Disclaimer : L'univers de Kuroko no Basket que vous reconnaitrez aisément appartient à Fujimaki Tadatoshi. L'auteur me le prête très aimablement pour que je m'amuse avec et je ne retire aucun profit de quelque nature que ce soit de son utilisation si ce n'est le plaisir d'écrire et d'être lue.
Note de l'auteur : Je veux remercier du fond du cœur ma béta-lectrice, Futae qui s'est servie de son "Eagle Eye" (fallait que j'la case celle-là !) pour corriger cette histoire et me conseiller. C'est grâce à son enthousiasme, ses encouragements et son sens de l'analyse et de la critique sans détour, que cette histoire a pu voir le jour.
Note importante : j'avais décidé de retirer toutes mes histoires de ce site suite à ce que je pense être un piratage. Je me suis laissée convaincre de les remettre, mais malheureusement ce site fonctionne tellement mal que je n'ai pas pu toutes les récupérer. J'ai donc décidé de les reposter. Si vous les lisez et qu'elles vous plaisent, n'hésitez pas à le dire, ça me fera plaisir et ça me remontera le moral même si les commentaires ne seront pas les mêmes qu'à l'origine.
Bonne lecture.
Shadow : merci pour ton commentaire et ta fidélité. Je sais que je le dis à chaque fois, mais ça me touche vraiment beaucoup. Je ne pouvais pas faire un point de vue et pas l'autre. Faire parler Aomine devant la tombe d'Haruka ça m'a semblé évident parce qu'il a tenu une grande place dans sa vie. Le papillon est effectivement une image chargée de symboles comme le renouveau, la transformation ou un messager entre le monde des morts et celui des vivants. J'ai choisi cette dernière signification qui s'accordait bien au contexte. Oui, il y a toujours de l'espoir…
Je continuerai à écrire, il faudra juste me laisser un peu de temps… ^^ Voici la suite, bonne lecture.
Le roman de notre histoire
Chapitre 33
Début décembre 2030…
Kagami avait fait un effort surhumain pour se rendre chez Kuroko et Ogiwara qui venaient de fêter leur première année de mariage, leurs noces de coton. Il avait pris sur lui, mais il avait demandé expressément que leur chien Nigo, si adorable soit-il, reste dans le jardin et n'entre pas dans la maison seulement pour quelques heures. Le jeune couple avait accepté et avec Aomine, ils avaient pu leur porter un cadeau (1). C'était une petite cloche en verre sur un socle en bois avec une composition de fleurs sèches, de feuilles et de coton. Tout un symbole pour un mariage en automne.
— Entre ton livre et la série, tu deviens incontournable dans les conversations, déclara Ogiwara en faisant tourner le globe pour le regarder sous tous les angles.
— Comment ça ? s'étonna le romancier.
— La semaine dernière, y a eu un pot pour le départ à la retraite d'un chef de service, ça a duré quoi… deux heures peut-être et j'ai souvent entendu parler de ton bouquin et d'la série… Les gens adorent !
— J'savais qu't'avais écrit une merveille, renchérit le comptable en prenant à son tour la petite sphère pour l'observer.
— Ça a pas été facile, et j'avoue qu'j'imaginais pas un tel succès…
— Et c'est pas fini, fit Aomine à son tour. Le tome deux a déjà explosé les ventes du premier dans le même laps de temps…
— Et le studio veut poursuivre la série, termina Kagami.
— T'as commencé le troisième ? s'enquit l'agent immobilier en apportant des petits gâteaux.
— Oui, ça avance bien…, j'arrive à pas trop me perdre dans tout ce que je dois raccrocher des deux précédents…
— Nigo devient fou de pas pouvoir rentrer, remarqua Kuroko qui regardait son chien avec les mêmes yeux tristes.
— Il doit apprendre à être patient, fit Ogiwara d'une voix plus ferme que celle de son mari.
— Et votre lune de miel ? demanda le correcteur en buvant une gorgée de thé préparé par Kuroko.
— La Grèce est un pays splendide, reprit l'agent immobilier. L'histoire de ce pays est d'une richesse incroyable et sa mythologie regorge de légendes et de contes. Les vestiges sont malheureusement assez abimés pour certains, mais on voit bien qu'ils faisaient partie de monuments fabuleux.
— Près de la ville de Delphes, il y a une plaine gigantesque appelée la mer des oliviers, poursuivit Kuroko. Il y en a des milliers à perte de vue. Certains ont plus de deux mille ans. C'est magnifique.
— Vous passerez à la maison avec vos photos et vos vidéos, proposa Kagami qui commençait à se sentir mal à l'aise de voir le chien si près de lui malgré la vitre qui le séparait de l'animal.
— Tenez, on vous a ramené un petit souvenir, sourit Ogiwara en tendant à Aomine une boite qui semblait plutôt lourde et qu'il prit en fronçant les sourcils.
— Y a du plomb dedans ? plaisanta-t-il en la déballant.
