Je pense que c'est assez logique dans le texte mais juste au cas où: ce chapitre repart un peu en arrière.
Enjoy & Review!
« Don't try to be a hero, Xavier. A dead hero can't help anyone. »
Allegiance Of Honor – Nalini Singh
« N'essaye pas d'être un héro, Xavier. Un héro mort ne peut aider personne. »
Allegiance Of Honor – Nalini Singh
Chapitre 55 : A Dead Hero
L'image de Dumbledore s'était à peine affichée sur le miroir qu'elle éclata en dizaines de fragments avant de disparaître.
Lucius marmonna un juron mais attendit quelques secondes, juste pour être certain que le vieux sorcier ne réapparaîtrait pas par miracle. Il n'en fût rien et les coups frappés à la porte ne lui laissèrent, de toute manière, pas le temps de chercher à recontacter le Directeur par un autre moyen.
Pestant silencieusement contre cet homme qui avait fait de sa vie un enfer et n'était même pas capable de répondre aux appels d'urgence, il quitta la petite cabine, prenant soin de tirer la chasse et d'ensuite faire couler l'eau aux robinets dans la partie commune de les toilettes habituellement réservées aux gardes d'Azkaban. Comme tout le reste dans cet endroit maudit, elles étaient dans un état déplorable et Lucius aurait, d'ordinaire, préféré s'immoler par le feu plutôt que d'y mettre un pied. Mais il y lui avait fallu une excuse pour s'isoler et vite.
Le Seigneur des Ténèbres et les autres venaient de partir, il y avait eu une chance pour qu'il parvienne à contacter le Directeur à temps…
De nouveaux coups impatients furent frappés à la porte. « Lucius, sors de là où je viens te chercher. »
Il grinça au son de la voix de sa belle-sœur mais ne s'attarda pas davantage, sachant que son sens biaisé des convenances ne l'arrêterait pas longtemps et qu'elle viendrait effectivement le chercher si l'envie lui en prenait.
Il s'assura d'avoir une expression placide sur le visage avant de quitter les toilettes, ses boucliers mentaux fermement en place derrière cet ennui de façade.
L'élève avait depuis longtemps dépassé le maître et Severus avait élevé l'Occlumencie au rang d'art après simplement quelques leçons rapides, ayant appris le reste par lui-même Severus était un naturel comme il en avait rarement vu, ce qui était particulièrement impressionnant pour un Sang-Mêlé. Cela ne signifiait pas que Lucius n'était pas doué, lui aussi. C'était, après tout, lui qui avait expliqué à son jeune protégé comment utiliser ses souvenirs comme boucliers pour mieux tromper son monde.
Était-il si étonnant que Severus soit par la suite devenu un espion ?
N'était-il donc pas ironique qu'il ait suivi, lui, le même chemin presque quinze ans plus tard ?
« Nerveux ? » se moqua Bellatrix, dès qu'il émergea des toilettes.
Le couloir était lugubre – comme tout le reste dans cet endroit – mais Bella semblait étrangement à son aise dans la prison, davantage qu'elle l'avait été au manoir ou dans les différents endroits où le Seigneur des Ténèbres s'était réfugié ces derniers mois. La présence des Détraqueurs ne semblait pas la déranger. La plupart des Mangemorts qui avaient effectué un long séjour à Azkaban semblaient immunisés contre le froid suintant et le désespoir qui émanaient de ces créatures.
Ce n'était pas le cas de Lucius.
À chaque fois qu'il s'approchait trop près de l'une d'entre elles, il se mettait à douter de tout et surtout du bien fondé de ses choix dernièrement. Il imaginait échouer. Il imaginait Draco mort. Il imaginait Narcissa le regardant avec horreur et haine pour avoir failli à protéger leur fils. Très désagréable. Et, bien sûr, il était impensable de jeter un patronus car les Mangemorts se targuaient de ne pas en avoir besoin.
Menteurs et hypocrites, tous tant qu'ils étaient.
« Je ne comprends pas pourquoi je n'ai pas été mis au courant avant. » siffla-t-il, en lui emboîtant le pas. « Doute-t-Il de moi ? »
Bella ricana amèrement. « Ton épouse s'est fait la malle, ton fils nous a trahis… »
« Et je l'ai renié. » cingla-t-il immédiatement. « Quant à mon épouse, c'est également ta sœur et… »
« Renié mais pas déshérité, ne me prends pas pour une idiote. » remarqua-t-elle, les lèvres pincées. Puis elle haussa les épaules. « Ce n'était pas contre toi, Lucius chéri. Le Seigneur des Ténèbres ne voulait rien risquer. Il avait tout prévu avec le membre de l'Ordre qu'il a retourné. Il ne m'a tout expliqué que hier soir avant de donner le feu vert aux trois jeunes à Poudlard. »
C'étaient toujours des heures d'avance qu'il aurait pu mettre à profit pour avertir Dumbledore, pour s'assurer que le château soit prêt, les élèves évacués…
La bataille de Poudlard avait déjà dû commencer et ce n'était pas étonnant que le vieux sorcier n'ait pas pu le recontacter. L'image avait éclaté en une dizaine de fragments… Avait-il brisé le miroir ?
Draco…
Il occluda l'inquiétude qu'il éprouvait pour son fils.
Le Seigneur des Ténèbres les avait convoqués en milieu de matinée et leur avait expliqué le plan, seuls une poignée de Mangemorts, dont Bella, avaient été au courant. Ceux qui devraient mener des groupes particuliers.
Greyback, par exemple, était chargé de récupérer les enfants de Mangemorts et de les mettre en sécurité – leurs progénitures ayant été informées plus tôt dans la matinée par un septième année digne de confiance – puis de tuer autant d'élèves que possible et de capturer Potter au passage s'il y parvenait. Et il allait retrouver ces élèves non pas en suivant les indications d'un espion qui avait apparemment refusé d'expliquer où iraient les enfants – imaginez ça, un espion avec des principes – mais parce que quelqu'un, la veille, avait prélevé le sang de son fils et s'en servait maintenant pour le traquer.
