Lit up by the white moon
We'll outrun the awaking dawn
Something In The Shadows – Amy Stroup
À la lumière de la lune pâle
Nous échapperons à l'aube qui se lève
Something In The Shadows – Amy Stroup
Chapitre 30 : White Moon
La cuisine du Square Grimmaurd était loin d'être silencieuse mais pourtant personne ne parlait. Remus termina d'empocher les potions qu'il désirait emporter, vérifiant pour la quatrième fois que les fioles étaient incassables. Si bataille il y avait, il refusait de se voir pris de cours une nouvelle fois.
Autour de lui, les autres s'afféraient. Charlie avait délassé ses lourdes bottes en cuir de dragon et était occupé à renouer correctement les lacets pour ne pas être gêné. Anthony, qui était parti en quête de capes de laine un peu plus épaisses, venait de les poser sur le dos d'une chaise et avait volé une part de tourte dans le plat posé au centre de la table pour qui avait faim. Nyssa étudiait l'assortiment de dagues et autres objets tranchants à sa disposition et s'équipait dans son coin.
La porte d'entrée grinça et Remus releva immédiatement la tête, trop conscient qu'un éclat sauvage troubla un instant son regard. Le loup en lui était aux aguets, déjà impatient de voir le soleil se coucher – peut-être aussi impatient que Nyssandra. Il aurait, cependant, reconnu entre mille la cadence des pas qui se dirigeaient vers la cuisine.
Tonks débarqua avec un grand sourire qui se figea sur ses lèvres.
Malgré lui, Remus fronça le nez. Il n'y avait plus de trace de suie sur elle mais elle empestait la fumée âcre d'un incendie et, plus subtile, l'odeur désagréable de chair carbonisée flottait autour d'elle, recouvrant son parfum familier. En lui, le loup s'agita.
Lunard était difficile à contrôler depuis la dernière pleine lune. Être forcé de rester à nouveau prisonnier après avoir goûté à la potion Révèle-Loup… Il s'efforça de ravaler sa rancœur et de ne pas penser à l'égoïsme de Severus. Il n'avait pas désiré la potion que pour lui-même. Il avait été si impatient de la faire goûter à Laura… De la délivrer du fardeau qu'était la peur viscérale de se transformer… Au lieu de ça, ils avaient passé la pleine lune enfermés dans son cottage, roulés en boule, l'expérience à peine rendue supportable par la potion Tue-Loup peu efficace et la présence d'un autre membre de la meute. Tout ça parce que Severus refusait que quelqu'un d'autre que lui prépare sa potion.
« Qu'est-ce qui se passe ? » demanda Tonks, immédiatement sur le qui-vive.
« Mission. » répondit-il distraitement, l'observant attentivement.
Comme toujours.
De une pour s'assurer qu'elle n'était pas blessée. De deux parce que quelque chose le turlupinait. Cela faisait plusieurs fois qu'il remarquait quelque chose de différent à son propos sans parvenir à tout à fait mettre le doigt dessus.
« On part à la chasse aux fugitifs. » répondit Charlie, non sans humour.
Elle fronça les sourcils avec incompréhension et se tourna vers Anthony qui avala rapidement le morceau de tourte qu'il était occupé à mâchonner.
« Dumbledore veut qu'on essaye de retrouver l'homme que cherchent les Mangemorts. » expliqua le dragonnier. « On va au manoir des Hawthornes et on va essayer de remonter sa trace. »
« Il y a eu des Aurors là-bas toute la journée… » contra-t-elle, en secouant la tête. « S'il y avait encore eu quelqu'un… »
« Dumbledore veut qu'on tente le coup. Il a probablement ses sources. » coupa Charlie dans un haussement d'épaules.
Tonks et lui échangèrent un regard et Remus inclina légèrement la tête sur le côté. Il y avait une certaine tension entre eux, une tension palpable, complètement inhabituelle. Bizarre. Il jeta un coup d'œil à Anthony qui, semblait-il, avait lui aussi remarqué la chose mais n'en paraissait pas étonné outre mesure.
« Et pourquoi est-ce que vous ne m'avez pas prévenue ? » insista-t-elle. « Moi ou Kingsley ? On connait le terrain. Ce serait logique que… »
« Parce que nous sommes les meilleurs pisteurs que possède l'Ordre. » interrompit Nyssa, en terminant d'attacher un fin poinçon à son avant-bras. « Le soleil vient de se coucher, Remus. »
Il n'avait pas vraiment besoin qu'elle le lui dise, il l'avait senti. La potion Révèle-Loup avait libéré toute une part de lui et, avec elle, de nouveaux sens qui avaient été, jusque là, tronqués. Il comprenait un peu mieux Greyback à présent. Il pensait toujours que la morsure avait été une malédiction mais il comprenait pourquoi certains pouvaient y voir une opportunité.
« Allons-y. » approuva-t-il d'un hochement de tête.
« Je viens. » annonça Tonks.
Personne ne discuta vraiment. Charlie haussa à nouveau les épaules, Anthony se contenta de regarder Remus pour attendre sa réponse et Nyssa se balançait impatiemment de ses talons à la pointe de ses orteils, pressée de se mettre en chasse. La décision, au final, lui revenait à lui. Au Square Grimmaurd, il parlait pour Albus.
Et il hésita.
Pas entièrement parce que la situation pouvait se révéler dangereuse – ils ne savaient pas qui ils cherchaient toutefois Albus l'avait prévenu qu'ils devaient s'attendre à de la visite – mais parce que Dumbledore avait été clair quant à qui était censé participer à la mission. Pour l'espion. Mais l'espion pouvait tout aussi bien déjà être parmi eux et il refusait de penser une seule seconde que Tonks…
« Tu es équipée ? » demanda-t-il, en poussant vers elle le carton de potions posé sur la table. Il avait insisté pour que tout le monde ait quelques fioles sur lui.
Sa main passa au-dessus du carton et s'empara d'une pomme qui trainait dans un saladier.
« J'ai ce qu'il me faut. » répondit-elle vaguement, en croquant dans le fruit.
« Le Ministère fournit des potions maintenant ? » s'enquit-il avec un intérêt sincère. Il savait que quoi qu'elle ait sur elle, ça ne venait pas de leur stock. Il tenait un inventaire précis des potions qui transitaient par le Square Grimmaurd.
« Quelque chose comme ça. » botta-t-elle en touche.
Charlie laissa échapper un bruit amusé qui lui valut un regard noir.
Remus décida qu'il valait mieux ne pas creuser la question. Du moins, pas tout de suite.
« Transplanne avec Nyssa. » ordonna-t-il, dès que tout le monde fut prêt.
La vampire s'approcha avec un sourire auquel Tonks répondit par un autre sourire un peu forcé. Là aussi il y avait une tension, devina Remus, mais il était bien incapable de deviner laquelle.
C'était cette histoire d'espion, songea-t-il en amorçant son propre transplannage, cela recommençait comme quinze ans plus tôt. Ils se soupçonnaient tous les uns les autres et cela risquait de détruire l'Ordre de l'intérieur.
Le changement de température le prit de court et il observa immédiatement les environs, resserrant sa cape d'une main et agrippant fermement sa baguette de l'autre. Le paysage était des plus classiques. Un manoir typique se dessinait dans le lointain et la campagne environnante se déclinait en chemins, arbres et pâturages.
