Nightfall.

What a strange word.

"Night" I get.

But "fall" is a gentle word.

Autumn leaves fall, swirling with languid grace to carpet the earth with their dying blaze.

Tears fall, like liquid diamonds shimmering softly, before they melt away.

Night doesn't fall here.

It comes slamming down.

Karen Marie Moning – Faefever

La tombée de la nuit.

Quelle formule étrange.

« La nuit », je comprends.

Mais « tombée » est un mot doux.

Les feuilles tombent à l'automne, tourbillonnant avec une grâce paresseuse pour recouvrir le sol de leur éclat mourant.

Les larmes tombent, comme des diamants liquides qui scintillent doucement avant de s'évaporer.

La nuit ne tombe pas par ici.

Elle s'abat.

Karen Marie Moning - Faefever

Chapitre 23 : Nightfall

Le silence était total dans la chambre et pourtant l'écho de cris et d'explosions depuis longtemps éteints ne cessait de raisonner à ses oreilles. Tonks se recroquevilla un peu plus sur elle-même, contre la tête de lit, tirant machinalement sur le pull-over trop grand que Remus lui avait prêté.

La douche qu'elle avait prise plus tôt, pendant que Bill se faisait recoudre par Andromeda dans le salon et que Sirius et Remus s'occupaient de transporter le corps de Fol'Œil dans une des chambres de l'étage, n'avait pas suffi à la revigorer. Elle était débarrassée de la suie, des cendres et du sang qui l'avaient recouverte mais pas du reste. Elle avait pris les vêtements que le loup-garou lui avait tendu sans commenter, simplement parce que la perspective de faire un aller-retour chez elle lui semblait bien trop épuisante. Elle s'était réfugiée dans la chambre de Remus pour la même raison.

Et puis… Le Square Grimmaurd était le meilleur endroit où attendre des nouvelles.

Les pensées se bousculaient dans sa tête, les dernières heures tournaient en boucle, s'arrêtant régulièrement sur ce constat : Fol'Œil était mort.

Fol'Œil était mort.

Mort.

Mort.

Peu importait combien de fois elle se le répétait, cela sonnait toujours faux. Impossible. Elle avait vu son cadavre, elle l'avait touché, avait écarté Nyssa pour tâter sa gorge à la recherche d'un pouls… Elle savait qu'il était mort. Et pourtant cela lui paraissait toujours surréaliste.

L'idée que son mentor était étendu sur un lit, un étage au-dessus d'elle, mort, était surréaliste.

Elle ne cessait d'attendre que la porte s'ouvre et qu'il passe la tête dans l'embrasure pour mieux la rabrouer d'un gamine bourrue.

La porte s'ouvrit mais ce ne furent pas les larges épaules de Fol'Œil qui apparurent dans l'encadrement, juste Remus et la balafre sur sa joue qu'il n'avait pas pris le temps de faire soigner, une tasse fumante dans chaque main.

« J'ai fait du thé. » annonça-t-il inutilement. « Je pensais… »

Il laissa sa phrase en suspens sans qu'elle ne fasse l'effort de la terminer pour lui, d'atténuer la gêne palpable entre eux. Elle n'avait rien à faire là, elle le savait. Elle aurait dû rejoindre Kingsley au Ministère, faire son travail, et pourtant elle ne se décidait pas à bouger parce que Fol'Œil était mort et le reste ne semblait pas avoir autant d'importance.

Elle prit la tasse que Remus lui tendit par réflexe. La faïence brûlante lui meurtrit les paumes mais elle garda ses mains enroulées autour du mug quoi qu'il en soit.

« Des nouvelles ? » se força-t-elle à demander.

Remus pausa sa propre tasse sur la table de chevet et s'assit sur le lit avec hésitation. Lorsqu'elle ne protesta pas, il s'adossa lui aussi à la tête de lit et poussa un soupir.

« Non… » murmura-t-il. « Albus ne pense pas… Albus ne pense pas qu'il y ait d'espoir. »

Elle ferma les yeux et fit de son mieux pour ignorer la nausée qui lui retournait l'estomac. Fol'Œil était mort. La phrase était horrible et terrible et lui glaçait le sang. Mais à l'idée d'y rajouter un autre nom, à l'idée d'avoir à se répéter Severus est mort…

Elle avait envie de vomir.

« J'ai honte de la manière dont on l'a traité. » avoua Remus, en se frottant le visage. Il grimaça lorsque ses doigts touchèrent la plaie sur sa joue. « J'ai honte de… »

Elle aussi avait honte.

Honte d'avoir douté.

Honte d'avoir exposé ses doutes en public.

Honte d'avoir laisser sa colère et son chagrin l'aveugler.

Honte d'avoir entaché la totale confiance qu'il lui avait offert.

Honte de l'avoir trahi.

Honte de ne pas être allée au bout de cette trahison parce qu'alors…

« On aurait dû le désarmer. » l'interrompit-elle. Elle posa la tasse en équilibre sur ses genoux et appuya son front sur le rebord, laissant la vapeur lui brûler la peau. « Si on l'avait désarmé, il ne serait jamais parti. Dumbledore serait arrivé et… »

Et avec des si on refaisait le monde, se moqua une voix dans sa tête qui ressemblait à s'y méprendre à celle du Professeur.

