Quand une marionnette n'est pas aussi docile qu'on ne pourrait le croire
Ragnok, directeur de Gringotts Grande Bretagne, trottinait le plus vite possible vers les sous-sols de la banque. Il fallait absolument qu'il vérifie quelque chose dans les coffres des Potter mais également de Lily Evans.
Pour ouvrir un coffre, les gobelins prélevaient un échantillon de magie selon un rite spécifique pour qu'il grandisse en même temps que le sorcier. C'était une précaution prise depuis plusieurs siècles, quand le kidnapping des héritiers Sang Pur était en vogue pour que les moins bien nés puissent prétendre à un héritage. La procédure n'avait jamais été arrêtée et elle servait également pour un autre but que le ministère de la Magie anglais ignorait totalement.
Etant une race magique travaillant assez étroitement avec une autre, les gobelins avaient très vite établi comment déterminer qui était sorcier ou non. Les sorciers avaient allègrement oublié que s'il avait de la magie, ce n'était nullement parce qu'ils étaient un peuple « élu », un peuple né avec le don de magie, mais parce que leurs ancêtres, sans magie il fallait le souligner, s'étaient unis avec une créature magique. D'ailleurs, les nés de moldus étaient loin d'être des sorciers dit de première génération mais c'était uniquement des gènes dormants qui s'étaient subitement réveillés pour permettre la manipulation de la magie.
Comme ça avait été le cas pour Lily Evans.
Quand elle s'était présentée à la banque peu après ses onze ans, les alarmes avaient résonné et au lieu d'un gardien lambda, un Haut Gardien avait été attribué à la jeune fille. C'était une mesure de précaution pour que le jour de ses dix-sept ans, le ministère ne se doute pas que les gènes magiques de l'enfant ne lui avaient pas que permis d'accéder à la magie mais aussi de permettre l'éveil de cet héritage magique dans sa descendance.
Lily Evans avait ainsi appris qu'elle avait du sang d'une créature magique qui avait disparu de la surface de la terre depuis des siècles. Ses gènes étaient passifs, ce qui lui avait permis de pouvoir utiliser la magie mais pas de devenir cette créature magique. De ce fait, elle était bien plus puissante que les autres nés de moldus et avait bien plus de capacités que les gobelins lui avaient enjoint de ne pas dévoiler à tout le monde. Gripsec, le Haut Gardien chargé de la jeune fille, lui avait également avoué, d'après les examens que la banque avait faits après qu'elle leur ait confié un échantillon de son sang et de sa magie, qu'il n'y avait que peu de risques qu'elle devienne cette créature et qu'il faudrait au moins quelques générations avant que ses gènes ne soient pleinement actifs.
Mais le facteur chance devait l'avoir déserté.
Lily Evans avait épousé un Sang Pur et pas n'importe lequel, James Potter. Le sang de lamia était étonnement fort dans cette famille malgré le fait que les porteurs n'en avaient aucune caractéristique visible – mis à part une prédisposition à l'animagus – sans compter qu'ils restaient puissants malgré la dégénérescence magique chronique des sorciers de l'époque. L'union des deux avait donné un enfant plus puissant que la normal.
Avec les gènes actifs de l'un de ses parents.
Quand le couple avait amené l'enfant à la banque, les gobelins avaient craint que le petit Harry se transforme en lamia dès sa maturation magique atteinte. Cet héritage était très controversé – l'une des raisons pour laquelle les Potter n'en faisaient pas mention – et lui vaudrait d'office son exil de Grande Bretagne qui était l'un des rares pays – si ce n'était le seul au monde – à exécuter ces créatures par mesure préventive. Heureusement, tout comme son père, l'enfant ne devait à terme que développer certains aspects lamia. En conséquence, Harry James Potter ne devait être qu'un sorcier bien plus puissant que la normale.
Jusqu'à aujourd'hui.
Le trente-et-un juillet dernier, le Haut Gardien Gripsec, qui avait émis le souhait de s'occuper de l'enfant en l'honneur de sa mère, l'avait informé que le statut du jeune Harry oscillait entre celui de sorcier et celui d'une autre créature magique. Les craintes du directeur de Gringotts Grande Bretagne qu'il avait eues à la naissance de l'enfant revinrent en force mais heureusement, ce n'était pas celui de lamia.
Ce qui voulait dire que l'héritage de Lily Evans venait de devenir actif.
