Yo, les gens, merci de garder les reviews sur l'histoire et pas sur des trucs qui se passent sur le site.
Katymyny : Impossible de te contacter vu que ta messagerie est fermée. Je comprends que ça partait d'un bon sentiment mais, en fait, tout ce que tu as fait c'est faire de la pub à ce que tu dénonçais et sur mes histoires qui n'étaient pas touchées en premier lieu qui plus est - m'angoissant au passage. En règle générale, envoyer directement un mail au support du site aurait été plus productif que ça... Je n'ai pas pu te contacter pour te demander de supprimer tes reviews (ici et sur SR) mais ce serait bien que tu le fasse s'il te plait merci vu que je ne veux en aucun cas rien qui renvoie à ces messages là lié à moi. Pour être tout à fait honnête j'ai dû signaler ta review (en expliquant bien que je ne voulais pas de répercussions sur toi puisque ça partait d'une bonne intention et que tu cherchais juste à alerter) pour qu'elle soit supprimée mais la réactivité de ff étant ce qu'elle est... Bref, je te serais très reconnaissante de suprimer les deux reviews en question. Si le problème de review de ce type se posait sur mes histoires, ne t'inquiète pas je gérerais immédiatement le problème. Merci de ta compréhension.
Ceci étant dit et le sujet étant clos...
Le prochain chapitre sera le 4 Novembre (le mercredi 18 octobre, je sortirais une scène bonus smut qui s'intercale entre les chapitres 75 et 76 mais je la publierai uniquement sur ao3. Encore une fois j'encourage fortement la migration vers ce site là)
Enjoy & Review
« I become whole. I become me: light and dark and mystery between. »
The Darkening – Sunya Mara
« Je deviens complète. Je deviens moi : lumière et ombre et un mystère entre les deux. »
The Darkening – Sunya Mara
Chapitre 76 : Light And Dark And Mystery Between
Il y avait une alcôve, au fond du bureau du Directeur, qui était facilement escamotable de la vue de visiteurs éventuels. C'était là, autour une table ronde, qu'ils avaient établi leur quartier général pour ce qui avait été baptisé l'Opération Niffleur, ainsi nommée en hommage à Paillette.
Severus ne savait pas ce qui était le plus ridicule : le nom, le symbolisme de la table ronde ou bien le fait qu'ils projetaient sérieusement de cambrioler des Gobelins.
Il était le seul à être assis dans un fauteuil, sa canne appuyée contre l'accoudoir. Nymphadora était perchée sur le rebord d'une console où s'entassait une pile de livres. Bill était campé sur ses deux pieds, bras croisés et une expression préoccupée sur le visage. Albus se tenait de l'autre côté de la table, à jouer distraitement avec la bague passée à son annulaire gauche. Quant à Sirius, il ne tenait pas en place et allait et venait régulièrement d'un bout à l'autre de l'alcôve.
Des plans s'étalaient sur la table, maintenus en place par quelques uns des innombrables bibelots d'Albus. Ces plans, Severus n'avait pas demandé au Directeur comment il s'était débrouillé pour les obtenir. Un Gobelin qui avait des griefs envers ses congénères, sans doute. Le vieux sorcier avait juré qu'aucun murmure ne reviendrait aux oreilles de ceux de Gringotts et ça lui suffisait. Les plans, de toute manière, ne servaient pas à grand-chose. Ils étaient incomplets, délibérément peu clairs…
« Impossible de prévoir une échappatoire en cas de problème. » décréta-t-il, mettant fin aux interminables palabres.
« Ce serait déjà bien d'avoir un moyen d'entrer. » rétorqua Sirius, en désignant d'un geste la pensine où flottait encore ses souvenirs.
Depuis leur dernière réunion, la semaine précédente, ils n'avaient pas chômés. Nymphadora et Bill avaient rassemblés tout un tas d'informations pertinentes grâce à Delacour et Charlie Weasley, Albus avait trouvé les plans, Sirius était parti en repérage sous-prétexte d'accompagner Draco ouvrir un coffre pour Orion et visiter les coffres familiaux des Black dans la foulée. Severus, pour sa part, avait compilé toute une liste de sorts et de maléfices extrêmement efficaces sur les Gobelins et les dragons.
Mais s'ils en venaient à se servir de sa liste, ils auraient probablement déjà perdu la partie.
Une attaque frontale était exclue.
Ils devaient voler cette coupe sans que personne ne s'en aperçoive, pas même Gringotts.
« Il faut environ dix minutes en wagonnet pour descendre tout en bas. » insista l'Animagus, croisant tour à tour les regards d'Albus, Nymphadora et Bill, pour finir par Severus. « L'accès est direct et escarpé. Impossible de passer d'un coffre à l'autre. Je pouvais à peine distinguer les autres dans l'obscurité. Les torches ne s'allument que sur l'ordre d'un Gobelin et… »
« Nous avons tous vu tes souvenirs dans la pensine. » le coupa Severus.
« Et on a un moyen d'entrer. » répondit Nymphadora. « Cette partie du plan, ce n'est pas le problème. »
« Ah bon ? » s'étonna Bill, en fronçant les sourcils. « Première nouvelle. Comment… »
« Seul un Lestrange peut accéder au coffre des Lestrange. » le coupa-t-elle. « Donc, il nous faut un Lestrange. »
Severus détestait cette partie du plan. Ils en avaient débattu la moitié de la nuit.
Mais il avait beau la détester, il savait que c'était la plus sensée.
Sirius s'étrangla à moitié. « Tu veux capturer Bellatrix ou Rodolphus ? »
« Je crois que ce que Nymphadora essaye de dire, c'est que nous n'avons besoin ni de l'un, ni de l'autre. » intervint Albus, une étincelle amusée brillant dans ses yeux bleus. « Simplement leur apparence. »
Bill secouait déjà la tête. « Le Polynectar ne marchera pas. »
« Hello ! » s'agaça la jeune femme, en se désignant de la tête au pied d'un geste impatient. « Pas besoin de Polynectar quand on a une Métamorphomage dans l'équipe ! J'aurais besoin d'autant de souvenirs de Bella que vous avez, surtout toi Sirius. »
« Tu veux sérieusement te faire passer pour Bellatrix ? » lâcha l'Animagus.
Au même moment, Bill secoua la tête et désigna un endroit sur le plan. « Ça ne fonctionnera pas. La Cascade des Voleurs… »
« Brise tous les enchantements. » termina l'Auror à sa place. Dans la seconde, ses traits avaient changé comme de la cire fondue et son visage fut remplacé par une copie exacte de celui de Bill. « Ce n'est pas un enchantement, c'est moi. »
L'aîné des Weasley fit la grimace. « D'accord, déjà… Arrête ça, c'est flippant. Ensuite, ça reste de la magie et… »
« Ce n'est pas pareil. » insista-t-elle, le visage de Bill se plissant dans la même grimace que lui. « Vas-y, essaye de me forcer à reprendre ma vraie apparence. Essaye tes sorts anti-enchantements les plus puissants. »
« Sans la blesser. » avertit Severus, de son fauteuil.
« Les dons d'un Métamorphomage sont innés. » commenta Albus. « Il ne s'agit ni d'un enchantement, ni d'une forme de magie traditionnelle. Contrairement à un Animagus, changer de forme ne demande pas une démonstration de pouvoir. Leur corps est fait comme ça. N'importe quelle apparence que Nymphadora prenne est techniquement la sienne. »
Le Briseur de Sorts capitula sans tenter quoi que ce soit mais leva tout de même les deux mains en signe d'avertissement. « La Cascade des Voleurs est l'un des dispositifs anti-enchantements les plus forts que j'ai vu de ma carrière. »
« Admettons que Tonks se fasse passer pour Bellatrix et que ça marche… » soupira Sirius. « Ils ne vont pas te laisser rentrer comme ça. Il nous faut sa baguette ou sa clef. »
« Ce serait trop espérer, sans doute, qu'elle ait laissé tout ça au Manoir Malfoy ? » s'enquit Severus. « Elle ou Rodolphus… Ils ne s'attendaient pas à en être délogés, si je ne m'abuse, et tu as dit que Bellatrix avait abandonné une grande quantité de ses affaires… »
« Ce serait un coup de chance. » riposta l'Animagus. « Et quand est-ce qu'on a eu de la chance ? »
« Cela vaudrait tout de même une exploration plus minutieuse de leurs chambres. » jugea Albus. « Si vous obtenez l'autorisation du jeune Lord Malfoy, bien entendu. »
Sirius agita la main, considérant déjà la chose comme acquise. « Et quand je reviens bredouille ? C'est quoi le plan B ? »
« Le plan B, c'est que je capture Bellatrix ou que je lui vole sa baguette aussi rapidement que possible. » déclara Nymphadora, en croisant le regard de Severus.
Parce qu'ils s'étaient disputés lorsqu'ils en étaient arrivés à cette conclusion très logique, la veille au soir.
Ce n'était pas tant qu'il ne la pensait pas capable de battre Bella, c'était juste que… L'inquiétude lui vrillait le ventre. Bellatrix était plus dangereuse que tous les autres, à l'exception du Seigneur des Ténèbres. Et leur dernière confrontation ne s'était pas très bien passée.
« Je pourrais servir d'appât. » offrit-il.
Un autre détail sur lequel ils s'étaient disputés.
Néanmoins, il n'en pouvait plus de rester terré au château pendant que les autres se battaient à sa place. Il avait l'impression de ne pas contribuer, pas de manière active du moins, et…
« Non. » le mot fusa de toutes les bouches à la fois.
Humilié, Severus détourna la tête.
« Je vous ferais remarquer que durant la bataille, c'est moi qui était en première ligne. » cracha-t-il, les joues rougies. « Certes, le Seigneur des Ténèbres m'a désarmé mais… »
« Ce ne sont pas vos capacités que nous remettons en doute, mon garçon. » l'interrompit Albus. « Vous êtes trop précieux à l'Ordre et à ce gouvernement. Je n'ignore pas qu'il est frustrant de rester en arrière, croyez-moi, mais c'est la place d'un bon général. »
« Vous êtes le meilleur tacticien qu'on ait et un de nos meilleurs experts en Forces du Mal. » renchérit Bill. « Vous êtes probablement l'expert en horcruxes. »
« Et tu peux te battre, ce n'est pas le problème. On sait tous que tu pourrais tous nous battre les yeux fermés. » le consola Sirius. « Enfin, peut-être pas Dumbledore, mais… Ce n'est pas qu'on pense que… »
Nymphadora décocha un coup de pied à son cousin qui le fit taire.
« Tu es trop important pour servir d'appât. » décréta-t-elle. « À tous les niveaux. »
Il n'était pas plus important qu'Albus ou elle, aurait-il voulu contrer, mais ils étaient tous unis dans leur détermination.
Sirius se racla la gorge et fit toute une comédie de se pencher à nouveau sur les plans. « Donc, Tonks se fait passer pour Bella, on a sa baguette ou sa clef parce qu'on fait des miracles… C'est quoi le reste du plan ? Elle descend dans le coffre des Lestrange, récupère la coupe, remonte et rentre à Poudlard ni vu ni connu ? »
« Ce serait l'idéal. » déclara Albus. « Si nous pouvions éviter d'avoir à affronter un dragon… »
« Il faut envoyer quelqu'un avec elle. » décida Bill. « Elle n'a jamais vu d'horcruxe et, comme l'a fait remarquer Harry, l'autre jour, ils peuvent très bien dissimuler leur présence. »
« Sans parler des pièges qu'il doit y avoir dans le coffre même. » acquiesça l'ancien fugitif. « Il faut un expert avec elle. Ce qui me disqualifie d'office. »
« Il serait bon de ne pas trop répéter cela devant les parents d'élèves, Professeur Black. » fit remarquer Albus, pince-sans-rire.
Severus, lui, n'était pas du tout amusé. « J'irai avec elle. »
« On a déjà eu cette discussion. » soupira Nymphadora.
« Et je persiste à dire que je suis le meilleur choix. » rétorqua-t-il.
« Et, moi, je persiste à te rappeler que le général en chef de la milice de Dumbledore, numéro deux du gouvernement, et dont la tête est mise à prix par Tu-sais-qui, qui accompagne Bellatrix Lestrange dans son coffre, c'est suspect. » lâcha-t-elle.
Severus croisa les jambes avec agacement. « Les Gobelins ne font pas de politique. »
« Non, mais ce n'est pas pour ça qu'ils ne se tiennent pas au courant. » contra l'Auror, d'un ton ferme.
« J'irai, moi. » soupira Bill, en levant la main, comme pour se porter volontaire. « S'ils posent des questions, on dira que Bellatrix veut faire inspecter quelque chose par un Briseur-de-Sorts. Les Gobelins savent où sont mes allégeances mais ils savent aussi que j'ai travaillé pour Lucius Malfoy, une fois qu'ils m'ont renvoyé. Ils savent que j'ai besoin d'argent. C'est moins suspect que Severus Snape faisant soudain ami-ami avec Lestrange. »
« Ils pourraient croire que vous êtes un otage, Severus. » commenta Albus. « Et se sentir obligés d'intervenir. »
Le Maître des Potions leva les yeux au ciel. « Intervenir pour sauver un Sang-Mêlé face à l'une de leurs plus anciennes et grosses Sang-Pures de cliente ? Nous savons tous les deux que c'est peu probable. Cela ferait d'ailleurs une excellente couverture. Si j'étais son otage… »
« Tu ne comprends toujours pas ? » le coupa Sirius. « Ils poseront moins de questions sur Bill parce que Bill ne compte pas. Désolé, Bill. » L'Animagus tapota l'épaule du Briseur de Sorts qui ne sembla pas s'en formaliser outre mesure. « Toi, en revanche, tu es quelqu'un maintenant. »
« Les Gobelins ne pensent qu'en termes d'investissement. » contra-t-il. « Je leur rapporte, certes, mais moins que… »
« Severus, si vous survivez à cette guerre et pour un peu que vous décidiez de vous lancer en politique, vous pourriez finir Ministre de la Magie. » déclara calmement le Ministre en place. « À vrai dire, devrais-je périr précipitamment dans les prochaines semaines, je n'ai aucun doute sur l'identité de l'homme que notre gouvernement actuel désignerait pour prendre ma place. Les Gobelins ne pensent qu'en termes d'investissement, en effet. Sur le long terme, vous leur rapporteriez beaucoup plus que Bellatrix Lestrange. »
Sur le coup, il fut choqué.
Puis il leva les yeux au ciel. « Ne répétez pas ça devant témoins. Les Ministres séniles ne font pas long feu à leur poste. »
Personne ne rit ou ne contredit Albus, cependant. Ils avaient tous l'air mortellement sérieux.
Une nouvelle fois, Severus rougit.
« Vous vous liguez contre moi. » les accusa-t-il.
Et ils n'eurent même pas la décence de protester.
Au lieu de ça, Nymphadora se repoussa de la console sur laquelle elle était semi-perchée et se planta devant son fauteuil, mains sur les hanches. « Tu ne me fais pas confiance ? »
La question était ridicule parce qu'elle connaissait la réponse. « C'est hors de propos. »
« Le propos c'est que, si tu veux m'accompagner, c'est au cas où ça tournerait au vinaigre et que je me retrouverais face à une armée de Gobelins et un ou deux dragons. » avança-t-elle.
Il ne lui fit pas le plaisir de lui donner raison. « J'ai également un intérêt personnel à mettre la main sur cette coupe, outre t'empêcher de terminer en quatre-heure pour Pansedefer Ukrainien. »
« Tu penses que Bill ne peut pas identifier la coupe ou briser les sortilèges dans le coffre ? » insista-t-elle.
Ils s'affrontèrent du regard quelques secondes.
« Si. » finit-il par admettre.
« Et tu penses que je ne peux pas me tirer d'affaire toute seule si besoin ? » pressa-t-elle.
Il soupira. « Tu sais très bien que si. »
Elle leva les sourcils, son expression moqueusement affectueuse. « Donc la seule raison pour laquelle tu voudrais venir c'est parce que… »
Sa phrase resta en suspens.
Les trois autres hommes eurent la bonté de soudain prétendre être fascinés par les plans de Gringotts.
« Très bien. » céda-t-il, sans répondre à la question qui n'en était pas une. « Mais soyons clairs, si tu te fais mettre en pièces par un dragon ou une armée de Gobelins, je serais extrêmement contrarié. »
La bouche de la jeune femme tressauta. « C'est noté. »
« Si on pouvait éviter le dragon… » commenta Bill. « Ne le dites pas à Charlie mais ces bestioles me donnent des cauchemars… »
Albus se racla la gorge. « Et pour ce qui est de Poudlard même ? »
Le Briseur de Sorts perdit son humour. « Fouiller l'école de fond en comble pourrait prendre des mois et, ce, sans la masse de gens qui ralentissent les recherches… »
« La Chambre des Secrets est bien plus grande que ce que je pensais. » admit Severus. « Harry et moi nous y employons. Nous passerons aux cachots ensuite. Mais, là encore, il y a de la surface… »
« C'est là où la Carte des Maraudeurs aurait été utile. » soupira Sirius, en se frottant le visage. « J'ai retourné chaque recoin de la tour des Gryffondors pour l'instant. Je n'ai rien trouvé. »
« En même temps… » remarqua Nymphadora. « Ce n'est pas le premier endroit où il irait cacher un truc pareil… »
« Ou, au contraire, ce serait un coup de maître. » nia le Directeur. « Et nous ne devrions rien exclure. J'ai pour ma part exploré cette tour-ci et la tour d'Astronomie ainsi qu'un nombre de placards à balais impressionnant. Qui eut cru qu'il y en aurait autant… »
« J'ai fait les serres. » offrit Bill. « Mais le domaine est grand et l'horcruxe pourrait être n'importe où, y compris enterré quelque part ou au fin fond du lac. »
« Ne soyons pas pessimistes. » le rabroua gentiment le vieux sorcier.
« Il ne l'aurait pas enterré ou jeté à l'eau. » commenta Nymphadora, en secouant la tête. « Si je devais parier, je dirais que ce n'est même pas vraiment caché… Comme un pied de nez. »
« Eh bien, ce n'est pas un nez qu'on voit au milieu de la figure. » répondit Sirius, avec un brin d'humour. Il tourna ses yeux gris vers Severus. « Contrairement au tien, Servilus. »
Les murmures désapprobateurs d'Albus et Bill furent couverts par les deux maléfices que l'Animagus dut prestement éviter.
Malgré ses efforts pour alléger l'atmosphère, cependant, l'ambiance resta maussade.
Ils avaient peut-être fait un pas en avant mais les choses demeuraient trop incertaines.
°O°O°O°O°
Sirius était passablement contrarié lorsque Sachi le ramena à Poudlard.
Ils réapparurent dans le salon de ses appartements et l'elfe disparut immédiatement dans un craquement craintif qui avait un rapport immédiat avec la mauvaise humeur de l'ancien fugitif.
