Note de l'auteur :
Bonjour à toutes et à tous !
Je voudrais remercier toutes les personnes qui ont commenté mes fictions et je vous assure que je les lis toutes avec attention car elles me font chaud au coeur.
Je profite de cette note pour vous informer que j'ai publié deux one-shot en parallèle à Or damné et à Renouveau. La première est publiée en tant qu'OS et se nomme Et si les Potter avaient quitté le pays et il me semble que le titre est des plus explicites ! Le second se trouve dans le recueil Brèves de vie et se nomme Quand Poudlard se rebelle. Si j'ai décidé de le publier là, c'est à cause d'un élément bien particulier que vous aurez tôt fait de découvrir.
Je vous laisse maintenant à votre lecture.
Gros bizoux
Crystal of Shadow
Appréhender l'avenir
-Je sais que tu es une Voyante, annonça Harry.
Luna sursauta.
-Comment ? s'étonna Luna
-Je ne peux pas te l'expliquer, grimaça Harry. Ça fait partie des changements que je vis en ce moment.
Le brun ne pouvait pas encore expliquer que sa nouvelle nature le rendait plus sensible à son environnement et qu'il avait senti des pics de magie autour de la blonde. Quant au fait qu'elle soit Voyante … Il le savait, c'était tout.
-Très bien, fit Luna. Je sens que les vacances d'été seront riches en révélation.
-Je ne te le fais pas dire, sourit Harry. Luna, j'ai senti que ta magie avait été grandement perturbée la semaine dernière. Et je sais que ça n'a rien à voir avec la correction que tu as donnée à certaines Serdaigles.
Luna s'assit par terre et Harry la suivit pour la prendre dans ses bras. Heureusement que Neville comprenait parfaitement la relation entre eux deux et savait qu'il n'avait rien à craindre.
-J'ai vu que ton anniversaire allait commencer dans le sang, souffla Luna.
-Tu penses à une attaque de Voldemort ? demanda Harry
-Harry … fit Luna. C'est toi qui allais faire couler le sang. Et ce n'était pas en état de légitime défense.
Harry réfléchit. Dans les grimoires qu'il étudiait, il avait bien compris que son envie de sang grimperait exponentiellement au fur et à mesure que son anniversaire approcherait.
-Raconte-moi, pria Harry.
A voix basse, la blonde lui raconta ce qu'elle avait vu. Sa voix ne masquait pas l'horreur qui l'avait frappé en voyant la quantité de sang, la sauvagerie qui s'était déchaîné.
La satisfaction manifeste dans le regard de l'auteur des faits.
Dans le regard d'Harry.
-Je ne vais pas te mentir, soupira Harry. Je ne sais pas si ça arrivera. Mais il y a beaucoup de probabilité que ça puisse se passer.
-Harry ! protesta Luna. On parle du meurtre de ta famille !
Harry passa une main gênée dans ses cheveux.
-Luna … souffla Harry. Tu as eu une mère qui t'aimait de tout son être et un père qui te traite telle une princesse. Mes parents sont morts quand j'avais quinze mois, tués parce qu'ils ne voulaient pas adhérer à une idéologie obscure. J'ai été placé chez ma tante maternelle qui a toujours montré qu'elle ne voulait rien avoir à faire avec la magie. Parce que je suis orphelin et Sorcier, je n'ai jamais eu de place dans la famille. Je n'ai jamais été accepté par ma famille de sang. Pour eux, je n'étais rien et pour moi, ils n'étaient que des tortionnaires. Alors que tu me voies les tuer dans d'atroces souffrances ne m'étonne pas spécialement.
-Mais … fit Luna.
-Ces filles qui t'ont attaqué, est-ce que tu n'aurais pas envie de les tuer ? coupa Harry
Luna dut en convenir.
-Si je ne retenais pas … avoua Luna.
-C'est la même chose avec les Dursley, rebondit Harry. Je n'ai jamais reçu un seul geste gentil, même aimable de leur part. Leur mort ne me ferait ni chaud ni froid. Alors de ma main … Ce ne serait qu'un juste retour des choses.