D'autres avaient pour mission de causer la pagaille, de distraire les troupes de Dumbledore suffisamment pour qu'ils ne sachent plus où donner de la tête, pour qu'ils ne se méfient pas lorsqu'ils ne verraient aucun des Mangemorts à qui le Seigneur des Ténèbres confiait généralement ses missions les plus importantes. Le mage noir était lui-même impatient de jouer le rôle de la plus grosse distraction entre toutes.
Et, pendant ce temps, ses Mangemorts fidèles, eux…
« Je ne comprends pas pourquoi nous n'en profitons pas pour prendre Poudlard. » grommela-t-il, en fusillant du regard les cellules réaménagées en différentes salles de stockage ou bureau devant lesquelles ils étaient en train de passer.
Le Seigneur des Ténèbres s'était attribué le dernier étage de la tour : les anciens appartements du Directeur qui étaient luxueux et agréables. Mais le reste d'entre eux…
Lucius était bien content de pouvoir retourner au Manoir à la fin de la journée.
« Pourquoi devons-nous nous terrer ici comme des rats ? » insista-t-il.
« Cesse donc de questionner les choix de notre Seigneur et peut-être que tu seras mis dans ses confidences, la prochaine fois. » rétorqua Bella. « Azkaban est la forteresse parfaite. Bien plus que Poudlard. »
Elle cracha le nom avec mépris.
Sur un plan tactique, il ne pouvait lui donner tort.
Néanmoins, quelle image cela renvoyait…
« Des nouvelles de Cissy ? » demanda-t-elle, avec un peu trop de détachement.
« Tu sais bien que non. » rétorqua-t-il. « Elle m'a quitté. »
« Tu ne la cherches pas beaucoup. » riposta Bella.
« Qu'ai-je à faire d'une épouse volage ? » cingla-t-il, rendant sa voix plus cassante, se repliant derrière ses boucliers. « Lorsque le Seigneur des Ténèbres sera pleinement au pouvoir, je la répudierai et je prendrai une épouse plus jeune qui me donnera un héritier moins décevant. »
Bellatrix ne laissa rien paraître mais ce n'était pas dur d'apercevoir la haine briller dans ses yeux. Elle était en colère après Narcissa pour avoir disparu au milieu de la nuit sans un mot mais ne croyait pas autant qu'elle le prétendait à son numéro de mari outré. Probablement parce que, bien qu'elle n'ait jamais aimé personne, elle savait que Narcissa ne l'aurait jamais abandonné, de la même manière qu'il n'aurait jamais répudié sa femme. Ou leur fils.
D'où ses piques répétées sur le fait qu'il l'avait officiellement rejeté mais n'avait jamais poussé jusqu'à aller à Gringotts s'assurer que Draco ne pourrait plus avoir accès à leur fortune ou à son héritage. Il n'avait pas changé son testament, non plus.
Draco.
Draco qui allait se retrouver face à une armée déterminée à le tuer.
Draco qui…
Il renforça ses boucliers.
« Et as-tu déjà une idée en tête pour ce remariage, cher beau-frère ? » siffla-t-elle, un éclat mauvais dans le regard.
Il faillit plaisanter sur le fait qu'il ne commettrait plus jamais l'erreur de choisir qui que ce soit apparenté aux Black, puis décida qu'il y avait une meilleure manière de l'irriter. Or irriter Bella, dernièrement, était devenu son passe-temps favori. S'il avait pu lui tordre le cou sans craindre de répercussions, il l'aurait fait.
« Oui, pour tout te dire. » lâcha-t-il. « Si nous arrivons à la capturer vivante, il me semble que notre nièce ferait une excellente candidate. »
Bellatrix en cessa de marcher, se tournant vers lui pour le foudroyer du regard. « Tu n'es pas sérieux. »
« Et pourquoi pas ? » répondit-il tranquillement. « C'est une Black. Elle est puissante. Plutôt plaisante à regarder… Et puis, elle doit avoir bien des… arguments pour être parvenue à séduire Severus. Tu en conviendras comme moi, il n'a jamais été très porté sur la chose… Je suis curieux. »
« Le Seigneur des Ténèbres m'a promis sa tête. » gronda-t-elle. « C'est une souillure sur l'arbre généalogique des Black et… »
« Et ce n'est pas sa tête qui m'intéresse. » déclara-t-il, d'un haussement d'épaules. « Un petit Imperium ou deux et j'en ferais ce que je veux. Oui, vraiment, cela me semble la solution idéale… Après tout, les Black me doivent une épouse, il me semble. »
Ah, si les yeux de Bellatrix avaient pu lancer des Avada… « Je vais la tuer. Puis je tuerai Andromeda et Sirius. Et lorsque je l'aurais trouvée, il est fort possible que je tue aussi Narcissa si elle n'a pas une excellente explication à sa disparition. Quant à ton fils… »
« Doucement, Bella. » l'interrompit-il, d'un ton faussement amical. « Certaines menaces sont dangereuses pour la santé. »
Quelqu'un se racla la gorge au bout du couloir.
Il ne fût pas surpris que ce soit Pettigrow.
Toujours à fureter partout, celui-là.
« C'est l'heure. » déclara-t-il.
Lucius écarta galamment le bras, indiquant à la sorcière de passer la première. « Allons-y, dans ce cas. Nous ne voudrions pas être en retard. »
°O°O°O°O°
Assis, seul, à la table de la salle de briefing qui avait été pleine d'Aurors jusqu'à encore quelques minutes auparavant, Percy s'occupait en réorganisant l'emploi du temps du Ministre. Il avait annulé tous ses rendez-vous pour la matinée et s'employait à trouver d'autres blocs de temps où les caser dans la semaine.