Aidé de Kagami, il en sortit deux objets. Une magnifique statuette en bronze de Poséidon, dieu des sept mers dans la mythologie grecque et une branche d'olivier du même matériau. Aomine écarquilla les yeux et mit une main devant sa bouche. Il était muet de stupéfaction. Les détails étaient d'une finesse remarquable. Elle représentait un homme d'un certain âge avec de longs cheveux, une grande barbe et une queue de poisson. Il avait des nageoires derrière les avant-bras et sur les hanches, une couronne de corail et il tenait le célèbre Trident, symbole de la divinité, le tout comme s'il sortait d'une vague écumante ou qu'il la chevauchait.
— C'est vrai que c'est pas trop le style de ta déco, sourit Kuroko en s'adressant à Kagami, mais quand j'l'ai vu, j'ai su qu'elle était pour vous.
— J'sais pas quoi dire… elle est magnifique, souffla Aomine qui avait du mal à quitter la statuette des yeux.
— La branche d'olivier est un des symboles d'Athéna, déesse de la guerre et de la sagesse, reprit Ogiwara.
— De la guerre et de la sagesse ? C'est assez paradoxal si on considère que la guerre n'est pas quelque chose de sage.
— C'est la légende, poursuivit Kuroko. C'est toi qui as fait des études d'histoires non ? le taquina-t-il.
— Oui, d'accord, mais l'histoire grecque j'la connais pas, se défendit le romancier. En plus c'est d'la mythologie...
— Ce sera l'occasion de nous cultiver un peu, intervint Aomine qui avait retrouvé la parole. Merci beaucoup, pour ces cadeaux…
— Ils sont magnifiques, renchérit Kagami. On a aussi prévu d'aller en Grèce un jour…
— Allez-y au printemps, il ne fait ni trop chaud, ni trop froid et il y a du soleil la plupart du temps, leur conseilla le comptable.
— On va y aller ou Nigo va péter la vitre, suggéra Aomine qui avait bien vu combien la proximité du chien stressait son homme et il était déjà content de voir qu'il avait réussi à venir chez leurs amis.
— J'vous appelle bientôt pour vous dire de passer avec les photos et les vidéos, leur rappela le romancier.
Takao pianotait sur son clavier, les yeux rivés sur son écran avec dans les oreilles son indétrônable playlist du groupe de Visual Kei The Gazette. Les membres commençaient à accuser un certain âge, mais leur musique était toujours aussi motivante pour l'informaticien. Depuis qu'ils avaient investi leurs nouveaux locaux, avec Himuro, ils en étaient presque arrivés à dormir sur place tant ils étaient débordés. Ils avaient dû embaucher deux autres personnes aux compétences presque égales aux leurs pour faire face à la demande croissante d'entreprises qui voulaient sécuriser leur système informatique. D'interminables lignes de code défilaient sur le moniteur qui rappelait un peu le motif de son mug Matrix. La réalité était-elle en train de rattraper la fiction ? Il le regarda et sourit. Himuro était en rendez-vous avec un client pour le moins inattendu. À tel point, qu'ils en avaient informé Kagami.
Akashi en personne avait requis les compétences de Mihawk pour sécuriser son système informatique. En découvrant le mail qu'il avait envoyé, les deux associés avaient d'abord cru à une farce. D'un goût plus que douteux. Himuro avait prononcé un nom, celui de l'écrivain et Takao avait acquiescé. Ils avaient transféré le message à Kagami. Moins de dix minutes plus tard, le romancier appelait son ami. Il avait fallu le convaincre qu'il ne s'agissait pas d'une plaisanterie. Et tout en discutant, il avait bien compris que les deux informaticiens penchaient plutôt pour accepter le Miracle des Mots comme client. Et qui était-il pour imposer son opinion ? Il ne se reconnaissait pas du tout le droit de les empêcher de travailler. Mais l'argument qui fit mouche fut qu'au moins, ils étaient déjà dans la place si quelque chose d'anormal se tramait.
Kagami en avait énormément voulu à son ancien éditeur d'avoir essayé de le voler, lui et d'autres auteurs. Pendant longtemps, il avait ressenti une colère démesurée qui avait bien failli lui faire perdre le contrôle qu'il avait si durement acquis sur ses accès de violence soudaine. Sans en avoir aucune preuve, il était persuadé qu'Akashi était responsable de l'agression de Furihata. Mais avec le temps et voyant comment son ami s'était bien remis de ses blessures, il avait fini par plus ou moins oublier. Il ne lui pardonnera jamais pour les droits d'auteurs, mais il avait bien compris que vivre dans cette haine ne lui apporterait rien de bon. Le stress c'est très mauvais pour la santé et il avait bien l'intention de vivre centenaire aux côtés de son homme.