Plusieurs craquements caractéristiques l'alertèrent de l'arrivée des autres. Comme lui, ils passèrent tous plusieurs secondes à scruter les ombres qui se dessinaient dans la nuit, prêts à affronter une embuscade.
Tout était tranquille cependant et il ne sentait aucune menace dans l'air.
« Le manoir des Hawthornes est par là. » déclara Tonks, un peu inutilement, en désignant d'un geste la bâtisse quelques mètres plus loin. « Les protections étaient baissées à notre arrivée. »
Elle ouvrit la marche et ils la suivirent, attentifs à ce qui se jouait autour d'eux.
Il sentit le léger bourdonnement sur sa peau alors qu'ils approchaient de la porte d'entrée.
« Tu viens de dire que les protections avaient été brisées… » remarqua-t-il, ajustant automatiquement sa prise sur sa baguette.
« Je ne pouvais pas laisser le domaine ouvert à tous les vents… » rétorqua-t-elle. « Ce que j'aurais pu dire à Dumbledore si quelqu'un m'avait prévenue. »
« Dépêche-toi. » exigea Anthony, en embrassant la campagne environnante d'un coup d'œil nerveux. « J'ai un mauvais pressentiment. »
« Tout est calme. » objecta Nyssa.
La vampire se fondait dans l'ombre.
Les deux dragonniers s'éloignèrent légèrement, probablement pour établir un périmètre de sécurité. Remus en profita pour se rapprocher de Tonks alors qu'elle levait une main, paume vers la porte en chêne massif, et tournait pensivement sa baguette de l'autre. Après plusieurs secondes et un regard irrité vers lui – parce qu'elle avait été exclue de la mission ou parce qu'il envahissait son espace, il n'était pas certain – elle murmura une litanie latine au rythme saccadé.
« Qu'est-ce que c'est que ce sortilège ? » demanda-t-il, perplexe. « Je ne le connais pas. »
Et il connaissait énormément de sorts de protections, pour ne pas dire qu'il les connaissait tous. Faire en sort que personne ne puisse pénétrer dans une maison, notamment durant la pleine lune, avait été une obsession, fut un temps.
L'Auror demeura silencieuse et décrivit une boucle avec sa baguette avant de l'abaisser brusquement. Elle tendit la main vers la poignée, sur le point d'ouvrir la porte, lorsqu'il attrapa son bras, suffisamment fort pour laisser des hématomes derrière lui.
« Dora, depuis quand est-ce que tu t'y connais en sorts de protection ? » gronda-t-il, sa baguette pointée sur elle.
Lunard rageait dans sa tête, protestait le traitement infligé à sa compagne… Mais Dora n'avait jamais été habile en sort de protection.
« Lâche-moi. » cingla-t-elle, en tentant de se dégager d'un coup sec.
Il resserra sa prise, devinant qu'il lui faisait mal mais incapable d'écarter le doute cuisant. Il respira profondément, tenta de déceler son odeur mais elle était toujours masquée par celle de la fumée qui collait à ses vêtements.
C'était impossible, bien sûr. Il connaissait l'odeur de Tonks plus intimement qu'aucune autre. Il l'aurait reconnue entre mille, les yeux bandés et sourd, lâché au milieu d'une foule. Mais n'y avait-il pas eu quelque chose d'étrange chez elle depuis un mois ou deux ? Un parfum se substituant à son odeur qui l'avait dérangé ? Des herbes… Similaire à l'odeur de Severus. Et ce qui l'avait d'abord rendu jaloux… Pouvait-il s'être trompé ? Pouvait-il simplement s'agir d'un résidu de potion ?
Du Polynectar ?
Si la personne avait ses vêtements, vivait chez elle… Son odeur aurait peut-être pu le tromper…
Oui, mais Nymphadora avait retrouvé ses pouvoirs et personne n'aurait pu imiter ça. Ou était-ce possible ?
Et ça expliquait…
Les baisers volés le soir de la mort de Fol'Œil… Le manque d'entrain de sa part… La manière dont elle l'avait repoussé après qu'elle ait passé si longtemps à tenter de le convaincre que…
Et si il n'y avait jamais eu d'espion ? S'ils avaient simplement été… infiltrés ?
« Remus, je te préviens… » siffla-t-elle, en tirant à nouveau sur son bras. « Lâche moi. »
Il l'attira plus près de lui jusqu'à ce que sa baguette s'enfonce légèrement dans son ventre. Un avertissement tout au plus.
« Nymphadora Tonks n'est pas adepte des sorts de protection. » gronda Lunard.
Il n'avait pas anticipé le coup de pied qu'elle lui décocha dans le genou – son genou gauche, celui que les multiples transformations avaient abimé, un point faible que peu de personnes connaissait mis à part elle et Sirius – et ce fut suffisant pour qu'elle échappe à sa poigne. Le temps qu'il relève sa baguette, celle de la jeune femme était fermement pointée sur lui.
Il sentit plus qu'il ne vit Nyssa se couler dans l'ombre du manoir, prête à passer à l'attaque dès qu'elle aurait déterminé qui des deux était du bon côté.
Charlie et Anthony revinrent en courant, baguettes levées eux aussi, un air confus sur le visage.
« Qu'est-ce qui se passe ? » demanda Anthony.
« Tonks n'est pas Tonks. » cracha Remus. La main qui tenait le manche de sa baguette tremblait légèrement. Il avait du mal à contenir la rage, à contenir Lunard. « Si tu lui as fait quoi que ce soit… »
Mais non. Elle devait être en vie. S'il s'agissait de Polynectar…
« Tu es complètement paranoïaque. » cingla la jeune femme et, comme pour mieux lui donner raison, ses cheveux blonds platine virèrent au rouge.
La baguette de Charlie avait pourtant elle aussi changé de cible et était pointée droit sur elle.
« Ça expliquerait… » hésita le dragonnier.
« La ferme. » l'avertit-elle fermement, en se décalant pour les avoir tous les trois dans son champ de vision. Anthony ne semblait pas tout à fait savoir quoi faire, il tenait sa baguette mais ne se décidait pas à la lever. « C'est moi, Charlie. Ne sois pas stupide. Tu me connais. »
« Elle bouge comme Tonks. » intervint la vampire, d'un ton apaisant, presque hypnotique. « Je ne pense pas que quelqu'un puisse imiter ça. »
« Ça expliquerait quoi ? » insista Remus, en jetant un coup d'œil à Charlie. « Qu'est-ce que tu allais dire ? »
Le regard de Charlie croisa celui de Tonks et les yeux de la jeune femme se firent presque suppliants. Au bout d'un long moment, l'ancien Gryffondor détourna les siens.
« Rien. » répondit-il fermement. « C'est entre nous et c'est idiot. »
Remus secoua la tête. « Il n'y aucun soupçon trop idiot. La Nymphadora Tonks que je connais n'aurait jamais su utiliser ce sortilège. Il n'est même pas répertorié. »
« Peut-être que tu ne me connais pas aussi bien que tu le penses. » rétorqua-t-elle.