-Mais tu ne vas pas le faire, maintenant que tu sais ? supplia Luna
Harry y réfléchit. Vraiment. Il aurait bien aimé ne ressentir que de l'indifférence mais il ne vivait pas dans le monde des Bisounours et le ressentiment qu'il avait envers sa famille biologique confinait presque à la haine en retour à la leur. Honnêtement, il savait qu'il ne verserait aucune larme s'ils venaient à passer de vie à trépas. Mais il ne se voilait pas la face, il savait qu'on ne cherchait qu'une excuse pour qu'on s'en prendre à lui. Alors l'accuser de la mort de sa famille dont il ne cachait pas les abus … il serait directement désigné coupable et on ne chercherait même pas à savoir s'il avait des circonstances atténuantes.
-Je vis chez eux, soupira Harry.
-Harry … fit Luna.
-Je sais, déclara Harry. Mais tant que je ne suis pas majeur, je suis obligé de leur rendre des comptes. Mais je vais m'arranger.
Il comprit très vite qu'il n'avait pas réussi à la rassurer. Il passa donc l'heure suivante à lui parler jusqu'à ce qu'elle soit totalement détendue.
§§§§§
-Est-ce qu'il y a possibilité que vous vous absentiez totalement du domicile des Dursley pour toutes les vacances ? demanda Severus
-Lesquelles ? demanda Harry. Je vous rappelle que je vais devoir me rendre dans la maison de Sirius pour les fêtes de fin d'année.
Severus maudit Dumbledore. Même s'il ne portait pas dans son cœur Sirius Black, il ne comprenait pas pourquoi le directeur n'avait pas pris les mesures qu'il fallait pour le soigner. Lors des réunions de l'Ordre du Phénix, il lui était déjà arrivé de consulter quelques grimoires de la bibliothèque de la famille Black et il avait assisté à plusieurs crises de panique et d'angoisse de la part du propriétaire des lieux. Son état de santé n'avait pas arrangé les décisions – idiotes, on ne pouvait pas se leurrer – qu'il avait prises pour soi-disant protéger son filleul.
Paix à son âme.
-Cet été, précisa Severus.
-Je dois malheureusement rester chez eux le jour de mon anniversaire, rappela Harry.
Pour pouvoir sortir Harry de son enfer, Severus avait longuement étudié les protections autour du jeune homme. Il avait découvert que Dumbledore prenait soin de vérifier à date fixe la présence d'Harry chez les Dursley, le 31 juillet plus exactement. Ils s'étaient donc arrangés pour que le plus jeune passe cette journée en particulier chez ses tortionnaires mais qu'il disparaisse le reste des vacances.
-Je ne suis pas serein, avoua Severus.
-Pourquoi ? s'étonna Harry
-Je ne vous cache pas que le dix-septième anniversaire d'un sorcier revêt une très grande importance, fit Severus. Celui d'un Sang Pur encore plus. Et avec ce que nous a appris Draco, je crains qu'on ne veuille vous garder sous tutelle jusqu'à ce que vous vainquiez Voldemort … ou que vous mouriez de sa main.
-Ce n'est pas un secret, haussa des épaules Harry. Je dois trouver un moyen pour qu'on ne me colle pas quelqu'un dans les pattes pour une raison obscure et sûrement pas dans mes intérêts.
Severus hocha de la tête.
-J'imagine que nous devons attendre, souffla Severus. Est-ce que vous avez réfléchi à ma proposition ?
-Ce serait un honneur d'être votre apprenti, sourit Harry. Mais vous savez parfaitement que les problèmes viendront de votre côté.
Severus renifla. Effectivement, objectivement parlant, rien n'empêchait Harry d'accepter de devenir l'apprenti en potions de Severus Snape. Seulement, depuis que Dumbledore était à la tête de l'école, il déconseillait fortement les professeurs de prendre des apprentis et les submergeait de travail pour qu'ils soient dans l'incapacité physique de le faire. D'autre part, si Severus acceptait la candidature d'Harry, Voldemort ne pourrait pas s'attaquer au jeune homme sans perdre définitivement le maître de potions, enclencher les lois d'apprentissage, dites Lois de Merlin, et perdre totalement toute crédibilité aux yeux des Sang Pur et à l'international. Quant au ministère, il pousserait des cris d'orfraies parce que le Survivant aurait accepté un apprentissage auprès d'un mangemort. Il sentait poindre en avance les migraines …
S'il les laissait faire.
