Sombres secrets

Harry s'était réfugié dans la Chambre des Secrets avec soulagement. La situation avait failli dégénérer et il s'en était fallu de très peu avant que la Grande Salle ne soit recouverte de sang.

Flash-Back

A la grande surprise de la majorité des élèves – ou du moins, de ceux qui voyaient plus loin que le bout de leur nez – le bal de la Saint Valentin avait été maintenu. Beaucoup d'entre eux avaient voulu profiter de la sortie pour se trouver des tenues adéquates pour la soirée mais ils avaient dû s'arranger avec les moyens du bord. Neville, en bon héritier Sang Pur, avait toujours de quoi parer à toutes les éventualités dans sa malle, Hermione avait fait en sorte de ne plus être prise au dépourvue depuis le bal du Tournoi des Trois Sorciers. Quant à Harry, comme Hermione, il ne voulait pas se faire surprendre et encore moins qu'une autre personne que lui choisisse sa tenue. Lorsqu'il avait refait sa garde-robe donc, il en avait profité pour se prendre des tenues de soirée moldues et d'autres sorcières.

Pour cette soirée surprise, tous les trois avaient décidé d'opter pour des tenues moldues ou proches, dans le cas de Neville. Hermione avait choisi une robe d'un rouge profond ouverte jusqu'au genou, une épaule dénudée et un très discret liseré argent sur le décolleté. Harry avait préféré un costume gris sombre avec une chemise rouge sang. Le brun avait bien aperçu le sourire de connivence des Sang Pur qui avaient noté qu'il portait les couleurs des Potter, qui n'avaient plus été vues depuis quatre générations au moins … et qu'il n'était pas censé connaître s'il avait dû compter sur Dumbledore.

-Je vois que tu es venue seul, déclara une voix qui se voulait sensuelle. Tu as besoin d'un cavalier et je suis là. On pourrait …

Mais Harry ignora complètement Zacharias Smith et passa à côté de lui sans même lui adresser un regard. Ce dernier s'en offusqua.

-Je te parle, Harry ! gronda Zacharias en lui attrapant le bras

Le brun se dégagea si violemment que Smith tomba à terre.

-Smith, fit Harry en se retenant de montrer les dents. Si j'ai refusé toutes tes « invitations », c'est parce que je ne voulais pas aller au bal avec un abruti comme toi. Et au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, je suis accompagné d'Hermione. Sauf si j'ai une baguette collée sur ma tempe, et encore, je ne veux rien avoir à faire avec toi. Casse-toi avant que je ne te le fasse comprendre de manière plus … concrète.

La magie d'Harry commença à menacer Smith qui glapit avant de s'en aller. Le brun respira profondément pour se calmer avant de présenter son bras à Hermione qui l'accepta avec un sourire. D'un commun accord silencieux, ils décidèrent de discuter de l'altercation plus tard.

Ils entrèrent dans la Grande Salle et le duo eut la même grimace de dégoût en prenant note de la décoration. Un seul mot pour résumer : atroce. Accompagnés de Luna et de Neville, ils s'installèrent à une table discrète qui était proche de celle de leurs amis Serpentards.

-Eh ! fit Ron en s'imposant à eux. Qu'est-ce que vous faites dans votre coin ?! C'est la fête ! Je vous ai apporté des boissons !

Les quatre amis se tendirent, méfiants. Grâce aux témoignages de Fred et Georges, sans oublier celui de Ginny, ils savaient que Ronald Weasley pensait d'abord à lui et jamais aux autres, sauf si ça lui apportait des avantages intéressants et immédiats. Mais rendre service ? Non. Il n'aurait jamais eu l'idée seul de leur apporter à boire. Surtout que …

Discrètement, Harry fit perdre l'équilibre au roux qui renversa par terre toutes les boissons. Hermione, la plus proche de lui, bondit sur ses jambes, baguette en main, pour ne pas se faire arroser.

-Tu ne pourrais pas faire plus attention ? gronda Hermione

Mortifié, Ron n'arriva même pas à balbutier des excuses avant de filer sous les regards noirs d'Hermione, de Luna et de Neville.

-J'espère que la prochaine fois, il ne viendra pas avec des verres aromatisés avec des potions de contrôle, railla Harry.

Neville ne mit qu'un instant à installer un bulle d'intimité autour d'eux.

