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L'école avait repris pour Harry deux jours après que Sirius ait surpris la conversation de Scrimgeour et d'Amélia à propos des Serpent Sworn et Sirius en était heureux. Pas qu'il ne voulait pas le voir, mais autant que Sirius, Harry, sans surprise, avait été happé par cette histoire. Il avait besoin de quelque chose pour le distraire, parce qu'aussi déterminé qu'il soit, il n'y avait rien qu'il pouvait faire.

Sirius était aussi plutôt méfiant. Harry lui avait raconté tout ce que Scrimgeour lui avait dit par rapport aux Serpent Sworn et d'après ce que Sirius avait compris, ces gens étaient proches de Voldemort – Scrimgeour l'avait même avoué à Harry – mais il n'avait toujours pas compris de quelle façon. Il n'avait jamais entendu ce nom – Serpent Sworn – et grâce à Reg et à l'Ordre, il pensait pourtant être bien informé.

Il avait interrogé Remus – qui s'était montré réticent à évoquer son échange avec Scrimgeour – mais Sirius avait insisté jusqu'à ce qu'il accepte. Il avait fini par avouer que Scrimgeour voulait juste s'assurer, maintenant qu'il fréquentait une apprentie, qu'il avait prévu d'arrêter de frapper des Aurors. Sirius avait éclaté de rire en voyant la gêne de Remus, mais quelque chose manquait tout de même dans l'histoire. Il était possible que Scrimgeour était toujours agacé par le fait que Remus l'avait frappé en mai dernier, mais … Certes, Sirius ne pensait pas que son meilleur ami était un menteur – Remus ne mentirait certainement jamais à propos de quelque chose d'aussi important que Voldemort – mais il ne pensait pas qu'il était complètement honnête non plus.

Ne pas savoir qui était derrière ces Serpent Sworn le rendait franchement mal à l'aise, particulièrement parce que, bien qu'ils ciblent le Ministère, quiconque connecté à Voldemort en voulait aussi à Harry. Et maintenant que l'école avait repris, Harry était hors de la vue de Sirius pendant sept heures par jour, cinq jours par semaine. Sirius pensait toujours que c'était une mauvaise idée de le laisser emporter sa baguette à l'école, mais il avait aussi lancé un sort sur le miroir de Harry pour le rétrécir, l'empêcher de se briser, et Harry le gardait maintenant dans sa poche en permanence. Sirius, de son côté, faisait pareil avec le sien et était rassuré à l'idée que si quelque chose arrivait, il pourrait rejoindre Harry dans la seconde.

Malgré le danger qui planait au-dessus d'eux, la première journée de Harry avait été excitante. Sirius travaillait sur sa moto dès qu'il pouvait depuis qu'il l'avait récupéré (Dumbledore l'avait gardé dans une pièce du septième étage de Poudlard dont Sirius n'avait jamais soupçonné l'existence et qui ressemblait étrangement à un garage) et il l'avait utilisé pour déposer Harry à l'école, à la plus grande joie de ses camarades et au plus grand dam du professeur en charge ce matin-là.

Harry, de son côté, prenait plutôt bien l'affaire des Serpent Sworn. Il s'était montré inquiet après cette journée au Ministère et avait posé beaucoup de questions sur la guerre, mais Sirius – après sa deuxième journée d'école – avait refilé le cadeau à Remus et cela avait semble-t-il calmé Harry bien plus que Sirius n'avait réussi à le faire. Remus ne s'était pas laissé démonter et même s'il se montrait morose lorsqu'ils en parlaient, il ne semblait pas non plus terriblement inquiet.

Et même si c'était une bonne chose que Harry ne sursaute plus au moindre bruit ou geste brusque et que Remus ne panique pas en mettant en place des plans de secours, Sirius était toujours particulièrement à cran quand il se trouvait au Ministère et les jours de recherche – dans la bibliothèque de Grimmaurd et celle, bien plus vaste, du Ministère – n'avaient mené à rien.

Ce qui avait conduit Sirius – à son plus grand dam – à se tenir là, devant cette porte bien particulière.

