Note de l'auteur :
Bonjour à toutes et à tous ! J'imagine que ces quelques chapitres vont ont mis l'eau à la bouche et que vous êtes impatient d'en savoir plus.
Ou pas.
Dans tous les cas, je suis heureuse de voir qu'elle vous plait et que vous l'hésiterez pas à me faire part de vos impressions et de vos critiques.
Deux reviews m'ont interpellé, où on m'a reproché des chapitres lourds, brouillons, volatiles et partant dans tous les sens. Il est vrai que j'installe des personnages peu présents dans le canon mais je ne pensais pas vous assommer avec la longueur des chapitres et toutes les informations que j'y dévoile !
Mais bref, je vais vous laisser à votre lecture et en espérant que vous apprécierez autant ce chapitre que les autres.
Gros bizoux
Crystal of Shadow


Où le danger ne provient pas des mêmes endroits

-Nous allons travailler aujourd'hui sur les détraqueurs, annonça Severus Snape.

Sur ordre de Dumbledore, le maître de potions avait repris le cours de défense contre les forces du mal. Contrairement aux pronostics, les élèves adoraient le cours où enfin, ils apprenaient quelque chose d'utile. Un grand changement par rapport à l'année précédente. Parce que rien que pour emmerder son supérieur – la rumeur comme quoi il convoitait ce poste n'était pas de son fait mais bien de Dumbledore – il avait remisé sa personnalité antipathique de professeur de potions pour devenir un professeur de défense pédagogue et intéressant. Ce qui ne plaisait guère au directeur.

-La légende veut que ce soit des créatures magiques créées à la suite d'un accident, fit Severus. Personne ne sait si c'est vrai ou non, le seul fait dont nous soyons certains est qu'ils existent. Quelqu'un peut me les décrire brièvement ?

Hermione ne leva pas la main. Bien qu'elle soit toujours considérée comme une Miss Je Sais Tout, elle avait cessé de vouloir répondre à tous et à tout dès la deuxième année. C'était beaucoup plus satisfaisant pour elle d'écraser toutes les mauvaises langues sans étaler ses connaissances à tout bout de champ.

Severus laissa son regard couler sur la salle de classe. Ce serait bien trop facile d'interroger Harry Potter sur le sujet car tous les élèves savaient qu'il avait une sensibilité accrue à ces créatures. Non, il lui fallait un parfait imbécile pour répondre …

-Mademoiselle Brown, susurra Severus.

-Monsieur ? sursauta Lavande, prise en flagrant délit d'inattention

-Je veux une description des détraqueurs, répéta Severus.

-Euh … balbutia Lavande.

-Très éloquent, railla Severus. En clair, maintenant ?

-Je ne sais pas, monsieur, capitula Lavande.

-Vous ne savez rien sur les détraqueurs, c'est cela, mademoiselle Brown ? s'étonna Severus. Je me demande bien où vous étiez pendant votre troisième année alors …

Il y eut des rires discrets.

-Vous n'avez qu'à demander à Harry ce qu'il sait, protesta Lavande.

-Pourquoi je demanderai à un élève qui a fait l'effort de se renseigner sur des créatures qui lui font autant d'effets ? fit Severus. Je sais que les informations de Potter seront les plus exactes possibles, à mon plus grand regret. Mais ça ne servirait aucunement l'intérêt de cette classe donc c'est pour cela que je vous interroge, mademoiselle Brown. Je vous enlève quarante points pour ne pas avoir su répondre à la question alors que vous auriez dû et pour votre insolence.

Severus se détourna de la jeune fille.

-Un autre volontaire ? fit Severus. Et avant qu'un autre ne s'insurge injustement, je ne compte interroger ni monsieur Potter, ni monsieur Longbottom et ni mademoiselle Granger. Les Serpentards ont eu un cours complet de ma part sur le sujet à l'époque donc je sais exactement ce qu'ils savent sur le sujet. Je me répète donc pour la dernière fois. Un autre volontaire ?

Padma Patil se risqua à lever la main.

-Mademoiselle Patil, je vous écoute, fit Severus.

-Ce sont des créatures qui se nourrissent des sentiments positifs, répondit Padma. C'est l'une des raisons qui a poussé le ministère de la magie anglais à en faire les gardiens de la prison sorcière d'Azkaban. Ils sont également les bourreaux des sorciers puisqu'ils peuvent, par un baiser, aspirer l'âme d'un sorcier.

