Les bonnes idées d'Albus Dumbledore

Hermione, en tant que préfète, avait été la première à noter l'annonce affichée dans la salle commune.

Un bal. Pour la Saint Valentin.

Quand on savait que la dernière fois qu'un tel événement s'était tenu, ça avait été un véritable fiasco !

Elle lut soigneusement l'affiche puis s'installa dans un fauteuil pour attendre ses amis. Certains points la chiffonnaient mais elle préférait en discuter avec Harry et Neville avant toute chose. Les deux jeunes hommes ne tardèrent pas à descendre et ils se rendirent tous les trois dans la Grande Salle pour le petit déjeuner. Comme c'était un jour sans cours, ils avaient abandonné leurs uniformes et Hermione et Harry avaient même poussé le vice à porter des tenues moldues, attirant les reniflements dédaigneux des quelques Serdaigles nés de sorciers qui n'avaient aucune considération pour le monde moldu. Les trois amis prirent leur repas en silence avant de s'éclipser dans l'un des nombreux cloîtres tombés dans l'oubli de l'école. Neville les isola et Hermione se chargea de réchauffer les alentours ainsi que de les mettre au courant de ce qu'elle avait vu.

-Un bal pour la Saint Valentin ? ricana Neville. Il cherche quoi exactement, Dumbledore ?

-Le bal en lui-même ne me dérange pas, fit Hermione. C'est plutôt le fait qu'il y ait une sortie à Pré-au-Lard la veille. Alors que ce n'était pas prévu.

-Le calendrier des sorties au village n'est pas établi avant chaque rentrée scolaire ? s'étonna Neville

-Normalement, oui, confirma Hermione.

-Donc il y a une chance pour que le conseil d'administration ne soit pas au courant, songea Neville. Un point à vérifier rapidement.

-Mais dans quel but ? demanda Hermione

-Dumbledore ne fait jamais rien sans but précis, rappela Neville.

-Harry ? fit Hermione, inquiète

Le brun n'avait en effet prononcé aucun mot depuis qu'ils s'étaient retrouvés ce matin-là. Le comportement taciturne de leur ami avait interpellé leur bande mais ils avaient tous compris que ça avait un lien avec ce qui se passait depuis la rentrée scolaire.

Et pour cause. Sa transformation anticipée avait fait qu'il était plus sensible à la magie environnante. Depuis la rentrée, il apprivoisait sa magie et Poudlard, étant une entité millénaire, était compliqué à appréhender. Avec les nombreuses sollicitations de Dumbledore qui tenait à savoir ce qui s'était passé au manoir Black, le brun pouvait se considérer comme harcelé de toute part.

-Je ne suis pas serein, déclara finalement Harry. Ce bal va avoir lieu dans moins de trois semaines et même les préfets n'ont pas été prévenus. Il y a quelque chose qui cloche. Tu as raison, Neville, si le conseil d'administration n'est pas au courant, alors il y a quelque chose qui se prépare.

Neville s'empressa d'écrire une lettre à sa grand-mère, la seule à pouvoir obtenir l'information rapidement. Hermione ne quitta pas des yeux Harry.

-Ton état ne s'est pas dégradé, constata Hermione. Mais ton comportement est différent … encore. Tu es passé de la faiblesse à la surexcitation pour tomber malade pendant les vacances puis te renfermer sur toi-même.

-C'est un bon résumé, sourit malgré lui Harry. Mais je ne peux toujours rien te dire.

-Ça, je l'avais compris, s'irrita Hermione. Seulement, tu attires l'attention sur toi et ce n'est pas ce que tu cherches.

-Elle n'a pas tort, intervint Neville. Ton comportement commence à interpeller. Sans oublier que tu attires le regard des autres, et pas parce que tu es le Survivant.

-Qu'est-ce que tu veux dire ? s'étonna Hermione

-Oh, je vois, s'assombrit Harry. L'héritier Potter, c'est ça ?

-Ça te pendait au nez, sourit Neville. Quoique, je pensais que les partis à marier auraient attaqué plus tôt.