Il jeta un œil à sa montre – il était tout juste seize heures, ce qui voulait dire que les cours étaient terminés – avant de frapper à la porte.

C'est une idée pourrie, pensa-t-il. La porte s'ouvrit et Sirius fut accueilli par un regard tout à fait hautain.

« Deux fois en si peu de temps ... »

Sirius glissa ses mains dans ses poches et resta silencieux.

« Quelle chance j'ai ! »

« Énormément de chance. » répondit rapidement Sirius.

Rogue lui adressa un regard froid et Sirius refusa de ciller, certain que si Rogue décidait de lire dans sa tête, Patmol serait capable de l'arrêter. Rogue leva les yeux finalement. Il fixa le plafond de pierres noires des donjons de Poudlard comme s'il priait pour recevoir de la force ou de la patience et Sirius leva à son tour les yeux au ciel.

« Que me vaut le … plaisir ? » demanda finalement Rogue.

« Je peux entrer ? »

« Tu as déjà bien entamé ma patience, pourtant très mince en ce qui te concerne, l'informa Rogue, avant de s'écarter pourtant. Ne touche à rien. »

Sirius respecta la demande. Il resta là, debout comme un écolier pris en faute, tandis que Rogue s'avançait vers son bureau avant de s'y asseoir. Rogue ne lui proposa pas de l'imiter.

« Et bien ? »

« Qui est derrière les Serpent Sworn ? »

« Je te demande pardon ? »

« Les Serpent Sworn. » dit Sirius.

Rogue hésita avant de répondre.

« Je ne sais pas. »

« Des conneries, dit Sirius, faisant briller les yeux de Rogue. Tu as hésité. »

« J'ai hésité parce que j'essayais de réfléchir à une réponse polie plutôt qu'à une insulte. Je vois maintenant que ce n'était pas la peine de faire l'effort. »

« Tu connais forcément. » dit Sirius.

« Très bien, répondit Rogue. Tu m'as eu, Black. Moi, Severus Rogue, suis le leader de ces Serpent Sword- »

« Sworn. » corrigea Sirius en fronçant les sourcils.

« Le nom n'a pas d'importance, s'exclama Rogue. Parce que, comme je te l'ai dit, je n'ai aucune idée de ce dont tu parles. »

« Pas du tout ? demanda Sirius. Ça ne te paraît pas même un peu familier ? »

« Absolument pas, lui répondit Rogue. Ça devrait ? »

« Je ne sais pas, soupira Sirius. Tout ce que je sais, c'est que ça a quelque chose à voir avec Voldemort- »

« Le Seigneur des Ténèbres ? » demanda Rogue.

« Non, l'autre Voldemort. » marmonna Sirius avec un rictus.

« Pardon ? »

« Rien. » répondit Sirius.

Il était venu chercher de l'aide et il n'allait pas l'obtenir s'il se montrait insultant.

« J'imaginais que ces Serpent Sworn étaient … Je ne sais pas, l'élite des Mangemorts ou quelque chose comme ça, mais je ne peux rien trouver sur qui ils sont ou ce qu'ils veulent. »

« L'élite ? » demanda lentement Rogue.

Il resta silencieux, observant Sirius avec ses yeux sombres et froids, avant – l'air nerveux – de reprendre la parole.

« Je vois que tu es encore plus idiot que je le pensais. »

Sirius ne répondit pas et Rogue posa le bras sur le bureau, avant de relever sa manche. La Marque des Ténèbres se trouvait là, l'air de rien, une marque noire et délavée sur une peau pâle, sauf que Sirius savait ce que ça représentait.

« Tu as oublié ça ? »

« Non, répondit Sirius. C'est pour cette raison que je suis venu- »

« Tu es venu demander de l'aide à un ancien Mangemort sur ce que tu crois être l'ascension de nouveaux Mangemorts ? demanda Rogue. Je ne pense jamais avoir entendu quelque chose d'aussi stupide. Et pourtant, je corrige les devoirs des Gryffondors. »

Il recouvrit son bras.