Il était peut-être déjà mort à cet instant.

Ou bien le mage noir voudrait faire durer le plaisir.

Elle ne savait pas ce qui était le pire.

Elle s'accrochait à l'idée qu'il était peut-être encore en vie tout en se reprochant cet espoir qui était nécessairement synonyme d'agonie pour lui.

« Tu es sûr qu'on ne peut rien faire ? » insista-t-elle.

Ce n'était pas la première fois qu'elle posait la question. Elle l'avait posée quand Sirius était revenu dans le salon et avait exposé la situation. Elle l'avait posée quand elle s'était aventurée dans la cuisine pour trouver Dumbledore avachi sur une chaise, les yeux dans le vague. Elle l'avait posée quand sa mère était arrivée pour soigner les blessés et quand Pomfresh avait suivi un peu plus tard. Elle l'avait posée avant que Charlie ne la convainque de prendre une douche et dès qu'elle était sortie de la salle de bain. Elle l'avait posée lorsque Remus l'avait gentiment poussée dans sa chambre avec un ordre bien inutile de se reposer.

Elle n'avait cessé de la poser.

Elle revenait de manière incessante entre deux Fol'Œil était mort intrusifs.

Remus secoua tristement la tête.

« S'ils sont à Azkaban… La prison est imprenable. Pas sans un plan de bataille plus réfléchi, en tout cas. » expliqua-t-il patiemment pour ce qui devait être la centième fois. « Et s'ils sont ailleurs, il n'y aucun moyen de les trouver. » Il hésita une seconde avant de baisser les yeux sur la couverture aux couleurs fanées qui recouvrait le lit. « Je suis désolé, Dora. J'ai remarqué que vous étiez… amis. »

Il buta sur le dernier mot, comme s'il n'était pas certain qu'il soit approprié.

Tonks n'avait aucune intention de s'expliquer ou de se justifier.

Elle porta la tasse à sa bouche uniquement pour s'occuper et la retira vivement lorsque la faïence chaude pressa contre sa lèvre fendue. La moitié du thé se renversa sur le lit et le pullover sans qu'elle n'y prête attention. Avec un juron à moitié marmonné, elle posa la tasse sur l'autre table de nuit et tâtonna à la recherche de sa baguette qu'elle avait jetée sur le traversin avant de s'y installer.

« Laisse-moi faire… » hésita-t-il, frôlant son menton du bout des doigts, sa propre baguette déjà dans sa main.

Elle était trop fatiguée pour protester. Ses doigts glissèrent plus fermement sur sa joue, agrippant sa mâchoire presque avec tendresse, et il approcha sa baguette de son visage. Il murmura la formule et elle s'humecta immédiatement les lèvres pour vérifier que la plaie était refermée.

Il ne retira pas sa main. Son pouce allait et venait lentement sur sa joue, il la regardait avec des yeux doux et affectueux qui étaient bien loin de la folie qui y brillaient ces derniers temps… Lorsqu'il approcha, elle ne fit rien pour le repousser.

Fol'Œil était mort.

Severus était perdu.

Elle répondit à son baiser avec abandon, souhaitant cesser de penser ne serait-ce qu'une seconde. Il lui fallut plusieurs minutes et plusieurs baisers pour se rendre compte que quelque chose clochait. Embrasser Remus avait toujours été comparable à un raz-de-marée, cela la laissait toujours tremblante et désespérée d'en avoir plus… Plus rien n'existait que lui, elle, eux… Le monde aurait pu cesser de tourner sans qu'elle ne le remarque ou ne s'en préoccupe.

Elle ne ressentait rien de tout cela.

Les lèvres de Remus était chaudes et souples comme à l'accoutumée. Il embrassait bien.

Et elle ne ressentait rien.

Lorsque sa main s'aventura sous son pull, elle agrippa son poignet et tourna la tête, se mordillant la lèvre inférieure, gênée.

« Remus… » grimaça-t-elle, alors qu'il la lâchait et reculait. « Je suis désolée mais… »

« Ça n'a rien à voir avec tout ce qui se passe, n'est-ce pas ? » demanda-t-il – et elle était , à nouveau, celle lueur sauvage dans son regard.

Le loup.

Sans qu'elle en ait conscience, ses doigts se remirent à tâtonner autour d'elle jusqu'à se refermer sur le bois lisse de sa baguette. Elle en fut rassurée. Ce n'était pas tant qu'elle avait peur de Remus mais parfois…

Parfois il lui semblait qu'il était plus loup qu'humain dorénavant.

Parfois ses cheveux se hérissaient à l'arrière de sa nuque comme pour mieux la prévenir d'un danger latent.

« Non. » répondit-elle sincèrement.

« Est-ce que ça a un rapport avec Severus ? » s'enquit-il froidement.

Que faisait-elle là ?

La question la cueillit comme un coup de poing au creux de l'estomac.

