Note de l'auteur :
L'un d'entre vous s'est étonné qu'Hermione soit majeure en début de sixième année. C'est un point que beaucoup oublient mais elle est née le 19 septembre et pour entrer à Poudlard, il faut avoir 11 ans au 31 août au plus tard. Elle a donc fait sa rentrée scolaire à 11 ans et 11 mois en même temps qu'Harry et Neville.
Bonne lecture
Crystal of Shadow
Quand le Survivant n'existe pas
Harry détestait encore plus Poudlard cette année.
En fait, pas exactement. Il détestait tous les idiots qui peuplaient Poudlard.
Depuis que Voldemort était officiellement de retour, tous ces crétins voulaient absolument devenir son ami. Pas de chance pour eux, il méprisait les opportunistes.
Cela faisait longtemps qu'il avait cessé de croire au monde merveilleux qu'on avait essayé de lui vendre quand Hagrid était venu le chercher chez les Dursley. En fait, dès que le demi-géant avait quitté le 4, Privet Drive. Même à onze ans, quand on a dû s'élever tout seul, on sait parfaitement se débrouiller seul. Il avait profité de l'un des jours où Pétunia refusait de le voir à la maison pour monter une expédition à Londres. Il avait noté qu'il était connu donc avait caché sa cicatrice et sa tignasse sous une casquette trop grande avant d'entrer sur le Chemin de Traverse.
Son passage chez les gobelins lui avait confirmé ses doutes : sa clef aurait dû être en la possession des gobelins ou, à la rigueur, de son tuteur légal. Or, Pétunia n'avait aucune connaissance d'un quelconque coffre ou compte bancaire au nom d'Harry Potter.
Alors le petit Harry avait posé des questions. Et avait découvert l'amère vérité.
Il avait ensuite longuement erré dans le quartier sorcier jusqu'à ce qu'il tombe sur une petite fille à peine plus âgée que lui. Ils avaient fait connaissance et s'étaient promis de se retrouver dans le Poudlard Express
Contrairement à ce que tout le monde croyait, Hermione Granger avait été sa première amie dans le monde sorcier.
Dans le train, elle avait fait la connaissance de Neville Longbottom qu'elle avait présenté à Harry. Tous les trois avaient tout de suite eu des atomes crochus et le châtain, en confiance, leur avait alors appris ce qu'on attendait du Survivant, d'une née de moldus mais également de lui-même. Chacun avait déjà prévu de se couler dans le moule que leur destinait le sorcier lambda mais savoir qu'ils ne seraient pas seuls avait cimenté leur amitié. Le fait qu'ils aient été placés tous les trois à Gryffondor l'avait gravé dans la pierre.
Contrairement à ce que tout le monde croyait, Ronald Weasley n'avait pas été son ami tout de suite.
Fred et Georges, ses frères, avaient demandé s'il pouvait s'installer dans leur compartiment. Dès le moment où Harry avait dit son nom, Ron avait montré l'étendue de ses manières et avait exigé de voir sa cicatrice.
L'instant suivant, il se trouvait dans le couloir avec ses affaires et le compartiment était fermé à clé.
C'était Neville qui avait convaincu le brun de lui pardonner, lui rappelant que tous les enfants du pays étaient bercés par le fait qu'il avait vaincu le seigneur des ténèbres à quinze mois. Et Hermione deux mois plus tard après que le roux ait accompagné Harry pour la sauver d'un troll, arguant qu'il avait sûrement un bon fond mais qu'il avait besoin de grandir.
Donc Harry avait accepté Ron Weasley à ses côtés. Il avait accepté qu'il soit jaloux de sa célébrité, de ses talents en quidditch, de ses bons résultats.
Harry avait tenu une année.
Quand le brun avait découvert qu'il était fourchelangue, Ron lui avait tourné le dos, le désignant comme le prochain seigneur des ténèbres.
Harry avait simplement haussé des épaules. Et surtout, n'avait pas cherché à redevenir son ami.
Le roux avait très vite compris que sans l'amitié d'Harry, il retournerait dans la masse des élèves. Or, ce n'était pas ce qu'il voulait. Il voulait qu'on connaisse, qu'on le reconnaisse dans la rue, vivre de grandes aventures … Mais sans Harry, c'était compromis. Le roux lui avait présenté des excuses – de son point de vue – lui avait rendu service, avait finalement littéralement rampé à ses pieds pour se faire de nouveau accepter.