« Nous ne sommes pas amis, Black, malgré qu'on ait prouvé plusieurs fois maintenant qu'on pouvait se trouver dans la même pièce sans que le monde s'écroule. Je ne t'apprécie pas, je n'en ai vraiment rien à faire si tu survis jusqu'à ton prochain anniversaire, je ne te dois rien, que ce soit des informations ou ma sincérité. »

« Ok. » répondit Sirius, parce qu'il n'y avait rien d'autre à dire.

Rogue avait raison – ils n'étaient pas amis – et le reste de ce qu'il avait dit avait aussi du sens. Étrangement, Sirius lui faisait plus confiance qu'il ne le devrait, mais il n'était pas non plus naïf. Cette confiance découlait de la foi qu'il avait dans l'opinion de Dumbledore, mais Sirius ne faisait pas non plus une confiance aveugle au vieil homme. Mais il n'allait sûrement pas dire cela à Rogue, car il préférait que son ancien ennemi ne sache pas ça.

« Ok ? » répéta Rogue, en clignant des yeux.

« Ouais. » dit Sirius en se retournant vers la porte.

De toute façon, il avait obtenu ce qu'il voulait. Rogue ne semblait pas du tout préoccupé par les Serpent Sworn jusqu'à la mention de Voldemort. De plus, sa Marque des Ténèbres s'estompait. De manière évidente, il n'était pas impliqué (pas directement, en tout cas), mais ne voulait rien dire de plus, tant qu'il n'avait pas d'instructions ou d'informations sur le potentiel risque. Et Sirius, malgré son mépris pour les Mangemorts, pouvait comprendre cela, même si ça l'agaçait. Alors, plutôt sûr que Rogue n'en savait pas plus que lui sur les Serpent Sworn, Sirius préféra ne pas risquer les progrès étranges et fragiles qu'ils avaient fait pour quelque chose qui n'aiderait pas.

« Merci de m'avoir accordé du temps. »

Il sortit et ferma la porte derrière lui. Il laissa échapper un long soupir pour se reprendre – avec une porte entre lui et Rogue, une bonne partie de la tension s'apaisa – et était presque sûr que Rogue faisait exactement la même chose de l'autre côté de la porte.

Sirius parcourut ensuite les couloirs familiers de son ancienne école, pensif. Il avait un objectif précis – le bureau de Dumbledore – mais il ne comptait pas prendre le chemin le plus court pour s'y rendre, de façon à se donner le temps de réfléchir à toutes ses options. Au moment où il atteignit la gargouille – et fut accueilli par une statue enjouée – il avait décidé d'un plan et se sentait nerveux, mais certain de faire le bon choix.

« Entrez. » dit Dumbledore, lorsque Sirius frappa à la porte en bois.

Secouant la tête, amusé, Sirius ouvrit la porte et entra. Dumbledore eut l'air un instant surpris, avant d'offrir un sourire hésitant à Sirius. Alors ses yeux se posèrent sur l'espace à côté de Sirius et son sourire s'affadit, devenant plutôt inquiet.

« Tout va bien ? »

« Pour l'instant. » répondit prudemment Sirius.

Dumbledore lui montra le siège en face du bureau et Sirius prit place

« J'ai quand même eu vent de quelque chose, au Bureau des Aurors. J'imagine qu'Amélia ou Fol-Oeil vous en ont déjà parlé- »

Un éclair de compréhension passa sur le visage ridé de Dumbledore et Sirius se redressa.

« Vous savez. »

« J'imagine que tu parles des Serpent Sworn ? » demanda-t-il de but en blanc.

« Oui, répondit Sirius. Ils sont liés à Voldemort ? Que veulent-ils ? Combien sont-ils ? »

« Avant de répondre à tes questions, je voudrais juste dire que je suis touché que tu viennes me voir pour ça, malgré le fait que tu ne fasses plus autant confiance qu'avant. »

« Je vous fais confiance sur ce sujet, dit doucement Sirius. Vous avez plus d'expériences avec ce genre de choses que n'importe qui que je connaisse et je serais idiot de l'ignorer. »

Dumbledore le fixa sans ciller, mais Sirius ne sentit rien de spécial essayer de pénétrer son esprit, alors il pensa pouvoir dire sans se tromper que Dumbledore se contentait de le dévisager. Ce qu'il cherchait, en revanche, Sirius n'en avait aucune idée.

