Hello, hello!

D'abord, merci à tous pour vos commentaires sur le dernier chapitre. Vous êtes géniaux.

Ensuite, un gros merci à Elisa qui a corrigé ce chapitre hier soir pour que vous puissiez le lire aujourd'hui. (hein que vous l'aimez?)

Et enfin, j'espère que vous aimerez ce chapitre =)

Passez de très joyeuses fêtes!

Enjoy & Review!


Obedience is not a virtue. I wanted to please everyone but myself, and I had to lose everything to learn that lesson. For my pride I had to lie in a glass coffin for twenty years to learn my lesson. By the time I was released, I understood. My husband was a good man, but he did not rescue me. I rescued myself."
― Kathryn Wesley, The 10th Kingdom

Être docile n'est pas une vertu. Je voulais faire plaisir à tout le monde sauf à moi, et il m'a fallu tout perdre pour le comprendre. À cause de ma fierté, il m'a fallu rester allongée dans un cercueil de verre pendant vingt ans pour apprendre ma leçon. Lorsque j'ai été libérée, j'avais compris. Mon mari était un homme bon, mais il ne m'as pas sauvée. Je me suis sauvée moi-même.

Kathryn Wesley, The 10th Kingdom

Chapitre 10 : Obedience Is Not A Virtue

Harry ne se ferait jamais au brouhaha qui régnait dans la salle de Potions. Il ne s'y était pas habitué de tout son séjour en soixante-quinze et il ne s'y habituerait pas davantage maintenant qu'il était de retour à son époque. Si possible, la sensation de décalage était pire parce qu'il s'agissait véritablement du domaine de Snape et que l'attitude désinvolte de Slughorn était en contraste totale avec celle que le Professeur de Potions aurait adoptée.

« Il te reste de la poudre de salamandre ? » demanda Ron, en pivotant sur son tabouret. À côté de son meilleur ami, Zabini leva les yeux au ciel et fit signe à Harry de laisser tomber, désignant un bocal du menton.

« Weasley, je n'ai aucune intention de faire tout le travail… » avertit le Serpentard.

Ron laissa échapper un soupir de martyr mais se remit à la tâche que lui avait confiée Zabini, à savoir trancher une limace en fines lamelles. Le Gryffondor était d'excellente humeur depuis le hibou qu'il avait reçu de Bill la veille au soir, assurant à toute la fratrie Weasley que Charlie et lui étaient hors de danger.

Harry, pour sa part, jeta un coup d'œil désabusé à sa potion qui n'avait ni la consistance, ni la couleur appropriée. Le résultat était probablement meilleur que ce qu'il aurait obtenu avant d'avoir cohabité avec Severus – les deux Severus – pendant des mois mais ce n'était toujours pas la panacée. Il se retourna à son tour, essayant de capter le regard d'Hermione dans l'espoir qu'elle ait une idée géniale qui sauverait sa note et sa moyenne. Si jamais il prenait l'envie à Snape d'aller vérifier ses résultats depuis leur retour… Quoi que l'homme n'ait plus l'air de se soucier énormément de lui.

Pas plus qu'Hermione qui était beaucoup trop occupée à fusiller Malfoy du regard. Il n'eut pas le temps d'en éprouver un quelconque plaisir ou soulagement parce que le Serpentard lui lança un sourire arrogant et l'expression sévère de la jeune fille disparut graduellement au profit d'une moue amusée. Il se pencha vers elle, avec l'intention évidente de lui voler un baiser, mais elle esquiva et lui colla une fiole entre les mains, le rappelant visiblement à l'ordre.

Slughorn, qui discutait botanique avec Greengrass et Neville, ne s'était aperçu de rien.

Harry se retourna vers son chaudron, incapable de chasser de l'esprit qu'un éléphant aurait pu passer en volant et que le Professeur ne l'aurait pas remarqué.

Il épongea la transpiration qui commençait à se former sur son front d'un revers de manche et se repencha sur les instructions du manuel, tout en se demandant ce qu'aurait fait Sev à sa place. Il aurait probablement jeté tout un tas d'ingrédients dans le chaudron, tout en préparant quatre autres potions à côté.

En réfléchissant à ce qu'il avait fait et dans quel ordre, il en conclut que le problème venait du laps de temps écoulé entre l'ajout de la sauge et celui des yeux de chauve-souris. Il était sûr d'avoir pris davantage que les cinq minutes indiquées parce que Ron l'avait distrait en lui demandant l'heure.

Il se souvenait distinctement que le Maître des Potions avait un jour monologué pendant trente minutes sur l'emploi de la poudre d'aubépine dans ce genre de situation lorsqu'il tentait de développer la potion qui les avait ramenés dans le présent. Du moins, il pensait que c'était la poudre d'aubépine… Il avait été bien trop occupé à hocher la tête tout en pensant au match de Quidditch à venir pour réellement écouter.

Se sentent d'humeur aventureuse, il se dirigea vers la réserve – en d'autres temps, il aurait dû demander l'autorisation mais Slughorn ne se préoccupait pas vraiment de ce genre de formalités – attrapa l'aubépine et tout ce qui lui semblait pouvoir servir et repartit à sa place. Il n'était très honnêtement pas certain de ce qu'il était en train de faire mais il rajouta l'aubépine, remua dans le sens des aiguilles d'une montre jusqu'à ce que la potion devienne plus claire et ensuite y jeta une goutte de rosée dans l'espoir, légèrement désespéré, que cela réussirait à la délayer.

C'était un miracle mais ça fonctionna et Harry laissa échapper un soupir de soulagement.

« Votre mère aussi était extrêmement douée en potions. » lança Slughorn par-dessus son épaule. Harry sursauta violemment, se reprochant immédiatement d'avoir baissé la garde, trop concentré sur son chaudron. Il n'avait pas eu véritablement l'occasion d'échanger avec le Slughorn de cette époque, pourtant, à chaque fois que le garçon surprenait le regard du Professeur sur lui, ce dernier semblait ému. À l'instant, l'homme paraissait plongé dans ses souvenirs. « Vous avez ses yeux. Mais pour le reste… Tout James. C'est remarquable. »

« Pas tellement. » marmonna-t-il.

Slughorn ne parut pas l'entendre, son regard était rivé sur la cicatrice.

« Cette chère Lily… » murmura l'homme avec affection. « Elle méritait mieux que ça… »

C'était un euphémisme.

« Professeur Slughorn. »

La voix familière réduisit le brouhaha ambiant à un silence de mort. McGonagall n'avait pas l'air enchantée par la scène qu'elle venait d'interrompre.

« Minerva ! » s'exclama Slughorn avec son entrain habituel. Il délaissa le chaudron d'Harry pour aller accueillir la sorcière. « Que puis-je pour vous ? »

« Je regrette de vous interrompre mais je suis contrainte de vous emprunter Potter, si vous n'y voyez pas d'inconvénient. » Elle se tourna dans la direction d'Harry avant que Slughorn ait pu approuver ou rejeter sa requête. « Prenez vos affaires, le Directeur veut vous voir et je crains que nous en ayons pour un moment. »

La sorcière était contrariée, ce n'était pas dur à deviner.

Harry éteignit le feu sous son chaudron et rangea ses affaires rapidement, enfonçant les parchemins dans son sac sans se soucier de les froisser. Il ignora les regards interrogateurs de Ron et d'Hermione tout comme il ignora les chuchotements curieux qu'il entendit sur son passage.

