Se mêler de ce qui regarde que le concerné

Neville se retenait de brûler la lettre qu'il tenait entre les mains. Depuis qu'il avait été présenté comme héritier Longbottom, il ne comptait plus le nombre de missives des pique-assiettes qui avaient l'habitude de graviter autour de la famille. « Ton père aurait fait ceci, il aurait fait cela … » était les principaux arguments pour le faire plier. Malheureusement pour eux, son nom était Neville Franck Longbottom et il était son propre maître, n'en déplaise à Dumbledore ! D'ailleurs, ce dernier avait tenté sa chance en apprenant, Merlin savait comment, qu'il était sur la sellette.

Flash-Back

-Monsieur Longbottom, un instant je vous prie, interpella une voix.

L'élève jura dans sa barbe avant de plaquer un sourire de circonstance sur son visage. Luna, qui s'apprêtait à le rejoindre, ne cacha son hilarité tout en se dissimulant.

-Professeur Dumbledore, salua Neville.

-Faisons quelques pas, voulez-vous ? proposa Albus

-Avec plaisir, répondit Neville.

Ils avancèrent donc.

-Est-ce que votre scolarité se passe bien ? demanda Albus. Certes, j'ai accès à vos résultats, somme toute satisfaisants, mais cela ne remplace pas une discussion de vive voix.

-Je n'ai pas à me plaindre, déclara Neville.

Il était hors de question de se confier à ce sorcier si douteux ! S'il était proche de son père – qui tenait plus de la vache à lait que d'un quelconque allié – il n'était que son directeur d'école, même pas un proche de sa famille.

-Pourtant, j'ai entendu parler d'une altercation avec le jeune Nott, insista Albus.

Neville eut un geste d'humeur. Bien sûr, ses « espions » avaient dû lui rapporter l'une des seules fois où il se disputait avec l'un de ses amis Serpentards. Daphnée, Pansy, Draco, Blaise, Théo et lui échangeaient beaucoup par rapport aux affaires de leur clan, en tant qu'héritiers de leurs familles respectives. Ils avaient même quelques projets en commun mais sur l'un d'entre eux, les points de vue de Neville et de Théo s'étaient heurtés. Comme ils n'arrivaient pas à se mettre d'accord à travers leurs lettres, ils s'étaient donc donné rendez-vous. Chacun ayant son caractère, ils avaient fini par se crier dessus et ça n'avait pas dû échapper aux Serpentards qui seraient passés devant la salle qu'ils occupaient à ce moment-là. Pièce qui, comme d'habitude, était agrémentée de sorts assurant la confidentialité de leur entretien et appartenant aux secrets de leurs familles respectives, ce qui voulait dire que des élèves lambda n'auraient jamais réussi à les briser.

-Nous avons résolu notre désaccord, déclara Neville.

-Sur quoi portait-il ? demanda Albus

-Des querelles d'étudiants, fit Neville. Nous nous sommes mis d'accord que nous ne serons pas d'accord sur ce point. L'histoire est close.

Le jeune homme sentit que le vieux sorcier se retenait d'insister. S'il le faisait, ce serait à l'encontre de toute bienséance.

-Très bien, fit Albus. J'ai appris que vous commenciez à reprendre les affaires de votre famille, comme il en est de coutume ?

Neville ne fronça pas des sourcils mais ce n'était pas l'envie qui manquait. Quand les héritiers Sang Pur s'investissaient dans les affaires de leur famille, ils ne l'annonçaient pas au monde entier. En effet, leurs prédécesseurs avaient eu beaucoup trop de problèmes – notamment des pièges élaborés qui avaient pour but de ruiner la famille, au mieux – donc depuis, tout était gardé secret jusqu'à ce que l'héritier ait entériné sa place. Que Dumbledore soit au courant devait être impossible, sauf si l'un des membres de la famille Longbottom était allé baver dans ses robes, ce qui devait être théoriquement hors de question, puisque le clan ne le suivait pas. Mais quand on savait qu'Alice et Franck se saignaient aux quatre veines pour satisfaire ses caprices, ce n'était pas improbable.

-Ma grand-mère m'a seulement soumis quelques cas concrets, corrigea faussement Neville. Je n'ai aucun pouvoir décisionnel sur quoi que ce soit.

Dans les faits, les héritiers Sang Pur les plus riches étaient capables de reprendre la tête de leur famille au pied levé dès qu'ils entraient à Poudlard et commençaient à reprendre petit à petit une partie des affaires de leur famille à partir de leurs quinze ans. Mais Neville n'allait pas corriger ses impressions fausses. D'ailleurs, si on se fiait aux rumeurs qui circulaient sur Augusta Longbottom, ce qu'il venait de dire était plus que plausible.

-Connaissant votre grand-mère, pourtant … insista Albus.