À supposer qu'il y aurait encore une raison de caser des rendez-vous cette semaine là. Si Poudlard n'était pas capturée par les Mangemorts. Si le Ministère ne devait pas encore faire face à une défaite dont il ne se relèverait que difficilement. Si l'opinion ne se retournait pas contre eux pour leur gestion de la crise.
Si ses frères et sœur…
Il cessa résolument de penser à ses frères et à sa sœur. Ou à sa mère qui, il en était persuadé, s'était précipitée à Poudlard dès que le patronus de Snape était apparu au Terrier.
De temps en temps, il levait les yeux vers Scrimgeour qui se tenait devant la large fenêtre enchantée par une vue surplombant Londres, les mains croisées dans le dos, les épaules raides de tension.
Le Ministre était la seule et unique raison pour laquelle il s'était assis là au lieu de se précipiter lui aussi à Poudlard. Le patronus de Dumbledore l'avait trouvé dans la cohue des Aurors s'organisant pour partir au combat : celui qui appelait les membres de l'Ordre secondaire au combat.
Percy aurait voulu y aller.
Il n'était pas un grand duelliste, cela ne l'avait jamais intéressé, mais rester là, en sécurité, alors que…
Ginny, Ron, Fred et Georges…
Fred et George insisteraient pour se battre. Ils étaient majeurs. Il était probable qu'ils y soient autorisés.
Charlie et Bill veilleraient sur eux et sur leur mère.
Quant à Ron et Ginny…
Ils étaient censés évacuer.
Mais Harry Potter n'allait jamais se laisser évacuer sans faire d'esclandre et si Harry Potter restait en arrière, alors Ron et Hermione resteraient en arrière, et Ginny… Oh, Ginny était beaucoup plus farouche et tenace que leurs frères le pensaient et elle resterait elle aussi et…
« Vous pouvez y aller, si vous le désirez, Weasley. »
Il leva la tête, sursautant légèrement. La plume qu'il tenait à la main était restée suspendue dans les airs, une goutte d'encre tâchait maintenant la table. Depuis combien de temps s'était-il figé, perdu dans ses pensées ? Le Ministre l'observait comme s'il savait pertinemment ce qui était en train de lui passer par l'esprit.
La tentation d'accepter était grande.
Juste pour pouvoir s'assurer que…
Bill et Charlie pouvaient prendre soin d'eux-mêmes mais Ron, Ginny, Fred et George… Ginny et Ron surtout. Et leur mère.
Mais Ginny et Ron…
Ginny et Ron qui collaient toujours aux basques d'Harry Potter, qui se laissaient toujours entraîner dans toutes les situations dangereuses possibles et imaginables… Ginny et Ron…
« Non. » refusa-t-il, pourtant. « Je reste avec vous. »
C'était son devoir.
Et c'était là où il était le plus utile.
Il ne serait pas d'une grande efficacité sur un champ de bataille.
Mais ici…
Tonks avait eu beau prendre le ton de la plaisanterie lorsqu'elle lui avait ordonné de garder un œil sur le Ministre, il savait qu'elle avait été parfaitement sérieuse. Scrimgeour avait tendance à oublier parfois qu'il était plus important en tant que dirigeant de la communauté magique qu'en tant qu'ancien Auror.
Il pouvait s'assurer que le Ministre ne se laisserait pas emporter par un élan de frustration et resterait là où il était en lieu sûr.
« Combien de vos frères et sœurs sont encore élèves à Pouldard, rappelez-moi ? » s'enquit Scrimgeour.
« Quatre. » répondit-il, s'asseyant un peu plus droit, un peu plus fièrement. C'était nouveau, cette fierté qu'il avait pour sa famille. Auparavant… Il avait eu si honte de leur père et… Il s'humecta les lèvres, déglutit avec difficultés, se concentra sur ses frères et sœur pour ne pas y penser. Penser à Arthur était toujours douloureux et ne cesserait probablement jamais de l'être. « Fred et George passent leurs A.S.P.I.C.s cette année. Ils comptent ouvrir un commerce de farces et attrapes. »
Ce n'était peut-être pas l'avenir glorieux que Percy leur aurait souhaité mais, après tout, tout le monde ne pouvait pas devenir Ministre de la Magie. Si leur commerce fortifiait, ce serait tout à fait respectable. Et il n'avait aucun doute qu'ils réussiraient leur vie. Ils avaient déjà une clientèle fidèle, rentraient de l'argent plus qu'ils n'en dépensaient en fournitures… S'il arrivait à les persuader de suivre une formation en gestion à Gringotts avant de s'installer à leur compte – ou même en parallèle…
« Ron passe ses B.U.S.E.s. » continua-t-il. « Il ne sait pas encore bien ce qu'il veut faire mais c'est un garçon brillant, je suis certain qu'avec un peu de confiance en lui, il ira loin. Et Ginny… » Il sourit, comme toujours quand il pensait à sa sœur. Ce n'était pas bien d'avoir une préférée, bien sûr, mais il en avait toujours été ainsi. Bill avait Charlie, Fred avait George, et Percy, lorsqu'elle n'était pas en train de traîner après Ron, avait Ginny. « Ginny réussira tout ce qu'elle entreprendra. Elle a une volonté de fer. »
Scrimgeour lui sourit, même si ça n'atteignit pas ses yeux. « Êtes-vous certain de ne pas vouloir… »
Peut-être Percy aurait-il accepté ce coup-ci.
Mais il n'en eut pas le temps.
Un des rares Aurors que Shacklebolt avait laissés en poste au Ministère débarqua en trombe.
« Monsieur le Ministère, un des gamins que Tonks a ramenés hier a fait un malaise dans sa cellule ! » s'exclama le jeune homme.
Plus jeune que Percy.
C'était la raison pour laquelle Shacklebolt les avait laissés, lui et les autres. Trop jeunes, trop indisciplinés. Il avait voulu leur assigner un Auror plus âgé pour les diriger mais Scrimgeour avait refusé, arguant que tous les sorciers expérimentés feraient la différence à Poudlard et qu'il pouvait personnellement superviser le Département le temps qu'ils reviennent.