-Ton odorat semble s'être encore plus développé que la fois où Smith a utilisé l'amortentia, constata Neville.

-La personne qui a préparé ces verres a eu la main assez lourde, renifla Harry.

-Dumbledore pense que l'esprit de fête te ferait baisser ta garde ? railla Luna

-Pourquoi Dumbledore ? demanda Hermione

-Quel est le point commun entre le dernier repas drogué et aujourd'hui ? demanda Harry

-Ron, se rappela Hermione. Mais il ne sait pas cuisiner. Donc sa mère ? Mais elle n'est pas ici. Mais …

La brune se tut, la compréhension illuminant son visage.

-Molly Weasley est particulièrement soumise à Dumbledore, rappela Neville en suivant ses pensées. Donc il n'y a qu'un pas pour dire que c'est le directeur qui a voulu vous contraindre magiquement. Mais pourquoi ?

-Je lui ai échappé pendant les vacances et les filles aussi, répondit Harry. Je ne suis plus aussi docile qu'il ne le voudrait. Je n'ai pas l'habitude de me confier à lui mais je ne recherche plus sa compagnie. En apparence, nos relations n'ont pas changé mais je m'éloigne et il le sent.

-Il ne peut pas mettre ça sur le fait que tu puisses l'accuser de la mort de Sirius ? demanda Neville

-Il pourrait, concéda Harry. Mais le résultat est le même : je ne lui suis plus aussi soumis qu'avant et je me pose des questions dont il ne veut pas me donner les réponses.

Tous les quatre préférèrent ne pas continuer sur le sujet. Rapidement, Ginny les rejoignit, excédée par son cavalier plus intéressé par sa volonté de regarder sous sa robe que de s'amuser sagement. Son sort favori lui avait démangé les lèvres mais elle avait opté pour une monumentale gifle avant de le planter.

La bande discuta tranquillement mais très vite, Harry se mit en retrait. Sa transformation avait aiguisé ses sens et il était au bord de la nausée en sentant toutes ces odeurs et ces magies qui ne pouvaient se mêler ensemble. La tentative pitoyable de contrôle de la part de Dumbledore – il avait senti l'odeur du vieux sorcier sur les verres – sans oublier celle de Smith pour bien se faire voir l'avaient vraiment agacé. Avant même qu'il n'ait passé les grandes portes, il avait senti ses dents pointer hors de sa bouche.

Mais ce n'était pas le pire. Sur les conseils de Severus Snape, il avait appris à identifier les sorts actifs dans un espace donné. Et la Grande Salle était tapissée du sol au plafond de sorts de coercition et d'influence, tout pour faire grincer des dents le brun.

-Harry ?

Le brun sortit de ses pensées pour reconnaître le directeur de l'école.

-Professeur, salua Harry en se retenant de lui cracher au visage.

-Pourrions-nous discuter ? demanda Albus

-Bien sûr, fit Harry, n'ayant malheureusement aucune raison de refuser.

Rassurant ses amis avec un sourire, il se leva et emboîta le pas au professeur Dumbledore. Ils passèrent devant certains professeurs, notamment Minerva McGonagall et Severus Snape qui les observèrent quelques instants. Harry sentit dans leur magie leur inquiétude et leur offrit le même sourire rassurant qu'à ses amis. Ils traversèrent le hall pour se rendre dans le parc, où quelques tables et chaises avaient été installées pour les élèves qui ne voulaient pas rester dans la Grande Salle.

-Belle nuit, n'est-ce pas ? commença Albus

Harry ne lui fit même pas la grâce d'une réponse. Il garda le silence, surtout pour mettre mal à l'aise le directeur.

Ce dernier reprit la parole avec une très légère pointe de malaise.

-Je suis inquiet par rapport à ce qui s'est passé pendant les fêtes, déclara Albus.

Le brun ne retint même pas son soupir de lassitude. Il ne comptait plus le nombre de fois où le vieux sorcier l'avait convoqué dans son bureau pour essayer d'en savoir plus sur la situation. Le plus jeune comprenait parfaitement que la perte de la majorité du manoir ancestral des Black était un coup dur pour l'Ordre du Phénix car à cause de cela, le QG ressemblait plus à un lieu de passage qu'un véritable lieu de réunion et les rares Sang Pur qui pourraient les rejoindre ne prendraient même pas l'organisation au sérieux.