Il n'était pas né celui qui ferait plier Severus Snape.
-Je croyais que j'avais jusqu'à mon anniversaire pour me décider, reprit Harry.
-D'où le fait que je vous ai fait cette proposition depuis cet été, répondit Severus. Nous devons faire en sorte que si vous acceptez, cet apprentissage soit incontestable. L'idéal serait que Voldemort ne soit plus de ce monde mais comme ce n'est pas possible …
-Vous n'avez pas confiance en moi ? s'offusqua faussement Harry
-Pourquoi devrais-je mettre tous mes espoirs en un adolescent de seize ans qu'on refuse de former correctement ? ironisa Severus
Tous les deux avaient relevé l'absurdité de la situation dans laquelle ils étaient. Harry, désigné comme l'adversaire incontesté de Voldemort, poursuivait tranquillement sa scolarité alors qu'il aurait dû être entraîné. Pire, son éducation de base en défense contre les forces du mal avait été plus que malmenée par les différents professeurs qui étaient soit incompétents, soit n'étaient pas officiellement qualifiés et ce, sans que qui que ce soit ne s'insurge.
-Réfléchissez-y, demanda Severus. Vous devriez y aller.
-Bonne journée Severus, salua Harry en s'en allant.
§§§§§
-Tu vas voir, on va bien s'amuser ! s'excita Ron
Misère, soupira Harry dans sa tête.
Les regards d'Hermione et de Ginny exprimaient le même désespoir, celui de Luna et Neville la compassion.
Les vacances étaient arrivées et Harry avait eu la déplaisante surprise d'apprendre qu'il allait devoir se rendre au manoir Black en compagnie des Weasley et d'Hermione. Malheureusement, Dumbledore avait cru bon de prévenir Ron et ce dernier, connu pour ne pas savoir tenir sa langue, n'avait fait que coller le brun depuis qu'il le savait et déclarer à tout le monde qu'il allait passer les vacances ensemble. Et là, il s'était imposé dans leur compartiment, empêchant les Serpentards de venir les retrouver et exaspérant tout le monde.
Avant la fin des vacances, il y aurait mort d'homme, sans aucun doute.
Ils attendirent qu'il ait envie de se rendre aux toilettes – bien entendu, il avait pillé toutes les provisions de ses « amis » sans aucun état d'âme – pour que les autres soufflent de soulagement.
-Je vais le tuer, gronda Hermione.
-Pareil, grogna Harry.
Le regard inquiet de Luna croisa celui d'Harry.
-Ne t'inquiète, petite Fée, je suis civilisé, ricana Harry.
-Petite Fée ? releva Neville
-Vous n'aimez pas ? demanda Harry. Je peux arrêter, il n'y a pas de soucis.
-J'aime bien, avoua Luna. Si ça ne dérange pas Neville …
-Non, c'est bon, sourit Neville.
Harry eut un sourire de connivence avec Luna. La blonde ne pouvait qu'aimer ce surnom puisqu'il avait appris que le don de voyance était issu des Faë, traduit vulgairement en langage humain par « Grandes Fées ». C'était un grand hommage que d'être surnommée ainsi.
-Comment vous allez éviter ce crétin ? demanda Neville
-Je suis tenté de droguer sa nourriture, grogna Harry.
-Tu veux que maman hurle ? fit Ginny. Je tiens à mes oreilles, tu sais.
-Il faut surtout que je fasse en sorte de ne pas dormir dans la même chambre que cet abruti, déclara Harry.
-Bonne chance, ricana Ginny. Je te rappelle que maman est persuadée que vous êtes les meilleurs amis du monde.
-Plus pour longtemps, gronda Harry.
