Le chapitre 51 AKA le chapitre que j'ai été obligé de caler là parce que c'était plus possible et qu'il fallait intervenir XD
Mise à part ça, je passe une tête, d'abord pour vous remercier pour votre enthousiasme continu pour cette histoire et tous vos commentaires, et aussi pour vous dire: ne vous inquiétez pas si la semaine prochaine y a pas de chapitre (encore que rien n'est sûr), j'entame une partie de l'histoire où j'aurais possiblement besoin d'aller et venir sur plusieurs chapitres en même temps du coup je veux pas publier avant d'avoir cette partie là calée.
Voilà, voilà!
Enjoy & Review!
"The great black dog gave a joyful bark and gamboled around them, snapping at pigeons, and chasing its own tail. Harry couldn't help laughing. Sirius had been trapped inside for a very long time."
― J.K. Rowling, Harry Potter and the Order of the Phoenix
« L'énorme chien noir aboya joyeusement et gambada autour d'eux, claquant des dents après les pigeons et courant après sa queue. Harry ne put s'empêcher de rire. Sirius était resté enfermé pendant très, très longtemps. »
J.K. Rowling – Harry Potter And The Order Of The Phoenix
Chapitre 51 : Chasing Its Own Tail
Les examens étaient bien moins contraignants lorsque le Ministère envoyait des agents pour les superviser, décida Severus, en terminant de reporter au propre les notes des élèves qu'il avait évalués, trois par trois, cette après-midi là. Sans surprise, la majorité de ses cinquièmes années n'avaient pas brillé.
Un an avec Horace Slughorn et, quelques exceptions mises à part, ils avaient oublié toutes les consignes de sécurité qu'il leur avait enseignées.
Londubat avait fait fondre son chaudron, là-dessus pas de surprise, non plus.
Parkinson avait manqué faire exploser la salle de classe.
Granger et Draco avaient tout deux rendu une potion parfaite.
Et Harry…
La porte de la classe de Potions s'ouvrit à la volée et Harry débarqua en courant, avec un air paniqué qui l'alarma immédiatement.
« Que se passe-t-il ? »
Déjà, il posait la main sur la baguette posée sur le bureau…
« Il faut que tu m'aide ! » exigea son fils, les yeux écarquillés, affolé. « J'ai perdu mes fiches de Potions ! »
Comprenant, avec une seconde de retard, que l'urgence était moins de type un Mangemort a infiltré le château que d'une banalité presque affligeante, il retira la main de sa baguette pour se pincer l'arrête du nez. « Ne t'avais-je pas averti que si tu ne rangeais pas tes affaires… »
« Ça n'a rien à voir ! » protesta Harry, en se laissant tomber sur un tabouret au premier rang. « Je suis sûr que Malfoy me les a volées. C'étaient des copies de celles de Sev. Elles étaient parfaites. Je l'ai vu loucher dessus. »
Il leva les yeux au ciel. « L'examen écrit est demain matin. N'est-il pas un peu tard pour les révisions de dernière minute, quoi qu'il en soit ? S'il y a quelque chose que tu ne sais pas encore, tu ne t'en souviendras pas demain matin. »
La soirée était déjà bien entamée. Trop tard pour apprendre quoi que ce soit de nouveau.
Le garçon le dévisagea puis enfouit la tête dans les mains avec un grognement. « Je vais tout rater. »
« Ne dramatisons pas. » soupira-t-il, en se demandant où Slughorn avait bien pu ranger le stock de potions calmantes que lui et Poppy l'avaient forcé à préparer en prévision des examens.
« En quoi est-ce que je dramatise ? » marmonna Harry, sans relever la tête. « J'ai déjà raté la pratique de la Métamorphose, on ne va même pas parler de la Divination… Je vais avoir des T dans toutes les matières, tu vas me renier, et… »
« Je ne te renierai pas même si tu as un T dans toutes les matières. » l'interrompit-il, plus amusé qu'autre chose.
Ce cinéma durait depuis le début des examens et il était très impatients qu'ils se terminent.
Le premier jour, Harry était entré, défait, dans son laboratoire où lui et Slughorn avaient été en plein travail, et avait déclaré qu'il avait tout raté sans même sembler se soucier du fait qu'il ne soit pas seul. Il s'était avéré que Minerva lui avait demandé de transformer un cactus en quelque chose en verre – plus c'était complexe, meilleure serait la note – et le garçon avait tenté de reproduire un flacon de parfum ouvragé qu'il avait vu dans un magasine au lieu de faire la chose simple et de le transformer en coupe. Son flacon avait gardé des épines.
Minerva, une fois discrètement consultée, avait pourtant déclaré être satisfaite de sa performance, particulièrement parce qu'il avait progressé davantage avec sa transformation Animagus même s'il était toujours bloqué à moitié chemin. Son fils n'aurait pas un O mais il aurait au moins un E, devinait-il.
Tous les jours, depuis, Severus avait droit au récit théâtral d'un nouvel échec.
« Néanmoins, si tu as un T dans toutes les matières, je t'obligerai à travailler tout l'été pour mieux repasser tes B.U.S.E.s avant la rentrée. » continua-t-il tranquillement, provoquant un nouveau grognement.
« Les Potions, demain, ça va m'achever. » déclara le Gryffondor, en se redressant.
« Tu ne t'en es pas si mal sorti, aujourd'hui, avec la pratique. » offrit-il, tout en sachant qu'il en disait déjà trop.
Il avait fait tirer au sort les potions à préparer, comme la plupart de ses collègues le faisaient pour la partie pratique, et Harry était tombé sur un philtre d'allégresse. La consistance avait été un peu trop épaisse mais mis à part cela, la potion avait été réussie.
« Il me faut juste un E pour que Slughorn me prenne l'année prochaine. » lâcha le gamin, plus pour lui-même que pour Severus.
« Fais-moi plaisir et vise un O. » rétorqua-t-il. « Tu le peux. » Si le garçon réussissait bien la partie écrite, ce n'était pas si inenvisageable. « Comment s'est passé la Botanique ? »
Il referma le cahier de notes et le rangea dans le tiroir du bureau, sous sort de verrouillage et d'alarme – certains élèves pouvaient être désespérés en période d'examens – puis se leva.
« Oh, pas si mal ! » s'exclama l'adolescent, retrouvant un peu d'entrain. « Je peux passer à la maison ? Je dois chercher ces foutues fiches. »
Ils s'étaient mis d'accord sur le fait qu'Harry passerait la période des examens dans la Tour des Lions afin que personne ne puisse crier au favoritisme mais il n'avait jamais interdit les visites.
« Langage. » grommela-t-il pour la forme. « Tu es toujours le bienvenu, tu le sais. As-tu diné ? »
« Oui. » répondit Harry. « Mais tu sais qui n'a pas diné avec nous ? Malfoy. Il a disparu. Comme mes fiches. »
« Une preuve indéniable de sa culpabilité. » railla-t-il. « La Botanique ? »
Severus le laissa ouvrir la voie, l'écoutant d'une oreille distraite déblatérer sur la partie écrite de l'examen qu'il avait trouvé moins difficile que les interrogations habituelles de Chourave.
« Et cet après-midi, après les Potions, j'ai passé la Défense. » continua Harry, sans sembler devoir reprendre sa respiration.
Severus le préférait ainsi, s'il était honnête. Lorsque le gamin se transformait en moulin à parole, c'était qu'il allait bien. Lorsqu'il était renfermé et silencieux…
« Et ? » pressa-t-il. Il n'avait pas eu le temps d'échanger avec Filius.