Albus ne l'avait pas sélectionnée pour cette mission. Pourquoi, alors qu'elle connaissait effectivement le terrain ? Parce qu'il avait voulu limiter le nombre de personnes et qu'ils étaient les plus amènes de traquer quelqu'un ? Ou parce qu'il avait déjà des soupçons ? Tous ces allers et retours à Poudlard qu'il avait eu tant de mal à s'expliquer… Il avait fait une fixation idiote sur Severus alors que peut-être… Albus avait-il tenté de la démasquer ?
Mais comment aurait-elle pu accéder au QG si elle n'était pas la vraie Tonks ? Il aurait fallu que Dumbledore révèle l'emplacement à l'imposteur lui-même…
« D'où vient ce sort ? » insista-t-il.
Son visage était fermé. Lisse.
Ça aussi c'était nouveau, relativement nouveau du moins, et cela faisait un moment que ça le tracassait. Elle qui avait toujours été si ouverte, si prompte à exprimer ses sentiments… Depuis quand les dissimulait-elle derrière un masque neutre ?
Elle sembla peser le pour et le contre pendant une minute puis leva les yeux au ciel.
« Severus Snape. » lâcha-t-elle. « Vous savez ? La dernière personne que vous avez accusée d'être un espion sans aucune preuve, exactement comme maintenant ? »
« Severus Snape. » répéta-t-il avec incrédulité.
« Il l'a inventé. » précisa-t-elle dans un haussement d'épaules.
Il n'en fallut pas plus pour que la jalousie revienne, mordante et brûlante. Remus ne savait plus ce qu'il aurait préféré. Qu'il s'agisse d'un imposteur ou que ses soupçons au sujet de Snape soient avérés et que Dora soit en sécurité.
« Et Severus te l'aurait montré ? Pourquoi ? » insista Remus.
« On perd du temps. » répliqua-t-elle. « Tu veux être sûr que c'est moi ? Pose moi une question pertinente. »
Sa question était on ne peut plus pertinente. Severus Snape, l'homme qui refusait de partager le secret ses potions de peur de se les voir volées, enseignait librement ses sortilèges non-homologués à une ancienne élève avec qui il n'avait, à priori, aucun véritable lien ?
« Combien de bouteilles de Whiskey Pur-feu avant que tu ne te déshabille et traverse le terrain de Quidditch en sous-vêtements ? » lança Charlie.
Un sourire amusé étira brièvement les lèvres de Tonks. « C'était de la Vodka Glace-boyaux, trois bouteilles et ce n'était pas moi mais toi. Sans parler du séjour à l'infirmerie pour coma éthylique. »
Les épaules de Charlie s'affaissèrent de soulagement et il baissa sa baguette. « C'est elle. »
Mais Remus n'était toujours pas convaincu.
« Notre premier baiser ? » demanda-t-il.
L'amusement fondit comme neige au soleil et elle le foudroya du regard. « Chez moi, après qu'on ait posé les protections sur mon appartement. Protections que j'ai dû changer par la suite parce que tu te pointais sans être invité. Raison pour laquelle Severus m'a enseigné deux ou trois sorts de protection si tu veux tout savoir. »
Il détourna la tête et, après une seconde, abaissa lui aussi sa baguette.
« On ne peut pas se permettre le moindre doute. » murmura-t-il en guise d'excuse.
« Je saurais m'en souvenir. » grinça-t-elle, en poussant la porte d'entrée.
Un simple homenum revelio confirma que la maison était vide. Tonks les guida jusqu'à l'endroit où l'homme avait campé puis jusqu'au passage secret.
« Remus. » appela Nyssa, après avoir fait à peine trois pas dans le tunnel.
« Oui. » confirma-t-il. « Je le sens aussi. »
« Et pour ceux qui n'ont pas de sens ultradéveloppés ? » plaisanta Charlie, mais ça tomba à plat. La tension entre eux tous était indéniable.
Tonks se tenait à l'entrée du souterrain et avait l'air extrêmement mécontente bien qu'elle se détendit légèrement lorsque Anthony murmura quelque chose à son oreille.
« Du sang. » expliqua la vampire. « Coagulé. Plusieurs heures. Il est blessé assez gravement. »
« Lui ou un des Mangemorts qui sont passés après lui. » riposta Tonks. « Aucun moyen de le savoir. »
« L'odeur correspond à celle du campement. » contra doucement Remus, peu enclin à s'attirer davantage ses foudres. « Mais tu as peut-être raison, bien sûr. »
« Il n'y avait pas de traces de sang dehors. » insista-t-elle. « Je sais comment faire mon travail. J'ai vérifié. »
Il n'était pas étonné qu'elle n'ait pas repéré les traces de sang dans l'obscurité écrasante du tunnel.
« Allons voir. » suggéra Anthony. « On peut peut-être retrouver sa piste. Ça ne peut pas être plus difficile que de traquer un dragon. »
« Tu veux parier ? » lança Charlie avec un léger rire.
Remus ne voulait pas parier, il laissa Nyssa ouvrir la marche, ses yeux y voyant aussi clair dans l'obscurité qu'un chat, et laissa Charlie et Anthony la suivre à la lumière faible d'un lumos.
« Dora… » murmura-t-il lorsqu'elle passa devant lui.
Elle l'ignora.
°O°O°O°O°O°
« Bonsoir, Horace. »
Le vieux Maître des Potions comprit-il pourquoi Severus était venu ? Il tenta de rabattre le battant du portrait mais l'espion avait d'ors et déjà placé un pied dans l'embrasure pour l'empêcher de le refermer et il repoussa l'homme à l'intérieur sans aucun ménagement. Il fut presque surpris de parvenir à faire bouger l'ancien Directeur des Serpentards étant donné sa force relative mais, que ce soit par surprise ou complaisance, Slughorn recula.
« Voyons, Severus… Qu'est-ce que… » balbutia l'homme, dans une piètre tentative de gagner du temps. Sa main fouillait dans la large poche de sa robe de chambre vert sombre légèrement élimée aux coudes.
« Expelliarmus. » murmura-t-il tranquillement et la baguette glissa des doigts épais de son ancien Professeur. « Vous avez le choix, Horace. Nous pouvons employer la manière douce ou la manière forte. »
Le visage de Slughorn se durcit et si le sorcier le foudroya du regard, Severus ne manqua pas les rapides coups d'œil jetés à droite et à gauche. Ils se tenaient dans un couloir aux teintes taupe classiques et plusieurs portes ouvertes menaient à différentes pièces. Severus pouvait nettement distinguer une vaste salle à manger au fond à travers le cadre de la porte. Il n'y avait aucune sortie qui n'était pas le portrait devant lequel l'ancien espion se trouvait et personne pour venir à son secours.
Il y avait une raison pour laquelle Slughorn préférait se dissimuler plutôt que d'affronter de potentiels adversaires. Sa force se situait dans sa tête et pas dans sa baguette.
« Que voulez-vous ? » siffla Horace. « Je vous avertis que je suis sous la protection de Dumbledore et votre Maître ferait mieux d'y réfléchir à deux fois avant de… »
« Tranquillisez-vous, ce n'est pas le Seigneur des Ténèbres qui m'envoie. » l'interrompit-il d'un ton las et faussement doucereux. Il lui laissa quelques secondes, le temps qu'il déduise ce qu'il n'avait pas ouvertement établi. Si ce n'était pas le Seigneur des Ténèbres qui l'envoyait, alors c'était forcément Albus. « Vous avez en votre possession un certain souvenir, il me semble. »
Slughorn se rengorgea, outrage et indignation mêlés.