-Je ne peux vous répondre, professeur, souffla Harry, se retenant de lever les yeux au ciel. Je suis rapidement tombé malade après notre arrivée et je n'ai pas vu grand-chose. Et même quand nous sommes rentrés à l'école, je n'étais pas exactement en forme.

En effet, pour ne pas attirer les suspicions de l'Ordre du Phénix, Dobby lui avait conseillé de faire en sorte de paraître encore fatigué par la maladie. Quand il s'était présenté sur le quai 9 ¾, il était apparu assez pâle et amaigri. Merci aux glamours.

-Tu es sûr ? insista Albus

-Certain, assura Harry.

Dumbledore garda le silence quelques instants.

-Je vois que tu ne fréquentes pas beaucoup tes camarades, constata Albus.

-Que voulez-vous dire ? s'étonna sincèrement Harry

-J'ai cru comprendre que plusieurs personnes avaient émis le souhait de … comment disent les jeunes de ton âge … sortir avec toi ? sourit Albus

-Ah bon ? mentit honteusement Harry. Je n'ai rien remarqué. Pourquoi voudraient-ils sortir avec un sorcier aussi inintéressant que moi ?

Contrairement à ce qu'il aurait cru, Dumbledore ne plongea pas dans le piège tendu par Harry. Le brun avait toujours eu en horreur son titre de Survivant et souligner le fait que les gens voulaient sortir avec n'attirait pas ses bonnes grâces. Quant aux demandes des filles et des garçons qui rêvaient de se trouver au bras du Survivant, il se faisait un devoir de les ignorer au même titre que ceux qui cherchaient à devenir son ami avec une idée derrière la tête.

-Même Zacharias Smith ? sourit Albus

-Je n'apprécie guère les personnes qui insultent mes amis, trancha froidement Harry.

-Je n'ai rien entendu de tel, mentit ouvertement Albus.

-Si vous le dites, haussa des épaules Harry.

Le harcèlement de Luna était tellement connu à l'école qu'il était aussi célèbre que la vendetta entre Draco Malfoy et Ronald Weasley. Même le professeur Flitwick avait déjà remonté le comportement odieux de Smith mais aucune mesure n'avait été prise.

-Avez-vous autre chose à me demander ? fit Harry. J'aimerai rejoindre mes amis.

Harry faillit laisser échapper son rictus railleur en voyant l'agacement du directeur.

-Il me faudrait ta signature pour valider ton inscription aux ASPIC, déclara Albus en sortant un parchemin de sa poche.

-Ce n'est pas un peu tôt ? s'étonna franchement Harry. La sixième année n'est même pas terminée !

-C'est pour prévoir les places disponibles pour l'examen, sourit faussement Albus.

-Puis-je ? demanda Harry d'un air las

Le vieux sorcier lui tendit le parchemin que le plus jeune prit mais ce dernier ne montra pas qu'il avait senti la potion sur le document infiltrer son organisme. Pour éviter l'empoisonnement, il jeta l'illusion qu'il s'était coupé le doigt profondément.

-Aïe ! s'exclama Harry en retirant sa main et en cachant efficacement la rage qui grondait en lui

-Un problème ? s'inquiéta faussement Albus

-Je me suis coupé, avoua Harry. Je vais aller chercher une potion de cicatrisation. Si vous le permettez, je passerai dans votre bureau plus tard pour signer ce document. Bonne soirée professeur.

Harry fila avant que le directeur ne comprenne quoi que ce soit.

Fin Flash-Back

Il avait croisé le regard de Luna pour qu'elle comprenne qu'il allait se calmer dans un coin et avait pris la direction de la Chambre des Secrets. Depuis le temps, il avait vérifié que personne ne pouvait le suivre et même Dumbledore ne pouvait pas entrer.

Il avait pu identifier la potion sur le parchemin comme étant une version particulièrement dangereuse de philtre d'ordre, une sorte d'imperium liquide. Albus Dumbledore ne lésinait plus sur les moyens de le contrôler.

-Seigneur Harry ? fit une voix aisément reconnaissable

-Dobby ? sursauta Harry. Mais qu'est-ce que tu fais là ?

-Je suis à votre service, rappela Dobby d'une voix amusée. Mais là, c'est votre magie qui m'a interpellée. Il vous faut quitter le château dans les plus brefs délais.