La porte de la salle de potions était à peine refermée lorsqu'il pivota vers sa Directrice de Maison. Surprise, la vieille femme fit un pas en arrière.

« Est-ce que c'est mon père ? » demanda-t-il, avant d'avoir pu s'en empêcher. La panique lui nouait les tripes et il eut beau dresser bouclier sur bouclier, rien ne parvint à la maîtriser. Il ne pouvait pas penser à une autre raison pour laquelle…

« Votre père ? » répéta McGonagall, sans comprendre. Harry grimaça à sa propre maladresse. Il n'était plus Harry Prince. Cependant, la sous-directrice écarquilla les yeux avant même qu'il ait pu s'expliquer. « Par Morgane, non ! » s'exclama-t-elle. « Le Professeur Snape, si tant est que c'est à lui que vous faites référence, est en parfaite santé. »

Harry respira un peu plus facilement. Il jeta un regard alentour pour s'assurer que personne n'avait surpris la conversation. Les couloirs, toutefois, étaient déserts.

« Alors… Pourquoi le Professeur Dumbledore veut-il me voir ? » Il fronça les sourcils, peu enchanté à l'idée de se retrouver une nouvelle fois dans le bureau directorial. Il aurait préféré garder ses distances.

« Je n'ai pas l'habitude de demander des explications au Professeur Dumbledore, Mr Potter. » répliqua la sorcière, en l'invitant d'un geste à passer devant. « Je suppose qu'il a ses raisons. »

Harry analysa sa réponse. « Vous ne savez pas, n'est-ce pas ? »

La sous-directrice pinça les lèvres avec contrariété mais ne répondit pas. Toutefois, Harry était persuadé que ce n'était pas lui qui l'avait agacée. Peut-être n'avait-elle pas pour habitude d'exiger des explications, pourtant cela ne l'empêchait pas d'en désirer. Il la suivit le long des couloirs familiers jusqu'à la gargouille qui gardait le bureau et qui pivota en les voyant arriver, avant même que McGonagall ait pu lancer un quelconque mot de passe.

Visiblement, ils étaient attendus avec beaucoup d'impatience.

Harry comprit pourquoi avant d'avoir fait trois pas dans le bureau du Directeur.

« Harry. » lança Sirius, à moitié soulagé et à moitié craintif.

Remus le salua d'un sourire. Quant à Dumbledore, il était derrière son bureau et dissimulait mal sa contrariété. Il n'échappa au garçon qu'il était le seul à être assis. Sirius et Remus se tenaient debout, à quelques pas l'un de l'autre, dans une position qui aurait été parfaite lors d'un duel. Il était clair à l'attitude des uns et des autres, qu'il y avait eu un échange peu courtois avant son arrivée.

« Merci, Minerva. » offrit Dumbledore, avec un sourire amical pour la sous-directrice. « Je ne veux pas vous retenir plus longtemps. »

« Me retenir ? » grinça la sorcière, en posant une main possessive et réconfortante sur l'épaule d'Harry. Elle ne semblait pas surprise de trouver ses anciens élèves dans le bureau de son supérieur mais elle n'en paraissait pas davantage enchantée. « Si mes soupçons sont exacts et que vous comptez discuter de la tutelle de mon élève, dans ce cas… »

« Merci, Minerva. » répéta le vieux sorcier, plus fermement. « Il est inutile de compliquer davantage la situation. »

« La situation n'a rien de compliquée. » lâcha Sirius. « La seule complication que je vois, c'est vous. »

L'atmosphère était tendue et Harry ne voyait pas de raison d'y rajouter une lutte de pouvoir supplémentaire.

« Ça ira, Professeur. » offrit-il à sa Directrice de Maison.

La sorcière ne dissimula pas sa contrariété. « En êtes-vous certain, Potter ? »

Il hocha brièvement la tête, notant distraitement le soulagement soudain de Sirius. Son visage était plein d'espoir.

« Crois-bien que je n'ai rien à voir avec tout ceci, Harry. » déclara Dumbledore, dès que la porte se fut refermée sur la sous-directrice. « Tes souhaits étaient on ne peut plus clairs et… »

« Et ça ne vous regarde pas. » cingla Sirius. « James et Lily désiraient que j'élève leur fils s'il leur arrivait malheur. »

« Ce que Sirius essaye de dire… » tempéra Remus, en faisant un pas en avant.

« Ce que j'essaye de dire c'est que la garde d'Harry me revient. » coupa l'Animagus. « Et vos petites machinations en coulisses n'y changeront rien. J'ai déposé une demande ce matin au Ministère. » Il tourna ses yeux gris, brillants d'espoir vers Harry. « Tu vas enfin pouvoir venir vivre avec moi. On trouvera une maison… Quelque chose de bien. Vers chez les Weasley si tu veux. Où tu veux. Tu pourras choisir… »

« Je regrette mais ceci est impossible. » soupira Dumbledore, en se pinçant l'arrête du nez. « Si vous vouliez bien m'écouter, Sirius… »

« Je n'ai aucune raison de vous écouter. » aboya Sirius.

« Harry doit demeurer sous la garde des Dursley. » insista le vieux sorcier. L'attitude obtuse de Sirius parut le décourager et il tourna le regard vers Remus. « La protection offerte par Lily… »

« Elle a bon dos cette protection. » L'éclat de rire de l'ancien prisonnier sonnait faux et le loup-garou grimaça avec un air gêné. « Il y a d'autres moyens de protéger Harry. Poudlard ou le Square Grimmaurd… On peut trouver un endroit sûr. »

« Nous pouvons effectivement dissimuler le garçon aux Mangemorts. Et encore. » concéda Dumbledore. « Mais pouvons-nous le dissimuler à Lord Voldemort ? Pouvons-nous le protéger contre lui ? La protection qui coule dans ses veines, de par le sacrifice de sa mère, trouve écho en Pétunia, le sortilège s'ancre en elle. Tant qu'Harry a un lien avec le sang de sa mère… »

« Et c'est suffisant ? » attaqua Sirius. « Ces Moldus sont horribles. Ils le traitent comme un chien. Et je refuse que le fils de James soit traité comme ça, vous m'entendez ? Harry est ma responsabilité. »

Harry, qui était resté silencieux tout au long de ce long échange, se racla la gorge sans pour autant attirer l'attention de qui que ce soit.

« Sirius… » tenta le loup-garou. « Peut-être que… »

« Peut-être que quelqu'un pourrait me demander mon avis. » lâcha Harry, éprouvant une certaine satisfaction face à l'expression coupable de Remus. Ça eut le mérite de faire taire les trois sorciers et le garçon haussa les épaules. « Vous savez. Au cas où j'aurais éventuellement une opinion sur le sujet. »

Un sourire discret et amusé joua sur les lèvres de Dumbledore. Il l'invita d'un geste à poursuivre. « Je t'en prie, Harry. »

Bien entendu, ce fut à ce moment là que le bruit contenu d'une implosion retentit un peu plus bas. Toute trace d'amusement s'effaça du visage du Directeur qui agita sa baguette pour une raison mystérieuse, d'un air las. Il ne fallut pas plus de dix secondes avant que la porte du bureau ne s'ouvre. Snape fit une de ces entrées fracassantes dont il avait le secret, ses robes claquant derrière lui et les traits tordus par une grimace agacée.