Le Ministre écarquilla les yeux, alarmé. « Ne le sortez pas de sa cellule ! »
Le jeune Auror eut l'air défait. « Mais… Mais… Le protocole… »
« Nous sommes en guerre, il n'y a pas de protocole ! » s'énerva Scrimgeour. « Il pourrait très bien s'agir d'un… »
Une explosion tonitruante, suivie d'alarmes à vous rendre sourd, lui coupa la parole.
« Piège. » grogna Scrimgeour.
°O°O°O°O°
Jusqu'au bout, Lucius espéra, sans trop y croire, que les Mangemorts en herbe échoueraient à remplir leur partie du plan. Il ne fût pourtant pas surpris lorsque tout se passa comme prévu.
Après tout, les Aurors avaient été suffisamment stupides pour gober, la veille, que les aspirants Mangemorts avaient véritablement tenté de capturer Draco et Severus – une information dont Bella s'était bien gardée de le mettre au courant sur le moment – et les avaient arrêtés sans plus se demander comment ils avaient pu être aussi stupides pour penser avoir seulement une chance contre un sorcier de la trempe de Severus Snape – affaibli ou non, il restait un adversaire de taille. Cela étant dit, vu que n'importe qui cherchait à rejoindre les rangs du mage noir dernièrement pour sauver sa vie, leur réputation n'était plus ce qu'elle était.
Rowle Junior feignit donc un malaise à l'heure exacte prévue et, lorsque les pauvres excuses d'Aurors qui restaient dans le bâtiment le sortirent de sa cellule comme le voulait le protocole que seul un idiot aurait suivi en temps de guerre, détonna la série de potions explosives placées au préalable par un sympathisant infiltré, libérant le reste des prisonniers. Le tout alors même qu'un autre employé du Ministère à la solde du Seigneur des Ténèbres les faisaient rentrer discrètement par une porte dérobée.
Onze heures pile à sa montre, exactement comme prévu.
Et personne au Ministère ne s'attendait à leur attaque.
Parce que Dumbledore, ce vieil imbécile arrogant, avait échoué à répondre à son miroir.
« Tout le monde sait ce qu'il a à faire. » déclara Bella, sautillant presque le long d'un couloir alors qu'une alarme tonitruante se mettait à résonner dans tout le Ministère. « Tuez-en autant que possible mais laissez-en échapper quelques uns pour qu'ils puissent raconter ce qu'ils ont vu. Rodolphus chéri, si tu laisses échapper Bones, c'est moi qui te tue. »
C'était une armée qui attaquait le Ministère.
La véritable armée de Lord Voldemort.
Pas les jeunes Mangemorts ou les dégénérés qu'avait emmenés le Seigneur des Ténèbres avec lui.
Ils se séparèrent en différents groupes. Les Carrow et Pettigrow emportèrent le groupe le plus important vers l'atrium car c'était là que convergeraient très certainement les employés lorsqu'ils fuiraient : vers les cheminées que d'autres sympathisants devaient déjà avoir déconnectées. Yaxley et Rookwood emmenèrent un nombre plus restreint vers les points de transplanage, Rodolphus se dirigea vers le Département de Justice Magique et le Magenmagot avec Mulciber. Ce qui les laissait, lui, Bella, Avery, MacNair et Nott à la tête du reste. Leur cible était le Département des Aurors, celle de Bella était Scrimgeour.
Oui, Dumbledore allait vraiment se mordre les doigts de ne pas lui avoir répondu.
« En avant ! » ricana Bellatrix, la folie meurtrière brillant déjà dans ses yeux sombres.
Si différente de sa sœur.
Narcissa n'était que lumière et beauté éthérée.
Bellatrix…
Il s'autorisa un bref moment de sentimentalisme. Narcissa lui manquait. Il ne lui avait pas parlé depuis la nuit où il l'avait confiée aux bons soins de Dumbledore et il avait l'impression d'avoir perdu un membre. Elle était tout pour lui. Son cœur. Son âme. Sa vie.
Sa sœur, en revanche, il l'aurait volontiers rayée de la carte.
En grande partie parce qu'il savait que si jamais elle se retrouvait face à Draco, elle n'hésiterait pas une seconde avant de le torturer puis de le tuer pour avoir entaché la réputation familiale.
Cela aurait été beaucoup plus simple si Draco s'était conformé à ce que l'on attendait de lui, bien entendu, mais Lucius voulait davantage pour son fils qu'une vie de servitude à se traîner aux pieds d'un mégalomane qui, cela devenait de plus en plus clair jour après jour, n'avait aucune idée précise de comment Il allait diriger un pays. C'était bien beau de vouloir le pouvoir mais qu'allait-Il faire une fois qu'Il l'aurait ?
Grindelwald, au moins, avait été un politicien avant de se rabattre sur des méthodes plus radicales.
Le Seigneur des Ténèbres…
Il y eut des hurlements lorsqu'ils atteignirent les premiers étages et se mirent à jeter des maléfices dans le tas, sans discriminer. Ils ne rencontrèrent que très peu de résistance. Les sorciers et sorcières étaient paniqués et hurlaient à leur vue, cherchaient à courir… Il ne pouvait pas les blâmer, Bellatrix qui riait aux éclats et tourbillonnait dans sa robe noire comme si elle était à la fête, avait de quoi terrifier les plus stoïques.
Les rares personnes qui essayèrent de les ralentir ou de les attaquer furent facilement vaincues.
Lucius se cantonnait aux sorts de morts mais les autres ne tuaient pas proprement. Avant qu'il soit longtemps les couloirs étaient repeints de rouge et leurs masques blancs étaient tâchés de sang.
Une bonne chose que son propre masque d'ivoire dissimulait son expression dégoûtée.