Narcissa était installée dans un des fauteuils, Orion dans les bras, et leva un sourcil élégant à son arrivée fracassante.
« Draco m'a informée que tu lui as demandé l'autorisation de fouiller le Manoir ? » lâcha-t-elle, sans préambule.
Elle aussi paraissait un peu agacée.
Sirius prit quelques secondes pour se remettre – il détestait le transplanage d'escorte des elfes de maison – puis se tourna vers sa cousine et leva les yeux au ciel. « Les chambres de Bella et de Rodolphus, pas le Manoir. »
Elle émit un bruit dubitatif mais un peu moins irrité, comme si elle avait véritablement pensé qu'il était parti faire une fouille minutieuse de leur manoir à la recherche de… De quoi ? Des preuves de magie noire ? Étant donné ce à quoi ils s'amusaient dans la Chambre des Secrets, ils étaient mal placés pour juger.
« Et as-tu trouvé ce que tu cherchais ? » s'enquit-elle.
Il soupira. « Non. » Il fit quelques pas vers elle, tendant les bras. « Je peux avoir ma crevette ? »
Kreattur apparut entre eux, lui barrant le passage, agitant une louche de manière menaçante. « Maître Sirius ne doit pas toucher le petit maître avant de se laver les mains ! »
Automatiquement, l'Animagus recula, levant les dites mains dans un geste défensif.
Ça n'émeut pas l'elfe de maison qui plissa les yeux et pointa sa louche vers lui avec toute la solennité d'un juge formulant une accusation. « Kreattur a déjà rappelé la règle plein de fois à Maître Sirius. Qui sait où sont allées traîner les mains de Maître Sirius, hein ? Pas de microbes autour du petit maître ! »
Narcissa se contint avec une facilité qu'il imputa à l'Occlumencie.
Mais son rire brillait dans ses yeux.
Dûment châtié, Sirius fit un détour par la salle de bain pour aller se laver les mains, marmonnant à propos des elfes de maison surprotecteurs dans sa barbe. Sa cousine s'appuya au chambranle de la porte, le bébé dans les bras, résistant visiblement de peu à l'envie de se moquer davantage.
Kreattur, fort heureusement, semblait être retourné à sa cuisine.
« Que cherchais-tu ? » demanda-t-elle, plus directement qu'il ne s'y était attendu.
Mais il était vrai que, depuis l'accouchement, Narcissa avait tendance à aller au plus court. Andromeda l'avait finalement autorisée à quitter le lit après quelques jours de repos forcé mais elle demeurait fatiguée. Et il y avait les hormones. Les hormones étaient une plaie que lui et Draco avaient appris à éviter comme la peste.
« Secret défense. » riposta-t-il, en s'essuyant soigneusement les mains. Cette fois-ci, lorsqu'il tendit les bras, elle lui passa le bébé sans protester. « Coucou, ma terrible crevette… »
Cissy avait renoncé à commenter ce surnom que tout le monde semblait avoir adopté, de Draco à Ted, en passant par Andy et Tonks. Ses appartements ne désemplissaient jamais. Il y avait toujours quelqu'un pour venir rendre visite à Cissy ou à Orion.
« À ta guise. » répondit-elle, avec un semi-haussement d'épaule désintéressé. « Toutefois, je connais bien ma sœur et mon beau-frère… Si tu cherchais une information en particulier… »
Faisant des grimaces au bébé qui n'en avait pas grand-chose à faire, Sirius rebroussa chemin vers le salon.
« Si tu veux tout savoir, j'espérais trouver la clef de leur coffre. » lâcha-t-il, après un moment d'hésitation.
« Leur coffre ? » répéta Narcissa, avec ahurissement. « Pourquoi diable voudrais-tu la clef de leur coffre ? »
« Secret défense. » répéta-t-il, en se laissant tomber sur le canapé, attentif à ne pas trop secouer le nourrisson qui avait une fâcheuse tendance à lui vomir dessus.
Narcissa n'avait pas repris son siège. Elle se tenait là, à côté du canapé, l'air grave et un peu contrarié. Dernièrement, depuis Orion, cela tendait à annoncer une explosion imminente d'une sorte ou d'une autre.
Les hormones.
Andy affirmait que cela finirait par passer.
En privé, lui et Draco avaient plusieurs fois émis le souhait que cela passe vite.
« Elle reste… Elle reste un membre de notre famille. » lâcha Cissy. « Peut-être que… »
Sirius lui jeta un regard qui, sans être moqueur, traduisait parfaitement ce qu'il en pensait. « Elle nous tuerait tous les deux sans sourciller, Cissy. »
« Nous sommes proches. » rétorqua-t-elle.
« Vous étiez proches. » la corrigea-t-il. « Et tu ne risquerais ni la sécurité de Draco, ni celle d'Orion sur un pari aussi risqué que l'affection de Bellatrix. »
C'était une affirmation davantage qu'une question. Un rappel. Parce qu'elle était peut-être chamboulée par la naissance d'Orion mais pas au point de penser pouvoir raisonner Bella.
Les épaules de sa cousine s'affaissèrent un peu et, lentement, elle retourna s'asseoir dans le fauteuil dont l'assise avait été rendue plus confortable par magie, pour des raisons auxquelles il avait assisté et préférait désormais oublier.
« Si tu veux sa clef… » hésita-t-elle. « C'est pour lui tendre un piège ? Vous voulez… Le temps est-il venu de l'éliminer ? »
Il y avait un réel chagrin dans sa voix, une réelle douleur à cette perspective.
Et autant il exécrait Bella…
Une part de lui la comprenait.
La part qui n'avait jamais totalement renoncé à sauver Regulus, même lorsque ce dernier avait pris la Marque. La part qui se souvenait régulièrement d'une Bellatrix enfant, transcendée par les notes qu'elle tirait du vieux piano du Square Grimmaurd…
« Non. » s'entendit-il répondre, même s'il n'aurait pas dû.
Il n'aurait déjà pas dû mentionner la clef. Severus aurait sa tête s'il l'apprenait. À force de jouer à la petite famille, il baissait trop la garde avec Cissy. Combien de fois s'était-il relevé dans la nuit, cette dernière semaine, parce que Orion pleurait et qu'elle était trop épuisée pour sortir du lit ? Kreattur était généralement plus rapide que lui mais…
Qu'avait-il d'autre à faire, de toute manière ? Il n'avait aucun autre endroit où passer ses nuits. Personne qui l'attendait ailleurs.
Nyssandra avait promis de revenir au bout de quelques nuits mais les jours s'étiraient sans autre nouvelle qu'un vague hibou qui promettait qu'elle travaillait à recruter d'autres vampires…
Nyssa était sauvage et il le savait pertinemment.
Comme il savait qu'on ne pouvait pas mettre en cage quelqu'un d'aussi libre.
Il devinait également que cet éloignement était le test de ce qu'il y avait entre eux.
Soit elle revenait et leur histoire aurait une chance sur la durée.
Soit elle ne revenait pas et…
Le timing était trop suspect. Le bébé naissait et, soudain, elle disparaissait ? Il ne doutait pas qu'elle soit vraiment en train de tenter de rallier une armée de vampires… Mais il devinait aussi que c'était une excellente excuse. Qu'il ait autant d'attaches la terrifiait.
Mettant soigneusement de côté ces sentiments trop douloureux qui lui donnaient envie de hurler, il reporta son attention sur Orion.
« Ça n'a pas de rapport avec elle. » clarifia-t-il. « Il me faut juste un accès au coffre des Lestrange. »
« Tu me jures que ce n'est pas une manière de lui tendre un piège ? » insista Narcissa. À son froncement de sourcils, elle détourna la tête. « Je sais. Je sais qu'il faudra en passer par là, simplement… Je ne suis pas prête. Et je ne crois pas que je veuille y être mêlée lorsqu'il faudra… Elle reste ma petite sœur, Sirius. »
« Je sais. » admit-il, avec sincérité. « Et tu n'auras aucune raison de t'en mêler, le moment venu. » Il haussa les épaules. « Et, non, ce n'est pas pour lui tendre un piège. »
Cissy l'observa un long moment, puis son regard tomba sur Orion et elle parut prendre une décision.
« Elle a sans doute gardé sa clef avec elle, ce qui signifie qu'elle est probablement rangée dans ce qui lui sert d'appartements à Azaban. » déclara la Sang-Pure.
« Je m'en doutais un peu. » soupira-t-il. « Je n'y croyais pas. »
Ce qui signifiait qu'il allait falloir capturer ou désarmer Bellatrix.
Et cela allait leur tomber dessus à Tonks et à lui.
Ce qui était…
Il n'aimait pas le plan où Severus jouait les appâts mais s'ils devaient vraiment affronter Bella, il aurait préféré avoir son ami avec lui. Cela lui aurait coûté de l'admettre, à une époque, mais il était désormais capable de reconnaître que le Maître des Potions était un des meilleurs combattants qu'ils avaient. Et Sirius avait désormais l'habitude de combattre avec lui. S'il lui fallait un partenaire…
Déjà, alors qu'il berçait Orion qui venait d'ouvrir les yeux, il tentait d'échafauder des scénarios où ils parvenaient à attirer Bellatrix loin des autres Mangemorts… C'était lui qui servirait d'appât, décida-t-il. Elle était tellement obnubilée par l'idée de le tuer qu'elle ne se méfierait pas et…
« J'en possède une copie. »
Les mots étaient si incongrus que, durant plusieurs secondes, il fut persuadé de les avoir rêvés.
« Quoi ? » demanda-t-il, en levant la tête.
Narcissa avait les lèvres pincées et si rien ne trahissait sa nervosité, les mains qui serraient les accoudoirs de son fauteuil étaient blanches aux phalanges.
« Lucius et moi gérions leur argent durant leur incarcération. » lâcha-t-elle. « Je ne crois pas qu'elle ait pensé à faire les démarches nécessaires pour me couper l'accès à son compte. En conséquence, j'ai une copie de sa clef. » Elle secoua la tête. « Mais il faudra que je t'accompagne si tu veux y avoir accès… »
« Ce ne sera pas nécessaire. » refusa-t-il, incapable d'y croire tout à fait. « Mais la clef… »
« Sans moi ou Bellatrix, les Gobelins ne te laisseront pas passer. » insista Cissy. « Le… »
« Narcissa. » la coupa-t-il. « Je ne peux pas t'expliquer mais… la clef. J'ai besoin de cette clef. »
Elle se leva et disparut dans sa chambre, revint avec une clef standard de Gringotts et une liasse de papiers. « Pour y accéder, il me faut la clef et la procuration… »
Il ignora les papiers mais attrapa immédiatement la clef d'une main, l'échangeant contre le bébé qu'elle ramena contre elle.
« La clef… Elle me donne accès au coffre familial des Lestrange aussi ? Pas juste à celui de Bella ? » insista-t-il.
« Elle donne accès à tous leurs coffres. » confirma-t-elle. « Lucius investissait régulièrement leur capital pour le faire fructifier. Ils ont une fortune confortable. » À nouveau, elle fit cette petite grimace. « Il était entendu que puisqu'ils n'ont pas d'héritiers, sous réserve que Rabastan ne leur survive pas, leur fortune et le titre reviendraient à Draco. »
Ce qui expliquait pourquoi Lucius avait pris le temps de s'assurer que leur capital fructifiait.
« Mais Sirius… » insista-t-elle. « Même si tu te présentes avec leur clef… »
Il se leva d'un bond et déposa un baiser sur son front puis sur celui d'Orion. « Ne te tracasses pas de ça. La chance vient enfin de tourner, Cissy ! »
Elle leva les sourcils. « Si tu le dis… »
Il lui sourit et baissa les yeux vers le nourrisson.
« Je le dis. » l'affirma-t-il.
Il voulait y croire.
°O°O°O°O°
Le tigre poussa un grondement agacé lorsque sa grosse patte heurta à nouveau une flaque hautement suspecte. Il s'arrêta, secoua la patte avec répugnance, et redevint humain simplement pour jeter un regard dégoûté à son père. Le halo du lumos perçait à peine l'obscurité dans cette partie des tunnels, raison pour laquelle il avait préféré sa forme animale.
« Je t'avais proposé de rester à la maison. » lui rappela Severus, avec un brin d'ironie.
Essuyant sa main sur son pantalon et prenant la décision de ne pas étudier de plus près la flaque, il sortit sa baguette et l'alluma lui aussi.
« Tu crois qu'on est toujours dans la Chambre ? » demanda-t-il, avec un soupir.
Cela faisait des jours qu'ils exploraient la Chambre des Secrets. Harry n'aurait jamais pensé que le réseau de tunnel pouvait être aussi grand. Il était effrayant de penser que le basilic avait pu accéder à tout le château pendant des siècles à partir de là.
Parfois, les tunnels donnaient sur des canalisations plus récentes – enfin, relativement – où le basilic s'était frayé un passage à coup de dents, de force et de détermination pure. Ils ne poussaient pas le vice jusqu'à suivre les canalisations mais il y avait d'autres tunnels qui finissaient eux aussi par rétrécir et remonter vers la surface. Les passages s'étaient depuis longtemps effondrés, ils n'en avaient trouvé aucun d'intact, jusque là. Pourtant, à son époque glorieuse, la Chambre avait dû être un véritable réseau souterrain qui permettait à Serpentard d'aller partout.
« Je l'ignore. » admit Severus, en renforçant un peu son lumos pour qu'il porte un tout petit peu plus loin. « Tu n'as rien remarqué sous ta forme Animagus ? »
« Il y a moins d'eau par terre. » grommela-t-il. Du moins, jusqu'à ce qu'il mette la patte dans une flaque douteuse. « Je crois qu'on n'est plus sous les canalisations. »
Ils faisaient tellement de tours et de détours qu'il était toujours compliqué de se repérer. C'était un véritable labyrinthe là-dessous. Plus d'une fois, ils avaient été incapables de retrouver leur chemin et avaient dû appeler Kreattur à la rescousse.
Quant à l'horcruxe qu'il cherchait, plus le temps passait, plus Harry doutait qu'il soit là.
« Il me semble que nous sommes sous la partie est des cachots. » acquiesça son père.
Il lui fallut quelques secondes et visualiser la très regrettée Carte des Maraudeurs pour se repérer et froncer les sourcils. « Il y a une partie est aux cachots ? »
Severus le dépassa pour ouvrir la voie, sa canne dérapant régulièrement sur les pierres irrégulières et humides. « Les cachots s'étalent sous la totalité de l'école. Nous avons simplement tendance à n'utiliser que la partie autour de la salle commune des Serpentards par simplicité. C'est la partie de Poudlard la plus compliquée à entretenir. »
C'était logique.
Il en avait fait lui-même l'expérience. Près du lac, les cachots avaient tendance à geler et souffraient de l'humidité. Dès qu'on s'éloignait… Le réseau de couloirs formait un labyrinthe dont certaines parties ne tenaient encore debout que par la magie de Poudlard.
« Tu ne crois pas qu'on perd notre temps ? » osa-t-il soupirer. Cela faisait des jours qu'ils fouillaient ces tunnels. La canne de Severus dérapa une nouvelle fois et il ne se rattrapa au mur qu'au tout dernier moment. Oubliant son défaitisme, Harry attrapa son bras pour le stabiliser, inquiet. « Ça va ? »
Le Maître des Potions marmonna ce qui ressemblait fort à une malédiction entre ses dents et passa quelques secondes à masser la cuisse de sa jambe raide.
« J'aurais dû emprunter le Déluminateur d'Albus. » râla-t-il. « Fais-moi y penser, la prochaine fois. »
Profitant de la semi-obscurité qui dissimulait son expression, Harry leva les yeux au ciel. Il restait encore quelques tunnels à explorer et il aurait préféré qu'ils s'abstiennent. En plus d'être glauque et de dégager une odeur écœurante de moisissure et d'humidité, cet endroit réveillait sa claustrophobie.
À sa décharge, Severus ne lui avait jamais demandé de venir, conscient que la vue du basilic entraînait systématiquement une nuit passée à revivre ce qu'il s'était passé dans la Chambre ou des cauchemars plus abstraits où Nagini et le basilic se confondaient… C'était lui qui avait insisté pour l'accompagner.
Il ne voulait pas que son père parte seul à la recherche d'un horcruxe, encore moins dans le repère de Salazar Serpentard.
Lentement, plus prudemment, ils se remirent à avancer.
« Ton anniversaire approche à grands pas. » remarqua le Professeur, au bout de quelques minutes.
Seize ans.
Techniquement, avec le décalage de leur voyage dans le temps, il les avait déjà mais… Ce serait différent de le fêter cette année-là, supposait-il.
Pour la première fois, il avait une famille et il doutait que, guerre ou pas, ils oublient de le lui souhaiter.
Et puis… Ce serait probablement son dernier.
Il ravala la boule qui lui obstruait la gorge et émit un bruit qui pouvait passer pour un assentiment. Il sentit le regard de rapace de son père se poser pour lui mais l'obscurité jouait en sa faveur.
« Y a-t-il quelque chose que tu désirerais particulièrement ? » insista Severus.
Harry secoua immédiatement la tête. « Je n'ai pas besoin de cadeaux. Je n'ai besoin de rien. Et puis… J'ai Paillette. On a dit que ça comptait pour mon anniversaire. »
Ce fut au tour du Maître des Potions de lâcher un bruit difficile à interpréter. Bien heureusement…
« Le tunnel rétrécit. » remarqua-t-il, coupant court à la conversation. Il fit de son mieux pour ne pas frissonner alors que les parois se resserraient à mesure qu'ils avançaient.
« Veux-tu m'attendre ici ? » proposa Severus, après un moment.
Le passage s'était rétréci jusqu'à ne plus admettre qu'une seule personne de front et il leur fallait courber la tête pour ne pas se cogner aux pierres irrégulières du plafond.
Il détestait ces moments où le temps semblait s'étirer à l'infini alors qu'ils s'enfonçaient dans l'obscurité. Cela lui rappelait certains de ses cauchemars.
« Non, ça va. » mentit-il.
D'expérience, il devinait qu'ils ne tarderaient pas à déboucher sur un cul de sac et ils pourraient appeler Kreattur. L'elfe était très occupé avec Orion Malfoy dernièrement – comme la moitié du château, semblait-il – mais peut-être accepterait-il de lui préparer un chocolat chaud. Peut-être même Harry parviendrait-il à le tenter avec une partie de Gringottpoly. Le vieil elfe grincheux ne passait plus qu'en coup de vent et il lui manquait.
Soudain, sans prévenir, Severus pila net.
Harry lui rentra accidentellement dedans. « Qu'est-ce qu'il se passe ? C'est bouché ? »
Il fit de son mieux pour sembler déçu et pas soulagé de pouvoir enfin sortir d'ici.
Il n'y avait aucune déception dans la voix du Maître des Potions lorsqu'il répondit. Au contraire, il paraissait… excité.
