que quelqu'un parvienne à tenir aussi longtemps devant moi. »
Elle n'était encore vivante que parce que le mage noir la trouvait divertissante.
Il s'amusait avec elle comme un chat avec une souris, lui offrant des opportunités d'attaques uniquement pour la repousser avec une force brute qu'elle était incapable de contrer. Que ce soit son propre pouvoir, cette baguette ou la magie siphonnée par les Marques des Ténèbres qui gonflait sa puissance…
Il était trop fort pour elle.
Bien trop fort pour elle.
Et elle s'en sortait avec bien trop peu de blessures.
Il aurait pu la laisser en sang.
Elle avait à peine quelques égratignures.
Il n'avait fait aucun mystère du fait qu'il voulait la capturer vivante.
Au prix d'un effort, elle se hissa à nouveau sur ses pieds pour reprendre une position de duel.
Parce qu'il la laissa faire.
« Tu ne veux toujours pas supplier ? » s'enquit-il, comme s'il commençait à s'ennuyer.
Elle n'avait plus grand-chose à donner.
Sa tête lui tournait.
Son nez saignait.
Tout son côté droit la brûlait.
Elle leva pourtant sa baguette, refusant de se résigner, refusant de capituler.
Le rire de Lord Voldemort était à glacer le sang.
« J'ai fait préparer une chambre pour toi. » lui dit-il. « C'est un peu spartiate, bien sûr, mais mis à part un bloc de pierre et des chaînes, tu n'auras plus besoin de grand-chose. »
Elle s'efforça de réguler sa respiration, de se souvenir de tout ce que Maugrey lui avait (im)patiemment enseigné…
Puis elle reconstruisit une nouvelle fois ses boucliers.
°O°O°O°O°
Lunard traîna Patmol jusqu'à un tunnel.
C'était un petit tunnel qui donnait sur la berge. Un raccourci pour les humains sous une autre route. Il sentait l'eau du fleuve, tout près. Ce n'était pas très sûr. Mais il n'y avait pas de créatures, il faisait suffisamment sombre pour qu'aucun prédateur ne l'aperçoive au premier regard, et…
Et Lunard n'avait pas d'autre idée.
Il était en train d'hésiter, de se demander ce qu'il pouvait faire pour masquer l'odeur du sang, lorsqu'il entendit l'explosion juste avant de la sentir. Le sol vibra sous ses pattes, de la poussière tomba du plafond…
Il se dressa les oreilles aux aguets…
Puis la peur lui noua le ventre.
Sa compagne.
Fausse compagne.
Elle était en danger.
Il devait la sauver.
Elle avait un bâton.
Elle pouvait aider Patmol.
Il partit en trombe.
°O°O°O°O°
D'un revers de bras, tremblante parce qu'elle était au bout de ce qu'elle avait à donner, Nymphadora essuya le sang qui coulait de son nez sans discontinuer.
Épuisement magique, ne cessait de la mettre en garde une voix au fond de son esprit. Une voix qui ressemblait à s'y méprendre à celle de sa mère.
Elle refusait de céder.
Elle refusait.
Elle tenait à peine sur ses pieds.
Chancelante, elle ignora Voldemort et ses railleries menaçantes. Ses oreilles sifflaient trop pour qu'elle puisse l'entendre à présent.
Elle ne pouvait pas continuer comme ça.
Elle aurait aussi bien pu se battre contre un mur.
Combien de temps cela faisait-il qu'il l'envoyait valdinguer d'un côté ou de l'autre ?
Elle n'avait pas réussi à briser sa garde une seule fois.
Elle n'avait pas réussi à…
Ses yeux tombèrent sur le tank.
Voldemort l'invectivait.
Elle para un sortilège sans y penser, se préparant par réflexe à encaisser le choc dans son bouclier, ce qui la fit bien reculer d'un mètre…
Ses yeux restèrent sur le tank.
Oh…
Ça allait faire mal.
Potentiellement, cela pouvait la tuer.
Voldemort parlait encore.
Les mots n'avaient plus de sens.
Il parlait trop de toute manière.
Elle se concentra, concentra sa magie – ce qui lui en restait – et sans remuer les lèvres, lança son sortilège.
