Revers de médaille
Albus Dumbledore regardait la tablée avec bienveillance.
Mais en vérité, il était fou de rage.
Le lendemain du retour des enfants de l'école, le manoir Black avait réagi pour la première fois depuis son ouverture par Sirius et avait cantonné l'Ordre dans la cuisine principale et la salle de bal au rez-de-chaussée et cinq chambres et une salle de bain à l'étage.
Le plus inquiétant était qu'Harry, qui n'avait pas dormi dans sa chambre avec Ron, avait pu être dans une autre pièce qui n'était pas accessible par les membres de l'Ordre. Quand Molly avait appris qu'il avait dormi dans une chambre au troisième étage de la maison, elle avait voulu l'examiner mais un mur de magie l'avait empêché de monter au-delà du premier étage, contrairement à Harry qui n'avait pas été incommodé.
Bien entendu, dès que Molly l'avait prévenu, Albus avait fait une descente au QG et avait longuement interrogé le jeune homme mais ce dernier n'avait pas été d'une grande aide. Pire, après avoir compris qu'il n'y était pour rien dans cette histoire, le brun avait décidé unilatéralement de changer de chambre, se mettant ainsi hors de portée de ses manipulations. Molly avait bien tenté de le convaincre de revenir dans la chambre de Ron mais Harry avait refusé, arguant qu'il devait s'entourer en permanence d'un sort de Silence pour dormir dans le dortoir et que pour une fois, il ne voulait pas dormir que d'un œil pour ne pas subir les ronflements du roux.
Cela ne l'arrangeait pas. Harry avait déjà rejeté une fois Ron et il avait voulu profiter de la faiblesse apparente du jeune homme pour le soumettre à une potion d'obéissance voire une de contrôle. Il sentait qu'il lui échappait mais il ne comprenait pas comment. Certes, il aurait dû éloigner dès le début de l'héritier Longbottom mais quand il avait vu que c'était un peureux, il avait laissé faire. A tort, visiblement, puisqu'Harry ne faisait confiance à très peu de personnes et aucun adulte ayant la confiance d'Albus.
-Harry, mon chéri, tu n'as rien mangé ! s'exclama Molly
-Non merci, madame Weasley, sourit Harry. Je suis rempli !
Albus étrécit le regard. Cela faisait longtemps qu'il avait remarqué qu'Harry était sous-alimenté et il avait fait en sorte qu'il le soit à chaque fois qu'il retournait chez les Dursley. Il arrosait également les repas de l'adolescent de potions de Nausée pour l'empêcher de garder quoi que ce soit dans l'estomac. Mais là … c'était comme si on lui cachait quelque chose.
-Je suis obligé d'écourter le repas, annonça Albus. La réunion ne va pas tarder à commencer.
Ron râla ouvertement tandis que les trois autres se levaient calmement. Ça aussi l'intriguait. Pour le directeur, quand on cachait ouvertement quelque chose à des gosses, ils feraient tout pour découvrir ce qui se passait. Mais pas Hermione, Ginny ou Harry. Ces trois-là restaient stoïques et ne faisaient même pas mine de s'intéresser aux affaires de l'Ordre du Phénix. A la place, ils se penchaient sur leurs études avec un sérieux digne des Serdaigles. Il avait déjà poussé Ron à attiser leur curiosité mais rien n'y faisait.
Il observa les trois adolescents filer à l'étage mais dut se concentrer sur la prochaine réunion.
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Finalement, son excuse pour ne pas être touché par la mère Weasley allait lui servir, songea Harry.