Mais Harry ne le regardait même pas.
C'était Ginny, sa petite sœur, qui était finalement devenue amie avec la bande après s'être débarrassée de son encombrant béguin pour le Survivant, qui lui avait expliqué pourquoi il ne pourrait jamais redevenir son ami.
-Harry est un garçon qui n'a pas eu de vraie famille, lui avait dit Ginny. C'est pour cela qu'il tient beaucoup à ses amis. Quoi qu'il se passe, il leur sera toujours fidèle. Il fait difficilement confiance mais quand il le fait, c'est pour la vie. Tu lui as tourné le dos au moment où il avait besoin du soutien de ses amis. Tu as trahi sa confiance, Ron. Pour lui, ça veut dire que tu ne pourras jamais être son ami, ni aujourd'hui, ni jamais. Tu pourrais aller jusqu'à tuer pour lui, tu n'es plus rien à ses yeux.
Harry retint un sourire ironique en voyant le grand dadais roux de seize ans qui lui faisait signe de s'asseoir à ses côtés. Quatre ans après, Ron tentait toujours de récupérer son amitié mais le brun avait été intraitable. S'il ne pouvait pas compter sur lui dans de tels moments, qu'est-ce que ça sera en pleine guerre ? Il ne se leurrait pas, Harry allait devoir mener les batailles du monde sorcier, mais il entendait choisir ses alliés. Et Ron Weasley n'en était définitivement pas un.
Le brun contourna la table pour prendre place entre Hermione Granger et Ginny Weasley qu'il embrassa toutes les deux sur la joue avant de se servir le petit déjeuner.
Du groupe initial composé d'Hermione, d'Harry et de Neville, s'étaient ajouté au fil du temps d'autres personnes. D'abord Ginny Weasley, qui voulait évacuer toute la terreur et le malaise qu'elle avait vécu en tant que possédée de Voldemort, puis Luna Lovegood, ostracisée par les membres de sa maison mais également amie d'enfance de Ginny.
-Tu m'as l'air heureux aujourd'hui, sourit Hermione.
-J'ai enfin pu terminer le roman policier que tu m'as prêté, répondit Harry. Depuis le temps que Luna me harcèle pour pouvoir le lire !
-Tu es trop lent, ricana Ginny.
-Moi au moins, je sais lire ! tira la langue Harry
-Imbécile, renifla faussement Ginny.
Les repas se déroulaient toujours ainsi depuis la troisième année d'Hermione, Harry et Neville. Ils étaient enjoués et drôles entre eux mais dès que quelqu'un tentait de s'incruster, c'était soupe à la grimace pour les plus chanceux. Très vite, les élèves avaient compris qu'ils étaient un petit groupe qu'il n'était pas bon de venir embêter. C'était encore pire quand les jumeaux Weasley étaient encore à l'école car ils s'étaient pris d'affection pour la petite bande et ça n'avait rien à voir avec le fait que leur petite sœur l'ait intégrée.
Tous les trois se levèrent en même temps pour se rendre dans leur tour pour récupérer leurs affaires. Ils furent rejoints par Neville qui avait encore un sourire rêveur aux lèvres.
-Alors, c'était comment, ce petit-déjeuner en amoureux ? taquina Ginny
Pour toute réponse, Neville lui sourit. Après les événements du ministère, le châtain, encore sous l'effet de l'adrénaline, avait demandé à Luna si elle voulait sortir avec lui. La blonde avait tout de suite accepté, surtout que cela faisait quelques temps qu'elle craquait sur lui. Même si l'été s'était déroulé sous la menace de Voldemort, le nouveau couple en avait profité pour apprendre à se connaître sans la présence perverse des autres élèves et surtout sans que qui que ce soit n'ait à redire sur le fait qu'ils soient ensemble. Et pour ne pas faire comme les autres, ils ne se donnaient pas rendez-vous le soir après le dîner mais le matin pour prendre le petit-déjeuner tranquillement en tête à tête.
Ils discutèrent calmement jusqu'à ce que chacun rejoigne son cours.
§§§§§
Albus Dumbledore était inquiet.
Même si Cornelius Fudge avait fini par le croire quand il lui répétait que Voldemort était de retour – et c'était sur le point de lui coûter son poste, d'après les rumeurs – le directeur ne savait pas ce qui allait se passer.