Ce n'était pas que tuer le dérangeait, il ne s'était pas ramolli à ce point et il ne se préoccupait pas tant de la vie d'autrui que de la survie de sa famille et de sa Maison, toutefois…
Tout était de la faute de Dumbledore.
Peut-être, songea-t-il, tout en assassinant la secrétaire du chef du Département des Jeux et Sports Magiques – une femme qui l'avait toujours horripilé – que cela aurait été plus simple s'il avait sincèrement cru en ce que vendait le Seigneur des Ténèbres. Bien entendu que les Sang-Purs auraient dû régner sur le reste de la communauté magique, par vertu de leur lignée, parce que c'était leur responsabilité et leur devoir, parce que c'était leur héritage et que tous ces parvenus de Sang-de-Bourbes volaient leurs positions au Ministère et sapaient leur autorité, érodaient petit à petit la grandeur des Maisons… De là à croire, comme la plupart des jeunes qui les rejoignaient, que les Sang-de-Bourbes volaient littéralement la magie des sorciers…
Cependant, il était persuadé que plusieurs des Mangemorts les plus anciens y croyaient eux aussi. C'était, après tout, une croyance populaire qui datait de plusieurs siècles. Ironique, étant donné que toutes les études menées par Sainte Mangouste en secret indiquaient que les familles Sang-Pures qui s'étaient mariées entre elles pendant des siècles rencontraient des problèmes de fertilité alors que l'ajout d'un Sang-Mêlé de temps en temps, voire d'un Sang-de-Bourbe si l'on pouvait s'y résoudre, renforçait les lignées.
Voilà pourquoi il n'était pas si fâché que Draco soit tombé amoureux d'Hermione Granger. Lucius et Narcissa avaient eu toutes les peines à concevoir et n'étaient jamais parvenus à avoir de deuxième enfant. Bellatrix était stérile. Andromeda n'avait eu qu'une fille et il doutait que cela soit par choix. Un peu de sang neuf, même du sang moins bleu que le leur, ne ferait sans doute pas de mal aux Malfoy. Qui plus était, son fils aurait pu moins bien choisir. Granger, selon sa discrète enquête, était reconnue comme étant la sorcière la plus brillante de sa génération. Et lorsque Draco avait subi le sort de mort au Département des Mystères… Il était indéniable que la jeune fille l'aimait sincèrement. C'était tout ce qu'il souhaitait pour son fils : un mariage d'amour.
Non, il ne croyait pas, ou plus, aux boniments du Seigneur des Ténèbres.
Cela ne signifiait pas qu'il aurait dû se sentir mal d'assassiner ces gens.
Pour ça, il blâmait Dumbledore et son hypocrisie, ses discours moralisateurs qui dissimulaient ses propres crimes sous une chape de bienséance.
Bellatrix les quitta pour aller chasser le Ministre jusque dans son bureau.
Lucius prit naturellement la tête de leur groupe vers le Département des Aurors.
°O°O°O°O°
Les mémos arrivaient de tous les côtés, tâchés de sang pour la plupart, et il devint évident très, très vite qu'ils n'auraient pas le temps de planifier une contre-offensive. Les prisonniers étaient libres et une armée de Mangemorts avait envahi le Ministère.
« Il faut évacuer. » ragea Scrimgeour, en s'adressant aux quelques Aurors qui étaient revenus se présenter au Département. Tous les autres étaient…
Percy l'ignorait.
Il se tenait derrière le Ministre et serrait le gros agenda contre son torse, sans savoir pourquoi.
« Escortez les employés jusqu'aux sorties. » ordonna le Ministre. « Repoussez les Mangemorts. La priorité est de sauver le maximum de gens. Compris ? »
Les quelques Aurors – trop jeunes, trop jeunes - hochèrent la tête et s'empressèrent de déguerpir. Aucun d'eux n'eut la jugeote de faire la réflexion évidente : escorter les employés n'était pas la priorité. La priorité était Scrimgeour.
Percy gonfla le torse, prit son air le plus autoritaire. « Monsieur le Ministre… »
« Allez dans le bureau de Kingsley. Détruisez tous les documents compromettants. » ordonna Scrimgeour. « Tout ce que nous avons sur Azkaban, tous les possibles plans et caches… Allez, Weasley ! »
Avant qu'il ait pu protester, insister pour qu'il le laisse s'occuper des documents et aille se mettre en sécurité, Scrimgeour s'était déjà détourné et, claudiquant, avait rejoint la salle de briefing où il entreprit de rassembler tous les papiers et rapports au milieu de la table.
Probablement pour y mettre le feu.
Marmonnant un juron, Percy partit en courant vers le bureau de Shacklebolt. Plus vite il aurait terminé, plus vite il pourrait convaincre Scrimgeour de s'enfuir.
Kingsley, fort heureusement, était un homme organisé et rassembler les ébauches d'une possible attaque, ainsi que les planques du Ministère, ne lui prit pas longtemps. Il jeta le tout dans la poubelle et y mit le feu s'en s'embarrasser de l'éteindre ou de s'inquiéter d'un incendie. L'alarme continuait de toute manière à s'époumoner…
Scrimgeour n'était plus dans la salle de réunion mais il suivit le bruit jusqu'à l'ancien bureau de Fol'Œil qui était maintenant exclusivement celui de Tonks.
« Rappelez-moi de lui botter les fesses pour lui apprendre à être plus organisée. » grommela le Ministre, sans lever les yeux vers lui, un tas de documents dans les bras. Puis il parut renoncer et jeta le tout sur le bureau, laissa son regard trainer alentour… « J'espère qu'il n'y a rien là-dedans auquel elle tient. Reculez. »
Percy s'exécuta et laissa Scrimgeour passer l'intégralité du bureau à l'incendio avant de maîtriser l'incendie d'un aguamenti. Il n'aimait pas les bruits qu'il entendait par-dessus l'alarme.
« Ils approchent. » lâcha-t-il, sa voix tremblant légèrement.