-Mais avec la campagne de dénigrement l'an dernier, ça peut se comprendre, fit Hermione en comprenant le sujet.

-Non, justement, fit Neville. Par exemple, même s'ils étaient reconnus comme étant pro Voldemort, les héritiers des Sang Pur mangemorts étaient toujours sollicités pour des unions prestigieuses, surtout internationales.

Harry pouvait répondre à cette question. Il s'avérait que Dumbledore avait demandé à filtrer le courrier du Survivant.

Un hibou interrompit leur conversation.

-Les préfets sont convoqués, annonça Hermione en lisant la lettre qu'il portait.

-Nous allons aller à la bibliothèque, fit Harry. Autant terminer nos devoirs tout de suite.

Neville accepta et tous les trois se séparèrent.

§§§§§

-Monseigneur, s'inclina Nolan.

-Relève-toi, ordonna son interlocuteur. Parle, je n'ai pas de temps à perdre.

Nolan ne montra pas son anxiété. Il jouait quitte ou double.

-La transformation de l'un des nôtres est différente, annonça Nolan.

-Je croyais que tous nos jeunes étaient étroitement surveillés, railla le mâle. C'est pourtant ce que le conseil m'a assuré.

-Il n'est pas sous la surveillance directe du conseil, hésita Nolan.

-Une élite, donc, comprit le mâle. Quel est le problème ?

-Sa transformation est plus rapide qu'il ne l'est habituellement observé, répondit Nolan.

-Si cet enfant est puissant, cela n'est pas étonnant, fit tranquillement le mâle. Tu m'as dérangé pour ça ?

Nolan soupira. Il ne pouvait plus reculer.

-Il a fait sa transformation physique un demi-cycle trop tôt, avoua sombrement Nolan.

Son interlocuteur se figea.

-Il n'est pas ici, comprit le mâle.

-Oui, avoua Nolan.

-Ta nièce ou ton neveu, je suppose ? fit le mâle

Nolan se redressa, surpris.

-Beaucoup ont oublié que tu avais une jeune sœur, rappela le mâle. Une enfant enlevée alors qu'elle n'avait que quelques jours. L'as-tu retrouvée ?

-Elle est morte, révéla Nolan.

-Mais elle a eu le temps d'avoir un enfant, compléta le mâle. Un enfant qui est en train d'atteindre sa majorité magique. 100 Lunes d'Obsidienne (1 lune = 62 jours). Un âge vénérable, non ?

-Monseigneur … hésita Nolan.

-Pourtant, il me semblait qu'elle avait disparu il y a plus de trois cents Lunes, je me trompe ? fit le mâle

-Je n'ai pas encore pu répondre à cette question, murmura Nolan.

-Pourquoi es-tu venu me voir, Nolan ? demanda finalement le mâle

-Sa transformation est bien trop rapide, répéta Nolan. Il faut que sa présence reste secrète jusqu'à son anniversaire.

-Cachée de qui ? sourit le mâle. Du conseil ?

-Entre autres, fit Nolan.

Le mâle se tourna vers son visiteur.

-Tu m'intrigues, Nolan, sourit le mâle. J'imagine que si le conseil n'est toujours pas au courant de ta nouvelle providence, c'est parce que quelque chose se passe avec le nouveau membre de ta famille, n'est-ce pas ? Tu as besoin que je te garantisse mon silence ?

-Je ne voudrais pas vous l'imposer, souffla Nolan.

-Tu as surtout piqué ma curiosité, sourit le mâle. Si je poursuis mes déductions, puisque je n'ai pas encore entendu hurler le conseil sur le fait que ta lignée avait un nouvel héritier, il se trouve donc dans l'une des dimensions voisines. La seule qui soit assez proche est celle des humains, que nous surveillons attentivement, moi en particulier. Je suis vraiment curieux. Quel est le nom de cet enfant ?

-Harry Potter, avoua avec reluctance Nolan.

Le sourire du mâle fut machiavélique.

