L'envers du décor
Flash-Back
Draco avait négocié avec ses parents pour passer ses vacances hors du pays avec Théo et Blaise. Narcissa avait été rassurée que son fils s'éloigne du manoir car elle n'était pas sereine avec les événements du Tournoi des Trois Sorciers. Elle avait également convaincu Anna Nott pour qu'elle permette à Théo de rejoindre son ami et n'avait pas eu à le faire avec Moïra Zaran veuve Zabini car cette dernière était totalement neutre dans le conflit qui se déroulait dans le pays.
Les trois jeunes hommes devaient se rejoindre deux jours après la fin des cours au manoir Zabini pour commencer leur road tour par un séjour en Italie, chez les Zabini. Draco, après avoir passé une soirée tranquille avec sa mère dans la demeure qu'elle avait reçu en dot, avait pris toute la journée pour préparer ses bagages pour quasiment deux mois de vacances. Il était heureux parce que pour l'une des premières fois, il devrait se débrouiller seul en quelque sorte. Sa mère Narcissa venait de temps à autre vérifier s'il n'avait pas besoin d'aide mais ce n'était pas le cas.
Alors qu'il passait sa dernière soirée avec sa mère avant d'aller rejoindre ses amis, la porte claqua fortement, faisant sursauter les deux blonds.
-NARCISSA ! rugit une voix qu'ils connaissaient tous les deux
-Père ?! murmura Draco
-Surtout, ne fais rien pour l'énerver, souffla Narcissa en vérifiant sa tenue et celle de son fils.
Draco hocha simplement de la tête en se redressant. Juste à temps puisque la porte du salon où ils se trouvaient s'ouvrit brutalement. Le plus jeune se retint fortement d'écarquiller des yeux. La personne qui se tenait devant lui ne pouvait être son père. Lucius Malfoy était toujours calme, mesuré dans ses propos et ses gestes, bien sur lui avec un regard froid et une expression neutre.
Tout le contraire du sorcier qui était entré.
Le blond était débraillé, limite avait la bave aux lèvres, le regard fou, les yeux rouges.
-Pourquoi tu n'étais pas là à m'attendre, femme ? gronda Lucius
-Vous ne m'aviez pas fait part de votre intention de m'honorer ce soir, répondit Narcissa.
Draco hésita entre le dégoût et la stupéfaction. D'un côté, il ne voulait aucun détail sur la vie sexuelle de ses parents mais d'un autre, il n'avait jamais entendu sa mère vouvoyer son père en dehors des soirées mondaines. Mais dans les deux cas, il ne préféra pas broncher.
-Tu es ici à ma disposition ! rugit Lucius. Comme tes vœux de mariage te l'ordonnent !
Narcissa se redressa, belle, froide.
Royale.
-Je ne crois pas, non, claqua sèchement Narcissa. Si vous vous souvenez bien, le contrat qui nous lie m'octroie les mêmes droits et devoirs que vous. Malgré la volonté de votre père qui souhaitait que nous soyons unis selon les anciennes coutumes, le clan Black a refusé que je sois soumise à mon époux alors que nous étions en position de force. Vous vous êtes accoutumé à ce fait depuis dix-neuf ans, je ne vois pas pourquoi vous voulez remettre en cause ce point de notre union aujourd'hui !
Furieux, Lucius brandit sa baguette et voulut lancer un doloris sur Narcissa. Cette dernière, sur ses gardes, avait dégainé la sienne extrêmement rapidement et avait érigé un bouclier sur lequel le sort résonna. Le sorcier se déchaîna sur sa femme et plus les sorts étaient contrés, plus la rage l'envahissait.
Draco avait décidé de ne pas bouger d'un cil pour ne pas attirer l'attention sur lui. Mais il était ébahi de voir que sa mère tenait plus que la dragée haute à son père, qu'il pensait être pourtant un excellent duelliste.
Narcissa Black Malfoy était sublime quand elle combattait.
L'adolescent eut un respect nouveau pour sa mère qui ne se contentait pas d'être une potiche glacée au bras de lord Malfoy. Elle était véritablement une Sang Pur qui défendait ses convictions.
Mais alors qu'il se perdait dans son admiration qu'il avait pour la sorcière qui l'avait mis au monde, il ne vit pas la baguette de son père se diriger vers lui.
