Chapitre 20
"Elle veut tuer Charlie."
Il sembla à Steve qu'il venait de se faire assommer, l'information n'arrivait pas à se frayer un chemin jusqu'à son cerveau.
"Steve, reprit Catherine. Ta mère pense que pour que tu suives son plan, elle doit se débarrasser de lui."
Une douleur le saisit soudain à la poitrine et les mots, la menace, furent clairs comme de l'eau de roche. Il se leva et partit en trombe vers sa voiture, la militaire sur ses talons. Il essaya d'appeler Charlie alors qu'il conduisait à toute vitesse, gyrophares et sirènes en marche, vers chez Danny. Son amant ne répondant pas, Steve appela Chin et lui fit tracer le téléphone du rouquin qui se révéla bien être chez leur collègue. Le militaire se gara devant l'immeuble et courut aussi vite qu'il le put jusqu'à l'appartement de son ami qu'il trouva porte ouverte.
Arme à la main, le cœur battant à cent à l'heure, Catherine derrière lui, il entra. Il découvrit un homme au sol inanimé et Charlie, quelques mètres plus loin baignant dans une mare de sang.
"Eh, Cha, tu m'entends, je vais appeler les secours, tu m'entends ?" dit-il en se jetant à ses côtés.
Le sorcier avait deux balles dans le ventre, prises à temps, ses blessures pouvaient être soignées, mais il fallait faire vite. Steve retira son t-shirt et compressa les plaies avec, ramenant Charlie à lui.
"Il, me, faut, un, médicomage, chuchota le blessé avec difficultés. Tes, médecins, vont, empirer, mon, état.
- OK, je le trouve où ?
- Déjà, appelé, va, arriver." réussit-il à dire avant de perdre conscience à nouveau.
Steve avait les larmes au bord des yeux, mais il gardait la tête froide, la menace de sa mère n'était pas écartée. Catherine avait appelé les urgences dès qu'elle était arrivée sur place et le regardait à présent d'un air désolé.
"Tu as fait ce que tu as pu. Est-ce que tu peux appeler Danny ?"
La jeune femme s'exécuta alors que deux équipes de secouristes arrivaient. Steve repéra les baguettes cachées dans les manches des blouses de l'équipe qui se dirigea vers lui. Soulagé que son homme reçoive les soins dont il avait besoin, il n'en était pas moins mort d'inquiétude.
"Je vous suis, déclara-t-il quand les médicomages chargèrent leur blessé sur une planche de transport.
- Vous êtes ?
- Son conjoint."
Steve sortit ses plaques militaires de sous son t-shirt et montra les runes gravées dessus à l'homme qui semblait chargé de l'opération.
"OK, suivez-nous."
Le militaire relâcha sa respiration et suivit le groupe qui monta dans une ambulance. Celle-ci démarra comme tout véhicule, mais pendant un virage, accéléra d'un coup et se mit à rouler à une vitesse folle.
"Les non-majs ne peuvent pas nous voir." déclara le sorcier qui conduisait l'ambulance avec un sourire en coin au regard ébahi de Steve.
Celui-ci détourna pourtant ses yeux de la route pour les poser sur son homme. Deux sorciers faisaient tourner leurs baguettes au-dessus de lui. Les balles sortaient avec lenteur des plaies alors que le flot sanguin avait ralenti.
Ils n'eurent pas le temps de faire plus avant d'arriver à la clinique sorcière. Ils déplacèrent Charlie dans une chambre et demandèrent à Steve d'attendre dans le couloir. Celui-ci se mit alors à faire les cent pas, l'inquiétude, l'attente, le tuaient. Il se sentait prêt à aller exécuter sa mère si jamais son âme-soeur ne survivait pas et il savait déjà qu'il ne pourrait jamais lui pardonner ce geste. En décidant de s'en prendre à Charlie, elle avait perdu son fils pour toujours.
L'attente dura deux longues heures pendant lesquelles Steve échangea quelques messages avec Danny, la scène de crime était inexploitable, toutes les traces à l'exception du sang de Charlie avaient disparu. Le militaire demanda alors à son ami d'aller chez lui avec Catherine, Chin et Kono, de mettre ses affaires dans des valises et de les amener à son bureau.
"Monsieur McGarrett ?
- Oui ?"
Steve se trouva face à un homme en costume trois pièces qui semblait avoir une décennie de retard en terme de mode, à côté de lui se tenait un des médicomages qui s'étaient occupés de Charlie, ce fut le premier à prendre la parole.
"Monsieur Weasley va entièrement récupérer, une semaine de repos, des potions à prendre tous les jours et il sera comme neuf. Je vous prépare tout ça."
Steve remercia le docteur, étonné de ses mots, mais soulagé des nouvelles, il n'avait à présent qu'une envie, celle de se rendre aux côtés de son homme, mais le sorcier en costume l'en empêcha.
"Monsieur McGarrett, j'espère que vous réalisez que monsieur Weasley a dû utiliser la magie pour se défendre.