« Il y a un mur ou l'apparence d'un mur mais je sens des protections extrêmement discrètes. » répondit Severus. « Je pense qu'il s'agit d'une illusion ou d'un enchantement. Recule un peu. »
Harry s'exécuta, se mettant sur la pointe des pieds pour apercevoir ce qui avait tant captivé l'homme par-dessus son épaule. Il y avait rien de remarquable au mur de pierre qui leur barrait le passage.
Avec un murmure, Severus envoya voler la boule de lumière vers le plafond. Seulement, tout entier à l'excitation de la découverte, il dut oublier de contrôler sa magie parce que le lumos explosa dans une bombe lumineuse, les aveuglant tous les deux.
Il entendit les marmonnements de son père qui maudissait sa magie, Voldemort et son incapacité à se servir de sa baguette… Sachant que le Maître des Potions se sentait rapidement humilié dans ces cas-là, Harry relança un lumos vers le plafond, cillant toujours pour chasser les papillons lumineux de devant ses yeux. Il choisit de ne pas faire de commentaires, parce que compatir ne ferait qu'accentuer l'embarras de l'homme.
Après quelques secondes, Severus reporta son attention sur le mur.
« Il y a un enchantement. » confirma l'ancien espion. « Tu le sens ? »
Le garçon fronça les sourcils et tâcha de se concentrer… Il y avait effectivement un léger fourmillement de magie mais il ne l'aurait probablement pas repéré si personne n'avait attiré son attention dessus.
« Tu crois que c'est l'horcruxe ? » demanda-t-il, sans savoir s'il était heureux ou paniqué qu'ils l'aient enfin trouvé.
Severus approcha sa main du mur, traçant un large cercle. L'air se troubla légèrement mais l'illusion, quelle qu'elle soit, ne se brisa pas.
« La signature magique n'est pas celle du Seigneur des Ténèbres. » murmura l'homme, un peu distraitement. « Elle m'est vaguement familière, pourtant. Je jurerais… »
Il s'interrompit brusquement et prit une inspiration tremblante.
« Papa ? » s'inquiéta l'adolescent.
« Recule. » ordonna une nouvelle fois son père.
Harry s'exécuta à nouveau sans protester, laissant à Severus la place de faire ce qu'il souhaitait.
« Un bouclier ne serait peut-être pas superflu. » décida le Maître des Potions, après un moment. « Plusieurs couches, focalisé sur de la magie noire. »
Il ne fallut au garçon que quelques secondes pour décider d'une combinaison et tisser le bouclier autour d'eux comme l'ancien Mangemort le lui avait appris, le renforçant autant qu'il en était capable. Mis à part un Impardonnable, cela aurait dû arrêter la plupart des maléfices.
Satisfait, Severus le remercia d'un hochement de tête et prit une profonde inspiration. Puis il commença son incantation. Le rythme de sa voix était presque hypnotique, les mots glissaient de sa bouche, se fondant les uns dans les autres dans une langue ancienne qu'Harry n'identifia pas…
La magie qui recouvrait le mur n'était plus un simple fourmillement, à présent. Elle enflait et enflait à mesure que le Professeur poursuivait sa litanie, emplissant le tunnel… Elle n'était plus du tout discrète. Au contraire…
Harry renforça le bouclier alors que la voix de son père se faisait plus tranchante, moins séductrice qu'agressive, et que la magie inconnue paraissait se rebeller en réponse…
Lorsque l'illusion se dissipa, elle ne s'évapora pas comme la plupart l'aurait fait.
Elle explosa.
Le garçon dut se camper sur ses jambes et jeter toute sa puissance dans le bouclier pour les empêcher d'être emportés par la bourrasque qui se déchaîna dans le tunnel trop étroit.
Lorsque tout redevint calme, il réduisit un peu le bouclier et se remit sur la pointe des pieds pour voir ce qu'ils avaient mis à jour… Au lieu du mur, il y avait désormais une porte.
Une porte ornée d'émeraudes grosses comme le poing.
Et entre les émeraudes…
Un serpent sculpté louvoyait dans un S aussi approximatif qu'ouvragé.
« Serpentard. » murmura Harry, comprenant enfin pourquoi Severus avait eu l'air si excité.
Déjà, son père jetait une pluie de sorts de détection. Il eut l'air un peu déçu.
« Plus de protections. » décréta le Maître des Potions. « Je suppose qu'étant donné le nombre de Fourchelangs, il estimait que ce serait toute la sécurité nécessaire. Voudrais-tu… »
L'homme s'écarta autant qu'il le put pour laisser passer Harry. Cela demanda un peu de coordination mais, après quelques instants, le garçon se retrouva devant la porte à fixer le serpent de pierre des yeux.
« Ouvre-toi. » ordonna-t-il dans un sifflement.
Le serpent glissa, se frayant un chemin autour des émeraudes, et, dans un clic, la porte bascula.
Une main se posa sur son épaule, l'attirant à nouveau en arrière.
Harry n'était que trop heureux de le laisser passer d'abord. Principalement parce que, si cela sentait le moisi et l'humide dans les tunnels, ça avait l'air pire derrière la porte.
Severus n'avança qu'après avoir épuisé tous les sorts de détection qu'il connaissait.
Le garçon suivit, curieux malgré lui.
Il n'était pas certain de ce à quoi il s'attendait… Quelques pièges mortels ? Un autre serpent géant ?
En tout cas, ce n'était pas au laboratoire dans lequel il mit les pieds.
Severus en gémit presque de bonheur et s'élança directement vers le bureau, au centre de la pièce, qui était recouvert de parchemins et de grimoires.
Harry, lui, s'intéressa davantage aux tables chargées d'alambics et aux étagères qui occupaient chaque centimètre carré de mur.
« Ne touche à rien. » l'avertit son père.
Penché au-dessus du bureau, Severus semblait retenir son souffle.
Et pour cause…
Tout dans cette pièce datait de plus d'un siècle. L'air avait cette caractéristique dérangeante des sorts de stase, ce qui avait probablement plus ou moins préservé les grimoires, les carnets et les parchemins qui s'entassaient ça et là, mais une grande partie paraissait prête à tomber en morceaux.
Réagissant avec rapidité, le Maître des Potions se mit à jeter de nouveaux sorts de stases à tout va pour protéger les recherches, les carnets remplis de notes qui s'empilaient sur le large bureau…
C'était un trésor qu'ils venaient de découvrir. Plus précieux que la Chambre des Secrets, probablement.
Plus précieux que beaucoup, beaucoup d'autres choses.
Le laboratoire de Salazar Serpentard.
Au fond de la pièce, des chaudrons étaient restés sur les plans de travail, incrustés d'une matière visqueuse, comme si leur propriétaire était parti précipitamment…
« Kreattur ! » appela soudain Severus, sans parvenir tout à fait à contrôler l'émerveillement pur dans sa voix. L'elfe apparut après une poignée de secondes et s'inclina bas. « Ramène-moi le Professeur Dumbledore, je te prie. »
Le grognement de l'elfe était à peu près aussi enthousiaste que le garçon l'aurait parié. « Le Grand Loufoque ? Monsieur Severus est sûr ? »
« Monsieur Severus est certain. » rétorqua le Maître des Potions, avec sarcasme.
Le soupir de Kreattur en dit long sur ce qu'il pensait de cet ordre mais disparut dans un craquement, uniquement pour revenir dans la seconde en tenant Dumbledore par le dos de ses robes. Il était évident, à l'expression alarmée et un peu éberluée du Directeur, que l'elfe n'avait pas pris le temps de l'avertir ou de lui demander son avis.
« Voilà, Monsieur Severus. » décréta Kreattur. « Kreattur peut faire autre chose ? »
« Non, je te remercie. » répondit Severus, masquant mal son amusement tandis que Dumbledore époussetait ses robes froissées.
« Je songe sérieusement à renforcer la sécurité de mon bureau contre les elfes de maison. » déclara le vieux sorcier, une fois que Kreattur eut disparu. « Que me vaut… Où sommes-nous ? »
Harry les perdit à cette seconde précise.
Une fois que les mots « laboratoire personnel de Salazar Serpentard » furent prononcés, Severus et Dumbledore parurent oublier tout le reste. La guerre, les horcruxes, le fait qu'Harry soit toujours dans la pièce… Cela passa au second plan.
Leurs yeux brillaient. On aurait dit deux enfants le matin de Noël.
Malgré lui, Harry se prit à sourire.
« Euh… Papa ? » lâcha-t-il soudain, en avisant ce qui se trouvait sur une des tables les plus reculées du laboratoire. « Papa ? »
Il fallut plusieurs appels avant de parvenir à interrompre la conversation passionnée des deux sorciers mais l'angoisse dans sa voix dut avoir raison de la fascination de Severus et Dumbledore pour les poisons que développait visiblement Serpentard au moment où il avait quitté l'école parce qu'ils se tournèrent vers lui.
« Qu'y a-t-il, Harry ? » demanda le Directeur, alarmé par son ton.
« Combien de temps survit un œuf de basilic non éclos ? » s'enquit-il, d'une voix blanche.
Severus fut à ses côtés si vite qu'Harry aurait pu jurer qu'il avait transplanné s'il n'avait pas su la chose impossible. Les yeux noirs de son père se baladèrent des cages en fer où des os de poulet s'entassaient à l'autre cage qui était, le garçon en était quasiment sûr, pleine d'os de crapauds et, enfin, s'arrêta sur la paille pourrie au centre de la table où luisait un œuf verdâtre.
Un œuf qui aurait dû tomber en poussière il y avait bien longtemps.
Le sort de stase n'aurait pas sauvé les animaux bien vivants du temps ou du trépas.
Mais qu'en était-il de l'œuf ?
« Ah. » commenta le Directeur, en les rejoignant. « Voilà qui est problématique. »
« Vous pensez ? » ironisa Severus, sa main se crispant sur l'épaule d'Harry. « Est-il vivant ? »
« Espérons que non. » répondit calmement Dumbledore.
« Il n'y pas de sorts pour vérifier ? » hésita le garçon.
Le Maître des Potions se raidit encore davantage. « Si. Mais, s'il est vivant, lancer un sort risquerait de briser le sort de stase et de déclencher l'éclosion. »
Échappant à la poigne de son père, l'adolescent s'approcha un peu plus près, fasciné par les reflets que la lumière tremblotante des torches projetait sur la coquille.
« Harry… » grinça Severus.
« On a déjà un miroir tueur dans la Chambre… » commenta-t-il. « Et le basilic n'a jamais fait de victimes avant que Vo… Tu-sais-qui ne se serve de lui comme d'une arme… Est-ce que ce serait vraiment grave si… »
« Oui. » répondirent en cœur les deux Professeurs.
« Mais je pourrais peut-être… » contra-t-il.
« Harry. » le coupa Severus. « Lorsque je t'ai demandé ce que tu souhaitais pour ton anniversaire, ce n'était pas exactement à cela que je pensais. De plus, tu viens d'adopter un niffleur. Je doute que ce soit extrêmement compatible avec un serpent géant. »
L'adolescent leva les yeux au ciel. « Je n'allais pas suggérer de le ramener à la maison. »
« Tant mieux car j'ignore lequel de nous deux Nymphadora assassinerait le premier. » se moqua son père.
« Je dis simplement que… Ce n'est pas très juste de le tuer juste parce qu'il est dangereux. » insista-t-il. « On pourrait très bien le laisser dans un coin et… »
« Manifestat Intus. » lança Dumbledore, mettant un terme à leurs chamailleries. Une ombre se dessina au-dessus de l'œuf.
Les deux sorciers soupirèrent de soulagement en même temps.
« Il est mort. » déclara le Directeur. « Probablement une expérience ratée. »
« Oh… » souffla Harry, en se détournant pour aller inspecter une autre étagère.
« N'aies pas l'air si déçu. » grommela Severus. « La dernière chose dont nous avions besoin était un autre de ces monstres. »
Il n'était pas déçu, il était un peu triste pour les animaux qui avaient subi ces expériences. Le basilic avait beau avoir une place de choix dans ses cauchemars, il n'oubliait pas qu'il était resté seul pendant des siècles. C'était triste. Comme cette pauvre chose dans son œuf.
Triste.
C'était précisément pour ça qu'il avait tenu à adopter Paillette.
Ron pouvait se moquer tout son saoul de ses tendances à vouloir sauver la veuve et l'orphelin, il ne regrettait rien.
Lui, personne n'était venu le chercher dans le placard.
Il était incapable d'y abandonner quelqu'un d'autre.
« Il semble avoir eu une fascination pour ces créatures. » remarqua Dumbledore, en examinant une autre étagère. « Merlin… Ces grimoires sont uniques. »
« Il n'était pas fasciné uniquement par les basilics. » répondit Severus, d'un autre coin de la pièce. « Il y a, ici, tout un tas de notes et d'observation sur des rituels de magie noire… »
« Il y en a pour une vie d'étude à déchiffrer tout cela… » commenta le vieux sorcier. « Cette découverte est inestimable, Severus. Le nombre de traités que nous pourrions écrire… »
Malheureusement, songea Harry, non sans sarcasme, il n'y avait aucun grimoire marqué Horcruxes Humains : Comment S'En Débarrasser Sans Tuer le Porteur.
La discussion, trop enfiévrée par la soif de recherches, lui passait loin au-dessus de la tête. Il promena sa main sur le bas d'un rayonnage, attentif à ne pas toucher les tomes dont le temps avait fané le cuir avant même que Serpentard ne quitte cette pièce pour la dernière fois, ramassant la poussière… Il était en train d'essuyer sa main sur son pantalon lorsqu'il repéra le serpent.
Les étagères étaient toutes en bois brut, pas particulièrement élégantes ou ouvragées, mais celle-ci avait un minuscule serpent gravé le long d'une des planches. De loin, il devait se confondre avec les rainures naturelles du bois.
« Ouvre-toi. » tenta-t-il, un peu hésitant.
Avec un clic, l'étagère se détacha du mur.
Une seconde plus tard, il était violemment tiré en arrière alors que Dumbledore, plus rapide que Severus semblait-il, se plaçait devant lui. Severus fut à ses côtés un instant plus tard, une main restrictive sur son bras, sa baguette levée et une expression courroucée sur le visage.
« C'est sans danger. » déclara le Directeur, après avoir jeté quelques sorts.
« La prudence est de mise et tu le sais très bien. » le gronda son père.
Harry résista à l'envie de lever les yeux au ciel, sachant que ça ne plaiderait pas en sa faveur. Les chances qu'un bébé basilic se soit caché derrière l'étagère étaient quand même faibles.
« C'est un escalier. » lança Dumbledore, qui avait passé la tête au-delà de la porte. « Il remonte. »
Le vieux sorcier plongea la main dans sa poche et en sortit un briquet qu'il actionna plusieurs fois. Des boules de lumière en sortirent pour aller danser dans l'escalier qu'ils venaient de découvrir. Le fameux Déluminateur, sans doute.
Cela leur aurait nettement simplifié la vie dans les tunnels.
« Qu'en dites-vous, mes enfants ? » proposa le Directeur, les yeux pétillants. « Partons-nous à l'aventure ? »
Cela faisait des heures qu'ils étaient partis à l'aventure mais Harry ravala la remarque parce que le vieux sorcier avait l'air plus détendu qu'il ne l'avait vu depuis des années et que Severus, lui aussi, paraissait avoir momentanément oublié ses tracas.
Dans un haussement d'épaules, le garçon emboîta le pas à Dumbledore, laissant son père fermer la marche. C'était pour le mieux. L'escalier en colimaçon était raide, certaines pierres étaient déchaussées et, avec sa canne, Severus peinait.
D'autant que la volée de marches paraissait interminable et se termina sur un mur.
Le Directeur émit un bruit pensif puis agita la main comme Severus l'avait fait plus tôt. Il lui fallut un peu moins de temps qu'à l'ancien espion pour briser les protections et révéler l'illusion qui se cachait derrière.
Une porte avec un serpent qu'Harry s'empressa d'ouvrir.
Ils débouchèrent dans une partie très visiblement abandonnée des cachots. L'entrée se dissimulait derrière une autre étagère en bois vermoulu, perdue parmi d'autres rayonnages dans une pièce qui avait sans doute servi de réserve à une autre époque vu les restes de fournitures abandonnés qui y subsistaient.
Évidemment que Serpentard n'allait pas faire tout le chemin jusqu'à la Chambre, puis jusqu'à son laboratoire. Cela lui aurait pris trop de temps. Et ils avaient déjà déterminé qu'il y avait eu d'autres accès à la Chambre…
« Fantastique ! » décréta Dumbledore, en ouvrant la porte de la réserve. Les torches, dans le couloir, mirent quelques secondes avant de s'allumer toutes seules.
Vu l'état du sol, Rusard n'avait pas mis les pieds ici depuis longtemps, si ce n'était jamais.
« Je suggère de garder cette découverte pour nous. Du moins pour l'instant. » intervint Severus, mortellement sérieux. « Si le Seigneur des Ténèbres l'apprend, cela pourrait le pousser à réattaquer le château. »
« Vous ne pensez pas qu'il l'avait découvert à l'époque, donc ? » s'enquit le Directeur, avant de répondre lui-même à sa propre question. « Non, bien sûr. La signature magique était celle de Serpentard. »
« Peut-être qu'il n'a jamais exploré les tunnels. » offrit Harry. « S'il avait trouvé une autre entrée, il ne se serait pas amusé à passer par les toilettes des filles. »
Il avait vraiment beaucoup de mal à imaginer Voldemort sur le toboggan qui descendait vers l'antichambre.
« Sans doute, Harry. Sans doute. » répondit le vieux sorcier, son amusement un peu mitigé. « C'est peut-être regrettable, néanmoins. Cela aurait fait une parfaite cachette pour le diadème… »
« Je ne pense pas qu'il soit dans la Chambre. » décréta Severus, en se débarrassant de la poussière qui collait à ses robes sans utiliser sa baguette ou prononcer la formule. Une fois qu'il eut terminé, il en fit de même pour l'adolescent. « Nous terminerons d'explorer les quelques tunnels qu'il reste mais cela me semble de moins en moins probable. »
Dumbledore poussa un soupir qui n'avait rien de feint.
« L'aiguille, mes garçons, est dans la botte de foin. »
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Les rues de Londres étaient bondées mais la foule s'ouvrait pour lui, les Moldus sentant peut-être instinctivement le prédateur en lui et faisait un détour.
Remus attrapa son reflet au vol dans une des nombreuses vitrines d'un café et n'y trouva pourtant rien de bien alarmant. Son pantalon était usé, sa veste en tweed avait vu des jours meilleurs, tout comme la chemise qu'il portait dessous, déboutonnée au col… Ses cheveux étaient un peu longs, un peu en bataille mais cela allait avec les fines cicatrices à demi-effacées sur son visage. Il avançait les mains dans les poches, tranquille.