Pensant à une attaque, Voldemort dressa entre eux un bouclier infranchissable.
Mais ce n'était pas lui qu'elle visait.
C'était le tank.
Le tank qui, sous la force d'un sort de lévitation et d'une poussée magique qui la mit à genoux, vint le percuter de plein fouet. La physique fit le reste. Emporté par la vitesse et la taille du projectile, Voldemort fut projeté vers une maison voisine.
L'explosion fut violente.
Plus qu'elle ne l'aurait pensé.
Son corps fut soufflé et valdingua dans les airs avant de retomber lourdement au sol en même temps que des tonnes de débris dont elle n'eut que vaguement la présence d'esprit de se protéger en se recroquevillant sur elle-même.
La joue sur le béton, la vision floue, le corps contusionné, vidée de toute magie, elle ferma les yeux.
°O°O°O°O°
Lunard courait vers le panache de fumée âcre qui s'élevait vers le ciel.
Il était proche.
Il…
… pila net avant que le sort n'ait pu le toucher et se tourna vers la droite, mu par un instinct aiguisé par la familiarité.
Il gronda lorsqu'il vit l'homme caché derrière une boîte postale qui le visait de son bâton.
« Ne m'oblige pas à faire ça, Remus. » plaida Queudver. « Fais demi-tour. »
Traître.
Traître.
Assassin de la meute.
Lunard fonça vers lui, impatient de mordre, de déchirer…
L'humain disparut, remplacé par un rat qui fila entre ses quatre pattes pour réapparaitre dans son dos. Handicapé par sa masse, le loup n'eut pas le temps de se retourner à temps.
La lumière l'engloba comme autant de griffes et il hurla de douleur…
Sa queue…
Sa queue…
Il vacilla…
S'écroula, haletant sous la douleur atroce…
La terreur lui serra le ventre.
Ce n'était pas censé arriver.
Il était Alpha.
Il…
Queudver fit le tour pour lui faire face, humain à nouveau, ses traits contorsionnés dans une expression que le loup ne pouvait pas déchiffrer.
« Je regrette, Lunard. » murmura-t-il. « Les ordres sont les ordres… Je… Je… » L'homme prit une profonde respiration, leva une baguette qui tremblait légèrement. « Av… Avada… »
Il s'interrompit brusquement, tourna la tête…
La seconde suivante, un rat détalait dans les égouts.
Lunard grogna pour garder à distance le nouveau prédateur qui approchait mais il peinait à se relever, peinait à se remettre debout, peinait à…
Il n'allait pas mourir ici.
Il était Alpha.
Sa meute…
Il devait rejoindre sa meute.
Il était Alpha.
Il…
°O°O°O°O°
Tonks revint à elle dans un haut le cœur.
Elle n'eut que le temps de se redresser avant de rendre le contenu de son estomac.
Derrière elle, un brasier s'était allumé, la fumée trop âcre recouvrait tout et lui brûlait les poumons.
Combien de temps était-elle restée inconsciente ?
Où était Voldemort ?
Le tank – ce qu'il en restait - dépassait d'un tas de gravas, à travers les flammes. Plusieurs maisons s'étaient effondrées, soufflées par l'explosion. Y avait-il eu des gens cachés dedans ? Y avait-il eu…
Les gravas bougeaient.
Sous l'effet de la chaleur de l'incendie ?
Parce que le mage noir était incapable de rester mort plus de quelques minutes ?
Elle ne voulait pas le découvrir.
Elle passa à quatre pattes, se força à planter un pied au sol, manqua de s'écrouler à nouveau dès qu'elle fut debout…
Severus.
Ce fut la seule pensée qu'elle s'autorisa.
Si elle sortait d'ici, elle pouvait aller retrouver Severus.
Tomber dans ses bras.
Le laisser la gronder pour avoir été imprudente.
L'embrasser.
L'embrasser surtout.
Elle titubait, trébuchait mais s'obligeait à mettre un pied devant l'autre, à s'éloigner du carnage en priant pour ne pas croiser d'Inféris ou de Mangemorts.
Severus.
Un pas.
Severus.