Luna écarquilla des yeux avant de s'asseoir sur les genoux d'Harry, de lui prendre la tête entre ses mains et de le regarder droit dans les yeux.
-Du calme, souffla Luna dans le creux de son esprit.
-Je ne savais pas que tu connaissais la télépathie, s'étonna Harry.
-Quand la situation l'exige, sourit doucement Luna. Tes yeux commençaient à devenir noirs et tes dents pointues. Ta nature se montrait au grand jour et il est trop tôt.
-Nous en reparlerons plus tard, promit Harry.
Avec délicatesse, il l'embrassa sur le front et ce fut sur ce moment de rare complicité que Ron revint.
-Hein ? grogna Ron, abasourdi. Je croyais que tu étais avec Ginny ?
-Lâche l'affaire, soupira Ginny devant tant de bêtise.
Luna retourna dans le giron de Neville et les conversations reprirent tout en excluant volontairement le roux qui ne s'aperçut de rien puisqu'il était occupé à dévorer ce qui restait de friandises.
Quand le train arriva à Londres, tout le monde récupéra ses bagages et attendit que le gros des élèves descende pour en faire de même. Luna et Neville les saluèrent avant de rejoindre Augusta Longbottom pour quitter le quai 9 ¾. Hermione, Ginny, Harry et Ron virent Molly foncer vers eux et les prendre chacun à son tour dans ses bras. Mais quand vint le tour d'Harry, ce dernier se déroba et renifla.
-Je crains d'avoir attrapé froid, se justifia Harry.
-Ce n'est pas grave, mon chéri, sourit Molly. Je connais quelques remèdes efficaces, tu verras …
La laissant babiller, le brun se retint de montrer les dents. Tout comme avec Dumbledore, l'odeur de Molly Weasley le révulsait et il ne tenait surtout pas à ce qu'elle le touche.
Le groupe se rassembla et un portauloin fut enclenché. Hermione serra fortement la main d'Harry, connaissant parfaitement la phobie de son ami par rapport à ce moyen de transport depuis le Tournoi des Trois Sorciers, ce que l'Ordre du Phénix avec Dumbledore en tête se faisait un devoir d'ignorer. Ils arrivèrent square Grimmaurd et aussitôt qu'ils furent stabilisés, le manoir Black apparut et ils entrèrent. Molly les poussa vers la cuisine pour que tous les enfants puissent prendre un bon repas mais Harry s'éclipsa rapidement dans un salon encore poussiéreux qu'il isola.
-Dobby ? appela Harry
-Seigneur Harry, s'inclina Dobby en apparaissant.
-Est-ce que tu as les documents que les gobelins t'ont confié ? demanda Harry
-Oui, seigneur Harry, répondit Dobby.
-Donne-les-moi, s'il te plait, pria Harry.
L'Elfe de maison fit apparaître un dossier qu'il tendit au sorcier. Ce dernier le consulta avant de tomber sur ce qu'il cherchait.
-Est-ce que tu as parlé à Kreattur ? demanda Harry
-Il estime qu'il ne fera rien tant qu'il n'aura pas la preuve que vous êtes plus qu'un « traître à son sang », déclara Dobby.
Harry sentit sa colère enfler. Passe encore que des sorciers le prennent pour un con, mais qu'un vulgaire elfe de maison remette la parole de l'un de ses serviteurs en doute ? Ça n'allait pas se passer comme ça !
-Quand penses-tu que je pourrais mettre à exécution mes projets ? demanda Harry, contenant difficilement sa colère
-Dès ce soir, assura Dobby. Je peux faire en sorte que vous ne soyez pas ennuyé cette nuit.
-Fais donc cela, ordonna Harry. Et que Kreattur n'intervienne pas jusqu'à ce que j'aie terminé.
-Bien, seigneur Harry, s'inclina Dobby avant de disparaître.
Harry cacha le dossier dans son sac sans fond avant d'arranger sa tenue et de se faufiler dans la salle de bain la plus proche. Il eut une grimace de dégoût quand il découvrit l'état de délabrement de la pièce. Et dire qu'elle clamait qu'elle savait tenir une maison …
Il se lava les mains et sortit de la pièce quand il se trouva nez à nez avec Molly.