« Flitwick… » reprit Harry.
« Le Professeur Flitwick. » le corrigea le Maître des Potions, alors qu'ils s'enfonçaient plus profondément dans les cachots, sa canne battant le sol.
Il fit semblant de ne pas le voir lever les yeux au ciel.
« Le Professeur Flitwick a dit que je pouvais passer l'examen des A.S.P. en fin de semaine avec les septièmes années, si je voulais. » expliqua le garçon. « Aujourd'hui, c'était beaucoup trop facile. »
« En quoi consistait l'examen ? » demanda-t-il.
« Oh, j'ai dû piocher un sort à démontrer au hasard. Je suis tombé sur un bouclier élémentaire. » raconta le garçon. « J'ai jeté Aqua Protego, j'ai utilisé un informulé pour gagner des points. Ensuite, il m'a demandé d'affronter en duel une des recrues que Dora a abandonnées à Poudlard… »
L'adolescent lui jeta un regard amusé bien qu'un peu coupable.
Severus pinça les lèvres pour ne pas sourire, devinant sans mal ce qui s'était passé. « Dans quel état l'as-tu laissée ? »
Harry enfonça les mains dans les poches et haussa les épaules, avec une grimace qui ne gomma pas tout à fait son amusement. « Flitwick l'a averti que j'avais un bon niveau mais… Je suppose qu'il ne l'a pas cru. Il n'a pas eu le temps de lever sa baguette. Son copain a dit que j'avais triché. Ça a un peu dégénéré, après ça. »
Le Professeur grimaça. « As-tu détruit ma salle de classe ? »
« Non, mais Flit… Le Professeur Flitwick a dit que c'était bien fait. » ricana Harry. « Ils sont à l'infirmerie. »
Severus secoua la tête pour mieux dissimuler son amusement. « Je te laisserais expliquer la situation à Nymphadora. »
Elle avait cessé de s'enfuir avant l'aube quand l'adolescent était là et si le premier petit-déjeuner avait été excessivement gênant pendant environ dix minutes, la jeune femme s'était mise à parler Quidditch avec un désespoir à peine perceptible et Harry avait rebondi sur le sujet avec une gaucherie à peu près égale. Deux minutes plus tard, la situation avait semblé suffisamment naturelle pour que Severus cesse d'appréhender de mélanger ces deux parties de sa vie, même si ce fameux mélange était toujours un peu… étrange. Comme un échantillon de ce à quoi le futur après la guerre pourrait ressemblait.
« Ce n'est pas ma faute si ses recrues sont nulles. » protesta le garçon. « Et puis, il faut les entendre, hein ! On dirait qu'ils marchent sur l'eau… Ils n'ont pas l'air de comprendre que, s'ils sont là, c'est parce qu'elle ne sait pas quoi faire d'eux et pas parce qu'ils sont utiles. Il y a quatre anciens Gryffondors qui squattent la salle commune tous les jours… McG… Le Professeur McGonagall passe son temps à les en chasser. »
Il ne lui enviait pas ce problème dont Filius et Pomona s'était également plaints. Il n'y avait qu'un seul ancien Serpentard dans la douzaine de recrues que Nymphadora avait parquées à Poudlard et il avait trop de bon sens pour s'égarer dans son ancienne salle commune vu le climat actuel.
Et ce n'était pas faute de la voir les rappeler à l'ordre non plus.
« Veux-tu tenter l'A.S.P.I.C ? » s'enquit-il. « Cela soulagerait ton emploi du temps l'année prochaine. Nous pourrions nous contenter des leçons particulières. »
« Oui, je crois. » approuva Harry. « Le Professeur Flitwick a dit que si l'examen était trop dur, je pouvais toujours le repasser l'année prochaine ou dans deux ans. »
« Je doute qu'il soit trop dur. » remarqua-t-il, non sans fierté, alors qu'ils tournaient dans le couloir qui menait à leurs appartements.
Il sentit immédiatement que quelque chose n'allait pas.
Ses protections étaient en place, personne n'y avait touché, mais…
« Papa. » lâcha Harry, tendu lui aussi, en sortant sa baguette.
Severus l'imita, ajustant sa prise sur canne dans le même mouvement.
Le garçon pointa du doigt le papier plié en deux, lesté par un épais anneau bien en évidence devant la porte. « Là. »
« Reste en retrait. » ordonna-t-il.
Il n'eut pas besoin de préciser que ça impliquait de couvrir leurs arrières le cas échant.
Il s'approcha lentement, attentif à ne pas déclencher de piège ou autre, mais parvint jusqu'au papier sans problème. Il ne commit pas l'erreur de ramasser l'anneau ou le mot, les faisant léviter à la place avant de jeter une batterie de sorts de détection. Il n'y avait aucune malédiction ou autres sortilèges, l'anneau et le papier étaient bien ordinaires. Mais il repéra la goutte de sang au sol, si près du mur qu'elle était presque indétectable, et la suivante, moins d'un mètre plus loin, comme un jeu de piste macabre.
Il ne jeta qu'un vague coup d'œil à la bague avant de la faire voler d'un coup de baguette vers Harry qui l'attrapa avec adresse.
« Peut-être n'a-t-il pas disparu parce qu'il a dérobé tes fiches. » commenta-t-il, pendant que son fils étudiait le sceau des Malfoy.
Plus alarmant était le sang qui tâchait le morceau de parchemin plié en deux.
Le message était sommaire.
Venez seul ou il meurt.
Il le tendit à Harry qui, ayant correctement déterminé qu'il n'y avait pas de danger immédiat, l'avait rejoint pour lire par-dessus son épaule.
« Venez où ? » demanda le garçon, en fronçant les sourcils.
D'un geste, il lui désigna les gouttes de sang.
Harry leva les yeux au ciel et sortit l'épais parchemin de la poche arrière de son pantalon. « Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises. On pense que ce sont de vrais Mangemorts ou des idiots ? »
« L'un n'exclue pas l'autre. » répondit-il calmement, occludant l'inquiétude à l'idée que l'un de ses élèves, un des rares qu'il appréciait qui plus était, soit en danger. Paniquer n'aiderait pas Draco Malfoy. « Encore que cela ressemble fort à une initiation mal avisée. »
« Du genre ? » s'enquit le garçon, en isolant la partie de la carte qui correspondait aux cachots pour mieux les fouiller du regard.
« Du genre espérer m'attirer dans un piège et me ramener au Seigneur des Ténèbres en même temps que Draco Malfoy contre le droit d'arborer la Marque. Deux traîtres pour le prix d'un, en somme. » expliqua-t-il.
Harry laissa échapper un bruit amusé. « Des idiots, donc. Parce que je les ai et qu'ils ne sont que trois. Rowle et Travers, ce sont des septièmes années de Serpentard, non ? Et… Marlow. C'est qui celui-là ? »
« Celle-là est une sixième année de Poufsouffle. » soupira-t-il. « Voilà qui contrariera Pomona. »
« Oui, et bien, ils manquent d'imagination. » décréta l'adolescent, en posant la Carte à plat sur le sol pour qu'ils puissent mieux étudier le terrain. Le point libellé Draco Malfoy était au centre d'une salle, deux étages plus bas, au cœur d'une partie désaffectée des cachots, Rowle se tenait près de lui et faisait les cent pas… Travers et Marlow étaient positionnés de chaque côté de la porte, pour mieux le prendre en tenaille sans doute. « Il y a une porte dérobée, là. »
Harry traça du doigt le chemin qui déviait du couloir principal pour mener à une autre pièce qui, sur la carte, était connectée à la salle qu'avait choisie les Mangemorts en devenir. Cela n'échappa pas à Severus qu'ils n'étaient pas loin d'un tunnel qui menait vers la lande. Il ne faisait pas partie de ceux qu'ils avaient renforcés pour une hypothétique fuite mais Rowle et Marlow étaient loin d'être stupides et avaient sans doute prévu leur point de fuite.