Il fut reconnaissant envers ses amis de l'avoir averti, mais il leur fit bien comprendre qu'il n'avait pas son mot à dire sur leur façon de diriger leur entreprise. Et Himuro s'était donc rendu dans les locaux de la toute jeune maison d'édition pour discuter des attentes des trois associés. S'ils savaient que Takao avait permis l'arrestation d'Haisaki, ils ignoraient tout de l'implication de l'homme qu'ils avaient devant eux. Ce qui lui donnait un avantage certain. Les négociations ne durèrent pas longtemps, deux heures tout au plus. Akashi avait appris à ses dépens qu'un système n'est jamais sûr à cent pour cent, mais au moins, il s'offrait les informaticiens dont les compétences les plaçaient dans le top cinq du pays. Et peut-être même davantage. Le contrat était simple. Le Miracle des Mots souhaitait la meilleure protection à n'importe quel prix. Himuro, loin d'être stupide, ne gonfla pas la facture. Il fallait qu'il laisse au client la possibilité de payer son abonnement à Mihawk Network Secure. À première vue, l'argent ne semblait pas manquer aux trois associées. Mais, mieux valait ne pas trop presser le citron si on voulait qu'il donne régulièrement du jus. Et c'est avec un contrat en bon et due forme, une première mensualité et tous les codes d'accès au serveur qu'Himuro retourna au bureau.
— Tu les as sentis comment ? demanda Takao, avec un sourire d'une oreille à l'autre.
— No stress… Ils savaient c'qu'ils voulaient et j'aurais pu leur faire payer le triple…
— Mauvaise stratégie… si on est trop cher, on les gardera pas longtemps…
— C'est c'que j'me suis dit en faisant cette offre et ils n'ont même pas discuté…, expliqua fièrement Himuro en se faisant un thé.
— Même pas un peu ?
— Rien… Ils étaient plus intéressés par notre savoir-faire… Ils sont au courant que c'est toi pour Haizaki…
— Oh… Ils doivent se douter qu'ils seront sous haute surveillance, alors…, sourit l'ex-hacker en embrassant son amant.
— Qu'importe…, ils ont signé le contrat… Ça nous en fait un de plus…
— Et celui-là, on va l'avoir à l'œil tous les deux…
Ils échangèrent quelques baisers, heureux de voir leur entreprise grappiller des parts de marché. L'activité était en plein essor et il allait falloir se faire une réputation en béton armé pour se maintenir au plus près du sommet, voire même au top. Ils en étaient capables, ils avaient le potentiel, les compétences et la motivation. Ils furent interrompus dans leurs effusions par l'un de leurs deux employés, qui frappa à la porte. Un petit souci technique requérait l'un des deux patrons, mais leur regard en disait long sur ce qu'ils avaient l'intention de faire en rentrant chez eux. Le tout était de décider si ce serait avant ou après le diner. Ou peut-être avant et après le diner. Pourquoi se limiter ? Une fois le tracas réglé, chacun se remit au travail. Il restait encore quelques heures avant que cette journée de labeur ne se termine…
Akashi souriait comme ça lui arrivait rarement. D'ordinaire, ça ressemblait plus à un rictus, un coin de bouche tout juste relevé. Là, il était lumineux. Mibuchi et Hayama le remarquèrent et cela les conforta dans leur idée d'avoir insisté pour faire appel à MiHawk Network Secure. Puisque l'un des patrons avait permis l'arrestation de Itsmine, c'est qu'il devait être encore meilleur que lui. Certes, ça avait valu de la prison à Akashi, mais Takao n'était pas responsable. C'était Haizaki qui avait commis une erreur. L'informaticien n'avait fait que son travail. Pourtant, il n'était pas convaincu que confier la sécurité informatique à quelqu'un qui avait déjà un a priori sur lui était une bonne chose. Mais il avait fini par se laisser persuader. Hayama et Mibuchi savaient se montrer persuasifs quand il le fallait.
Dans la chambre aménagée pour accueillir Nebuya et tout le matériel indispensable à son maintien en vie, Akashi s'était assis dans un fauteuil près de la fenêtre. Il faisait froid, mais le soleil brillait. L'immeuble qui servait de siège à la maison d'édition le Miracle des Mots était légèrement excentré, dans un quartier calme. L'activité ne nécessitait pas qu'elle se trouvât en plein centre-ville. Les parents de Nebuya étaient passés voir leur fils le week-end dernier. Les fêtes de fin d'années approchaient et ils ressentaient davantage l'absence de celui-ci. Akashi les comprenait parfaitement. Il lui manquait à lui aussi. Il était bourru, soupe au lait, brutal et se servait plus souvent de ses poings que de sa tête, mais il était son ami d'enfance. Alors, de temps en temps, il éprouvait le besoin d'être avec lui. Il ne l'entendait pas, ou du moins dans un coma irréversible ce n'était pas prouvé, il ne le voyait pas, il ignorait qu'il était là, mais Akashi appréciait d'être à son chevet, il lui parlait.
— Tu sais, je crois que j't'en voudrais toujours… si t'avais pas commis ses agressions, t'aurais pas été en taule et tu s'rais encore avec moi. Ou peut-être pas… qui sait…
Il regardait le paysage tout en parlant. Il y avait encore pas mal de gratte-ciels, mais un peu moins haut que ceux du centre de Tokyo. Et de loin en loin, il devinait une tache verte, un parc avec des arbres, des pelouses, des bancs.
— T'aurais peut-être pris un panneau ou un poteau sur la tête… et finalement, le résultat s'rait l'même… Y a pas eu beaucoup d'victimes dans ce séisme, mais t'en fais partie… C'est l'karma je suppose, on n'y peut rien…
La porte s'ouvrit sur l'infirmière qui était là en permanence pour veiller sur Nebuya et tous les appareils qui l'entouraient, mais Akashi lui fit signe de revenir plus tard, qu'il la préviendrait. Elle savait qu'il pouvait passer de longs moments auprès de son ami. Elle sourit et opina.