De son vrai nom Tom Riddle, ce dernier lui vouait une haine farouche quand il avait découvert qu'il aurait pu le tirer de sa situation désastreuse à l'orphelinat moldu – ce n'était qu'après ses ASPIC qu'il avait compris qu'il existait des foyers d'accueil pour les nés de moldus – sans oublier le mépris du sorcier moyen envers les membres de la maison Serpentard. Tom avait voyagé pendant quelques temps avant de se lancer en politique.
Et de confronter Dumbledore.
Albus devait l'avouer, Tom était un adversaire valeureux. Mais quand il avait commencé à mettre son nez dans des affaires délicates, le professeur avait compris qu'il était temps de se débarrasser de lui. Il avait commencé gentiment, introduisant son nom dans des histoires litigieuses, dirigeant les soupçons sur lui, mais Tom était tenace, surtout qu'il réunissait de plus en plus de monde autour de lui.
C'était là qu'il avait eu son idée.
Il avait ensorcelé un jeune homme fraîchement sorti de Serpentard, lui avait fait subir quelques petites choses et l'avait directement envoyé dans le bureau des aurors.
C'était ainsi que le nom des mangemorts était apparu ainsi que la marque des ténèbres.
Tom n'avait pas trouvé de moyens de lutter contre cela. De plus en plus de personnes tatouées qui se faisaient prendre après un crime quelconque, souvent un passage à tabac, une séance de torture voire un meurtre, se réclamaient de l'idéologie de Voldemort, le surnom de Tom. La situation de Tom s'aggravait de plus en plus.
Jusqu'à ce fameux jour de Samain.
Les Potter étaient l'une des familles plus importantes du pays. Malgré son jeune âge, James Potter était très écouté de ses pairs et Lily Potter était l'exemple même de ce qu'on attendait des nés de moldus. Leur seul défaut était qu'ils ne soutenaient pas Dumbledore et cela l'embêtait, pour être gentil. Excédé par leur refus, Albus avait décidé de se venger. Il avait appâté le jeune couple sur un prétexte bidon et les avait massacrés dans leur cottage de Godric's Hollow. Mais quand il avait voulu s'occuper du petit Harry, Tom était arrivé et l'en avait empêché. Ce dernier était sorti de l'affrontement gravement blessé et il aurait pu en mourir si son Portauloin de secours ne s'était pas enclenché. Albus n'avait mis que quelques minutes à imaginer son plan macabre, surtout en voyant Sirius Black débarquer et en notant la présence de Peter Pettigrow qui s'enfuyait. Il les avait tous les deux figés avant d'implanter de faux souvenirs dans leurs esprits. Autant ça avait été facile pour Pettigrow puisqu'il le faisait depuis sa quatrième année et lui avait donné la Marque des Ténèbres en récompense pour lui avoir aimablement fourni les plans du manoir Potter qu'il avait pu attaquer pour tuer le patriarche de la famille, ça avait été plus compliqué pour Sirius Black et seul le fait qu'il ait quitté sa famille et donc, qu'il ne bénéficie plus des protections des Black, sans compter la douleur de voir celui qu'il considérait comme un frère mort, avait affaibli ses boucliers occlumens et lui avait permis de faire son œuvre.
L'Histoire n'avait donc retenu que ce que lui avait imaginé.
Harry avait été placé dans un foyer moldu qu'il avait délibérément rendu violent, Sirius avait été emprisonné pour avoir livré les Potter à Voldemort, Pettigrow était considéré comme mort.
Tom avait disparu et il avait maintenant les coudées franches pour modeler le monde comme il le voulait.
Ça avait duré treize ans.
Albus ne savait pas où Tom s'était réfugié pendant ce temps mais il avait retrouvé sa trace alors qu'il avait envoyé ses propres hommes chercher Sirius Black, fraîchement échappé d'Azkaban. Le vieux sorcier avait décidé de profiter du Tournoi des Trois Sorciers pour faire renaître Voldemort et mettre des bâtons dans les roues de Tom pour son propre retour.
Mais là, la situation échappait à son contrôle.
Si Albus avait orienté les rêves d'Harry Potter vers le département des Mystères, c'était pour entériner son histoire comme quoi il y avait une prophétie dont seuls étaient au courant les Potter et lui, et pour justifier leur présence à Godric's Hollow à leur mort.
Seulement voilà, il ne se serait pas douté qu'en même temps qu'Harry et ses amis, Tom aussi aurait fait le déplacement.
Il n'avait que senti sa présence au moment où ce dernier quittait les lieux, alors qu'Albus, qui contrôlait un golem qui avait pris les traits serpentins de Voldemort, dirigeait son spectacle.