« Tu peux les distraire et je peux les prendre à revers. » proposa l'adolescent.
Severus leva les sourcils. « Ou : tu pourrais aller prévenir le Professeur Dumbledore ou ton parrain, celui que tu trouveras le premier. »
« Je ne te laisse pas y aller seul. » riposta le Gryffondor. « Et, puis, franchement, trois contre deux, ce sera du gâteau. »
« Ne t'ai-je pas enseigné que l'arrogance était la plus sûre manière de te faire tuer lors d'un combat ? » grinça-t-il. « Je pense être en mesure de capturer trois adolescents seul, merci bien. »
« Vois-ça comme mon examen de cours de Défense particulier parce que je viens. » insista son fils avant de lui adresser un sourire innocent. « Est-ce que tu ne préfères pas que j'obéisse à tes instructions plutôt que de te suivre en douce et de foncer dans le tas comme un Gryffondor inconscient ? »
« Je pourrais très bien t'immobiliser. » menaça-t-il.
« Tu pourrais mais tu m'as appris au moins trois manières de me débarrasser de ce genre de sorts. » rétorqua le gamin, avec insolence. « On perd du temps et Malfoy est blessé, visiblement. Alors ? »
« Alors, il y a des jours où tu m'insupportes. » grommela-t-il, en faisant apparaître trois faons argentés.
« Moi aussi je t'aime. » plaisanta son fils, avec un peu trop de nervosité. Comme s'il l'avait dit délibérément mais était prêt à prétendre le contraire, à jurer qu'il plaisantait, si…
Severus ne se souvenait plus de la dernière fois où quelqu'un lui avait offert ces mots.
Eileen, certainement.
Mais quand, ça…
« Cela va sans dire. » répondit-il calmement, avec la même nervosité qu'Harry.
Le garçon se détendit pourtant, un sourire satisfait étirant ses lèvres. Tacitement, ils décidèrent de ne pas en dire plus.
Il confia le même message à chaque patronus et les envoya simultanément à Albus, Minerva et Black. L'un d'eux viendrait bien à leur rescousse.
Mais Harry avait raison et ils n'avaient pas le temps d'attendre.
Et il n'était pas réellement inquiet d'emmener son fils. La Carte leur donnait l'avantage d'être certain que personne de plus expérimenté se cachait alentours, la situation était claire à défaut d'être simple et Harry aurait probablement pu se débrouiller seul face aux trois septièmes années, quoi qu'il en fût. Travers, comme tous les autres membres de sa famille, n'était pas exactement un grand sorcier. C'était un suiveur à la puissance relative et à l'imagination limitée. Marlow n'était pas dans son cours de Défense, elle n'avait donc qu'un niveau B.U.S.E.s, du moins officiellement. Rowle était probablement le plus dangereux du lot.
Ils élaborèrent leur plan tout en marchant, gardant un œil sur la Carte davantage que sur les gouttes de sang au sol.
Severus estimait que la quantité de sang n'était pas alarmante, la blessure devait être légère, mais il était tout de même inquiet. Lorsqu'ils arrivèrent à l'embranchement, Harry avait depuis longtemps disparu sous la cape d'invisibilité et un sort de silence.
« Pas d'acte d'héroïsme insensé. » murmura Severus. « Tiens t'en au plan. »
Il marcha jusqu'à l'entrée de la salle lentement pour laisser le temps à Harry de rejoindre la seconde entrée, suivant les gouttes de sang qui ne se dissimulaient même plus à la base du mur mais tâchait le milieu du couloir, plus rapprochées les unes des autres comme si les adolescents avaient abandonné toute tentative de subtilité.
Il prit une grande inspiration avant d'ouvrir la porte d'un coup de baguette.
Draco était bien en évidence, ligoté à une chaise, visiblement prisonnier d'un sortilège de silence, mais conscient. Dès qu'il l'aperçut, il se mit à se débattre, ses yeux gris se déplaçant de manière exagérée de part et d'autre de la porte – pour mieux l'avertir de la petite surprise que lui réservaient Rowle et ses amis, sans doute. Son cinquième année avait l'air relativement en forme si on exceptait plusieurs égratignures sur son visage et quelques hématomes et, bien sûr, son avant bras gauche qui saignait abondement là où la Marque aurait pu se trouver…
Il ne doutait pas que Draco avait défendu chèrement sa peau.
Rowle se tenait derrière le garçon, une main posée sur son épaule en une parodie d'amitié.
Feignant de ne pas remarquer l'avertissement de Draco, Severus fit deux pas dans la pièce, avec un rictus. « Pensez-vous vraiment pouvoir me capturer, Rowle ? »
La porte claqua derrière lui.
Sans surprise, l'expelliarmus le heurta dans le dos et bien qu'il aurait pu le contrer d'un sort de bouclier, il laissa faire. Sa baguette s'envola et les deux autres aspirants Mangemorts sortirent de l'ombre.
« Plus aussi fier que ça, hein, traître ? » triompha Rowle, avec morgue.
Marlow était celle qui avait approché le plus près.
Dommage pour elle.
Ce fût elle qui prit la canne en travers la gorge, le coup lui coupant suffisamment la respiration pour qu'elle tombe à genoux et y reste.
Le temps qu'il pivote vers Travers, Harry était rentré dans la danse et l'issue du combat semblait pliée.
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La porte dérobée marquée sur la carte se révéla être un placard poussiéreux avec un double fond. Harry prit soin de jeter un silencio avant de le faire coulisser, de même qu'il s'assura que la porte ne grincerait pas avant de l'entrouvrir.
Juste à temps pour apercevoir son père entrer dans la pièce.
Le cœur battant sous l'effet de l'adrénaline, il s'obligea à garder la tête froide, à faire ce à quoi Severus l'avait entraîné. Il évalua la distance entre lui et Rowle, évalua la distance entre Rowle et Malfoy…
Lorsque Severus laissa Marlow lui prendre sa baguette pour mieux endormir leur méfiance, Harry se tenait prêt.
Et lorsque, comme convenu, le Professeur asséna le premier coup de canne, Harry quitta sa cachette.
Il ne se découvrit pas tout de suite et ne se jeta pas sur sa cible.
Alors que Marlow tombait au sol, le souffle coupé, et que Severus se tournait vers Travers, utilisant sa canne comme une arme, Harry se glissa derrière Malfoy et d'un diffindo murmuré du bout des lèvres, coupa ses liens.
Le Serpentard bondit immédiatement de la chaise, détournant l'attention de Rowle qui ne vit jamais le stupefix venir.
Le temps que le Gryffondor se tourne vers Severus, Travers était recroquevillé au sol et se tenait l'entrejambe.
Par acquis de conscience, il ligota les trois idiots avant de retirer sa cape.
« Ça va ? » demanda-t-il à Malfoy.
Le Serpentard avait l'air plus furieux que blessé. Il dépassa Harry d'un pas furibond et, avant qu'il ait pu le stopper, asséna deux violents coups de pieds dans le ventre de Rowle.