Comme la chambre qu'il avait n'était pas accessible par les membres de l'Ordre, peu importait ce qu'il disait, personne ne pourrait vérifier. Cela l'avait frappé alors qu'il avait senti le regard de Dumbledore sur lui tout au long du repas. Il ne lui restait que deux jours avant de devoir s'isoler tranquillement. Bien entendu, comme la bibliothèque n'était plus du côté de l'Ordre, Harry avait pu la piller en paix une fois débarrassé de Ron qui tenait ab-so-lu-ment à venir voir où il allait dormir. Il y avait retrouvé un livre sur les maladies les plus courantes dans le monde Sorcier et il avait porté son choix sur une maladie bénigne mais qui devait être amplifiée puisqu'il vivait en partie dans le monde Moldu. Dobby fut heureux de lui fournir tous les ingrédients dont il avait besoin pour brasser les potions qui le feraient paraître malade. Il garda dans un coin de sa tête de remettre le bouquin aux jumeaux Weasley car il ne voyait qu'eux pour sécuriser et améliorer les recettes qui y étaient contenues.
Bien trop survolté pour dormir, le brun en avait profité pour faire des réserves. Rien que pour narguer Severus, il était tenté de les lui montrer … Tiens, peut-être à la rentrée, pour lui montrer qu'il ne se trompait pas en lui proposant un apprentissage.
-Seigneur Harry ?
-Bonsoir Dobby … ou devrais-je dire bonjour ? sourit Harry
-Il est six heures du matin, confirma Dobby.
-Que puis-je pour toi ? demanda Harry
-Kreattur n'a toujours pas repris connaissance, annonça Dobby. Je ne sais pas ce qu'il a.
Harry soupira.
-Peux-tu vérifier s'il n'est pas ensorcelé et si c'est le cas, est-ce que tu peux le désenvoûter ? souffla Harry
-Seigneur Harry … fit Dobby, ayant peur de comprendre.
Harry lui raconta alors les soupçons de Ragnok concernant Sirius et Kreattur. L'air de l'elfe de maison devint grave.
-Seigneur Harry, vous êtes en danger, déclara gravement Dobby.
-Ce n'est pas une grande nouvelle, sourit Harry.
-Non, fit Dobby en secouant la tête. Le seigneur Ragnok n'a pas tort en disant que si Sirius Black Monsieur était faible psychiquement, cela aurait influé sur les propres protections de Kreattur. Seulement, aucun sorcier ou mage ne peut normalement ensorceler un elfe de maison, c'est une histoire d'esprit à appréhender. Mais Dumbledore est un sorcier qui a une grande force d'esprit et ce ne serait pas étonnant qu'il ait pu faire céder Kreattur, surtout s'il est resté enfermé pendant des années sans sorcier pour le nourrir. Je ne serais pas surpris qu'il ait réussi.
-Dit comme ça, moins non plus, fit Harry. Que peut-on faire ?
-Kreattur est pour le moment en sécurité, répondit Dobby. C'est le mieux que nous puissions faire.
-Est-ce qu'on ne va pas s'inquiéter de sa disparition ? sursauta Harry
-C'est un problème, en effet, seigneur Harry, en convint Dobby. Je pourrais prendre sa place …
-Pas sans te mettre en danger, gronda Harry. Il en est hors de question !
-Je ne suis pas Kreattur, rappela Dobby. Je suis lié à vous et en plus d'être un mage puissant, votre nature me place sous votre protection.
-Oui, mais … protesta Harry.
-Faites-moi confiance, seigneur Harry, pria Dobby.
-Tu es un ami cher, Dobby, un ami que je ne tiens pas à perdre, déclara Harry.
-Vous êtes important pour moi aussi, sourit Dobby. En tant qu'ami autant que pour la Magie. Ne vous inquiétez pas.
-Fais comme tu le sens, capitula Harry.
-Vous devenez raisonnable, ricana Dobby.
-Surtout, ne te fais pas prendre, prévint Harry. Bien, vu l'heure, il est temps que je me prépare pour mon grand spectacle.
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-Je n'aimerai pas être à sa place, sourit Nolan.
-Pourquoi ? s'étonna la deuxième voix
-Tu ne le sens pas ? fit Nolan. Sa magie est en train d'envahir les lieux.
La seconde silhouette se concentra et écarquilla des yeux.