« Je suis certain que tu as du entendre ça de nombreuses fois ces derniers mois, mais permets-moi de constater que tu as beaucoup mûri. »

« Merci, répondit Sirius, un peu mal à l'aise sous le regard perçant de Dumbledore, et encore plus déterminé à ne pas montrer à quel point le compliment de son ancien directeur le touchait. Donc, les Serpent Sworn ? »

« Ah. » dit Dumbledore en croisant les mains sur son bureau.

L'atmosphère de la pièce changea du tout au tout, d'amical et un peu méfiant à très sérieux. Fumseck gonfla ses plumes et les fixa tous les deux. Dumbledore posa son regard sur l'animal avant de retourner son attention sur Sirius.

« Rien n'a été confirmé, dit-il. Mais nous pensons possible qu'ils soient en lien avec Voldemort, ou du moins qu'ils suivent ses principes jusqu'à un certain point. »

« D'anciens Mangemorts ? »

« C'est possible, mais encore une fois, ce n'est pas confirmé, dit gravement Dumbledore. Ce dont nous sommes sûrs, c'est qu'il y a des gens intelligents derrière ça. Ils ont réussi jusque-là à opérer dans le plus grand secret et jouent sur leur image, parfois dangereuse, parfois médiocre. Alastor m'a dit que Scrimgeour n'était pas prêt à les prendre au sérieux jusqu'à ce qu'Amélia lui fasse entendre raison. »

« Elle lui a crié dessus, en fait. » dit Sirius, faisant apparaître un petit sourire sur le visage de Dumbledore.

« Je n'ai pas entendu parler de ça, murmura-t-il, l'air amusé. Ce qu'ils recherchent, je suppose, c'est le pouvoir – à l'image de la plupart de ces groupes, comme tu le sais j'en suis sûr, mais ils n'ont pas encore commencé à cibler des nés-moldus ou ceux qui sont considérés comme des 'traîtres à leur sang'. Leur seule action jusque-là – à ce que l'on sait – visait Scrimgeour lui-même et Scrimgeour est un sang-mêlé, qui était à Serpentard. »

« Alors … Quoi ? Ils veulent le chaos pour le plaisir d'obtenir le chaos ? »

« Peut-être, dit Dumbledore. Personne ne saura répondre tant qu'ils n'agiront pas à nouveau et j'ai bien peur que nous serons alors trop en retard pour faire autre chose que réagir et essayer de réparer les dégâts, parce que nous n'avons aucun moyen de prédire ce qu'ils vont faire. »

« Oh, bien, c'est rassurant. » dit Sirius en levant les yeux au ciel.

Dumbledore se mit à sourire tristement.

« Ton optimisme à trouver une solution facile est admirable, Sirius, mais tu sais depuis longtemps que ces choses ne sont jamais aussi simples qu'on voudrait qu'elles soient. »

« Je sais, murmura Sirius. Que pouvez-vous me dire d'autre ? »

« Très peu – je n'ai reçu que peu d'informations sur le sujet et je t'ai transmis une bonne partie de celles-là. J'ai fait des hypothèses, mais qu'elles soient exactes ou non, cela reste à voir. »

« Quelles hypothèses ? » demanda Sirius.

« Qu'il s'agit d'un groupe plutôt étendu- »

« Et pour vous, 'étendu', c'est … ? »

« Trente ou plus, j'imagine. »

« Trente ? demanda faiblement Sirius. Mais un groupe si grand aurait fait quelque chose pour attirer l'attention- »

« A moins qu'il soit structuré, dit Dumbledore. Ce que je soupçonne, tout comme le fait – comme je te l'ai dit plus tôt – qu'il soit certainement dirigé par quelqu'un qui sait ce qu'il fait. »

« Ce qui pourrait confirmer la théorie des Mangemorts. » dit Sirius.