« Mr Malfoy. » le rappela à l'ordre Severus, sans grande conviction.
Harry lui attrapa le bras avant qu'il ait pu le frapper une troisième fois. L'autre cinquième année vacilla légèrement. Le regard vert fût attiré par le sang qui coulait librement le long de son avant-bras et peignait sa main en rouge.
« Tu devrais t'asseoir. » conseilla-t-il.
« Ils m'ont eu dans le dos alors que je sortais de l'examen de Potions. » siffla Malfoy. « Je n'ai même pas eu le temps de sortir ma baguette. Bande de… »
Le Serpentard était pâle et s'accrocha soudain à l'épaule d'Harry, sans terminer sa phrase, l'obligeant à l'attraper à bras le corps pour le soutenir…
« Tu as perdu pas mal de sang. » le gronda-t-il. « Assieds-toi le temps qu'on te soigne, d'accord ? »
L'autre garçon s'exécuta à contrecœur, préférant se laisser tomber au sol que d'utiliser la chaise sur laquelle il avait été gardé prisonnier.
Severus était en train de les rejoindre pour examiner Malfoy lorsque la porte explosa sans prévenir. Harry jeta un bouclier hâtif, se courbant à moitié sur le Serpentard par réflexe pour mieux le protéger.
Le Maître des Potions n'avait pas de baguette.
Et il fût trop lent pour se protéger du bout de bois qui le cueillit en pleine tête et l'envoya au sol.
« Papa ! » s'écria Harry, sans oser s'éloigner de Malfoy.
« Ça va, ça va… » marmonna Severus, en s'asseyant prudemment, pressant une main contre son front qui saignait abondamment. « Était-ce réellement nécessaire ? La situation était parfaitement sous contrôle. »
Il jeta un regard noir aux deux hommes qui se tenaient dans l'encadrement et qui auraient probablement eu l'air plus impressionnants si leurs expressions n'avaient pas été aussi penaudes.
Sirius pointa Dumbledore du doigt, comme pour mieux se dédouaner.
C'était si ridicule qu'Harry pouffa.
Severus, lui, leva les yeux au ciel.
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« Je préfèrerais tout de même le garder en observation. » insista l'infirmière, tout en terminant d'étaler le baume anti-hématome autour de l'œil tuméfié de Draco.
Sirius n'essaya même pas de capter le regard de Severus. À chaque fois qu'il s'était aventuré à regarder le Maître des Potions sur le chemin de l'infirmerie, l'homme avait eu l'air de vouloir lui arracher la tête.
Ce n'était pas faute de lui dire que c'était Dumbledore qui avait lancé le confringo.
Certes, ça avait été son idée à lui de faire une entrée remarquée pour les prendre par surprise mais, ça, il n'allait pas s'en vanter.
Le Directeur, il fallait le noter, ne s'était pas attardé après avoir présenté ses excuses et s'être assuré qu'il n'y avait pas de blessés graves. Il avait ordonné à Sirius de les escorter à l'infirmerie et avait transporté les prisonniers dans son bureau, en annonçant qu'il allait prévenir le Ministère.
« On ne peut pas le laisser à l'infirmerie alors que des Mangemorts en devenir viennent d'essayer de le kidnapper. » contra Sirius pour la troisième fois.
Ce qui lui valut une autre expression agacée de la sorcière qui s'agitait autour de Draco depuis qu'ils étaient entrés. « Insinueriez-vous que je ne suis pas capable d'assurer la sécurité de mes patients dans mon infirmerie, Mr Black ? »
« Ce n'est pas la question, Poppy. » intervint finalement Severus, d'un ton las. Probablement parce que, installé sur le lit juste à côté de celui de Draco, son front continuait à pisser le sang – ce pour quoi Sirius se sentait légèrement coupable.
« Il me semble que c'est tout à fait la question, au contraire. » rétorqua l'infirmière, en rebouchant son baume, avant de pointer un doigt accusateur sur le cinquième année. « Ne bougez pas de là. »
Draco, bien qu'ayant clamé haut et fort qu'il allait bien tout le temps qu'elle avait mis à l'examiner, était désormais bien silencieux, comme si la fatigue l'avait rattrapé. Ou, plus probablement, l'adrénaline était retombée. Il se contenta d'un hochement de tête un peu trop docile.
Harry, en revanche, n'avait pas l'air prêt à s'asseoir. Il se tenait près du lit de Severus et lui passait une nouvelle compresse dès que la précédente était trop imbibée de sang.
« À vous. » décréta Pomfresh, en se plantant devant Severus, un air furibond sur le visage. Elle avait eu l'air en colère depuis que Sirius lui avait expliqué ce qui s'était passé et il fallait admettre qu'il y avait de quoi.
Certes, le plan des septièmes années avait été complètement stupide et avait eu peu de chances de réussir parce qu'il en fallait plus que trois idiots pour capturer Severus Snape mais Draco… Draco, c'était une autre histoire. Il avait livré le récit de ce qui s'était passé au compte-goutte et avec une honte évidente. Les deux Serpentards lui étaient tombés dessus alors qu'il sortait de la partie pratique de son examen de Potions et il n'avait même pas eu l'occasion d'esquisser un geste pour se défendre avant de se voir désarmer. Il était parvenu à lancer un sort de bouclier sans baguette mais cela ne l'avait pas beaucoup avancé. Il s'était débattu et les garçons l'avaient frappé.
Il avait nié s'être vu soumis à l'endoloris mais Sirius n'était pas entièrement persuadé qu'il disait la vérité.
Il était évident que son égo était froissé.
L'infirmière jeta une panoplie de sorts de diagnostic qui fit grincer des dents l'ancien espion.
« Contentez vous de refermer la plaie. » protesta-t-il. « Je n'ai pas besoin d'un examen poussé. »
« Comme si j'allais laisser passer l'occasion lorsque je vous ai sous la main. » rétorqua Pomfresh, courroucée, et apparemment pas ravie des résultats du sort. « Ai-je besoin de vous dire que votre tension est trop élevée ? Dois-je vous répéter encore que… »
« Le stress aggrave les séquelles de l'endoloris et me met à risque de développer des problèmes cardiaques sur le long terme. » termina Severus pour elle, avec une bonne dose de sarcasme. « Laissez-moi immédiatement envoyer un hibou au Seigneur des Ténèbres pour l'en informer, je suis certain qu'il aura l'amabilité de cesser ses attaques. »
« C'est quoi cette histoire de problèmes cardiaques ? » s'inquiéta Harry, en fronçant les sourcils.
« Rien. Juste Poppy qui dramatise. » répondit le Professeur, un peu trop rapidement pour être sincère.
L'infirmière eut l'air de vouloir protester mais, après un discret coup d'œil au Gryffondor, tint sa langue, et referma finalement la plaie sur son front, puis elle fit apparaître une poche de glace qu'elle lui colla dans la main avant de le forcer à l'appliquer sur la bosse avec un peu trop de brutalité vu le sifflement que le Maître des Potions laissa échapper.
Sirius ravala très vite un sourire amusé.
Poppy Pomfresh était la meilleure Médicomage qu'il connaissait mais elle était aussi beaucoup plus rancunière qu'il n'y paraissait.
« Pourquoi est-ce que vous ne mettez pas de baume sur l'hématome ? » demanda Harry curieusement.