« J'ai déjà confié ce souvenir à Albus ! » protesta le Maître des Potions. « Comme je l'ai dit à Potter, le… »
La phrase se termina abruptement lorsque Severus leva un peu plus sa baguette à la mention d'Harry.
« Je n'ai que faire de vos mensonges, Horace. » avertit-il. « D'une manière ou d'une autre, ce souvenir sera en ma possession lorsque je quitterai vos appartements. »
Une vague de terreur déforma brièvement les traits du Professeur.
« Vous allez me torturer ! » s'exclama Slughorn. « Moi ! Moi qui ait tant fait pour vous ! Moi qui… »
« Silence. » gronda-t-il. Il n'avait pas particulièrement voulu jeter un silencio mais il sentit le sort quitter sa baguette. Sa magie bouillonnait d'être restée emprisonnée ces dernières semaines, la fureur ne l'aidait pas à garder le contrôle… « Vous qui avez tant fait pour moi ? Où étiez-vous lorsque je pouvais à peine marcher, Horace ? Où étiez-vous lorsque passer des heures assis dans une salle de classe était une torture parce que mon dos était en sang ? Où étiez-vous lorsque Pomfresh tentait de vous alerter encore et encore ? Où étiez-vous lorsque… »
Sa main tremblait davantage encore dans sa colère et des étincelles vertes échappèrent du bout de sa baguette. Dangereux. Trop dangereux.
Il occluda les souvenirs du sentiment d'impuissance, l'humiliation, la douleur… Il occluda tout cela et tâcha de ne pas repenser à son voyage dans le passé, de ne pas ressasser le ressentiment sourd qui avait grandi en lui lorsqu'il avait dû observer son jeune lui-même revivre la pire année de sa vie tandis que Slughorn s'empiffrait lors de dîners avec le gratin de la société magique. Il occluda la jalousie indigne qu'il avait éprouvé en regardant Harry changer presque facilement un destin qu'il avait cru irrémédiable.
« J'ai peur de ne pas vous suivre, Severus… » réfuta le Professeur, les deux mains levées devant lui en guise de supplique. « Vous… »
Ou bien, peut-être ne s'agissait-il pas d'une supplique, après tout.
La décharge le propulsa en arrière et Severus heurta brutalement le portrait avant de s'écrouler au sol. Ses doigts lâchèrent leur prise sur sa baguette et il n'en fallut pas plus pour que Slughorn se précipite vers sa propre baguette qui avait roulée un peu plus loin.
Stupide, jugea Severus, en pressant sa langue contre l'intérieur de sa joue. Il s'était mordu et, à présent, il avait le goût du sang en bouche. Ça ne lui avait pas manqué. Ses doigts tremblants trouvèrent sans mal le bois doux et familier.
« Stupefix ! » lança Horace, à peine avait-il récupéré sa baguette.
Le trait rouge vint s'écraser sur un bouclier parfait. Severus se releva en grimaçant et répliqua par un sortilège incapacitant. Il ne désirait pas, après tout, blesser l'autre professeur.
Ou du moins pas sérieusement.
Slughorn n'avait visiblement pas les mêmes réticences s'il sen fiait aux maléfices qui pleuvaient sur lui. Severus ne se laissa pas distraire. Si le Seigneur des Ténèbres n'avait pas réussi, ce n'était certainement pas Horace Slughorn qui le vaincrait.
Il avait sa fierté.
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Remus fermait la marche, tâchant de garder le reste du groupe dans son champ de vision tout en faisant attention aux alentours.
Nyssa les avait guidés à travers champs vers un bois clairsemé après avoir déclaré qu'il n'était pas étonnant que Tonks n'ait repéré aucune trace de sang plus tôt. Qui qu'ils furent en train de poursuivre, la personne était maligne et avait effacé ses traces derrière elle. Du moins jusqu'à ce qu'elle ait traversé le champ et ait probablement décidé que la vitesse devrait l'emporter sur la discrétion.
La vampire se glissait entre les troncs avec grâce et agilité, si visiblement dans son élément que Remus ne pouvait s'empêcher d'en concevoir une certaine jalousie. Il jeta un coup d'œil vers le ciel sans parvenir à repérer la lune décroissante au travers du ramage des arbres.
« Il n'est plus très loin. » annonça la vampire et elle accéléra la cadence jusqu'à se fondre derrière un buisson.
Remus la perdit de vue et il ne dut pas être le seul puisque Tonks marmonna un juron.
« Attends-nous ! » ordonna l'Auror.
La vampire entendit-elle ? Bien sûr. Il en aurait été impossible autrement avec un ouïe aussi fine, seulement pour une raison ou une autre, elle refusa d'écouter et continua à avancer.
Une part de Remus pouvait comprendre. Nyssandra était enfermée au Square Grimmaurd depuis bien trop longtemps et on ne pouvait pas brimer indéfiniment un prédateur. Elle avait besoin de chasser, de laisser libre court à ses instincts primaires sans s'encombrer de trois sorciers et d'un loup-garou. S'ils l'avaient laissée seule, elle aurait probablement déjà trouvé et ramené la personne qu'ils recherchaient.
« Merde ! » s'écria soudain Charlie à leur droite, avant de s'étaler à plat ventre.
Remus ravala un sourire lorsqu'il comprit qu'il avait trébuché sur une racine. Ce n'était pas si amusant au demeurant mais le jeune homme ayant passé dix bonnes minutes à se vanter d'être habitué à arpenter des forêts bien plus denses de nuit… A sa décharge, le sol était traitre et la visibilité était réduite.
« Ça va ? » demanda-t-il tandis qu'Anthony le remettait debout.
Dora sembla hésiter entre s'attarder et se lancer à la poursuite de Nyssa. Elle ne cessait de jeter des coups d'œil alarmés dans la direction que la vampire avait prise.
« Charlie ? » lança-t-elle.
Remus se demanda vaguement à quel moment elle avait pris tant d'assurance. Son ton était celui d'un général passant en revue ses troupes et avait peu à voir avec celui de la jeune femme intimidée mais enthousiaste qu'il avait rencontrée l'été précédent. Certes, beaucoup s'était produit depuis et elle avait été plus ou moins promue par les circonstances à la tête du Département mais… Elle avait changé. Il n'était pas certain de mesurer à quel point.
Il préféra ignorer cette part de lui, cette part qui n'était pas entièrement Lunard, qui n'appréciait pas de se voir voler le commandement du groupe.
« Ça va, ça va… » maugréa le dragonnier.
« Tu es sûr ? » insista Anthony, avec une expression inquiète. « C'était une sacrée chute. »
Charlie s'appuya sur sa cheville et grimaça immédiatement.
« D'accord. Peut-être que ça ne va pas si fort que ça. » admit-il avant de balayer l'air de sa main. « Mais ça va aller. Il faut juste… »
Un feulement retentit dans la nuit, impossible à confondre.
« Nyssa. » lâcha Tonks avant de partir en courant.