-Correct, quinze points pour Serdaigle, déclara Severus. Mais je ne crois pas que vous adhériez à cela, je me trompe ?

-Nous croyons à la réincarnation des âmes en Inde, expliqua Padma. Comme ici, les âmes des criminels servent de nourriture à ces créatures, à nos yeux, leur cycle de réincarnation est définitivement interrompu. Cela peut influencer sur l'équilibre de la Magie et c'est pour cela que ma famille et moi trouvons cette pratique barbare.

-Mais ce sont des criminels ! protesta Ron. Ils méritent d'être Embrassés ! T'es vraiment stupide de ne pas voir ça !

-Monsieur Weasley ! claqua Severus. Cinquante points en moins pour avoir parlé sans autorisation et pour avoir insulté une camarade. Et si vous l'ouvrez encore, ce sera le double !

Sensible à la menace, Ron ferma sa grande bouche et se rassit.

-Vous avez pris la bonne décision, railla Severus. Votre point de vue est intéressant, mademoiselle Patil. Mais comme vous venez de le voir, les sorciers anglais de pure souche aiment rester sur leurs acquis. Seuls ceux qui ont une double culture peuvent avoir un autre point de vue. Si le sujet intéresse des élèves, il se pourrait que j'organise un débat.

Les élèves se regardèrent, indécis. Severus pouvait voir qu'ils étaient assez tentés d'avoir le débat mais d'un autre côté, ils ne savaient pas trop quoi dire. Comme Weasley, ils avaient leurs propres acquis et ils croyaient fermement qu'ils avaient raison. Oui, pensa le professeur, ce serait une bonne idée, mais il fallait réduire au silence les plus butés d'entre eux, à commencer par Ronald Weasley.

-Mais ce n'est pas le sujet d'aujourd'hui, trancha Severus. Les détraqueurs sont des créatures particulières. Pourquoi sont-elles dangereuses ?

Plusieurs mains se levèrent.

-Monsieur Finch-Fletchley, fit Severus.

-Ils peuvent tuer en nous Embrassant, déclara Justin.

-Faux, rétorqua Severus. Quelqu'un pour corriger ?

Mis à part les Serpentards, Harry Potter, Hermione Granger et Neville Longbottom, tous les autres se regardèrent, surpris. C'était la croyance populaire pourtant.

-Mademoiselle Granger, désigna Severus.

-Les détraqueurs ne tuent pas à proprement dit, répondit Hermione. Le baiser du détraqueur lui permet d'aspirer l'âme de la créature pour l'avaler. Le corps vit encore mais est considéré comme étant en mort cérébrale, puisque l'esprit qui le dirige est détruit quand l'âme est aspirée. Comme les fonctions basiques sont de moins en moins assurées, le corps meurt en quelques mois environ. Quatre en moyenne, si mes souvenirs sont exacts.

-Correct, déclara Severus.

Il aurait pu donner des points mais il ne pouvait pas totalement sortir de son personnage de maître de potions qui déteste les Gryffondors ! Il ne leur sautait plus à la gorge à la moindre occasion, c'était déjà suffisant …

-D'autres raisons pour lesquelles les détraqueurs sont dangereux ? demanda Severus

Padma Patil leva la main. Lavande Brown voulut l'en empêcher mais l'Indienne lui lança un regard noir.

-Une raison particulière pour laquelle vous ne souhaitez pas que mademoiselle Patil réponde à ma question ? susurra Severus en s'approchant du duo

Brown défia rapidement du regard le professeur avant de baisser les yeux, gênée. Cela suffit amplement pour Severus pour utiliser la Legilimencie rapidement et découvrir que la jeune fille ne voulait pas que son amie participe au cours du professeur qui venait de l'humilier.

Ah, les gosses …

-Mademoiselle Patil, nous vous écoutons, fit Severus.

-Les détraqueurs se nourrissent de sentiments positifs, comme la joie ou le bonheur, fit Padma. Sans sentiments positifs, l'être humain peut entrer en dépression, qui est une maladie mentale reconnue. Les symptômes sont divers et variés mais les plus graves restent les tendances suicidaires.

-Vous parlez en connaissance de cause, comprit Severus.

-Un membre de ma famille, répondit simplement Padma en jetant un regard inquiet à sa sœur de l'autre côté de Lavande.