Cela n'entrait pas dans ses plans. Tom semblait avoir trouvé une solution pour se défaire de la réputation qu'il lui collait entre les pattes, ou du moins s'était rendu compte que la situation actuelle était manipulée par ses soins. Le sorcier était bien trop dangereux pour le laisser en vie et c'était pour cela qu'il avait éduqué Harry Potter. La prophétie était bien entendu fausse et n'avait que pour but de mettre le jeune homme sur la trace de son ennemi pour l'abattre. Devenir le mentor d'Harry Potter allait en plus lui rapporter encore plus de prestige et confirmer au sorcier lambda qu'il avait raison d'avoir confiance en lui et ses décisions et ainsi asseoir son autorité sur le pays.
Albus prit place à son bureau et écrivit une lettre qu'il scella avec son sceau personnel. Quand il avait découvert la présence de Tom, il avait immédiatement lancé les recherches mais il avait disparu.
Il était temps de le débusquer.
§§§§§
-Professeur Snape, salua Harry.
-Potter, répondit Severus. Entrez.
La porte se referma derrière l'élève et ce dernier soupira lourdement de soulagement quand il sentit les protections de Salazar s'élever.
-Harry ? s'étonna Severus
Ledit Harry avait les yeux écarquillés en comprenant ce qui se passait.
-Severus … j'ai senti quand les barrières ont été mises en place ! balbutia Harry
Le maître de potions ne mit que quelques secondes pour comprendre à son tour.
-Vous êtes devenu plus sensible à la magie environnante, déclara Severus. Ça vous est venu d'un coup ?
-Après mon anniversaire, je me suis senti oppressé chez Pétunia, avoua Harry. Le plus souvent, j'étais dehors, dans le parc ou en train de faire des courses pour la famille. Je n'étais dans la maison que pour dormir, et encore, puisque la plupart du temps, je me réfugiais dans la cabane du jardin.
-Autre chose ? demanda Severus
-Je ne crois pas, réfléchit Harry.
-Je ne vois qu'une chose qui pourrait correspondre, révéla Severus. Votre maturation magique. Mais vous n'avez que seize ans.
-Oh, vous savez, moi et l'impossible, pouffa Harry.
Contrairement à ce que tout le monde croyait, la relation entre Harry Potter et Severus Snape était cordiale. Bien sûr, ils jouaient tous les deux un rôle.
En première année, après une énième comparaison avec son père, Harry était allé en retenue avec son professeur. Ce soir-là, excédé, le brun avait à peine mis le pied dans la salle de classe qu'il avait claqué la porte pour ôter rapidement son pull et présenter à son professeur de potions son dos nu recouvert de cicatrices plus ou moins anciennes.
-Regardez-moi droit dans les yeux et osez me dire qu'un enfant aimé et choyé peut avoir ces marques, gronda Harry. Osez me dire en face après avoir vu ça que je suis comme mon père que je n'ai jamais connu.
Severus s'était figé en reconnaissant que l'enfant qui était devant lui n'était pas une version miniature de James Potter mais bel et bien un enfant battu par sa famille. Le maître de potions avait mené son enquête et avait découvert une réalité insoutenable …
Mais surtout que le directeur de l'école était parfaitement au courant et qu'il le cautionnait totalement.
Très vite, Severus était devenu la figure parentale qui manquait à Harry. Dès l'été suivant, il avait fait en sorte de sortir l'enfant le plus souvent possible avant qu'il ne soit obligé à se rendre chez les Weasley et depuis, il s'efforçait de lui apprendre ce qu'il devait savoir du monde sorcier. L'aîné avait également appris à ne plus faire confiance à son supérieur, surtout depuis qu'il avait découvert certaines informations cruciales le concernant.
Severus enchanta une plume pour qu'elle écrive ce qu'il pensait sur un parchemin et commença à feuilleter certains grimoires. Patient, Harry s'était installé dans un coin pour étudier un grimoire de potions.
-Parrain, je … fit une voix qui entrait.
-Draco Lucius Malfoy ! gronda Severus en fermant violemment le grimoire qu'il tenait entre les mains. Attends que je dise à ta mère que tu ne sais toujours pas frapper aux portes et attendre qu'on te dise d'entrer !
Le blond était tenté de le défier du regard mais quand il croisa le sien, il comprit qu'il n'avait pas intérêt à l'énerver. A la place, il fit le tour de la pièce et avisa la présence d'Harry.
