Chapitre 75

Sha ShengShi frémit soudain lorsqu'il sentit un mur se lever entre lui et son maitre. MiChong lui sourit lorsqu'elle le sentit elle aussi.

"- QingMing Daren a décidé de nous épargner ses ébats. C'est bien généreux de sa part."

Le pauvre démon rougit d'un coup. Ho… Donc… D'accord. Il avait envie de se cacher de ne pas avoir pensé à ça.

A l'inverse, Zhuque se complaisait dans le plaisir que son maitre recevait de ses premières explorations manuelles avec son mari. Lorsque le démon ratel qui buvait son thé près de lui se mit à jurer, le dieu-gardien prit pitié de lui. Il isola le lien a la place de Boya. Ca ne le dérangeait pas de recevoir une double dose de plaisir de la part de son maitre, bien au contraire. Zhuque restait un sensuel qui aimait profiter des plaisirs simples de la vie.

MiChong reprit une gorgée de thé.

"- J'espère qu'ils ne seront pas productifs trop tôt."

"- Jie ?" Sha ShengShi était surpris. Leur maitre voulait un petit depuis si longtemps…

"- Qu'ils puissent profiter l'un de l'autre quelques temps avant de devoir s'occuper de leurs petits." Leur maitre avait le droit d'être un peu heureux avec sa Furen. Leur mariage était un mariage d'amour. Autant qu'ils en profitent.

Sha ShengShi hocha la tête. Ça pouvait se comprendre.

Zhuque lâcha soudain un petit trille de contentement béat que les autres démons et esprits présents choisirent pudiquement de passer sous silence.

"- quelqu'un veut encore du thé ?"

QingMing n'avait pas dormit de la nuit. Après quelques premières caresses aussi timides que maladroites qui les avaient renvoyées à leurs premières tentatives adolescentes, les mariés s'étaient enfin trouvés entre les draps pour un peu plus que quelques baisers. Ils n'avaient pas fait grand-chose pourtant. L'un comme l'autre était nerveusement épuisés. Ca ne voulait pas dire néanmoins qu'ils ne pouvaient pas prendre quelque plaisir manuel ni découvrir le corps de l'autre après si longtemps à attendre.

QingMing avait passé un long moment à apprendre le corps de Boya du bout des doigts autant que des lèvres. Il avait trouvé chaque cicatrice, les avait toutes comptées, les avait léché, mordillés, apprises jusqu'à ce que Boya se torde de plaisir entre ses bras d'être gentiment torturé par ce qui, un jour, lui avait causé douleur et regret.

Le premier orgasme du chasseur avait été inattendu et généreux. QingMing avait été très fier de parvenir à vaincre les résistances de sa Furen juste avec ses lèvres et ses doigts sans même le toucher à ses endroits stratégiques.

Mais sa réussite avait causé une réelle jalousie a Boya. Lui aussi voulait rendre son renard abandonné et mou entre ses bras !

QingMing n'avait pas protesté une seconde lorsque son chasseur avait repris ses lèvres avec une certaine agressivité jusqu'à ce qu'il se soumette à lui. C'était aussi quelque chose que QingMing appréciait avec Boya. Il était fort et n'avait aucun complexe à le lui faire savoir. Tout autant qu'à faire marche arrière dès que QingMing disait stop. Une petite morsure de l'humain sur la pointe de sa hanche avait été suprêmement douloureuse. Immédiatement, Boya avait cessé de le titiller pour s'inquiéter de son petit cri de douleur.