« Prenez le petit couloir. » ordonna le Ministre. « Je ne donne pas cher de l'Atrium, tentez plutôt les points de transplannage d'urgence. »
« Oh, vous venez avec moi. » rétorqua Percy. « J'ai mes ordres. »
Tonks serait furieuse s'il s'enfuyait en abandonnant le Ministre de la Magie.
« C'est moi qui donne les ordres, n'en déplaise à une certaine Auror. » riposta Scrimgeour. « Nous ne sortirons pas tous d'ici, Weasley. Vous avez une meilleure chance sans moi de… »
« Sauf votre respect, Monsieur le Ministre, je ne vais pas vous laisser. Alors allons-y. » l'interrompit Percy, en lui attrapant le bras et en l'entraînant vers le petit couloir en question, plus discret et, avec un peu de chance, dénué de Mangemorts.
Ils n'avait même pas traversé la moitié de l'open space lorsqu'ils entendirent les Mangemorts arriver.
Sans hésiter, Scrimgeour le poussa à l'intérieur d'un des bureaux et ferma la porte derrière eux, lui intimant le silence d'un doigt posé sur les lèvres.
°O°O°O°O°
Le Département des Aurors était complètement vide.
Ce n'était pas si surprenant, au demeurant, se dit Lucius, c'était la preuve que le plan avait fonctionné. Le gros des troupes était sans doute à Poudlard et ce qu'il en restait ici s'était dispersé pour défendre la veuve et l'orphelin, ce qui signifiait que la voie jusqu'au Ministre de la Magie serait libre. Excepté s'il avait un portoloin caché quelque part en cas d'urgence mais Scrimgeour n'était pas Fudge alors il en doutait. Si portoloin il y avait, il ne l'aurait pas pris.
« Faites ce que vous avez à faire. » ordonna-t-il aux autres. « Je vais fouiller les bureaux. »
Où il comptait ne rien trouver d'intéressant.
Regrettable comme les Aurors avaient tout détruit avant de partir à Poudlard.
Cela lui vaudrait probablement quelques doloris si le Seigneur des Ténèbres revenait de mauvaise humeur… Dumbledore appréciait-il les sacrifices qu'il faisait pour la cause ? Bien sûr que non. Comment Severus avait pu supporter ce rôle de martyre pendant plus de quinze ans le dépassait. Lucius n'en pouvait déjà plus au bout de quelques mois.
Aucun des autres Mangemorts ne chercha à discuter. Le Département était très visiblement désert et ils avaient soif de sang.
Il attendit d'être seul pour jeter un hominum revelio par acquis de conscience.
Deux signatures dans un bureau sur la droite.
Avec un soupir, il se dirigea vers le bureau en question. Pouvait-on se lasser de l'Avada ? Fût un temps où la magie noire le comblait, où il pouvait passer des heures et des heures à la pratiquer. Puis Draco était né et, s'il devait être honnête, aussi niais que cela semble, il avait trouvé un sens tout nouveau à sa vie. Cela ne signifiait pas qu'il n'appréciait pas un bon rituel de magie noire à l'occasion mais… Les Impardonnables avaient quelque chose de barbants dernièrement.
Il refusait d'appeler ce pincement dans sa poitrine du remord.
C'était plus simple de le qualifier d'ennui.
Les années passées à magouiller dans l'ombre après la chute du Seigneur des Ténèbres lui manquaient. Il ne s'était jamais ennuyé à cette époque là. Il avait toujours eu un projet en cours et un autre sous le coude, les Impardonnables étaient suffisamment rares pour être appréciés à leur juste valeur et il avait été agréable de ne pas craindre pour sa vie à chaque seconde parce que son seigneur et maître était entièrement instable.
Il enfonça la porte du bureau d'un coup de pied et pointa sa baguette vers…
Il grogna légèrement, ravalant les premières syllabes du sort de mort.
« Un rouquin, une robe de seconde main… » railla-t-il. « Inutile de perdre du temps en présentations. »
Le Weasley – c'était forcément un Weasley – déglutit mais releva légèrement sa baguette. Le sort de bouclier qu'il avait jeté était si fort qu'il tremblotait presque autour de lui.
Mais il était seul et…
Oh, bien entendu…
Lucius pivota juste à temps pour éviter le sort de mort qui l'aurait touché en plein milieu du dos et se retrouva face à Rufus Scrimgeour.
Il leva les yeux au ciel. « Vous ne pouviez pas vous enfuir comme tout bon Ministre qui se respecte ? »
Voilà qui allait méchamment compliquer la situation.
Il savait très bien ce que Dumbledore aurait exigé de lui, s'il avait pu lui parler avant l'attaque.
S'assurer que la communauté magique ait toujours un Ministre à la fin de la journée était capital.
Était-il toujours utile d'obéir aux ordres de Dumbledore, toutefois ? Si Poudlard tombait… Mais le Seigneur des Ténèbres avait apparemment décidé qu'il ne voulait pas prendre Poudlard ce jour là et les chances que le vieux fou en réchappent étaient grandes. Poudlard était une distraction, le véritable objectif était là devant lui. Poudlard vivrait pour voir un nouveau jour se lever et Draco…
Draco s'était retrouvé face à Greyback et une armée décidée à l'assassiner…
Il renforça ses boucliers mentaux.
Draco était plein de ressources. Draco était un Malfoy et les Malfoy survivaient quoi qu'il arrive.
« Lucius Malfoy. » cracha Scrimgeour, comme une insulte.
« En chair et en os. » soupira-t-il, en faisant disparaître son masque d'un geste négligeant des doigts. « Bien. À présent, que ces formalités sont faites… »
Scrimgeour attaqua d'un autre sort de mort que Lucius n'évita que de justesse. Il para le stupefix de Weasley dans la foulée et riposta avec suffisamment de force en direction du Ministre pour l'envoyer voler dans l'open space désert du Département.