-Salut Potty, ricana Draco.
-Va fermer correctement la porte avant qu'on ne parle, lâcha tranquillement Harry.
Surpris, Draco s'exécuta et s'aperçut que la porte était encore entrebâillée. Il la referma soigneusement et revint dans le salon.
-Je croyais que les portes se fermaient automatiquement chez toi, s'étonna Draco.
-Le sort a dû se dérégler, haussa des épaules Severus en lançant un regard songeur à Harry, toujours plongé dans son livre. Je jetterai un coup d'œil plus tard.
-Où sont Théo, Pansy et Daphnée ? demanda Harry sans lever les yeux
-Sûrement en train de torturer Blaise, haussa des épaules Draco en prenant place. Quand ils sont ensemble, je n'ai pas spécialement envie de savoir ce qu'ils veulent. Surtout quand ça concerne Astoria.
Hermione, Harry et Neville avaient fait la connaissance de la bande de Serpentard alors qu'ils se promenaient pour la première fois à Pré-au-Lard. Ils avaient bien évidemment entendu les rumeurs qui courraient sur eux mais ils avaient décidé de ne pas s'arrêter dessus. Neville les avait tous conduits dans un salon de thé où il avait demandé une salle privée et ils avaient commencé à discuter. Comme aucun des Gryffondors présents ne s'amusaient habituellement à les insulter, les Serpentards avaient été plus enclins à leur faire connaissance. De fil en aiguille, ils se rencontraient de plus en plus souvent en secret pour finir par devenir amis. Ça ne s'était pas arrangé quand Astoria, petite sœur de Daphnée et Serpentard de son état, était venue les rejoindre et s'était très bien entendue avec Ginny et Luna.
Leur amitié était secrète et ça leur convenait parfaitement. Seul Severus, parrain de Draco, était au courant.
Les deux élèves discutèrent tranquillement tandis que le professeur travaillait de son côté. Comme l'avait souligné Harry, le brun était coutumier des trucs impossibles et il semblait bien qu'il allait ajouter une nouvelle ligne à la liste déjà longue. Si on regardait toutes les aventures qu'il avait vécu et s'il se référait à la puissance de ses éclats de maie accidentelle, ce ne serait pas surprenant qu'il ait eu sa maturation magique à seize ans.
Mais quelque chose lui disait que ce n'était pas tout à fait ça. Connaissant Harry, c'était beaucoup trop simple.
Avisant l'heure, il constata que le couvre-feu n'allait pas tarder.
-Messieurs, appela Severus. Il serait temps pour vous de regagner vos salles communes. Un instant, Harry.
Le blond salua son ami avant de s'éclipser.
-Vous avez senti que les barrières ne s'étaient pas encore remises en place tout à l'heure ? demanda Severus en faisant référence à la porte que Draco avait mal refermé
-Oui, confirma Harry. Mais vous savez aussi bien que moi que Draco a souvent du mal à attendre pour entrer dans une pièce mais il sait parfaitement fermer une porte.
Severus se renfrogna. Il le savait parfaitement et c'était pour cela qu'il se doutait que la porte était restée intentionnellement ouverte après le passage de son filleul.
-Vous pouvez reconnaître les signatures magiques ? demanda Severus
-Pas avec précision, grimaça Harry. Je saurais dire à quelle famille elle appartient, si j'ai l'habitude de côtoyer l'un des membres, mais pas exactement qui.
-Vous ne pourrez donc pas déterminer de qui vient le sort qui a bloqué la porte, soupira Severus.
-Pas pour le moment, déclara Harry.
-J'ai quelques pistes vous concernant, révéla Severus. Mais il me faudra approfondir mes recherches. Je vous préviendrai dès que j'en saurais plus. En attendant, tout en restant prudent, testez vos nouvelles capacités. Comme je vous l'ai dit, la magie est comme un muscle, il faut l'entraîner régulièrement pour que ça serve à quelque chose. Si vous avez un seul problème, vous savez comment me contacter. Des questions ?
-Passez une bonne nuit ? proposa Harry en souriant
-Sale gosse, marmonna Severus. Bonne nuit à vous aussi, Harry.
§§§§§
Tom soupira lourdement en reposant son grimoire.
-Tu me sembles bien las, sourit Narcissa qui entrait dans la pièce.
-Je ne trouve aucune solution pour Lucius et les autres, avoua Tom.