Il traversa la chaussée avec un groupe de Moldus, quitta l'arcade un peu trop fréquentée pour couper par une rue moins prisée par les touristes, saisit une nouvelle fois son reflet dans la vitre d'une voiture garée là…
Ses yeux brillaient d'une lueur trop ambrée. Sa démarche était peut-être nonchalante mais la tension dans ses épaules trahissait qu'il était sur le qui-vive. Son expression était fermée, dure. Son apparence globale un peu trop… sauvage.
Détournant la tête, Remus pressa le pas.
La foule était toujours plus compacte autour de Trafalgar Square. Une masse vivante et grouillante de gens, des touristes principalement, qui s'agglutinaient devant la National Picture Gallery ou se prenaient en photo devant les lions avant de poursuivre le long du Mall vers Buckingham Palace ou de remonter vers Piccadilly Circus…
Le loup n'aimait ni cette agitation, ni leur environnement trop ouvert où il lui serait difficile de sentir un piège.
Pourtant, c'était encore un des endroits de rendez-vous les plus sûrs en dehors de Poudlard. La foule garantissait l'anonymat.
Il trouva un endroit près du mur où s'appuyer, non loin du lion qui servait de point de rendez-vous, et s'échina à prendre son mal en patience.
Il était en avance ou bien celui qu'il attendait était en retard.
Il n'osait pas consulter sa montre pour vérifier laquelle de ces deux hypothèses était exacte. Il n'était pas certain de vouloir savoir. Il n'avait reçu aucune réponse à son message.
Pour ce qu'il en savait, personne ne viendrait.
Pour ce qu'il en savait, c'était peut-être mieux comme ça.
Remus s'adossa un peu plus au mur, tâchant d'ignorer le groupe d'adolescents qui criaient trop fort à sa droite. Il était fatigué.
Cela faisait une semaine qu'il était fatigué.
Depuis son altercation avec Laura…
Pendant plusieurs jours, il avait alterné entre horreur et fureur. Puis une remarque de Tristan lui avait fait l'effet d'un électrochoc. C'était une remarque anodine sur la cuisson du lapin qu'ils avaient chassé un peu plus tôt – avec des pièges à défaut de crocs – mais elle avait secoué Remus.
Le lapin était trop cuit selon Tristan alors que la viande rosée était encore à moitié crue.
Cela faisait des jours qu'ils se nourrissaient du gibier alentour alors que Dumbledore lui avait garanti un accès aux réserves. La même quantité de rations que les autres réfugiés. Des légumes, des fruits, des portions toutes prêtes préparées par les elfes de Poudlard…
Mais Remus avait refusé, arguant orgueilleusement qu'ils pouvaient chasser par eux-mêmes.
Parce que ça avait semblé une question de fierté.
Parce que ça avait semblé naturel.
Mais, assis là, à écouter Tristan se plaindre d'un lapin à moitié cru et à entendre Vesper acquiescer alors que Nicolas et Olivia n'osaient rien dire… Plus tard, il leur avait demandé s'il voulait manger autre chose, varier un peu leur régime alimentaire, et Nicolas et Olivia avaient tous deux baissé les yeux et marmonné que ce qu'il décidait leur allait.
Alpha.
Là-bas, au cottage, ils l'appelaient tous Alpha et il n'en avait invité aucun à l'appeler Remus.
Là-bas, au cottage, entouré de la meute, enivré par la magie de la meute, il était difficile de se souvenir de pourquoi manger du lapin à moitié cru quand il aurait pu manger un plat cuisiné était loin d'être normal.
L'Alpha doit être la somme des deux, pas simplement un loup sous forme humaine.
Ce n'était pas la première fois qu'il avait ce sursaut de conscience avant de se laisser bercer à nouveau par la dynamique de meute.
Ce n'était pas la première fois non plus que quelqu'un le comparait à Greyback.
Sirius l'avait fait.
Nymphadora l'avait fait.
Severus l'avait sans doute fait aussi.
Mais dans la bouche de Laura…
Et pour atteindre une vraie harmonie, Lunard doit faire de la place à Remus. Être un Alpha ne veut pas dire écraser tout le monde.
Le problème, songea-t-il, en appuyant la tête un peu plus fort contre le mur pour mieux observer le ciel dégagé qui surplombait Londres, c'était qu'il n'était pas sûr que le loup soit à blâmer pour tout. C'était trop dur de faire la part des choses entre le moment où il avait embrassé sa part animale et la jalousie écœurante qui lui avait fait perdre la tête.
Tout avait commencé avec Nymphadora.
Le problème était là. Elle était le catalyseur.
C'était à cause d'elle qu'il avait commencé à perdre le contrôle sur son loup, en premier lieu. Parce qu'il était tombé fou amoureux. Parce que Greyback et Loba l'avaient senti, avaient senti qu'elle lui appartenait, et l'avaient menacée pour mieux le torturer.
Parce qu'elle était trop courageuse, trop zélée, trop avide de faire ses preuves…
Parce que…
La potion Révèle-Loup l'avait sauvé. Sur ce point, il n'y avait pas de débat. En embrassant son loup, en acceptant sa nature, il avait échappé de justesse à la folie. Mais le loup, lui…
Ou peut-être que ce n'était pas le loup.
Peut-être que…
Lorsqu'il reporta son regard sur le lion de métal, l'homme qu'il attendait était là.
Lui aussi avait les mains dans les poches.
Lui aussi avait l'air faussement nonchalant.
Et, lui aussi, cachait mal la dureté de son expression.
Remus se repoussa du mur et marcha vers lui.
Ils se rejoignirent à mi-chemin, sous l'œil désintéressé du lion.
« Je n'étais pas sûr que tu viendrais. » lâcha-t-il, avec hésitation.
« Je n'étais pas sûr de venir. » répondit sèchement l'autre Maraudeur.
Tout dans le langage corporel de Sirius indiquait qu'il aurait préféré être à mille lieues de là.
Et pourquoi pas ? La dernière fois qu'ils s'étaient parlés…
Être un Alpha ne veut pas dire écraser tout le monde.
« Qu'est-ce que tu veux ? » demanda son ancien meilleur ami, en détournant le regard.
Pas par respect pour son alpha, non…
Parce que Sirius ne le supportait plus.
Et là où auparavant cela l'avait mis en rage…
Le loup gémit en lui, n'ayant pas oublié Patmol et…
Remus était parfaitement conscient que l'autre Maraudeur avait beau avoir les mains dans les poches, il était prêt à sortir sa baguette.
Comme s'il craignait un piège.
Comme s'il craignait…
Qu'il puisse toujours penser que Lunard les trahirait le mit en colère mais cela lui fit mal aussi.
Il…
« J'ai besoin de ton aide. » se décida-t-il à admettre.
C'était difficile.
Il était Alpha.
Il…
Sirius émit un bruit incrédule. « Tu te fous de moi ? »
Remus serra les dents, se détourna, les épaules un peu levées, et se mit à marcher en direction du Mall. Après quelques secondes, Sirius lui emboîta le pas mais sa démarche était raide, agacée…
Ce ne fut que lorsqu'ils purent bifurquer vers St James Park, une fois qu'ils furent entourés de nature ou, du moins, de ce qui passait pour de la nature au milieu de la capitale, que Remus trouva le courage de reprendre la parole. « Écoute… Je sais que c'est compliqué entre nous, en ce moment. »
Le rire de Sirius ressemblait toujours à un aboiement. Mais celui-ci était amer, désabusé et triste. Tellement, tellement triste.
« Compliqué ? » répéta finalement son ancien meilleur ami. « Ce n'est pas compliqué, Remus. C'est extrêmement simple, au contraire. Il n'y a plus rien entre nous. Plus d'amitié, plus de respect… Que dalle. »
« Il reste les souvenirs, Patmol. » remarqua Lunard.
À nouveau ce rire qui le poignardait comme une lame acérée.
« Qu'est-ce que tu veux ? » lâcha l'autre Maraudeur.
Les facettes de sa nature n'avaient jamais douté qu'il finirait par poser la question.
Sirius était Sirius.
Au fond, il était aussi loyal que sa forme Animagus.
Remus n'était peut-être pas sa personne préférée, en ce moment, mais il ne l'aurait jamais abandonné. Pas pour de vrai. Pas s'il avait vraiment besoin de lui.
« Je ne veux pas renoncer à ma meute. Je suis Alpha, je ne peux plus le changer. Je ne veux pas le changer. » déclara-t-il, après quelques secondes, choisissant ses mots. Une autre chose qu'il avait perdu l'habitude de faire. Donner des ordres en s'attendant à ce qu'ils soient obéis dans la seconde était devenu une seconde nature. Le tact, la diplomatie… Cela faisait longtemps qu'il ne s'en embarrassait plus. « Mais… Il y a… L'harmonie entre l'humain et le loup n'est peut-être pas aussi complète que je le pensais. J'ai besoin… d'aide. »
Sirius était crispé et refusait de le regarder en face. Il gardait les yeux sur le chemin, suivait parfois un Moldu du regard…
« J'ai essayé de t'aider. » cingla-t-il. « Tu ne veux rien entendre. Tu t'en es pris à Harry. Tu t'en es pris à Tonks. Je t'ai dit… »
« Que c'était ta limite, oui. » l'interrompit-il, un peu sèchement lui aussi. « Et je maintiens que… » Il s'arrêta, prit une profonde inspiration. « J'avais tort. Je n'ai jamais dit que je n'avais pas tort. J'ai juste du mal à… maîtriser certaines pulsions. C'est pour ça que j'ai besoin de toi. »
« Pour t'aider à te maîtriser ? » ironisa Patmol.
« Non. » grimaça Remus. Cette partie de la requête était la partie difficile. Elle lui laissait un arrière-goût en bouche. « J'ai besoin d'en discuter avec un expert. »
L'Animagus mit un certain moment à comprendre ce qu'il était en train de lui demander.
« Tu te fous de moi ? »
°O°O°O°O°
Bill n'était toujours pas convaincu que c'était une bonne idée mais les quelques jours que Charlie avait passé dans les appartements trop petits de leur famille lui avaient prouvé que le forcer à rester avec eux n'était pas non plus une bonne idée.
Ils étaient à l'étroit.
Bill restait pour épauler leur mère mais aurait préféré s'installer avec Fleur. Ron, Ginny et Hermione, sans le faire exprès, prenaient énormément de place. Les jumeaux, eux aussi, auraient sans doute préféré avoir leur propre espace, trop adultes et désormais trop concentrés sur leur travail pour tout à fait supporter cette cohabitation qui durait. En rajoutant Charlie, ils étaient passés de à l'étroit à trop de monde.
Et Charlie, lui-même, en avait souffert, même s'il avait fait bonne figure.
« Tu es sûr que ce n'est pas trop tôt ? » insista Bill.
Ils étaient assis dans l'herbe, adossés au mur du château, et profitaient du soleil qui s'était décidé à briller sur l'Écosse.
Charlie tressait distraitement des longs brins d'herbe comme il en avait l'habitude depuis qu'ils étaient enfants.
« Je suis sûr que je vais devenir fou pour de bon si je dois rester dans cette cage à lapins avec vous tous. » plaisanta le dragonnier.
« Ce n'est pas si terrible. » protesta-t-il, un peu sur la défensive.
Leur mère faisait de son mieux pour rendre l'appartement accueillant. C'était juste que…
« Bill, j'ai passé l'âge de dormir dans une chambre avec Ron et toi. » répondit son frère, sans hostilité. « Tonks a dit que ça ne posait pas de problèmes. »
Logistiquement, ça ne posait pas de problèmes.
Il restait des pièces qui n'avaient pas encore été converties en logements dans les cachots, principalement parce que la grosse majorité des sous-sols était hors limites. L'idée de Tonks n'était pas mauvaise, encore que Bill n'était pas certain qu'installer Charlie près de Nyssandra soit très malin. La vampire n'était pas là, cependant, et, lorsqu'il l'avait croisée, elle avait promis n'avoir aucun grief envers Charlie.
C'était Anthony qu'elle voulait étriper.
Le problème étant qu'étriper Anthony revenait à étriper Charlie.
Dans le cas contraire, il l'aurait sans doute devancée ou, tout du moins, tenu pour elle pendant qu'elle le découpait en morceaux.
« Tu sais, tu pourrais t'installer en bas avec moi, si tu veux. » offrit son frère. « On pourrait séparer la chambre en deux, monter un mur. Ce serait petit mais ce serait mieux que de partager avec Ron. »
Les appartements qu'ils destinaient à Charlie étaient minuscules mais plus que suffisants pour une seule personne. Un salon, une salle de bain et une chambre, le tout converti à partir d'une vieille salle de Potions avec sa réserve et un coin où laver les chaudrons. Les places devenaient chères à Poudlard et, actuellement, cela relevait presque du luxe d'en obtenir autant.
C'était Severus qui avait proposé la classe, Bill en était certain.
Ils auraient pu partager la chambre en deux, bien que cela aurait relevé davantage du placard que de la chambre. Bill aurait pu retrouver un peu de son indépendance… Mais il ne pouvait pas abandonner sa mère ou Ron et Ginny. Les jumeaux paraissaient aller mieux depuis qu'ils avaient un but.
« Je ne peux pas. » refusa-t-il, dans un soupir. « Mais je n'aime pas trop l'idée que tu sois tout seul. »
« Je ne serai pas tout seul. » contra Charlie. « Il y a Nyssa à trois portes et Tonks m'a dit qu'elle n'habitait qu'à cinq minutes, tant que je ne me perdais pas dans les couloirs. »
La tentative d'humour ne lui arracha pas un sourire.
« Je n'aime pas que tu vives aussi proche des geôles. » avoua-t-il.
C'était le gros point noir de cette idée.
En ce moment même, une équipe d'Aurors était en train de déplacer Anthony de la tour où il était enfermé depuis des semaines jusqu'au cachot où une cellule encore plus imprenable l'attendait. Bill savait qu'elle était imprenable parce qu'il avait lui-même gravé les runes tout autour de la porte, des murs et du sol. Severus avait rajouté une tonne de sortilèges anti-évasion et Dumbledore en avait lancé quelques-uns, lui aussi.
Entre ça et les chaînes enchantées qui l'attachaient, Anthony n'était pas prêt de s'évader.
Mais sa proximité avec Charlie…
« Je veux pouvoir aider. » lui rappela son frère, d'un ton las. Probablement parce que c'était une conversation qu'ils avaient eu cent fois. « Hagrid est débordé, je peux le soulager. Et je peux au moins patrouiller le parc, comme ça. Me rendre utile. »
Bill se mordit la langue pour ravaler les mots que Charlie ne voulait pas entendre. Ils n'avaient pas besoin qu'il se rende utile. Ils avaient besoin qu'il aille mieux.
« Et puis, tu sais que je préfère être à l'extérieur. » insista Charlie. « C'est encore comme ça que je suis le plus heureux. »
Ça, il le savait.
Son frère n'avait jamais aimé être claquemuré à l'intérieur, même les jours d'orage.
Il arracha quelques brins d'herbes, laissa son regard se perdre vers la Forêt qui s'étendait dans le lointain, menaçante.
« Tonks m'a dit que tu voulais parler à Anthony. » lâcha-t-il.
Ils n'en avaient pas encore discuté.
Franchement, Bill ne savait pas vraiment quoi lui dire.
Lorsqu'elle lui avait rapporté sa requête, sa première réaction avait été un non tonitruant.
Elle-même n'était pas bien convaincue, semblait-il.
« J'en ai besoin. » répondit posément Charlie, sans le regarder en face.
« Besoin. » répéta-t-il.
Le dragonnier leva les yeux au ciel et croisa son regard pour la première fois depuis le début de cette conversation. « Je ne suis plus sous Imperium, Bill. »
« Je ne comprends pas pourquoi tu aurais besoin de lui parler. » contra-t-il. « Lui casser la gueule, ça, oui, mais lui parler… »
« Parce que je veux comprendre. » rétorqua son frère, avec agacement, frustration et tristesse. « Je veux comprendre ce qui était vrai et ce qui était… » Charlie ferma les yeux, secoua la tête. « Je veux comprendre comment il a pu en arriver là, comment il a pu me faire ça. »
Bill poussa un long soupir et se frotta le visage.
Il supposait que c'était compréhensible mais…
« J'ai peur que tu ne trouves pas les réponses que tu veux. » admit-il. « Et que ça te renvoie tout droit à l'infirmerie. Si tu essayes encore de te… »
« Je n'étais pas moi-même quand j'ai fait ça. » le coupa Charlie, les joues un peu rougies. Il détourna la tête, comme pour lui cacher que ses yeux brillaient plus que de raison. « Enfin, si… J'étais moi-même mais… J'avais encore l'esprit embrouillé. Et… Tu ne peux pas savoir ce que c'est de vivre avec ce poids sur la conscience. »
« Non, c'est vrai. » offrit-il. « Mais je sais ce que c'est de vivre avec le souvenir de mon petit frère qui me supplie de le tuer. Si tu crois que je n'en fais pas des cauchemars toutes les nuits… »
Le dragonnier tressaillit comme si Bill l'avait accusé de quelque chose de terrible.
Ça n'avait pas été son intention.
À nouveau, il soupira. « Ce que je veux dire… »
« Je sais. » murmura Charlie, puis il haussa les épaules. « C'est juste que… Je veux… Je veux retrouver un peu de normalité. Et je ne suis pas sûr de pouvoir faire ça, tant que je n'aurais pas fermé la porte sur… »
Frustré par sa propre incapacité à s'exprimer clairement, le dragonnier secoua la tête.
« Je comprends. » répondit Bill. Ce n'était pas tout à fait faux. Une part de lui comprenait, le reste voulait protéger son frère contre tout, y compris lui-même. « Mais je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. »
La conversation s'arrêta là parce qu'Abbot arrivait vers eux à grands pas décidés. C'était lui que Tonks avait chargé de superviser le transfert d'Anthony.
Bill était partagé à son sujet, tiraillé entre son opinion personnelle qui était plutôt positive et la loyauté indéfectible qui le liait désormais à Severus. Que les Langues-de-Plomb dans leur ensemble puissent être aussi stupides…
« Messieurs. » les salua Abbot, ses robes bleues ouvertes sur un pantalon blanc et une chemise cyan. « C'est fait. Aucun problème à signaler. Tu es libre d'aller t'installer dans les cachots, Charlie. »
Charlie acquiesça lentement mais ne bougea pas, les yeux sur la tresse d'herbe qu'il tournait et retournait entre ses doigts.
« Comment… Comment est-ce qu'il va ? » hésita le dragonnier.
Le Langue-de-Plomb quêta le regard de Bill qui haussa discrètement les épaules.
Abbot s'accroupit devant Charlie, appuyant les avant-bras sur les genoux pour garder l'équilibre. Il attendit que le jeune homme relève la tête pour répondre, soutenant son regard plus franchement que les Weasley n'osaient le faire dernièrement.