-Vraiment ? Pourquoi ça ne m'étonne pas ?

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Ragnok avait été convoqué dans les profondeurs de la nation gobeline. Même en étant haut gobelin, il redoutait cette rencontre. Les secrets les mieux gardés de leur peuple s'y trouvaient et par conséquent, leurs dirigeants et les personnages les plus importants aussi. Certes, il était l'un des directeurs de Gringotts donc il pouvait renvoyer sur les roses bon nombre de gobelins.

Mais il se garderait bien de le faire avec la Grande Prêtresse.

Outre le fait qu'elle était au service de la Terre Mère, elle était la seule contre laquelle il n'était pas bon de s'opposer. Avec le Gardien Tisserand – le chef des Tisseurs de Magie, l'équivalent des mages pour les humains – elle faisait partie du groupe le plus puissant de la nation, presqu'autant que le Seigneur des Galeries, le chef de tous les gobelins.

Et Ragnok devait paraître devant elle.

-Ne t'en fais pas, mon aimé, sourit la gobeline en le voyant s'agiter.

Dans le reflet du miroir, Ragnok sourit tendrement à Sheika, son épouse depuis plus de soixante-dix ans. Ils ne s'étaient jamais quitté des yeux depuis leur enfance et quand il était venu l'heure de se trouver un partenaire de vie, ils ne s'étaient pourtant pas retrouvés. Après bien des épreuves d'un côté comme de l'autre, la vie les avait ramenés sur le même chemin et depuis, ils étaient pleinement heureux, avec des enfants débrouillards et des responsabilités professionnelles satisfaisantes.

-Je ne suis pas serein, soupira Ragnok.

-Pourquoi ? s'étonna Sheika

-Je suis à la tête de l'une des banques les plus problématiques du monde, rappela Ragnok. Je suis observé par les gobelins dans le but avoué de me voir échouer.

-Mais tu fais de ton mieux, déclara Sheika. Et j'ai confiance en toi.

-Merci, sourit Ragnok.

-Sais-tu pourquoi tu es appelé ? demanda Sheika.

-Je ne suis pas sûr, avoua avec reluctance Ragnok.

Ce n'était pas qu'il n'avait pas confiance en sa femme mais ses serments de confidentialité ne lui permettaient pas de se confier facilement à Sheika.

La gobeline se coula dans ses bras.

-Je te fais confiance, répéta Sheika. Maintenant, termine de te préparer. Tu ne voudrais pas faire mauvaise impression en arrivant en retard, non ?

§§§§§§

-Vraiment ?! grommela Tom

Grâce au courrier abondant qu'il recevait de Narcissa, il avait appris qu'un bal pour la Saint Valentin allait se tenir à l'école de sorcellerie d'Angleterre. Même dans le monde moldu, une telle chose était une ineptie. Il ne s'étonnait plus de rien venant d'Albus Dumbledore. Mais ce n'était pas son souci le plus urgent.

Comme prévu, il avait quitté l'île pour se rendre sur le continent. Il avait commencé par l'Allemagne mais comme les spécialistes pouvant convenir pour Sirius n'étaient pas compétents, ils s'étaient tournés vers la Russie. C'était un pays très réservé et qui n'avait pas les mêmes aprioris sur les différents types de magie. Derrière leur façade froide et sans émotion, ils étaient donc des spécialistes de magies controversées en Angleterre, notamment celle de l'esprit. Legilimens accompli, Tom avait des contacts partout en Europe mais pour autant, il avait eu du mal à trouver des spécialistes pour Sirius.

Et là, il discutait avec le médicomage qui venait de recevoir l'héritier Black.

-Les détraqueurs sont des créatures particulièrement dangereuses pour les spécialistes de l'esprit, déclara Dimitri Vater. Dans la nature, ils se concentrent dans les endroits les plus isolés et glacés de la planète. En Europe, Azkaban, la prison sorcière anglaise, est le seul endroit où on les trouve. Cette ineptie d'en faire les gardiens de leur prison est un point sur lequel la communauté internationale se bat depuis des siècles. Être en contact régulier avec ces créatures change un prisonnier, je ne vous apprends rien.