L'explosion de lumière qui s'en suivit l'aveugla.
Quand il récupéra la vue, Lucius était figé et sa baguette était dans les mains de Narcissa. Cette dernière menaçait son mari des deux baguettes, essoufflée mais surtout folle de rage.
-Draco ? Le sort ne t'a pas touché ? haleta Narcissa
-Non … souffla Draco.
Ce fut là que les événements le frappèrent.
Son père avait tenté de lui faire du mal.
Il s'écroula au sol, les yeux exorbités.
-Draco ! s'écria Narcissa en se précipitant vers lui
Elle le prit dans ses bras et le berça dans ses bras en lui chuchotant des mots sans queue ni tête. Draco ne pouvait détacher son regard du sorcier qui l'avait élevé.
-Père … balbutia Draco.
-Il n'était pas lui-même, déclara Narcissa en soupirant. Je vais te donner une potion de sommeil sans rêves et tu vas aller te coucher.
-Et toi ? murmura Draco
-Je ne suis pas sans ressource, assura Narcissa. Et je veux être certaine qu'il ne te fera pas de mal.
Fin Flash-Back
Cet événement avait brisé sa jolie petite bulle de gosse pourri gâté et lui avait fait comprendre que ce Voldemort contaminait tout le monde de sa folie. Il n'avait rien laissé paraître devant ses amis mais les soirs, quand il était allongé dans son lit, cela le travaillait. Depuis, il ne voyait plus son père car sa mère faisait en sorte qu'il ne soit pas dans les parages quand il rentrait.
Et aujourd'hui, il était en prison.
Quand la nouvelle de son emprisonnement avait paru dans les journaux, les élèves s'étaient mis à se moquer de lui. Le blond leur avait bien montré que c'était une très mauvaise idée et donc, cela s'était très vite calmé. Mais certains, qui se croyaient plus malins que les autres, avaient continué, même après la rentrée. Sûrement pour bien se faire voir d'Harry, Ron Weasley se jetait ouvertement à la tête des Serpentards, plus particulièrement à la sienne, et c'était un délice de se défouler sur le roux.
Mais intérieurement, Draco ne défendait pas Lucius mais bien le nom des Malfoy. Il ne reconnaissait plus le sorcier qui avait toujours été là pour lui et qui était devenu depuis le retour de Voldemort un monstre de cruauté. La dernière semaine avant sa rentrée scolaire en 5e année, il avait vu de nombreuses fois sa mère avec les vêtements déchirés voire des plaies légères. Avec beaucoup de douceur, il l'avait soignée et elle lui avait avoué à demi-mot qu'elle affrontait son époux quand il rentrait d'elle ne savait où pour l'enfermer dans les cachots pour qu'il ne puisse pas le blesser outre mesure. Heureusement, l'été suivant, comme Lucius était en prison, mère et fils avaient pu passer des vacances reposantes.
-Draco ?
Le blond se redressa sur son lit. Il n'était même pas six heures du matin.
-Oui ?
-Je peux venir ? fit une voix qu'il reconnut rapidement
Pour toute réponse, Draco ouvrit ses rideaux pour laisser entrer Théo Nott.
Le blond vénitien avait la petite taille de sa mère et un physique androgyne mais personne n'oserait le sous-estimer. La seule fois où un Serpentard l'avait pris pour une petite chose fragile, il n'avait plus réussi à fermer les yeux de toute la fin de sa scolarité. La seule raison pour laquelle il n'avait pas rejoint les rangs de Voldemort aux côtés de son père, c'était qu'il détestait qu'on lui donne des ordres.
-Je viens de découvrir ça sur le tableau d'affichage, montra Théo.
Draco ne s'inquiéta pas de savoir que son ami avait été dans la salle commune à une heure aussi matinale. Il n'avait jamais eu besoin de beaucoup de sommeil et quand il voulait vraiment faire le plein, il buvait une potion de sommeil sans rêves qui l'assommait pendant huit heures complètes.
Le préfet lut attentivement le document avant de soupirer lourdement. Depuis aussi longtemps qu'il pouvait s'en souvenir, les droits des Serpentards étaient restreints au minimum. Beaucoup de choses qui étaient tolérées dans les autres maisons étaient totalement interdites chez les serpents et le professeur Snape ne pouvait rien y faire. Aujourd'hui, c'était la durée d'emprunt des livres qui avait été réduite à trois jours au lieu d'une semaine pour le reste de l'école après que soi-disant une élève de la maison ait dégradé l'un des grimoires à disposition.