-Harry ! s'exclama la matrone. Où est-ce que tu étais parti ?
-J'étais aux toilettes, répondit sèchement Harry. Je peux difficilement me perdre, non ?
Harry était vraiment agacé d'être autant fliqué. Il passa près de la rousse et se rendit au rez-de-chaussée. Avant d'entrer dans la cuisine, il inspira un bon coup pour reprendre son calme et poussa la porte. Hermione et Ginny lui sourirent de soulagement, Ron ne le remarqua même pas.
Autour de la tête se trouvait également Nymphadora Tonks, métamorphomage et auror, fille de la cousine reniée de Sirius, Andromeda.
-Tonks, salua Harry en prenant place.
-Bonsoir Harry, sourit Dora.
Le poil d'Harry se hérissa. La sensation qui émanait de la jeune femme était différente des autres. Autant il se méfiait de Dumbledore et de Molly, autant Dora n'était pas exactement une personne qu'il pouvait considérer comme un ennemi mais pour autant, il n'arrivait pas à lui faire confiance. Et maintenant qu'il l'avait en face de lui, il ressentait du mépris à son égard.
Le brun se servit rapidement mais ne fit que grignoter. Il reconnaissait les talents de cuisinière de Molly mais ayant été sous-alimenté durant toute son enfance, il était devenu par la force des choses plus gourmet que gourmand. Oh, il n'était pas difficile mais le peu qu'il mangeait chez les Dursley avait toujours été de qualité. Il avait toujours trouvé la nourriture de la sorcière assez lourde et même sans ça, il n'aimait pas se goinfrer.
Harry attendit que tout le monde ait fini de manger avant de les suivre à l'étage, puisqu'une réunion de l'Ordre devait se tenir plus tard dans la soirée.
-Tu ne veux pas savoir ce qu'ils vont se dire ? s'indigna Ron
-Pas vraiment, haussa des épaules Harry.
Le brun sortit ses affaires et referma soigneusement sa malle. En regardant son colocataire, il vit que ce dernier avait les yeux exorbités.
-Tu as de nouveaux vêtements ? demanda Ron
Son regard se posa sur le pyjama d'Harry qui soupira. Quand il avait changé sa garde-robe, il était tombé amoureux de la soie d'acromantula, aussi douce que solide, mais également très cher. Il avait craqué et s'était offert quelques-uns de ces vêtements hors de prix, notamment plusieurs pyjamas. Depuis le début de l'année, Ron ne les avait pas vu parce que soit Harry se couchait avant lui, soit après, mais jamais en même temps, surtout pour éviter la scène qui était en train de se dérouler.
-J'ai grandi, déclara simplement Harry.
Ce n'était pas faux. Avec son anniversaire, il avait eu une poussée de croissance. Faible – à peine une dizaine de centimètres – mais assez pour que ses vêtements ne lui aillent plus. Couplé à son intolérance aux matières synthétiques, il en avait profité et ne le regrettait absolument pas.
-Tu as acheté ça quand ? demanda Ron, visiblement jaloux. Pas quand on a fait les courses de la rentrée sinon, je t'aurais vu.
Encore heureux, renifla Harry.
Le brun connaissait la jalousie qui s'emparait du roux à chaque fois qu'il voyait quelque chose qui lui plaisait et qu'il ne pourrait jamais s'offrir.
-Je les ai commandés par correspondance, avoua Harry. Je les avais reçus avant de venir au QG cet été.
Harry se leva et préféra attendre devant la salle de bain qu'elle se libère. Discuter avec Ron Weasley était toujours aussi utile que de parler à un mur. Dans une certaine mesure, il était très égocentré et rien ne comptait plus que lui, lui et encore lui.
Hermione sortit de la douche et sourit à son ami avant de rentrer dans la chambre qu'elle partageait avec Ginny. Le brun s'engouffra aussitôt et s'isola pour souffler. Entre Molly et Ron, il avait vraiment envie de les déchiqueter et de répandre leurs entrailles partout dans la maison.