-Comment se fait-il que je n'aie pas pu le remarquer avant ? haleta la deuxième voix
-Sa magie est à son image, extrêmement discrète, révéla Nolan. Je m'en suis aperçu quand j'ai pris contact avec lui. Mais elle est aussi particulièrement puissante. Être l'un des nôtres et sorcier n'est déjà pas facile, mais il semblerait qu'il ne soit pas que ça.
-Que voulez-vous dire ? s'inquiéta la deuxième voix
-Les humains sont connus pour révéler les dons les moins connus, rappela Nolan. Qui sait, l'un de nos propres dons pourrait revenir …
-J'ai l'impression que vous avez beaucoup d'espoir en lui, constata la deuxième voix.
-C'est le cas, confirma tranquillement Nolan.
-Au point de le soutenir pour prendre la tête des nôtres ? demanda la deuxième voix
-Si je veux conduire notre peuple à l'éradication complète, pourquoi pas, sourit Nolan.
-Il ne peut pas être si puissant ? sursauta la deuxième voix
-Rassure-toi, il ne l'est pas, répondit Nolan. Disons que le danger vient surtout du fait qu'il reçoit sa puissance d'un coup. En plus, il n'est pas dénué de charisme …
-Vous en savez plus sur lui que moi qui enquête sur lui depuis des semaines, se plaint la deuxième voix.
-J'ai l'avantage d'avoir un contact direct avec lui, ricana Nolan. Je veux un point sur ce que tu as récolté sur notre nouvel ami après le solstice d'hiver.
-Bien, monseigneur, s'inclina la deuxième voix. Désirez-vous que je prévienne les vôtres pour préparer le solstice ?
-Non, ça ira, remercia Nolan. Je compte rester ici ces prochains jours.
-Est-ce que ça ne serait pas … dangereux ? hésita la deuxième voix
-Disons que je serais largement occupé à ce moment-là, sourit Nolan.
§§§§§
-Bois ça, mon chéri, força Molly en lui collant d'autorité une grande tasse de thé dans les mains.
Enfoui sous plusieurs couvertures dans la cuisine, grelottant de froid, Harry renifla fortement et sourit faiblement et approcha ses lèvres de la tasse.
Mais hors de question d'en boire une seule goutte ! Elle croyait vraiment qu'il allait boire la potion de sommeil qu'elle avait glissé dans son thé ? D'ailleurs, rien qu'à l'odeur, elle avait eu la main assez lourde.
-Ensuite, tu vas manger un bon repas et tu iras te coucher, décida Molly.
-Je n'ai pas très faim, déclara Harry.
-Tu ne dois pas dormir avec le ventre vide, gronda Molly. Surtout si tu es malade !
Elle déposa avec force un plat de ragoût et même ceux qui n'étaient pas malades – Hermione et Ginny – avaient eu un mouvement de recul face à l'odeur entêtante du plat qui soulevait le cœur. Seul Ron regardait le plat avec des yeux affamés.
-Madame Weasley … tenta Harry.
-Mange ! ordonna Molly en le servant généreusement
A son corps défendant, Harry prit sa fourchette et la trempa dans son assiette remplie à ras-bord. Mais il fronça des sourcils en se concentrant sur son plat. Il comprenait parfaitement qu'on veuille le soumettre mais pourquoi Hermione et Ginny aussi ? Le ragoût était fortement dosé en potion de contrôle au point que ç'en était dangereux pour les filles mais aussi pour lui, puisqu'il était censé avoir bu quelques minutes avant une autre potion dont les interactions étaient au mieux mortelles.
-Excusez-moi … fit Harry en quittant sa chaise.
Il s'enferma dans les toilettes et fit semblant de vomir avant de s'entourer d'une bulle d'intimité.
-Dobby, souffla Harry.
-Seigneur Harry ? murmura Dobby en apparaissant
-Fais en sorte de remplacer mon assiette ainsi que celles d'Hermione et de Ginny, ordonna Harry. Mets-les de côté, s'il te plait.