« Attends ! » cria Remus au même instant, les cheveux se hérissant sur sa nuque.
L'avertissement se perdit mais il fut, de toute manière, bien inutile.
Un hurlement à la lune retentit.
Puis deux.
Puis trois.
Et Remus résista à l'envie instinctive d'y répondre pour s'élancer à la poursuite de la jeune femme, le cœur dans la gorge.
°O°O°O°O°O°
Il lui fallut trois minutes pour désarmer à nouveau Slughorn.
Trois minutes de trop, décida Severus, en menaçant le sorcier de sa baguette. Peut-être aurait-il dû patienter jusqu'au lendemain pour attaquer, se remettre davantage… Peut-être, alors, n'aurait-il pas eu l'impression qu'il allait s'effondrer au moindre effort physique supplémentaire.
Trop tard à présent.
Il chercha à tâtons une des fioles qu'il gardait toujours dans ses poches intérieures et en avala le contenu d'un coup. Le philtre de force lui fit un effet immédiat mais ne fut pas aussi efficace qu'il l'avait espéré. Ses muscles étaient contractés et le faisaient souffrir et seul un entêtement sans borne le maintenait sur ses jambes.
« Soyez raisonnable, mon ami. » le gronda Slughorn comme s'il avait encore été en troisième année.
Serrant les dents, Severus croisa son regard et ne s'embarrassa pas de fioritures.
« Legilimens. » murmura-t-il.
Il s'enfonça dans l'esprit de Slughorn comme dans du beurre.
Terreur.
Volonté de survivre à tout prix.
Des souvenirs sans conséquences.
Des souvenirs sans conséquences jusqu'à lui en donner le tournis.
S'il n'avait pas su que Slughorn était un Occlumens, il serait peut-être tombé dans le piège. Probablement pas. Les boucliers de son ancien professeur étaient similaires aux siens. Du moins à ses anciens boucliers.
Il durcit l'attaque, se dirigea vers ce qui l'intéressait.
Voldemort.
Le mot sembla raisonner comme un glas mais Severus ne se laissa ni intimider, ni arrêter. Son esprit était une flèche et la flèche fonçait vers sa cible.
Slughorn eut un mouvement de panique – ou feignit un mouvement de panique plus exactement. Il y eut une vague tentative pour l'éjecter de son esprit. Faible. Trop faible pour qu'il ne se laisse berner. Et, ensuite, le souvenir qu'il cherchait.
Tom Jedusor, adolescent, bien trop séduisant, exsudant déjà ce charisme qui avait poussé plus d'un sorcier à devenir volontairement son esclave…
Severus n'avait pas vu le souvenir truqué qu'Harry avait mentionné mais même si le garçon ne l'avait pas averti de son existence, il aurait reconnu celui-ci pour un faux. Les raccords n'étaient pas parfaits, l'angoisse sous-jacente trop nette.
Il força encore, chercha à briser le verrou mental que Slughorn venait implacablement d'appliquer … Et, pour la première fois, il rencontra une véritable résistance.
Il y eut une avalanche d'autres souvenirs : Tom Jedusor en classe, des soirées du Club de Slug… Severus les prit et les rejeta distraitement, cherchant un angle d'attaque… Et puis, sans avertissement, le visage de Lily.
Lily qui riait.
Lily qui poussait un Severus plus jeune alors qu'ils étaient tous deux penchés au dessus d'un chaudron, une plaisanterie aux lèvres.
Lily qui pleurait.
Lily qui s'avançait le long d'une allée recouverte de pétales de roses, dans une longue robe blanche d'une simplicité à couper le souffle. Lily qui embrassait James Potter après l'avoir rejoint à l'autel.
Déstabilisé, il perdit le contrôle suffisamment longtemps pour que Slughorn s'empare de la connexion. Et soudain, ils étaient dans son esprit.
Le laboratoire dévasté. Les larmes. L'humiliante sensation d'impuissance. Black. Alliés. Amis. Confusion. Duel.
Azkaban. La certitude d'avancer vers sa mort. Le Seigneur des Ténèbres. Le Silencio enserrant sa gorge. 'Un enfant. Tu meurs pour un enfant.' Son enfant. Harry. La douleur. Nox. Harry.
Le souvenir flou d'Harry penché au-dessus de sa forme de sombral fut suffisant pour qu'il retrouve le plein contrôle de ses boucliers. Avec un grondement, il repoussa Slughorn et envahit à nouveau sa tête.
Cette fois-ci, Horace ne prétendit pas être un novice. Ce fut un mur de glace épais qui l'accueillit mais cela ne fit pas fléchir Severus.
Il avait besoin de ce souvenir, pour Harry, et il l'obtiendrait quoi qu'il en coûte. Il arpenta les défenses, cherchant la faille… Il y avait toujours une faille. La sienne était Lily. Celle de Slughorn…
Il sentait, goûtait presque l'appréhension non feinte du Maître des Potions, la panique qui le gagnait petit à petit. S'était-il jamais véritablement frotté à un Legilimens de ce niveau par le passé ? Avait-il jamais rencontré un Occlumens aussi puissant que Severus ?
Il repéra un endroit plus faible où la glace s'effritait et il s'élança de toute sa force, bandant sa magie pour mieux l'écraser. Il passa au travers, toucha du doigt plusieurs souvenirs que Slughorn tenta de lui dissimuler avec affolement… Severus s'en désintéressa rapidement. En d'autres circonstances… Mais il n'avait que faire des secrets du Professeur à l'instant.
Il repéra à nouveau le souvenir qui l'intéressait, l'attaqua sous un angle différent, et, cette fois…
« Professeur, j'avais une question. » demanda Tom Jedusor et Severus observa avec avidité tandis que l'adolescent mentionnait les horcruxes et que Slughorn, bien que visiblement sur ses gardes, répondait avec une nonchalance alarmante pour un enseignant.
« Sept n'est-il pas le nombre magique le plus puissant ? »
Sept.
Diviser son âme en sept.
Sept.
Le choc de la découverte fut suffisamment fort pour que Slughorn l'éjecte de sa tête.
Pendant de longues minutes, ils s'observèrent, haletants sous l'effort qu'ils venaient de fournir.
« Comment avez-vous pu ? » murmura Severus, plus choqué qu'il ne l'aurait voulu.
« Croyez-vous qu'il n'aurait pas trouvé la réponse ailleurs ? » riposta Slughorn. « Ce n'est pas ma faute. Je… »
« Si vous aviez averti Dumbledore il y a quinze ans… » l'interrompit-il.
« Rien ne prouve qu'il a mis son plan à exécution. Rien. » cracha Horace avec tellement de force que Severus fut incapable de déterminer s'il était dans le déni ou simplement stupide. « Je ne suis pas responsable de… »
« Somnus. » grinça-t-il, laissant Slughorn s'effondrer au sol de tout son poids.
Il observa un moment la silhouette pachydermique dans sa robe de chambre verte qui ronflait à présent régulièrement, singulièrement tenté par un endoloris. Pas sa faute… Pas sa faute…
« Était-ce bien nécessaire, mon garçon ? » soupira une voix familière dans son dos.
Severus ferma brièvement les yeux avant de se retourner pour faire face à Albus Dumbledore.