« Il est affaibli. » déclara Abbot. « Il ne se nourrit pratiquement pas. Mentalement… Il est très clairement instable. »
Bill se sentit un peu comme un intrus tandis que leur échange de regard se prolongeait.
Puis Charlie hocha lentement la tête, l'air triste et un peu en colère, jeta sa tresse d'herbe et se remit debout. Bill l'imita, tout comme le Langue-de-Plomb.
Lorsque le dragonnier prit la direction de l'entrée du château, ils le suivirent tous les deux.
Charlie marchait devant, toutefois, et paraissait perdu dans ses pensées alors Bill se racla la gorge.
« J'ai réfléchi à votre offre d'emploi. » lâcha-t-il.
« Ah… » soupira Abbot, en lui glissant un sourire qui ressemblait un peu à une grimace. « Je devine la réponse. Gardez-la en réserve quelques temps encore. Qui sait… Vous pourriez changer d'avis. »
« J'en doute. » décréta-t-il, sans s'embarrasser de prendre de gants. « Rejoindre un groupe qui se terre comme des lâches ne m'intéresse pas. Et, lorsque nous gagnerons cette guerre, il est fort probable que vos Langues-de-Plomb se retrouvent au chômage, de toute manière. »
Loin de se formaliser de la dureté de ses paroles, l'autre sorcier leva les sourcils. « Je vois que le Professeur Snape vous a fait la leçon. »
« Je ne suis le laquais de personne. » cracha Bill, vexé.
« Moi non plus ou je ne serais pas ici. » répliqua Abbot, le ton un peu plus dur, cette fois, sous son expression toujours aimable. « Et, n'en déplaise au Professeur Snape, je fais de mon mieux. Tout ceci est très flatteur, mais je ne suis pas tout puissant. »
Le Briseur-de-Sorts baissa la voix. « Nous savons tous que vous êtes en contact avec eux. »
« Si j'étais en contact avec eux, hypothétiquement, je vous assure que je m'acharnerais à les convaincre que ce Ministère a une chance. » rétorqua le Langue-de-Plomb, à la limite du murmure. « Néanmoins, mes opinions mises à part, je comprends aussi leur point de vue. Hypothétiquement. Si Dumbledore et Snape tombent, qui restera-t-il pour s'opposer à Vous-savez-qui ? » Abbot planta son regard dans le sien. « Réfléchissez-y. »
Il aurait aimé affirmer que c'était tout réfléchi.
Il n'en eut pas l'occasion.
Abbot pressa le pas pour rattraper Charlie et parvint, petit à petit, à le faire sortir de son mutisme.
Bill les observa de loin et résista à l'envie de s'immiscer entre eux simplement parce que le Langue-de-Plomb arracha un rare sourire à son frère.
°O°O°O°O°
Sirius n'était pas certain de ce qu'il éprouvait précisément. Un mélange de fureur, de lassitude, d'espoir et de… Toujours était-il qu'il n'en menait pas large lorsqu'il atteignit le bureau du Professeur de Défense. La porte était ouverte et Severus occupé à faire du rangement à l'intérieur. Il faisait léviter des piles de parchemins dans des meubles de rangements tout fraîchement installés… Il fallait admettre que la pièce débordait de mémos, rapports, recherches, cartes et autres.
Le Maître des Potions tourna la tête vers lui dès qu'il toqua faiblement au cadre de la porte, son regard sombre passant sur lui rapidement avant de se reporter sur les parchemins qui flottaient sous la commande de sa baguette. C'était un sort simple mais qui lui donnait beaucoup de difficultés dernièrement. Pourtant, Severus semblait enfin être parvenu à contrôler davantage ses pouvoirs.
« Ah, te voilà. » lâcha son ancien rival, focalisé sur sa tâche. « Tu arrives à point nommé. Il m'est apparu qu'avec tout ce qu'il s'était passé, nous avions complètement omis de nous pencher sur ton problème de Patronus. Il vient d'y avoir une attaque de Détraqueurs et… »
La dernière chose à laquelle Sirius voulait penser à cette seconde, c'étaient les Détraqueurs.
« Sev. » coupa-t-il.
Ce qui agaça immédiatement l'autre homme. Avec un mouvement d'humeur, Severus se tourna à nouveau vers lui. « Ne m'appelle pas… Que se passe-t-il ? »
Sirius se frotta le visage, pénétra dans le bureau et ferma la porte derrière lui. Sans que son ami ne prononce un mot, il sentit le poids de ses protections habituelles peser désormais sur la pièce, garantissant la confidentialité de leur discussion.
Ça en disait sûrement long que Severus préfère qu'il l'appelle Servilus, un surnom donné par méchanceté, plutôt que Sev, qui était le nom qu'utilisait Lily à l'époque. Long sur…
« Sirius. » pressa l'ancien espion, sourcils froncés.
« Je n'ai rien trouvé au Manoir mais Narcissa avait un double de la clef de Bellatrix. » lâcha-t-il.
Une expression incrédule s'afficha sur le visage du Maître des Potions. C'était rare.
Et Sirius n'était pas en état de s'en moquer.
Lorsqu'il avait imaginé lui annoncer, plus tôt, il s'était dit qu'il allait faire durer le suspense, le taquiner parce que les bonnes nouvelles étaient trop rares et…
« Les Gobelins sauront que c'est le double et pas l'original. » précisa-t-il. « Tonks devra s'expliquer. L'autre option est d'utiliser Narcissa et sa procuration. »
« Non. » refusa Severus tout net. « Nous n'impliquons personne d'autre. Nymphadora saura les convaincre. Si le double est issu de Gringotts, ils n'ont aucune raison de lui refuser l'entrée. Cela vaut identité. » Il secoua la tête. « Nous avons sa clef ? Aussi facilement que cela ? »
« Je sais, moi non plus je n'y croyais pas. » avoua-t-il, en faisant quelques pas vers le fauteuil qu'il utilisait d'habitude. Il était couvert de parchemins en piles plus ou moins droites et il renonça à s'asseoir.
Il sentait également le regard acéré de Severus sur lui.
« Pourquoi cette tête d'enterrement alors que nous avons de la chance pour la première fois depuis des mois ? » soupira l'homme. « Quelle est la catastrophe qui accompagne ce rare retour de karma ? »
« Je croyais que tu ne croyais pas au destin ? » rétorqua-t-il, en posant une demi-fesse sur le bord du bureau, là où il restait quelques centimètres de libre.
Le Maître des Potions croisa les bras dans une attitude sévère que Sirius lui avait vue à de multiples reprises en classe, face à un élève récalcitrant. « Black. »
« Je n'aime pas quand tu m'appelles Black. » lâcha-t-il. « Ça me ramène à une autre époque. » Severus ne se laissa pas distraire et le fixa du regard jusqu'à ce qu'il détourne le sien. « Tu as des nouvelles de Nyssa ? »
Ce n'était pas ce qu'il était venu lui demander.
Ce n'était pas pour ça qu'il avait traîné les pieds depuis Londres.
Ce n'était pas…
La posture rigide de son ami se détendit et, lorsqu'il répondit, Sirius détecta un soupçon de compassion dans sa voix.
« Pas depuis son dernier message, il y a deux jours. » répondit le sorcier. « Elle disait vouloir persévérer et, le cas échéant, essayer de contacter d'autres vampires qui n'appartenaient pas à son Essaim. »
Il savait tout ça. Elle le lui avait écrit.
« Tu crois qu'elle va revenir ? » s'entendit-il demander. Il garda les yeux rivés sur ses bottes, comme un adolescent avec un chagrin d'amour, ce qui l'agaça lui-même. Il avait passé l'âge de se lamenter sur les revirements de cœur de la gent féminine.
Combien de soirées avait-il passé à se plaindre auprès de James des changements d'humeur d'Agathe ? Combien de…
« Oui. » offrit franchement Severus, ce qui le surprit assez pour qu'il relève la tête et croise son regard. Le Maître des Potions paraissait fermé. « Elle est trop investie pour fuir cette guerre, alors je suis persuadé qu'elle reviendra. Tout comme je suis persuadé qu'elle est bien partie pour tenter de recruter ses semblables. Toutefois, je ne suis pas certain qu'elle te reviendra à toi ou qu'elle n'a pas également choisi ce moment parce que tu te retrouves responsable d'un nourrisson. »
Son ami était doué pour beaucoup de choses.
Pas pour réconforter les gens.
« Je ne suis pas responsable d'un nourrisson. » protesta-t-il.
Le Maître des Potions débarrassa, d'un geste de la main, l'un des fauteuils et boita légèrement jusqu'à pouvoir s'y asseoir, lâchant un bruit amusé au passage. « Ne t'es-tu pas plaint à chacun de nos entraînements cette semaine que tu étais forcé de te relever la nuit parce que le bébé pleurait ? »
« Est-ce que tu as une seule idée d'à quel point les murs sont fins dans mes appartements ? » grommela-t-il. « Ce n'est pas comme les tiens. Ils ont été tellement magiquement agrandis que la qualité architecturale n'est pas là. »
« Sirius, tu te promènes avec des photographies dans ta poche que tu nous forces à regarder régulièrement. » se moqua Severus. « Tous les jours, elles sont différentes. »
Par réflexe, il tapota la poche arrière de son pantalon où étaient rangées lesdites photographies du jour. Ce n'était pas sa faute si Andy avait abandonné son appareil photo chez lui. Ou si Orion était, il fallait l'admettre, extrêmement photogénique.
Sirius avait décidé que par le hasard de la génétique, il tenait de lui.
« C'est Cissy, ça. » mentit-il effrontément.
Il n'était pas le seul à se balader avec des photos qu'il montrait fièrement à tous ceux qui exprimaient un vague intérêt.
Draco et Andy étaient tout aussi coupables que lui.
Et il avait vu Tonks en empocher plus d'une.
« Tu empestes le vomi de bébé. » l'accusa son ancien rival tranquillement.
Sirius ouvrit la bouche, la referma puis la rouvrit, outragé. « Absolument pas ! »
La bouche de Severus tressauta en un de ses sourires minuscules et moqueurs. « Peut-être est-ce ce qui a fait fuir ta vampire, au fond… Je pense que je préférais encore ton parfum habituel de chien mouillé. »
Par puérilité pure, Sirius croisa les bras et rétorqua : « Tu as les cheveux gris de poussière. C'est toute la graisse… Ça retient les saletés. »
À sa grande irritation, Severus ne tressaillit même pas. « Très original comme insulte. Je ne l'ai jamais entendue auparavant. »
L'Animagus leva les yeux au ciel et s'appuya davantage contre le bureau, croisant une cheville sur l'autre dans un équilibre relativement instable. « Tu as vraiment de la poussière dans les cheveux. »
« J'ai passé une bonne partie de la matinée à explorer les sous-sols avec Harry. » soupira Severus, en marmonnant un sort de nettoyage qui n'ôta pas toute la poussière.
Mais comme Sirius se sentait d'humeur ronchonne, il ne le mentionna pas.
« Je suppose que vous n'avez pas trouvé l'horcruxe ? » demanda-t-il. « On n'a pas tant de chance que ça ? »
« Non. » confirma son ami, avant d'hésiter. « Mais nous avons trouvé le laboratoire de Salazar Serpentard. »
Sirius le dévisagea, choqué. « Vous avez trouvé… Quoi ? »
Severus fit la grimace. « Il y avait un œuf de basilic heureusement mort… Penses-tu que je doive être inquiet du fait qu'Harry ait été déçu de ne pas pouvoir l'adopter ? »
« Probablement. » commenta-t-il, tentant toujours d'appréhender le fait qu'ils avaient fait une découverte historique majeure qui aurait assuré que leurs noms passent à la postérité même s'ils n'avaient pas été déjà célèbres par eux-mêmes avant ça. Severus Snape aurait son nom dans les livres d'Histoire de la Magie. Ça faisait bizarre. « En même temps, son anniversaire est bientôt… Combien de temps ça prend de transformer un œuf de poule en œuf de basilic ? »
L'ancien espion lui jeta un regard noir. « Je suis conscient que tu plaisantes mais ne me donnes pas ce genre de sueurs froides. L'espace d'une seconde, j'ai sincèrement pensé qu'il allait me supplier de le laisser ramener un basilic à la maison. Et ne répète pas cela devant Hagrid, il pourrait te prendre au mot. »
La découverte historique majeure, comme le lui indiqua Severus quelques secondes plus tard, devait de toute manière rester secrète pour le moment. Aucune mention de basilic, laboratoire secret ou recherches inestimables qui faisaient briller les yeux d'un certain Maître des Potions – et, probablement, saliver Albus Dumbledore.
« Harry ne s'attend pas à grand-chose pour son anniversaire. » remarqua Severus, rebondissant sur sa plaisanterie. Ses doigts tremblants pianotaient distraitement sur les accoudoirs.
« Seize ans, ça se fête. » décida Sirius. « Et tu sais… Je parie qu'il n'a jamais vraiment eu de fête d'anniversaire… Encore moins une fête surprise… »
L'homme grimaça. « Tu vas me convaincre de laisser une horde d'adolescents envahir mes appartements, n'est-ce pas ? »
« Pas que. » répondit-il gaiement. « Il y a la famille aussi. Moi, Andy et Ted, Cissy et le bébé… Oh, Molly et Bill… On devrait probablement inviter Charlie aussi… On n'est pas obligé d'inviter Dumbledore par contre. »
Severus avait l'air d'avoir avalé de travers une potion particulièrement écœurante, pourtant, il ne protesta pas. « Minerva. »
« Minerva. » répéta-t-il pensivement. « Hagrid ? »
« Dans mes appartements ? » siffla son ami. « Rien qu'avec tous ces gens, nous serons à l'étroit. Et c'est sans mentionner Granger, les quatre Weasley juniors et Draco. »
« Et Luna. » rajouta-t-il. « On ne peut pas exclure Luna. »
« Plus on est de fous… » ironisa le Maître des Potions.
Sirius le prit un peu en pitié. « On peut le faire chez moi, si tu préfères, mais avec le bébé… Il y a de tout partout. Même Kreattur peine à tout ranger et il a tout le bataillon des elfes des Malfoy sous ses ordres. »
Severus le prit en considération puis secoua la tête, comme à regret. « Cela signifiera plus pour lui si nous faisons ça chez nous. J'en toucherai un mot à Nymphadora. »
L'Animagus hocha la tête puis décida qu'il avait noyé le poisson suffisamment longtemps et qu'il faudrait bien qu'il se jette à l'eau à un moment donné.
Il se racla la gorge. « J'ai besoin d'un service. Et tu ne vas pas être content. »
Le Maître des Potions ne paraissait pas autrement surpris, comme s'il avait deviné que Sirius était tracassé par autre chose que simplement Nyssandra. « Qu'as-tu fait encore ? »
« Ce n'est pas pour moi. » avoua-t-il, en grimaçant. Il prit une profonde inspiration. « Écoute… »
« Oh, non… Non. » l'interrompit froidement Severus, d'un ton où la colère se disputait à l'incrédulité. « Ne me dis pas… »
« Remus. » lâcha-t-il, par-dessus lui. « Remus m'a contacté. »
L'autre homme poussa un grondement théâtral et ferma les yeux comme si tant de bêtise l'épuisait. Puis il les rouvrit pour les planter dans les siens. « Sirius. »
« Severus. » répondit-il sur le même ton.
« Sirius. » insista son ami.
« Severus. » contra-t-il, toujours sur le même ton.
L'ancien Mangemort leva les yeux au ciel. « Que veut ce loup de malheur, cette fois-ci ? »
« Te parler. » expliqua Sirius.
« Je l'ai vu il y a quelques jours pour les essais de l'Éclat de Lune. » rétorqua Severus. « Qu'est-ce qui l'empêchait de me parler à ce moment là ? »
« En terrain neutre. » précisa-t-il, parce que c'était ce que lui avait demandé Remus. « Il t'attend à la Tête de Sanglier. »
« Il peut m'attendre. C'est non. » refusa tout net le Maître des Potions. « S'il veut me parler, il peut se déplacer. »
Sirius se frotta les yeux. « Il dit qu'il s'est rendu compte que quelque chose clochait avec son attitude. »
« Il a cette brillante révélation environ une fois par mois. » cracha Severus. « Généralement après avoir agressé quelqu'un verbalement ou physiquement. Peut-être notre temps serait-il mieux employé à chercher la victime de ses sautes d'humeur? »
« C'est différent, cette fois. » insista-t-il. « Du moins… J'espère. S'il y a une chance que… S'il te plaît. »
Son meilleur ami l'étudia d'un air impassible mais qui en trahissait pourtant beaucoup. « Je pensais que tu avais décidé de couper les ponts, de tourner la page. »
Oui, il avait décidé ça, en effet. Mais il était incapable de… Il ne pouvait pas ne rien faire si…
« Il veut juste ton opinion. » insista-t-il.
« Mon opinion est arrêtée et il en connaît parfaitement la teneur. » décréta Severus. « S'il veut que tu m'attires à Pré-au-Lard, il a sans doute une arrière-pensée en tête. »
« Il y a des Aurors à Pré-au-Lard. » lui rappela-t-il. « Et je serais là, moi aussi. Et ce n'est pas comme si tu ne pouvais pas vaincre Remus en duel. »
Un peu de flatterie ne faisait jamais de mal avec un Serpentard.
Severus, pourtant, était tout à fait réticent. « Je n'ai aucune envie de me plier à ses exigences. »
« Ce serait à moi que tu rendrais service. » murmura Sirius, dans un soupir. « Pas à lui. Je ne peux pas… Il faut que je sois certain d'avoir tout tenté pour l'aider, tu comprends ? »
Son ancien rival ne répondit pas mais son regard en disait long.
S'il avait été du genre vulgaire, Severus lui aurait probablement fait remarquer qu'il le faisait chier.
°O°O°O°O°
Les adolescents s'activaient autour et dans la cabane d'Hagrid, au plus grand plaisir de son propriétaire qui s'était lancé dans ce qui ressemblait fort à un cours de Soins des Créatures Magiques improvisé.
Harry se tenait un peu en retrait, caressant machinalement le niffleur qui allait et venait sur ses épaules. Paillette avait été contrarié d'avoir été abandonné si longtemps, ce matin-là, et encore plus contrarié qu'il le ramène ici ou essaye de s'occuper d'autres animaux que lui. Le niffleur et Masque était parvenus à un terrain d'entente – Masque était parvenu à un terrain d'entente, en faisant tomber le niffleur d'un coup de patte ou de queue lorsque celui-ci tentait de s'immiscer entre lui et ses caresses – mais la petite créature restait très possessive. Hedwige, lorsqu'il lui avait présenté le niffleur, s'était contentée d'un hululement stoïque.
S'approcher des gros animaux était exclus.