Un autre.
Hagarde, elle avançait.
Du moins jusqu'à ce qu'elle entende un hurlement à la lune qui lui donna envie de partir en courant dans l'autre sens.
Elle n'était pas capable de courir et, derrière elle, il n'y avait que Voldemort.
Severus était devant.
Severus…
S'il lui fallait tuer un loup-garou ou deux au passage…
Elle n'avait plus rien.
Pratiquement plus rien.
Sa magie n'était plus qu'une braise là où il aurait dû y avoir un brasier.
Il lui faudrait des jours pour récupérer, à supposer qu'elle parvienne à s'échapper d'ici. Sans pouvoir transplaner cela paraissait compliqué.
Peut-être une voiture…
Mais était-elle en état de conduire ?
Severus.
Un pas.
Severus.
Un autre.
Et un loup en plein milieu d'une route détruite.
Un loup qui se vidait de son sang.
Un loup qui grondait et gémissait à la fois.
Un loup dont la queue avait été tronquée.
L'os dépassait.
Elle vomit à nouveau.
Puis elle se traîna plus près parce qu'elle connaissait ce loup, l'aurait reconnu entre mille.
Il était la star de beaucoup de ses cauchemars.
« Si tu me mords, Remus, je te tue. » parvint-elle à marmonner.
Il se calma instantanément au son de sa voix.
Cessa de gronder au moins.
Cessa de tenter de se relever uniquement pour retomber sur le ventre.
« Je vais te toucher, d'accord ? » demanda-t-elle, sans vraiment attendre de réponses.
Ses mains parcourent la fourrure tachée de sang, provoquant de nouveaux grondements. Certaines plaies semblaient sérieuses, d'autres plus superficielles. Elle aurait pu les soigner en temps normal. Elle aurait pu…
Sa queue…
Elle était incapable de regarder de ce côté-là.
Incapable de déterminer si elle devait cautériser ou…
Que se passerait-il lorsqu'il redeviendrait humain ?
« Tu peux marcher ? »
La queue était importante pour un quadrupède, non ? Seul le bout avait été tronçonné mais… Elle l'aida à se remettre à quatre pattes. Essaye de l'aider, du moins.
Il tenait à peine sur ses pattes, ne parvenait pas à marcher droit…
Elle n'était guère en meilleur état.
« Il faut qu'on sorte d'ici. » murmura-t-elle. « Vol… Tu-sais-qui est là… Il faut qu'on sorte d'ici… Qu'on se cache… »
Elle voulut bifurquer à gauche à la prochaine intersection, se vit balancée au sol par un énorme coup de patte… Elle n'eut pas le temps de protester qu'un corps se couchait sur le sien, l'aplatissant derrière une haie.
Bellatrix et Lestrange passèrent en courant, juste devant eux, en direction de la fumée qui montait vers le ciel.
Elle retint sa respiration tout du long.
Pria pour qu'ils ne voient pas les traces de sang que le loup avait laissées au sol et qui les mèneraient droit jusqu'à eux.
Malgré sa démarche chancelante et malhabile, Remus semblait savoir où il allait alors elle le suivit le long des rues, pestant un peu lorsqu'il la guida jusqu'à une pente raide d'herbe brûlée par le soleil qui quittait la route et la civilisation pour la berge de la rivière qui coupait la ville en deux.
La berge était en friche.
De hautes herbes, quelques buissons… Un bon endroit pour se cacher.
Le pont était un peu plus loin. Elle le voyait au loin mais il leur faudrait remonter sur la route pour le traverser et…
Et il était bloqué.
D'autres tanks y avaient pris position, des soldats aussi petits que des fourmis s'agitaient…
La grosse tête de Remus la poussa aux fesses sans sembler s'émouvoir de son regard noir. Lorsqu'elle resta immobile trop longtemps, il la poussa à nouveau, fit quelques pas maladroits, tourna la tête vers elle, une supplique dans le regard…
Sans réfléchir, elle suivit.
Que pouvait-elle faire d'autre, de toute manière ?
Ils devaient sortir du rayon des protections anti-transplanage s'ils voulaient s'échapper mais elle n'était pas sûre de… Aurait-elle la force de transplaner ?