-Parrain ne va pas être content, soupira Draco.
-Personne ne sera content, corrigea Théo. Je ne sais pas à quoi joue Dumbledore mais s'il continue à nous persécuter, il va avoir plus d'un quart de la population sorcière qui va rejoindre Voldemort.
-Je pense que c'est le but, songea Draco. Il veut nous pousser à bout pour qu'on se dresse contre lui. Il veut que le reste du monde sorcier ait une raison valable de nous détester.
Les deux jeunes hommes se turent. L'aura de prestance du vieux sorcier faisait que tout ce qui sortait de sa bouche était cru par la populace. De nombreux Serpentards, anciens comme actuels, avaient tenté de s'élever contre le directeur mais seul les Sang Pur arrivaient à s'en sortir sans trop de casse. Avec la campagne de dénigrement menée par Albus Dumbledore, le reste était jugé coupable dès le premier regard.
-Nous ne pourrons rien y faire, soupira Draco. A moins de constituer notre propre bibliothèque en contournant les règles.
-Je m'en charge, fit Théo. Il va falloir trouver une solution viable.
-A moins de virer Dumbledore, je ne vois pas comment, déclara Draco.
§§§§§
-Harry, fit une voix dans la Grande Salle pendant l'heure d'études.
Le brun fut littéralement agressé par le parfum du jeune homme qui l'accostait.
-Smith, fit Harry en retenant sa respiration. Que puis-je pour toi ?
-Je te donne rendez-vous à Pré-au-Lard samedi à quinze heures, annonça Zacharias.
Harry baissa lentement son grimoire pour croiser le regard de son interlocuteur qui ne doutait de rien. A ses côtés, Hermione et Neville le regardaient de travers devant son culot.
-Et dire que je pensais que les Poufsouffles jouaient selon les règles, soupira Harry en reprenant sa lecture. Tu avais peur que ton charme naturel ne fonctionne pas sans te parfumer d'amortentia ?
Plus un seul bruit ne s'éleva dans la salle. Les élèves avaient été soufflés par l'audace du jeune homme mais étaient surtout estomaqués de l'accusation lancée par le Survivant.
Caché derrière son livre, Harry fronça des sourcils. Il semblait que son héritage lui ait apporté un autre don car en temps normal, personne ne pouvait identifier cette potion à l'odeur sans y être soumis.
-C'est une accusation grave, constata Albus Dumbledore en s'approchant.
Harry se renfrogna encore plus. Il aurait dû parier que le directeur ne serait pas loin.
-Nous pouvons faire venir le professeur Snape ici et maintenant, proposa Harry. Si je me suis trompé, j'accepte sa punition mais si ce n'est pas le cas, je m'attends à ce qu'il soit puni. C'est une potion qui ne peut être brassée par des élèves et bien qu'elle ne soit pas interdite, son utilisation est extrêmement réglementée. Mais si j'estime que la sanction ne correspond pas à la faute, je me réserve le droit de porter plainte.
Harry eut le plaisir de sentir la magie du directeur se teinter de rage un court instant avant de redevenir neutre. Le directeur sortit sa baguette et lança un sort qui fit apparaître un parchemin.
-Il s'agit simplement d'une potion d'attraction, déclara Albus. Vingt points en moins pour monsieur Smith et vous êtes prié de prendre une douche au plus vite pour retirer cette potion.
Le directeur tourna des talons tandis que des rires discrets retentissaient dans la Grande Salle devant l'humiliation du Poufsouffle. Ce dernier fila sans demander son reste et Harry ne s'en préoccupa pas plus que cela. Mais il sentait le regard de ses amis sur lui. Il savait qu'ils devaient être surpris qu'il ait pu déterminer le complot rien qu'à l'odeur. Mais ce qui était bien avec eux, c'était qu'ils ne le forçaient pas à parler.
-Comment tu l'as su ? fit une voix à ses côtés
Bien entendu, ceux qui se prétendaient ses amis n'avaient pas la même délicatesse. Comme Ronald Weasley.
-Je l'ai su, trancha Harry. A quoi ça te servirait de connaître mes secrets ?
