Prompt : Insanité
Le cri silencieux.
Quand il eut quatre ans, Izuku croyait encore qu'il aurait bientôt son Alter. Sa mère lui offrit pour son anniversaire une cape à l'effigie d'All Might, et il suffisait à l'enfant de la mettre pour qu'il se sente comme un super-héros. Mais tout perdit son sens quand on lui apprit qu'il n'aurait jamais d'Alter, que toute la société lui cracha à la figure, que même sa mère se sentit obligée de s'excuser en pleurant au lieu de le rassurer. Sa cape lui paraissait bien lourde à porter et ses sentiments étaient bien amers.
Et l'école n'aidait pas.
Izuku devint Deku le sans Alter, alors qu'il était déjà malheureux comme les pierres de ne pas pouvoir avoir de pouvoir comme les autres, il fallait en plus qu'on le montre du doigt comme s'il avait la peste, comme s'il était un clown triste dont on pouvait se moquer et rire à voix haute. Comme s'il n'était pas un être humain avec des sentiments et qu'il se sentait en dessous de tout.
Mais Izuku affronta.
Les rires, les moqueries, tout.
Il affronta, il suivit « Kacchan », il le prit pour un modèle plus accessible qu'All Might.
Il suivit celui qu'il trouvait si génial et cela le réconfortait un peu.
Même si Bakugo n'était pas gentil avec lui, avait des mots durs, qu'il le repoussait sans cesse.
C'était quand même à ça qu'il se raccrochait.
Mais des fois, quand le découragement le prenait, quand la journée avait été pire qu'une autre, il sortait sa cape, celle qu'il avait eue étant petit, avant que tous ses rêves ne soient brisés, et il la regardait sans savoir comment réagir. Rire. Pleurer. Il restait stoïque. Il hurlait en silence. Il aurait pu lancer des insanités, mais il se contentait de regarder cette foutue cape et de se demander « et si je la mettais maintenant, est-ce que ça ferait de moi un super-héros » ? Sûrement pas.
Puis Izuku eut la chance d'obtenir un pouvoir, grâce à son idole de toujours : All Might. Il put rentrer à Yuei, se faire de véritables amis qui l'appréciaient pour ce qu'il était. Il put même avouer à Bakugo combien il l'admirait. Maintenant, il n'avait plus besoin de sortir la cape de son enfance pour se sentir comme un super-héros. Mais quand il regardait Bakugo encore loin devant lui, il continuait parfois à hurler en silence, à sentir le fossé qui les séparait, et ce n'était pas de la jalousie, mais plutôt de l'envie. L'envie de se rapprocher de lui, de le rattraper pour… Pour être à ses côtés.
Le sale caractère de Bakugo ne l'effrayait pas (ou presque pas), et puis ça faisait si longtemps qu'Izuku le regardait, l'observait même de loin, avec admiration, que ce n'était pas étonnant si ses sentiments avaient changé, évolué, s'ils s'étaient petit à petit transformés en amour.
Izuku dut bien l'admettre, il était tombé amoureux de son ami d'enfance.
Mais leurs niveaux étaient encore bien trop différents pour qu'il ose le confronter, lui dire en face. L'autre le prendrait sans doute pour un fou ou penserait qu'Izuku était trop faible.
Et puis un jour, face à sa cape de super-héros de son enfance, à hurler en silence, Izuku en eut marre de tout garder pour lui depuis toutes ces années.
Il avait gardé tout le mal que ça lui faisait de ne pas avoir d'Alter au fond de sa poitrine. Il avait gardé son admiration pour Kacchan pendant très très longtemps, car il n'avait jamais trouvé comment lui dire. Il avait tellement souvent gardé ce cri en lui, qu'aujourd'hui, il poussait les portes de son corps et remontait le long de ses cordes vocales. Et toutes les insanités et les bêtises qu'il avait dans la tête allaient toutes sortir d'un coup.
Il préféra sortir de sa chambre, de Yuei, se retrouva dans la rue en pleine rue, serrant sa cape contre lui.
— Je suis un super-héros et d'accord je suis faible et j'ai été faible si longtemps que je ne mérite sans doute aucune admiration de la part de personne, mais je ne peux plus… Je ne peux plus tout retenir.
Il marmonnait tout en avançant sans regarder autour de lui.
— Mais bon sang, je t'aime Kacchan.
Il s'arrêta et répéta plus fort :
— Je t'aime Kacchan !
Puis il cria à pleins poumons, se fichant de réveiller les gens dans la rue :
— Je t'aime Kacchan !
— J'avais compris la première fois, fit une voix derrière lui, t'es pas obligé de gueuler !
Izuku se retourna d'un coup et tomba presque nez à nez avec Bakugo. Il n'avait pas senti que le blond l'avait suivi. Il paniqua, devint rouge, bredouilla :
— Je… Je…
— Oui tu m'aimes, résuma Bakugo.
— En fait… Je… Tu…
Izuku aurait voulu s'enfuir, mais Bakugo s'approcha encore plus de lui, ce qui le paralysa sur place.
— D'abord c'est quoi cette vieille cape tout éliminée ?
— Un cadeau de ma mère pour mes quatre ans, répondit Izuku retrouvant un semblant de raison.
— Okay et pourquoi tu pars crier sur tous les toits tes sentiments pour moi ?
— Parce que… parce que… Je ne sais pas, souffla Izuku, je crois qu'il fallait que ça sorte.
— Alors, pourquoi ne pas venir me voir pour me le dire ?
Izuku, cramoisi, ne put répondre à cette question et Bakugo soupira.
— Tu aurais dû, dit-il, ça aurait évité que tu réveilles toute la rue.
— Désolé, murmura Izuku.
Bakugo posa sa main sur le crâne d'Izuku.
— Bon le nerd, qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
— Euh… je vais rentrer me coucher et oublier ce moment trop gênant ? proposa Izuku d'une petite voix.
— Non, fit Bakugo, on offre un spectacle à ces pauvres gens que tu as tiré du sommeil.
— Hein ? fit Izuku sans comprendre.
Bakugo l'attrapa par le bras afin de le rapprocher de lui et posa sa bouche sur la sienne. Ce fut le cœur d'Izuku qui se mit à hurler, une vraie sirène d'alarme qui remontait jusque dans son cerveau et le rendait complètement fou. Il ne savait plus où il était ni comment il y était parvenu. Tout ce dont il était conscient c'était de la bouche de son « Kacchan » sur la sienne et la chaleur qui dégringolait dans tout son corps. Quand le blond s'arrêta, cela parût trop tôt à Izuku qui tenta de suivre cette bouche qui le fuyait, mais Bakugo posa un doigt sur les lèvres d'Izuku.
— Écoute le nerd, je dois te le dire. Mais je pense que je t'aime aussi !
Izuku ne put s'empêcher de sourire, sourire comme jamais. Broyant sans le savoir le cœur de Bakugo qui retira son doigt pour l'embrasser à nouveau.
Et c'est ainsi que les cris silencieux d'Izuku se transformèrent en délicieux baisers qui avaient tant à se dire.
Fin.
L'autatrice : les prompts ne m'inspirent pas forcément, mais j'ai eu cette idée de fic en allant faire un tour sur Pinterest. Ça peut parfois aider de trouver des idées, l'air de rien.