Boya n'était pas le seul à avoir des cicatrices. Celles de QingMing étaient juste généralement mieux cachées. Le temps effaçait toutes les traces. Même celle des corps. Une pointe de flèche qui avait pulvérisé la hanche du renardeau bien des millénaires auparavant n'avait même plus le souvenir d'une cicatrice sur la peau pale, mais sous la plaie disparue, l'os ne s'était jamais totalement reconstitué correctement. Alors la morsure inattendue lui avait fait mal au grand désarroi de Boya. Jusqu'à ce qu'il se mette à chantonner doucement, les lèvres quasi collées à la hanche du renard. La stupeur de QingMing avait été grande. Boya n'avait pas chanté le Nom du renard démon qu'il ne connaissait pas. Il avait chanté la plaie jusqu'à ce que plus aucune Harmonie de s'en dégage. Il avait… effacé le souvenir de la plaie comme si elle n'avait jamais existé.

Si QingMing n'avait pas été perdu dans le plaisir et la chaleur que Boya lui prodiguait, il aurait été incapable de croire à ce à quoi il venait d'assister.

Puis il avait oublié de réfléchir lorsque les lèvres de Boya avait continué son chemin sur sa cuisse pour descendre encore et encore jusqu'à sa cheville.

Comme Boya, l'orgasme l'avait pris pas surprise. Jamais le renard n'aurait imaginé que sa cheville puisse être une zone sensible ! A moins qu'il suffît que Boya l'effleure pour qu'il réagisse ? C'était sans doute plus proche de la vérité.

Les deux hommes s'était roulé en boule dans les bras l'un de l'autre. Ils auraient pu aller plus loin mais à quoi bon ? Ils étaient satisfaits comme ça. Ils avaient tout le temps du monde.

Boya avait un petit sourire aux lèvres. Il caressait le visage de son mari du bout des doigts comme pour en apprendre la moindre nuance. De temps en temps, il se redressait à peine pour l'embrasser sur les lèvres puis reprenait ses infimes caresses.

QingMing se laissait faire. Silencieux pour une fois, il se repaissait sans fin de la vision de son Boya alangui dans ses bras, pour une fois sans la rigidité naturelle de son caractère. Il le savait sensuel, mais jamais il n'aurais espéré qu'il soit à ce point abandonné à la passion offerte entre eux.

"- Tu as les mains douces."

"- Elles ne devraient pas l'être." Soupira Boya malgré son sourire.

"- Mon guerrier a le droit au repos, tu sais."

"- Et qui protègera mon Seigneur et nos petits ?"

"- J'ai toute une écurie de gens pour ça et pleins d'assassins surentrainés"

Boya renifla. Il se tortilla sur le lit jusqu'à en libérer la couverture qu'il posa sur eux. QingMing reprit sa place dans ses bras comme il l'avait fait depuis leur première nuit dans le même lit au sein du Domaine Souterrain.

Ils eurent le même soupir de soulagement. Ça leur avait tellement manqué !

"- Le soleil ne va pas tarder à se lever."

"- Parce qu'il existe encore à ces latitudes ?"

"- Boya…" Le gronda gentiment QingMing avant de lui voler un petit baiser.

"- Pardon. Je suis ronchon."

Le renard reposa sa joue sur le torse musclé du chasseur. Il lui caressait le ventre du bout des doigts comme il aurait pu câliner un doudou.

"- Ronchon ? N'es-tu pas heureux ?"

"- Ho si ! Un peu perdu encore par la rapidité de notre mariage. J'aurais aimé être davantage séduit par mon renard. Mais je ne vais pas me plaindre d'avoir enfin mon renard rien qu'à moi."

Un frisson remonta dans les dos de QingMing. La possessivité du ton avait quelque chose de profondément dérangeant et affreusement séduisant pour le renard.

"- Est-ce que ça veut dire que tu pourrais tuer pour moi, mon Boya ?"

"- La question ne se pose meme pas, Seigneur Anbei. Je tuerai quiconque voudrait faire du mal à ma famille, mon Domaine et ma Capitale."

"- Boya…." QingMing en avait presque les larmes aux yeux. Il espérait que Boya serait fidèle à leurs petits, qu'il se chargerait de protéger le Capitale en tant que Anbei Furen. Mais à ce point ?