État de choc ou non, pourquoi avait-elle laissé Remus la consoler ? En souvenir d'un temps définitivement révolu ou ses bras auraient été le meilleur refuge contre un monde trop cruel ? D'un temps où tout avait été sinon plus simple tout du moins plus facile ?

Que faisait-elle là ?

Elle bondit du lit aussi prestement que son corps courbaturé le lui autorisa, baguette fermement serrée dans sa main.

« Ce ne sont pas tes affaires. » siffla-t-elle.

Severus

Combien de fois et de combien de manières différentes pouvait-on trahir un homme dans la même journée ?

« Un peu tout de même. » gronda-t-il. « Si tu… »

« Toi et moi, c'est terminé, Remus. » cingla-t-elle. « Ce que je fais et avec qui ne te regarde pas. »

Elle sortit de la chambre en trombe, prête à se battre s'il lui prenait l'envie de lui attraper le bras alors qu'elle passait près de lui, mais il ne tenta rien. Il la laissa partir et elle ne ralentit l'allure qu'une fois en bas de l'escalier, le cœur battant à cent à l'heure.

Les marmonnements familiers de l'elfe de maison qui trafiquait elle ne savait quoi dans un placard plus loin dans le couloir la convainquirent de ne pas s'attarder. Elle se réfugia dans la cuisine, peu surprise d'y trouver Charlie et Anthony.

Elle se jeta dans les bras de son meilleur ami sans y réfléchir à deux fois et pressa son visage contre son épaule, luttant pour ne pas éclater une nouvelle fois en sanglots.

Charlie l'enlaça immédiatement, murmurant une litanie de paroles réconfortantes qui sonnaient creux.

°O°O°O°O°

« Cesse de bouger, veux-tu ? » grommela Andromeda.

Assis sur son lit, le regard rivé sur les posters moldus délavés par l'humidité qui, pour la plupart, pendaient des murs malgré le sort de glue éternelle, Sirius aurait volontiers demandé comment il était censé bouger lorsqu'elle emprisonnait son menton dans une poigne ferme. Il préféra ravaler des paroles qui, il le savait, auraient été peu aimables.

Andy n'y était pour rien après tout.

Sa baguette traçait des courbes gracieuses dans les airs à mesure qu'elle inclinait davantage sa tête sur le côté afin d'avoir un meilleur accès. Il était toujours sourd d'une oreille et il en venait à se demander si c'était un tel drame.

Il y avait des choses qu'il aurait préférées ne pas entendre.

Il tapait inlassablement du pied depuis qu'Andromeda l'avait forcé à s'asseoir en dépit de ses regards courroucés. Il brûlait de tenter une sortie héroïque, de rejoindre Azkaban quand bien même cela était impossible de l'avis général. Une attaque groupée se serait effectivement probablement soldée par un échec. Mais il s'était évadé de la prison, lui… Et s'il s'était enfuiEntrer ne pouvait pas être bien plus compliqué ?

Certes, il avait bien failli mourir noyé une dizaine de fois durant cette échappée belle. Détails. Détails.

Tout pour ne pas avoir à annoncer à Harry que…

« Voilà. » décréta Andy alors que son oreille se débouchait brusquement dans un plop douloureux. Cela ne satisfit pas sa cousine qui le força à redresser la tête avant de lui coller un lumos à quelques millimètres des yeux.

Il écarta instinctivement la baguette d'une main, battant des cils, momentanément aveuglé.

« Je n'arrive pas à croire… » commença Andromeda uniquement pour s'interrompre. « Alastor. C'est… » Sirius détacha gentiment les doigts de sa cousine de sa mâchoire, son regard gris rivé aux moutons de poussière sous la commode. Elle ne parut pas s'apercevoir de son inattention. « Il a toujours été si prévenant avec Nymphadora… Enfin, prévenant n'est peut-être pas le bon terme mais… Il l'a prise sous son aile. Il a dîné si souvent à la maison… Et elle l'aimait tellement… C'était un second père pour elle. Je ne suis pas sûre… »

« Peut-être que tu devrais être là un peu plus souvent, non ? » cracha-t-il avec un léger ressentiment. « Tu as disparu, ces dernières semaines. »

Andy baissa immédiatement les yeux, comme prise en faute, les joues empourprées. « Ce n'est pas si simple, Sirius. »

« Non ? » ricana-t-il. « Ça me parait simple à moi. Tu t'es barricadée derrière un Fidelitas avec ton mari et tu attends que ça passe. Pendant ce temps, ta fille perd ses pouvoirs, traverse une période… »

« Dumbledore… » tenta-t-elle de l'interrompre avec une pointe de colère.

« Dumbledore t'a demandé de cacher quelque chose ou quelqu'un, oui, merci, je ne suis pas complètement stupide. J'ai déjà vécu une guerre. » gronda-t-il. « Et alors ? Ça passe avant ta famille ? » Il se leva, lui jetant un regard agacé. « Quoique, c'est ton truc, non ? Tu fuis et tu nous abandonnes sans un regard en arrière. Bel instinct de conservation. Tes parents seraient fiers. »

Il vit la gifle arriver et l'esquiva sans mal, éclatant d'un rire moqueur.