Elle suivit le loup-garou jusqu'à un tunnel piéton en béton qui avait tout d'un piège en devenir. Mais ce n'était pas un mauvais endroit pour souffler un peu.
La première chose qu'elle fit fut de rassembler ses maigres forces et de métamorphoser l'autre extrémité du tunnel, celle qui donnait sur la ville. Un mur de béton en scellant désormais l'entrée, elle se tourna vers Remus avec dans l'idée de tenter de soigner un peu ses blessures…
Elle le trouva couché à côté de…
Comment ne l'avait-elle pas vu avant ?
Elle tomba à genoux à côté de Sirius, lança un lumos qui éclairait à peine, manqua vomir à nouveau en constatant les dégâts… Le sang s'étalait sous lui, trempant son propre jean, ses mains…
« Qu'est-ce qu'il lui est arrivé ? » s'horrifia-t-elle.
Mais la réponse était évidente.
Ses vêtements en lambeaux, les morsures, les plaies plus profondes où elle pouvait deviner que quelque chose avait avalé un bout…
Des Inféris.
Elle pressa le dos de sa main contre sa bouche, chercha le pouls de son cousin, manqua pleurer de soulagement en le trouvant. Léger mais là.
« Remus… Remus, je ne sais pas quoi faire. » paniqua-t-elle.
Ce genre de blessures… Ce n'était pas tant qu'elles étaient difficiles à soigner, c'était qu'elles étaient nombreuses et trop importantes et elle n'avait plus… Elle n'avait pratiquement plus d'énergie…
Le loup gémit.
Lui aussi saignait beaucoup.
Ses boucliers mentaux commençaient à lui échapper, la panique enflait : la certitude que Voldemort n'était sûrement pas mort, pas même écrasé par un tank, et qu'il allait se lancer à sa poursuivre, que leur cachette ne tiendrait pas longtemps, que…
Elle prit une profonde inspiration, la bloqua quelques secondes, la relâcha…
Elle recommença.
Le loup la fixait, visiblement aussi désemparé qu'elle.
Lorsqu'elle fut certaine qu'elle n'allait pas se ridiculiser en éclatant en sanglots, elle fouilla ses poches à la recherche de quelque chose, n'importe quoi, qui pourrait aider… Et tomba sur les potions que Severus l'obligeait à transporter partout.
Elle fit avaler le reconstituant sanguin à Sirius sans plus tergiverser. Ça n'empêcherait pas les multiples hémorragies mais, au moins, il n'en mourrait pas tout de suite. La seconde fiole, elle l'observa plusieurs secondes, avant de l'avaler d'une longue gorgée.
C'était son troisième philtre de force de la journée.
Complètement déconseillé.
Elle sentit pourtant immédiatement la différence. D'un coup, elle avait moins froid, était moins fatiguée… Cela ne durerait pas. Quand l'effet disparaitrait, cela serait brutal. Mais, au moins, avait-elle à nouveau accès à ses pouvoirs. Pas à son niveau habituel mais…
Remus se mit à gémir et s'éloigna brusquement en rampant…
« Remus ? » s'alarma-t-elle.
Le craquement sourd d'un os qui se brise fut son seul avertissement.
Elle eut à peine le temps de jeter un silencio pour préserver leur cachette avant que la transformation n'agite son corps de tremblements affreux. C'était peut-être pire d'y assister en sachant que son sort couvrait les hurlements.
Les larmes aux yeux, son attention partagée entre son cousin et le loup-garou, elle ne pouvait que rester assise, impuissante et observer.
Finalement, au prix de longues minutes de souffrance, le loup céda la place à un homme, avachi sur le ventre.
Nymphadora parcourut le corps nu avec horreur, notant les multiples griffures mais, surtout…
Son dos était ouvert sur toute la longueur de ses reins. Elle voyait les os de sa colonne. Elle voyait…
Ne pas vomir.
Ne pas vomir.
« Remus ? » murmura-t-elle, en annulant son sort de silence.
Déjà, elle fouillait dans les fioles qui lui restaient, trouva la potion antidouleur avec des mains tremblantes et se traina jusqu'au loup-garou qui lâcha un grognement en réponse à son appel.