-Dumbledore sera au courant … soupira Harry.

-Votre instinct vous a conduit dans l'un des seuls endroits qui ne soit pas sous la surveillance du directeur de Poudlard, indiqua Dobby. Et votre fameuse carte ne montre pas les quartiers personnels de Salazar Serpentard. Nous pouvons donc partir d'ici. Et le plus tôt sera le mieux.

-Pourquoi ? demanda Harry en se redressant sur ses jambes

-Votre magie commence à se répandre, répondit Dobby. Vous avez toujours eu un contrôle admirable dessus mais votre patience a des limites beaucoup plus courtes qu'habituellement depuis votre transformation physique. Il serait préférable que vous ne rasiez pas le château. Il pourrait encore servir une fois le ménage fait.

Harry éclata de rire.

-Dobby, parfois tu es sans gêne, ricana Harry. D'accord, je te suis !

L'elfe de maison prit la main du jeune homme et transplana hors des limites du domaine jusqu'au château Potter. Ils arrivèrent directement dans les salles d'invocation, les plus à même de contenir une explosion de magie sans risques et sans rameuter tout le monde. La salle, en pierre brute, ne contenait aucun meuble.

-Veuillez ôter tous vos vêtements, seigneur Harry, pria Dobby.

-Je ne te savais pas voyeur, Dobby, rit Harry.

-Vous n'êtes définitivement pas mon style de partenaire, seigneur Harry, plaisanta Dobby.

-Dis-moi, fit Harry. Comment ça se fait que je ne sois pas aveuglé par la colère ou la rage si ma magie déborde ?

-C'est parce que c'est une réaction humaine, répondit Dobby. Votre nouvelle nature est beaucoup plus coutumière de cet état d'esprit et donc, vous n'avez pas besoin de garder le contrôle pour que votre magie soit sous contrôle.

-Ce n'est pas très clair, fit Harry qui, nu comme à son premier jour, prenait une position de méditation.

-On peut résumer la situation par le fait que ce n'est pas vos émotions de ce soir qui ont conduit votre magie à s'extérioriser, réfléchit Dobby. C'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.

-Expression moldue ? sourit Harry

-Parfaitement adaptée, concéda Dobby.

Harry ferma les yeux et se concentra sur sa magie qui n'attendait que son accord pour se déchaîner. Quand il sentit l'elfe de maison quitter les lieux, il fit tomber toutes ses barrières et sa magie se répandit. Le déchaînement de puissance frappa lourdement les murs, le sol et le plafond alors que le sorcier – enfin plus pour très longtemps – ne bougeait pas d'un cil.

Dobby était impressionné mais pas dans le bon sens. Il savait son maître puissant mais les salles d'invocation du château Potter – que Ragnok lui avait permis d'utiliser avant la majorité de son maître – étaient censées pouvoir tenir contre un lamia en pleine possession de sa force et de sa magie et fou furieux. Seulement, les protections vibraient déjà alors qu'Harry n'avait même pas terminé sa transformation. Visiblement, il allait devoir contacter le seigneur Nolan beaucoup plus tôt qu'il ne l'avait pensé.

§§§§§

-Professeur, salua Severus en entrant dans le bureau.

-Asseyez-vous, ordonna Albus.

Le maître de Potions se tint sur ses gardes. Cela faisait longtemps qu'il savait que son supérieur n'était pas digne de confiance et il ne tenait plus à se faire manipuler. Depuis qu'il avait appris la vérité sur Harry Potter – et surtout que le directeur était parfaitement au courant de ses conditions de vie – Severus avait soigneusement renforcé ses barrières occlumens. C'était le minimum face à ce puissant legilimens.

-Je veux que vous repreniez les cours d'occlumencie avec Harry Potter, ordonna Albus.

-Je prends le temps sur mes heures de sommeil ? railla Severus. Mon emploi du temps est quelque peu chargé, voyez-vous.

-Je n'ai pas le temps de jouer, s'irrita Albus. Vous lui donnerez ces cours, débrouillez-vous comme vous voulez.

-J'annoncerai à Poppy qu'elle devra se débrouiller avec Slughorn pour les potions de l'infirmerie, fit Severus sans en avoir l'air.

Pour toute réponse, le directeur brandit sa baguette et lui jeta un violent doloris.