« Tu n'as aucun droit de me juger, Sirius. » lâcha-t-elle.

Il ne prit même pas la peine de répondre.

Il quitta la pièce.

Un murmure de conversations s'élevait du rez-de-chaussée, il préféra s'aventurer dans les étages avec la vague idée de rendre visite à Buck.

Ses pas le guidèrent naturellement vers la chambre vide où ils avaient déposé le corps de Fol'Œil.

Il y aurait des funérailles le lendemain ou le surlendemain, il fallait attendre que la situation se décante. Le Ministère était verrouillé, seuls les employés les plus haut gradés et les Aurors avaient permission de circuler. Les commerces et autres entreprises importantes demeureraient fermés pour l'instant pour des raisons de sécurité. Poudlard était plus sûr que jamais. Excepté les Professeurs, personne ne pouvait quitter ou pénétrer sur le domaine sans l'accord préalable du Directeur. Organiser des funérailles dans ces conditions s'avérait compliqué.

Il tâcha de ne pas songer au fait qu'il faudrait probablement en organiser deux.

Encore que… Voldemort ne leur ferait pas le plaisir de leur rendre le corps. Sirius vivait dans l'angoisse d'une armée d'Inféris se levant de terre – une pratique dont le mage noir avait raffolé durant les Années de Terreur – et l'idée que le cadavre de Snape irait gonfler ses rangs n'était pas réjouissante.

Il lui faudrait aller à Poudlard à la première heure… Il avait déjà averti Dumbledore.

Comment allait-il annoncer à Harry…

La mort avait surpris Fol'Œil et ses traits demeuraient crispés dans l'éternité. Quelqu'un lui avait fermé la paupière. Son œil magique pendait mollement vers l'intérieur de son crâne.

Il hésita sur le seuil.

Ils n'avaient jamais été amis. Alliés, parfois, mais amis… Et cela ne s'était pas arrangé ces derniers temps. Il éprouvait du respect pour l'Auror, pourtant. Alastor Maugrey avait déjà été une légende bien avant que Sirius ne termine Poudlard, bien avant qu'il ne devienne Fol'Œil.

Il ne sentit la présence dans son dos que lorsqu'elle fut suffisamment proche pour le frôler alors qu'elle s'adossait au chambranle de la porte. Le chagrin était évident sur le visage de Nyssa, le chagrin et le regret…

« Je peux te trouver une chaise si tu veux le veiller. » proposa-t-il, mal à l'aise.

Sirius avait un problème avec les cadavres. C'était certainement une peur idiote mais cela l'effrayait. Être mis face à face avec la mort sans possibilité de la nier ou de la fuir était plus qu'il ne pouvait en supporter. Surtout après James et Lily.

« Nous savons tous les deux qu'il n'aurait pas voulu de moi à son chevet. » lâcha-t-elle, sans hostilité ou colère. Sa voix, en vérité, était vide de toute émotion. Elle cilla avec tant de lassitude que ses paupières paraissaient peser une tonne chacune. « Ça n'a pas toujours été comme ça. On a été heureux à une époque. Oui… On a été heureux… »

Sirius hocha la tête parce qu'il ne savait trop quoi faire d'autre. Tout ce qu'il aurait pu dire aurait sonné faux, tout geste qu'il aurait pu faire aurait été déplacé.

Elle tendit la main vers sa joue et il maîtrisa un sursaut de surprise lorsqu'elle retraça du bout des doigts une des griffures qu'elle avait laissées sur sa peau un peu plus tôt.

« Je ne voulais pas te blesser. » offrit-elle à regret. « Mais ne te mets plus jamais entre un vampire et sa proie. »

« Snape n'est pas ta proie. » contra-t-il. « Ce n'est pas sa faute. »

Elle le fixa longuement du regard, avec tant de force qu'il dressa instinctivement les boucliers mentaux laborieux que Snape l'avait encouragé à développer. Il n'y eut aucune tentative d'intrusion cependant, juste une attention pleine et totale.

« Si tu le pense, je te fais confiance. » décréta-t-elle finalement. « Mais, crois-moi, quelqu'un va payer pour ce qui s'est passé ce soir. Quand j'aurais trouvé le coupable… Je n'aurais pas de pitié. »

Elle ne dit rien d'autre. Elle resta adossée au cadre de la porte, à observer le corps d'un homme qu'elle avait aimé plus que tout autre.

°O°O°O°O°

Son bureau lui avait rarement paru aussi glacial.

Le feu ronflait dans l'âtre sans qu'Albus n'en perçoive la chaleur. Son regard était rivé sur le plateau d'échecs devant lui, sur les pièces endormies disposées à divers endroits stratégiques, analysant machinalement la partie qu'ils n'avaient jamais eu le temps de terminer les jours passés, sans parvenir à retenir grand-chose de ses conclusions.

La douleur était sourde. Cruelle. Elle le rongeait de l'intérieur, prenant naissance dans son ventre, explosant dans sa poitrine et pulsant à l'arrière de son crâne.