Visiblement s'en était trop pour la sorcière qui se tourna vers le garçon, mains sur les hanches. « Comptez-vous m'apprendre mon travail, à présent, Mr Potter ? »
L'adolescent sursauta avec un air coupable et grimaça. « Euh… Non, je me demandais, c'est tout, Madame Pomfresh. »
« Harry s'intéresse à la magie médicale. » le défendit sèchement Severus, avant de s'asseoir un peu plus droit, avec une fierté évidente. « Il compte devenir Médicomage. »
L'infirmière parut étonnée mais perdit sa mauvaise humeur pour un sourire ravi. « Vraiment ? Je pensais que vous voudriez devenir Auror vu le nombre de fois où il m'a fallu vous rafistoler au cours des années. Ne venez-vous pas de m'envoyer trois patients aujourd'hui même ? »
« Je préfèrerais soigner les gens que les attaquer. » offrit le garçon, un peu gêné.
« Saint Potter. » marmonna Draco, entre ses dents.
Sirius lui asséna une gentille bourrade, attentif à ne pas trop le secouer. Son cousin lui jeta un regard noir.
« Eh bien, vous m'en voyez ravie. » décréta Pomfresh. « Venez donc à l'infirmerie quand vous voulez si cela vous intéresse vraiment. La compagnie ne me dérange jamais et je pourrais vous apprendre quelques petites choses. Il y a plusieurs autres élèves qui se destinent à Sainte Mangouste qui passent de temps en temps… »
Et elle entreprit de se lancer dans une explication détaillée de pourquoi il n'était pas sage d'utiliser un baume sur une plaie à peine refermée par magie. Sirius cessa d'écouter au bout de quelques secondes mais Harry paraissait véritablement intéressé et posait même des questions…
« Qu'est-ce qu'on va faire de toi ? » soupira l'Animagus, en reportant son attention sur le Serpentard qui avait l'air prêt à s'écrouler. « Et qu'est-ce qu'on fait pour les examens, demain ? Je suppose qu'on peut te faire une dispense… Tu pourras les repasser à la fin de l'été lorsque… »
« Sûrement pas ! » protesta Draco. « De toute manière, je pourrais réussir l'examen de Potions dans mon sommeil. »
« Heureux de l'apprendre. » railla l'ancien Professeur de Potions. « Peut-être devrais-je vous noter plus sévèrement, dans ce cas ? »
« Cessez de houspiller le garçon, Severus. » le gronda Pomfresh. « Je vais vous chercher une potion antidouleur. Et ne dites pas que c'est inutile. Le résultat de mon sort de diagnostic prouve le contraire. »
Le Maître des Potions évita soigneusement le regard d'Harry autant que le sien.
« Ma jambe est un peu raide. » admit-il, une fois que l'infirmière se fût éloignée.
Sirius ouvrit la bouche pour faire une blague, détendre l'atmosphère, mais avant qu'il ait pu dire quoi que ce soit, les portes de l'infirmerie s'ouvrirent brutalement en grand sans que personne ne les ait touchées.
Une seconde plus tard, une autre sorcière enragée entrait au pas de charge.
Sa cousine avait gagné en assurance dernièrement mais, à cet instant précis, il se fit la réflexion qu'elle ressemblait à sa mère et à ses tantes lorsqu'elle était en colère. N'importe qui de sensé se serait écarté de son chemin.
Manque de chance, c'était vers eux que Tonks fonçait ses cheveux étaient noirs, ce qui n'était jamais bon signe, et l'air autour d'elle crépitait d'une magie à peine contrôlée, ce qui l'était encore moins.
Ou, plus précisément, elle fonçait sur Draco.
Le garçon n'eut pas la présence d'esprit de se taire.
« Ne commence pas ! » l'avertit le cinquième année alors qu'elle fondait droit sur lui. « Je n'ai rien du tout ! Ce… »
« Rien du tout ? » répéta Tonks dans un sifflement, en lui attrapant le menton pour mieux inspecter son visage, avant d'aviser la manche déchirée et de la retrousser avec force, malgré le fait qu'il se débattait, pour mieux inspecter la balafre magiquement refermée. « Ce n'est pas ce que Dumbledore vient de me dire ! Rien du tout ! Je suppose qu'il a exagéré lorsqu'il m'a dit que ces abrutis t'avaient saigné pour mieux organiser un petit jeu de piste tout autour des cachots, alors, hein ? »
Cette fois-ci, Draco eut le bon sens de ne pas protester.
Sirius se sentit obligé d'intervenir parce qu'il était évident que Severus préférait observer le sol et qu'Harry prétendait très fort être devenu sourd. Or Tonks était en train d'étudier leur cousin sous toutes les coutures comme si elle avait récemment pris des cours particuliers de mère poule avec Molly Weasley.
« Il va bien. » offrit-il.
Cela lui valut un regard qui aurait pu geler une armée sur place.
Oui, décida-t-il, elle était aussi effrayante qu'Andromeda lorsqu'elle était en colère.
« Ça suffit les risques stupides. » déclara-t-elle. « Tu déménages des dortoirs. »
« Absolument pas ! » riposta Draco. « Cela n'a rien à voir. Ils m'ont attaqué dans un couloir et… »
« Et rien du tout. » cingla-t-elle. « Je suis responsable de toi et je décide. Tu déménages, un point c'est tout. »
« Tu n'es responsable de moi que pour la forme ! » protesta le garçon. « Tu… »
« Continues et je ferai en sorte que tu n'ais même plus le droit d'entrer dans ta salle commune. » l'interrompit-elle. « Le Directeur de Serpentard doit bien pouvoir trier qui est le bienvenu ou pas. Je me trompe ? »
La question avait été lancée en l'air, elle ne s'était pas encore tournée vers le Professeur de Défense.
Sirius attendit qu'il s'insurge mais Severus se contenta de grimacer en se cachant un peu plus derrière sa poche de glace. « C'est… envisageable. »
« Voilà. » triompha-t-elle, les mains sur les hanches. « Alors ? Qu'est-ce que tu choisis ? D'être complètement exclu de ta Maison ou d'aller dormir ailleurs, là où je serais certaine que personne n'essayera de te kidnapper ou de t'assassiner pendant que j'aurais le dos tourné ? »
« Et où est-ce que tu veux que j'aille ? » s'énerva Draco. « Ou bien est-ce que Dumbledore a omis de te dire qu'il y avait une Poufsouffle dans le tas ? Tu vois, tous les méchants ne sont pas à Serpentard. »
« Je n'ai jamais dit que tous les méchants étaient à Serpentard. » contra-t-elle. « Juste que ce n'était pas un endroit sûr pour toi. Putain, excuse-moi de m'inquiéter quand je reçois un patronus qui me dit que ma pupille a été attaquée et est à l'infirmerie ! »
L'adolescent ouvrit la bouche, la referma, quêta le regard de son Directeur de Maison qui ne bronchait toujours pas et, en désespoir de cause, se tourna vers lui.
Sirius aurait préféré se faire oublier, lui aussi, mais… « Il peut venir chez moi. »
C'était une solution qu'il avait rechigné à proposer jusque là parce qu'il n'avait pas été certain que la cohabitation se serait bien passée et parce qu'il ne voulait pas risquer d'abimer sa relation avec Harry. Mais Draco n'était pas son père et il ne pouvait nier qu'il en était venu à l'apprécier, même si c'était parfois un petit con arrogant, il ne voulait pas le voir blessé non plus.