« Si vous pensez que votre pitoyable gargouille suffit à me barrer le chemin… » siffla l'homme, en fusillant Dumbledore du regard.

« Je vous prie de m'excuser, Severus… Qu'il est stupide de ma part d'avoir pensé que tout ceci était une affaire familiale qui ne vous regardait pas… » ironisa le vieux sorcier.

« Stupide, en effet. » répliqua Snape.

« Tu n'as rien à faire ici. » attaqua immédiatement Sirius. « Tu… »

Il n'en fallut pas plus pour que la discussion sombre dans le chaos le plus total. Snape et Sirius paraissaient prêts à se sauter à la gorge, Remus tentait tant bien que mal de calmer la situation et Dumbledore semblait sur le point de se taper la tête contre le mur tant il était frustré.

« Stop ! » s'énerva Harry, sa voix amplifiée par un sonorus.

Le silence retomba brutalement sur le bureau comme une chape de plomb.

« Je n'ai aucune intention d'aller vivre chez toi, Sirius. » lâcha le garçon, avant qu'ils aient pu recommencer à se disputer. « J'ai cours. Professeur Dumbledore, est-ce que je peux… »

« Oui. » acquiesça le directeur au moment précis où Snape et Sirius s'exclamèrent en même temps « Non. »

« Oh, Merlin. » soupira Remus et, vraiment, Harry était d'accord.

Le Professeur et l'Animagus se dévisagèrent, apparemment choqués d'être du même avis. Snape se reprit le premier et se tourna vers l'adolescent. Ignorant les invectives de l'Animagus, il agrippa son épaule et lui donna une gentille secousse.

« Comprends bien la situation, Harry. » murmura le Maître des Potions. « La demande de Black est fondée et recevable, le Ministère n'est pas en pouvoir de la rejeter. Personne ne peut la rejeter, surtout avec l'appui de ta Directrice de Maison, pas même le Professeur Dumbledore. »

« J'ai bien compris. » déclara le garçon, en haussant les épaules. « Mais je m'en fiche. »

Le regard du Professeur se durcit. « Harry… Nous en avons discuté à maintes reprises. Il te faut quelqu'un… »

« J'ai déjà quelqu'un. » coupa-t-il sèchement. « Même si vous semblez l'avoir oublié. »

« Je n'ai rien oublié. » grinça l'homme. « Simplement… Les choses sont plus compliquées qu'elles n'y paraissent. Black est ton parrain. Il prendra soin de toi. » Les mots lui laissaient très visiblement un arrière goût amer. Ce n'était rien cependant en comparaison de l'expression estomaquée de Sirius. Harry baissa les yeux et l'espion serra brièvement son épaule. « Tout vaut mieux que les Dursley. »

Le Gryffondor eut des difficultés à avaler la boule qui était venue se loger dans sa gorge. « Non, justement. »

Snape ôta sa main avec une expression agacée.

« Maudite tête de mule. » marmonna le Professeur, au moment où Sirius faisait un pas hésitant en avant.

« Harry, s'il te plait… Je ne sais pas ce que tu me reproches précisément… Je ne sais pas ce qui s'est passé mais… » hésita son parrain, le regard implorant. « Ce n'était pas moi. »

« Ce qui s'est passé… » lâcha Harry. Il en éclata presque de rire. L'amertume et le ressentiment le surprirent presque. « Tu as pris un malin plaisir à m'humilier pendant des mois. Toi et James et Peter… Et vous… » Il jeta un coup d'œil à Remus mais ne put totalement masquer son mépris. « Vous les avez laissés faire sans jamais lever le petit doigt. »

« On était jeune, Harry. » avança Remus, en secouant la tête. « Je sais que ce n'est pas une excuse mais… »

« Non. » l'interrompit-il froidement. « Ça ne l'est pas. » Les yeux verts fixèrent à nouveau son parrain. « Tu m'as attiré dans la Cabane Hurlante un soir de pleine lune. Tu vois, tout le reste j'aurais pu le pardonner mais ça… »

Même Dumbledore eut un sursaut choqué, les yeux bleus perçants se posèrent immédiatement sur le Professeur de Défense mais Snape garda les siens obstinément détournés. Remus eut un mouvement de recul involontaire.

« Est-ce que… » s'inquiéta immédiatement le loup-garou.

« Non. » s'empressa de le rassurer Harry. « Non. Plus de peur que de mal et je ne vous en veux pas pour ça. Ce n'était pas votre faute. »

« Ce n'était pas moi ! » protesta Sirius, les deux mains levées en signe de supplique. Visiblement, son parrain ne comprenait toujours pas où était le problème. Harry en était presque dégouté.

« Non ? » se moqua-t-il. « Tu n'as pas attiré Severus dans la Cabane Hurlante, alors ? »

Snape laissa échapper un claquement de langue réprobateur, probablement parce qu'Harry avait utilisé son prénom sans y avoir été autorisé au préalable. Il ne s'en préoccupa pas, n'ayant que peu d'intérêt pour les formalités à l'instant.

« C'était très différent. » se défendit son parrain. Pourtant, sa voix était gardée, plus réservée.

« À vrai dire, pas tant que cela. » soupira le Maître des Potions. « Toutefois, la question est hors de propos. Harry, je refuse que tu retournes chez ces Moldus. »

« Et moi, je refuse d'aller chez Sirius. » s'énerva-t-il, en levant les bras au ciel. « Alors on fait quoi ? »

« Commence par baisser d'un ton. » siffla le Professeur de son ton le plus dangereux. « Puis, obéis. Cela te changera. Tu signeras ce que Black désire que tu signes. »

« Severus, vous ne pouvez pas l'y obliger. » intervint Dumbledore. « Harry, si tu veux t'en aller… »

« Harry n'ira nulle part tant qu'il n'aura pas appris à se comporter en personne mature et responsable. » répliqua Snape.

« Tu n'as pas de leçons à lui donner ! » répliqua Sirius. « Harry est mon filleul, ma responsabilité, espèce de sale… »

« Ne lui parles pas comme ça. » coupa le garçon, une main sur sa baguette.

« Je lui parlerai comme j'ai envie de lui parler. » rétorqua son parrain. « Je ne sais pas quel genre de lavage de cerveau il t'a fait mais… »

Harry secoua la tête, refusant d'en entendre davantage. Il pivota vers Snape, baisant la voix. « J'ai déjà un adulte. »

« Harry… » cingla l'espion, d'un ton qui laissait présager une longue tirade.

Ça non plus, il ne voulait pas l'entendre, alors il salua Dumbledore d'un hochement de tête. « Professeur. »

Il prit les jambes à son coup avant que quelqu'un ait l'idée de lui jeter un sort pour le retenir. Il entendit bien Sirius tenter de le rattraper mais quelqu'un dut réussir à lui barrer la route parce qu'il parvint à émerger dans le couloir de pierre sans que qui que ce soit ne l'arrête. Il s'appuya un instant sur la gargouille, sans parvenir à ressentir ni soulagement ni regret à sa liberté retrouvée.

Tout ce qu'il éprouvait au fond, c'était un gros vide.

°°O°°O°°O°°O°°

Sirius ravala un cri rageur lorsque la porte du bureau se fut refermée derrière Harry. Il repoussa d'un geste agacée la main qui enserrait son bras, jetant un regard noir à son meilleur ami, avant de faire face à l'homme qui lui barrait la route.