S'il y avait bien une chose qu'il ne supportait pas chez Severus Snape, c'était sa langue acérée et ses sarcasmes. Il savait parfaitement comment sortir quelqu'un de ses gonds sans même mouiller sa chemise. Heureusement, la torture semblait le calmer assez pour qu'il puisse donner ses ordres.

Le sorcier se redressa difficilement. S'il devait juger quels doloris étaient les plus durs à supporter entre ceux de Dumbledore et de Voldemort, Severus serait incapable de les départager car ils étaient aussi vicieux l'un que l'autre.

-Je ne me répèterai pas, gronda Albus. Je veux que les barrières naturelles de Potter soient affaiblies au plus vite !

-Vous voulez tuer votre Golden Boy ou quoi ? s'étonna Severus

-Ce n'est pas votre problème ! tonna Albus. Il doit avoir ces cours et je veux pouvoir entrer dans son esprit au plus vite ! Est-ce clair ?

-Oui, serra les dents Severus.

-Vous pouvez disposer, congédia Albus.

Le pas furieux alors qu'il quittait la pièce indiqua à Albus que Severus avait très mal pris ses dernières paroles. Mais de toute façon, dès qu'il passerait la porte, il ne se souviendrait plus de rien, sinon de ses ordres. En effet, quand il avait décidé de créer « Voldemort », il s'était dit qu'il lui faudrait un espion pour jouer sur tous les tableaux. Quand Severus avait mis les pieds à Poudlard, Albus avait su qu'il l'avait trouvé, d'autant plus qu'il s'agissait du dernier héritier du clan Prince dont il avait piégé la mère en la coinçant avec un moldu de la pire espèce. Quand « Voldemort » avait fini par faire parler de lui, il avait soumis le jeune sorcier à un sort du secret particulièrement traître. Grâce à un mot de passe, Albus créait dans l'esprit de Severus une sorte de parenthèse. Tout ce qui se passait dans la période jusqu'à ce qu'il donne l'autre mort de passe, Severus était incapable d'en parler et encore moins de s'en souvenir. Jusqu'à ce qu'ils soient en présence l'un de l'autre et qu'Albus donne le mot de passe. Personne, même un autre legilimens, ne pouvait voir que Severus était soumis à ce sort. C'était l'un de ses plans dont il était le plus fier.

Mais dans les appartements d'un certain maître de potions, le locataire des lieux venait de s'écrouler une fois la porte fermée, les yeux exorbités, tremblant encore sous les effets du doloris.

Et il se souvenait de tout.

§§§§§

Augusta reposa délicatement sa tasse de thé sur la table avant de darder son regard sur son interlocutrice.

-C'est une demande singulière, constata Augusta.

-Je n'ai pas le choix, soupira Narcissa.

La blonde était venue rendre visite à son aînée pour lui soumettre un problème épineux. Narcissa avait confié le devenir de Lucius à Tom, Draco était en relative sécurité à Poudlard mais il était temps qu'elle s'occupe d'elle.

Ou plutôt, du clan Black.

-Vous ne pouvez pas vous rendre vous-même au Ministère ? demanda Augusta

-Je ne souhaite pas attirer l'attention, grimaça Narcissa. Vous connaissez la situation délicate dans laquelle se trouve Lucius et nous ne sommes pas assez naïfs pour ignorer que tous les faits et gestes des supposés mangemorts et de leurs sympathisants sont scrutés à la loupe par Dumbledore. Parce que je suis moi-même une Black et une Malfoy par alliance, je tombe dans cette catégorie. Or, je ne veux pas que mes investigations soient connues par mes ennemis.

-Qui vous dit que vos ennemis sont les miens ? pointa Augusta

-En fait, je cherche surtout à ce que Dumbledore ignore mes projets, soupira Narcissa. Les problèmes du clan Black ont dégénéré quand il a fait son apparition sur la scène politique et qu'il s'est intéressé aux vieilles familles Sang Pur.

Augusta pinça les lèvres. Elle-même n'était pas loin d'avoir le même point de vue mais elle ne se voilait pas la face. Si Dumbledore était arrivé là où il était, les vieilles familles Sang Pur y avaient joué un rôle important. Il avait été le catalyseur d'une situation qui avait été sur le point d'exploser mais il ne fallait pas croire qu'il ne l'avait pas aggravée.