Et merde, Nolan !
Il se rappela avec force que Nolan l'avait prévenu que les jours d'équinoxe et de solstice, il aurait des pics d'agressivité. Il devait impérativement pouvoir rester seul ce jour-là mais ce n'était pas gagné.
Il se lava rapidement et repartit dans la chambre qu'il allait devoir occuper. Il prit grand soin de faire en sorte que Ron n'entre pas dans son espace vital puis alla souhaiter bonne nuit à ses deux amies avant de s'allonger dans son lit. Il fit semblant de dormir quand le roux fit mine d'engager la conversation mais n'eut pas à attendre longtemps avant qu'il ne ronfle comme un sonneur.
-Dobby ? appela doucement Harry. Fais en sorte que Ron ne se réveille pas et qu'il ne puisse rien raconter.
-Ce sera fait, murmura l'Elfe de maison.
L'instant d'après, il apparut et alluma la lumière.
-Ron Weasley n'est plus un problème, indiqua Dobby.
-Parfait, sourit Harry. Est-ce que la réunion de l'Ordre est terminée ?
-Non, seigneur Harry, répondit Dobby.
-Alors dès que ceux qui ne logent pas ici seront partis, tu feras en sorte que les autres dorment dans les plus brefs délais sans que ça ne soit suspect, ordonna Harry. Tu penses bloquer Kreattur encore combien de temps ?
-Autant de temps qu'il le faudra pour vous, seigneur Harry, déclara Dobby.
-Alors fais-le, ordonna Harry. Préviens-moi dès que c'est bon.
-Bien, seigneur Harry, s'inclina Dobby.
Harry n'eut pas à attendre très longtemps. Une heure et demie plus tard, toute la maisonnée dormait profondément. Il se leva, enfila un pull et des chaussures puis s'empara du dossier des gobelins et sortit de la chambre. Il se rendit dans la salle de bal, l'une des pièces les plus éloignées des chambres, puis se concentra. Il laissa sa magie errer dans toute la maison et localisa le cœur.
-Kreattur refuse que des traitres à leur sang… éructa Kreattur en apparaissant.
Mais Dobby arriva à son tour pour immobiliser l'elfe de maison.
-Je m'excuse, seigneur Harry, mais quand vous avez laissé votre magie envahir les lieux, il s'est libéré, s'excusa Dobby.
-Ce n'est pas grave, sourit Harry. On l'emmène. Suis-moi.
Ils descendirent dans les sous-sols du manoir et Harry fit basculer un mur qui cachait un passage secret. Le brun ouvrit grand les yeux quand il découvrit le cœur du 12 square Grimmaurd. Depuis que Ragnok lui avait donné la solution pour récupérer la demeure, il n'avait qu'une hâte, c'était de voir comment étaient ces magnifiques salles magiques. Et là, il n'était pas déçu du voyage. Mais malheureusement, il ne pouvait pas rester pour admirer les lieux. Il s'avança vers le piédestal et reconnut les armoiries de la famille Black.
-Seigneur Harry ? appela Dobby
-Je n'en ai pas pour longtemps, déclara Harry. Retiens Kreattur.
Il déposa le dossier sur le sol – de toute façon, il avait appris le rituel par cœur – et invoqua une dague. Il fit couler du sang sur l'autel.
-Harrison James Sirius Evans Potter Black, s'éleva une voix.
Harry se retint de sursauter.
-Harrison James Sirius Evans Potter Black, veux-tu revendiquer le clan Black ?
-Si la magie de la famille Black m'en estime digne, alors oui, répondit Harry.
-Qu'il en soit ainsi.
Harry ne se posa pas plus de question. Il traça les runes du rituel sur le sol et activa le cercle d'invocation en récitant l'incantation qu'il avait apprise par cœur. La magie se mit en action et le brun le sentit le traverser de part en part. Il sentit son envie de sang augmenter et ses dents poindre entre ses lèvres. Il comprit alors que sa nature reprenait le dessus mais contrairement à Samain, il avait encore le contrôle et aucun changement ne pointait à l'horizon.