— Higuchi occupe mon ancien job, poursuivit le jeune associé, les éditions Rakuzan ne se sont jamais aussi mal portées… Je soupçonne Nijimura de l'maintenir à c'poste parce que c'est son ami et à cause de c'que tu lui as fait à lui et sa famille… Ce serait mal vu d'virer un gars qui a tant souffert, fit-il avec un petit rire sarcastique. Le groupe ne va pas très bien non plus, j'ai appris qu'il y avait eu des plans sociaux et des licenciements… J'ai conscience que c'est d'ma faute, mais j'arrive pas à plaindre Nijimura… lui qui voulait tellement être PDG… ben voilà, il l'est… J'dois retourner travailler… j'repasserai t'voir…
Il passa ses doigts sur le dos de la main de Nebuya et sortit. Il fit un signe de la tête à l'infirmière qui attendait assise sur un confortable fauteuil du couloir, sa Samsung Galaxy Tab S14 Series (3) à la main que lui avait acheté Akashi pour la remercier de se dévouer à son ami, mais également pour qu'elle puisse passer le temps sans trop s'ennuyer. Rester au chevet d'un patient dans le coma jusqu'à douze heures par jour, c'était faire montre de beaucoup de constance, d'un professionnalisme formidable et ne pas s'être trompé dans son choix de carrière. Et lorsqu'elle n'était pas là, le système de surveillance ultra sophistiqué était relié aux urgences de l'hôpital et les secouristes pouvaient utiliser l'ascenseur express installé à l'unique usage de cette chambre. Akashi n'avait lésiné sur rien pour que son ami soit en sécurité. Pourtant, il savait au fond de lui que le maintenir en vie artificiellement, ce n'était pas une solution à long terme. Ce n'était pas lui rendre service, les médecins le lui avaient dit sur tous les tons. Mais comment dire à un père et une mère qu'il vaut peut-être mieux arrêter les machines et laisser leur fils s'en aller ? Définitivement. C'était l'exemple parfait du proverbe "tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir". Tant que la personne respire encore, même si on voit jour après jour sa santé se dégrader, on garde l'espoir que ce n'est pas déjà la fin. C'est humain et ça fait très mal parce qu'on se sent impuissant à l'aider. On se sent inutile.
Il éprouvait une culpabilité si lourde qu'il n'arrivait pas à s'y résoudre. Le choix appartenait aux parents de Nebuya et il s'y plierait, mais pour l'instant, bien qu'ils fussent informés également, ils n'en avaient pas émis le souhait. Alors, il veillait sur son ami. C'était sa façon d'expier sa faute.
— Alors, MiHawk, vous en pensez quoi ? demanda-t-il à ses associés en les rejoignant dans l'open space qui leur était dévolu même s'ils avaient aussi des bureaux individuels.
— Faire appel à celui qui a coincé Haizaki est une bonne idée, on t'l'a dit, fit Hayama en plaçant son fauteuil roulant à côté d'Akashi.
— Je l'aime bien ce Himuro, déclara Mibuchi, il doit être vraiment bon pour travailler avec Takao.
— On dirait qu'j'ai bien fait d'vous laisser me convaincre, on verra bien…
— De toute façon, on a signé l'contrat et versé une première mensualité, attendons de voir de quoi ils sont réellement capables, dit Hayama, résigné.
Chacun retourna à son travail. Mibuchi supervisait une équipe de sept correcteurs, Hayama s'occupait du marketing et des tournées de dédicaces même s'il n'y participait plus et Akashi surveillait tout ce petit monde en supervisant lui-même trois auteurs. Le Miracle des Mots commençait à avoir une bonne réputation…
Ce matin-là, Kise semblait plus joyeux qu'à l'accoutumée. C'était quelqu'un de toujours enjoué, mais là, on aurait qu'il planait à dix centimètres au-dessus du sol. Il était arrivé à l'heure habituelle à son bureau de Touou, il avait salué son staff marketing en provoquant inévitablement des sourires parmi les hommes et des œillades plus ou moins appuyées chez les femmes. Ces dernières étaient désespérées depuis que la nouvelle que leur chef était en couple avait fait le tour du département à la vitesse de la lumière. En particulier auprès des célibataires qui avaient encore l'espoir de le séduire et de se l'attacher. Il avait tout pour plaire. Son charme indéniable, son élégance digne d'un mannequin, sa gentillesse, son amabilité, sa façon tranquille d'engueuler quelqu'un sans en avoir l'air si bien qu'on l'aurait presque remercié de se faire remonter les bretelles. Et les autres, celles qui étaient en couple, continueraient à regarder et à fantasmer sur son compte. Chez les hommes, c'était moins flagrant, plus discret, mais il y en avait bien deux ou trois qui auraient bien voulu être à la place de son amant. Il fallait se résigner, Kise n'était plus un cœur à prendre.
— Merci de m'recevoir, fit-il en entrant dans le bureau d'Harasawa.