Weasley voulut l'attaquer à nouveau mais il le désarma avec facilité et lui jeta un sortilège de pétrification. « Vous, restez là. »
Il aurait pu le tuer mais il aurait eu, ensuite, du mal à convaincre Scrimgeour de lui faire confiance.
Il sortait à peine du bureau lorsque le troisième sort vert fusa vers lui. Il esquiva avec agacement.
« Ne devriez-vous pas être un peu plus réfractaire aux Impardonnables, en tant qu'ancien Auror ? » commenta-t-il.
Scrimgeour s'était remis debout et…
S'écroula à nouveau au sol où il convulsa durant une bonne minute, préférant visiblement se mordre les joues plutôt que de crier.
Lucius compatissait. C'était un dilemme qu'il subissait à chaque fois que le Seigneur des Ténèbres lui faisait l'honneur de le punir.
Ça n'empêchait pas les petits bruits étranglés à la limite du gémissement.
Il leva les yeux vers Bella qui se tenait à l'entrée du Département. Elle mit finalement un terme à son sortilège de doloris, laissant le Ministre haleter au sol pour mieux le fusiller du regard à lui. « C'est à moi que le Seigneur des Ténèbres a confié la mission de le tuer. »
Il pouvait assassiner cette folle. Là, tout de suite. Personne n'en saurait rien.
La pensée lui vint, insistante.
Il pouvait lui jeter un Avada, mettre sa mort sur le dos de Scrimgeour…
Il leva sa baguette…
Et la redirigea immédiatement vers le Ministre à qui il jeta un nouvel endoloris parce que MacNair venait de les rejoindre.
« Tout est prêt. » déclara ce dernier.
Il ne pouvait plus rien pour Scrimgeour.
Pas à moins d'attaquer Bellatrix et MacNair, ce qui briserait sa couverture et il n'était pas prêt à se déclarer ouvertement contre le Seigneur des Ténèbres. Pas depuis qu'Il avait une baguette surpuissante.
Selon comment se terminait cette journée…
Il lui faudrait peut-être revoir sa stratégie sur le long terme.
Dumbledore n'était peut-être plus la solution la plus sûre.
Peut-être était-il temps de récupérer Narcissa là où le Directeur l'avait cachée et l'envoyer avec leur fils aussi loin qu'il était humainement possible d'aller. Ni l'un, ni l'autre n'avait de Marque des Ténèbres… S'il les expédiait suffisamment loin… Il était même prêt à inclure la Sang-de-Bourbe de Draco, si cela pouvait faire la différence.
« Mais je n'ai pas eu le temps de jouer. » bouda Bella. « Et Lucius allait me voler la mise à mort. »
Lucius leva les yeux au ciel. « Est-ce ma faute si tu n'étais pas au bon endroit au bon moment ? Tu perds la main, ma chère. Avada… »
« Avada Kedavra ! » cria-t-elle, le prenant de vitesse.
Scrimgeour n'eut pas le temps de voir venir le maléfice.
C'était plus de chance que la plupart des victimes de Bellatrix n'en avaient généralement.
« Tu es témoin, MacNair, c'est moi qui l'ait eu ! » rit-elle, comme si c'était une bonne plaisanterie.
Il échangea un regard lourd de sens avec l'autre Mangemort, n'étant pas le seul que les gamineries de Bella insupportaient.
« Allons-y ! » lança-t-il, sans plus un regard pour le Ministre. « Je n'ai pas envie d'être encore ici lorsque tout explosera. Combien de temps avons-nous ? Cinq minutes ? »
« Dix. » grogna MacNair. « J'ai mis la bombe dans mon bureau. Merde, ce que je peux détester cet endroit… »
Lucius hocha la tête et entraîna les deux autres vers la sortie.
Aucun des deux n'aperçut son geste négligeant alors qu'ils quittaient le Département des Aurors.
Un finite qui ne lui coûtait rien, pas plus que le fait d'avoir élevé la voix.
Simplement parce qu'il avait détesté Arthur Weasley et s'était réjoui de sa mort mais que Draco était désormais ami avec son plus jeune fils.
Ce n'était ni du remord, ni de la compassion.
Il n'était pas devenu aussi sensible que ça pour chercher la rédemption là où il pouvait la trouver.
C'était juste…
Avec agacement, il écarta le Weasley de son esprit.
Ce n'était rien du tout.
°O°O°O°O°
Le sortilège de pétrification disparut brutalement, sans que Percy ne se l'explique. Peut-être que Malfoy avait relâché sa vigilance où peut-être l'avait-il simplement oublié… Quoi qu'il en fût, il resta allongé là de longues secondes à avaler goulument l'air, tendant l'oreille pour s'assurer que les Mangemorts étaient bien partis…
Lorsqu'il en fût certain, il se redressa et sortit prudemment de son abri, sachant déjà ce qu'il allait trouver. Il s'y était préparé mais était-on jamais prêt pour ce genre de choses ?
Scrimgeour était mort.
Par acquis de conscience, il s'accroupit auprès de lui et vérifia son pouls puis il lui ferma les yeux, déglutissant plusieurs fois sans parvenir à avaler la grosse boule qui lui obstruait la gorge.
Il avait adoré travailler pour lui. Scrimgeour n'était pas facile tous les jours mais il l'avait toujours traité avec respect et il avait plus appris avec lui qu'avec Fudge.
Et pourtant il avait, à de nombreuses reprises depuis la mort de son père, passé des informations sur le Ministre ou le Ministère à Dumbledore.
Scrimgeour avait été un exemple de courage, exactement le leader dont la communauté magique avait eu besoin et il ne savait pas comment ils allaient faire sans lui. Qui pouvait reprendre la suite ? Techniquement, légalement, Madame Bones était Ministre à présent… À supposer qu'elle était encore en vie. Dans le cas contraire… Kingsley Shacklebolt venait en second.
J'ai mis la bombe dans mon bureau.
Dix minutes.
Moins, à présent.