Severus a toujours eu l'habitude de se renseigner sur les nouveaux Serpentards. Mais depuis qu'il avait découvert que la vie d'Harry Potter était très loin de ce qu'il avait pu imaginer – bien aidé par les fausses informations de Dumbledore – il faisait la même vérification pour tous les nouveaux élèves. Il avait ainsi appris que les Patil, au moment où ils étaient arrivés en Angleterre, étaient accompagné du jeune frère de la mère, fraîchement majeur. Par encore aux faits des différences avec l'Inde, il avait utilisé plusieurs sorts considérés comme « noirs » en Angleterre. Il avait été attrapé par les aurors et avant qu'il n'ait pu se justifier, il avait été condamné à un an à Azkaban. Le patriarche Patil avait fait des pieds et des mains pour le libérer, surtout qu'il s'agissait d'une énorme erreur judiciaire parce que le jeune homme n'était pas Anglais mais Indien. Il avait finalement été libéré mais deux mois dans cet enfer avaient réussi à briser le jeune Indien. Visiblement, ça avait également durement ébranlé ses cousines qui étaient très jeunes à l'époque. Mais il n'avait pas souvenir qu'il soit mort.

-Dix points pour Serdaigle, lâcha Severus. Vous attendez quoi pour prendre des notes ?

Les grattements des plumes sur les parchemins s'élevèrent dans la salle. Le maître de potions passa entre les tables pour vérifier ce qui était noté. Sans surprise, celles de certains étaient brouillonnes et ne voulaient rien dire. Il allait devoir demander à Harry et ses amis de ne pas prêter leurs notes pour le prochain devoir.

-Bien, fit Severus. Comment peut-on se protéger des détraqueurs ?

Plusieurs mains fusèrent.

-Monsieur Macmillan, interrogea Severus.

-Le sort du patronus, sourit Ernie. Harry sait en faire un !

L'intéressé se renfrogna tandis que Severus se retint de lâcher un grognement agacé. Pendant la troisième année d'Harry, le professeur de défense de l'époque, Remus Lupin, avait proposé au brun de lui apprendre le patronus, aux vues des réactions extrêmes qu'il avait. Severus Snape avait maudit le loup garou de cette initiative car outre l'autorisation du tuteur qui avait été complètement oubliée – Severus avait vérifié – Lupin n'avait même pas pris en compte l'état physique et psychologique de l'enfant en présence de ces créatures. Severus avait dû, en plus de ses traitements pour enrayer sa malnutrition et son organisme affaibli par les Dursley, modifier ces derniers pour une version plus puissante et l'initier très vite à l'occlumencie. C'était d'ailleurs uniquement à cela qu'il avait pu lancer le sort d'abord dans la sécurité de la salle de classe puis pour sauver ses amis et lui de la centaine de détraqueurs qui s'étaient rassemblées au bord du lac. Mais tout fier de ce petit exploit, Lupin avait clamé à qui voulait l'entendre que c'était grâce à lui qu'Harry pouvait maîtriser ce sort. Avant même d'y avoir réfléchi, Severus avait lâché sa condition de loup garou, le poussant à démissionner. Il nierait même sous la torture que c'était uniquement pour venger Harry. Il préférait que tout le monde croie que c'était en souvenir de ce que les Maraudeurs lui avaient fait pendant leur scolarité. De toute façon, personne n'aurait pu croire que le lendemain de la petite aventure de ses élèves, soit trois jours avant que Severus lâche sa bombe sur un coup de tête, Dumbledore en personne avait révélé au conseil d'administration la condition de Remus Lupin et avait joué une scène magnifique où il s'était dit trompé par son ancien élève. Severus n'était même pas sûr que Lupin ait vu sa lettre de licenciement.

-Qu'il sache le faire ou pas n'est pas la question, susurra Severus. Est-ce que vous savez au moins comment lancer ce sort que vous avez pu mentionner ?

Le Poufsouffle se statufia. Comme les autres, il aurait pensé qu'il aurait interrogé Harry pour lui demander ce qu'il savait du sort, comme tout professeur normal.

Mais Severus Snape n'était pas un professeur comme les autres. Normal était le terme le plus éloigné pour le décrire en fait.

-Euh … fit Ernie.

-Eloquent, que c'est surprenant, railla Severus. Si votre but en donnant le nom de monsieur Potter était de le faire être interrogé, vous vous êtes lourdement trompé. Il me semble avoir dit tout à l'heure que je ne comptais pas le faire participer à ce cours plus que de raison, parce qu'il sait tout ce qu'il faut savoir sur le sujet.