— Assieds-toi, qu'est-ce que j'peux faire pour toi ? s'enquit son l'éditeur en se laissant aller dans son fauteuil.
— J'aimerais vous remettre cette invitation… dit-il, en tendant une enveloppe à son patron qui l'ouvrit.
— Tu te fiances ? s'exclama le PDG avec un franc sourire. Félicitations ! Qui est l'heureuse élue ?
— Il est policier à la brigade financière…
— Il ? Toi aussi t'es gay ? Je savais pour Aomine, mais j'l'ignorais pour toi…
— Euh… J'croyais qu'vous étiez au courant… J'espère qu'c'est pas gênant pour vous…
— Gênant ? Si ça l'était, y a longtemps qu'j'aurais viré mon responsable de la SF. Ne t'fais pas de souci, j'ai voté pour la loi du mariage homosexuel et j'en suis fier…
— Merci patron, souffla le chef du marketing, visiblement soulagé.
— L'essentiel c'est d'être heureux. Depuis qu'j'ai perdu ma femme, j'ai reporté l'amour que j'avais pour elle sur mes deux petits-enfants et leurs parents et je suis heureux... Elle me manquera toujours infiniment, alors je les aime pour deux, comme si elle était encore là... C'est tout c'qui importe. Ton invitation me touche énormément, j'viendrai, tu peux compter sur moi...
— Ce sera un honneur de vous avoir à nos côtés… J'vais voir Aomine et Imayoshi…
— Non seulement j'les vois en semaine, mais là j'vais m'coltiner ces deux-là un samedi ? Ah… monde cruel…, soupira Harasawa quand Kise fut sorti avant de sourire à nouveau.
Kise traversa les couloirs au pas de charge. Il était pressé d'informer ces collègues. Son visage rayonnait et tous ceux qu'il croisait devinaient sans peine qu'il était heureux. Quand il repensait à la façon dont Kasamatsu lui avait présenté la chose, il sentait encore son cœur s'emballer. Il s'était installé chez lui depuis un peu plus d'un an. Et il baignait dans le bonheur absolu. Le mois dernier, alors qu'ils dînaient, son amant lui avait tendu une boite qui visiblement venait d'une bijouterie. Il l'ouvrit et trouva deux petites créoles en or blanc. Il leva des yeux brillants de larmes d'émotion vers son homme et haussa les sourcils en une question muette.
— On se fiance ? lui dit-il avec un léger sourire un peu inquiet.
— C'est pour ça que tu t'es fait ce piercing y a quelques semaines ?
— J'voulais qu'on ait un truc identique, mais j'avais pas envie pas d'une bague ou d'un pendentif…
— Une boucle d'oreille, c'est vrai qu'c'est pas courant…, souffla Kise qui ne savait plus comment faire pour calmer les palpitations de son cœur.
— Elles sont gravées… Y à R et…
— … R à Y… C'est… Wouah… J'en perds mes mots…
— Alors ?
— Alors oui ! On se fiance ! s'écria Kise au sautant au cou de Kasamatsu. Mais on fait ça comme il faut et on invite nos familles et nos amis !
— Je savais qu'avec toi ça allait virer à la réception mondaine de trois cents personnes ! s'esclaffa le policier en embrassant son amant.
Chacun accrocha la créole à l'oreille de l'autre et la nuit fut particulièrement torride…
Le jour J était enfin là et presque tous ceux qui avaient reçu une invitation étaient présents. Les familles bien sûr, les parents et les deux sœurs de Kise ainsi que ceux de Kasamatsu et ses deux jeunes frères dont l'un était marié et allait bientôt être papa. Ni d'un côté ni de l'autre, le fait qu'ils soient homosexuels n'avait été un sujet de discorde. Ça n'avait aucune importance. Ça ne changeait rien à qui ils étaient, à leur caractère, à l'affection qu'ils portaient à leur famille, au sérieux dont ils faisaient preuve dans leur travail. Ils avaient bien prévenu qu'ils ne souhaitent aucun cadeau. Ils avaient déjà tout chez eux et cette petite fête était l'occasion de rencontrer surtout les amis proches de chaque côté. C'est ainsi que Kagami et Aomine furent invités, tout comme Otsubo et Midorima. Il y avait bien sûr Imayoshi et Wakamatsu avec son épouse pour le premier et sa compagne pour le second. Quelques écrivains avec qui Kise avait travaillé tel que Furihata et son compagnon Kasuga, policier à la scientifique. Momoi Satsuki était également présente, elle avait fait une campagne de dédicaces avec le promoteur sur plusieurs de ces romans. Moriyama Yoshitaka et Hayakawa Mitsuhiro firent acte de présence. Ils avaient été supervisés par Aomine et Suza et la publicité de leurs livres avaient été une réussite pour eux d'abord et pour Kise qui avait démontré qu'il méritait amplement son poste de directeur du département marketing avant de s'attaquer au best-seller de Kagami.