Sans plus tergiverser, Percy partit en courant. Il pourrait régler la question de qui était Ministre plus tard. D'abord, il lui fallait sortir d'ici vivant.
Cette alarme qui ne cessait de hurler allait le rendre fou.
Il se glissa de couloir en couloir, délaissa les ascenseurs pour mieux se jeter dans les cages d'escaliers…
Il ne lui fallut guère qu'une poignée de minutes pour arriver, haletant, à destination.
Pas l'atrium ou la zone de transplannage, non, mais le bureau de MacNair.
Parce qu'il n'allait pas permettre que les Mangemorts détruisent le Ministère.
Le Ministère était un symbole et il devait demeurer fort.
Ils avaient évacué vers Gringotts tout ce qu'ils comptaient d'armes et d'artéfacts précieux mais il restait des choses au Département des Mystères qu'ils ne pouvaient ps déplacer, des choses qui n'avaient aucun prix, des choses qu'ils ne pouvaient pas se permettre de perdre.
Alors il se glissa courageusement dans le bureau de MacNair et ferma la porte derrière lui. Il n'eut pas à chercher longtemps pour trouver la bombe, le Mangemort ne s'était pas encombré de la dissimuler. Elle était posée sur le bureau : une création de fioles remplies de divers liquides de différentes couleurs reliées entre elles par des filaments magiques…
Percy paniqua légèrement.
Comment désamorçait-on une bombe ?
Bill aurait su.
Mais Bill n'était pas là.
Percy n'avait jamais excellé en Défense mais il était, en revanche, très bon en Sortilèges et il se défendait en Potions – Snape ne lui avait jamais hurlé dessus ou ne l'avait jamais accusé d'incompétence du moins, ce qui revenait à de l'approbation pour le Professeur acariâtre – il s'exhorta donc à garder son calme et à approcher le problème de manière rationnelle.
Une inspection approfondie, bien que rapide, lui dit que les fioles étaient remplies de deux types de potions explosives. Assez pour détruire une bonne partie du Ministère, probablement pas assez pour faire écrouler tout le bâtiment… Les filaments servaient de déclencheurs et de minuteurs…
Un finite ne règlerait pas la question, il lui fallait trouver le bon contre-sort.
S'il se trompait…
Mais il ne se tromperait pas.
Il avait passé sa jeunesse à la bibliothèque, avait lu pratiquement tous les rayonnages malgré les moqueries répétées de ses frères et de sa sœur, comme s'il avait toujours su que ça servirait un jour. Percy n'avait jamais voulu être un héro, mais il avait aussi toujours su qu'il ferait quelque chose d'important de sa vie et sauver le Ministère serait de bon ton lorsque, dans de nombreuses années, il briguerait le poste de Ministre de la Magie.
Retenant légèrement sa respiration, il lança le sort qui feraient disparaître les filaments de magie.
S'il se trompait…
Mais il ne s'était pas trompé.
Soufflant avec soulagement, il eut une pensée pour Flitwick qui l'avait encouragé, en cinquième année, à explorer les différents sortilèges en rapport au temps. Puis, il se reprit et écarta prudemment les fioles remplies de potions les unes des autres, juste au cas où.
Et, lorsqu'il fût certain qu'il avait complètement désamorcé la bombe, que c'était fini, il se laissa glisser au sol et prit sa tête entre ses mains. Il laissa la terreur et la panique qu'il avait réprimées ces dernières minutes l'envahir, laissa son corps se mettre à trembler…
Il devait sortir d'ici, contacter Shacklebolt, demander de l'aide, s'assurer que sa famille allait bien… Bill n'allait jamais croire ce qu'il venait de faire…
Mais il allait d'abord prendre une minute pour respirer, pour…
Il allait demander Audrey en mariage.
Oui.
Oui, c'était exactement ce qu'il allait faire.
Dès qu'il aurait prévenu Shacklebolt ou Tonks, dès qu'il aurait localisé Madame Bones…
Il allait demander Audrey en mariage.
Il l'aimait.
Il voulait construire sa vie avec elle.
Pourquoi avait-il seulement tant tardé ?
Il n'avait pas assez d'économies pour acheter une bague, pas avec le Terrier à entretenir, mais il irait supplier la Tante Muriel s'il le fallait. Après tout, elle avait…
Il y eut un bruit alarmant.
Il releva la tête, sans comprendre, et puis…
°O°O°O°O°
À l'abri sur le toit d'un grand immeuble, Lucius regarda le pâté de maison s'écrouler, enterrant des Moldus et les quelques sorciers qui s'enfuyaient encore en courant du Ministère.
MacNair et Avery n'avaient pas lésiné sur le nombre de bombes… Les pauvres idiots qui se retrouveraient en charge d'expliquer la chose aux Moldus allaient avoir beaucoup de travail pour les convaincre qu'il n'y avait rien de magique là-dessous. Surtout après Cardiff.
À ses côtés Pettigrow se trémoussa. « Dois-je… »
« Dépêche-toi de le prévenir. » cracha-t-il, se retenant à grand peine de lui jeter un maléfice. Il n'avait jamais oublié qui avait tué son fils au Département des Mystères et il n'était pas prêt de le faire. Sa vengeance viendrait.
Le rat servile transplanna sans demander son reste.
Bella était déjà repartie à Azkaban avec le reste des troupes.
Lucius s'était porté volontaire pour rester en arrière et s'assurer que le Ministère parte bien en fumée.
Mission accomplie.
À voir le carnage, il ne restait rien là-dessous.
Ni personne d'ailleurs.
Il se demanda brièvement si le Weasley avait réussi à s'échapper à temps puis effaça cette idée de son esprit.
Ce n'était pas productif.
Pas plus que se demander si Draco avait survécu à l'attaque de Poudlard.
Il avait donné une chance au fils d'Arthur Weasley…
S'il existait une balance cosmique…
Draco.
Si Draco était mort, il allait raser Azkaban à coup de Feudeymon.