Ragnok était inquiet en sortant des coffres correspondants. Si les gènes lamia étaient controversés, ce n'était rien comparé à cet autre héritage. Des dispositions devaient être prises et il ne fallait absolument pas que le directeur de Poudlard apprenne la manœuvre en cours. Il rejoignit son bureau et écrivit quelques lettres. Quand il reçut les réponses, il prit un parchemin avec l'entête de Gringotts et se mit à écrire.
Héritier Potter,
Des éléments nouveaux vous concernant m'obligent à vous demander de vous rendre à Gringotts dans les plus brefs délais …
§§§§§
Harry referma soigneusement son manteau alors que le vent soufflait. L'automne était plus vif qu'à l'accoutumée et déjà, les pulls épais étaient de sortie. S'il avait eu son mot à dire, il serait resté dans son lit toute la journée mais la seule fois qu'il avait été tenté de le faire, il avait eu la visite du directeur en personne qui s'était inquiété de ne pas le voir de sortie.
Mais bien sûr …
Il n'avait pas été compliqué de remarquer qu'il était étroitement surveillé par Albus Dumbledore. Le brun se doutait que c'était parce qu'il était le Survivant mais très vite, il avait compris que son héritage n'était également pas étranger à cette surveillance. Il avait vraiment commencé à avoir des doutes quand Hagrid lui avait avoué que c'était lui qui l'avait emmené chez les Dursley sur ordre du directeur. Mais là où ses soupçons furent totalement fondés, c'était lors de son premier Noël à Poudlard. La cape d'invisibilité était certes un cadeau somptueux mais également un atout considérable pour des personnes qui voudraient se cacher. Alors pourquoi ses parents l'auraient confiée à quelqu'un – qu'il avait très vite découvert être Albus Dumbledore, puisque son écriture était très reconnaissable – alors qu'ils étaient traqués ? Non, cela ne semblait pas logique. Depuis, il redoutait les entretiens avec Albus Dumbledore, surtout après que le professeur Snape lui ait révélé que le directeur pouvait à tout moment entrer dans son esprit pour y voir ce qu'il voulait. Bien que désormais, il ait de bonnes barrières occlumens – merci Severus – mais qui ne lui avait pas servies à grand-chose – il s'était quand même mis inutilement en danger parce qu'il avait cru que Voldemort avait kidnappé son parrain et était en train de le torturer.
-Harry ?
Le brun sortit de ses pensées et fit un sourire rassurant à sa meilleure amie.
-Tu disais ? demanda Harry
-Nous arrivons au village, renseigna Hermione.
-Tu es sûr que tu ne veux pas qu'on t'accompagne ? demanda Neville
-Non, refusa Harry. De toute façon, je n'en ai pas pour longtemps.
Le brun avait reçu un courrier obscur qui lui demandait de se présenter à la banque le plus tôt possible. Peu sûr de ce qu'il devait faire, il avait demandé conseil à Neville qui avait souligné que les gobelins n'utilisaient le mot « urgence » que quand il y avait vraiment urgence. Heureusement, il n'avait pas besoin de se rendre à Londres puisqu'ils connaissaient tous les trois l'agence de Gringotts à Pré-au-Lard. Harry allait s'y rendre discrètement sans que qui que ce soit ne s'en doute.
Quand ils furent dans le village, le Gryffondor disparut dans la foule sans que ses deux amis ne bronchent, ce qui n'alerta personne. Il fila vers l'agence et entra sans attendre. Une fois à l'intérieur, il se dirigea vers l'arrière-salle.
-Héritier Potter, salua Gripsec. Cet artefact vous est décidément bien utile.
-Haut Gardien Gripsec, répondit Harry. Je remercie la Magie de l'avoir entre les mains.
Conscient qu'il devait garder ses biens les plus précieux sur lui, Harry avait demandé peu après son retour de première année s'il n'y avait pas dans son coffre une pochette sans fond. Après que Gripsec ait accédé à sa demande, il avait vidé ses poches et le gobelin avait été abasourdi qu'un artefact de cette puissance soit entre les mains d'un enfant. Après avoir identifié la cape d'invisibilité des Potter qui se passait de génération en génération – et qui aurait dû se trouver dans l'un des coffres des Potter – Gripsec avait découvert, après qu'Harry ait accepté qu'il la fasse examiner, qu'il s'agissait de l'une des mythiques Reliques de la Mort. Le gobelin avait également appris à l'enfant que sous cette cape, il ne pouvait être repéré par n'importe quel moyen. En demandant une preuve, ils s'étaient d'ailleurs aperçus que le jeune sorcier avait de multitudes de sorts de traçage et d'espionnage sur lui. Il était depuis devenu un expert pour les identifier, les déplacer voire même les détruire.