Ta faute, murmurait-elle, ta faute.

Il renversa violemment l'échiquier d'un revers de bras, trouvant une certaine satisfaction au bruit des pièces heurtant le mur et roulant sur le sol en une pluie de marbre. La satisfaction fut de courte durée. Le bruit de détresse lui parvint de l'autre côté du bureau et il s'en sentit doublement coupable.

Triplement, peut-être.

Il aurait dû retourner au Ministère. Insister pour que Scrimgeour accepte son aide. Il aurait dû s'assurer que rien de stupide ne serait tenté.

Cela avait été son plan initial, le détour par Poudlard une simple mesure de précaution. Vérifier les protections, les renforcer… Il n'avait pas prévu de trouver Minerva installée derrière son bureau à terminer de la paperasse, pas si tard dans la nuit. Il avait espéré que la confrontation inévitable attendrait l'aube.

Il s'était laissé tomber sans trop de grâce dans le fauteuil d'habitude réservé aux visiteurs et elle avait compris, sans qu'il ait à le dire, que le pire était survenu.

Qui, avait-elle demandé, la voix tremblante.

Elle avait fermé les yeux lorsque le prénom d'Alastor avait franchi ses lèvres.

Elle avait couvert son visage de ses mains lorsqu'il avait expliqué la situation de Severus.

Avait-elle pleuré ? Peut-être. Probablement.

Les minutes qui avaient suivi les explications étaient floues. La fatigue, l'inquiétude et le chagrin trop puissants pour être simplement repoussés ou occludés. Il se rappelait avoir ordonné à un elfe de leur apporter du thé. Il se rappelait avoir lui-même versé le liquide fumant dans les tasses avec des mains tremblantes. Il se rappelait avoir tendu la main et la bouteille de cognac qui s'était envolée de l'étagère du fond, faisant tomber au passage les deux livres qui la dissimulaient, avait flotté jusque entre ses doigts…

Ensuite…

Ensuite il y avait eu le silence.

Et le froid.

Le froid le glaçait jusqu'aux os.

Le froid venait de l'intérieur.

« Je n'ai jamais rien souhaité de tout cela. » murmura-t-il, ses yeux bleus rivés sur le cavalier brisé qui gisait non loin de là. « Jamais. »

Minerva ne répondit pas.

Il risqua un coup d'œil mais sa tête était tournée, les flammes jetant des ombres changeantes sur son visage, et elle garda les lèvres pincées. Ses traits étaient tirés, le chagrin rentré mais évident pour qui la connaissait.

« Il savait qu'il serait sacrifié sur l'autel de vos manigances. » cingla-t-elle froidement. « Il savait. »

« Je n'ai jamais songé qu'il puisse décider de repartir. » se défendit-il. « La situation était telle… Severus n'a jamais pris de risques inconsidérés. Je pensais qu'il attendrait mon arrivée. Je pensais… »

« Avez-vous pris le temps de discuter avec lui récemment ? » rétorqua-t-elle. « Il n'y a rien qu'il ne ferait s'il pensait, ne serait-ce qu'une seconde, que c'est dans l'intérêt d'Harry Potter. Et au point où nous en sommes, la moindre bribe d'information est dans l'intérêt d'Harry Potter. Bien entendu qu'il est reparti, Albus. Bien entendu. Il n'est plus l'homme qu'il était. Plus tout à fait. »

Albus se frotta le visage avec lassitude et porta à ses lèvres la tasse de thé froide.

Elle avait raison naturellement.

Ta faute, siffla sa conscience.

Elle aussi avait raison.

°°O°°O°°O°°O°°

Remus était en colère.

Il dévala les escaliers après être resté prostré dans sa chambre pendant une bonne demi-heure à tenter de retrouver le contrôle de ses émotions volatiles.

Il était en colère contre lui-même, d'abord, pour avoir laissé la situation avec Dora déraper autant alors que ce n'était clairement pas le moment.

Il était en colère contre Dora à cause de son refus de comprendre que les choses avaient changé et qu'ils pouvaient maintenant essayer de construire la véritable relation qu'elle avait désirée pendant des mois.

Il était en colère contre Fol'Œil de s'être fait tuer.

Il était en colère contre Rookwood d'avoir lancé ce sort de mort.

Il était en colère contre Albus qui aurait dû savoir que la mission serait vouée à l'échec ou, tout du moins, arriver plus tôt sur les lieux et empêcher le massacre. À quoi donc servait Albus Dumbledore s'il ne sauvait pas les innocents ?

Il était en colère contre Severus parce que l'homme fricotait avec Dora et, surtout, parce qu'il avait été assez stupide pour s'embarquer dans une mission suicide alors qu'ils n'avaient pas besoin de davantage de martyrs. Il ne souhaitait pas la mort de Severus. Il ne souhaitait la mort de personne.

Il était en colère contre Lunard qui ne cessait de s'agiter en lui, inquiet pour sa meute.

Il était en colère contre le reste du monde.