Entrer dans la cabane d'Hagrid posait problème mais Paillette l'avait tout de même autorisé à aider à l'intérieur pendant un moment, du moins jusqu'à ce qu'il ne tente de nourrir un autre niffleur – adulte, celui-ci – qui se remettait d'une blessure au flanc. La crise du juvénile avait été telle qu'Harry avait dû aller s'adosser à la clôture du potager.
Lavande, elle aussi, se tenait un peu en périphérie. Le seul animal qui l'avait laissée s'approcher sans ruer ou se mettre à couiner était Buck. Ron était avec elle et flattait distraitement le cou de l'hippogriffe qui mangeait ce qu'elle lui tendait.
Neville, Susan et Hannah étaient toujours à l'intérieur où ils s'occupaient des blessés plus sérieux.
Luna folâtrait avec les sombrals à l'orée de la Forêt, suivi avec un peu d'hésitation par Seamus et Astoria.
Hermione venait juste de jeter un seau de grains aux poules tout à fait ordinaire que le demi-géant gardait dans son jardin et Draco distrayait tout le monde en allant d'un groupe à l'autre pour montrer des photos de son frère.
Quant à Dean et Ginny…
Harry ne les voyait plus.
Peut-être était-ce pour le mieux.
Il n'avait rien repéré entre eux de concret mais Ginny était beaucoup sur la retenue, ses regards vers Harry un peu trop désolés, et Dean… Dean semblait embêté. C'était le seul qui avait manifesté de la gêne lorsqu'il avait approché le groupe pour la première fois, quelques jours plus tôt, comme s'il ne savait pas trop comment s'adresser à lui. Les autres s'étaient contentés de l'accueillir comme si rien ne sortait de l'ordinaire, ce qu'il avait apprécié.
Hermione vint le rejoindre en s'épongeant le front d'un revers de bras, sa haute queue de cheval se balançant à chacun de ses pas. « Je ne serais pas mécontente lorsque Charlie pourra venir assister Hagrid. Ça ne me dérange pas d'aider mais c'est bien plus physique que ce que je ne pensais. »
Il la laissa gratter la tête de Paillette qui s'était affalé sur son épaule pour mieux faire sa sieste – son passe-temps favori, après tenter de déloger le sceau de son doigt et l'impossible tâche de voler l'Ordre de Merlin de Severus.
« Comment ça va ? » demanda-t-elle, plus bas et plus sérieusement. « Vraiment ? »
Hagrid venait de rejoindre Lavande et Ron. Tous les autres hippogriffes arrivèrent au quart de tour, sentant le repas. Il ne fallut pas longtemps au demi-géant pour convaincre les animaux que Lavande était parfaitement acceptable tant qu'elle possédait la nourriture.
À une autre époque, voir Lavande Brown prendre un plaisir évident à nourrir des hippogriffes aurait été impensable. Elle avait été plus du genre à hurler d'horreur à la vue de la plus petite bête… Il fallait croire que les gens changeaient.
Ron, d'ailleurs, les avait laissés à la leçon improvisée et revenait vers Hermione et Harry, les mains dans les poches.
« Ça va. » répondit-il machinalement.
« Harry… » le gronda Hermione, sans méchanceté.
Mais leur meilleur ami venait de les rejoindre et elle n'insista pas.
« Les cours d'Hagrid m'avaient un peu manqué. » plaisanta Ron, en venant s'adosser à la clôture, à côté d'Harry. « Vous savez qu'il a tenté de me convaincre que les Acromentules étaient inoffensives ? »
Harry et Hermione secouèrent la tête en même temps et avec la même vivacité. Ils éclatèrent tous les trois de rire.
Et ça faisait du bien.
L'espace de quelques secondes, il se sentit plus léger. Plus…
Le problème lorsqu'on riait ainsi, c'était qu'on finissait par revenir sur terre et que la descente était parfois rude. Ainsi, lorsqu'ils se furent tous les trois calmés, une chape de sérieux sembla tomber sur eux.
Ron et Hermione échangèrent un regard puis le garçon se racla la gorge. « Dis, ça fait un moment que tu ne nous as pas parlé des… tu-sais-quoi. »
« Assurdiato. » murmura Harry, par précaution. Il leur résuma les dernières découvertes, les écouta s'horrifier de savoir qu'un horcruxe était sans doute caché à Poudlard puis proposer d'aider à chercher…
« Attends, ils veulent vraiment cambrioler Gringotts ? » s'étouffa à moitié Ron.
Harry n'avait pas très envie de parler de tout ça.
C'était pratiquement tout ce dont discutaient Severus et Dora à la maison : Gringotts, des possibles plans d'attaque, pourquoi Severus devait rester en arrière, pourquoi c'était plus logique que Dora mène la mission, pourquoi…
Il fut presque heureux de voir Draco se diriger vers eux, photos en main. Il annula l'assurdiato d'un coup de baguette.
Le Serpentard fronçait les sourcils. « Dites… Il ne vous paraît pas familier cet hippogriffe ? Celui qui ne lâche pas Brown d'une semelle ? »
Buck était habitué à Remus et, visiblement, semblait s'être épris de Lavande. Il la suivait dans l'enclos, foudroyant des yeux les autres hippogriffes s'ils s'ébrouaient trop fort…
« Ah bon ? » feignit de s'étonner Harry.
« Tu trouves ? » demanda Hermione, d'un ton pas du tout convainquant.
« Non, pas du tout. » répondit Ron, avec un peu trop d'empressement.
Draco les dévisagea tour à tour, se retourna pour mieux observer Buck une nouvelle fois, reporta son attention sur eux…
« Ce ne serait pas l'animal sauvage qui a failli me tuer, en troisième année, n'est-ce pas ? » ironisa le Sang-Pur. « Celui qui a mystérieusement disparu le même soir que mon cher cousin ? »
« Celui qui t'a valu la claque mémorable d'Hermione ? » releva Ron, avec amusement. « Tu sais que c'est un des mes souvenirs préférés ? Je m'en sers souvent pour lancer un Patronus… »
« Tu sais très bien que tout se serait très bien passé si tu n'avais pas insulté ce pauvre Buck. » remarqua Hermione. « C'était ta faute. »
« Et il n'a pas manqué te tuer. » renchérit Harry. « C'était une égratignure. »
« Ce n'était pas une égratignure. » contra Draco. « J'ai gardé une cicatrice. Dis-leur, Granger. »
« Et comment Hermione saurait que tu as une cicatrice, Malfoy ? » intervint Ron, d'un ton faussement aimable.
Loin de se laisser intimider, le Serpentard leva un sourcil. « Souhaites-tu que je te fasse un dessin, Weasley ? Il est vrai que tu as sans doute besoin d'aide dans ce domaine… »
« Charmant. » cracha Hermione. « Vas-y continue. Peut-être que je vais te faire une autre cicatrice ailleurs, comme ça, tu auras vraiment de quoi te plaindre. »
Draco sourit et se glissa près d'elle, ignorant sa mauvaise humeur. « Tant de violence… »
Elle se débattit un peu pour la forme mais ne résista pas longtemps lorsqu'il passa un bras autour de sa taille et pressa un baiser dans son cou.
Ron et Harry eurent la même grimace de dégoût .
Choisissant pourtant d'ignorer l'affaire Buck, Draco redevint un peu plus sérieux. « De quoi parliez-vous, avec un air si grave ? »
Harry soupira, puis jeta à nouveau un sortilège qui masquerait leur conversation. « Des horcruxes. »
Ron manqua de s'étouffer. « Attends ! Depuis quand il sait ? »
Draco fit la moue. « Je ne sais rien. Savoir me vaudrait sans doute un oubliette de la part d'un adulte ou d'un autre. »
« Il a entendu Sirius et Harry en parler par accident. » expliqua Hermione.
« Ah… D'accord. » accepta facilement Ron.
Et, pendant quelques secondes, il y eut un silence gêné parce que trois personnes connaissaient un secret et la quatrième n'avait même pas conscience qu'il y avait un secret.
Et Harry était fatigué de le porter, ce secret.
Tellement fatigué.
Mais si Ron le regardait toujours avec inquiétude, il n'y avait pas la même terreur dans ses yeux que dans ceux d'Hermione. Hermione le regardait comme s'il était un condamné. Draco aussi, parfois, même s'il le masquait mieux.
S'il le disait à Ron… S'il passait outre le danger de confier une telle chose à quelqu'un qui n'avait aucune notion d'Occlumencie… Ron aussi se mettrait à le regarder ainsi et…
Les secrets étaient enroulés autour de son cou et l'étouffaient.
Il se mit à caresser Paillette, les mains un peu tremblantes, trahissant peut-être son angoisse subite. Cela n'échappa pas à l'œil acéré de Draco ou à celui plus inquiet d'Hermione. Cela n'échappa probablement pas non plus à Ron mais son meilleur ami savait qu'il n'aimait pas qu'on attire l'attention dessus et entreprit de résumer au Serpentard ce qu'il venait de lui expliquer.
« Une de ces choses est à Poudlard ? » siffla le Sang-Pur. « Mon frère est dans ce château. » La respiration de Draco s'était légèrement accélérée. « Peut-être devrions-nous nous replier sur le Manoir. Toi aussi, Hermione. »
« Il n'arrivera rien à ton frère. » soupira Ron, en levant les yeux au ciel.
« Comme il n'est rien arrivé à ta sœur ? » rétorqua Draco.
« La faute à qui déjà ? » contra son ami.
« Ne vous disputez pas. » intervint Harry, dans un soupir. « On n'a pas de preuves pour le moment, c'est juste une théorie. Et s'il est vraiment dans le château… Il est probablement si bien caché qu'il ne risque pas de tomber par hasard entre les mains d'un bébé. »
« Ce n'est pas la question. » s'agaça le Sang-Pur. « Orion est trop petit pour que sa magie le défende. Les… choses peuvent prendre possession de sorciers ou sorcières plus faibles qu'eux. Un bébé serait le terrain idéal pour… » Il s'interrompit et jeta à Harry un regard légèrement contrit. « Je regrette, ce n'était pas délicat. Mais c'est la vérité et tu le sais mieux que personne. »
« On sera encore plus vigilant avec Orion. » promit Hermione. « Et puis… Tu m'as dit que le berceau était gravé de runes de protection en tout genre… Ta mère ne le sort pas des appartements… Honnêtement, je ne crois pas qu'il risque quoi que ce soit. Sirius ne le mettrait jamais en danger. »
Ron avait tiqué à ces excuses qui n'avaient aucune raison d'être mais ne demanda pas d'explications.
« Sirius ne le mettrait jamais en danger. » confirma Harry. « Il en est gaga. »
Et s'il ne parvint pas tout à fait à masquer la jalousie dans sa voix… Eh bien ses amis eurent la délicatesse de ne pas le lui faire remarquer.
Malheureusement, le Serpentard prit ça pour un encouragement à ressortir ses photos. Hermione s'extasia dessus avec un entrain qui semblait sincère – probablement parce qu'elle était aussi impliquée avec ce bébé que les autres vu qu'elle passait son temps chez Sirius – mais Ron fit discrètement une grimace agacée à Harry.
L'adolescent aurait pu prendre sur lui quelques minutes et faire semblant de s'intéresser aux photos d'un bébé dont il était fatigué d'entendre parler si Ginny et Dean n'avaient pas choisi ce moment-là pour sortir de derrière la cabane en courant.
C'était un jeu visiblement.
Un jeu qui impliquait que Ginny glousse et que Dean l'attrape.
Elle se figea lorsqu'elle les aperçut. Lorsqu'elle aperçut Harry.
Et Dean la percuta en riant uniquement pour s'immobiliser lui aussi comme si on leur avait jeté un sort.
Leur camarade de dortoir ne savait pas envers qui il était le plus embêté visiblement : Ron ou Harry.
« Oh, Merlin… » marmonna Draco, dans sa barbe, avec exaspération.
C'était une jalousie bien différente qui lui mordit les tripes, cette fois-ci.
Une jalousie qu'il aurait mieux géré que celel qu'il éprouvait envers Orion mais qui le laissait…
Il détourna le regard, heureux de la distraction que lui offrit accidentellement Paillette en tentant de descendre le long de son bras… Il caressa le niffleur, incapable de regarder son ex-petite-amie et son autre ami en face.
Il ne voulait rien reprocher à Ginny.
Mais faire bonne figure, c'était beaucoup lui en demander.
« Qu'est-ce que vous faites ? » attaqua Ron, avec une mauvaise humeur aussi subite qu'évidente.
« Ne commence pas. » rétorqua Ginny, du ton qui précédait généralement un maléfice de chauve-furie.
« On essayait juste d'échapper aux scroutts à pétard. » répondit Dean, plus calmement. Du coin de l'œil, Harry le vit désigner l'arrière de la cabane d'un pouce levé par-dessus son épaule. « Il y en a tout un tas là-bas qui ne sont pas très aimables… »
« Ils ont bon dos les scroutts à pétard. » grommela Ron.
Un silence pesant tomba le groupe.
« Orion sait sourire. » déclara brusquement Draco, visiblement désespéré d'échapper à ce moment gênant. « Il est très avancé pour son âge. »
« Oui, oui, on sait… » lâcha sèchement Harry, sans parvenir à se retenir. « Dans deux semaines, il fera probablement déjà des multiplications. N'oublie pas de le prendre en photo surtout. »
C'était injuste, déplacé et petit. Il regretta immédiatement ses paroles.
Avec une grimace désolée, il croisa le regard de Draco.
Ce dernier était visiblement vexé mais, conscient de la situation, il fut suffisamment magnanime pour ne pas répliquer.
« Je dois y aller. » lança précipitamment Harry. Il reposa Paillette sur son épaule et partit précipitamment en direction du château, en ignorant les appels de son nom dans son dos.
Il se traita d'abruti tout du long.
Il était presque arrivé lorsqu'il vit la procession d'Aurors qui revenaient des grilles. Il avait appris à jauger du succès des mission à leur attitude et, ce jour-là, ils semblaient plaisanter entre eux. Tous étaient sur pieds, aucune civière ne suivait les valides…
Il repéra la silhouette familière à l'arrière du groupe et fit un détour pour la rejoindre.
Nymphadora fit prestement disparaître dans sa poche le paquet de cigarettes dont Harry feignait de ne pas connaître l'existence et s'arrêta pour lui laisser le temps de la rattraper.
« Salut, mon chat. » lança-t-elle gaiment. Son enthousiasme était un peu forcé et cachait mal sa fatigue. Les cernes sous ses yeux ne diminuaient pas.
« Il y a eu une attaque ? » s'inquiéta-t-il.
Elle agita la main, comme pour chasser un insecte. « Juste une poignée de Détraqueurs qui ont dû échapper aux Mangemorts. Rien de bien palpitant. »
Drôle de monde où les attaques de Détraqueurs n'étaient pas considérées comme palpitantes.
« Tu n'as rien ? » demanda-t-il par souci de conscience. Elle n'avait pas l'air blessé, ses robes n'avaient pas une seule égratignure et n'étaient pas aussi sales que d'ordinaire.
Elle lui sourit. « J'ai un excellent Patronus, tu sais. » Elle l'étudia un bref moment puis fronça les sourcils. « Et toi ? Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu as l'air contrarié. »
La question était un peu hésitante.
Il caressa machinalement Paillette, enfouissant son autre main dans sa poche et baissant les yeux. Attentif à ne pas déloger le niffleur, il haussa les épaules.
« Harry… » soupira-t-elle, en baissant la voix. « Si c'est… le petit problème qui te tracasse, on va les trouver et on va aussi trouver une solution. Ça va s'arranger, tu verras. »
« Ce n'est pas ça. » marmonna-t-il. « Ginny… Je crois que Ginny et Dean sont ensemble. »
« Ah. » lâcha-t-elle, avec une grimace. Naturellement, comme s'ils l'avaient fait cent fois par le passé, elle passa un bras autour de ses épaules et l'entraîna sur le chemin qui menait au château. « Eh bien… C'est une idiote et tu trouveras mieux. »
Il leva les yeux au ciel mais ne chercha pas à se dégager de cette demi-étreinte. « Ce n'est pas une idiote et il n'y a pas mieux que Ginny. »
« Bon, d'accord… Ginny est plutôt cool. » admit-elle, visiblement à contrecœur. « Mais si elle te préfères quelqu'un d'autre, c'est que, sur ce point-ci, elle est stupide. Qu'est-ce qu'il a de plus que toi, ce Dean ? Rien du tout. »
Il n'était pas sûr que ça le réconforte beaucoup. Parce qu'il savait qu'elle ne le pensait pas vraiment et parce que ce n'était pas vrai.
« Il est plus grand. » marmonna-t-il. « Et il ne va probablement pas mourir d'ici peu, donc… »
Il ne s'autorisait généralement pas d'être aussi morbide en présence des adultes. Ils s'inquiétaient trop pour lui.
Et, de fait, elle resserra un peu sa demi-étreinte, comme par réflexe. « Tu ne vas pas mourir. »
Il n'était pas d'humeur pour ce débat.
« Cela dit, Dean n'est vraiment pas bon au Quidditch et il préfère le foot. » continua-t-il, sans relever. « Ginny adore le Quidditch. »
L'espace d'un instant, il craignit qu'elle n'insiste pour parler du reste. Il se doutait qu'elle mentionnerait sa piètre tentative de plaisanterie à Severus et, ce soir-là, il aurait sans doute droit à un autre monologue sur le fait qu'il sauverait Harry même s'il devait passer le reste de sa vie à chercher une solution et… Le garçon connaissait toutes les versions de ce discours par cœur.
Sirius aussi en avait une variante.
Il ne tenait pas trop à ce que Tonks s'y mette.
Heureusement, la jeune femme choisit d'accepter son changement de conversation.
« Tu veux mon avis ? » demanda-t-elle, avant de le lui donner sans attendre. « Elle essaye juste de se consoler de toi et ce Dean ne compte pas du tout. Ce n'est pas très drôle, je sais, mais si tu attends un peu, je te parie qu'elle reviendra vers toi. »
Elle n'aurait sans doute pas le temps de revenir vers lui.
Et c'était probablement aussi bien ainsi.
« Je veux juste qu'elle soit heureuse. » soupira-t-il. « Même si ce n'est pas avec moi. »
Tonks s'arrêta de marcher et il échappa un peu malgré lui à son bras. Il s'immobilisa lui aussi, se tournant pour la dévisager, un peu alarmé… Mais l'Auror l'observait en secouant la tête.
« Elle ne te mérite pas. » décréta Dora. « D'ailleurs, aucune fille ne te mérite. »
Malgré lui, il se retrouva à rire. « Quoi ? N'importe quoi ! »
« Tu sais à quel point c'est rare chez l'espèce masculine ce que tu viens de dire ? » riposta la jeune femme, avec beaucoup de théâtralité. « Surtout à ton âge ? » À nouveau, elle secoua la tête. « Non, non, je t'assure, elle ne connaît pas sa chance. Donc tu mérites mieux. Voilà, c'est comme ça. J'ai décidé que tu étais parfait et qu'aucune fille ne serait assez digne de toi. J'espère que tu es content, tu m'as transformée en ma mère. »
Elle se remit à marcher vers le château, un demi-sourire amusé aux lèvres et il la suivit, secouant la tête à son tour.