« Écarte toi. » cracha-t-il.

« Certainement pas. » répliqua Snape.

Ce qui se passa ensuite fut bien trop rapide pour lui. Il voulut tirer sa baguette mais Snape le devança d'un quart de seconde, il ne faisait aucun doute pour lui qu'il aurait terminé à Sainte Mangouste si Dumbledore n'avait pas agité la main d'un geste négligeant, récupérant leurs deux baguettes d'un même mouvement.

« Je vous prierais de ne pas vous entretuer dans mon bureau. » lâcha le Directeur, pince-sans-rire. « Les elfes de maison ont suffisamment de travail sans y rajouter des traces de sang à décaper du sol. »

Ils l'ignorèrent tous les deux, trop occupés à se regarder en chien de faïence.

« À quoi tu joues ? » aboya finalement Sirius. Il était perdu. Pourquoi Snape prenait-il son parti ? Son comportement depuis leur retour n'avait aucun sens – et celui d'Harry non plus d'ailleurs.

Le Mangemort ne répondit pas et Remus se racla la gorge, ouvertement mal à l'aise.

« Je pense qu'il vaut mieux laisser quelques minutes à Harry. » suggéra le loup-garou. « Severus, peut-être pourrais-tu… »

« Si tu penses que quelques minutes vont arranger la situation alors tu es encore plus stupide que je ne l'imaginais. » grinça Snape, sans même daigner regarder Remus en face. Il était bien trop occupé à fusiller Sirius des yeux. « Des excuses. » lâcha-t-il. « Présente-lui tes excuses. Vautre-toi plus bas que terre si c'est ce qu'il faut mais il est impératif qu'il te pardonne. »

« Pourquoi ? » se méfia-t-il. « Qu'est-ce que tu y gagnes ? »

Un Serpentard agissait toujours dans son intérêt propre.

Il était bien placé pour le savoir, il avait grandi entouré de serpents.

La réponse tarda à venir et Sirius secoua la tête, un rictus aux lèvres. « Je ne comprends rien. »

« Doux euphémisme. » cracha le Mangemort, sans colère pourtant. Les yeux noirs passèrent de lui à Dumbledore, s'arrêtèrent sur Remus et revinrent finalement se braquer sur lui. « Professeur Dumbledore, ma baguette je vous prie. »

« Ai-je votre parole que vous ne tenterez pas d'assassiner qui que ce soit dans cette pièce ? » répondit patiemment le Directeur, du même ton qu'il employait déjà vingt ans plus tôt pour arbitrer leurs disputes.

« Pas dans l'immédiat en tout cas. » lâcha Snape, en tendant la main.

Un coup de baguette de la part de Dumbledore et les leurs flottaient tranquillement dans les airs. Snape attrapa la sienne d'un geste brusque, Sirius attendit qu'elle retombe dans sa paume. Il la soupesa pensivement, songeant que, lui, n'avait rien promis.

Il fut surpris quand, en dépit de l'avertissement du vieux sorcier, le Mangemort tenta quelque chose. Son bouclier hâtif fut immédiatement renforcé par celui, plus puissant, de Remus et, en conséquences, ils eurent tous deux l'air idiot lorsque Snape leva un sourcil moqueur, le petit flacon qu'il venait de faire apparaître au creux de sa main. Sirius attendit le commentaire acerbe qui, pourtant, ne vint pas. Le Maître des Potions porta le bout de sa baguette à sa tempe et entreprit de remplir le flacon de filaments argentés.

Des souvenirs.

À quoi jouait Snape ?

« Severus. » grinça Dumbledore. « Je ne pense pas… »

« Cela concerne Harry. » lâcha Snape. « Rien d'autre. »

Le Directeur ne fit pas davantage de reproches mais il était évident que cela ne lui plaisait guère. Une fois le flacon plein, l'homme y apposa un scellé magique et le fit léviter jusqu'à Sirius avec une expression contrariée.

Non pas que Snape n'ait jamais l'air autre chose que contrarié…

Sirius attrapa la fiole et la fourra dans sa poche avant qu'il ne vienne à l'esprit de Dumbledore de s'en emparer.

« Pour ton usage personnel. » avertit toutefois Snape, dans un sifflement. Son regard dériva brièvement vers Remus. « Est-ce clair ? »

Limpide. Il ne voulait pas que le loup-garou se balade dans les souvenirs qu'il venait de lui confier.

Le premier réflexe de Sirius fut de protester avant de l'envoyer au diable. Pourtant, il tint sa langue.

Il voulait une explication, si le prix à payer était une plongée en solitaire dans les souvenirs de Servillus, il le paierait. Il pourrait toujours raconter à Remus, plus tard, ce dont il retournait.

Il accepta donc d'un bref hochement de tête avec la sensation désagréable d'être en train de passer un marché avec le diable.

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« Le sortilège de suggestion est comparable à L'Impérium dans le sens où la volonté de celui qui le jette se superpose à celle de la victime, toutefois… » La jeune fille interrompit sa lecture, le souffle court. « Draco. »

Draco masqua mal un rictus amusé et déposa un autre baiser dans son cou. Voilà une activité qui était bien plus intéressante que de réviser pour le cours de Défense.

« Draco, on est dans bibliothèque. » siffla Granger d'un ton où l'apeurement se disputait à l'excitation de l'interdit.

Dans la bibliothèque, certes, songea-t-il, mais la partie la plus reculée, là où très peu de gens s'aventurait, et, là où il avait bien pris soin de l'attirer : à l'abri des regards indiscrets et des amis trop collants.

« Continue à lire. » se moqua-t-il gentiment. « Je ne voudrais pas être responsable de ton échec scolaire. »

N'étant pas de celles à refuser un défi, elle se racla la gorge et reprit sa lecture. C'était encore plus amusant, décida-t-il, en picorant son cou de baisers. Sa voix ne cessait de monter dans les aigus où bien de s'essouffler sans raison.

Il n'avait peut-être pas lu le chapitre concernant les sortilèges de suggestion mais il supposait que ce n'était pas bien différent de ce qu'ils étaient en train de faire. Granger, l'innocente victime, se débattait pour conserver l'esprit clair et Draco, le vilain sorcier, tentait par tous les moyens de lui faire perdre la tête. Lorsqu'il captura délicatement la peau douce sous son oreille entre ses incisives, elle referma le livre d'un geste sec. Il n'eut pas le temps de demander si elle déposait les armes avant qu'elle n'attrape fermement son visage et ne l'attire à elle.

Il était en train de développer très, très rapidement une dépendance malsaine pour ses baisers. Granger embrassait comme une Gryffondor – non qu'il en ait embrassées beaucoup avant elle, ses conquêtes précédentes étaient soit des Serpentards soit des Serdaigles – toute en fougue et sans retenue aucune. En d'autres termes, la passion qu'elle mettait dans ses baisers contrastait de manière délicieuse avec la minutie qu'il mettait dans les siens.

Il n'eut aucun mal à l'attirer sur ses genoux pour approfondir le baiser. Elle passa les bras autour de son cou tandis que les siens venaient enserrer sa taille et il sentit son sourire satisfait tout contre ses lèvres.

Il soupçonnait qu'il aurait pu passer le reste de sa vie à l'embrasser.