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Le combat avait déjà commencé lorsque Remus déboula entre les troncs d'arbres trop resserrés pour permettre une bonne visibilité. Son regard embrassa la scène et il sentit son estomac se contracter d'appréhension.
Il y avait trois loups-garous.
L'un d'eux avançait impitoyablement vers la forme recroquevillée d'un homme que Remus identifia, après une seconde d'incrédulité, comme étant Ollivander. Le vieux sorcier était blessé, épuisé, et regarda la bête approcher avec stoïcisme.
Le deuxième était tenu en respect par les sortilèges agressifs de Tonks mais cela ne durerait pas éternellement. La baguette virevoltait dans l'air mais le loup massif au pelage brun esquivait, sautant d'un côté à l'autre, les crocs découverts…
Le troisième était le plus mal en point. Nyssa bondissait si haut et avec tant d'agilité qu'on aurait pu croire qu'elle volait. Elle tenait son poinçon dans la main droite et frappait de temps en temps le flanc, l'échine ou la cuisse de l'animal, suivant ce qu'elle parvenait à toucher. L'éclat de la lune sur ses canines était aussi glaçant que le reflet du métal qu'elle maniait d'une main d'experte.
Charlie claudiqua près de Remus, aidé par Anthony, et se lança immédiatement dans la danse, envoyant voler au loin le loup qui menaçait Ollivander. Les deux dragonniers s'élancèrent dans cette direction et Remus hésita l'espace d'une seconde…
La priorité, la mission, était de sauver l'homme. Le mettre en sécurité.
Mais Tonks…
Tonks jeta un sortilège que le loup esquiva et l'animal en profita pour bondir droit sur elle. Le sort de Remus dévia sa course. Pas de beaucoup mais suffisamment pour que l'Auror puisse remettre un peu de distance entre elle et la bête. Elle le remercia d'un hochement de tête distrait mais ne détourna pas son attention de son adversaire.
« Attrape le et transplanne ! » ordonna-t-elle, entre deux sortilèges.
Reconnaissant la sagesse de cette demande et, parce qu'une fois qu'Ollivander serait en sécurité, les autres seraient libres de s'enfuir, il se précipita vers le vieillard qui s'était trainé aussi loin du combat qu'il l'avait pu et s'était adossé à un arbre. Les yeux étranges du fabriquant de baguette se tournèrent vers lui. Remus n'était plus qu'à deux mètres lorsqu'un souffle le cueillit au creux du dos et le propulsa dans les airs.
L'espace d'une seconde, il volait.
Les loups n'étaient pas faits pour voler.
Il heurta un tronc avec tant de violence qu'il resta prostré au sol, se rendant à peine compte qu'il avait atterri. L'herbe était humide et grasse sous lui, une racine lui rentrait péniblement dans le genou et il avait un goût de terre en bouche… Le sang battait à ses tempes, il n'entendait plus rien que ça.
Ses doigts se refermèrent sur du lichen et une partie de lui fut soulagée de pouvoir encore bouger. Son dos. Son dos avait subi le gros de la collision et ses jambes…
Il poussa avec sa jambe gauche, laissa échapper un long soupir lorsqu'elle se replia sous lui…
Des bottes apparurent dans son champ de vision, des bottes familières… Les pieds étaient parfaitement positionnés pour un duel et ne cessaient de bouger. C'était gracieux. Presque beau. Captivant à regarder.
Du moins jusqu'à ce que la personne ne soit forcée de mettre un genou à terre avec un cri de douleur qui réveilla la bête en lui.
Il cilla et reconnut Tonks.
Il cilla et vit rouge.
Ignorant les protestations de son corps meurtri, trop habitué qu'il était à la souffrance logée dans chacun de ses os, il se repoussa sur les genoux, cherchant à tâtons la baguette qu'il avait lâchée Merlin savait où.
« Comme quoi la vie a ses surprises… » se moqua une voix grave et familière avant de partir dans un éclat de rire. « J'étais venu chercher un vieillard et voilà que je trouve une petite souris et une pauvre excuse de loup galeux… »
Il secoua la tête et leva les yeux vers le sorcier vêtu d'une robe bleue qui aurait pu passer pour un haillon tant elle était déchirée.
« Greyback. » cracha-t-il avec haine.
Lunard se remit debout, sans se soucier de ses mains vides, sans se soucier de la baguette que l'autre sorcier pointait sur lui… Rien ne comptait que Tonks qui peinait visiblement à se redresser, un genou à terre et la respiration hachée… Rien ne comptait que l'homme qu'il haïssait plus qu'il n'avait jamais hait personne d'autre.
« Lupin. » répondit le loup-garou avec la même hostilité. « J'allais la tuer, tu sais. J'allais la tuer et la déposer devant ta porte mais maintenant je me dis… Peut-être que je devrais la transformer d'abord… Laisser la meute s'amuser un peu… Peut-être que je devrais te laisser regarder, même… Compagne pour compagne. »
Loba était morte il y avait tellement longtemps qu'il lui semblait que cela s'était passé des années en arrière au lieu de quelques mois. Pour Greyback, cependant, cela aurait probablement pu avoir eu lieu hier.
« Va te faire foutre. » grogna Tonks, en levant brusquement sa baguette sans prévenir.
Des dagues apparurent dans l'air, lancées à pleine vitesse. Le protego hâtif ne les arrêta pas toutes mais Greyback tressaillit à peine lorsque deux d'entre elles s'enfoncèrent dans son épaule. Il se contenta de les arracher comme s'il s'agissait de cure-dents.
La jeune femme ne s'était toujours pas relevé.
Remus quêta de l'aide du regard sans trouver aucun soutien possible. Le loup que Nyssa avait affronté gisait au sol, mort ou grièvement blessé, et elle faisait à présent face à celui qui s'en était précédemment pris à Tonks, toutefois la vampire faiblissait. De larges plaies courraient le long de ses bras là où les griffes avaient pénétré la chair. De même, Charlie et Anthony peinaient à tenir l'autre animal en respect. Il y avait trop d'arbres, l'espace était trop confiné… La forêt était le domaine des loups, ils avaient l'avantage.
Et Ollivander observait le combat avec détachement, sans protection…
« C'est moi que tu veux. » lui rappela Remus. « Laisse… »
« Ce que je veux, c'est te voir souffrir. » coupa Greyback. « Tu m'as pris ma compagne alors je vais tuer la tienne. Tu m'as volé une louve et quand je l'aurais retrouvée, je la déchiquetterai. Et quand j'en aurais fini avec elle, je m'occuperai du reste de ta meute. Et ensuite, peut-être, peut-être, que je te mettrais à mort. »
Le sorcier pêcha quelque chose de sa poche et ce fut comme si la pleine lune venait de se lever brusquement. Une lueur douce scintillait dans la paume de Greyback, chatoyante, irrésistible…
Aux aguets, Lunard se redressa, le regard rivé sur la fiole que déboucha rapidement le loup-garou, incapable de réfréner sa convoitise.
La lune.
La lune.
La pleine lune dans une prison de verre…
« Accio potion ! » hurla Charlie et la fiole échappa de la grosse main de Greyback avant qu'il ait put la porter à sa bouche. Sans se soucier de sa cheville blessée, l'ancien attrapeur bondit et referma les doigts sur la fiole.