"- Je suis désolé, A-Ming. Mais tu as choisi d'épouser un chasseur agressif, possessif, rancunier et brutal."

"- Et passionné. Tellement passionné." Souffla encore le renard avec un immense sourire de pur bonheur.

Boya ne voyait pas la tendresse de QingMing sur son visage mais l'entendait clairement dans sa voix.

Un gros soupir finir par échapper à Boya.

"- Nous nous levons ?"

"- Dois-tu donc être perpétuellement raisonnable ?" Se plaignit immédiatement QingMing.

"- C'est le rôle de toute Furen d'être responsable pour son mari folâtre qui fait n'importe quoi." Souriait largement Boya, follement heureux de leur situation.

Plus qu'il ne l'aurait imaginé.

Petit à petit, il commençait à prendre conscience de ce qu'il était maintenant. La première chose était surtout qu'il effectivement marié au renard démon qui régnait sur tout le Nord. Fonctionnellement parlant, Boya était l'équivalent de l'Impératrice. Ça avait quelque chose de particulièrement malaisant qu'il ne savait pas encore trop comment gérer.

"- Ma Furen n'est pas obligée non plus de se comportant en tyran douze heures après notre mariage." Protesta doucement QingMing qui jouissait bien trop des caresses fugitives de Boya pour avoir envie de bouger avant le siècle prochain.

Il n'en fallut par davantage au chasseur pour laisser tomber ses velléités d'action productive. Il déposa un petit baiser de plus sur les cheveux blancs de son renard qui ronronnait doucement.

Les deux hommes refermèrent les yeux pour juste profiter encore un peu de leurs premières heures ensembles.

QingMing était venu pour négocier la main de Boya. Et voilà qu'ils étaient mariés plus vite que s'il avait engrossé une fille.

Un petit gloussement lui échappa soudain. La vie de Boya et par effet de bord la sienne, avait pris un curieux chemin depuis bien des mois. Ce n'était pas désagréable autant de chaos après si longtemps sans que rien ne change. Le renard ne considérait pas une guerre ou une tentative de meurtre comme un imprévu.

La main de Boya pinça gentiment un mamelon clair, arrachant un petit gémissement de plaisir au renard.

"- A quoi as-tu pensé mon renard ?"

"- Que je suis follement heureux." Soupira QingMing. "Tellement heureux que cela pourrait être la fin parfaite d'un conte de fée."

Mais l'un comme l'autre savait que la vie n'avait rien d'un conte de fée. Ils avaient un moment de répit avant l'inévitable prochaine catastrophe. D'ici là, ils ne pouvaient que tenter d'être heureux encore un peu.

Zhong Xing avait noyé son dépit dans l'alcool, à l'irritation manifeste de son épouse.

Heureusement pour elle, mais surtout pour lui, même lorsqu'il essayait de se saouler, il restait un chef de secte raisonnable et digne.

"- Alors ?"

"- Alors j'ai pris du thé."

Un amusement certain fit frémir les lèvres de Fangyue.

"- Du thé ? Vous n'allez pas rouler sous la table avec ça, mon époux."

"- L'alcool me fait mal à l'estomac si je bois plus de deux tasses" Soupira-t-il.

"- Vous vieillissez." Le grognement de Zhong Xing fit éclater de rire son épouse. "Vous devriez être heureux pour Boya au lieu de vous comporter comme un père qui a vendu sa fille par désespoir."

Le vieux chef de secte jura entre ses dents. Il le savait. Il était foncièrement heureux pour Boya, qu'on ne s'y trompe pas. Mais il était quand même mal à l'aise.