Gripsec vérifia que personne ne pouvait savoir qu'Harry se trouvait en sa compagnie avant de le mener vers le bureau du directeur de Gringotts Grande Bretagne, en territoire gobelin et donc indétectable par les sorciers.
-Seigneur Ragnok, s'inclina Harry.
-Seigneur Potter, s'inclina à son tour Ragnok. Si vous me le permettez, nous allons passer outre les civilités et attaquer directement le cœur du sujet.
-Je vous écoute, fit Harry.
-J'ai omis de vous dire pourquoi Gripsec est le gardien qui s'occupe de vous, avoua Ragnok. Il fait partie des Hauts Gardiens, dévolus aux familles magiques les plus puissantes du monde.
-Quand vous dites familles magiques, est-ce que vous comptez des familles Sang Pur ? demanda Harry, curieux
-Moins qu'on ne pourrait le croire, répondit Ragnok. En fait, les Hauts Gardiens ne s'occupent que des familles qui n'ont pas oubliées que si elles ont le titre de Sang Pur, c'est parce qu'une créature magique est à l'origine de leur lignée.
-Quel rapport avec moi ? demanda Harry
-Les Potter ont également un Haut Gardien, révéla Ragnok. Vous le rencontrerez à votre prochain anniversaire.
-Ce n'est pas Gripsec ? sursauta Harry
-Non, sourit Ragnok.
-Alors pourquoi ai-je un Haut Gardien ? demanda Harry, totalement perdu
-Il y a une autre raison pour laquelle on attribue un Haut Gardien, répondit Ragnok. C'est quand les gènes d'une créature magique apparaissent chez un sorcier. Votre père et sa famille étaient suivis par un Haut Gardien car les gènes de lamia étaient très présents sans pour autant être totalement actifs pour qu'ils ne soient plus considérés comme sorciers.
-Alors pourquoi ne suis-je pas avec le Haut Gardien des Potter ? demanda Harry
-Il y a eu de nombreuses irrégularités vous concernant, je ne vous apprends rien, déclara Ragnok. L'une d'entre elles voulait que ce soit votre garant sorcier qui décide comment votre patrimoine serait géré. Pour ne pas soulever de soupçons, nous vous avons donc attribué un autre Haut Gardien. Mais Gripsec n'est pas n'importe lequel. Il est celui qui s'est occupé de votre mère.
-Ma mère est née de moldue, fronça des sourcils Harry.
-Les nés de moldus sont d'anciennes lignées magiques, révéla Ragnok. Votre mère possédait les gènes d'une créature magique qui n'a plus foulée la terre depuis des siècles. Vous avez ces mêmes gènes et ils sont en train de se réveiller.
Harry eut un bug.
-Je suis en train de devenir une autre créature magique ? balbutia Harry
-Oui, confirma Ragnok.
-Un lamia ? se souvient Harry
-Non, répondit Ragnok. Vous n'avez que la puissance magique, le don de fourchelangue et votre animagus serpent. Et heureusement car dès le moment où le ministère l'aurait appris, vous auriez été exécuté sans état d'âme.
-Je pensais que le fourchelangue venait de Voldemort, fronça des sourcils Harry.
-Le droit de conquête accorde beaucoup de choses mais certainement pas les dons magiques, assura Ragnok. C'est une information connue dans le monde entier mais tue en Angleterre. Nous en parlerons un autre jour, si vous me le permettez.
Harry hocha de la tête.
-Les gènes provenant de votre mère sont pleinement actifs et se développent rapidement, reprit Ragnok. A la base, nous pensions que ça prendrait plusieurs générations mais vous êtes l'impossible donc ils sont actifs. Nous allons vérifier cela mais il semble clair que vous vous transformerez le jour de votre dix-septième anniversaire. Et là, les ennuis commenceront car vous serez infiniment plus puissant que le plus puissant des sorciers, et vous serez à armes égales avec les créatures magiques les plus dangereuses du monde.
-Mais qu'est-ce que je serais ? demanda Harry
-Oh, je ne vous l'ai pas dit ? sourit férocement Ragnok. Vous serez le plus grand cauchemar des sorciers, Héritier Potter.
§§§§§
-Professeur ? demanda Harry
-Monsieur Potter, sourit Filius.