Severus avisa l'heure. Il ne comprenait pas pourquoi Dumbledore avait réduit les cours de défense cette année, les faisant passer à deux heures deux fois par semaine à une heure deux fois par semaine.

-Je veux un parchemin de cinquante centimètres sur le sort du patronus, annonça Severus. Pour pouvez sortir.

Tandis que les élèves s'afféraient à ranger leurs affaires, Severus passa devant la table d'Harry et glissa un morceau de papier dans son sac. Nul doute qu'il le verrait automatiquement et qu'il se rendrait dans ses appartements pour avoir des explications.

§§§§§

Samain était là et Harry était particulièrement renfermé. Quand il avait appris la véritable signification du 31 octobre dans le monde sorcier, il avait été déçu de ne voir qu'un banquet sans aucun hommage aux Morts. Très vite, avec Hermione et Neville, ils avaient fait leur propre cérémonie à laquelle ils avaient convié leurs amis au fil des années. D'ailleurs, le brun pouvait remercier le château qui leur avait fourni dès la première année la salle sur demande. Dans la nuit du 31 octobre au 01 novembre, toute la petite bande se retrouvait pour la célébration magique et jamais ils ne s'étaient fait prendre.

Mais ce jour-là, Harry n'était pas à l'aise dans sa peau. Quand il s'était réveillé, il s'était senti agité, en attente. La lumière du jour lui blessait particulièrement les yeux et dès qu'il le pouvait, il se réfugiait dans les coins les plus sombres des couloirs. Il avait pu cacher son état à ses amis en prétextant une migraine assez sinueuse et comme ils savaient que Voldemort s'amusait particulièrement à cette date, ils avaient accepté l'explication.

Harry savait que d'un seul coup d'œil, Severus avait noté qu'il ne se sentait pas très bien et que des potions l'attendraient dans ses appartements. Après le cours sur les détraqueurs, Harry s'était rendu dans les appartements du maître de potions et avait appris que Dumbledore était inquiet à son égard. L'aîné lui avait demandé de faire très attention, d'autant plus qu'il se transformait.

-Harry ?

Le brun se retourna et se trouva nez à nez avec Albus Dumbledore. Tiens donc, quand on parlait du loup …

-Professeur, salua Harry. Que puis-je pour vous ?

-Je me suis rendu compte que nous n'avions pas eu l'occasion de discuter depuis le début de l'année, sourit Albus. Que dirais-tu d'une tasse de thé ?

Le jeune homme réfléchit quelques instants. Malheureusement, il n'avait aucune raison de refuser l'invitation. Mais il fallait qu'il soit particulièrement prudent et bien sûr, qu'il ne croise pas son regard.

-Ce sera avec plaisir, professeur, sourit Harry.

-Je crois savoir que ton dernier cours se termine à seize heures, fit Albus. Que dirais-tu de venir à seize heures trente ?

-Je serais là, fit Harry. Bonne journée professeur.

-A toi aussi, Harry, sourit Albus.

Le brun s'éloigna mais décida de faire une halte dans les appartements du maître de potions pendant la pause du déjeuner. Pour des cas d'urgence – et ç'en était un – il pouvait entrer directement dans l'antre de Severus Snape. Depuis le temps, il connaissait toutes les potions qu'il pouvait prendre sans risques ainsi que leur posologie. Il engloutit rapidement une fiole d'anti douleur et s'empara d'une autre d'aiguise-méninge. L'année dernière, après l'échec cuisant pour arrêter les visions – qu'il savait désormais provenir de Voldemort – par l'occlumencie, Severus lui avait donné cette astuce pour au moins détecter les intrusions dans son esprit. L'élève avait testé la technique et avait été époustouflé par cette méthode transverse. Elle allait devoir faire ses preuves dans les plus brefs délais.

La journée se passa et l'état d'excitation d'Harry augmenta, de même que son mal de tête. Quand vint le dernier cours de la journée, le brun avala l'aiguise-méninge et se rendit dans son dortoir pour y poser ses affaires. Mis au courant de la « convocation », Hermione, Ginny, Luna et Neville l'accompagnèrent jusqu'à la gargouille gardienne et lui assurèrent silencieusement de leur soutien. Inspirant un bon coup, Harry grimpa les escaliers et toqua à la porte.

-Entre, Harry, fit la voix de Dumbledore.