« Andromeda est si terrible que ça ? » demanda-t-il.
« Un jour elle a fait pleurer un garçon que j'avais ramené à dîner. » raconta-t-elle. Le souvenir ne devait pas être trop pénible parce qu'elle luttait visiblement contre un fou rire. « Maugrey a débarqué pour le dessert. Crois-moi, il n'a pas pleuré qu'une seule fois, ce soir-là. »
Harry la croyait sur parole.
Il n'osa pas demander ce que Fol'Œil aurait pensé de sa relation avec Severus. Cependant, son père n'était pas facilement intimidé et ne courbait pas l'échine devant qui que ce soit… Peut-être qu'à force, l'ancien Auror en serait venu à le respecter.
Andromeda semblait s'être faite à la situation… Et, une fois passé sa brusquerie du premier abord, elle était plutôt gentille. Elle lui avait appris plusieurs sorts de diagnostic et lui avait recommandé quelques livres à la bibliothèque sur le parcours d'un Médicomage et les choix de spécialités qu'il serait amené à faire…
Du moins s'il survivait jusque-là.
« Ce n'est pas tout à fait pareil… » lui fit-il remarquer.
« Pourquoi parce que tu es un garçon ? » le défia-t-elle.
Ils montèrent lentement les marches qui menaient aux grandes portes, ignorant les réfugiés qui leur jetaient des coups d'œil peu discrets.
« Non. » répondit-il immédiatement. « Bien sûr que non. Juste parce que… Je ne suis pas… Enfin, tu n'es pas… On n'est pas vraiment… » Il s'empourpra un peu, se racla la gorge. « Tu sais. »
Elle avait eu un ton relativement léger jusque là mais elle devint très sérieuse d'un coup et, lorsqu'elle lui effleura le bras, il s'arrêta.
Ils étaient au milieu du Grand Hall, les gens les regardaient sans en avoir l'air, et c'était d'autant plus gênant qu'Harry aurait préféré ne jamais avoir ouvert la bouche. Pourtant il fut incapable de fuir le regard gris qui se braqua dans le sien.
Elle avait l'air si déterminé qu'il renforça ses boucliers mentaux par réflexe, oubliant momentanément qu'elle n'était pas Legilimens.
« Tu n'es obligé de rien et surtout pas de ressentir la même chose… » déclara-t-elle, sans baisser la voix. « Mais tu sais que pour moi, ça ne compte pas, qu'on ne soit pas vraiment quoi que ce soit. Je n'ai pas choisi que Severus, Harry. On n'a pas besoin d'être vraiment quoi que ce soit pour être vraiment autre chose. Les familles, on en trouve de toutes les formes, tu sais. »
La boule dans sa gorge l'empêcha momentanément de respirer.
Elle hésita, soudain plus si sûre visiblement. « On n'a jamais parlé de ça, tout les deux… Je ne veux prendre la place de personne. Et je sais que je ne suis pas tellement plus âgée que toi, alors c'est un peu bizarre. Et, bien sûr, tu es grand alors… » Elle grimaça. « Ce que je veux dire, c'est que tu as totalement le droit de me dire que je dépasse les bornes mais si tu veux… Enfin… »
Il ne savait pas comment répondre ou la rassurer et il voyait bien qu'elle s'empêtrait dans ses explications et se sentait aussi mal à l'aise que lui.
Alors il fit la seule chose qui lui vint à l'esprit.
Il la prit dans ses bras.
Une de ces étreintes que Severus qualifiait souvent d'étouffantes mais ne lui refusait jamais.
Elle garda les mains en l'air une seconde puis l'enlaça en retour.
Uniquement pour jurer lorsque Paillette tenta de lui subtiliser une boucle d'oreille…
Ça eut le mérite de mettre un terme joyeux à un moment qui aurait pu être gênant. Riant un peu, Harry détacha avec précaution la patte du niffleur du faux clou en diamant qu'elle portait à l'oreille puis s'écarta en se raclant la gorge.
« Je rentre à la maison. » annonça-t-il.
« Chanceux. » soupira-t-elle. « J'en ai encore pour des heures. » Elle jeta un œil à sa montre. « Et il faut que j'y retourne. À tout à l'heure, mon chat. »
Harry la regarda disparaître dans les étages puis s'engouffra dans les cachots, dévalant les marches humides quatre à quatre.
Était-il possible de se sentir à la fois extrêmement léger et d'avoir le cœur lourd ?
D'être heureux et triste en même temps ?
Il était plus riche de tout ce qu'il avait gagné ces derniers mois mais ce serait d'autant plus dur de tout abandonner.
°O°O°O°O°
Remus attendait dans une des salles privées de la Tête de Sanglier depuis des heures ou, du moins, c'était l'effet que ça lui faisait. Il se contraignait à rester assis sur la chaise au lieu de céder à la pulsion du loup et de faire les cent pas dans la pièce exigüe et poussiéreuse.
Il n'y avait pas grand-chose ici. Une table et quelques chaises – il avait pris celle qui faisait face à la porte – une cheminée dont l'âtre était crasseux de suie… Abelforth Dumbledore n'avait pas exactement été célèbre pour ses dons de fée du logis.
Rester enfermé ici, sans bouger, était contraire à sa nature et lui demandait des trésors de patience. C'était une concession.
Il avait proposé un endroit neutre où se retrouver – avait insisté pour un endroit neutre, à vrai dire – parce que le château… Le château n'était plus son territoire mais celui de l'autre. De Severus, se corrigea-t-il mentalement. Et cela contribuait à amplifier l'hostilité qu'il ressentait à chaque fois qu'il s'y rendait.
Un endroit neutre était le mieux.
Il aurait préféré attendre à l'extérieur mais Sirius avait été intraitable. Il avait inspecté la pièce lui-même en amont et lui avait aboyé de rester là, comme pour mieux établir qu'il se méfiait de lui. Comme s'il y avait encore eu un doute quant au parti qu'avait choisi son meilleur ami.
Il allait consulter sa montre pour la troisième fois lorsqu'il entendit finalement les bruits de pas familiers se rapprocher de la porte. L'auberge était pleine de bruits, Rosmerta y ayant logé des réfugiés, mais ceux-là…
Le son des pas de Sirius lui était aussi familier que les siens.
Quant à ceux de Severus… Ils avaient toujours été feutrés et, en dépit de ses blessures, l'étaient restés mais la canne qui heurtait régulièrement le sol le trahissait. Suivant les jours, le poids qu'il mettait sur la canne était plus ou moins lourd. D'amère expérience, il savait que l'homme pouvait en jouer pour tromper ses ennemis et c'était peut-être ce qu'il faisait ce jour-là. Ou peut-être pas. La cadence était irrégulière, comme s'il devait véritablement traîner sa jambe. Peut-être était-ce un véritable mauvais jour.
La porte s'ouvrit sans avertissement.
Remus ne leur fit pas le plaisir de sursauter, il resta assis où il était et se contenta de croiser les bras, cherchant le regard de Sirius par-dessus l'épaule de Severus. « Je commençait à croire que tu m'avais oublié. »
« Estime-toi heureux que je sois parvenu à le convaincre de venir. » rétorqua son ami. Ex-ami. C'était dur de renoncer à tout ça, à présent qu'il n'était plus autant en colère.
« Que me veux-tu, loup ? » cracha le Maître des Potions.
Il jeta le mot comme une insulte et, en d'autres temps, Remus l'aurait pris comme tel. À présent, c'était simplement un constat, à son sens. Loup, il était. Pas un loup ordinaire, non. Mais un loup tout de même.
Lentement, il glissa le regard de Sirius à Snape. Severus, se corrigea-t-il une nouvelle fois. Il allait être cordial et ne pas se laisser déborder, il y était déterminé. De la main, il l'invita à s'asseoir sur la chaise qui lui faisait face.
La table, entre eux, ne serait qu'un maigre barrage si les choses dégénéraient. Elle le ralentirait à peine et il était certain que l'autre homme serait aussi prompt à s'en distancer qu'il le serait à sauter par-dessus. Mais c'étaient les apparences qui comptaient, supposait-il.
« Pouvons-nous parler seul à seul ou préfères-tu que Sirius reste ? » demanda-t-il, d'un posé qu'il avait voulu poli mais qui sonna condescendant.
Aurait-il demandé si Severus voulait conserver son garde-du-corps qu'il ne s'y serait pas pris autrement.
Il ne parvint pas tout à fait à regretter la pique.
Et, piqué, l'ancien espion l'était.
« Va donc boire un verre en bas, Sirius. » le congédia Severus, sans même un coup d'œil. Il n'avait pas détourné les yeux de Remus depuis qu'il était entré. Il n'avait pas poussé jusqu'à sortir sa baguette. Cela en aurait trop trahi sur le danger que représentait réellement le loup, bien sûr, ce que Lunard pouvait respecter.
« Tu plaisantes ? » s'agaça Sirius. « Je ne te laisse pas. »
« Tu me confonds avec Orion. » rétorqua Severus, toujours sans détourner le regard. « De plus, je n'ai pas besoin de toi pour le tailler en pièces, le cas échéant. Il se plaît à l'oublier mais je ne suis pas exactement sans défenses. »
Il l'aurait été contre ses griffes et ses crocs.
Remus s'autorisa la pensée parce qu'elle lui fit du bien mais il tint sa langue tandis que Severus claudiquait légèrement vers la chaise qu'il lui avait désignée.
C'était vraiment un mauvais jour pour sa jambe, nota Remus. Au lieu de d'accentuer le boitement, il tentait de le dissimuler. Il n'aurait pas fait ça si ça avait été une ruse.
« Je te promets de te le rendre en un seul morceau. » lança Lunard, sans non plus détourner le regard vers Sirius.
Rares étaient ceux qui osaient le regarder dans les yeux désormais.
Severus étaient de ceux-là.
Et le loup en lui ne pouvait pas résister au défi.
« Severus ? » insista l'ancien fugitif.
« Attends-moi en bas. » réitéra le nouveau chef de l'Ordre du Phoenix, en s'asseyant sur la chaise. Il appuya la canne là où il pourrait rapidement la rattraper en cas de besoin.
Remus entendit son ami partir en ronchonnant mais ne jeta pas un œil pour vérifier.
Il ne détournerait pas les yeux le premier.
Severus non plus ne semblait pas pressé de céder bien que son rythme cardiaque se soit légèrement accéléré et qu'il soit impossible pour lui de masquer totalement son angoisse. Le Maître des Potions savait ce qu'il faisait en le défiant ainsi, il savait quel genre de monstre il titillait…
Remus ne comprenait pas pourquoi il s'entêtait.
Lunard, lui, le comprenait très bien.
L'Alpha encore plus.
En un sens, c'était plus simple.
« Je suis plus dominant que toi. » lâcha-t-il finalement, au bout de longues minutes. Il pressentait qu'ils auraient pu rester assis là à se foudroyer du regard des heures et ce n'était pas exactement le but de cette rencontre. « Tu ne me feras pas baisser les yeux. »
« Je refuse de jouer tes petits jeux ridicules ou de te donner la satisfaction de te croire au-dessus des autres. » rétorqua Severus. « Et je ne parierais pas sur lequel de nous deux est le plus autoritaire. »
« La dominance ne passe pas que par l'autorité. » contra-t-il.
Les yeux de l'homme se crispèrent un peu, comme s'il luttait pour ne pas les lever au ciel par peur de briser l'échange de regards.
« Tu voulais me parler en terrain neutre… Me voilà. » grinça l'ancien Mangemort. « Que me veux-tu qui ne peut pas attendre notre prochaine rencontre ? »
« Voudrais-tu bien cesser ce jeu ridicule et baisser les yeux que je puisse jeter un sort anti-intrusion sur la pièce ? » ironisa Remus.
Il fut agacé lorsqu'il sentit la magie du Maître des Potions se refermer sur eux. Les protections étaient complexes et il les devinait impénétrables. Personne ne les espionnerait – et personne ne les entendrait s'il leur venait l'envie de s'entretuer.
C'était soit très courageux, soit très stupide.
Très stupide probablement.
Snape paraissait sincèrement convaincu qu'il pouvait le tuer.
« Que me veux-tu ? » répéta l'homme, refusant toujours d'accepter sa dominance même si tout son langage corporel indiquait qu'il était extrêmement mal à l'aise.
Remus aurait pu insister. Le loup aurait pu s'énerver.
L'Alpha décida de traiter la situation comme il l'aurait fait avec un autre Alpha qui n'aurait pas été un ennemi : ne rien donner mais ne rien prendre non plus.
Il maintint donc le contact visuel et s'appuya un peu plus lourdement contre le dossier de sa chaise. « J'ai besoin d'un expert en créatures magiques. »
« Aux dernières nouvelles, tu étais un expert en créatures magiques. Je suppose que c'est un choix de carrière tout tracé lorsqu'on en est une. » se moqua impitoyablement Severus.
« Aux dernières nouvelles, ce n'est pas moi qui travaillais sur des variations de la potion Tue-Loup. » riposta-t-il. Il hésita puis soupira un peu. « J'ai besoin… d'aide. »
Severus parut honnêtement surpris mais masqua vite son étonnement sous une expression dédaigneuse. « Lupin, si tu étais agonisant dans un fossé, je passerais mon chemin et sans aucun sursaut de conscience avec ça. »
Il eut du mal à contenir le grondement mais s'y employa. « Je n'ignore pas que tu es en colère. Je ne suis pas exactement ton plus grand fan, non plus. »
« En colère ? » siffla l'homme. Sa main se referma en un poing sur la table. « Je ne suis pas en colère. Tu t'en es pris à mon fils. Tu t'en es pris à la femme qui partage ma vie. Si tu crois… »
« Elle a partagé ma vie, en premier. » le coupa-t-il.
Les yeux noirs s'assombrirent davantage encore. « Si tu souhaites me convaincre de t'aider, tu ne devrais peut-être pas t'aventurer sur ce chemin-là. »
Il aurait préféré pouvoir s'en tenir loin, principalement parce que Tonks le dégoûtait désormais. Il n'y pouvait rien. Et ce n'était sans doute pas non plus la faute de la jeune femme. Mais il avait une telle impression de gâchis que…
« Je l'ai aimée. » insista-t-il. « Et… Je crois que tout est parti de là. »
La mâchoire de Severus était contractée si fort que ses dents devaient grincer. « Un mot de travers. Un seul et je t'écharpe pour lui offrir une cape en fourrure. Est-ce clair ? »
« Ne me menace pas. » gronda-t-il. « Je fais un effort, Severus. »
« Tu fais un effort ? » répéta l'homme, avant de lâcher un ricanement moqueur. « Grand bien t'en fasse. Personnellement, je n'ai pas besoin de faire un effort parce que tu n'as rien qui m'intéresse. C'est Albus qui veut utiliser tes loups, pas moi. Moi, je suis d'avis d'arrêter ces recherches avant de créer quelque chose qui reviendra nous hanter dans des années. »
C'était de plus en plus difficile de se maîtriser et que Snape refuse de baisser le regard n'aidait pas.
Lorsqu'il rouvrit la bouche, sa voix était plus grave, plus autoritaire. « J'envisage de te donner raison sur cette question. »
Il s'attendait à tout sauf à un nouveau ricanement.
« Me donner raison ? » ironisa le Maître des Potions. « Entends-moi bien. Je me moque de tous les arrangements que tu pourras conclure avec Albus. La potion Éclat-de-Lune disparaîtra dès que la guerre sera terminée. Toutes les recherches, toutes les variantes… Et je m'assurerai qu'il en soit de même pour la version des Mangemorts. Je refuse de voir une de mes créations utilisée pour venir grossir les rangs de tes loups quand tu perdras le dernier neurone qu'il te reste et te lanceras dans le même genre de croisade que Greyback. »
Ce fut au tour de Lunard de serrer la mâchoire à s'en faire mal.
S'il avait été loup, il aurait montré les crocs.
« Je ne suis pas Greyback. » cingla-t-il. Puis, il se souvint du lapin cru et prit une profonde inspiration. « Je ne veux pas être Greyback. C'est pour ça que tu es là. »
Un rictus étira les lèvres fines de l'ancien Mangemort. « Qui as-tu attaqué cette-fois ci ? Qu'est-ce qui a provoqué cet énième sursaut de conscience ? »
Il ignora la question.
Elle frappait au cœur parce qu'elle était trop juste.
« Je pensais être en harmonie. » avoua-t-il. « Mais… Je crois que le loup domine parfois. »
« Crois-tu ? » ironisa Snape.
Il prit une nouvelle inspiration. « J'ai commencé à perdre le contrôle avec Dora. Je… Le loup l'aimait autant que moi. Le besoin de la protéger est devenu… »
« Obsessionnel. » termina l'homme avant qu'il ait pu le faire.
Le mot lui dressait les poils mais il supposait que ce n'était pas faux.
« Peut-être. » admit-il. « La potion Révèle-Loup avait réglé la situation. Je pensais qu'elle avait réglé la situation. »
« La potion Révèle-Loup n'avait pas été testée. » lui rappela Severus. « Et tu n'as pas exactement été un sujet très coopératif. Tes impressions étaient vagues au mieux et je ne l'ai jamais modifiée. Idéalement… »
« Je comprends. » l'interrompit-il. « Mais elle m'a libéré. Tu ne peux pas saisir… Elle m'a libéré. »
« Ce qui, si mes souvenirs sont exacts, ne t'a pas empêché d'effrayer Nymphadora en l'attendant chez elle sans y être invité. » rétorqua-t-il. « Ce qui soulève la question de savoir si le loup n'est pas une bonne excuse pour dissimuler la bassesse de tes propres actes. »
Il fut tenté de fermer les yeux, un peu honteux de la manière dont il s'y était pris à l'époque, mais il refusait de laisser Snape emporter le duel de dominance.
« Je voulais la reconquérir. » lâcha-t-il. « Au lieu de ça, je l'ai poussée dans tes bras. »
« Peut-être devrais-je t'envoyer une corbeille de fruits pour te remercier. » commenta le Maître des Potions, pince-sans-rire.
« La potion Révèle-loup a parfaitement marché sur Laura, Bowen et Graham. » lâcha-t-il. « Mais sur Lavande… Son loup est très présent. Comme le mien. La potion… Il faudrait l'ajuster pour les loups dominants. Penses-tu que tu pourrais la modifier un peu ? »
Severus resta assis un moment sans répondre, le visage lisse et neutre.
Puis il tapa sèchement un doigt sur la table, comme agacé par quelque chose. « Sans doute. J'y réfléchis depuis que l'on m'a rapporté que Brown était différente. Je comptais la modifier à la prochaine pleine lune. »
« Sans m'en parler ? » releva-t-il, pas étonné pour deux sous.