-Mais nous sommes amis ! se plaignit Ron
-Un ami ne tournerait pas subitement le dos pour quelque chose dont il n'est pas responsable, rétorqua Harry. Un ami attendrait des explications qu'il n'est surtout pas en droit de réclamer. Un ami ne répandrait pas des rumeurs qui pourraient blesser. Je te rappelle que tu n'es plus mon ami depuis la deuxième année. Assume tes erreurs et ne viens plus me faire chier.
Harry referma sèchement le livre dans ses mains avant de ranger ses affaires. Sans un mot, il quitta la Grande Salle et sema ses éventuels poursuivants quelques couloirs plus loin. Dans une salle de classe désaffectée, il ôta les sorts d'espionnage rattachés à sa personne puis revêtit sa cape d'invisibilité pour se rendre dans la Chambre des Secrets. Là-bas, il put laisser libre cours à ses tremblements.
Ses pouvoirs évoluaient bien trop vite à son goût. Comme Severus lui avait conseillé, il s'était exercé à reconnaître toutes les signatures magiques ainsi que tous les sorts à l'œuvre. Samain se rapprochait et le fait qu'il pouvait reconnaître une potion rien qu'à l'odeur n'était pas pour le rassurer. Il avait déjà noté que ses potions étaient de meilleure qualité car il savait quand un ingrédient était utilisable ou non mais là, il semblait atteindre un nouveau palier.
Fébrile, il s'empara d'une plume et commença à écrire à Ragnok. Se sachant étroitement surveillé par le directeur, le brun avait demandé un autre moyen de communication qui ne pourrait pas se faire intercepter. A la plus grande stupeur du sorcier, le gobelin lui avait confié la garde d'un Corbeau d'Ombre, un messager gobelin présage de mort pour les sorciers. L'avantage de ce messager était qu'il n'était visible que pour son destinataire donc les tentatives de détournement étaient quasi nulles. Le corbeau n'avait pas besoin de vivre en plein air et c'était pour cette raison qu'Harry le gardait dans la Chambre des Secrets. Quant au moyen qu'il utilisait pour en sortir, c'était encore à ce jour un mystère pour le brun.
La réponse revint alors qu'il s'apprêtait à remonter pour le dîner. Il hésita franchement à prendre la réponse avec lui mais avec Dumbledore, il valait mieux prendre trop de précaution que pas assez. Il délesta le corbeau de sa charge avant de rejoindre ses amis dans la Grande Salle. Ces derniers l'attendaient avec un sourire soulagé.
-Il y a eu une attaque ou quoi ? plaisanta Harry
-Le directeur te cherchait, avoua Hermione. Il voulait pouvoir discuter avec toi de l'incident avec Smith.
Le brun ne montra pas ses doutes. Certes, c'était la première fois qu'il menaçait quelqu'un de le traduire en justice mais Dumbledore ne devait pas pour autant en être étonné ! Malgré son rôle de faible, Neville l'avait fait quand des élèves plus âgés avaient voulu se défouler sur lui. Dans la même veine, Hermione avait longuement argumenté sur le fait que dans le monde moldu, il était possible pour les enfants de porter plainte quand ils étaient en danger, même contre leurs propres parents. C'était une notion étrangère pour les sorciers car pour eux, les parents avaient littéralement droit de vie et de mort sur eux jusqu'à ce qu'ils atteignent dix-sept ans.
Alors non, il ne voyait pas ce qu'il y avait de choquer quand il menaçait Smith de le traîner devant la justice pour utilisation frauduleuse de potion réglementée. Et maintenant que Voldemort était de retour, si on apprenait que la victime était Harry Potter, il n'y aurait aucune clémence pour le coupable.
-J'irais voir McGonagall, haussa des épaules Harry.
Moins il se trouvait en présence du directeur, mieux il se portait !
§§§§§
Pendant son exil, Tom avait pu se constituer une petite cagnotte. Avec, il avait pu s'acheter une maison confortable, une ancienne maison sorcière dans le monde moldu, pour être exact. Discrètement, il avait posé des protections inusitées en Angleterre et c'était devenu un véritable bunker. Il en avait eu besoin après son passage au ministère de la magie, quand des enfants avaient eu la même idée que lui. Certes, il n'était pas revenu avec ce qu'il voulait mais ce qu'il avait trouvé avait bien plus de valeur.