« J'ai une chambre vide. » continua-t-il, en croisant le regard de son filleul. « Si ça ne te dérange pas de prêter ta chambre, je veux dire. »
Ce n'était pas comme si le garçon y avait jamais mis les pieds, de toute manière. La pièce était plus une chambre d'amis qu'autre chose, à ce stade. Et il ne l'avait fait installer que parce que le Gryffondor avait été si véhément à propos de sa chambre dans les appartements de Severus.
« Non, c'est une bonne idée. » s'empressa d'acquiescer Harry, apparemment impressionné par l'énervement de Tonks.
Il fallait dire qu'elle ne se mettait pas souvent réellement en colère… Et que, ce coup-ci, elle avait ses raisons. Ils n'auraient jamais dû laisser la situation péricliter autant.
« Dans ce cas, c'est réglé. » lança-t-il joyeusement, en tapotant l'épaule du Serpentard qui avait l'air d'avoir avalé une couleuvre. « J'espère que l'odeur de tabac ne te gêne pas… »
« Tu ne fumes pas devant ou autour de lui, Sirius. Tu ne bois pas non plus. » ordonna Tonks. « S'il va vivre avec toi, tu dois être responsable. »
« Je sais que cela vous passe, à tous, au-dessus de la tête mais, moi, je suis responsable. » intervint froidement Draco. « J'ai une responsabilité envers mon nom, envers ma Maison, et fuir n'est pas une option. Si je quitte les dortoirs… Professeur Snape ! »
L'appel à l'aide n'eut pas l'effet escompté.
« Il reste moins d'une semaine de cours, Sirius est votre cousin… » répondit le Maître des Potions. « Dites-leur que votre famille tient trop à son héritier pour le laisser plus longtemps sans surveillance, étant donné le climat actuel. Cela ne trompera personne mais vous permettra de sauver quelque peu la face. »
« Sauf que je ne suis pas l'héritier des Black. » cracha le Serpentard.
« Ta mère est une Black et, publiquement, je n'ai pas nommé d'héritier, même si tout le monde se doute que c'est Harry… » soupira Sirius. « Il a raison, ça passe. »
« Mais… » insista Draco.
« Ce n'est pas un débat. » l'interrompit Tonks, en expirant lentement. Sa colère laissa place à du soulagement. « J'étais vraiment inquiète. »
« Cousin, lorsqu'une femme emploie ce ton là, il vaut mieux ne pas discuter. » conseilla-t-il avec humour. « Surtout si c'est une Black. »
Cela lui valut un autre regard noir mais Tonks devait considérer l'affaire réglée parce qu'après avoir inspecté Draco des yeux une dernière fois, elle se tourna finalement vers Harry, la mâchoire contractée. « Tu n'as rien eu, toi ? »
Le Gryffondor se dépêcha de secouer la tête et s'écarta prestement du chemin de la jeune femme, venant se tenir près d'eux.
Et Sirius comprit brusquement que si Severus se cachait derrière sa poche de glace, ce n'était pas simplement parce qu'il craignait le fait qu'elle soit en colère après lui pour avoir échoué à empêcher Draco de se faire enlever, non… Parce que lorsqu'elle s'approcha, ce fût presque si l'homme n'eut pas un mouvement de recul instinctif.
« Nymphadora. » grinça le Maître des Potions, un avertissement net dans la voix.
« Où es-tu blessé ? » siffla-t-elle.
« Nulle part. » rétorqua Severus. « Ce n'est qu'un hématome. Inutile de… »
Mais trop tard.
De la même manière qu'elle avait inspecté Draco, elle attrapa d'une main le menton du Professeur et écarta de force la poche de glace de l'autre. Severus tenta de se dégager mais un seul regard mit un terme à la tentative.
Oui, décida Sirius, ce regard noir était décidemment bien Black.
Si possible, l'expression de la jeune femme se durcit encore lorsqu'elle vit la blessure. Du bout des doigts, elle retraça la plaie à peine refermée comme si elle voulait s'assurer qu'elle avait été bien soignée.
« Oh non. » lâcha Draco, d'une voix blanche. « Non, non, non. »
« Tais-toi. » siffla Harry, en lui donnant un coup de poing qui n'avait rien d'amical dans son bras non-blessé.
Sirius le remarqua à peine.
Il les observa et fronça les sourcils, mal à l'aise sans s'expliquer pourquoi.
C'était la manière dont ils se regardaient, les yeux dans les yeux… La manière dont Tonks avait lâché le menton du sorcier pour poser la main sur son épaule avec naturel… La manière dont elle se tenait si proche de lui que le Maître des Potions avait dû écarter légèrement les jambes pour lui faire de la place… La manière dont elle ne semblait pas se soucier de se tenir debout entre ses genoux comme si c'était tout à fait normal… La manière dont l'homme s'était détendu alors qu'il détestait habituellement que quiconque empiète sur son espace personnel…
« Ne t'inquiètes pas pour Servilus, on ne peut pas vraiment le rendre plus laid. » plaisanta-t-il, avec un mauvais pressentiment dans le ventre.
Ce fût comme insulter un hippogriffe.
Le moment très bizarre qu'ils étaient en train de partager brutalement brisé – et Sirius avait très légèrement envie de rappeler à Severus qu'il avait quelqu'un de sérieux dans sa vie parce que ce regard avait été beaucoup trop intense pour être innocent – la jeune femme pivota vers lui, si vite que ses cheveux noirs claquèrent autour de son visage sous le coup de la colère, fouettant presque la joue du Maître des Potions.
Où était Pomfresh et sa potion antidouleur ? Sans doute dans son bureau en train de se cacher en attendant que la tornade Tonks ne passe…
« Et où est-ce que tu étais, toi, pendant que mes gamins et mon… » accusa-t-elle sèchement, uniquement pour s'interrompre tout à coup.
Sa première réaction fût d'éclater de rire. « Tes gamins ? Quand est-ce que tu as adopté Harry ? »
Il était bien le seul à rire.
Harry avait les yeux rivés au sol et jouait avec le sceau des Prince à son doigt, signe certain qu'il était mal à l'aise. Draco se frottait son bon œil comme s'il étudiait l'idée de le mettre hors jeu lui aussi. Severus s'était à nouveau abrité derrière sa poche de glace. Et Tonks… Tonks avait toujours une main sur l'épaule de Snape, ses doigts s'enfonçaient visiblement dans sa chair d'une manière qui ne pouvait qu'être douloureuse. Elle paraissait un peu trop nerveuse, d'un coup.
Et puis le reste de la phrase, la phrase qu'elle avait avortée le heurta.
Et le mauvais pressentiment se transforma en un soupçon très, très moche qu'il rejeta immédiatement parce que… Parce que… C'était impossible.
Mais pleins de choses lui revenaient soudain en tête. Pleins de moments qu'il avait jugé innocents ou même amusants mais qu'il n'avait jamais pris au sérieux.
« Elle était dans mes bras » avait cinglé Severus, le matin où Sirius était allé l'interroger, chez lui, à propos du pseudo kidnapping de Tonks, alors même que Dumbledore et McGonagall semblaient trouver ça complètement naturel que la jeune femme passe la nuit dans ses appartements. Où elle était restée trois jours.
« Ma confiance en Nymphadora est absolue. » avait affirmé l'ancien espion, et pas qu'une fois, alors qu'il n'avait confiance en presque personne et certainement pas de manière absolue.
Et l'hostilité flagrante entre Remus et Severus qui était apparue sans avertissement mais atteignait des sommets rarement égalés même entre eux, même entre Severus et James…
« Severus adore les Poufsouffles. » avait plaisanté Harry.