-Bien, seigneur Harry, s'inclina Dobby avant de disparaître.
Harry tira la chasse d'eau et sortit pour retourner sous ses couvertures. Avant même qu'il ait eu le temps de faire un pas dans la cuisine, Molly était déjà sur lui. Le brun endura stoïquement le babillement strident de la matrone tandis qu'il sentait Dobby agir. Il reprit enfin sa place et joua plus avec sa nourriture avant de finalement repousser son assiette. Heureusement, ses deux amies comprirent qu'il voulait fuir au plus vite et elles terminèrent rapidement leurs assiettes respectives.
-Maman ? demanda Ginny. On peut sortir de table ?
-Mais … protesta Ron la bouche pleine.
-Mais … protesta Molly.
-Merci ! coupa Ginny en se levant
Saisissant leur chance, Hermione et Harry se levèrent à leur tour et tous les trois quittèrent la pièce. Ils montèrent sans courir au premier étage et Harry lança à nouveau une bulle d'intimité autour d'eux.
-Faites en sorte de vous montrer particulièrement docile, prévint Harry. La nourriture était droguée de potion de contrôle.
-Et toi ? s'inquiéta Hermione
-Je monte pour qu'on ne profite pas du fait que j'ai succombé à la potion de sommeil, railla Harry. Soyez prudente, les filles. Bonne nuit.
-Bonne nuit, répondirent Hermione et Ginny en le prenant dans leurs bras.
Il se recula et commença à grimper les escaliers en souriant.
-HARRY ! hurla Ron. ATTENDS-MOI !
Il se précipita vers le brun mais se prit le mur de magie de plein fouet. Tandis qu'Hermione et Ginny se portaient à son secours – contre leur gré, il ne fallait pas exagérer non plus, mais elles devaient garder les apparences – Harry continua son ascension jusqu'à sa chambre.
-Seigneur Harry, s'inclina Dobby. Les lieux sont prêts pour le solstice d'hiver.
-Je n'ai même pas envie de savoir comment tu sais ce qui se passe pour moi, soupira Harry en faisant tomber ses couvertures. Vérifie que je ne transporte pas de parasites puis j'imagine que tu vas sceller les lieux ?
-Oui, seigneur Harry, acquiesça Dobby. Pendant soixante heures à compter de minuit.
-Fais-toi plaisir, sourit Harry.
La magie de l'elfe de maison entoura son ami et ce dernier la sentit claquer pour éliminer les imposteurs.
-Je vois qu'ils ont eu la main lourde, ricana Harry. Je vais prendre une douche et aller me coucher. Je pense qu'on va appeler Kreattur à partir de demain après-midi.
-Je serais prêt, assura Dobby.
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Narcissa regarda en souriant les adolescents qui jouaient dans la neige.
Depuis début novembre, elle travaillait au corps plusieurs familles pour qu'elles autorisent leurs enfants à passer les fêtes de fin d'année dans la maison qu'elle avait reçue en dot. Blaise Zabini et Théo Nott avaient rapidement accepté et ils avaient été rejoints par Pansy Parkinson, Daphnée et Astoria Greengrass. Sans la présence plus que lourde de leurs parents, tous s'amusaient vraiment.
Dommage qu'ils soient encore en Angleterre.
La blonde détourna le regard du jardin et passa au bureau surchargé en soupirant. Depuis le retour de Voldemort, elle devait gérer et les affaires de la branche secondaire du clan Black et celles du clan Malfoy. Dans l'un de ses moments de lucidité, Lucius lui avait confié les rênes et Voldemort ne comprenait pas pourquoi lord Malfoy avait si peu de liquidités qu'il pouvait réclamer au-delà du raisonnable. Il ne pouvait se douter que la roublardise de Narcissa avait mis à l'abri la fortune des Malfoy qui était également l'héritage de son fils.