-Bonsoir, Tom.
-Ne t'ai-je pas demandé de rester dans ton lit ? gronda Tom
-Tu veux que je me pende ? geignit le patient. Il fallait que je respire !
-Sirius … soupira Tom.
Alors qu'il faisait en sorte de ne pas se faire prendre dans le département des Mystères, il avait réussi par on ne sait quel miracle à ne pas se faire surprendre par la bande de Potter. Il avait été surpris de voir que les protections avaient été enlevées pour leur permettre le passage mais plus encore quand il avait compris qu'ils étaient suivis par Voldemort et certains de ses sbires. Avec regret, il avait noté la présence de sa douce Bellatrix Black et de Lucius Malfoy, son bras droit dévoué, comme fous. S'ils avaient eu toute leur tête, jamais ils n'auraient attaqué des enfants, même s'il y avait la présence de deux Weasley. Avec inquiétude, il avait suivi la course poursuite et vu que les combats s'étaient déclenchés dans la salle de l'Arcade avec l'Ordre du Phénix. Leur présence, comme celle des mangemorts, avait fait froncer des sourcils Tom, car il savait que l'un comme l'autre n'aurait pas pu arriver aussi rapidement à moins d'être déjà sur place. S'entourant d'un bouclier, il avait pris soin d'éviter les sorts perdus pour s'approcher du centre de la pièce. L'arcade était un artefact très connu dans les autres pays car de multiples recherches internationales avaient été faites dessus. En Angleterre, pour tous les Langues de Plomb, il s'agissait d'un portail vers « autre part ». Les spéculations se rejoignaient sur le fait qu'il s'agissait du monde des morts ou les limbes. Si Tom en avait entendu parler, c'était uniquement grâce à Augustus Rookwood, qui travaillait au département des Mystères. Bien entendu, il avait dû faire un serment pour ne pas dévoiler ce que son ami allait lui confier mais ça n'avait été qu'une contrainte mineure. Couplé avec les éléments qu'il avait récoltés dans les autres pays, Tom avait une idée assez précise de ce qu'était cette arcade.
Mais celle qui s'était trouvée devant lui n'était qu'une vulgaire copie. Profitant que personne ne se doutait de sa présence, il avait listé les sorts présents et compris qu'il s'agissait surtout d'une prison temporaire. Le but de la manœuvre lui avait semblé obscur sur le moment mais quand il avait vu Bellatrix se jeter sur Sirius Black puis l'envoyer dans l'arcade, il sut que quiconque voulait mettre la main sur l'héritier Black ne devait pas voir ses plans se réaliser. Quand les lieux furent vidés à cause de l'intervention des aurors, Tom avait pioché dans ses connaissances pour libérer le fugitif. A la place, il avait rapidement créé un golem à son effigie pour le placer dans l'arcade et filer aussitôt. Il savait que Dumbledore avait pu percevoir sa présence mais sa priorité était le cousin de Narcissa qu'il devait soigner dans les plus brefs délais. Il l'avait amené dans sa maison et avait fait appel à un vampire médicomage pour les premiers soins. Ce dernier s'était longuement battu pour le sauver et finalement, avait confié une liste de potions pour sa convalescence. Heureusement, Tom était un bon maître de potions et les breuvages demandés n'avaient pas été compliqués à brasser. Quand Sirius avait été assez en forme pour se lever, Tom l'avait littéralement forcé à parler de ses années à Azkaban puis de sa vie de fugitif. L'aîné avait été atterré de comprendre que Dumbledore n'avait fait aucun geste pour soigner l'ancien prisonnier, que ce soit physiquement ou encore psychologiquement. Pire, il avait éloigné de lui toutes les personnes qu'il aimait, soit Harry Potter, son filleul, et Remus Lupin, son meilleur ami, sous prétexte qu'il n'avait pas le temps d'organiser des rencontres sécurisées.
Tom avait pris en charge Sirius Black. Depuis maintenant quatre mois, l'ancien prisonnier remontait la pente. Il faisait de moins en moins de cauchemars, avait moins l'impression d'être en présence de détraqueurs, avait de moins en moins peur du moindre bruit ou d'un éclat de voix. Tom savait que ce serait un travail de longue haleine mais il était nécessaire pour que ce ne soit plus une loque qui se tienne devant Dumbledore mais bien lord Sirius Black.