Le jeune homme jeta un regard curieux sur les alentours pendant qu'il prenait place dans le fauteuil indiqué. A la fin de l'année scolaire dernière, alors qu'Harry était choqué par la disparition de Sirius, le directeur lui avait révélé le contenu de la prophétie qui s'était brisée dans le département des Mystères. Furieux, Harry avait littéralement retourné le bureau d'Albus Dumbledore mais aujourd'hui, il remarquait qu'il n'y avait plus aucune trace de dégâts. Avec la magie, on pouvait faire tellement de choses …

Le directeur proposa une tasse de thé qu'il refusa avant d'embrayer rapidement sur les cours. Le jeune homme donnait des phrases courtes et précises, ne voulant pas s'étaler sur sa vie privée.

-Tu me sembles assez mal en point, constata Albus. Un problème ?

-Une baisse de régime, avoua Harry du bout des lèvres. Je pense qu'il me manque des vitamines.

-Des quoi ?

Harry retint un sourire ironique alors qu'il lui expliquait les préconisations moldues pour garantir à tous une bonne hygiène de vie. En notant la consommation quasi industrielle de bonbons au citron du directeur, le brun s'était renseigné sur les maladies qui courraient chez les sorciers. Bien que la magie éloigne définitivement le spectre de l'obésité, le diabète était commun aux moldus et aux sorciers et Harry s'était toujours demandé comment Dumbledore pouvait ne pas être touché par ce fléau. Mais bref, ce n'était pas le sujet.

-Est-ce que tu es allé voir madame Pomfrey ? proposa Albus

-Je préfère m'en sortir par moi-même avant, s'excusa Harry.

Avant Poudlard, il n'avait jamais eu l'occasion de voir un médecin, puisque Vernon Dursley estimait qu'il n'allait pas en plus dépenser de l'argent pour un moins que rien. En revanche, il s'était trouvé des talents en automédication qui avait failli coûter de nombreuses fois la vie à Harry, quand ce n'était pas ses coups. Plusieurs fois, Vernon lui avait fait avaler de force des comprimés, notamment des somnifères, pour l'empêcher de le réveiller au beau milieu de la nuit. Heureusement, alors que les médicaments étaient sur le point de faire effet, Pétunia arrivait pour lui faire un lavage d'estomac avec les moyens du bord. C'était pour cela qu'Harry avait la plus grande réticence à consulter un médecin – ça n'aidait pas quand on savait que quand il était très jeune, Vernon diabolisait les actes des praticiens pour que le brun en ait une peur bleue – mais encore plus de prendre des médicaments et des remèdes. La seule manière pour lui d'en prendre était de les brasser lui-même ou de savoir ce qu'il y avait exactement. Devant cette phobie – ça avait été la croix et la bannière pour lui faire avaler le pouss'os en deuxième année – Severus Snape s'était résolu à lui donner dans le plus grand secret des cours de potions. D'après le maître, Harry pouvait passer sans problème ses ASPIC depuis sa cinquième année.

Harry sortit rapidement de ses pensées pour se concentrer sur son interlocuteur.

-Madame Pomfrey est là pour t'aider, fit Albus.

-Je le sais, assura Harry. Mais la plupart des problèmes bénins peuvent être résolus sans passer par un médecin. Si le fait de prendre des fruits frais ne change rien, alors j'irais la voir.

Non pas qu'il n'ait pas confiance en l'infirmière de l'école mais son rôle restait ambigu. En tant que personnel médical, elle n'aurait pas pu passer sur les nombreuses traces d'abus et ne pas en référer à qui que ce soit. Pour tout dire, elle ne lui en avait même pas parlé ! Harry préférait prendre ses précautions et ne pas l'impliquer plus que nécessaire. D'autant plus qu'il était de moins en moins sorcier.

-Je suis obligé d'insister, fit Albus.

Harry se retint d'étrécir le regard. Est-ce que quelque chose avait trahi son état de santé réel ? Si oui, il devait savoir quoi.

-Ça ira, professeur, sourit faussement Harry. Je vous promets que si ça va mal, je consulterai quelqu'un.

Seulement, il ne précisait pas qui.

-Soit, capitula Albus. Mais je m'inquiète quand même pour toi, tu sais. Si tu as besoin de parler, ma porte te sera toujours grande ouverte.

Harry retint un reniflement dédaigneux. S'il écoutait aussi bien que quand il lui avait dit qu'il ne voulait pas retourner chez les Dursley, alors autant parler dans le vide !

-Je saurais m'en souvenir, sourit faussement Harry. Je vais être obligé de vous laisser, je n'ai pas encore commencé mes devoirs.