-Tes intentions envers le clan Black sont claires.
-Je n'ai pas l'intention de le voir sombrer définitivement, assura Harry.
Le brun se retint de froncer des sourcils. Sa voix était bien plus grave qu'à l'accoutumée et il sentait ses muscles jouer contre sa peau. Oui, il avait gagné du poids depuis son anniversaire mais là, c'était comme si sa carrure avait drastiquement augmenté en un instant.
-Que ferais-tu de mieux que les derniers lords Black ?
-Je ne soumettrais plus le clan Black aux désirs pervers d'un sorcier qui ne recherche que le pouvoir comme Voldemort, gronda Harry. Je ne laisserai plus le clan Black se faire sacrifier au nom du plus grand Bien comme le faisait Dumbledore. Je refuse que quelques éléments corrompus ne mettent la main sur les richesses qu'a accumulées le clan Black pendant des siècles comme le fait le ministère. Je veux que le clan Black reprenne sa place parmi les plus grands.
-De grands projets …
-A la hauteur du clan Black, assura Harry.
-Qu'il en soit ainsi, Héritier Black.
Un grand flash de lumière l'aveugla et l'instant d'après, Harry se retrouva à l'entrée du passage secret.
-Seigneur Harry ? appela Dobby
-Dobby … souffla Harry.
-Je vais vous mener vous reposer et vous soigner, déclara Dobby.
-Kreattur va conduire Harry Potter Monsieur dans la chambre d'invité, croassa Kreattur.
Mais avant qu'il ne puisse faire un geste vers le jeune Sorcier, Dobby l'envoya bouler contre le mur.
-Tu es une honte pour notre race ! cracha Dobby. Passe encore que tu aies échoué à protéger la famille à laquelle tu es rattaché, mais que tu ne témoignes pas le respect qui est dû au seigneur Harry !
-Laisse, Dobby, souffla Harry. Ce n'est pas sa faute …
-Seigneur Harry ? demanda Dobby, un peu interloqué
-Conduisez-moi dans une chambre où je serais en sécurité, ordonna Harry.
Les deux elfes de maison acquiescèrent et le menèrent dans l'une des chambres de maître. Kreattur nettoya sommairement la literie tandis que Dobby y allongeait Harry.
-Dobby, j'ai besoin d'une potion d'énergie, ordonna Harry.
La potion fut rapidement engloutie et il se releva difficilement.
-Kreattur ! gronda Harry. Ici et maintenant, je reprends le clan Black. Mais tes actions ne jouent pas en ta faveur. Qu'est-ce qui m'empêche de me débarrasser de toi ?
-Monsieur Harry Potter … geignit Kreattur.
-Comme l'a dit Dobby, tu es une honte pour les tiens, coupa Harry. Même si je te donnais des vêtements, aucune famille magique ne voudrait de toi après que tu aies trahi ta dernière famille. Qu'es-tu prêt à faire pour retrouver une place digne ? Car autant te le dire tout de suite, si je ne te fais pas confiance, tu ne me serviras pas. Parle ! Quel est ton choix ?
Kreattur tremblait mais la compulsion ne l'empêcha pas de faire ce qu'il devait faire.
-Je jure sur ma magie que je servirais sans restriction la noble et grande famille Black, déclara Kreattur. Ma fidélité ira uniquement au clan Black.
Le lien magique s'établit entre Harry et Kreattur et l'elfe de maison s'évanouit. Le sorcier se laissa tomber sur le lit.
-Occupe-toi de lui, souffla Harry. J'ai une dernière chose à faire avant de me reposer.
Il invoqua une nouvelle dague et s'entailla la paume de la main.
-Au nom du clan Black, que ce manoir soit mis au secret, souffla Harry.
Un morceau de parchemin tomba au sol. Le jeune homme le ramassa et sourit en lisant ce qu'il y avait marqué dessus.
Le manoir d'hiver du clan Black se trouve au 12 square Grimmaurd à Londres, Angleterre