-En quoi je serais intéressée de vous aider ? demanda Augusta

-Les Sang Pur ont perdu beaucoup de familles pendant les guerres contre Voldemort, rappela Narcissa. Les plus puissants des nôtres se sont exilés quand il s'en est pris à leurs héritiers. La famille Black a toujours été parmi les plus importantes, jusqu'à ce qu'elle s'aliène leur héritier et que son frère soit tué sous les ordres de Voldemort. D'après les rumeurs, après s'être enfui de prison, Sirius Black serait mort l'été dernier.

-Que disent les gobelins ? demanda Augusta

-Ils veulent une preuve que le ministère l'a déclaré mort avant de faire leurs propres vérifications, déclara Narcissa.

-D'où votre souhait de savoir où le ministère a acquis la certitude que Sirius Black est mort, songea Augusta. En quoi ça me servirait de le savoir ?

Narcissa soupira. C'était dévoiler un atout considérable mais elle n'avait pas le choix. Elle sortit de sa pochette un parchemin qu'elle tendit à la matriarche.

-Vous ne l'avez pas vu, prévint Narcissa.

Au fur et à mesure qu'elle lisait le document, Augusta pâlissait.

-D'où tenez-vous cela ? gronda Augusta

-Du bureau des héritages, annonça Narcissa.

-Un tel bureau n'existe pas, assura Augusta.

-C'est ce qu'on voudrait faire croire, répliqua Narcissa. Il se charge essentiellement de retrouver les héritiers potentiels et de leur faire revendiquer ce dont ils ont droit.

-C'est le travail des gobelins, nota Augusta.

-Mais les gobelins n'ont pas le droit de se servir sur lesdits héritages, déclara Narcissa.

-Une spoliation … comprit Augusta.

-Les services de ce bureau sont payants mais ne reposent sur aucune loi ni règlement, explicita Narcissa. Il peut faire quasiment ce qu'il veut.

-Soit, capitula Augusta. Ce que nous avons là est bien un testament, je me trompe ?

-Non, répondit Narcissa. Il contient même du sang de Sirius.

-Mais vous doutez de son authenticité, fit Augusta. Pourquoi ?

-A part les incohérences flagrantes ? railla Narcissa. Il a été trouvé uniquement dans ce fameux bureau. Pas à Gringotts et ni même dans les archives Sang Pur du Magenmagot, puisque Sirius pouvait transmettre son titre et son siège.

Augusta jeta un œil neuf sur le parchemin. Rien que ces éléments pouvaient faire douter de son authenticité. Mais ce qui la révoltait, c'était le contenu.

Que son filleul Harry Potter hérite de tout n'était pas incohérent. Mais sous la tutelle d'Albus Dumbledore ? Sirius n'avait pas pu renier autant ses origines Sang Pur, non ?

-Est-ce qu'au moins, le jeune Potter peut prétendre à l'héritage du clan Black ? demanda Augusta

-Oui, confirma Narcissa. Dorea Potter, l'arrière-arrière-grand-mère du jeune Potter, est née Black. C'est suffisant pour hériter.

-Pensez-vous qu'en même temps qu'il ait tourné le dos aux Black, il aurait renié son éducation ? demanda Augusta

-Non, assura Narcissa. Ce qu'il reprochait essentiellement à ses parents, c'était de croire à l'idéologie de Voldemort. Ça et la façon dont ils traitaient Regulus. Mais ce n'est plus le sujet.

-Effectivement, concéda Augusta. Est-ce que les gobelins sont au courant de ceci ?

-Qui sait ce qu'ils savent, renifla Narcissa. Mais cela ne m'étonnerait pas. Je souhaite vraiment savoir sur quoi le ministère se base pour pouvoir activer ce testament.

Augusta réfléchit quelques instants avant de prendre sa décision.

-Très bien, fit Augusta. J'accepte de me renseigner. Je vous contacterai si je trouve quoi que ce soit.

-Merci, souffla Narcissa.

-Je vous conseille d'y aller maintenant, prévint Augusta. Si vous pensez être surveillée …

-Il ne faut pas que je pousse ma chance trop loin, sourit faiblement Narcissa.

Elles se séparèrent rapidement après des salutations d'usage et la blonde se félicita de ne pas avoir dévoilé sa dernière carte.

Elle savait que Sirius était encore vivant.