Le salon s'était vidé pendant son absence. Pomfresh était retournée à Poudlard, Andromeda était rentrée chez elle, Anthony et Charlie avaient rejoint le Terrier… Tonks avait prévu de repasser par chez elle avant de se présenter au Ministère. Restait Bill qui, allongé sur le canapé, tentait tant bien que mal de dormir et de récupérer de la blessure sur son flan. Et Fleur, perchée sur l'accoudoir, qui couva son petit-ami – ou ex petit-ami, Remus avait du mal à suivre – du regard tout le temps qu'elle renseigna le loup-garou.

Remus ne s'attarda pas.

Il trouva Sirius et Nyssa dans la cuisine.

La vampire était de sale humeur, il le sentit tout de suite. Ils étaient assis de part et d'autre de la table de la cuisine, une bouteille de Whiskey Pur-Feu stratégiquement disposée entre eux, un verre plein à rebord à la main. La cigarette que son meilleur ami venait d'écraser contre le bois massif de la table fumait encore.

Sans un mot, Remus attrapa un verre propre sur l'étendoir à vaisselle, s'assit à côté de Nyssa et attrapa la bouteille d'alcool.

Le toast silencieux qu'il porta était tout aussi ironique que celui que Sirius lui rendit.

°°O°°O°°O°°O°°

L'embrun lui colla au visage avant même qu'il termine son transplanage.

Il n'avait pas eu conscience de la destination avant de partir, ce n'était pas ainsi que cela fonctionnait. La Marque brûlait et la Marque servait de guide au transplanage, l'équivalent magique du rembobinage automatique des laisses que les moldus passaient autour du cou de leurs chiens.

La vue lui glaça les os.

Ou peut-être était-ce la légion de Détraqueurs qui flottait dans les airs tout autour de l'énorme bâtiment gris qui se détachait à peine sur le ciel d'un noir d'encre. À quelques mètres, la mer venait lécher le rivage par vagues colériques comme pour mieux avaler l'abomination qu'était cet endroit.

Azkaban.

Il y aurait terminé sa vie si Albus Dumbledore n'avait jugé qu'il serait plus utile ailleurs.

L'île était nue mise à part le bâtiment corrodé par l'air marin et le cimetière qui s'étendait sur son côté droit, à perte de vue. Des croix grossièrement taillées dans des planches de bois pourries marquaient les sépultures sans ordre, ni soucis d'esthétique. Elles étaient là davantage pour ne pas qu'un corps soit enterré au même endroit qu'un autre que pour offrir une véritable tombe. Aucun nom ne figurait sur les planches. L'anonymat dans l'éternité attendait la plupart des prisonniers d'Azkaban, ceux dont la famille n'était pas assez riche pour s'assurer le rapatriement discret du défunt.

Il fit deux pas vers la forteresse et serra les dents, immédiatement pris à la gorge par le désespoir que les Détraqueurs exsudaient par vagues. Il avait été plus facile de les combattre à une époque. Lorsque ses boucliers avaient été plus puissants, lorsqu'il lui avait été plus aisé de compartimenter ses émotions, lorsque les ténèbres avaient été plus alléchantes, lorsqu'il n'avait pas eu tant à perdre…

Il aurait été plus simple de céder à la panique qui cherchait désespérément à naître au creux de son ventre, de rebrousser chemin et de trouver un moyen de quitter l'île avant que son arrivée ne soit remarquée. On ne s'enfuyait pas d'Azkaban par transplanage. Il lui faudrait un bateau ou un balai. Un portoloin, en dernier recours, mais créer un portoloin prenait du temps et le temps était un luxe qu'il ne possédait pas.

Fuir aurait été admettre sa culpabilité, cependant, et il n'avait aucun doute qu'on le rattraperait avant qu'il aille bien loin.

Non…

Il n'avait d'autre choix que d'avancer, de tenter de convaincre le Seigneur des Ténèbres que si traitre il y avait, ce n'était pas lui et, surtout, de survivre.

Il prit une profonde inspiration et s'octroya une seconde afin de s'assurer que ses boucliers étaient en place avant de se remettre à marcher vers la forteresse.

Toi qui entre ici, abandonne toute espérance, songea-t-il, non sans ironie, en passant la haute arche de pierre.

Il y avait deux corps dans le hall d'entrée, deux hommes aux yeux grands ouverts qui fixaient un plafond qu'ils ne verraient jamais plus. Les gardes, supposait-il. Azkaban était gardée par les Détraqueurs – et le Magenmagot allait se mordre les doigts de ne pas avoir écouté Albus – mais il fallait bien des humains pour nourrir les prisonniers et les enterrer le cas échéant.

Deux Mangemorts masqués vinrent à sa rencontre alors qu'il hésitait sur le chemin à prendre. Le masque… Le sien était perdu quelque part dans les décombres d'une maison calcinée. À la hâte avec laquelle un des Mangemorts attrapa son bras – une nouvelle recrue, décida-t-il, jeune et probablement un ancien élève – il douta que cela fasse une différence. Il se dégagea d'une secousse ferme, jetant un regard dédaigneux à la baguette de cèdre que le jeune homme pointa immédiatement sur lui.