Depuis des semaines, le chef de secte avait l'impression désagréable de réfléchir en boucle sans parvenir à reprendre le contrôle de ses pensées. Penser à Boya le conduisait à penser à QingMing, qui le renvoyait sur Boya qui… C'était sans fin. Et lorsqu'il parvenait enfin à ne pas penser a aux idiots, il ne pouvait que penser à son fils qui subissait il ne savait quelles avanies aux mains de ceux qui avaient détruit Boya. Sur le moment, l'y envoyer avait paru la bonne solution à Zhong Xing. Son fils avait besoin d'une gifle monstrueuse pour réaliser la portée de ses geste. Maintenant qu'il l'avait reçu et qu'il semblait bien y réagir, il voulait qu'il rentre. Des lettres que le chef de secte recevait, son fils n'avait pas l'air très enthousiaste à l'idée de rentrer à la maison.

"- Vous pensez à notre fils."

"- Comment ne pas penser à lui."

Son épouse posa une main sur son bras.

"- Il ne se passe pas un jour sans que je ne pense à lui. Je veux qu'il rentre à la maison. Mais pas au prix de sa vie et de son indépendance. Ou de son bonheur. Il nous rentrera quand il le souhaitera. S'il sait qu'il est le bienvenu."

"- … Pensez-vous que JingYun nous permettra de venir le voir ?"

"- Nous pouvons toujours demander à Maitre Yuan." Demander ne coutait rien après tout.

Zhong Xing prit immédiatement un pinceau et du papier pour rédiger sa demande. Il la confierait à Gold Spirit pour qu'il le transmette de toute urgence. L'absence de son fils lui était à présent intolérable maintenant que Boya allait partir pour de bon.

Si le mariage de leur Shixiong avait rendu affreusement heureux ses petits élèves, les conséquences du dit mariage ne leur faisaient pas du tout plaisir.

"- On veut pas que vous partiez encore !"

"- Vous nous avez déjà abandonné presque un an !"

"- On a besoin de vous, Shixiong !" ils en avait les larmes aux yeux.

Boya avait un petit sourire attendrit aux lèvres pour ses petits élèves. A sa grande honte, il fallait reconnaitre qu'il n'avait pas été un très bon shixiong pour eux.

"- Boya, rien ne t'empêche de demander au Seigneur Anbei de t'ouvrir un portail pour venir quand tu veux. Ou d'en ouvrir un toi-même. Après tout, tu as déjà bien progressé" Assura Zhong Xing.

Boya remercia Zhong Xing pour le compliment détourné.

"- Vraiment ?! Je n'étais pas au courant de ça !" S'extasia QingMing. "Nous continuerons à te faire travailler, Boya. Soit en certain. Et tu pourras continuer à t'occuper de tes élèves quand tu le voudras." Peut-être pas tous les jours toute la journée.

Anbei Furen avait être noyé sous les devoirs maintenant. Mais plusieurs fois par semaine. Ou tous les matins. Bref peu importait finalement. Boya pourrait s'organiser comme il le voudrait.

Les six enfants et leurs trois ainés qui généralement ne protestaient pas beaucoup et laissaient les plus jeunes exprimer leur désapprobation a tous étaient satisfait. Du moment que leur shixiong ne les oubliaient pas… Les trois séniors seraient indépendant au changement de saison. Les six shidi monteraient également en grade. A ce moment-là, les plus âgés n'auraient plus besoin de Boya, les plus jeunes auraient encore leurs shixiong, mais la présence d'un référent ne serait plus une nécessité non plus.

Boya avait un peu l'impression de s'être fait voler ses élèves par JingYun.

QingMing glissa sa main dans celle de son époux.

"- Ça ne va pas ?"

"- Une brusque bouffée de colère contre JingYun."

"- je peux raser le temple si tu veux."

L'offrande aussi naturelle qu'irréfléchie fit rougir Boya.

"- Il n'y aurait que des adultes et si mes frères étaient épargnés, je ne dirai pas non."

QingMing monta sa main à ses lèvres pour lui embrasser les doigts.

"- Réfléchis y si tu le souhaites un jour."

"- Tu as toujours les cadeaux les plus romantiques, A-Ming."