« Ça pourrait, acquiesça Dumbledore. Ça pourrait aussi l'infirmer. C'est difficile à dire. Mais je pense que c'est raisonnable de dire qu'ils ont un entraînement ou qu'il s'agit de sorciers et de sorcières très talentueux. »

« Pourquoi ? » demanda Sirius.

« Attaquer le chef du Bureau des Aurors est un choix audacieux, expliqua Dumbledore. Tom n'a pas essayé de le faire avec les Mangemorts avant la sixième ou septième année de sa … campagne- »

Sirius serra les dents. La mort de Charlus Potter n'avait pas été aussi difficile à surmonter que celles de Lily et James, mais la mention de l'homme qu'il avait considéré comme un père lui donna l'impression d'une pierre au creux de son estomac.

« -quand il en avait les moyens et quand ses Mangemorts avaient suffisamment gagné en expérience et en compétences pour mener une action si importante. »

« Alors ils sont dangereux ? » demanda rapidement Sirius.

« Et ils ont probablement des gens infiltrés – au Département de la Justice Magique ou à la Maintenance Magique – qui gardent un œil sur les événements. »

Sirius devait avouer que Dumbledore avait sûrement raison – Remus s'était demandé la même chose quelques nuits plus tôt. Dumbledore s'éclaircit doucement la gorge.

« Je te suggère, si ou quand tu les confronteras, de ne pas les sous-estimer. »

Dumbledore se recula contre le dossier de sa chaise, l'air grave.

« Très bien. » dit Sirius, un peu tendu.

De temps à autres, il se souvenait de la guerre avec nostalgie. James et Lily étaient alors en vie, il avait Marlène, Peter n'avait pas encore détruit les vies de tout le monde … Mais il avait oublié à quel point il détestait ce stress de se sentir responsable, de devoir toujours faire quelque chose, pour ne pas être un lâche, ne pas perdre du temps ou mettre des gens en danger. Cette sensation ne lui avait pas manqué du tout.

« Et c'est tout ce que vous savez ? »

« Je n'ai pas l'influence auprès du Bureau des Aurors que je peux avoir dans d'autres services. »

Sirius pouvait voir ça. Bien qu'il savait qu'Amélia et Fol-Oeil gardaient Dumbledore dans le coup, le Bureau des Aurors fonctionnait de manière indépendante par rapport au reste du Ministère. C'était ainsi depuis des années et c'était un sujet à débat chez les Ministres, particulièrement pour ceux qui voulaient sentir qu'ils avaient le contrôle sur leur Ministère. Les Aurors et les Tireurs d'élite passaient peu de temps à vérifier les autorisations et les directives auprès du Ministre ou des sous-secrétaires, par rapport aux autres départements.

« Je ne sais que ce que l'on veut bien me dire. »

« Et personne ne vous dit rien ? » demanda Sirius.

« L'affaire a été assigné à Alastor, lui dit Dumbledore. Voilà ce que je sais. »

« C'est une bonne chose – il pourra vous tenir au courant- »

Dumbledore soupira, l'air contrit.

« Pas vraiment, j'en ai peur. Scrimgeour garde un œil sur l'affaire et sur Alastor. »

« Alors il ne dit rien. » supposa Sirius.

« Et il fait bien, répondit Dumbledore. Alastor doit montrer plus de loyauté envers son travail qu'envers moi. Voudrais-tu un bonbon ? »

« Merci. » dit Sirius, se servant.

Dumbledore en sortit un autre pour lui-même et le fourra dans sa bouche.

« Ce n'est pas encore ma guerre. Je ne me sens pas aussi responsable de cette situation que de l'ascension de Tom et pour l'instant, le Ministère n'a pas demandé mon aide – que ce soit directement ou par leur manque d'actions. Je suis heureux de leur laisser gérer les choses. »

« Donc si j'ai besoin d'informations, il faut aller voir Fol-Oeil ? » demanda Sirius.

« Peut-être. » dit Dumbledore en se tournant les pouces.