-Tu sais où chercher, rappela Narcissa alors qu'elle lui servait une tasse de thé. Laisse-toi le temps.
-Mais je ne veux pas t'ennuyer trop longtemps, fit Tom.
-Tu ne m'ennuies pas, sourit Narcissa. Ça fait du bien d'avoir de la compagnie, tu sais.
Tom lui sourit.
Depuis son retour en Angleterre, Tom logeait chez la fille de l'une de ses amies qui était finalement devenue la sienne, Narcissa Malfoy née Black. La blonde avait été ravie de la revoir, surtout que cela faisait plus d'une douzaine d'années qu'elle ne l'avait pas vu. Tom avait toujours été là pour ses sœurs et elle comme un oncle adorable et ça avait été un déchirement de ne plus le voir du jour au lendemain.
Quand le sorcier était revenu, il avait été choqué d'apprendre tout ce qu'il avait manqué. Et surtout, effaré du nombre de choses qu'on lui avait collé sur le dos. Actuellement, il devait lutter sur tous les fronts pour éviter que la situation ne s'envenime mais l'un d'entre eux demandait particulièrement toute son attention.
La marque des ténèbres.
Narcissa lui avait expliqué qu'après sa disparition, tous ses plus proches amis avaient été arrêtés pour être interrogés pour leur association avec les mangemorts. En sortant des prisons du ministère, ils s'étaient retrouvés avec la marque des ténèbres et aucune idée de la façon dont ils l'avaient obtenu et encore moins de souvenirs sur les faits dont on les accusait. Pour les Malfoy, Lucius avait donc plaidé la soumission à l'imperium pour expliquer les faits reprochés mais le sorcier lambda croyait dur comme fer que c'était son argent qui lui avait valu le non-lieu. Et depuis les événements du Tournoi des Trois Sorciers, un fait tout à fait étrange avait lieu régulièrement. Lucius avait sa marque qui le brûlait qui le poussait à transplaner vers une destination inconnue. Et quand il revenait plusieurs heures plus tard, il n'avait aucun souvenir de ce qu'il avait fait mais le journal du lendemain le lui indiquait en toutes lettres, une attaque de mangemorts. Pourtant, la baguette du lord était testée et rien n'indiquait que Lucius ait été présent.
Tom cherchait un moyen de retirer cette marque à tout prix. Depuis la première guerre, une loi avait été votée pour que chaque porteur de la marque soit automatiquement accusé d'association avec un mage noir et directement envoyé en prison voire, selon le crime commis, exécuté dans la foulée. Il avait déjà perdu bon nombre de ses amis – notamment sa douce Bellatrix, qu'il considérait comme sa fille, mais qui avait disparu de ses côtés très tôt pour commettre ces ignominies – mais il ne tenait pas à perdre le reste. Ils avaient pu échapper au complot dont il était la victime avant qu'il ne disparaisse mais maintenant que chacun d'entre eux avaient cette marque maudite, ils pouvaient à tout moment être tués et ça, il le refusait.
-Où se trouve Lucius ? demanda Tom
-Je l'ai enfermé dans les cachots, répondit Narcissa.
-Je ne te savais adepte du BDSM, ricana Tom.
-S'il te plait, renifla Narcissa. J'aime juste ne pas l'entendre vomir ces inepties comme quoi les Sang Pur doivent impérativement régner sur le peuple sorcier sans partage. J'ai vraiment envie que mon époux me revienne définitivement.
Tom hocha la tête. Car, outre cette marque avilissante, les « mangemorts » avaient, pendant leurs disparitions répétées, une sorte de lavage de cerveau, leur faisant scander l'idéologie que l'on prêtait à Voldemort. Tom avait déjà établi que c'était un maître Legilimens qui en était l'auteur car Lucius, à plusieurs reprises – lorsque le temps entre les convocations était de plus de dix jours en fait – avait repris ses esprits et leur avait raconté tout ce dont il se souvenait. Le reste du temps, il tentait de maltraiter Narcissa et même une fois Draco l'été dernier. Depuis, dès que Lucius revenait de ses petites virées, la blonde l'enfermait immédiatement dans les cachots de la demeure Black qu'elle avait reçue en dot, le manoir Malfoy leur étant inaccessible depuis que la marque de Lucius était devenue active après le Tournoi des Trois Sorciers.
-Je ferais tout pour te le ramener, promit Tom.
-Merci Tom, sourit Narcissa.