Le Seigneur démon s'empourpra comme jamais personne ne l'avait vu. Mais c'était aussi la première fois que son mari utilisait un surnom aussi intime et affectueux avec lui. Il n'y avait donc aucun étonnement à l'entendre gémir doucement en remuant les queues tout en noyant une fois de plus tout le monde sous un nuage de phéromones.

Zhong Xing grogna.

"- Il va falloir arrêter ça, Seigneur Anbei. Ça devient ridicule."

Le pauvre renard démon se drapa dans sa dignité outragée comme il avait drapé Boya dans ses queues avec les shidi qui profitaient affreusement de la chaleur et de la douceur de ses poils. Par reflexe, il prenait sous ses queues ceux qui comptaient pour son époux.

Boya caressa doucement les appendices duveteux qui s'étaient enroulés autour de lui

"- QingMing… nous discuterons de tout ça à la maison, vous ne croyez pas ?" Il s'accroupit devant ses élèves pour les serrer très fort contre lui. "Laissez-moi quelques jours pour m'organiser et je reviendrais m'occuper de vous, d'accord ?"

Les gosses avaient les larmes aux yeux. Ça ne marchait pas avec un aveugle bien sûr, à leur grand désarroi.

"- Vous ne nous oublierez pas, n'est-ce pas ?"

"- Promis."

Ce qui aurait dû être un séjour de plusieurs jours pour le Seigneur Anbei avant tout une période de séduction avait été réduite à sa plus simple expression. Si personne ne s'en plaignait et certainement pas les deux principaux concernés, la précipitation des choses était perturbante quand même.

Lorsque Boya eut disparu dans un portail avec son mari et sa suite et que le grand hall fut a nouveau calme et vide, les enfants se mirent à pleurer en silence. Même si leur shixiong leur avait promis de revenir très vite, ils l'avaient déjà perdu pendant presque un an. Ils avaient beau lui être attachés, ils avaient conscience que leur Shixiong allait avoir bientôt ses propres petits et qu'il n'aurai plus de temps pour eux.

Leurs ainés tentèrent de les rassurer.

"- Il a promis."

"- Et si vous apprenez vite à ouvrir un portail, je suis sur que le seigneur Anbei acceptera de vous laisser allez le rejoindre régulièrement." Ce qui serait sans doute le plus simple.

Les plus vieux des trois séniors avait déjà sorti une plume et un bout de papier d'un portail.

"- je vais lui écrire."

Ce qu'ils avaient tous appris le plus de Boya, c'était une sainte horreur des complications. Alors puisqu'ils voulaient quelque chose, autant demander directement, non ?

Si Zhong Xing avait été moins perturbé, il aurait sans doute été complètement horrifié. Où avait disparu le délicat non-interventionnisme du nord ?

Boya fixait la porte de ses appartements sur le Domaine avec quelque chose qui confinait à de l'hébétement avant de rétracter sa vision pour rester dans le noir.

Sa vie s'était une fois de plus précipité dans quelque chose non d'inattendu, mais d'espéré pour plus tard. Comme il l'avait déjà subi plusieurs fois, il s'était passé quelque chose qui avait tout accéléré.

Il chercha à tâtons avec sa canne le bord de la porte qu'il poussa.

A l'intérieur, ses servantes et serviteurs l'attendaient avec impatience.

Boya n'avait pas une suite encore extensive. Si on oubliait sa petite armée personnelle, ses shishen, et son assassin, il n'avait pour lui torcher les fesses d'une demi-douzaine de démons.

Alors pourquoi étaient-ils le double ?

L'épouse de Xue Mao qu'il avait bombardé responsable de sa Maison comme MiChong était celle de QingMing s'inclina profondément devant son maitre. Même s'il n'était pour l'instant qu'humain, elle était heureuse de le servir. Boya était facile à vivre en général et quand quelque chose ne lui allait pas, il l'exprimait sans ambages, sans mauvaise humeur et sans arrière-pensée. Faire une erreur avec lui n'était que cela : faire une erreur. Dans bien des Maisons, c'était risquer au mieux une punition, au pire sa vie. Ce n'était pas le genre ici.