Les elfes de maison avaient été d'une aide précieuse. Dès que Lucius était « appelé », ils attendaient son retour pour l'enfermer dans un cachot spécialement préparé pour lui avant même qu'il n'ouvre la bouche ou qu'il ne rencontre qui que ce soit. Il y était fait prisonnier jusqu'à ce qu'il reprenne ses esprits … ou qu'il soit de nouveau appelé. Malheureusement, depuis le retour de Voldemort, les « attaques » de mangemorts s'enchaînaient.
Si Narcissa avait tenu à ce que les amis de son fils soient chez elle, c'était parce que pendant un moment de délire de Lucius – libéré fin septembre – elle avait appris que Voldemort comptait rencontrer les enfants de ses mangemorts. Elle avait interrogé son fils et avait pu lui extorquer les noms de ses amis dont il était sûr qu'ils ne voudraient pas rejoindre ce dégénéré.
-Mère, vous m'avez appelé ? fit Draco
-Entre et assieds-toi, pria Narcissa sans bouger.
Le jeune homme était inquiet. D'après les elfes de maison, Narcissa Malfoy ne quittait guère son bureau où elle dirigeait l'empire Malfoy et une partie de celui des Black. Elle renonçait même à ses balades à cheval, alors qu'elle avait l'habitude d'en faire une par jour pour se détendre.
-Nous allons au-devant d'un gros problème, révéla Narcissa. Ton père m'a révélé que Voldemort a ordonné que les héritiers de ses mangemorts soient présentés à lui pendant les fêtes de fin d'année.
-En vue de prendre la marque dans les plus brefs délais ? railla Draco
-Il ne me l'a pas précisé, fit Narcissa. C'est un peu pour cette raison que je t'ai demandé d'inviter tes amis. Les mangemorts ne peuvent entrer ici puisqu'il s'agit d'une maison Black.
-Certes, concéda Draco. Mais pourquoi ai-je l'impression que tu n'es pas rassurée ?
-Parce que je ne suis pas sûre qu'elle fasse le poids contre une attaque en règle, soupira Narcissa. En tout cas, si nous sommes à l'intérieur.
-Si je comprends bien … tu veux nous faire quitter la maison si ça arrive ? fit Draco
-Oui, répondit Narcissa. Les protections de cette maison seront bien plus fortes si nous ne sommes pas là.
-Mais père ? demanda Draco
-Je cherche encore une solution, déclara Narcissa. Mon idée première serait de cacher un portauloin sur lui pour le ramener là où je serais mais cette méthode a ses limites, notamment pour ta sécurité et la mienne. Sinon, je pensais demander aux elfes de maison de le ramener là où je suis dès qu'il transplanera ici …
-Quand devons-nous nous préparer ? demanda Draco
-Dès que possible, souffla Narcissa. J'imagine qu'il vous faudra être prêt à partir dans l'heure …
Draco se déplia souplement et sans un bruit alla enlacer la blonde pour que son dos se repose contre son torse.
-Draco … soupira Narcissa en se laissant aller.
-Nous redeviendrons une famille, assura Draco. Père sera délivré de cette soumission abjecte et tu retrouveras l'homme de ta vie.
La mère de famille se retourna et embrassa tendrement son enfant.
-Quand es-tu devenu si mature ? sourit tristement Narcissa
-Depuis qu'on s'acharne à détruire notre famille, répondit Draco.
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Teeresa volait dans la maison silencieuse.
Bien que la mission de reconnaissance n'ait pas été mise en place, les anciens du village l'avaient autorisé à accompagner Hermione durant ses vacances. La première nuit, elle s'était contentée d'observer la camarade d'Hermione, une rousse surnommée Ginny. Mais les nuits suivantes, elle avait exploré la maison et le constat était alarmant.
La magie de la maison avait été mourante jusqu'à ce qu'elle se réveille et qu'elle relègue l'essentiel des habitants dans une partie de la maison. Elle avait tenté d'aller dans la partie « interdite » mais il semblait que la protection était absolue. A la place, elle avait voleté partout où elle pouvait, se cachant sur Hermione lorsque le dénommé Dumbledore entrait dans la pièce, la magie de la fée se rebellant en sa présence.