-Pourquoi je dois aller voir le ministre de la magie ? demanda Harry
-Je vais être honnête avec vous, monsieur Potter, il ne s'agit là que d'un coup de publicité, grinça des dents Filius. A moi maintenant. Pourquoi avoir demandé que je vous accompagne ?
-J'adore ma directrice de maison, n'en doutez pas, sourit Harry. Mais quitte à aller dans un endroit où je ne serais pas en sécurité, je préfère avoir un maître duelliste à mes côtés.
Filius lui sourit en remerciement. Beaucoup oubliaient qu'il n'était pas que maître de sortilèges mais également maître duelliste. Mais cela était largement éclipsé par le fait qu'il était à moitié gobelin. S'il enseignait encore à Poudlard malgré le racisme ambiant, c'était uniquement pour garder un œil sur l'éducation des sorciers. Sinon, il y aurait belle lurette qu'il aurait pris ses cliques et ses claques pour enseigner autre part.
Harry avait été convoqué la veille dans le bureau du directeur qui l'avait informé que le ministre de la magie, Rufus Scrimgeour, avait demandé à le rencontrer. Le vieux sorcier avait accepté au nom de son élève qui avait dû obtempérer. Quand Dumbledore avait déclaré que ce serait Horace Slughorn qui accompagnerait l'élève, Harry avait refusé net et avait choisi Filius Flitwick. Minerva s'était étonnée mais s'était inclinée et avec l'explication donnée, le maître de sortilèges comprenait mieux son choix.
Tous les deux s'étaient rendus au village pour prendre la cheminée publique – Filius n'avait pas compris pourquoi ils n'avaient pas pu emprunter celle du directeur – et heureusement, le jeune sorcier avait eu la présence d'esprit de se désillusionner pour se rendre jusqu'à la cheminée. Le professeur avait suivi le mouvement et ils étaient arrivés dans le hall du ministère. Ils avaient rabattu leurs capuches pour se faufiler dans la foule et arrivés devant le poste de filtrage, Harry montra simplement la lettre du ministre. On les laissa entrer après une vague indication de la direction à suivre.
-Même dans le monde moldu, il y a plus de sécurité, sourit étrangement Harry. Et ils auraient rehaussé les protections après le passage de Voldemort ? J'ai des doutes.
-Le ministère a toujours jugé qu'il était intouchable, lâcha sans en avoir l'air Filius.
-Si une bande de gosses de quinze ans a pu entrer en temps de paix, je n'ose imaginer ce qu'ils ont prévu pour empêcher Voldemort d'entrer, pouffa Harry.
Heureusement pour Harry, l'ascenseur était vide lorsqu'ils descendirent vers leur destination. Le chemin vers le bureau du ministre et ils découvrirent son assistant que le professeur et l'élève connaissaient tous les deux.
-Monsieur Weasley, salua Filius. Je ne pensais pas vous retrouver ici.
-Professeur Flitwick, répondit Percy Weasley.
Harry plissa légèrement des yeux. Depuis le temps, il était champion pour déceler la moindre intonation dans la voix de ses interlocuteurs. Le troisième fils Weasley avait voulu adopter un ton neutre mais le mépris restait toujours là.
-Harry, je … commença Percy.
-Potter ! s'exclama Rufus Scrimgeour en sortant de son bureau. C'est un honneur de vous rencontrer enfin !
-Monsieur, salua sobrement Harry.
-Venez, Potter, nous allons nous installer dans mon bureau, invita Rufus. Votre accompagnateur nous attendra ici.
-Le professeur Flitwick m'accompagnera, déclara un peu sèchement Harry.
-Voyons, Potter, c'est une conversation privée … fit Rufus.
-Vous me ferez croire qu'elle le restera alors que les journalistes sont déjà en train de se masser dans le hall ? renifla Harry. Je suis venu pour un entretien avec vous, pas pour une conférence de presse.
Rufus eut le bon goût de paraître penaud. Le brun regarda son professeur qui avança et il le suivit dans le bureau du ministre. Tous les trois s'installèrent et Harry et Filius refusèrent poliment la tasse de thé que Rufus leur proposa.
-Bien, bien, fit Rufus. Il parait que vous avez créé un groupe de défense l'an dernier ?
Harry laissa paraître un léger sourire. C'était un très mauvais moyen de commencer une discussion.