"- Bonjour LiWen Jun. Qui sont ces nouveaux venus ?"

"- Le Seigneur Anbei a estimé qu'avec l'augmentation de vos devoirs, vous auriez besoin de plus de monde pour vous épauler." Elle fit signe aux nouveaux serviteurs d'approcher pour qu'elle puisse les présenter à son maitre. "Voici Dai Zheng. Qui sera votre cuisinier personnel. QingMing vous a attribué un cuisinier rien que pour vous puisque vous avez une cuisine dans votre aile de la maison. Vous pourrez manger dans vos appartements quand vous le souhaitez ou quand vous recevrez des gens. Avec lui, deux apprentis cuisiniers, un homme à tout faire, un jardinier, deux servantes pour le ménage, une lingère et une couturière."

Boya soupira.

"- Ai-je vraiment besoin d'autant de monde ?"

"- Anbei Furen, "vous" probablement pas. Mais nous sommes trop peu nombreux pour nous occuper de vous pendant que vous travaillez sans nous y épuiser."

La jeune démone avait déjà bien compris comment travaillait la cervelle de Boya. Ce n'était pas lui qu'ils étaient là mais pour éviter que ses servants ne s'épuisent et se blessent à la tâche.

Sans surprise, Boya ne protesta pas davantage. Si c'était pour le bien-être de sa maison, tout allait bien.

"- Weilan !"

"- Anbei Furen ?"

L'assassin ne se retenait que de peu de lui sauter dessous pour le retourner en tous sens pour vérifier qu'il allait bien.

"- j'imagine que tous les vérifications de sécurité ont été faites ?"

"- Bien sur Anbei Furen."

"- Très bien. Alors bienvenue. J'imagine."

Ils s'inclinèrent tous, heureux d'être au service d'Anbei Furen. Plusieurs avaient été détachés des serviteurs déjà en place dans la Maison qui obtenaient là la promotion qu'ils attendaient depuis longtemps. Les plus jeunes venaient de la Capitale. Ils apprendraient le métier sur le tas comme tous les autres avant eux.

"- Autre chose de neuf ?"

"- Le Seigneur Anbei à refait votre garde-robe." Boya grogna. "Vos possessions suite à votre mariage ont été entreposés soit dans votre garde-robe, soit dans votre coffre."

"- …j'ai un coffre ?"

"- Bien sûr, Anbei Furen." Comme il se devait, une partie de ses appartements était un immense coffre dans lequel avaient été déposés tous les trésors qui étaient déjà les siens, ainsi que son pécule. "Votre comptable s'occupe de tout."

"- j'ai un comptable ?"

"- Qui double comme votre majordome, Anbei Furen… Vous avez de quoi racheter la moitié de la Capitale ou presque à présent. Bien sûr que vous avez besoin d'aide pour vous aider à gérer votre argent."

Le démon s'approcha presque timidement. Il était outragement jeune pour un poste comme le sien. C'était un tengu, plus jeune que Xue TianGou mais avec la même rigueur froide sur le visage.

"- Anbei Furen. Je suis Luo Lin. Si vous avez la moindre question ou demande, je suis à votre service."

Boya pinça les lèvres.

"- J'aurais besoin de vos lumières en ce cas." Si quelqu'un était là pour gérer ses possessions pour lui, peut-être pourrait-il les utiliser pour réaliser l'idée fugitive qui lui avait traversé l'esprit.

"- J'attends vos ordres avec impatience, Anbei Furen." Il y avait assez d'excitation dans la voix du démon pour que Boya soit certain qu'il ne mentait pas.

Boya le remercia pour enthousiasme.