Le raclement de gorge était malvenu et si Granger avait pu voir le geste vulgaire qu'il fit dans son dos, nul doute qu'elle l'aurait frappé comme elle aimait si souvent le faire. Il ne savait pas si elle n'avait simplement pas entendu ou si, comme lui, elle était décidée à ignorer l'interruption mais elle ne mit pas fin au baiser.

Le raclement de gorge laissa place à un toussotement appuyé qui lui rappela tellement Ombrage qu'il finit par s'écarter afin de fusiller du regard la personne déterminée à leur gâcher la journée.

Il fut surpris de trouver sa cousine plantée là, à se mordre la lèvre d'amusement, dans ses vêtements moldus ridicules pleins de trous à des emplacements soigneusement étudiés sur les cuisses et aux genoux. Elle n'avait pas l'air bien en forme, nota-t-il.

« Tu devrais prendre une dose de potion Pimentine pour ta gorge. » lâcha-t-il. « L'infirmerie est au premier étage au cas où tu aurais oublié. »

Granger sauta de sur ses genoux avec un couinement gêné, elle était aussi rouge que sa cravate.

« Tonks ! » s'exclama-t-elle pourtant avec un plaisir sincère.

« Salut, Hermione. Je ne te demande pas si ça va. » salua la jeune femme avec un clin d'œil, ignorant royalement les sarcasmes du Serpentard. Tout le monde l'ignorait récemment. Ça en devenait vexant. De fait, l'Auror poursuivit : « Ça ne t'embête pas si je t'emprunte Malfoy quelques minutes ? Je n'en ai pas pour longtemps… »

« Non, non. » s'empressa de la rassurer la jeune fille, en attrapant le manuel de Défense qu'elle avait abandonné un peu plus tôt. « Je devais demander quelque chose à Ginny de toute manière. »

« Cool ! » Tonks lui adressa un sourire éclatant. « Embrasse la pour moi. »

« Surtout, ne me demandez pas mon avis. » grommela-t-il alors que Granger prenait congé.

La jeune fille leva les yeux au ciel et lui colla un baiser sur la joue.

« Sois gentil. » murmura-t-elle à son oreille.

Gentil. Il s'en étouffa presque. Draco n'était pas gentil.

Et, pensa-t-il, en observant Tonks se laisser tomber sur une chaise vacante sans aucune espèce de grâce ou d'élégance, il pressentait que la conversation qui s'annonçait ne le pousserait pas à le devenir davantage.

Elle tira une liasse de parchemins froissés de la poche intérieure de sa cape et les posa à plat sur la table pour mieux les lisser puis elle les lui glissa.

« J'ai besoin que tu signes ça. » déclara-t-elle. Elle fouilla des yeux le désordre organisé que Granger avait laissé derrière elle sur la table et attrapa une plume et un encrier. « Signe bien sur la ligne. Il y a cinq copies. »

Draco pianota distraitement sur la table sans faire un seul geste pour attraper la plume qu'elle lui tendait. D'abord, parce qu'il n'aurait jamais consenti à se servir d'une plume d'oie d'aussi piètre qualité que celles qu'utilisait Granger ensuite, parce qu'il n'avait aucune intention de signer quoi que ce soit sans savoir de quoi il retournait.

« Qu'est-ce ? » demanda-t-il simplement, tâchant de ravaler la boule qui s'était logée dans sa gorge et menaçait de l'étouffer. L'intitulé du document – bien que perdu au milieu de tout le blabla inutile qui caractérisait les papiers officiels en provenance du Ministère – était pourtant clair : il s'agissait de papiers de tutelle.

Sa bouche était sèche.

Si quelqu'un était autorisé à faire une demande de garde alors son père l'avait véritablement, officiellement, renié. Dans les règles.

« Tu sais ce que c'est, ne fais pas l'imbécile. » grinça la jeune femme. « Écoute, ça ne me fait probablement pas plus plaisir qu'à toi et c'est provisoire de toute façon. Tu auras dix-sept ans dans moins d'un an et d'ici là… » Elle haussa les épaules. « Pleins de choses peuvent se passer d'ici là. Ce n'est qu'une sécurité. »

Son petit discours était sensé et il en était déjà arrivé à la même conclusion de toute manière.

Il jeta un coup d'œil circonspect aux parchemins froissés, cherchant des yeux le nom de son nouveau tuteur. « Ta mère, je suppose ? »

« Non. » lâcha-t-elle, avec un agacement manifeste. « Ce sera moi. J'ai tiré quelques ficelles, ça ne posera pas de problème. Tout ce que tu as à faire, c'est signer. Ce sera effectif d'ici ce soir. »

« Toi ? » hésita-t-il « Pourquoi ? »

L'Auror ne le portait pas particulièrement dans son cœur. Pas plus que Draco ne les appréciait elle et ses tenues farfelues.

« Parce que ma mère est injoignable. Quant à Sirius… » Elle fit un mouvement agacée de la main. « Sirius, ce serait compliqué. Il me reste moi ou la dizaine de Sang-Purs qui peuvent réclamer ta garde sous couvert d'un lointain lien de parenté. Bien sûr, la moitié sont des Mangemorts mais, je t'en prie, fais ton choix. »

« Tu devrais songer à reteindre tes cheveux en rose, c'est tout ce qui manque à ta panoplie de clown. » se moqua-t-il, en sortant sa plume de paon de son sac. « Et je suppose que tu souhaite des remerciements ? »

Elle leva les yeux au ciel mais elle ne prit pas mal sa remarque. Si possible, elle semblait amusée. « Signe, c'est tout ce que je veux. »

Il ne demanda pas pourquoi elle avait décidé de lui rendre cet énorme service – il était suffisamment intelligent pour comprendre qu'elle était potentiellement en train de lui sauver la vie – elle faisait parti des 'gentils', après tout. L'Ordre du Phoenix. Il supposait que c'était une raison suffisante. Et étant donné qu'il avait cofondé, à son grand malheur, l'Ordre du Phoenix Junior, il aurait été bien hypocrite de sa part de s'en plaindre.

Il parcourut les documents avec l'attention que son père lui appris à donner à tout papier légal et apposa finalement sa signature là où elle le lui indiqua. Lorsqu'il reposa la plume, ce fut avec un étrange sentiment de désarroi au creux du ventre. Comme s'il venait tout juste de renoncer à son identité.

« Bien. » lança la jeune femme avec un sourire enjoué. Il avait l'impression distincte qu'elle était en train de se forcer. « Me voilà ta responsable légale jusqu'à ta majorité. » Elle rassembla les documents, les fourra à nouveau dans sa poche et s'effondra plus franchement sur sa chaise sans aucun souci de l'image qu'elle donnait. Narcissa l'aurait étranglé s'il s'était comporté ainsi. « C'est très bizarre comme sensation. » marmonna-t-elle en grimaçant. « Quand tu penses que je ne peux pas m'occuper d'une plante verte. »

« C'est très rassurant, en effet. » déclara-t-il sobrement. « Puis-je avoir une copie des papiers ? »

« Je te les enverrais ce soir. » promit-elle, sans esquisser le moindre geste pour se lever. « C'est juste pour quelques mois. Tout se passera bien. » Il se demanda qui elle essayait de convaincre : lui ou elle ? Elle lui jeta un regard en coin. « Pas de conneries, d'accord ? J'ai passé l'âge d'être convoquée dans le bureau de Snape pour me faire hurler dessus. Quoi d'autre… Pas de drogue, évidemment. Pas de cigarettes, non plus, même si c'est pour avoir l'air cool. »

Il leva les yeux au ciel. « Il est de mon devoir de t'informer que fumer n'est plus cool, comme tu dis, depuis des années. Qui plus est, c'est un passe-temps de moldu. » Il ne cacha pas son reniflement méprisant. Son père le lui avait seriné pendant des années.