-Comment va Harry ? demanda Sirius
Tom soupira. C'était la principale question de Sirius depuis qu'il avait enfin repris pied dans la réalité. Il avait fait beaucoup de progrès depuis qu'il était avec Tom mais le psychologue auprès duquel Tom prenait conseil pour soigner Sirius avait été très clair : Sirius devait penser à lui avant de vouer sa vie à quelqu'un d'autre. En ce moment, il culpabilisait plus sur ce que James aurait pensé en ne le voyant pas protéger Harry mais ce qui inquiétait plus Tom, c'était l'amalgame qu'il faisait entre James Potter et Harry Potter.
-D'après ce que je sais, ça a l'air d'aller, répondit Tom.
Narcissa avait réussi à convaincre son fils d'observer Harry Potter pour qu'il lui donne des nouvelles qu'elle relayait à Tom. Ce n'était pas assez précis mais c'était tout ce qu'ils pouvaient avoir.
-Pourquoi je ne peux pas aller le voir ? geint Sirius
-Parce que tu es loin d'être guéri, grogna Tom. Et puis, si tu allais récupérer Potter dans ton état, en combien de temps Dumbledore remettrait la main sur lui ? Dix jours ? Quinze jours ? Rappelle-toi que tu t'es échappé d'Azkaban ! Tu es encore reconnu coupable d'avoir trahi Lily et James Potter ! D'avoir exécuté de sang-froid Peter Pettigrow ainsi que douze moldus ! Quelle vie vas-tu lui offrir ? Une vie de fugitif, où à n'importe quel moment tu pourrais être tué et lui retourner dans son enfer ? Pour une fois, réfléchis trente secondes !
Tom était assez agacé. Cette conversation revenait à chaque fois qu'ils se voyaient, soit tous les trois jours environ.
-Et lui donner des nouvelles ? tenta Sirius
Ce n'était pas nouveau non plus. Mais Tom n'était pas du tout sûr que ce soit une bonne idée. Harry Potter, du peu qu'il avait pu glaner, était soigneusement gardé dans le creux de la main d'Albus Dumbledore. Qui savait ce que le vieux sorcier avait pu lui susurrer comme mensonges mielleux … Mais surtout, il ne connaissait pas les allégeances du jeune homme. Si par hasard, il faisait complètement confiance au vieux fou et qu'il lui avouait que son parrain était encore en vie et assez bien portant … c'était en minutes qu'il fallait compter avant que la milice de Dumbledore ne débarque pour les faire passer de vie à trépas.
-C'est non, trancha Tom. Bon sang, es-tu suicidaire ou quoi ?
Sirius baissa la tête et Tom était sur le point de cogner la sienne sur le mur le plus proche. Pourquoi n'avait-il pas envoyé cet imbécile dans une clinique spécialisée dans les grands traumatisés ? Ah, oui, parce qu'il ne voulait pas quitter le pays sans être sûr que son filleul n'était plus en danger. Et lui, grand naïf, avait accepté ! Parfois, il s'en mordait les doigts !
-Sirius, articula Tom. Pour le moment, Voldemort est en train de s'installer tranquillement en Angleterre pour que Dumbledore soit celui qui le vire à coups de pied au cul par sa marionnette qui est ton filleul. Filleul à qui tu as parlé … je ne sais pas … à peine une douzaine de fois ? Et jamais de vous, puisque vous étiez fliqués ? Tu ne sais même pas ce qu'il pense de la guerre en cours ! Dans ses conditions, ne crois-tu pas qu'il faudrait que tu restes tranquille et que tu te soignes pour être une réelle aide pour Potter ?
-Mais Harry … protesta Sirius.
-Je ne veux pas t'enfermer mais si tu me pousses, je le ferais ! rugit Tom
Sirius se tut alors que Tom passait une main lasse dans ses cheveux. Leurs discussions se terminaient également toujours comme cela. Mais comme tout Gryffondor, Sirius était buté. Donc aux yeux de Tom, seule la marteau-thérapie fonctionnait.
-S'il te plait, Sirius, soupira Tom.
-Je ferais mon possible, capitula Sirius.
Conscient qu'il n'obtiendrait rien de plus, Tom déposa sur la table sa dernière cargaison de fioles de soins, salua son invité avant de prendre le chemin de la sortie.