Mais le plus surprenant était l'ami d'Hermione, Harry. Teeresa n'avait jamais eu l'occasion de le rencontrer ni même de le voir mais tout comme avec la magie de Dumbledore, celle du jeune sorcier interpellait fortement la sienne.
Enfin, jeune sorcier, plus pour longtemps.
Elle sentait la transformation et cela expliquait tout ce que reprochait la brune à son ami. Elle-même étant une créature magique, elle savait qu'elle ne pouvait rien dire mis à part au concerné. Mais comme elle n'avait pas été présentée officiellement, il serait difficile d'expliquer sa présence.
Mais une chose était certaine, maintenant qu'elle savait, elle allait pouvoir aider concrètement Hermione et également cet Harry.
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Ragnok planchait sur les coffres des Potter.
Depuis que la transformation du dernier héritier s'était enclenchée, il savait qu'il avait jusqu'à son dix-septième anniversaire pour qu'il puisse les récupérer sereinement. Il avait révoqué avec succès la tutelle de Dumbledore sur Harry Potter en utilisant une vieille loi magique qui déclarait que tout mineur considéré comme majeur par trois fois était automatiquement émancipé. Le Tournoi des Trois Sorciers avait eu une couverture assez médiatique pour qu'on ne puisse pas réfuter que le jeune Potter était entré dans le tournoi contre son gré. La convocation devant le Magenmagot l'été suivant pour usage illégal de la magie alors qu'il s'agissait de légitime défense était inscrite dans les registres officiels du ministère, surtout après qu'on ait découvert qu'aucune enquête n'avait été faite pour justifier d'un tel déploiement d'autorité. Quant à l'utilisation de plume de sang pendant l'année scolaire dernière … Le jeune homme avait pris la précaution, en rentrant chez lui, de déposer ses souvenirs dans un coffre pour une utilisation ultérieure. Le gobelin les lui avait « empruntés » pour les montrer au CIS car en plus d'avoir la dent dure contre Dolores Ombrage, la sorcière était raciste et avait multipliée les lois à l'encontre de la Magie.
L'émancipation faite, Ragnok s'était penché sur les largesses que s'étaient permis le vieux sorcier. Il avait tout d'abord identifié son homme de paille et enquêté pour savoir comment il en était venu à obéir à un être aussi abject. Il en avait fait de même avec celui qu'il avait placé sur le siège des Potter mais contrairement au premier, les premiers éléments étaient très loin de lui être favorables. Il avait pisté l'argent retiré et donné et si une partie remplissait les caisses occultes du ministère, la grande majorité allait directement dans les poches de Dumbledore, sans oublier l'énorme rente versée à la famille moldue du jeune homme en toute illégalité, puisque les enfants Potter, du fait du sang de lamia présent dans leurs veines, avaient établi comme protection que leur tutelle ne devait être octroyée qu'à un membre de la famille de sang magique, comme pour tous les Sang Pur. Que Dumbledore ait osé bafouer une loi magique aussi importante ne choquait pas spécialement Ragnok puisque le vieux sorcier s'était déjà rendu coupable de nombreux crimes.
-Dès que le solstice d'hiver sera passé, il sera temps que le jeune Potter apprenne réellement ce qu'il est, sourit Ragnok.
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Andromeda Tonks courrait pour sa vie.
Elle ne pouvait pas laisser couler ses larmes. Non, elle pleurerait Ted quand elle serait enfin en sécurité.
Elle ferait plus tard le deuil de son mari tué sous ses yeux.
Et dire que si elle était encore une Black, elle saurait où se réfugier actuellement.
Mais pour rien au monde, elle n'aurait renoncé à Ted.
Heureusement, Nymphadora était en sécurité et c'était triste à dire mais sans Ted, elle avait plus de chance de s'en sortir.