Lunard n'hésita pas, ne se rendit même pas compte qu'il laissait Tonks seule et sans protection, il courrait déjà en direction des deux dragonniers. Anthony, désormais seul à parer les attaques de l'énorme loup au pelage fauve, peinait à le tenir à distance. Lunard ne se préoccupa pas de ça non plus, à peine décocha-t-il un coup de pied à l'animal lorsqu'il tenta de se mettre sur son chemin. Il ne sentit ni les crocs s'enfoncer dans sa jambe, ni n'entendit l'avertissement que quelqu'un lança au loin…
Il arracha la fiole de la main de Charlie, notant à peine avec regret que la moitié du flacon avait été renversée, et avala la potion sans s'autoriser à peser le pour ou le contre. Il n'avait plus de baguette, Greyback était un trop gros danger et là où Remus serait inutile, Lunard pouvait l'emporter.
Et Lunard désirait se dégourdir les pattes de toute manière…
« Non ! » ragea le loup-garou. « Avada… »
La formule se termina dans un glapissement de surprise et, Remus, pris par sa transformation, hurlant de douleur lorsque ses os se déboîtèrent, se déformèrent, eut à peine le temps d'apercevoir Tonks se jeter sur le sorcier. C'était stupide. Il était plus fort et plus grand et sa silhouette était frêle en comparaison. Elle fut repoussée sans ménagement et ce fut son tour d'heurter un arbre et de rester prostrée au sol, assommée ou, du moins, groggy.
Le hurlement de douleur se transforma en un cri de rage qui se transforma en un appel à la lune.
Lunard gronda, sa fourrure argentée hérissée, ses crocs découverts, ses griffes s'enfonçant dans le sol meuble de la forêt… Sa truffe était agressée par l'odeur âcre de la magie qui empestait l'atmosphère et recouvrait presque le parfum plus familier des bois.
Ses yeux ambre trouvèrent Greyback qui le dévisageait presque avec incrédulité, incompréhension, et le grondement enfla dans son ventre.
Alpha.
Ennemi.
Danger pour la meute.
Un autre loup se jeta sur lui en provenance de sa gauche. Il n'avait pas besoin de l'avertissement de l'un des humains qui empestaient la magie. Il l'envoya voler d'un coup de patte rageur, prenant plaisir à entendre le couinement de douleur que l'autre animal laissa échapper.
« Alpha. » murmura Greyback, en penchant la tête sur le côté. « Depuis quand, Lupin ? Tu n'as toujours été qu'un suiveur… »
Lunard claqua des mâchoires en réponse, une menace et un avertissement tout à la fois.
Il mourrait d'envie de lui sauter à la gorge, de déchirer la chair fragile de l'homme pour mieux abattre la bête… La meute serait à lui, après ça. La plus large meute du Royaume-Unis. Alpha.
Mais sa compagne gisait derrière l'homme et cela le faisait hésiter. Combien de temps fallait-il pour que la magie qui lui brûlait la truffe ne la lui arrache définitivement ?
Un couinement bref sur sa droite et un autre prédateur émergea, couverte de sang, un bout de métal prolongeant son avant bras.
Suceur de sang.
Ennemie.
Greyback grinçait des dents à présent. Son regard se posa sur chacun d'entre eux et puis, finalement, il trouva le dernier loup qui se tenait à présent en retrait, observant l'affrontement entre les deux Alphas comme il le devait. Il y avait une étincelle de regret dans les yeux du loup-garou.
« Tue-la. » ordonna l'Alpha, en désignant sa compagne d'un geste de la tête.
Le loup obéit immédiatement et détala en direction de la jeune femme.
Moins rapide que Lunard.
Moins rapide que la magie qui pleuvait sur lui.
Moins rapide que le métal qui s'enfonça dans sa jambe.
Ce furent ses crocs à lui qui l'achevèrent, cependant. Ses crocs qui se refermèrent sur sa nuque et la brisèrent d'un coup sec à quelques centimètres à peine de l'endroit où sa compagne reprenait lentement connaissance.
Il ne prêta aucune attention à ce qui se jouait dans son dos, n'était que vaguement conscient que les humains tentaient de retenir l'autre Alpha, que Greyback avait attrapé le vieillard à moitié vidé de son sang…
Cela n'avait pas d'importance.
Qu'il fuit.
Lunard le retrouverait.
Et la prochaine fois… Oh, la prochaine fois, ce serait sa nuque à lui qui viendrait se faire broyer sous ses crocs et pas celle d'un sous-fifre.
Il se dirigea tranquillement vers sa compagne, ne s'immobilisant que brièvement pour intimer d'un coup de dents à la vampire de se tenir en retrait.
Ennemie, soufflait son instinct et l'instinct était dur à réprimer.
Inoffensive, répliqua la part de lui qui était plus humaine qu'animale.
« Merde ! Merde ! » s'écriait un des humains dans son dos. « Qu'est-ce qu'on fait ? Est-ce qu'il est conscient ? Est-ce que… »
Trop de bruit.
Lunard laissa échapper un long grondement sourd qui fit tomber un silence de plomb sur la forêt. Pas seulement les humains mais les animaux qui se terraient désormais dans leurs terriers, conscients qu'ils se trouvaient sur son terrain de chasse.
Comme il se devait.
La jeune femme était toujours allongée au sol et pressait une main contre sa poitrine, la bouche ouverte comme pour mieux respirer. Lunard huma l'air autour d'elle, satisfait de ne pas sentir l'odeur caractéristique de la mort qui rôdait. Il y avait du sang. Sa compagne. La vampire. Un des humains. Les loups. Mais rien qui ne poussa son poils à s'hérisser. Rien de bien dangereux.
Le loup n'était pas sûr qu'elle l'ait remarqué jusqu'à ce qu'il se tienne juste au-dessus d'elle, ses pattes de chaque côté de son corps. Elle était petite comparée à sa forme massive, fragile. Et sa respiration déjà difficile resta coincée dans sa gorge lorsqu'elle l'aperçu finalement. Sa main gauche se leva.
Danger.
Magie.
Un grognement la fit y réfléchir à deux fois.
« Tonks, c'est Remus. » lança un des humains derrière lui. « Ne lui fais pas de mal ! »
« Et qu'est-ce qui se passe si lui lui fait du mal ? » rétorqua l'autre.
« Taisez-vous. » siffla la vampire. « Ne le provoquez pas. Tonks… Pas de geste brusque. »
Lunard ne bougea pas, il continua de la fixer du regard, content de la savoir vivante et là. Elle n'était pas suffisamment là. Le reste de sa meute n'était pas suffisamment là.
Il sentait sa terreur sans que cela ne lui procure une joie immense. Il était bien qu'elle le craigne un peu. Une meute devrait toujours craindre son Alpha. Mais pas autant. Et surtout pas sa compagne.
Cela le blessait.
Il s'allongea prudemment sur elle, vaguement conscient qu'il était lourd et trop gros pour qu'un humain supporte son poids, et nicha son mufle dans le creux de son cou, cherchant à apaiser sa détresse palpable par sa présence. Être pressé contre son chef de meute était le meilleur moyen de réconforter un loup, après tout. Il laissa échapper un bruit rassurant.