-Et pour Sirius ? demanda Tom

-Son cas est complexe, avoua Dimitri. C'est un Sang Pur ?

-Oui, confirma Tom. L'héritier de la famille Black, pour être exact.

-C'est ce qui l'a sauvé, assura Dimitri. Les protections des anciennes familles Sang Pur sont particulièrement puissantes, surtout pour les premiers héritiers, pour éviter qu'ils ne fassent des mésalliances. Mais du peu que j'ai pu voir, il s'est éloigné de sa famille depuis très longtemps.

-Il a été renié par la famille Black, révéla Tom.

-Je ne crois pas, non, fronça des sourcils Dimitri. Je peux me tromper mais je suis quasiment certain que non.

-Je peux me renseigner, fit Tom, en songea à Narcissa qui était la plus à même de le renseigner sur ce point.

-Ça m'aiderait, sourit Dimitri. A première vue, les détraqueurs ont fait beaucoup de dégâts sur son psychisme. Mais ce n'est pas ça qui m'inquiète.

-Ah bon ? s'étonna Tom

-Les traces sont faibles mais on peut déterminer que ses souvenirs et certains modes de pensées ont été modifiés, annonça Dimitri.

-Que voulez-vous dire ? fronça des sourcils Tom

-En tant que maître legilimens, est-ce que le terme « consignes mentales » vous parle ? demanda Dimitri

Tom tressaillit.

-Je n'ai jamais eu l'occasion d'en voir, avoua Tom. Mais j'en ai entendu parler. C'est comme un Imperium sans maintenir le sort, non ?

-Pour résumer, oui, confirma Dimitri. Seuls les plus puissants legilimens peuvent en implanter. Et chez un Sang Pur, c'est encore plus compliqué. Vous avez une idée de qui pourrait en être l'auteur ?

Le nom d'Albus Dumbledore lui brûla les lèvres mais il n'avait aucune preuve.

-Non, répondit Tom avec rage. Est-ce que vous pourrez les annuler ?

-Il faudrait un examen plus approfondi, s'excusa Dimitri.

-Combien de temps ? demanda Tom

-Tout dépendra de l'examen, fit Dimitri.

Tom garda le silence pendant quelques instants, en pleine réflexion.

-Très bien, préparez tout, accepta Tom.

-Vous ne lui demandez pas son avis ? s'étonna Dimitri

-Si je l'écoutais, nous serions encore en Angleterre et lui se tournerait les pouces pour « aider » son filleul, renifla Tom.

-Je comprends, fit Dimitri.

-Parlons prix, fit Tom.

-Je peux vous donner un devis de la clinique pour la prise en charge, fit Dimitri. Mais là aussi, seul l'examen pourra vous donner un chiffre final.

Dimitri agita sa baguette pour faire venir un parchemin qu'il tendit à Tom. Quand ce dernier lut le montant indiqué, il fut à deux doigts de s'indigner. A ce prix-là, c'était vraiment du vol !

-Je vais m'arranger, soupira Tom.

-Bien, fit Dimitri. Quand est-ce que vous nous amèneriez votre ami ?

-Dans deux jours, promit Tom.

§§§§§

Pansy et Blaise s'étaient réfugiés dans l'un des restaurants excentrés de la rue principale de Pré-au-Lard.

-Tu penses que Draco va pouvoir les retrouver ? s'inquiéta Pansy

-Notre Prince ne va jamais laisser ses amis, assura Blaise, un peu hésitant.

Les Serpentards avaient profité de cette journée supplémentaire dans le village sorcier. Bien entendu, Pansy et Draco avaient relevé le fait que cette sortie arrivait comme un cheveu sur la soupe mais pour autant, ils ne voulaient pas rester enfermés au château.

Ils regrettaient leur naïveté.

Bien entendu, Voldemort avait choisi ce jour-là pour attaquer.