« Pourquoi t'en parler lorsque cela soulèverait un débat et que tu n'aurais pas remarqué la différence ? » se moqua-t-il.
L'Alpha n'aimait pas ça. « N'expérimente pas sur ma meute sans m'en parler d'abord. »
Le Maître des Potions ne répondit pas, ce qui l'agaça d'autant plus.
« La version modifiée rétablira l'harmonie entre l'humain et le loup ? » insista-t-il.
Son rival fouilla son regard avec une telle intensité que…
Le loup gronda brusquement en lui, montrant les crocs comme pour repousser un ennemi, et Severus eut un léger mouvement de recul et grimaça. « Intéressant. »
Remus plissa les yeux. « Tu as essayé la Legilimencie sur moi ? »
L'ancien espion agita la main d'un geste négligent. « Si tu insistes pour maintenir un contact visuel prolongé avec un Maître Legilimens, tu ne peux pas venir te plaindre ensuite. Ce qui est intéressant, c'est que tu n'as jamais remarqué mes incursions auparavant. »
L'élan de haine le prit à la gorge.
Combien de fois l'homme avait-il fouillé dans sa tête ?
Combien de fois…
« La potion Révèle-Loup n'est pas responsable de ton état actuel. » décréta Snape. « Je peux ajuster certains dosages pour les loups dominants, oui. Mais, à mon sens, il y a d'autres facteurs qui nuisent à ta sacro-sainte harmonie. Ton comportement s'est davantage détérioré depuis que Flemmings a rejoint ta meute et ça n'a cessé d'empirer depuis. Le problème, si tu veux mon avis, ce n'est pas tant que le loup l'emporte sur l'homme que ton obsession pour ton statut d'Alpha. »
« Ce qui veut dire ? » le défia-t-il.
« Ce qui veut dire qu'à vivre comme un loup, il n'est pas étonnant que tu en viennes à penser comme un loup. » rétorqua le Maître des Potions.
Le lapin cru.
Au cottage…
Il s'en était rendu compte lui-même.
Peut-être y avait-il un juste milieu entre…
« Tu veux mon opinion d'expert ? » lança Snape. « La voilà : cesse de te voiler la face et de te trouver des excuses. Nous sommes tous responsables de nos actes, Lupin. Contrôle ta nature. Crois-moi, certains d'entre nous n'ont peut-être pas un loup en eux mais ils ont une noirceur qui est peut-être pire et parviennent à la mettre en cage. Tu veux une harmonie ? C'est à toi de la trouver. » Il prit appui sur la table pour se lever, brisant finalement ce jeu de défi de regards qui n'en finissait pas. « Commence donc par te tenir loin d'Harry et de Nymphadora et tâche de n'agresser personne pendant quelque temps. »
Lunard ne l'avait pas congédié et il était agacé que le Maître des Potions refuse de lui reconnaître la moindre parcelle d'autorité – ou de respect.
Mais il ravala la remarque instinctive sur le sujet, préférant le regarder traîner la patte jusqu'à la porte. Il n'y aurait pas de sortie spectaculaire, ce jour-là, très visiblement.
« Je n'ai jamais voulu leur faire du mal. » lâcha-t-il, sans trop bien savoir pourquoi. « Ni à Harry, ni à Dora. »
Snape ne ralentit pas. « Nous sommes tous fatigués de tes excuses, Lupin. »
Les sorts de silence se dissipèrent lorsque l'homme eut la main sur la poignée de la porte.
Remus ne fut pas vraiment surpris que Sirius soit resté là, adossé au mur du couloir. Le premier réflexe de son meilleur ami – ex-meilleur ami – fut de vérifier que Severus était en un seul morceau puis après, et seulement après, il jeta un coup d'œil à l'intérieur du salon.
Il n'adressa pas la parole à Remus.
Il l'ignora complètement, préférant emboîter le pas au Maître des Potions.
Lunard resta seul.
Et se rendit compte que, meute ou pas, cela faisait déjà un moment qu'il l'était.
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Nymphadora avait trouvé un très joli miroir sur pied dans une pièce encombrée de bric-à-brac qu'elle avait fouillée plus tôt, dans l'espoir ténu de dénicher le diadème et l'avait installé dans un coin de la chambre. Face à son reflet un peu terni, elle étudiait désormais ses traits d'un air critique, jetant de temps en temps des coups d'œil aux photographies éparpillées sur la commode. Certaines étaient jaunies par le temps et venaient tout droit du Square Grimmaurd, d'autres étaient des coupures de journaux…
Le résultat n'était pas si mauvais, décida-t-elle, en s'observant dans la glace. Par réflexe, elle tira sur le corset inconfortable qui emprisonnait le haut de la robe en dentelle noire… Kreattur la lui avait apportée plus tôt.
Elle entendit vaguement les bruits de voix dans le salon signalant le retour de Severus mais ne s'en préoccupa pas. L'humeur d'Harry ne s'était pas beaucoup améliorée depuis qu'elle l'avait croisé et elle devinait que le Maître des Potions s'en apercevrait et voudrait en discuter avec lui.
Elle pensait sincèrement être tranquille quelques minutes de plus, raison pour laquelle elle sursauta violemment et pivota vers la porte lorsque celle-ci s'ouvrit sans prévenir.
Severus réagit instantanément.
Avant qu'elle n'ait pu ciller, il avait lâché la canne et sortit sa baguette, sa bouche formant déjà les premières syllabes d'un sort offensif…
Elle leva les deux mains bien haut devant elle. « C'est moi ! Severus, c'est moi ! »
Il fallut une bonne seconde avant qu'il ne comprenne et abaisse sa baguette. Lâcher la canne n'avait visiblement pas été bien malin parce qu'il se rattrapa au chambranle de la porte, un peu trop pâle et la respiration un peu trop profonde.
« Tout va bien ? » appela Harry du salon ou de la cuisine.
« Oui, oui ! » répondit-elle, d'un ton égal. « Pourquoi tu ne commanderais pas quelque chose aux cuisines pour le dîner ? »
Le garçon ne se déplaça pas jusqu'à la chambre, préférant continuer à crier, comme elle – une méthode de communication qui insupportait généralement Severus. À l'instant, il était trop occupé à se remettre de la mini-attaque qu'elle venait de lui donner.
« Je veux faire des lasagnes ! » l'informa l'adolescent. « J'ai commencé la sauce ! »
Lasagne ou pas lasagne, elle s'en moquait un peu. Elle répondit que c'était très bien tandis que Severus ramassait sa canne. Plus bas, elle murmura. « Ça va ? »
« Je ne m'attendais pas à trouver Bellatrix Lestrange dans ma chambre à coucher, je te l'avoue. Cela m'a fait un choc. » lâcha-t-il, en fermant la porte pour mieux boîter jusqu'au lit. Il grimaçait à chaque pas, ce qui n'était pas bon. À chaque fois qu'il allait fouiller les alentours de la Chambre, il en payait le prix pendant des heures.
« La ressemblance est bonne, alors ? » s'enquit-elle, en se tournant vers le miroir. Elle estimait que physiquement, c'était presque parfait. Restait le plus dur, ce qui permettait de véritablement imiter une personne : apprendre sa démarche, ses gestes, ses mimiques, le son exact de sa voix… C'était là que les souvenirs des uns et des autres seraient cruciaux. La pensine de Dumbledore était posée sur la commode, à côté des photos.
« Le visage est parfait. » décréta Severus, captant son regard dans le miroir. Assis au bord du lit, il massait distraitement sa cuisse. « Néanmoins Bellatrix a plus de… »
Gêné, il mima un vague geste vers son torse.
Le sourire qui étira ses lèvres éclaira le visage de Bellatrix, la rajeunissant un peu. C'était pour ça qu'il fallait attentivement étudier les expressions des gens dont on voulait prendre la place. Un sourire pouvait tout trahir.
« Si tu voulais me voir avec des gros seins, il suffisait de demander, mon cœur. » se moqua-t-elle, un peu.
Il fit la grimace. « Je te préfère au naturel. »
Elle ne l'ignorait pas et c'était un point de leur relation qu'elle appréciait secrètement. Tous ses anciens partenaires avaient au moins une fois eu une idée pour pimenter un peu les choses. Peut-être qu'ils n'en étaient pas encore là et que ça viendrait mais elle en doutait. Severus pensait ce qu'il disait et disait ce qu'il pensait.
Elle retourna à l'étude de son reflet, augmentant encore son tour de poitrine jusqu'à ce qu'il menace de déborder du corset. C'était ainsi qu'elle se souvenait avoir vu sa tante, la dernière fois. Ou peut-être était-ce trop…
« Comme ça ? » demanda-t-elle.
« Je pense que c'est mieux. » offrit-il. « Je ne peux pas prétendre être certain, cependant. Bellatrix n'a jamais vraiment retenu mon… attention. Du moins, pas sur ce plan là. »
Inutile de le préciser.
Elle ne voulait même pas penser à ce que Bellatrix considérait comme des jeux amoureux.
Severus s'était déjà débarrassé de ses bottes et était en train de déboutonner ses robes, probablement parce qu'il voulait se laver et se changer avant le dîner. Il ne lui prêtait plus trop d'attention, la laissant à son étude minutieuse de son reflet…
Peut-être était-ce parce qu'il ne la regardait plus qu'elle osa dire ce qu'elle avait remarqué et qui lui tordait l'estomac depuis qu'elle avait entrepris de prendre son apparence.
« Je lui ressemble. »
Il se figea, ses robes à moitié déboutonnées, et leva la tête vers elle. « Absolument pas. »
Elle eut un autre de ces sourires qui n'avaient rien à faire sur le visage de Bellatrix.
Un de ces sourires qui rapprochaient les traits de Bellatrix Lestrange de ceux d'Andromeda Tonks.
« On a la même structure osseuse. » murmura-t-elle, en effleurant ses pommettes. Elle suivit le tracé des doigts qui étaient plus longs que les siens dans le miroir. Les proportions des mains n'étaient pas encore parfaites. Il lui faudrait vérifier la taille également.
Les Gobelins ne laisseraient rien passer.
Elle devrait être parfaite.
« Cela ne signifie pas que tu lui ressembles. » insista-t-il. « Es-tu forcée de faire ceci maintenant ? Je n'ignore pas que c'est nécessaire et je sais que c'est parfaitement hypocrite mais je t'avoue que la vision de Bellatrix dans notre chambre… J'ai beau savoir que c'est toi, je… »
Rien qu'à la gêne dans sa voix, elle savait qu'il trouvait ça humiliant d'en avouer autant.
Mais il ne s'était pas écoulé tant de temps que ça depuis la dernière fois où Bellatrix l'avait torturé… Les cicatrices des coups de ceintures n'étaient pratiquement plus visibles mais le souvenir demeurait. Plus d'une fois, il s'était réveillé brusquement, le souffle court. Plus d'une fois, elle l'avait vu tressaillir en dépliant sa propre ceinture.
Elle secoua un peu la tête, retrouvant ses propres traits ainsi que son propre corps. Sans plus réfléchir, elle dégrafa corset et robe, laissant le tout choir en tas à ses pieds. Les yeux noirs la suivirent lorsqu'elle tendit la main pour attraper le tee-shirt qu'elle avait jeté sur le lit et qu'elle le passa, dissimulant sa peau nue.
Elle le laissa attraper son poignet, le laissa l'attirer sur le lit…
Elle s'assit sans protester. De la main gauche, il termina de déboutonner ses robes. Il utilisa la droite, moins dextre, pour repousser les cheveux sombres, à peine un peu moins foncés que ceux de sa tante, qui dissimulait son visage. Bellatrix avait les cheveux bouclés là où les siens étaient plus souples.
Sa main s'attarda sur sa joue.
« Nymphadora. » la gronda-t-il gentiment. « Tu ne lui ressembles pas. »
Elle se força à relever la tête et croiser son regard. « Je ressemble à ma mère. Et ma mère ressemble à sa sœur. En vieillissant… »
Une image valait mieux qu'un discours alors elle laissa son visage prendre de l'âge. Ce n'était pas la première fois qu'elle jouait à ça. Elle s'y était amusée dans son enfance puis dans son adolescence, juste pour voir à quoi elle ressemblerait plus tard. Ce n'était pas une science exacte mais le résultat était très proche de la réalité. Il suffisait de rajouter un petit peu de poids aux joues, d'assouplir la peau, de rajouter quelques légères rides…
En une poignée de secondes, elle avait une dizaine d'années de plus.
Elle avait l'âge de Severus.
« Tu vois ? » murmura-t-elle.
De sa main tremblante, il explora son visage, retraçant la ligne de sa pommette comme elle l'avait fait un peu plus tôt.
« Je te vois, toi. » contra-t-il, effleurant le coin de son œil, de sa bouche… « Je vois des rides de rire. Je vois quelqu'un qui aime la vie. Je vois de la tendresse dans ton regard. Je vois… Je vois que tu es belle. Tu n'as rien à voir avec elle, mon amour. »
Pour ne pas se laisser aller aux larmes qui lui piquaient les yeux, elle se força à froncer un peu les sourcils. « Juste belle ? »
Il n'était pas dupe mais il joua le jeu, ses lèvres s'étirant un peu. « Sublime. Magnifique. Époustouflante. »
Incapable de garder son sérieux plus longtemps, elle éclata de rie et cela lui fit du bien. Chassant ses idées noires, chassant cette vague crainte qu'elle finirait par succomber à la folie des Black et se transformer en sa tante, elle rajeunit ses traits jusqu'à retrouver son apparence normale.
Severus ôta ses robes avec un soupir mais ne paraissait pas prêt à se lever pour rejoindre la salle de bain.
« Tu veux une potion antidouleur ? » demanda-t-elle doucement. Elle tentait toujours d'y mettre du tact mais il était parfois impossible d'ignorer la réalité des choses.
« Ce serait probablement plus sage. » admit-il, avec une réticence évidente. « Vagabonder dans des tunnels humides avec des pierres glissantes ne m'a fait aucun bien et l'aller-retour à Pré-au-Lard n'a rien arrangé. »
« Qu'est-ce que tu es allé faire à Pré-au-Lard ? » s'enquit-elle curieusement, en se couchant à moitié sur le lit pour atteindre sa table de nuit à lui et le tiroir où il conservait quelques fioles de potions antidouleur et de Sommeil-Sans-Rêves.
Elle s'attendait à un problème quelconque d'approvisionnement ou lié à la sécurité – encore que, si ça avait été un problème de sécurité, elle en aurait sans doute déjà entendu parler – pas au soupir exténué qui lui répondit. Il prit la fiole qu'elle lui tendit et l'avala d'un trait sans se laisser hésiter.
« Lupin. » cracha-t-il.
Ce nom revenait beaucoup trop souvent dans leur chambre.
« Qu'est-ce qu'il a encore fait ? » s'énerva-t-elle.
« Mis à part jouer avec les sentiments de ton cousin ? » ironisa-t-il. Il secoua la tête. « Une nouvelle prise de conscience dont je n'attends rien. Il semble s'être rendu compte que son comportement n'était pas véritablement révélateur d'une harmonie avec son loup mais davantage de son ascendance sur l'humain. »
Elle leva les yeux au ciel. « Ça lui arrive à peu près une fois par mois ou quand il s'en prend accidentellement à quelqu'un. »
« Ce fut sensiblement ma réponse, oui. » lâcha-t-il, en tirant sur le nœud de sa lavallière pour la dénouer. « Il m'écœure. »
Ce n'était pas une exagération.
Et l'entrevue n'avait pas dû être une partie de plaisir vu la rigidité de sa posture. Elle s'agenouilla derrière lui, glissa ses mains dans le col de sa chemise et entreprit distraitement de masser la tension dans ses épaules.
« Pourquoi est-ce qu'il voulait te voir, toi ? » s'agaça-t-elle.
« Oh, va savoir… » souffla-t-il, se détendant légèrement sous la pression de ses mains. « Il ne s'est rien dit d'important de toute manière. Simplement le même ramassis habituel de bêtises… Le seul élément intéressant c'est qu'il semble avoir développé une protection occlumens naturelle… » Il balaya l'argument d'un geste. « Mais ce n'est guère inhabituel pour un loup-garou qui a accepté sa nature. Tout ça était une perte de temps. »
« Pourquoi est-ce que tu y es allé ? » le gronda-t-elle, en tentant de dénouer un nœud particulièrement dur dans le muscle près de sa nuque.
Il resta silencieux un long moment. « Parce que Sirius en avait besoin. »
Elle aurait aimé répliquer que Sirius devrait grandir un peu mais elle se sentait mal pour lui. Remus avait longtemps été la seule famille qu'il avait et…
Avec un soupir, elle abandonna le massage pour passer les bras autour de son cou et l'étreindre par derrière. « Tu es un bon ami. »
Il émit un bruit dubitatif.
Elle planta un baiser sur sa joue.
Il tourna la tête vers elle, reculant juste assez pour qu'elle puisse réitérer en l'embrassant sur la bouche. Leurs lèvres s'attardèrent un peu…
« Bill n'est pas convaincu du tout par l'Opération Niffleur. » avoua-t-il, changeant totalement le sujet, lorsque le baiser arriva à son terme.
« Bill n'est pas convaincu du tout par l'idée de cambrioler Gringotts. » corrigea-t-elle, en relâchant son étreinte pour se rasseoir à côté de lui. « De toutes les options, ce plan-ci est le meilleur. »
« En supposant que tu ais raison et que la coupe est bien dans ce coffre. » commenta-t-il.
Elle haussa les épaules.
Elle était pratiquement certaine qu'elle avait raison mais elle ne pouvait pas non plus l'affirmer à cent pour cent.
« On a un autre choix ? » lança-t-elle.
Il l'observa pendant un moment puis soupira. « Non, non, nous n'en avons pas. » Il ferma les yeux et se frotta le visage. « Je ne serais pas tranquille tant que nous n'aurons pas un autre horcruxe en notre possession. Le rituel fonctionnera cette fois-ci… Il doit fonctionner… Harry… Harry n'en peut plus. »
Elle appuya la tête sur son épaule, sachant que tout ce qu'elle pourrait dire ou faire pour le réconforter n'aiderait en rien. Pas plus que rien de ce qu'elle pourrait dire ou faire ne réconforterait Harry.
La seule chose qu'elle pouvait faire était de s'assurer que l'adolescent qui était en train de préparer des lasagnes dans la pièce à côté survive…
Et, pour ça, il leur fallait la coupe de Poufsouffle.
Alors elle allait aller la lui chercher.
Parce qu'elle l'aimait ce gosse et qu'elle n'allait pas laisser Tom Jedusor briser sa famille sans se battre.
Et elle était prête à embrasser la partie Bellatrix qui était peut-être tapie en elle pour s'en assurer.