-Il s'avère que la personne que le ministère a envoyée pour donner les cours de défense avait une vision assez particulière de ce que les élèves devaient apprendre, susurra Harry. Mes camarades et moi avons été assez intrigués de ne lire qu'un livre pendant les cours, de n'avoir aucune explication de ce que nous lisions et surtout, de ne pouvoir lancer aucun sort pour nous entraîner. Elle était plus préoccupée de faire régner sa loi que de nous enseigner quoi que ce soit. Comme j'étais en année de BUSE et qu'il y a toujours une épreuve pratique, il m'a paru évident de me préparer correctement à cet important examen. Ce … « groupe de défense » comme vous l'appelez n'avait que pour but de faire en sorte que nous ayons notre examen dans la matière. Rien d'autre.
Il ne mentait pas. Quand Ombrage avait débarqué à l'école, il avait soigneusement gardé le silence et l'avait observé. Le livre qu'elle avait sélectionné pour les cours relevait à peine du bon sens et il avait très vite compris qu'elle n'avait pour but que de le réduire au silence. Alors il avait abondé dans son sens et s'était tu quand la conversation dérivait dangereusement vers le Tournoi des Trois Sorciers et Voldemort. La seule fois où elle avait voulu l'accuser de la mort de Cédric Diggory, il lui avait calmement répliqué que la seule personne qui pouvait légitiment réclamer des explications sur ce point, c'était Amos Diggory et que si elle parlait en son nom, il se ferait un devoir de répondre à ces accusations par le biais de la justice magique, notamment de la directrice Bones. Ombrage avait soigneusement fermé son clapet après cela parce qu'elle savait que si Harry se présentait devant elle, Bones allait demander pourquoi il voulait se dégager de cette accusation précise et le brun n'hésiterait pas à la mettre dans l'embarras. En parallèle, avec Hermione et Neville, ils avaient décidé de travailler eux-mêmes leur Défense. Ils avaient convié Daphnée, Pansy, Théo, Draco et Blaise ainsi que Ginny, Luna et Astoria et ils s'étaient tous retrouvés dans la salle sur demande. Heureusement, il y avait de nombreux passages secrets et Harry leur avait indiqué deux qui partaient respectivement des cachots et de la tour des Gryffondors qui permettraient à ses amis de ne pas se faire repérer par leur « professeur ». Ils avaient gardé le secret de leurs entraînements tout au long de l'année mais après sa petite visite au ministère, il avait dû le révéler au directeur et comme il ne savait pas garder un secret, toute l'école l'avait su.
Scrimgeour, à ces mots, se renfrogna. L'image du ministère avait été plus que ternie par le passage de Dolores Ombrage à Poudlard, il ne se leurrait pas. Il n'appréciait déjà pas la sorcière mais en se renseignant çà et là, il s'était rendu compte qu'elle était pire que ce qu'il imaginait. Et que visiblement, elle avait fait du tort à Harry Potter en ne voulant pas qu'il crée la panique en lançant des rumeurs de retour de Vous Savez Qui qu'il pensait fausses.
Le ministre se racla la gorge, un peu gêné.
-J'ai également appris que vous souhaitiez devenir auror, fit Rufus.
-Monsieur, fit Harry. Même si le professeur Dumbledore nous a envoyé ici à votre demande, le professeur Flitwick a des responsabilités et moi des cours à suivre. Donc, quoi que vous ayez à dire, faites-le maintenant.
Scrimgeour se retint de justesse de sursauter. Il ne savait pourquoi mais il se sentait obligé d'accéder à la demande du jeune homme, comme s'il avait reçu un ordre. Conscient qu'il ne pouvait pas tourner indéfiniment autour du pot, il se lança.
-Il s'avère que Vous Savez Qui est de retour, déclara Rufus. Seul, le ministère aurait beaucoup plus de difficultés à monter une résistance efficace. Votre avis, aujourd'hui plus encore, est écouté à travers le pays, malgré le fait que vous n'ayez que seize ans. J'aimerai que vous nous souteniez pour faciliter notre travail. Avec vous, nous …
-Non.
Rufus se tut, choqué. Harry le regarda droit dans les yeux, ferme sur ses positions.
-Comment pouvez-vous refuser ? gronda Rufus. Vous savez ce que je peux faire ? Je peux dès à présent faire en sorte que vous n'entriez pas à l'école des aurors, que vous ne puissiez pas faire le métier que vous voulez !