« Je ne pensais pas que tu serais suffisamment stupide pour revenir. » commenta froidement Lucius, en tendant la main. « Ta baguette. »

Severus envisagea une seconde de les affronter. Le plus jeune ne poserait aucune difficulté. Lucius, par contre… Il savait pouvoir l'emporter mais probablement pas suffisamment rapidement pour s'échapper avant que le duel n'attire des renforts. Se battre à présent serait un aveu de culpabilité.

Il gardait toujours un mince espoir de parvenir à retourner la situation.

Sans un mot, il confia sa baguette à Lucius. Les yeux gris de l'homme dérivèrent vers ses bottes avant de rencontrer les siens. Severus n'offrit pas la dague dissimulée contre sa cheville et Lucius, bien qu'en soupçonnant visiblement la présence, ne la lui demanda pas. Le Sang-Pur rangea sa baguette dans la poche extérieure de ses amples robes de Mangemorts et lui indiqua, d'un geste sec du menton, d'avancer.

La forteresse était remplie de Mangemorts qui vaquaient à leurs occupations, apparemment peu affectés par la présence oppressante des Détraqueurs. Pour Severus, elle se faisait de plus en plus écrasante à chaque nouveau pas.

Le Seigneur des Ténèbres avait installé son trône dans une grande pièce au haut plafond, située au dernier étage, qui avait sans doute été destinée à être un réfectoire avant que Ministère ne décide qu'autoriser les prisonniers à quitter leur cellule et les superviser demanderait trop de travail.

Sans être pleine à craquer, bon nombre de Mangemorts se tenaient là, formant une masse grouillante de robes noires et de masques d'ivoire. Un silence de mort accompagna leur avancée jusqu'au trône où siégeait le mage noir. Bellatrix était assise sur les marches qui menaient au trône, la tête appuyée contre l'accoudoir à l'aspect inconfortable, ses vêtement tâchés de sang, visiblement toujours sonnée par la bataille.

Severus en éprouva une certaine mesure de satisfaction.

« Maî… » tenta-t-il mais le silencio se noua autour de sa gorge avant qu'il n'ait pu former le mot.

Lucius le força à s'agenouiller d'un coup de canne traitre dans la jambe. Il n'osa pas lui jeter de regard noir, pas avec les yeux rouges rivés sur lui.

« Tu m'as trahi, Severus… » accusa le Seigneur des Ténèbres de sa voix sifflante. « Nous avons suffisamment de preuves de ta duplicité pour nous épargner ta comédie… Aussi distrayante soit-elle. On ne trompe pas Lord Voldemort. »

Il avait trompé Lord Voldemort pendant de très nombreuses années, aurait-il volontiers répliqué.

« Ta traîtrise ne demeura pas plus longtemps impunie. » continua le mage noir. « Tu meurs cette nuit. »

Un frisson descendit le long de sa colonne. Il pensa à nier et supplier, deux choses que le Seigneur des Ténèbres appréciait, et rejeta cette option. Il avait pensé les chances minces, il était évident désormais qu'il n'y en avait aucune.

Il se redressa, refusant plus longtemps de courber l'échine devant ce monstre.

Si possible, ce dérisoire geste de défi parut amuser le mage noir davantage encore. Il agita la main du haut de son trône et le silencio se relâcha autour de ses cordes vocales. Severus en déduisit que sa mort serait lente. Une mort lente se savourait chez les Mangemorts, il n'y avait que peu d'intérêt si le supplicié ne hurlait pas d'abord.

« Tu meurs… » répéta le Seigneur des Ténèbres. « Et pour quoi ? Pour Dumbledore ? Fou que tu es de croire que ce vieillard peut m'arrêter. »

« Je ne meurs pas pour Dumbledore. » cracha-t-il, sans regret.

L'amusement du mage noir grandit encore tandis que dans son dos, les Mangemorts s'agitaient, avide du spectacle qui ne manquerait pas de suivre.

« Non ? » se moqua son Maître. « Et pour qui dans ce cas ? »

Il humecta ses lèvres sèches, ses yeux noirs fouillant la pièce à la recherche d'une issue, d'une solution. Il n'y en avait aucune. Azkaban méritait sa réputation.

« Harry Potter. » déclara-t-il fermement. Noblement. Encore que la noblesse soit une piètre consolation dans sa situation actuelle. Il songea aux derniers mots qu'Harry lui avait adressés et espéra qu'un jour le garçon comprendrait et lui pardonnerait. Lorsque la mort était inévitable, penser que l'on se sacrifiait pour quelqu'un ou quelque chose était une consolation. Une mince consolation, certainement, mais une consolation tout de même.

Ce qu'Harry avait fait pour lui, ce qu'Harry lui avait apporté, personne d'autre ne l'avait fait avant, pas même Lily. Le côtoyer avait été un privilège, il ne l'avait compris que trop tard. Les années perdues dans une hostilité mal placée étaient un regret qu'il emporterait de l'autre côté du voile.