Dès les premiers hurlements, Pansy, Blaise et Draco s'étaient cachés à l'écart dans le village. Ensuite, le blond avait décidé de retrouver les deux manquants de leur bande, Daphnée et Théo, sans oublier Ginny, Luna et Astoria, parties ensemble de leur côté.

-Pansy ?

-Merci Morgane, souffla Pansy en reconnaissant les trois filles de cinquième année. Comment vous êtes arrivées ici ?

-On s'est simplement écartées des combats, haussa des épaules Ginny.

Le trio ne voulait pas avouer que Luna leur avait fait quitter la rue principale quelques instants à peine avant le début de l'attaque et qu'elles avaient contourné la zone de combat pour rejoindre leur point de ralliement établi depuis plus d'un an.

-Où sont les autres ? demanda Astoria

-Draco est allé chercher Daphnée et Théo, grommela Blaise. Après, on rentrera sans se faire voir.

-Surtout que nous sommes recherchés, ajouta Pansy.

Tous savaient que leurs vacances chez Draco les avaient placés dans une situation délicate vis-à-vis de leurs parents mangemorts. En effet, ils avaient appris qu'ils auraient dû être présenté à leur Maître et leur absence avait été très critiquée, d'autant plus qu'ils étaient considérés comme étant la future génération. La plupart des parents leur avait écrit – en des termes assez durs, il fallait avouer – pour leur faire part de leur mécontentement et surtout, du report dans les plus brefs délais de leur « rendez-vous ». Avec l'attaque en cours, s'ils étaient capturés, leur retour serait inconfortable, au mieux.

-Vous êtes là ? fit une voix bien connue

-Daphnée ! sursauta Astoria

Mais quand les nouveaux arrivants entrèrent, ils furent choqués. Ginny, ne perdant pas le nord, pointa sa baguette sur les trois blessés pour lancer les premiers sorts de soin.

-Nous allons faire en sorte que vous puissiez tenir au moins jusqu'au château, annonça Luna.

-Que s'est-il passé ? demanda Blaise

-Mon oncle a voulu avoir une discussion avec moi, grimaça Daphnée. Théo l'a mis hors d'état de nuire.

-Je pense qu'on a réussi à les semer mais il ne faut pas traîner, prévint Draco.

-Soit on passe par la forêt interdite, soit par la Cabane Hurlante, proposa Ginny.

-La forêt, décida Luna. Je n'ai pas spécialement confiance.

Surtout depuis qu'Harry lui avait confirmé que les lieux étaient sous surveillance magique de Dumbledore.

-Ça va être plus long, constata Ginny. Et blessés comme ils le sont, ce sera dangereux.

-Mais au moins, on ne pensera pas que nous sommes passés par là, s'entêta Luna.

-Soit, trancha Théo. Nous irons par la forêt. Ginny, tu peux faire en sorte qu'on ne se vide pas de notre sang ?

-Je fais du mieux que je peux, grommela Ginny.

-Il faudrait qu'on apprenne les bases des sorts de soins nous aussi, réfléchit Pansy en se levant. Hermione, Neville et Harry les connaissent et ce ne serait pas une mauvaise idée.

-Sortons-nous d'ici d'abord, grogna Draco.

Se lançant des sorts de désillusions, le groupe s'enfonça dans la forêt interdite pour fuir les combats.

§§§§§

Albus Dumbledore était satisfait.

L'attaque du village s'était déroulée comme il l'espérait. Le peuple sorcier était de nouveau convenablement terrorisé et le ministère cherchait de plus en plus ses conseils. Même si Scrimgeour, fraîchement élu, ne le montrait pas, ce n'était pas pour autant qu'il n'inondait pas le directeur de nombreux courriers.

Un seul point le chagrinait, c'était l'absence à cette sortie d'Harry Potter. Ce dernier, avec ses acolytes Granger et Longbottom, n'avaient pas tenu à quitter le château ce jour-là. Il avait voulu profiter de la bataille pour faire quelques vérifications sur le jeune homme et qui sait, le remettre sous sa coupe.