-Fais donc, fit Albus. Je te souhaite une bonne fin de journée.

-A vous aussi, professeur, répondit Harry.

Le brun s'empêcha de courir hors de la pièce. Une fois au pied de la gargouille, il prit la direction de la forêt interdite pour reprendre son souffle.

La sensation d'oppression qu'il avait ressenti à Privet Drive était la même que celle dans le bureau du directeur. En calculant deux et deux, il n'était pas compliqué de comprendre que c'était les protections que le professeur Dumbledore avait installées sur la maison moldue qu'Harry avait senti. Mais le jeune homme était certain que lesdites protections n'étaient pas faites pour le protéger. Les impressions qu'il avait n'était pas de la bienveillance ou la sécurité mais il ne pouvait pas aller jusqu'à dire qu'il avait perçu de la malveillance voire de la haine. Non, les sentiments qui lui parvenaient étaient trop flous pour lui.

La nuit tombait déjà et Harry se sentit se calmer. Quand il était encore chez les Dursley, après son anniversaire, il avait remarqué qu'il se sentait plus à l'aise dans les bois ou dans les champs. Depuis la rentrée, ses nerfs se calmaient radicalement quand il se promenait aux abords de la forêt interdite. Quand il était particulièrement agacé, il se recouvrait de sa cape d'invisibilité et s'enfonçait dans les bois pour y marcher toute la nuit. Avant que sa vie ne change encore plus, il n'avait jamais ressenti l'envie de se retrouver dans des endroits aussi isolés. Mais maintenant … il en était presque à les rechercher. Et c'était pire en période de pleine lune ou de nouvelle lune.

Soupirant lourdement, il avisa l'heure et décida d'aller manger. Ses amis furent rassurés de le voir et ne le harcelèrent pas de questions sur l'entretien qu'il avait eu avec le directeur. Hermione alla même jusqu'à lui prendre la main pour le rassurer, attirant sur eux le regard brûlant et jaloux de plusieurs garçons, et plus particulièrement celui de Ron Weasley. Depuis que la jeune fille était apparue métamorphosée au bal du tournoi des Trois Sorciers au bras du joueur de Quidditch Viktor Krum, la plupart des mâles de l'école avait pu entrevoir la magnifique jeune femme qu'elle allait devenir. Le roux avait le béguin pour elle et parce qu'il gravitait autour de la bande, il croyait toujours que c'était réciproque. Malheureusement pour lui, ce n'était pas le cas et le fait qu'il sorte avec Lavande Brown n'avait fait ni chaud ni froid à Hermione.

Alors qu'ils étaient couchés depuis une heure, Harry ne parvenait pas à s'endormir. L'excitation qui l'envahissait depuis le début de la journée et qu'il pensait calmée après sa petite balade était revenue en force. Limite en transe, il se rhabilla, jeta sa cape d'invisibilité sur ses épaules et quitta la tour Gryffondor. Très vite, il prit la direction de la forêt interdite et cette fois, il s'enfonça dans les sous-bois. Plus il avançait, plus il avait envie d'ôter tous ses vêtements. Arrivant dans une clairière, il ne tint plus et les jeta au pied d'un arbre.

Soudain, il se cambra de douleur et il hurla de toutes ses forces.

Il était minuit.

§§§§§

-Il s'éveille.

La silhouette se redressa.

-Savez-vous où il se trouve ? demanda le deuxième

-Pour l'instant, en relative sécurité, répondit le premier.

-Relative ? releva le deuxième

-Il a des alliés et des ennemis au même endroit, précisa le premier.

-Devons-nous le rejoindre ? demanda le deuxième

-Il n'est pas en danger, fit le premier. Du moins, il ne se perçoit pas en danger de mort.

-Et concernant son éducation ? demanda le deuxième

-Les gobelins se souviennent parfaitement des anciens pactes, souligna le premier. Je ne me fais pas de soucis. En attendant, cherche-moi toutes les informations sur lui. Je ne souhaite pas arriver comme un cheveu sur la soupe.

-Quel type d'information ? demanda le deuxième

-Là où il vit, ses amis, ses professeurs, la politique actuelle, tout, réfléchit le premier. Et bien sûr, ses convictions.

-Cela prendra du temps, constata le deuxième.

-Tu as de la chance, tu as jusqu'à son anniversaire, railla le premier.

-Il en sera fait selon vos ordres, monseigneur, s'inclina le deuxième.