Contrairement à ce qu'elle avait fait croire, son départ de la famille Black ne s'était pas fait sur un coup de tête. Elle était amoureuse depuis plusieurs mois de Ted quand elle avait envisagé de l'épouser et de renoncer à sa famille. Elle avait fait de nombreuses recherches, notamment pour protéger son nouveau foyer et sa nouvelle famille, fait des copies de nombreux grimoires pour que ses enfants ne tournent pas le dos à leur héritage, enfin bref, s'assurer de rester une Black bien qu'elle n'en porte plus le nom.
En ce moment, les personnes qui l'avaient attaquée l'apprenaient de la manière forte.
Les maisons Black avaient une protection assez peu utilisée qui faisait que si la maison était vide de vie quand elle était prise d'assaut, alors la bâtisse était imprenable et surtout, rendait coup sur coup. Et la sorcière avait eu la main extrêmement lourde.
Depuis le début de la guerre, elle s'était préparée à devoir s'enfuir à l'instant. Toutes ses affaires les plus importantes étaient rangées dans un sac sans fond ainsi quelques tenues sorcières comme moldues le temps de se retourner. Quand les premiers sorts avaient résonné contre les protections, elle avait vérifié qu'elle avait son sac et Ted en avait fait de même.
Maintenant, il n'en aura plus besoin …
L'avantage de la maison que Ted et elle avaient acheté après plusieurs années de dur labeur était qu'elle se trouvait à l'extrémité d'une zone d'habitation sorcière. De ce fait, ses adversaires ne se doutaient pas un seul instant que sa famille avait l'habitude de passer la frontière pour se garder au courant des avancées technologiques et ne pas trop détoner s'il fallait qu'ils se réfugient dans le monde moldu. Ils n'avaient jamais pu emmener Nymphadora car depuis toute petite, elle n'avait jamais eu de contrôle sur son don ainsi que sur sa magie.
Une fois à plusieurs kilomètres de là, Andromeda souffla et alla dans un coin pour reprendre son calme et changer de tenue. Désormais, ses choix étaient limités. Comme il s'agissait de sorciers qui l'avaient attaqué, elle ne pouvait pas y retourner. Le monde moldu restait un choix judicieux mais elle devait garder impérativement garder le contact avec le monde sorcier. Ses amis sorciers se comptaient sur les doigts de la main car la plupart de ses connaissances étaient Sang Pur et de ce fait ne fréquentaient pas les reniés et malgré son changement de vie, la plupart de ses amis actuels étaient essentiellement ceux de Ted et les rejoindre les mettraient inévitablement en danger. Non, il ne lui restait plus qu'une seule solution et celle-là, elle n'avait vraiment pas envie de l'utiliser mais c'était son dernier recours.
Ses pieds se mirent en marche sans qu'elle n'ait eu besoin de réfléchir et elle s'enfonça dans les rues de Londres. Elle se fit la réflexion qu'elle devrait s'interroger sur la raison pour laquelle les criminels pensaient qu'il était mieux de s'en prendre à leurs victimes au beau milieu de la nuit. Elle arriva vers une petite place déserte laissée à l'abandon dans un quartier particulièrement mal famé. Ayant noté les regards affamés et vicieux qui s'étaient promenés sur elle au fur et à mesure de sa marche, elle se dépêcha de sortir un couteau de sa poche et de s'entailler la paume de la main.
-Par le sang, je réclame la protection du clan Black, murmura Andromeda.
Pendant quelques minutes angoissantes, il ne se passa rien puis soudain, un passage s'ouvrit. Ni une ni deux, elle s'y engouffra et soupira de soulagement en découvrant l'entrée.
-Bienvenue au manoir d'hiver de la famille Black, Andromeda Tonks Madame, s'inclina Dobby. Je vais vous mener à une chambre où vous pourrez vous reposer.
-Merci, souffla Andromeda. Merci Mère Magie de m'avoir protégé.