« Il y a moi. » avait répondu Tonks lorsqu'il lui avait demandé s'il y avait une Poufsouffle parmi les Aurors qui patrouillaient parfois à Poudlard.
« Sirius, on est… proches, Severus et moi. » lui avait-elle confié à la fête de fiançailles de Charlie et d'Anthony.
Et combien de fois Snape s'était-il raclé la gorge avant de dire « à propos de Nymphadora… » exactement ?
Mais c'était impossible.
Impossible.
Parce que tout ce serait fait sous ses yeux et qu'il n'aurait rien vu.
Impossible parce que c'était sa petite cousine, pratiquement un bébé, et Snape était…
« Ton quoi ? » lâcha-t-il, cessant brusquement de rire. « Tu as dit mon… Ton quoi ? »
Le silence qui suivit fût tel qu'on aurait pu croire que quelqu'un avait jeté un sort de silence.
Tonks leva fièrement le menton, ouvrit la bouche, sembla hésiter… puis grimaça. « Mon… ancien Professeur de Potions. »
À côté de lui, Draco poussa un long grognement qui lui valut un autre coup de la part d'Harry.
Sirius n'eut pas le temps de se détendre, pas le temps de partager en plaisantant les soupçons ridicules qui l'avaient effleuré l'espace d'un instant, parce que Snape laissa échapper un soupir agacé.
Et le Maître des Potions posa la main à l'arrière de la cuisse de sa cousine comme si c'était la chose la plus naturelle au monde. La main était à peine au-dessus du genou, pas trop haut pour que ce soit indécent mais qu'il ait la présomption de la toucher comme ça, de la toucher tout court, c'était…
« Son amant, Black ! » s'emporta Severus, comme s'il n'en pouvait plus. Son visage était cramoisi d'embarras. « Elle veut dire son amant ! »
Sirius entendit à peine les grondements horrifiés des adolescents parce que ses oreilles tintaient comme si quelqu'un avait agité une centaine de petites clochettes.
« Achevez-moi. » supplia Draco, en se laissant gracieusement aller en arrière sur le lit où il resta allongé.
« Sérieusement ? » s'étouffa à moitié Harry. « Non ! Non, non, non ! Je suis ton fils, tu ne peux pas dire ce genre de trucs devant moi ! C'est illégal ! Sérieusement ! »
« Et que veux-tu que je dises ? » grinça Snape.
« Petit-ami, comme tout le monde ! » riposta le Gryffondor.
« Je n'ai pas quinze ans pour être le petit-ami de qui que ce soit. » rétorqua l'ancien Mangemort.
« Très bien, alors, je ne sais pas moi… » s'agaça le garçon. « Ma conjointe, ma compagne… »
« Veto sur compagne. » intervint Tonks, en se frottant le visage.
« Ma moitié, ma partenaire, mon amie… » continua l'adolescent, sans même s'essouffler. « Ou alors il y a toute la panoplie de formules : nous sommes en couple, nous sommes ensemble, nous sommes… »
« As-tu terminé ? » coupa le Maître des Potions, avec un amusement certain.
Harry n'en avait apparemment pas terminé mais Sirius ne pouvait toujours pas bouger ou voir autre chose que la main de Snape posée à l'arrière de la jambe de sa cousine. Il devait résister si fort à l'envie de l'arracher de là…
« N'importe quoi plutôt qu'un truc qui implique que vous faites des choses ! » conclut le Gryffondor, à bout de souffle d'avoir tout lâché d'une seule traite.
Merlin.
Merlin, si c'était vrai, alors Tonks et Severus faisaient des choses.
Si c'était vrai alors le soir où il avait débarqué en fanfare dans les appartements de Snape… Le caleçon sur le miroir. La femme derrière la porte. Les putains de jambes pâles qui dépassaient de la robe de chambre et qui lui avait fait dire que l'homme n'avait rien en dessous.
Cette fois-ci le grognement de Draco tenait plus du gémissement. « Les images ! Les images dans ma tête ! »
« Bien évidemment que nous ne faisons rien, Harry. Nous sommes entièrement chastes. » se moqua ouvertement Severus. « Abstinents jusqu'au mariage. »
Mariage.
Était-ce une bonne ou une mauvaise chose que le mot soit lâché avec autant de naturel et que Tonks ne semble pas plus surprise ou alarmée que ça ?
« Je vous déteste. » lâcha le garçon, avant de s'asseoir lourdement sur le lit de Draco, l'écrasant à moitié au passage, ce que le Serpentard protesta fortement.
Snape eut le culot de ricaner.
« Dora ! » plaida le Survivant.
Et depuis quand est-ce que Harry l'appelait Dora ?, songea Sirius.
« Arrête de traumatiser les enfants, Severus. » le gronda Tonks, avec un amusement teinté de nervosité. « Tu as déjà cassé Sirius. »
Toute l'attention de la pièce sembla retomber sur lui et il se demanda combien du numéro d'Harry et Severus était une tentative malhabile de lui donner le temps de digérer l'information.
Il y avait beaucoup à digérer.
Et la main de Snape sur la jambe de sa petite cousine était très, très indigeste.
« Ce n'est pas faute d'avoir essayé de te le dire. » grommela le Maître des Potions, sur la défensive.
Il ravala sa première réaction qui était de lui demander s'il avait vraiment essayé parce que Sirius se souvenait de très nombreuses discussions où il avait plaisanté sur le fait que Severus ne couchait pas avec Tonks et où aucun aveu n'était venu.
« Sirius ? » hésita l'Auror, avec une pointe d'humour qui sonnait un peu faux. « Tu as besoin que je trouve Pomfresh ou ça va aller ? Parce que Severus n'a pas tort, on a essayé de te le dire. »
Et il était un crétin de ne pas avoir compris.
Même Harry avait pensé qu'il leur jouait un tour.
Il était probablement trop tard pour prétendre qu'il avait tout deviné il y avait de cela longtemps et qu'il les avait faits tourner en bourrique pour le simple plaisir de les torturer.
« Vous me faites marcher. » s'entendit-il accuser.
Le déni, cette chose magnifique dont il préférait user plutôt que de remarquer que le pouce de Snape caressait très subtilement l'arrière de la jambe de la jeune femme, de manière discrète, probablement pour la rassurer.
« Oh, pour l'amour de Merlin ! » s'exclama Draco, en se redressant juste assez pour le dévisager avec irritation. « La moitié du château ne parle que de ça. Elle passe sa vie dans les cachots, pas étonnant que le Département des Aurors parte à vau-l'eau, soit dit en passant. Je pensais juste qu'ils couchaient ensemble pas qu'ils avaient… des sentiments. »
« Nous nous passerons de ce genre de commentaires déplacés, Mr Malfoy. » cingla immédiatement Snape. « Vingt points en moins pour Serpentard. »
« Et moi je me serais bien passé d'un beau-tuteur mais la vie est injuste et on n'a pas toujours ce qu'on veut, Professeur. » répliqua le Serpentard, en se laissant à nouveau tomber en arrière. Puis il se figea et se redressa complètement pour mieux dévisager Sirius. « J'ai une idée brillante. Pourquoi tu ne serais pas mon tuteur, toi ? »
« Malfoy, arrête tes conneries. » marmonna Harry, écarlate. « Ce n'est pas le moment. »
« Bon, ce n'est pas que je ne passe pas un bon moment… » lâcha soudain Tonks. « Mais il faut que j'aille arrêter trois aspirants Mangemorts et que je les ramène au Ministère pour les interroger, peut-être les faire tomber un peu dans l'escalier au passage… Je vais vous laisser régler… ça entre vous. »
Et, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde, elle planta un baiser sur les lèvres de Snape, ce qui acheva de convaincre Sirius que, non, vraiment, ils ne se moquaient pas de lui. Une femme n'embrassait pas un homme comme ça pour plaisanter. Ce n'était pas inconvenant, elle pressa simplement et rapidement ses lèvres contre les siennes, mais la manière dont elle s'attarda, semblant peiner à se détacher, la manière dont il se pencha en avant comme pour prolonger le contact jusqu'à la dernière seconde…
« Mes yeux. » se plaignit Harry, en se plaquant les mains sur le visage. Il riait à moitié, toutefois.