Les fiancés faisaient le tour de leurs invités en montrant leurs créoles avec fierté. La réception était un succès. Le buffet froid était délicieux et la musique baignait la fête dans une ambiance jazz et feutrée. Il ne s'agissait pas de danser comme pour des noces, mais simplement d'officialiser leur relation. Tout le monde avait bien compris qu'à plus ou moins long terme, il y avait un mariage qui se profilait. Quelques personnes avaient offert des cadeaux, des bricoles amusantes pour adultes, mais ils avaient surtout reçu de l'argent dont ils voulaient se servir pour faire un séjour dans la station thermale de Kusatsu à l'est de la ville de Nagano. Ils envisageaient d'y aller en hiver pour pouvoir également skier. Deux semaines à ne rien faire d'autre qu'à s'occuper de leur bien être mutuel.
Kagami et Aomine étaient assis à une table avec Furihata, Kasuga et Harasawa ainsi que les couples Imayoshi et Wakamatsu. Ils parlaient de tout et de rien et le romancier leur confia qu'ils voulaient eux aussi allait en Grèce comme l'avaient fait Kuroko et Ogiwara pour leur lune de miel. De son côté, le policier avait envie de voir l'Égypte et l'Irlande, mais il n'arrivait pas à se décider entre les deux surtout que son compagnon avait une préférence pour la Nouvelle-Zélande. Quant au PDG de Touou, il avait toujours voulu se rendre au Canada avec son épouse. Malheureusement, le décès de celle-ci l'avait découragé, mais Kagami lui dit qu'il devrait y songer sérieusement, en souvenir d'elle. C'est ce que son père avait fait avec lui en allant en France, pays que la mère de Kagami avait toujours rêvé de visiter. À bien y réfléchir, la Terre entière valait qu'on la découvre. Même les régions les plus inhospitalières avaient de belles choses à montrer. Des paysages si grandioses qu'ils pouvaient faire pleurer d'émotion un caillou et où vivaient des animaux si splendides et discrets qu'on pouvait presque douter de leur existence.
La réception se termina avec un petit discours des fiancés pour remercier tous leurs invités d'être là, à leurs côtés pour partager ce moment important de leur vie et aussi de leur permettre de faire un beau séjour à Kusatsu. Aomine remarqua le regard que Furihata et Kasuga échangèrent et le dit à Kagami. Ils se sourirent, contents pour leurs amis qu'ils se soient trouvés et qui avaient l'air d'être très bien assortis. Après ce que le romancier avait vécu avec son agression, il avait bien droit à un peu de bonheur. La fête fut simple et réussie. Nul besoin d'en faire des tonnes pour montrer que l'amour est le plus beau et le plus terrible des sentiments. Celui qui nous offre le paradis sur terre ou bien qui nous fait traverser les neuf cercles de l'enfer de Dante…
De retour chez eux, Kise et Kasamatsu se laissèrent tomber sur le canapé d'un mouvement parfaitement synchrone. Ils souriaient, heureux. Certains cadeaux qu'ils avaient reçus allaient très probablement trouver une utilité très vite et pimenter un peu leur vie sexuelle. Même si au début de leur relation, le policier s'était montré réservé, Kise avait su être patient pour l'amener à accomplir des gestes qu'il n'avait jamais osé faire. Et là, il allait certainement devoir le pousser un peu plus loin, lui qui n'avait pratiquement aucun tabou.
— C'est vraiment utile ? demanda-t-il en observant d'un œil suspicieux l'objet long dont la forme ne lui était que trop bien connue.
— Utile, j'sais pas, lui expliqua Kise qui réprimait une forte envie de rire en voyant la tête de son amant, amusant, ça c'est certain…
— Et l'intérêt ?
— Ne m'dis pas que t'en a jamais vu !
— Si, mais pas d'aussi près et encore moins dans mes mains… Oh merde ! Y vibre ! sursauta le policier en riant franchement.
— C'est ça l'intérêt justement… les pulsations provoquent des sensations… Hmm… absolument géniales…
— T'as déjà essayé un truc comme ça ? Ça t'a plus ?
— Ouais… Et tu verras, toi aussi tu vas aimer…
— On se suffit plus l'un à l'autre ? fit Kasamatsu, un peu triste.
— Bien sûr que si, tu m'suffis très largement… c'est pour s'amuser… pour rigoler… c'est différent… et ça ne te remplacera jamais… Ce truc n'a aucune vie… toi par contre…
Pendant des heures, Kise fit découvrir les joies du vibromasseur à Kasamatsu qui n'aurait jamais imaginé que son corps pouvait éprouver une excitation si intense et nouvelle à la fois. Son plaisir intime était amplifié par la bouche de son amant autour de son sexe. Son fiancé n'avait pas tort, c'était amusant d'être poussé aux frontières de la folie douce sans parvenir à s'assouvir jusqu'à ce que son tortionnaire le décide. Et la jouissance fut d'une rare puissance. Mais Kise avait raison en disant que rien ne remplacerait jamais un corps chaud et bien vivant, vibrant d'amour et brulant de passion…
Aomine et Kagami avaient fêté la fin de l'année avec leurs familles réunies chez eux. Ils avaient été tellement heureux de tous les avoir à leurs côtés qu'à un moment de la soirée, le correcteur avait trouvé son amant dans la cuisine en train d'essuyer quelques larmes.