Sirius soupira.

« Quelque chose ne va pas ? »

« Fol-Oeil et moi- Disons qu'on s'entend plutôt bien, mais ce n'est plus ce que c'était. Il ne me fait plus confiance. »

« Les crises provoquent des choses étranges en ce qui concerne la confiance, dit Dumbledore. Regarde nous. »

« Ouais, les gens normaux font davantage confiance aux gens qu'ils connaissent. Mais Fol-Oeil – c'est un type génial – mais c'est la personne la plus secrète, la plus paranoïaque de toute la Grande-Bretagne et je suis franchement sûr qu'il ne me fera plus confiance- »

« Vigilance constante. » murmura Dumbledore, faisant rire Sirius.

« Exactement. Il ne dira rien, rien d'autre que de me dire d'aller fourrer mon nez ailleurs avant qu'il ne me jette un sort pour l'assortir au sien. »

Dumbledore se mit à rire également.

« Alors, dit-il, une fois plus sérieux. Peut-être que tu pourrais parler à quelqu'un en qui Alastor a confiance. »


« Les Serpent Sworn ? » répéta Narcissa, plissant les yeux en regardant à travers les barreaux du Manoir.

Severus resserra sa cape autour de ses épaules lorsqu'un coup de vent glacé le frappa, tout en se sentant brièvement désolé pour Narcissa qui ne portait qu'une robe de chambre. Elle frissonna.

« Non, Severus, le nom ne me dit rien. »

« Lucius n'en a pas parlé ? » demanda-t-il.

« Non. » dit-elle sur un ton d'excuse, mais aussi un ton ferme, avant de bailler.

Severus ne pensait pas l'avoir déjà vu faire quelque chose d'aussi ordinaire qu'un bâillement.

« Je pense même n'avoir jamais entendu- »

Elle bailla à nouveau.

« Que se passe-t-il ? »

« Rien. » répondit Severus.

« Severus, c'est le milieu de la nuit, dit-elle platement. Pourquoi viendrais-tu ici, si ce n'était- »

« Peut-être que j'ai pensé que je devrais te rendre la pareille, pour toutes ces fois où tu m'as dérangé. » dit-il froidement.

Les lèvres de Narcissa frémirent et il se demanda s'ils avaient atteint le stade où l'un d'eux pouvait lancer une pique sans que l'autre ne sente le besoin de répondre. Il lui faisait davantage confiance qu'à Lucius – Narcissa, au moins, avait des motivations simples – mais ça ne représentait quand même pas grand chose, particulièrement après qu'elle ait dit à Drago qu'elle n'était pas digne de confiance.

« Il neige. » dit-elle en bougeant ses pieds cachés par des pantoufles.

Il jeta un œil plein de dédain au satin bleu pâle humide, alors elle bougea encore et croisa les bras.

« C'est évident que c'est important, Severus, ou tu ne serais pas là, et c'est aussi quelque chose qui demande une certaine discrétion ou tu aurais cette conversation avec mon mari. »

« Une certaine discrétion serait appréciée, en effet. » dit Severus.

Elle acquiesça brusquement. Il était troublé. Black était venu le voir, lui, pour lui demander … Et bien, pas de l'aide, mais certaines informations et il ne l'aurait pas fait sans une véritable motivation. Severus ne haïssait plus l'homme, mais le ressentiment était toujours présent et il était raisonnablement sûr que Black ressentait la même chose, alors Severus supposait que cette visite était désespérée. Et si le Seigneur des Ténèbres était impliqué d'une façon ou d'une autre, alors Severus voulait le savoir.

« Du moins pour le moment. »

« Que s'est-il passé ? » demanda-t-elle encore.

Severus hésita. Bien qu'il faisait suffisamment confiance à Narcissa pour lui poser la question, il ne pensait pas que tout lui dire était une bonne idée. Pas parce qu'il craignait qu'elle l'ébruite, mais parce qu'il craignait ce qu'elle en ferait – en ce qui concernait Drago – si elle pensait que le Seigneur des Ténèbres revenait. Il l'avertirait si ou quand cela arriverait, mais lui donner du temps pour l'anticiper n'était une bonne idée pour personne.