« Remus, comment tu te sens ? » insista-t-elle.
Les yeux ambrés, trop sauvages, tombèrent sur elle, s'y fixèrent.
Elle se figea, pas tout à fait certaine que c'était Remus qu'elle avait devant elle.
Et, de fait, ce fut l'Alpha qui répondit, la voix légèrement gonflée par cette magie qu'elle ne comprenait pas et qui était propre à sa foutue meute. « Je ne sens pas mes jambes. »
La panique était contenue mais réelle.
Elle franchit la distance qui les séparait encore, n'osa pas le toucher, même pour l'aider à boire…
« Tu peux bouger ? » demanda-t-elle, son regard fixé sur la plaie béante, sur les os qui… Si la blessure du loup s'était répercutée sur l'humain…
Remus parvint à plier les bras, à se redresser légèrement mais retomba bien vite au sol, la tête tournée vers elle… Il était évident qu'il ne parvenait pas à plier ses jambes.
« Ça va aller. » mentit-elle, en ôtant ses robes bleues pour les jeter sur lui. Autant pour préserver sa dignité et le réchauffer que parce qu'elle ne voulait plus voir cette plaie atroce. « Pomfresh va te réparer tout ça en trois coups de baguette. »
Remus ne la croyait pas.
Elle n'était pas sûre d'y croire elle-même.
Mais il la laissa l'aider à boire la potion antidouleur et la laissa le rallonger sur le ventre.
« Sirius ? » demanda-t-il, d'une voix rauque, presque brisée.
Elle retourna se pencher au-dessus de son cousin, alarmée de le trouver encore plus blême que précédemment. Elle posa la main sur son cou, chercha son pouls… Il était anarchique, trop lent…
« Je ne peux pas le soigner. » avoua-t-elle. « Je n'ai plus de forces. Tu pourrais essayer, toi ? »
« J'ai perdu ma baguette. » répondit Remus. « Quand je me suis transformé. Elle était avec mes vêtements. »
« Prends la mienne. » offrit-elle immédiatement, sans y penser. Et sans hésiter.
À cet instant, tout était oublié.
À cet instant, rien d'autre ne comptait que de sauver Sirius et de sortir de là.
« Elle ne me répondra pas et tu le sais très bien. » se moqua-t-il légèrement, sans méchanceté. Peut-être même avec regret. « Et… Je ne crois pas avoir la force non plus. Deux transformations en un jour… Ça fait beaucoup. » Il marqua une pause et grimaça. « Severus n'avait pas tort non plus sur la belladone, je crois. »
Elle n'avait aucune idée de ce qu'il entendait par là, reporta son attention sur Sirius.
Sois méthodique, aurait dit sa mère.
Elle déboutonna les robes rouges et ce qu'il restait de sa chemise, chercha à repérer où était la blessure la plus grave… Mais des blessures, il y en avait partout… Un des inféris avait emporté un morceau de sa cuisse… L'artère était-elle touchée ? Non, sans doute pas, où il serait déjà mort… Mais il pissait le sang et Nymphadora n'avait aucune idée de comment…
« Kreattur… » murmura-t-elle, dans un éclair de lucidité. « Kreattur ! »
Elle attendit, le cœur battant, mais rien ne se produisit.
Elle couvrit le visage de ses mains.
« C'était une bonne idée. » voulut la consoler Remus. « Les protections anti-transplanage doivent isoler la zone… »
Les protections anti-transplanage n'affectaient pas les elfes de maison.
Mais il devrait y en avoir d'autres, plus spécifiques.
« Il a appris. » lâcha-t-elle. « La dernière fois, Harry s'est servi d'un elfe et… Il a appris. » Elle soupira, tâcha de se reprendre, de ne pas céder à la panique. Elle était aux commandes, c'était son rôle de les sortir de là. « Il faut qu'on trouve un moyen de sortir de la zone des protections. Je ne pense pas pouvoir transplaner mais si on trouve une voiture ou un moyen de prévenir les autres… »
Les soldats anglais étaient une option.