« Pas de commentaires de ce genre non plus. » grinça-t-elle. « Pas d'alcool, pas de potions hallucinogènes, pas de… »

Il la mit en sourdine le temps qu'elle finisse sa longue liste d'interdictions, se demandant avec amusement si elle était en train de réciter un livre sur l'éducation des adolescents qu'elle avait avalé à sa pause déjeuner ou si elle tirait les éléments de sa propre expérience. Il ne la connaissait pas bien mais il aurait penché pour la seconde option.

« Et, pitié, pour l'amour de Merlin ou de qui tu voudras… » lâcha-t-elle. « Ne met pas de fille enceinte et surtout pas Hermione. Tu sais… Tu sais comment empêcher ce genre de choses, hein ? »

Il lui fallut quelques secondes pour être certain d'avoir bien entendu et beaucoup d'autres pour se composer un visage digne malgré le rouge qui lui brûlait les joues.

Tonks était également écrevisse mais il ne parvenait pas à compatir.

« Mêle-toi de tes affaires. » riposta-t-il sèchement.

« Je vais prendre ça pour un oui. » soupira-t-elle de soulagement, en bondissant sur ses pieds. « Si tu as un problème… »

« Merci. » coupa-t-il froidement, en regardant partout sauf dans sa direction.

Il répondit à peine à son salut, trop humilié pour se soucier de politesse. Lui demander, à lui, s'il savait…

Trop pris par ses pensées, il sursauta lorsque Granger posa une main sur son épaule.

« Ça va ? » s'enquit-elle prudemment.

Il fut incapable de lui expliquer, par la suite, pourquoi il passa l'heure suivante à rougir à chaque fois qu'elle l'effleurait.

°°O°°O°°O°°O°°

Severus leva presque les yeux au ciel lorsqu'il buta contre les protections au détour d'un couloir.

En quelques coups de baguette, il s'était frayé un chemin au travers des couches magiques. Il prit toutefois soin de les refermer derrière lui avant de pénétrer dans l'ancienne salle de classe de Divination.

Si les coussins roses avaient été délavés et poussiéreux en soixante-quinze, ce n'était rien à côté d'aujourd'hui. L'odeur de renfermé le prit à la gorge dès son premier pas dans la pièce.

Les souvenirs aussi. Ceux de son adolescence, bien sûr, ceux des après-midis passés là, à lire, tandis que Lily dessinait, mais également ceux de leur dernier jour dans le passé.

Je te pardonne.

L'écho de la voix de Lily résonnait encore à ses oreilles.

Je te pardonne.

« Un conseil, Harry. » lâcha-t-il, enterrant ces réminiscences qui menaçaient de le distraire au fin fond de son esprit. « Si tu veux me tenir à l'écart, évites d'utiliser des sorts que j'ai moi-même inventés. »

Stupide enfant, songea-t-il, non sans affection.

L'adolescent se tenait accoudé à une fenêtre ouverte, probablement pour aérer un peu la pièce, et ne se retourna pas à son arrivée. Stupide et impoli. Le digne héritier de James Potter, en somme. Il chassa cette pensée aussi vite qu'elle était venue, sachant qu'elle était injuste.

« Je ne pensais pas devoir vous tenir à l'écart. » riposta le gamin. « Vous vous y mettez tout seul depuis qu'on est rentré. »

« Autre conseil, surveille le ton que tu emploie. » grinça-t-il. Néanmoins, il supposa qu'il n'avait pas volé la pique.

Le Gryffondor grommela quelque chose de déplaisant que Severus feignit de ne pas entendre.

« Je ne veux pas aller vivre chez Sirius. » déclara fermement le garçon. « Et vous ne pouvez pas m'y obliger. »

Severus se pinça l'arrête du nez et compta mentalement jusqu'à trois, regrettant l'époque nettement plus simple où il n'avait pas à se préoccuper des susceptibilités d'un gamin de quinze ans.

« Je pense qu'il est nécessaire que tu es une conversation avec Black. » décida-t-il. « Le plus tôt serait le mieux. »

« Et moi je pense que vous ne pouvez pas jouer aux pères uniquement quand ça vous arrange. » cingla le garçon, en lui jetant un regard noir par-dessus son épaule. « Les choses sont trop compliquées pour vous, non ? C'est ce que vous avez dit. »

« Non. » corrigea-t-il sèchement. « J'ai dit que la situation est compliquée car c'est le cas. Je le regrette, Harry, je le regrette profondément, mais les choses sont ce qu'elles sont. Tu as besoin d'un adulte dans ta vie et je ne peux pas remplir ce rôle. Plus maintenant. »

Il ne savait pas ce que le Gryffondor fixait du regard dans le parc mais ça devait être passionnant parce qu'il ne tourna pas la tête. Il ne tressaillit même pas.

« Vous avez dit que j'étais votre fils. » murmura le garçon, si bas que Severus l'entendit à peine. « Vous avez dit… »

« Je le pensais. » répondit-il simplement. « Je le pense toujours, d'ailleurs. C'est pourquoi il faut que tu laisses Black endosser ta tutelle. Il pourra te protéger des Dursley. »

« Je n'ai pas besoin qu'on me protège des Dursley. » cracha Harry. « Et je n'ai pas besoin de vos mensonges. C'est comme Masque. Vous l'avez abandonné. On n'adopte pas un chat pour l'abandonner. »

Severus ferma brièvement les yeux. Les choses auraient été bien plus simples s'ils étaient restés dans les années soixante-dix.

« Je ne l'ai pas abandonné, je te l'ai confié. » contra-t-il.

« Oh, et vous ne m'abandonnez pas, vous me confiez à Sirius, peut-être ? » se moqua Harry, avec beaucoup trop d'amertume pour un enfant de son âge.

« Précisément. » déclara-t-il. Ça eut le mérite d'attirer l'attention de l'adolescent. « S'il y a une seule chose dont je sois certain, c'est de la loyauté de Black envers ton père. Black fera tout pour te protéger, Harry, même s'opposer à Dumbledore. Tu seras en sécurité avec lui et, pour l'instant, c'est tout ce qui m'importe. »

« Comme si vous en aviez encore quelque chose à faire. » soupira Harry, en haussant les épaules. « Je sais que vous êtes occupé. Je peux comprendre que vous soyez occupé mais… »

Oui, il était occupé. C'était un euphémisme. Lorsqu'il n'était pas en train d'enseigner ou d'espionner, il corrigeait des copies, lorsqu'il en avait terminé avec ses copies, il faisait des recherches sur leur problème de loups-garous et quand il avait fini de tourner en rond sur le sujet des lycanthropes, il se penchait sur le problème des horcruxes. Et, à présent, il avait un espion à dénicher. Il avait de la chance s'il dormait une heure ci et là, sans parler de trouver le temps de grignoter. Si Minerva n'avait pas pris sur elle de le trainer dans la Grande Salle à heures fixes ou de lui faire apporter des plateaux de nourriture, il était certain qu'il serait déjà mort de faim.