« Ne m'attends pas. » murmura-t-elle, de manière délibérément basse. L'infirmerie était trop silencieuse pour ne pas qu'ils entendent néanmoins. « J'en ai pour un moment, je dormirai au bureau. »
Sirius se frotta le visage.
En étaient-ils à un stade où Snape était en droit de l'attendre le soir ou de demander une explication si elle ne se montrait pas ?
Elle ébouriffa les cheveux d'Harry et donna un gentil coup de poing à l'épaule de Draco – qui refusait de la regarder – avant de quitter l'infirmerie aussi précipitamment qu'elle y était entrée.
Sans un regard pour lui.
Lorsqu'elle fût partie, le Maître des Potions jeta la poche de glace à moitié fondue sur un chariot plein d'instruments et se tourna vers lui, le visage lisse mais les joues rougies, probablement à cause de la petite scène qui venait de se jouer.
« Hurle si tu dois hurler. » l'invita son rival. « Mais, je t'avertis, je ne veux pas entendre un seul mot contre elle. »
« Comme c'est mignon. » commenta Draco avec ironie.
Il ne parut pas goûter à l'oreiller qu'Harry écrasa sur son visage pour le faire taire.
Severus demeura imperturbable.
Sirius ouvrit la bouche…
… et réalisa qu'il n'avait aucune envie de hurler.
Il se sentait comme un idiot fini et ils auraient pu faire davantage d'efforts pour lui dire, franchement, mais… Avec le recul c'était évident.
Cela faisait des mois que Severus parlait de Nymphadora. Elle revenait toujours dans la conversation, semblait toujours au courant de tout. Le Professeur la complimentait sans arrêt. Des mois qu'il les voyait se tourner autour. Il avait juste mal interprété la nature de leur relation mais…
Avec le recul…
La manière dont ils se tournaient entièrement toujours l'un vers l'autre lorsqu'ils discutaient, comme pour exclure le reste du monde… La manière dont Severus baissait parfois la tête pour dissimuler un sourire… La manière dont elle riait ou cherchait toujours à se tenir près de lui où qu'il soit dans une pièce…
Le plus effrayant était qu'il n'arrivait pas à se rappeler quand tout ça avait commencé, quand les choses avaient changé. Après Remus, forcément. Après la tempête magique. Mais…
« Depuis quand ? » demanda-t-il.
« Plusieurs mois. » avoua Severus, après s'être raclé la gorge.
Il n'était pas fâché, ce n'était pas qu'il était fâché…
Maintenant que la main du Maître des Potions n'était plus posée sur la jambe de sa petite cousine, il voyait moins rouge, mais…
C'était beaucoup à appréhender en une conversation.
L'un dans l'autre, il fût soulagé que Draco se mette debout. « Écoutez, cette conversation est passionnante mais Potter et moi passons nos B.U.S.E.s de Potions demain matin, si vous vous souvenez, et j'aimerais bien dormir un peu avant. »
« Kreattur. » appela-t-il, parce que, là tout de suite, aller se coucher lui paressait une excellente idée.
L'elfe apparut et s'inclina bien bas. « Maître Sirius a appelé Kreattur ? »
« Va chercher les affaires de Draco dans son dortoir et installe les dans la chambre vide dans mes appartements. » ordonna-t-il.
« Maître Draco vient vivre avec Maître Sirius ? » demanda l'elfe, avec un regain d'excitation. Il s'inclina devant le Serpentard plusieurs fois d'affilées. « Kreattur a servi Maîtresse Cissy dans son enfance. Kreattur est honoré de servir le fils de Maîtresse Cissy. Kreattur sert la noble et ancienne nouvelle génération de la famille Black. »
Draco, sans surprise, ne parut pas savoir s'il devait être flatté ou horrifié mais, ayant grandi avec des elfes de maison toute sa vie, ne cilla même pas. « Merci, Kreattur, je suis certain que tu es un elfe tout à fait adéquat. »
Kreattur ne s'en tint plus de joie et disparut dans un craquement sonore exécuter son ordre.
Sirius secoua la tête. « Toujours aussi cinglé mais je commence à m'y attacher. »
« Je vais y aller moi aussi. » déclara Harry, en consultant sa montre. « Le couvre-feu… »
« Tu dors à la maison. » décréta Severus.
Le garçon fronça les sourcils. « Mais… »
« Tu dors à la maison. » répéta le Maître des Potions. « Je ne veux pas que tu te balades seul dans les couloirs. »
Le Gryffondor ne tenta pas véritablement de discuter.
Sirius entraîna Draco, un peu soulagé lorsque Pomfresh réapparut soudain, les joues trop rouges pour ne pas avoir suivi la majorité de la conversation, et intercepta Severus pour lui faire prendre ses potions. Cela leur donna une longueur d'avance.
Le silence entre son cousin et lui alors qu'ils marchaient vers ses appartements aurait sans doute été tendu si Sirius n'avait pas été trop préoccupé pour s'inquiéter de s'ils pouvaient parvenir à cohabiter ou pas.
« Je te comprends, tu sais. » offrit Draco, au bout d'un moment. « C'est comme si Potter se mettait avec Pansy ou Daphné. » Le garçon en frissonna d'horreur. « C'est juste contre-nature. »
Il ouvrit la bouche et la referma, sans savoir quoi dire.
Ce n'était pas contre-nature.
Oui, il y avait la différence d'âge qui ne l'avait déjà pas tout à fait ravi lorsqu'elle était avec Remus, mais, ça, c'était leurs affaires.
Oui, il y avait le fait qu'elle ait été son élève, ce qui, s'il était honnête, le mettait beaucoup plus mal à l'aise que tout le reste mais, là encore, c'étaient leurs affaires. Il était avec une vampire, il était mal placé pour leur faire la morale sur ce qui était acceptable ou pas.
Et il y avait le fait que c'était sa petite cousine… Pratiquement sa nièce vu qu'il considérait Andy comme une sœur… Il était persuadé qu'il aurait eu du mal à avaler qu'elle ait une relation sérieuse avec qui que ce soit…
Mais le fait que ce soit Severus…
Quelques mois plus tôt, il se serait jeté sur l'homme pour le massacrer sans autre forme de procès.
Là…
Là, tout ce à quoi il pouvait penser c'était la manière dont Tonks souriait dernièrement. Comme si elle était heureuse. En paix avec elle-même. Son assurance. La manière dont elle n'hésitait plus à prendre la parole ou le contrôle d'une situation.
Et Severus… Severus était tellement plus humain, tellement plus apaisé, tellement plus prompt à rire ou à plaisanter…
Non, ce n'était pas contre-nature.
Mais il fallait qu'il le digère.