« Si ça devient utile, je te le dirais, dit-il. Je t'assure. »

« Tu ne me fais pas confiance. » dit-elle, sur un ton offusqué qui marcherait sûrement sur la plupart des gens.

Lui, en revanche, savait que Narcissa contrôlait trop son image pour laisser sa voix la trahir par accident et qu'elle se moquait probablement trop de son opinion pour être blessé par son manque de confiance. Il arqua un sourcil. Elle glissa une mèche de cheveux derrière son oreille. C'était un geste futile, car le vent soufflait dans toutes les directions.

« Après tout ce que nous avons vécu ces dernières années, tu ne me fais pas assez confiance pour me- »

« Je me comporterais avec toi de la même façon que tu le fais, dit-il. Je te dirais ce que je crois que tu as besoin de savoir, quand c'est utile. »

Son air blessé disparut d'un coup et sa bouche frémit à nouveau, pour la deuxième fois cette nuit.

« Très bien. » dit-elle.

Severus leva les yeux sur une forme brune qui bougeait dans le jardin, derrière l'épaule de Narcissa. Il leva sa baguette et Narcissa fit volte-face, sa main attrapant sa propre baguette, qu'elle avait quelque part dans sa robe de chambre.

« Dobby. » dit-elle en se détendant.

Son ton comportait à la fois une demande d'explication et un appel et l'elfe disparut du jardin pour apparaître près d'elle, sur le chemin gelé.

« Prépare-moi une tasse de thé, s'il te plaît. Chaude. »

« Bien sûr, Maîtresse, couina l'elfe. Mais le Maître a dit à Dobby de jardiner cette nuit, Maîtresse- »

« Rien ne va pousser avec ce temps, dit-elle sur un ton absent. Je m'occuperais de Lucius. Occupe-toi de mon thé. »

L'elfe se mit à trembler et disparut après avoir couiné son obéissance.

« Tu voulais autre chose ? » demanda-t-elle en se retournant vers Severus.

« Non. »

« Et Drago est toujours le bienvenu demain ? »

« Drago est toujours le bienvenu. » répondit doucement Severus.

Et c'était la vérité. Drago lui rendait visite plus régulièrement ces derniers temps. Severus n'était pas sûr des excuses que Narcissa servait à Lucius, mais franchement, il s'en fichait. Ce n'était pas son problème. Drago était maintenant si différent de Lucius et Hydrus que Severus avait l'impression que sa vie à la maison n'était pas facile, pas parce ce qu'ils le harcelaient, mais parce qu'il était seul. Severus avait toujours essayé de faire sentir à Drago qu'il était le bienvenu. Severus n'était pas un homme accueillant et il donnait toujours à Drago des tâches fastidieuses et ingrates, mais il s'efforçait aussi d'écouter son filleul et s'intéressait à son état mental.

Drago avait vite réalisé que le bureau de Severus – et les moments passés avec lui – était un lieu sûr et il répondait en conséquence. Severus ne savait pas s'il se sentait triste ou satisfait de savoir que le meilleur ami de son filleul de dix ans était un professeur de Potions d'âge moyen.

« Toujours ? » demanda Narcissa.

Severus inclina la tête et Narcissa se mit à sourire.

« Merci Severus. C'est bon de savoir que tu veilles sur lui. Et que tu le formes – je ne t'ai pas remercié pour ça – même si ce n'est pas facile – pour aucun de nous – mais je pense sincèrement que c'est pour le mieux- »

« Ça reste à voir. » dit-il, mais il pensait – espérait – qu'elle avait raison.

Il espérait aussi qu'il y ait une chance que Drago ne suive pas les traces de son père en rejoignant les Mangemorts si ou quand le temps viendrait, mais il pensait que ces chances étaient fines. Drago regarderait sûrement la Marque des Ténèbres sur le bras de son père et sur celui de Severus (sans savoir que Severus n'en avait cure de cette marque) et déciderait qu'il voulait la même. Severus soupira. Le garçon n'était même pas encore à Poudlard, mais Severus et Narcissa avaient déjà planifié son futur tout entier et il suivrait leurs projets, parce qu'ils l'avaient manipulé pour le faire.