Le mage noir éclata d'un rire serpentin et sifflant qui fit redresser la tête au serpent qui dormait lové dans un coin.

« Un enfant. » railla le Seigneur des Ténèbres. « Tu meurs pour un enfant. »

Mon enfant, songea-t-il jalousement.

Il tint sa langue.

Il tint sa langue et la mordit lorsque le premier endoloris le heurta.

Il la mordit jusqu'à ce que la douleur ne le submerge et que le hurlement ne s'arrache à ses poumons pour lui brûler la gorge.

Il hurla et hurla.

Il hurla et hurla encore.

La douleur envahissait tout, recouvrait tout.

Il ne savait pas qui était responsable de la torture, qui tenait la baguette, qui infligeait tant de souffrance… Les endoloris laissaient parfois la place à d'autres sorts plus créatifs. Il saignait. Il n'aurait su dire où ou même quelle était la nature des plaies mais il sentait le sang poisseux qui ruisselait, collait ses vêtements à sa peau… Son goût de fer lui emplissait la bouche.

Son corps ne cessait de convulser même entre deux maléfices, de petites secousses nerveuses qui refusaient de s'arrêter.

Un cauchemar perpétuel.

Combien de temps avant que les effets de l'endoloris n'atteignent son cerveau ? Combien de temps avant qu'il ne se transforme en légume et qu'ils se lassent de s'acharner sur une coquille vide ?

Ses yeux voyaient sans voir.

Son esprit s'égarait.

Le coffre, murmurait une voix à l'arrière de son crâne. Ultime recours de l'Occlumens, une poche si profondément enfouie au fin fond d'un esprit que rien ne pouvait l'atteindre. Un repli. Un refuge. Le coffre d'Harry était le placard sous l'escalier… Le sien…

Le sien était trop loin.

Il était trop faible, trop fatigué.

Ou peut-être était-ce les premiers signes de dégénérescence neurologique qui se manifestaient.

Lucius s'avança et retira son masque, l'observant patiemment à la lumière changeante des torches comme pour mieux décider quel sort utiliser.

Severus respirait à grosses bouffées, ses yeux noirs rivés aux yeux gris d'un homme qu'il avait autrefois appelé un ami. C'était avant, bien sûr. Avant qu'il sache ce qu'un ami était véritablement. Avant qu'allié et ami prennent deux sens différents.

Il pensa à son double dans cet univers alternatif et espéra qu'il avait su se construire un meilleur futur, un futur où Lily était toujours là pour le protéger des ténèbres qui avaient toujours cherché à recouvrir sa vie quoi qu'il arrive.

Lucius prit suffisamment son temps pour que les spasmes s'espacent. Severus décida que c'était là une manière de s'assurer que la douleur soit plus vive, qu'il en sente pleinement la morsure…

Lorsque le Sang-Pur se tourna vers le trône pour demander ce qu'il plairait au Seigneur des Ténèbres de voir, Severus aperçut la hampe de sa propre baguette qui dépassait de sa poche.

C'était presque une invitation.

C'était aussi sa seule chance.

Il serra brièvement le poing. Ses muscles répondaient encore mais ses nerfs étaient en feu et il ne garderait pas bien longtemps le contrôle de son corps.

Il déglutit péniblement, avalant plus de sang que de salive, et dans un hurlement de douleur, décocha un coup de pied à Lucius.

Ce fut l'adrénaline pure qui lui permit de se jeter sur le Sang-Pur qui ne se défendit pas suffisamment vite pour l'empêcher de se saisir de sa baguette.

L'adrénaline et Harry.

Il avait promit de se battre.

Il avait promit d'essayer.

A la seconde où ses doigts se refermèrent sur le bois familier de sa baguette, il dressa un bouclier. Ce n'était même pas un sortilège informulé, à peine un vœu pieu. Sa magie prit le relai, l'entourant d'une aura bleutée sur laquelle vinrent s'écraser une vingtaine de sortilèges.

Déjà, le Seigneur des Ténèbres se levait, baguette pointée droit sur lui.

Il ne mourrait pas couché dans la poussière, égorgé comme un porc. Il ne mourrait pas comme le cavalier sacrifié d'Albus Dumbledore. Il ne mourrait pas comme un pion.

S'il devait mourir, il mourrait en homme libre.

Et il en emmènerait autant qu'il pourrait avec lui.

Son regard accrocha les voutes de pierre qui formaient le plafond alors que le mage noir avait déjà prononcé deux des syllabes mortelles.

Il projeta toute sa magie dans son sortilège.

Le plafond s'effondra, d'énormes blocs de pierre tombèrent sur eux en une pluie mortelle. Le bouclier revint automatiquement se dresser autour de lui sans que Severus ne puisse faire autre chose que d'écouter les cris des Mangemorts qui n'avaient pas eu la présence d'esprit d'en faire de même.

Son regard se perdit dans la voute céleste où ne brillait aucune étoile.

Voilà qui était d'à propos.

Une nuit noire.

Une nuit noire qui menaçait d'engloutir son esprit.

Nuit.

Nox.