« Être occupé n'est qu'un prétexte. » coupa-t-il. Harry se détourna finalement totalement de la fenêtre, apparemment surpris qu'il l'admette aussi ouvertement. Peut-être aurait-il dû être plus clair avec le gamin dès le début. Il avait tendance à sous-estimer le Gryffondor malgré le fait qu'il ait fait ses preuves maintes et maintes fois, c'était plus fort que lui, Severus voulait le protéger. « Mes boucliers ne sont plus ce qu'ils étaient, tu l'auras remarqué. »

Il lutta contre le besoin instinctif de dissimuler ses faiblesses. Ses boucliers mentaux étaient un pâle reflet de ceux qu'ils avaient été dans le passé. Ils étaient bancals et la fatigue n'aidait pas à les contrôler. S'il prenait l'envie à Dumbledore de passer outre, le vieux sorcier était parfaitement en mesure de les briser. S'il prenait l'envie au Seigneur des Ténèbres de les faire voler en éclat…

Severus était certain de ne pas parvenir à les reconstruire, cette fois-ci.

« Ce n'est pas un mal. » décréta le garçon.

La bouche de Severus tressauta mais son amusement disparut presque aussitôt. Certes, Harry n'avait jamais été un grand admirateur de ses dons d'Occlumens ou, tout du moins, de la manière dont il les utilisait mais les boucliers avaient leur utilité autre que de servir à compartimenter ses sentiments. Ces temps-ci, non seulement Severus avait tendance à se laisser commander par ses émotions mais il avait également du mal à les dissimuler, elles, ses pensées et ses souvenirs.

« Tu es trop proche de moi. » expliqua-t-il sobrement. « Ou, plutôt, je suis trop proche de toi. J'ai de plus en plus de mal à le cacher au Seigneur des Ténèbres. Mettre de la distance est un mal nécessaire. »

Un mal probablement bien inutile, également. Plus les jours passaient, plus Severus sentait l'étau se resserrer autour de sa gorge. C'était l'autre raison pour laquelle il lui semblait prudent de se détacher du garçon, une raison qu'il préférait passer sous silence : il estimait que sa survie se comptait en semaines, en mois s'il avait de la chance. Bientôt, très bientôt probablement, le Seigneur des Ténèbres perdrait patience et Severus en paierait le prix.

Il devait prendre ses dispositions en ce sens.

L'espion, Tonks et Minerva pouvaient s'en charger le cas échéant, mais Harry…

L'air revêche du garçon laissa place à une expression inquiète. « Vous ne devriez pas y retourner. »

« Je n'ai pas le choix et tu le sais. » contra Severus. « Nous en avons déjà discuté. »

« Mais… » protesta le Gryffondor, les sourcils froncés.

« Potter. » grinça-t-il.

L'adolescent se tut mais pas sans laisser entendre son mécontentement par un air boudeur.

« Si les choses étaient différentes… » continua Severus mais il laissa sa phrase en suspens. Il n'y avait jamais rien à gagner à explorer des 'et si' excepté des migraines et des regrets qui vous trouaient le cœur. « Fais un effort avec Black. »

L'ironie ne lui échappait pas.

Il supposait que le destin avait un curieux sens de l'humour.

« Vous m'avez promis de vous battre, vous vous rappelez ? » demanda le gamin, délaissant finalement sa fenêtre pour approcher. « Vous m'avez promis que si jamais… Si jamais… » Le Gryffondor secoua la tête. « Vous m'avez promis que vous feriez tout ce que vous pourriez pour rester en vie. Vous m'avez promis. »

« J'ai promis. » acquiesça-t-il.

« Je ferai un effort avec Sirius mais vous ne vous faites pas tuer. » lâcha le garçon.

Le compromis n'était pas bien heureux mais il l'accepta d'un hochement de tête. Il ne fut pas véritablement surpris lorsque Harry se jeta presque sur lui dans une de ces étreintes étouffantes dont il avait le secret. Severus ne s'en plaignit pas, au contraire. Le garçon lui manquait.

« Autre chose… » déclara-t-il. Il attrapa fermement les épaules du Gryffondor et le tint à bout de bras pour mieux le regarder en face. « Il s'est avéré évident que le Professeur Dumbledore a découvert par lui-même l'existence des Horcruxes, toutefois je n'ai pas jugé nécessaire de lui révéler ce que nous avions découvert à ton sujet. Harry, il est impératif que tu demeures sur tes gardes, comprends-tu ? »

Il ne voulait pas être plus explicite. Les protections qu'Harry avait posées valaient les siennes mais il y avait des choses, des douleurs, dont même la magie ne pouvait protéger.

« Halloween. » souffla le garçon. Sa voix était neutre mais Severus perçut la fêlure.

Il refusa de songer à ce qui s'était passé cette nuit là. Le souvenir de Dumbledore prêt à jeter un Avada, Harry qui se tenait là, sans bouger, acceptant son sort avec un détachement placide…

« Je ne pense pas qu'il s'en prendra à toi aussi directement. » nuança-t-il. « Pas tant qu'il n'est pas certain du sens précis de la prophétie. Quoi qu'il en soit… »

« Vigilance constante. » se moqua amèrement le garçon.

« Ce serait préférable, oui. » confirma-t-il. « Il serait également préférable que tes amis ne croisent pas le Directeur. »

« Ils ne sont pas au courant. » déclara le Gryffondor, en fuyant son regard. « Je ne sais pas pourquoi je ne leur ai pas dit. »

« C'est pour le mieux. » jugea-t-il, avant de répéter pensivement. « C'est pour le mieux… »

°°O°°O°°O°°O°°

« Il est de bon ton de se présenter au Directeur avant d'arpenter le domaine, Miss Tonks. » lança une voix dans son dos.

Tonks sursauta et heurta l'armure sur sa droite, elle en perdit sa hache qui heurta l'armure d'à côté déclenchant une réaction en chaine. En l'espace d'une poignée de secondes, le couloir si silencieux jusque là se perdit dans la cacophonie d'une dizaine de lourdes pièces de métal heurtant le sol.

Elle se retourna vers le vieux sorcier qui la dévisageait avec un amusement évident.

« Simple courtoisie, bien entendu. » énonça Dumbledore, en agitant négligemment sa baguette.

Les armures se remirent debout, ramassant les pièces égarées et retournant s'aligner nettement le long du mur. Elle ne savait pas pourquoi mais il y avait quelque chose dans la nonchalance affichée avec laquelle il avait jeté le sortilège qui lui fit froid dans le dos.

« Je suis simplement venu faire signer les papiers de tutelle à Malfoy. » lâcha-t-elle, légèrement sur la défensive.

Elle avait l'impression désagréable d'être prise en faute, comme si elle avait à nouveau quinze ans et qu'il était en droit de la réprimander.

« Naturellement. » commenta le Directeur, sans pour autant franchir les quelques mètres qui les séparaient. La distance mettait Tonks mal à l'aise. Aussi désert que le couloir soit, elle n'aimait pas l'idée de parler assez fort pour se faire entendre de tous.