Narcissa pinça les lèvres.

« Je vais boire mon thé et ensuite, j'irais me coucher. Bonne nuit, Severus. »

« Bonne nuit. » dit-il en rangeant sa baguette dans sa poche.

« Et Severus, lança-t-elle avant qu'il ne transplane. Si j'entends quelque chose sur tes Serpents, je te le dirais. »

Il pencha la tête et s'apprêta à transplaner, tandis que Narcissa s'en allait vers le Manoir, une ombre fantomatique dans la neige.


« Tu es en retard. Ferme la porte. »

L'homme, qui venait d'entrer dans la pièce, s'exécuta sans la moindre question.

« Il fait sombre. » dit-il.

« C'est un problème ? » répondit l'homme qui venait de le réprimander.

Il y avait une once d'humour dans sa voix.

« J'aurais cru que toi, parmi tous les autres- »

« Non. » répondit l'autre.

« Bien. »

Les yeux du nouvel arrivant commençaient à s'habituer à l'obscurité et il fut enfin capable de discerner l'autre homme, assis sur une caisse renversée de cire à balais, lui donnant l'allure d'un roi sur son trône.

« Tu voudrais t'asseoir ? »

« Je vais rester debout. »

L'homme, qui était assis, haussa les épaules et leva les yeux, le regard brillant et concentré dans le noir.

« Tu voulais me dire quelque chose. »

« Black pose des questions. »

« Ah oui ? »

Il y avait de l'intérêt dans la voix de l'homme assis désormais, et un soupçon de satisfaction.

« Tiens donc. »

« Tu n'es pas surpris. » ricana le nouvel arrivant.

« Non, avoua l'homme assis. Mais c'est quand même bien de le savoir. Où as-tu entendu ça ? »

« J'ai aussi mes sources. » répondit l'homme.

Le visage de l'homme assis se crispa.

« J'espère qu'elles sont fiables. Si ça tombe dans les oreilles des mauvaises personnes- »

« C'est une source de confiance. » dit l'homme en croisant les bras, appréciant intimement de voir que son supérieur était déconcerté par ses informations.

Ah ! Tu n'es pas le seul à pouvoir jouer ce jeu, pensa-t-il.

« Est-ce que Black a trouvé quelque chose ? »

« Rien qui ne nous mette en danger, dit-il, avant de montrer son admiration. Si quelqu'un devait comprendre, c'était bien lui. »

« Peut-être, dit l'homme assis, mais c'était évident qu'il était d'accord. Avec un peu de chance, lui et les autres ne verront pas arriver ce qui va leur tomber dessus. »

« Avec un peu de chance, acquiesça l'autre. Tu penses vraiment qu'on va réussir ? »

« Je pense que oui, dit l'homme assis, avec assurance. C'est un peu plus extrême que ce qu'on faisait avant- »

L'homme debout murmura son accord.

« -mais tout le monde connaît son rôle et on est efficace. La seule chose qui m'inquiète un peu- »

Les yeux du nouvel arrivant s'écarquillèrent un peu. L'autre homme n'était pas du genre à avouer s'inquiéter à propos de quoi que ce soit.

« -c'est qu'il y ait des blessés. »

« Si l'un des nôtres est blessé, ce sera sa propre faute, grommela l'homme. Ils devraient être capable de gérer ces choses. »

L'homme assis laissa échapper un son qui semblait être une validation, mais l'autre ne pouvait en être certain.

« Espérons, dit l'homme assis. Le temps nous le dira. »

« Tu penses toujours à Noël ? »

« En effet, acquiesça l'homme. Merci de m'avoir dit pour Black. Il y a d'autres personnes qui le surveillent, mais plus d'yeux nous avons sur lui, mieux c'est. »

L'homme ricana et l'homme assis se mit à sourire.

« Après tout, tout ça, c'est pour lui. »