Tant pis.

Après l'attaque, Albus avait dû négocier ferme pour maintenir le bal qui avait lieu trois jours plus tard. Il avait bien vu que la plupart des professeurs en avait été choqué mais à force de persuasion – et une potion de suggestion, il ne fallait pas se leurrer – il avait pu les convaincre.

-Oncle Albus ? fit une voix féminine

-Entre, Julia, sourit Albus.

Une sulfureuse rousse aux yeux verts entra dans le bureau de la maison personnelle du directeur. Elle contourna le meuble pour s'asseoir sur les genoux du vieux sorcier et lui offrir un baiser sensuel.

-Tu t'es entraînée, sourit Albus alors que la jeune femme prenait une place plus convenable.

-Tu pourras le vérifier par toi-même tout à l'heure, promit Julia.

-Comment va la famille ? demanda Albus

-Maman et Grand-père Abe ne se doutent pas que je te fréquente encore, si c'est la question, répondit Julia.

Albus sourit. Après l'altercation entre Gellert Grindelwald, Abelforth Dumbledore et lui qui avait conduit à la mort d'Arianna, leur sœur, Abe avait refusé tout contact avec son frère. Ce dernier avait fait sa vie, s'était marié et avait eu des enfants qui eux-mêmes avaient eu les leurs. Pour éviter qu'Albus ne les retrouve, Abelforth avait pris le nom de sa femme et élevé ses enfants hors d'Angleterre mais ça n'avait pas suffi. Quelques années plus tôt, Albus avait découvert sur le pas de sa porte une gamine à peine majeure qui ressemblait étrangement à Arianna. Elle s'était rapidement présentée comme étant Julia Genest, l'arrière-petite-fille d'Abelforth et mouton noir de sa famille. C'était une gamine un peu perdue qu'il avait réussi à manipuler pour qu'elle corresponde parfaitement à ce qu'il voulait. Julia était ainsi devenue une manipulatrice hors pair mais si on ne voulait pas se voiler la face, elle était en fait la parfaite prostituée de luxe, idéale pour les basses besognes d'Albus. Quoi d'autre alors qu'il l'avait éduqué lui-même ? Elle était particulièrement douée pour récupérer les secrets les plus humiliants de ses adversaires … ou créer des situations intéressantes pour matière à chantage.

-Pourquoi m'as-tu fait venir ? demanda Julia

-Severus Snape, annonça Albus.

Julia fit la moue. Snape, en plus d'être un excellent maître de potions, n'était fidèle qu'à une seule femme, Lily Evans Potter. Julia avait été jalouse de cette née de moldus car même en sortant de ses bas-fonds qu'était le monde moldu, elle avait réussi à maîtriser la magie à un niveau qu'elle ne pourrait jamais égaler, elle avait attiré le regard de bon nombre d'héritiers Sang Pur mais surtout celui de James Potter – qu'elle a épousé – et de Severus Snape – sur qui Julia avait jeté son dévolu.

-Je peux enfin l'avoir ? demanda Julia avec une moue enfantine

-Je pense qu'il est temps que j'ai de nouveau le dessus sur lui, grommela Albus. Et tu es parfaite pour lui serrer la vis.

-Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ? s'étonna Julia. Tu ne voulais pas que je le touche jusqu'à maintenant !

-Snape me convenait parfaitement sans attache, avoua Albus. Mais là, j'ai l'impression qu'il s'éloigne de moi. Or, j'ai besoin de mon espion et de mon bouc émissaire.

-Qu'attends-tu de moi ? demanda Julia

-Je vais te faire entrer dans l'Ordre du Phénix, déclara Albus. Tu vas attiser sa curiosité, le séduire jusqu'à ce qu'il soit dans tes filets.

-Tu veux que je profite du fait que je ressemble à Evans ? sourit Julia

-Exactement, confirma Albus. Ne me déçois pas.

-Comme si j'en avais l'habitude, sourit Julia. Je peux te le prouver, maintenant même. Tu n'as rien à faire ?