« J'ai ouïe dire que vous avez fait transférer le Ministre à l'aube. » reprit Dumbledore devant son mutisme. « J'en ai été un tant soit peu surpris. Vous ne l'avez pas mentionné hier. »

« Ouïe dire. » répéta-t-elle, avec un rictus agacé. Elle se doutait bien que l'homme avait des taupes au Ministère mais tout de même. Elle avait sacrifié énormément d'heures de sommeil afin de s'assurer que le transfert soit gardé secret le plus longtemps possible.

La planque où ils gardaient le Ministre – presque contre sa volonté – n'était connue que de trois Aurors qu'elle avait trié sur le volet et de Percy Weasley. Il n'était pas dur d'identifier le mouchard.

« Ce genre d'informations pourrait être vital à l'Ordre, Miss Tonks… » remarqua le Professeur. « Je suis étonné que vous ayez choisi de nous les dissimuler. »

Les yeux bleus cherchaient les siens mais Tonks prit le plus grand soin de fixer une armure du regard.

« Je n'ai rien dissimulé du tout. J'ai pris une décision en toute connaissance de cause. » répliqua-t-elle. « La protection du Ministre concerne le Département des Aurors et il se trouve que, jusqu'à nouvel ordre, j'en suis responsable. Je ne vois pas en quoi cela concerne l'Ordre. »

« Je pensais avoir été clair. » La voix de Dumbledore était froide et presque tranchante.

Tonks fit de son mieux pour lui cacher le malaise croissant qu'elle éprouvait. Elle parvenait à peine à tenir tête à Bellatrix Lestrange et Severus Snape. Elle n'avait aucune chance contre Albus Dumbledore. L'envie de sortir sa baguette la démangeait mais elle savait, au plus profond d'elle-même, que cela aurait été une erreur.

« Clair ? » se moqua-t-elle pourtant, avec une bravoure de façade. « On ne peut pas dire qu'être clair soit votre spécialité, Professeur Dumbledore. »

Un sourire amusé joua sur les lèvres du vieil homme.

« Ma chère, vous découvrirez qu'avec l'âge, s'entourer de mystère devient votre meilleure arme. » déclara Dumbledore. « Toutefois, je ne peux m'empêcher de noter que pour la deuxième fois, je suis dans l'obligation de vous répéter que l'Ordre a précédence sur le Ministère. Si vous ne nous faites pas confiance, Miss Tonks, comment, nous, pourrions-nous croire en votre parole ? »

Fatiguée des faux-semblants, elle releva la tête, une lueur de défi dans le regard, et croisa les bras. « Vous m'accusez de quoi, précisément ? »

Le vieux sorcier balaya sa question d'un geste, sans se départir de son expression plaisante.

« Mais de rien, voyons. » nia-t-il. « Il s'agit tout au plus… d'une mise en garde. »

Mise en garde… C'est ça !, songea-t-elle. Ça ressemblait plus à une menace.

« Considérez moi mise en garde. » déclara-t-elle, dans un haussement d'épaules. « Et maintenant, si vous voulez bien m'excuser, j'ai rendez-vous avec le Professeur McGonagall. »

« À quel sujet ? » s'enquit-il, les sourcils levés trahissant un signe de surprise.

« Je veux mettre en place une protection autour de Poudlard. » soupira-t-elle. « Légère pour le moment. Un ou deux Aurors à Pré-au-Lard, peut-être. Je dois en discuter avec votre sous-directrice. Elle a dit qu'elle vous enverrait un mémo. Peut-être que vous devriez vous concentrer un peu plus sur votre travail et un peu moins sur le mien. »

La dernière phrase était probablement de trop, elle ne s'en rendit compte qu'un peu tard.

Néanmoins, au lieu d'en prendre ombrage, Dumbledore inclina la tête et s'éloigna sans autre commentaire.

Elle ne se sentit libre de respirer qu'une fois qu'il fut hors de vue.

Plus le temps passait et moins elle lui faisait confiance.

°°O°°O°°O°°O°°

Sirius fit pensivement tourner le whiskey dans son verre.

Se procurer une pensine s'était révélé compliqué et couteux mais il refusait d'emprunter celle de Dumbledore. De plus, comme Remus l'avait répété plusieurs fois, c'était sans doute un excellent investissement.

Bien sûr, il n'en avait pas fait l'acquisition pour se contenter de la dévisager en chien de faïence mais il semblait que ce soit tout ce qu'il soit bon à faire, ce soir là.

Remus s'était excusé un peu plus tôt, décidé à retrouver la trace de sa louve-garou, et, depuis, Sirius contemplait la pensine, un verre de whiskey dans la main droite et une cigarette qui se consumait lentement dans la gauche. La fiole que Snape lui avait confiée était vide, renversée sur la table juste à côté de la pensine en obsidienne. Le noir profond de l'artéfact ne faisait que renforcer la pâleur laiteuse des souvenirs qui y tourbillonnaient dans un chaos ordonné.

Il n'était pas certain de vouloir savoir ce qu'ils contenaient.

Il s'était trop habitué à ce genre d'entrée en scène pour sursauter lorsque deux mains se posèrent sur ses épaules. Il n'entendait jamais Nyssa se déplacer. Il y avait une raison pour laquelle la furtivité des vampires était devenue légendaire.

« J'ai une mission de reconnaissance près de la rive nord. » déclara la vampire. « Tu veux m'accompagner ? Nous n'avons pas chassé depuis un moment… »

« Fol'Œil est déjà pris ? » répliqua-t-il, plus amèrement qu'il ne l'aurait voulu.

Les doigts fins s'enfoncèrent brièvement dans ses épaules, comme par réflexe. Ils laisseraient des hématomes, elle était plus forte qu'il n'y paraissait. Elle aurait probablement pu lui arracher la tête si l'envie lui en avait pris.

« Ne soit pas comme ça. »

L'avertissement dans sa voix était clair et Sirius détourna la tête, heureux qu'elle se trouve dans son dos. Ça lui évitait de devoir lui mentir en face.

« Ce que tu fais et avec qui, ce sont tes oignons. » lâcha-t-il. « Je suis occupé ce soir. »

« Occupé à boire et à fumer tout seul dans ton coin ? » se moqua-t-elle gentiment. « C'est drôle… Avant que tu sois innocenté, tout ce à quoi tu pensais, c'était sortir d'ici, et maintenant… Tu restes enfermé toute la journée. C'est du gâchis. »

« Ouais… » Il laissa échapper un petit rire acerbe. « Tu veux que je te dise ? Fol'Œil et toi ? C'est pire que du gâchis. »

Les mains quittèrent ses épaules. Il ne l'entendit pas sortir mais quelques secondes plus tard la porte d'entrée claqua et le portrait de sa mère se mit à hurler insultes sur insultes.

« Kreattur, fais la taire ! » beugla-t-il.

Il ne savait pas où cet abruti d'elfe était encore passé, la créature avait tendance à se tenir loin de lui, mais une minute plus tard, le silence retomba sur la maison.

Il était seul à présent.

Il vida son verre d'un trait et écrasa la cigarette dans le cendrier.

Tout ce qui lui manquait était un brin de courage.

Ironique, songea-t-il, il était un Gryffondor. Du courage, il aurait dû en avoir à revendre.

Pourtant, lui semblait-il, il était bien plus facile d'être courageux lors d'une bataille que lorsqu'il s'agissait de faire face à soit même.

Il n'y avait pas plus cruel, après tout, que son propre reflet dans une glace.