— Eh… qu'est-ce qui s'passe ?
— Rien… t'inquiète pas… J'suis heureux…
— Viens là…, murmura tendrement Aomine en prenant son homme dans les bras. Tu pleures parce que t'es heureux ?
— Ouais… j'ai peur que… qui s'passe un truc et qu'l'enfer nous tombe dessus…
— Et pourquoi y nous arriverait quelque chose de mal ?
— J'en sais rien… J'peux pas l'expliquer…
— En attendant, tu devrais prendre ce dessert que tu nous as fait et le porter à table, et tu verras que tout va bien et qui va rien nous arriver…, termina Aomine sachant pertinemment que Kagami désirait plus que tout faire goûter sa Forêt Noire à leurs invités
Il ne reçut que des compliments. Il fut particulièrement touché par celui de sa belle-mère parce qu'il ignorait qu'elle n'aimait pas le chocolat noir et Aomine avait oublié de mentionner ce détail. Elle en reprit même une seconde petite part. Toute la soirée s'était déroulée dans une ambiance détendue et festive. Le père et le beau-père de Kagami s'étaient trouvé un point commun en l'histoire du Japon. Ils avaient échangé sur le sujet tout au long de la soirée et la mère d'Aomine avait beaucoup parlé avec le grand-père de son beau-fils. Il lui avait raconté le décès de sa fille et le romancier le comprit lorsqu'elle qu'elle lui prit la main pour regarder ce grenat qu'il ne quittait jamais. Elle comprit mieux pourquoi son fils portait aussi une chevalière avec un Lapis Lazuli. Lorsque tout le monde fut parti, Kagami ne put retenir à nouveau quelques larmes de bonheur qui firent sourire son amant. Aomine le comprenait parfaitement. Lui aussi était heureux comme jamais. Il ne pensa pas à Haruka. Kagami semblait s'être définitivement imposé dans son cœur.
Deux jours plus tard, c'était le trente et un décembre. Cette année, ils avaient décidé de passer le réveillon en tête à tête. Ils s'étaient concocté un excellent dîner qu'ils avaient pris le temps de déguster. Lorsque les douze coups de minuit sonnèrent, ils étaient en pleine extase charnelle. C'était encore le meilleur moyen qu'ils avaient trouvé pour passer d'une année à l'autre.
Peu de temps après, Harasawa envoya un mail à Kagami pour lui demander de venir le voir quand il serait libre. Le message était laconique, sans aucune explication. Un peu surpris, il le transféra à Aomine qui ne s'étonna pas plus que ça. Harasawa était un éditeur, pas un écrivain, lui fit-il remarquer, il ne fallait donc pas s'attendre à un courrier de trois pages pour une simple invitation à aller le voir. Le romancier proposa une date et une heure qui furent acceptées. Le jour venu, les deux hommes se présentèrent à Touou. Aomine en profita pour saluer ses collègues qu'il ne voyait plus aussi souvent qu'avant. Le livre de Kagami lui prenait beaucoup de temps et il s'occupait toujours de deux autres écrivains à la demande de son patron en passant à Touou deux jours par semaine où il restait enfermé, n'ayant de contacts qu'avec les auteurs qu'il supervisait. Il lui arrivait quand même de croiser dans le bureau du PDG, Kise, Imayoshi ou Suza, qui était des directeurs de département comme lui.
— Ah vous voilà ! Asseyez-vous ! s'exclama Harasawa en les accueillant avec un grand sourire.
— T'es bien joyeux, fit Aomine en se laissant tomber dans un des fauteuils.
— Mon cher Kagami, j'avais envie de faire un point sur votre saga… Vous vous hissez au niveau des plus grands auteurs qu'il m'ait été donné de lire…
— Vous m'flattez, merci beaucoup, répondit celui-ci, toujours un peu gêné qu'on lui fasse des compliments.
— Les deux premiers tomes sont des best-sellers, je suis certain que ce sera la même chose pour le troisième…
— Je travaille dur pour ça et Aomine est un vrai tyran, plaisanta l'écrivain en faisant un clin d'œil à son amant.
— J'avoue que j'ai jamais vu une collaboration auteur-correcteur aussi bien fonctionner que la vôtre en omettant le fait que vous êtes en couple…
— Je t'l'ai dit dès le départ que cette histoire était un monstre, intervint Aomine qui se demandait toujours à quoi rimait cette réunion…
— Après quoi, il a eu cette série animée qui a un succès phénoménal…
— Le studio I.G m'a contacté pour une distribution à l'international, déclara Kagami avec un regard d'excuse vers Aomine. Désolée, j'ai oublié de t'en parler…
— C'est formidable ! s'écria Harasawa qui n'en finissait plus de sourire. J'vous cache pas que les retombées pour Touou sont très impressionnantes. Nous recevons chaque jour des dizaines de manuscrits, dont la raison principale de nous avoir choisis, c'est parce que nous vous avons édités…
— Y a eu des circonstances qui nous ont menées à tout ça, déclara Aomine. Kagami a choisi de t'envoyer ses premiers chapitres que tu m'as fait parvenir, que j'ai lu et qui m'ont époustouflé. Après j'suis devenu son correcteur et c'est vrai qu'y a eu une alchimie entre nous, sans parler des sentiments qu'on a développé l'un pour l'autre…
— J'dois avouer que j'ai été inquiet, j'ai eu peur que cette situation nuise autant à vous deux, qu'à la qualité du roman. Vous avez su m'rassurez, surtout toi Aomine, quand tu m'as affirmé que ça n'aurait aucun impact sur ton travail.