-J'ai encore quelques dossiers à étudier, répondit Albus.

-Je t'attends dans ta chambre alors, annonça Julia. Nue, si tu veux tout savoir.

Albus ne put cacher son regard intéressé et décida de lui emboîter le pas sans attendre.

§§§§§§

L'année suivait son cours. Teeresa avait rejoint les siens mais c'était pour découvrir un fait affreux.

La forêt interdite se mourrait.

Les Anciens avaient été sans appel, la magie issue de la ligne de magie parvenait de moins en moins à qui de droit. En se promenant çà et là, la fée avait compris que les créatures magiques qui vivaient dans la forêt avaient également fait ce constat et chacune de leur côté, elles cherchaient une solution. D'après certaines, les gobelins acceptaient de les aider à quitter le pays avant que le pire n'arrive.

Toujours en discutant avec les habitants de la forêt, la supposition la plus plausible était que l'énergie qui leur permettait de vivre sereinement était interceptée.

Teeresa ne savait pas vers qui se tourner. Elle se doutait que de sa hauteur, elle ne pourrait rien faire. Elle était tentée d'en faire part à Hermione mais d'après ce qu'elle avait compris de son amie, la brune n'avait guère de poids dans le monde sorcier. Elle n'aurait pas dit de son ami Harry … mais elle n'avait toujours pas été présentée et tant que ce point n'était pas réglé, elle était coincée.

-Ce n'est pas un problème, fit une voix derrière elle.

Teeresa se retourna vivement.

-Vous êtes Luna ? demanda Teeresa

-Exact, sourit Luna. Tu es Teeresa Flamboyant, l'amie d'Hermione.

Ce n'était pas une question et la fée l'avait bien noté.

-Comment tu peux me voir ? demanda Teeresa

-Je suis plus sensible à la magie que les autres sorciers, sourit Luna. Et surtout, j'attendais qu'Hermione t'introduise correctement. Mais nous n'avons plus le temps pour les mondanités.

-Pourquoi ? s'étonna Teeresa

-Tu as dû remarquer qu'Harry n'était plus sorcier, déclara Luna.

-Oui, confirma Teeresa. Mais il perd le contrôle de sa magie assez souvent.

-Je l'ai également remarqué, fit Luna. C'est pour cela que j'ai besoin de ton aide.

-Comment ? demanda Teeresa

-Il a besoin de glamours efficaces, déclara Luna.

Teeresa ne mit pas longtemps à comprendre.

-Il n'aurait jamais dû se transformer maintenant ! s'exclama Teeresa

-Je sais et lui aussi, assura Luna. Mais ce qui est fait est fait donc nous devons le dissimuler du mieux qu'on peut. Tu es une fée donc spécialiste en dissimulation.

-Sans son accord, c'est impossible, rappela Teeresa.

-C'est vraiment obligé ? demanda Luna

-C'est une question de volonté, déclara Teeresa. Donc il faut qu'il soit conscient qu'on va cacher quelque chose sur lui pour que ce soit efficace.

Luna se pinça les lèvres. Visiblement, ils n'avaient pas le choix. Avec Harry, ils voulaient garder le secret au moins jusqu'à cet été mais comme Hermione côtoyait Teeresa depuis des années, elle pouvait sentir sa magie et elle ne comprendrait pas de la sentir sur Harry alors qu'ils ne sont pas censés se connaître.

-Je vais devoir en discuter avec lui, soupira Luna. Mais nous ne pouvons pas nous passer de ton aide.

-Très bien, fit Teeresa. Mais avant que je n'oublie, il faut que vous vous méfiiez de celui à la longue barbe blanche.

-Pourquoi ? demanda Luna

-Il ne montre pas sa véritable apparence, déclara Teeresa. Et pour garder celle qu'il montre, il chasse les villages des fées de la forêt interdite.

Tandis que la fée partait, Luna s'enfonça dans ses pensées. Si Albus Dumbledore se permettait de voler la magie des habitants de la forêt interdite, alors la Magie était en grand danger en Angleterre …