- Oui, c'est ce que j'avais supposé.
- Vous comprenez donc bien que nous devons protéger notre communauté.
- Où voulez-vous en venir ?
- Clôturez l'enquête sur cette agression de la manière la plus discrète possible et empêchez vos enquêteurs de poser des questions à monsieur Weasley.
- Vous me demandez de laisser courir le responsable ?
- Le responsable est mort.
- Il n'était pas le commanditaire.
- Faites passer cela pour un vol qui a mal tourné et tout ira pour le mieux. Ne m'obligez pas à modifier vos souvenirs à vous aussi.
- De qui avez-vous modifié les souvenirs ?
- De tous ceux qui ont vu le corps mort sans raison apparente."
Steve comprit qu'il s'agissait de Catherine et du personnel médical. Il acquiesça alors, il voulait se souvenir de cette attaque pour parer à une autre éventuelle. Dès qu'il eut donné son accord pour fermer l'enquête au plus vite, le sorcier au costume prit congé et il put entrer dans la chambre de Charlie. Celui-ci avait les yeux clos, mais sa respiration soulevait sa poitrine avec régularité. Cet hôpital était étrange pour le non-maj, il n'y avait aucune machine, rien pour indiquer l'état du patient, pourtant il était certain que les médicomages surveillaient ses constantes d'une manière ou d'une autre. Peu lui importait au final, tant que Charlie allait bien, il se moquait de la manière dont ils s'en assuraient.
Le dragonnier dormit jusqu'au lendemain et Steve s'endormit à moitié assis sur une chaise, la tête posée sur les jambes de son amant. Il fut réveillé par l'infirmière qui amena un petit déjeuner pour lui et plusieurs fioles aux couleurs étranges pour son patient. Elle fit ingérer le contenu des fioles à Charlie d'un coup de baguette magique, les envoyant dans son estomac d'un mouvement de main. Elle repartit en souriant au militaire qui la regardait faire avec de grands yeux. Une fois seul avec son bel endormi dans la chambre, il se rapprocha de sa tête et passa ses doigts dans les cheveux roux. Une dizaine de minutes après qu'il ait commencé ses caresses, les yeux de son dragonnier se mirent à papillonner.
"Salut, chuchota Steve.
- 'Lut.
- Comment tu te sens ?
- Comme lorsque je fais un câlin à un dragon.
- Tu fais ça souvent ? s'alarma le moldu.
- Non."
Le sourire qui se dessina sur les lèvres du convalescent fit fondre Steve qui happa la bouche tentatrice pour un baiser qui finit de le rassurer.
"Je suis désolé, dit-il en se relevant.
- Toi qui m'a tiré dessus ?
- Non, je pense que l'homme qui a fait ça était commandité par ma mère.
- Au moins ma mère ne pourra que te faire une meilleure impression."
Steve rit, il était vrai que ce serait difficile de faire pire.
"Qu'est-ce que tu dirais que j'aille chercher nos affaires et qu'on rentre chez nous dès qu'ils te laissent sortir d'ici.
- Comment ça ?
- Je viens m'installer avec toi en Roumanie, enfin si tu veux bien ?"
Le sourire qui se dessina sur les lèvres fines valait tous les mots, mais Steve attendit tout de même sa réponse, tout en souriant lui aussi.
"Je sors quand ?"
Leurs sourires à tous deux s'élargirent et le militaire embrassa son amant avant de quitter la chambre, il avait des choses à régler avant de partir, à commencer par annoncer la nouvelle à son équipe qu'il trouva rassemblée dans leurs bureaux.
"Eh, comment va Charlie ? demanda Danny dès qu'il entra dans les locaux.
- Il va se remettre, et d'ailleurs…
- Steve, ta mère est dans ton bureau." le coupa Chin.
Son regard se fit noir, ses traits se durcirent alors qu'une rage sans nom prenait possession de lui.
"Ne la tue pas, s'il te plaît, supplia Danny. Trop de témoins."
Le militaire ne répondit pas et se rendit dans son bureau.
"Qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-il à peine entré, les bras croisés sur la poitrine.
- Je suis venu demander à mon fils pourquoi il a demandé à ses amis de venir chercher ses affaires pour lui.
- Pour éviter de te croiser.
- Tu fuis ta mère ?
- Je fuis la personne qui a voulu tuer l'homme que j'aime.
- Tu imagines des choses.
- C'est ça. Sors d'ici. Je quitte Hawaï, ne cherche pas à me recontacter ou à t'approcher de Charlie. Ah oui, aussi, sors tes affaires de la maison, tu es morte, donc tu n'as aucun droit dessus.
- Tu ne peux pas faire ça.
- Ca quoi ?
- Mettre ta vie en l'air pour ce gus !"
Le peu de sang-froid qu'avait conservé Steve jusque-là s'envola, il sortit son arme et la pointa sur sa mère. Les membres du 5-0 furent à la porte dans la minute, tentant de le calmer.
"Tu sors d'ici." ordonna le militaire à nouveau.