— En fait, il y a eu des répercussions, fit Kagami avec un sourire en coin. Elles ont été largement positives pour le livre et notre couple… On s'est beaucoup affronté parfois, mais ça a donné une histoire mieux développée que je n'aurais pu le faire avec un autre correcteur qui se serait écrasé à la première de mes gueulantes… Ce qu'Aomine n'a jamais fait et c'est ce qui m'a séduit, entre autres, chez lui…
— Y a eu des moments au début où j'ai cru qu'on allait se séparer, reprit Aomine, avant même qu'on soit ensemble…
— J'm'en souviens… et t'as eu l'intelligence de faire le premier pas, lui sourit son romancier d'amant.
— Et toi l'second…
— J'ignorais qu'on était passé aussi près du drame, plaisanta Harasawa. C'était écrit que les choses devaient aboutir d'une manière ou d'une autre…
— Et si tu nous disais maintenant pourquoi tu nous as demandé de venir…
— J'y viens… Croyez bien que si ça n'avait pas été d'une importance capitale, je n'vous aurais pas dérangé…
— Mais tu vas cracher l'morceau oui ou non ? s'énerva le correcteur.
— Aomine ! Du calme ! s'écria Kagami qui n'avait jamais entendu son amant s'adresser ainsi à son patron et il trouvait même ça irrespectueux.
— Quoi ? Tu crois qui va m'virer parce que j'lui parle comme ça ? Y va pas se séparer de son meilleur superviseur-correcteur pour si peu ! Alors ? Ça vient ?
— Ne vous inquiétez pas, Kagami… Nous avons toujours eu une relation franche et directe… J'l'ai embauché alors qu'il était encore en dépression et inutile de vous dire qu'on a eu de belles engueulades nous aussi…
— C'est pas une raison… Et moi, ça me met m'al à l'aise…
— Désolé… j'le ferai plus en ta présence, s'excusa le correcteur. Accouche ! assena-t-il en se tournant à nouveau vers son patron.
— J'ai reçu un message pour le moins inattendu, mais qui me remplit de joie… Je crois même que je devrais dire que je suis excité comme jamais…
— Je dois dire que vous avez vraiment attisé ma curiosité, fit le romancier qui commençait lui aussi à s'impatienter.
— Tu t'rappelles qu'on a un bouquin sur le feu ? Alors si tu veux bien t'bouger, on a pas qu'ça à faire…
— Je meurs d'envie de vous le dire et en même temps j'ai envie d'faire durer le suspens encore un peu… ironisa Harasawa au risque de s'attirer les foudres d'Aomine qui se leva brusquement pour marcher dans la pièce, histoire de se calmer.
— Si t'as rien dit dans dix secondes, on s'casse !
— Assieds-toi et tais-toi ! tonna Harasawa comme rarement Aomine l'avait entendu gronder, assorti d'un regard de tueur ce qui eut pour effet de doucher son énervement.
— Vous êtes impressionnant quand vous vous y mettez, sourit Kagami en voyant son amant se recroqueviller en passant de la panthère en colère au chaton inoffensif et obéissant en l'espace d'une seconde.
— Je suis son patron, reprit celui-ci en souriant à l'écrivain.
— Mais j'm'impatiente également…, lui fit part l'auteur avec un regard explicite.
— J'veux vous mettre en garde avant de vous dire de quoi il s'agit…
— Bravo ! Maintenant, tu m'inquiètes…, fit le correcteur, calmé, mais dont on en pouvait encore sentir l'exaspération.
— Quoi que vous décidiez après que je vous en aurai parlé, vous pourrez toujours compter sur mon soutien et mon expérience en la matière même si celle-ci est limitée, déclara Harasawa le plus sérieusement du monde. C'est un choix qui pourrait bien conditionner tout le reste de votre vie. Et je pèse mes mots…
Le ton léger et amusé du début de cette conversation avait disparu, remplacé par une attitude définitivement plus sage et empreinte de circonspection. Aomine et Kagami se regardèrent, plus du tout impatients, mais plutôt intrigués. En particulier le correcteur qui n'avait jamais vu son patron aussi grave.
— Vous êtes alarmant… J'suis pas sûr d'aimer ça…
— Rassurez-vous, ce n'est rien de dramatique…
— On t'écoute…
— Les studios A.G. Entertainment souhaitent vous rencontrer… ils veulent adapter votre roman au cinéma…
À suivre…
(1) Photo : Composition pour les noces de coton de Kuroko et Ogiwara
(2) Photo : Bronze de Poséidon Dieu des sept mers
Photo : Branche d'olivier en bronze
(3) Elle n'existe pas, on n'en est qu'à la S9, mais peut-être qu'en 2030, ce sera le cas.
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