"- Laissez-moi quelques jours pour m'habituer à… tout ça." A la fois son nouveau statut, ses nouvelles fonctions et tout le reste.

Boya était officiellement Anbei Furen pour de vrai maintenant. Ce qu'il faisait jusque-là était à son bon vouloir. Maintenant…

"- Luo Lin ?"

"- Anbei Furen ?"

"- Puis-je te charger de te mettre en relation avec MiChong pour qu'elle te dise précisément ce qui est attendu de moi ?" Boya réalisait qu'il ne savait pas qui jouait le rôle de majordome/assistant auprès de QingMing. En avait-il même un ? Si ce n'était pas le cas, il faudrait y remédier.

A moins, bien sûr que ce rôle n'échoit à Anbei Furen ce qui n'aurait pas été si idiot ni étonnant.

Un petit sourire effleura les lèvres de Boya. Passez du temps avec son renard, travailler avec lui… Il l'avait déjà fait et avait adoré ça.

"- Bien sûr, Anbei Furen. Autre chose ?"

"- Non, vous pouvez disposer."

Boya fut rapidement seul dans ses appartements avec juste ses deux shishen.

Si Zhuque semblait tout à fait satisfait du respect supplémentaire qu'on donnait à Boya, son second shishen était plus ronchon.

"- Ça ne va pas Suì ZhǐJī ?"

"- J'ai l'impression qu'on me vole un peu mon travail." Avoua-t-il.

"- Nous allons tous devoir revoir nos habitudes." Rassura Boya.

Zhuque venait de s'installer dans ses robes comme il le faisait de plus en plus souvent. L'épaule de Boya, c'était bien, être au chaud contre son ventre, c'était mieux.

Le jeune chasseur se laissa conduire jusqu'à sa chambre. On n'était même pas la mi-matinée qu'il était déjà épuisé. Il se laissa changer pour des robes plus confortables même si elles étaient d'une richesse honteuse.

"- Vous avez besoin de repos, Anbei Furen."

Boya hocha la tête mais déclina bien que son lit l'appelle très fort.

Il effleura doucement le lien mental encore immature même si complètement ouvert entre QingMing et lui. Immédiatement, la présence du renard envahis ses perceptions. Il sentit la détresse refoulée de son renard à son absence près de lui.

"- QingMing a besoin de moi."

A peine avait-il dit ça que Weilan était près de lui pour le conduire jusqu'à son mari. Pas besoin qu'il se fatigue avec son troisième œil ou même sa vision.

L'assassin le guida avec efficience dans les couloirs du Domaine Intérieur jusqu'aux appartements du renard. On l'y introduit immédiatement sans même l'annoncer.

Boya y fut abandonné devant un hybride énervé qui semblait ne pas savoir quoi faire de sa peau.

"- QingMing ?"

"- Boya ? Que fais-tu ici ?"

"- Je crois qu'il est trop tôt pour nous séparer." Avoua l'humain qui le prit dans ses bras avec un soulagement aussi fort que celui du renard.

QingMing enfouit son visage dans le creux de son cou avec un énorme soupir de soulagement.

"- Je crois que je n'avais pas réalisé à quel point j'ai besoin de toi en ce moment, Boya."

"- Je crois que je vais m'installer avec toi ici quelques temps." Pas besoin de se séparer de force pour un quelconque décorum.

L'angoisse de son renard se calmait progressivement. Maintenant qu'ils étaient réellement l'un à l'autre, le démon avait besoin d'avoir son partenaire près de lui le plus possible.

"- j'ai du travail, Boya." Il y avait du regret dans la voix de QingMing.

"- Et je dois m'entrainer à ouvrir un portail. Peut-être puis-je rester dans ton bureau avec toi ? je ne ferai pas de bruit."

Les neuf longues queues blanches s'agitaient de contentement.

Finalement, s'organiser pour rester ensemble ne serait peut-être pas si dur.