Major avait peut-être évoqué son nom, avait peut-être donné des ordres pour qu'ils l'écoutent…
Ou, tout du moins, ils auraient accès à des premiers secours.
Remus paraissait lutter pour garder les yeux ouverts.
« Hé ! » le gronda-t-elle, lorsque ses paupières tombèrent un peu trop longtemps. « Hé, je t'interdis de perdre connaissance, tu m'entends ? On est trop dans la merde pour que tu me lâches. Sois utile pour une fois ! »
« Pour une fois. » répéta le loup-garou avec un amusement amer.
Pourtant, il fit l'effort de lutter pour rester éveillé.
« J'ai besoin d'idées pour nous sortir de ce guêpier, d'accord ? » s'énerva-t-elle. « Toi qui veux toujours que je t'écoute… C'est ta chance ! »
Il s'humecta les lèvres. « Tu pars chercher des secours. »
Elle leva les yeux au ciel. « Et vous serez tous les deux morts quand je reviendrais ? Essaye encore. »
Il secoua la tête. « Je n'ai pas d'autres idées. Je ne peux pas bouger. On sera tous les deux des poids morts. Toute seule, tu pourrais… »
« Nymphadora… »
Elle sursauta si fort qu'elle manqua tomber en arrière. Sa baguette levée, le regard fouillant l'obscurité relative du tunnel à la recherche du propriétaire de cette voix trop sifflante, elle mit un moment à se rendre compte que ce n'était qu'un sortilège, une sorte de sonorus mais pire parce que la voix paraissait s'infiltrer dans sa tête et lui vriller les tempes et…
« C'était déloyal, Nymphadora, et Lord Voldemort est très en colère, à présent. »
Grimaçant à la désagréable sensation, Remus gronda. « Qu'est-ce que tu lui as fait ? »
« Je lui ai balancé un tank dessus. » expliqua-t-elle. « Mais visiblement, ce n'était pas suffisant. »
« Rends-toi où j'exécute un à un tous les Sang-de-Bourbes qu'il reste dans ce patelin. Leur sang sera sur tes mains, Nymphadora. »
« N'y pense même pas. » l'avertit Remus. « Il les tuera quoi qu'il en soit. »
« Tu as dix minutes pour venir me trouver. » siffla Voldemort. « Passé ce délai, je les saigne à blanc, en commençant par les enfants. »
Son poing partit avant qu'elle ne soit parvenue à se contrôler, heurtant la paroi du tunnel.
Cela n'eut aucun autre effet que de lui faire mal à la main.
Elle voulait se rendre, elle voulait épargner les victimes innocentes…
Mais elle savait que Remus avait raison. Ils les tueraient tous quoi qu'il en soit et ce qu'elle avait dans la tête était trop important pour se laisser capturer.
Si Voldemort apprenait qu'ils savaient pour les horcruxes…
S'il apprenait pour Harry…
Sirius poussa un râle.
Espérant un peu qu'il reprenait conscience en dépit de tout, elle se pencha au-dessus de lui…
Sa bouche était entrouverte et…
Elle n'eut même pas besoin de chercher son pouls.
« Non, non, non… » paniqua-t-elle, en pointant sa baguette sur sa poitrine. « Enervate ! Anapneo ! Enervate ! »
À chaque enervate le corps de son cousin s'arc-boutait mais rien n'y faisait.
Il ne respirait plus.
« Non ! » hurla-t-elle, sans plus se préoccuper des Mangemorts qui devaient les chercher ou des questions de Remus qui tentait de ramper plus près. « Non, non, non ! »
Elle jeta plusieurs autres sorts sans parvenir à le ranimer.
« Non… » murmura-t-elle, en le secouant. « Sirius ! Sirius, putain ! »
Mais les insultes ne le firent pas plus revenir que la magie.
Et encore bonne année, hein! 😈
Sachez que c'était aussi douloureux pour moi que ça l'était pour vous.
Une minute de silence? On lève nos baguettes? On se rappelle de nos moments préférés avec lui?
Ou on se souvient du fait que Dora et Remus sont eux aussi dans une situation plus que précaire...
Dites-moi tout!
PS JE VOUS AIME