« Remus… » murmura-t-elle.
Remus.
Le nom était familier mais ce n'était pas le bon.
Il n'était pas Remus.
Il n'était pas le loup.
Il était Lunard et Lunard était le parfait amalgame des deux.
Il gronda légèrement en réprimande.
« Remus, j'ai besoin que tu te lèves. » insista-elle.
Il avait fait attention à ne pas l'écraser jusque là mais il se laissa aller de tout son poids en protestation. Il n'allait pas se lever, non. S'il se levait, elle partirait et il se retrouverait encore une fois à se languir d'elle.
« Remus. » grinça-t-elle, un touche de douleur dans la voix. Ses doigts s'emmêlèrent dans la fourrure de ses flans. Il sentait le bois de sa baguette coincé entre sa paume et ses côtes… Elle tenta de le repousser, ignorant les avertissements de la vampire…
Il gronda une réprimande et poussa la tête de la jeune femme en arrière d'un coup de mufle, refermant rapidement ses mâchoires sur sa gorge désormais exposée, incapable de supporter son obstination. On ne défiait pas un Alpha. On ne défiait pas Lunard.
Ses crocs ne percèrent pas sa peau. C'était un avertissement, rien de plus. Il ne lui aurait jamais fait de mal.
L'air empestait de terreur. Celle de sa compagne, celle des humains, celle de la vampire… Leur terreur excitait le prédateur en lui.
Il n'y avait pas de raison d'avoir peur.
Lunard voulait juste qu'elle se soumette.
Rien de plus.
°O°O°O°O°O°
Il observa l'homme affalé au sol devant son trône, contrarié de le voir l'observer en retour. Il n'avait jamais supporté ce regard pâle qui semblait lire en Lui comme dans un livre. Absurde, bien sûr. Personne ne pouvait lire son esprit.
Greyback continuait de pester sans qu'Il ne lui prête la moindre attention. Il avait perdu deux loups, la belle affaire. Il lui en restait suffisamment.
Il accepta la requête d'une geste magnanime de la main lorsque le loup-garou lui demanda la tête de Lupin. Greyback avait réussi là où ses Mangemorts avaient échoué. Et ils paieraient pour ça. Oui, ils paieraient.
« Tu vas avoir le grand honneur de créer une baguette pour Lord Voldemort, vieillard. » murmura-t-il.
Le sifflement attira Nagini qui se coula jusqu'à Lui et s'enroula autour de la base de son trône. Les Mangemorts rassemblés dans l'ancien réfectoire qui lui servait désormais de salle du trône reculèrent légèrement pour éviter l'énorme serpent, Ollivander lui-même fixait l'animal avec crainte…
La langue de Nagini s'agita dans l'air et ce fut Lui qui goûta la douce flagrance de terreur.
« Une baguette plus puissante que toutes celles que tu as déjà crées. » continua-t-Il tranquillement. « Lord Voldemort ne manque pas de pouvoir, bien sûr, mais il ne sera pas dit que ma baguette n'est pas unique. Il n'y aura pas de jumelle cette fois. »
Ollivander s'humecta nerveusement les lèvres. « Ce n'est pas ainsi que ça marche. La baguette choisit le sorcier, c'est… »
« Endoloris. » murmura-t-Il. Il se délecta des cris de douleur. « On ne refuse pas de servir le Seigneur des Ténèbres. »
Il aurait sa baguette et, ce coup-ci, rien ne se dresserait sur son chemin. Il les tuerait tous et tiendrait finalement le monde magique au creux de sa paume.
Le garçon qui refusait de mourir, d'abord.
Puis le vieux fou.
Et enfin le traitre.
Potter. Dumbledore. Snape.
D'une manière ou d'une autre, ils périraient tous sous sa baguette.
Harry se redressa, avalant goulument une bouffée d'air qui le fit tousser.
Il chercha à l'aveugle le dossier du canapé et s'en servit pour s'asseoir, laissant tomber sa tête dans sa main. La couverture glissa au sol sans qu'il ne fasse aucun geste pour la retenir. Le cœur au bord des lèvres, il s'efforça de réguler sa respiration, tâtant prudemment la cicatrice brûlante, peu surpris de sentir un filet de sang sous ses doigts.
La migraine était virulente mais il se força à visualiser les murs de flammes. Il se força à occluder parce que c'était la priorité. Il ne ressentait plus le chatouillis désagréable à l'arrière de son crâne, cependant. Il n'était plus aussi attiré par l'esprit de Voldemort.
« Severus ? » appela-t-il, d'une voix un peu tremblante.
Le feu était presque éteint et les bougies s'étaient depuis longtemps consumées.
« Severus ? » insista-t-il, plus fort, au cas où le Professeur soit simplement parti se coucher.
Il n'obtint aucune réponse. Il ne tenta même pas d'aller voir si l'homme était dans sa chambre. Les appartements semblaient froids, vides… Il était seul.
Pour changer.
Potter. Dumbledore. Snape…
Et Ollivander. Le fabriquant de baguette avait eu l'air mal en point… Et Greyback… Remus…
Sa tête se mit à tourner à mesure que les informations lui revenaient à l'esprit. Il fut tenté d'aller trouver quelqu'un. Pas Dumbledore mais Sirius peut-être puisque Severus était absent… Il resta là où il était. Il n'était pas suffisamment naïf pour croire qu'Ollivander pouvait être sauvé, pas alors qu'il était à Azkaban. Il ne fabriquerait pas non plus une baguette à Voldemort dans la nuit, si tant était que cela soit même possible.
Aussi triste que cela soit, il n'y avait pas d'urgence à la situation.
Il ramassa la couverture et se laissa tomber du canapé, trop peu sûr de ses jambes pour tenter de marcher. Il se traina plus près du feu et le raviva d'un coup de baguette avant de s'entortiller dans le plaid.
La solitude était écrasante.
Enfin… Ce n'était pas tout à fait de la solitude… Il sentait la chose pulser en lui. Se moquer, peut-être. Était-ce dans sa tête ? Son imagination ? Il n'avait jamais été conscient de la présence de l'Horcruxe avant d'en découvrir l'existence. Mais à présent… Oh, il la sentait. Imaginaire ou pas, c'était un poids sur son âme, un poids qui le dégoutait, un poids qui…
Il ne s'était pas aperçu qu'il était en train de se griffer le bras jusqu'à ce que Masque ne se frotte contre lui. Harry attrapa le chat et le serra contre lui sans lui laisser trop le choix.
Le regard perdu dans les flammes, il se balança légèrement d'avant en arrière.
L'Horcruxe le tuerait. Il le pressentait avec une certitude qui croissait de jour en jour. L'Horcruxe causerait sa perte, toute comme la prophétie le prédisait, et il n'était pas certain que ce ne soit pas une bonne chose.
Plus de visions. Plus de poids sur ses épaules. Plus besoin de voir des gens qu'il connaissait se faire torturer ou tuer.
Potter. Dumbledore. Snape.
Plus besoin de voir les gens qu'il aimait mourir par sa faute…
Sa propre mort ne l'effrayait pas.
Il l'attendait presque avec impatience.
Il espérait juste que personne d'autre ne tomberait avant lui.