-Vous oubliez que c'est vous qui avez besoin de moi, pas le contraire, rappela fraîchement Harry. Par exemple, pour ce qui est du métier d'auror, qu'est-ce qui m'empêche de partir en France pour le devenir ? Rien. Contrairement à ce que vous pensez, je ne dois rien au ministère. Si vous voulez organiser la résistance, comme vous le dites, alors commencez par remplir les devoirs qui vous sont dévolus sans pleurnicher dans les jupes d'un gamin d'à peine seize ans. Faites sérieusement votre travail et là, je reconsidérerai ma position. Pour l'instant, à mes yeux, le ministère ne fait que brasser du vent.
Harry se leva.
-Maintenant, si nous en avons terminé, je dois partir, annonça Harry. Je vous conseille fortement de ne pas raconter de mensonges aux journalistes qui vous attendent parce que sinon, je me servirai de cette influence sur le peuple sorcier que vous m'enviez à l'instant. Bonne journée, monsieur.
Le professeur Flitwick sauta sur ses pieds et emboîta le pas à son élève. Ils quittèrent le bureau et passèrent devant Percy.
-Harry, je voudrais m'excuser, fit Percy.
-Ce n'est pas à moi que tu dois présenter des excuses mais à ta famille d'abord et plus particulièrement à Ginny, répliqua sèchement Harry. Tu as littéralement nié son existence et déclaré qu'elle ne savait pas réfléchir par elle-même. Tu es peut-être son grand frère par le sang, mais tu as renoncé à ce titre quand tu m'as ouvertement traité de fou sans aucune base solide et uniquement pour plaire à un gouvernement corrompu. Je me fous royalement de ce que tu penses, Percy. Tu n'as jamais été quoi que ce soit à mes yeux et avec la lettre que tu as envoyée à Ginny l'an dernier, c'est encore plus valable.
Harry tourna les talons et sortit dans le couloir.
-Nous allons avoir des difficultés à quitter le ministère par le hall principal, constata Filius en le rattrapant. Suivez-moi.
Le professeur se rendit quelques étages plus loin, dans le bureau des aurors.
-Pourquoi par ici ? s'étonna Harry
-Il s'agit du seul endroit, avec le bureau du ministre, où l'on peut quitter le bâtiment sans passer par le hall, répondit Filius. C'est une mesure préventive pour filtrer les arrivées mais un frein considérable pour les aurors. Ça a été de justesse qu'ils ont gardé leur autorisation de sortie. Déjà que leur temps de réponse est pitoyable …
-Messieurs ? interpella un auror
Harry écarquilla des yeux quand il dut presque se casser le cou pour croiser le regard de celui qui leur avait parlé. Il savait qu'il était petit mais à côté de ce sorcier, il paraissait nain.
-Kingsley Shacklebolt ! s'exclama Filius. Il est vrai que vous êtes devenu auror ! Comment allez-vous ?
-Professeur Flitwick, salua Kingsley avec un grand sourire. C'est un plaisir de vous revoir. Je vais bien, merci de vous en inquiéter.
-La situation actuelle ne doit pas être plaisante, constata Filius.
-Avec le retour de Vous Savez Qui, on ne chôme pas, déclara Kingsley. Puis-je vous demander ce que vous faites ici ? Il me semble qu'il y a cours, en ce moment.
-C'est exact, confirma Filius. Je suis en mission pour l'école. Je devais accompagner un élève rencontrer le ministre de la magie.
Le regard de l'Auror se posa sur Harry qui avait rabattu sa capuche en quittant le bureau du ministre.
-Monsieur Potter ? comprit Kingsley en baissant significativement la voix
Harry leva les yeux et lui fit un sourire gêné. Il n'aimait pas être reconnu.
-Enchanté de vous connaître, fit Kingsley. J'imagine que vous cherchez un moyen de quitter discrètement les lieux. J'ai entendu parler de la conférence de presse qui a lieu en ce moment. Je ne pensais pas que Scrimgeour serait allé jusqu'à vous utiliser pour asseoir sa position. Suivez-moi.
Il les conduisit dans un bureau où il les installa.
-Pour le moment, les cheminées du ministère sont hors service, annonça Kingsley. Mesure de prévention pour la conférence de presse qui a lieu dans le hall.
-C'est dangereux, fronça des sourcils Filius. Qu'est-ce qui se passera si vous devez intervenir ?
-Nous ne faisons qu'obéir aux ordres, haussa des épaules Kingsley.
Ils attendirent donc de pouvoir rentrer tranquillement.