Justement, songea Neville, il ne la connaissait pas, ni de près, ni de loin. Ses oncles et tantes, ainsi que ses cousines et ses cousins – majoritairement du côté de son grand-père paternel, puisqu'il avait pris le nom de sa femme à leur mariage, en vertu de la primauté de la famille Longbottom, et que les frères aînés d'Augusta avaient été tués pendant la guerre contre Grindelwald – imaginaient sans peine qu'Augusta était aussi rigide qu'une barre de fer et qu'elle ne lâcherait les rênes du clan Longbottom que sur son lit de mort, et encore. Une seule personne aurait pu le renseigner sur les traditions de sa famille et il était actuellement aussi utile qu'un légume, gracieuseté en partie de la magie familiale.

Il faudrait qu'il vérifie ce que devenaient ses parents, d'ailleurs. Mais ce n'était pas le problème pour le moment.

-Grand-mère estime que je devrais me concentrer sur mes études avant de songer à autre chose, assura fermement Neville. Je ne suis pas là pour remettre en question les décisions de mon chef de famille.

-Ne trouvez-vous pas cela injuste ? demanda Albus

-Injuste ? s'étonna Neville. En quoi ?

-Vous êtes presque un adulte, susurra presque Albus. Visiblement, elle vous considère encore comme un enfant …

Neville n'avait pas l'intention de mordre à l'hameçon. Pour le sorcier lambda, les héritiers Sang Pur avaient les dents qui rayaient le plancher et étaient pressés de dilapider l'argent dont ils avaient outrageusement hérité en se tournant les pouces. Dumbledore en avait eu l'exemple flagrant avec Franck qui n'avait pas demandé plus de précisions sur l'argent qu'il donnait à profusion à son « mentor » et encore moins pourquoi il en demandait toujours plus sans se soucier s'il pouvait le faire.

-Je sais ce qui me reste à faire pour faire mes preuves, sourit mystérieusement Neville. Veuillez m'excuser, professeur, mais je suis attendu.

-Bien sûr, je m'en voudrais d'entraver votre apprentissage … ou de rejoindre votre petite-amie, répondit Albus. Bonne journée, monsieur Longbottom.

-A vous aussi, professeur, répondit Neville.

Fin Flash-Back

Neville était loin d'être stupide et avait bien compris que d'une manière ou d'une autre, Luna avait attiré l'attention du directeur et que tôt ou tard, quelque chose lui arriverait. Dès qu'il l'avait rejoint, il l'avait prévenu et elle avait calmement admis qu'elle s'en doutait.

Mais cela ne réglait pas son envie de rassembler dans une pièce toutes les personnes qui étaient en train de le harceler, de les y enfermer et d'y mettre le feu. Ou de tous les empoisonner avec une potion maison, plus dans son style et un formidable avertissement.

-Oserais-je croire que tu as toi aussi des idées de meurtres, mon cher Neville ? fit une voix sarcastique

Neville leva la tête en cachant sa surprise. Harry semblait s'efforcer à garder son calme depuis le bal de la Saint Valentin ce qui avait eu pour conséquence qu'il reste en retrait lorsqu'ils étaient en présence des autres élèves. Mais là … Harry semblait heureux et voulait le partager.

-Qu'est-ce que tu as l'habitude de me dire ? sourit Neville. Ah oui, on ne choisit pas sa famille.

-On ne peut que la subir, compléta Harry en s'asseyant à ses côtés.

-Tu subis peut-être la tienne mais ce n'est pas le cas de tous, rappela Neville. Mais ce n'est pas le sujet. Tu as retrouvé l'appétit ?

-Un peu, avoua Harry. Faut juste que je ne me force pas.

Il ne prit qu'une petite portion et commença à la manger lentement. Aucun d'entre eux n'avait pu ignorer que leur conversation avait été observée par la plupart des élèves dans la Grande Salle et le regard du directeur leur brûlait la nuque.

Deux verres entrèrent dans leur champ de vision respectif. Les deux garçons louchèrent avant de poser leur regard sur les bras qui les tendaient.

-Un cocktail de vitamines, assura Hermione. Buvez, vous m'en direz des nouvelles !

-Es-tu devenue nutritionniste en notre absence ? sourit Harry en acceptant le verre

-Ta santé est en dents de scie, rappela Hermione. Tôt ou tard, j'allais me pencher dessus, non ?

-Tu sais que je t'adore ? déclara Harry. Santé, Hermione !

Et le brun but son verre cul sec. Sachant que son ami savait quand une boisson était trafiquée, Neville fit confiance à ses deux amis et but avec précaution le contenu de son verre. Habitué depuis sa plus tendre enfance au jus de citrouille, le nectar de fruits le surprit agréablement.

-C'est bon, félicita Neville.

-Et surtout pas aussi sucré que le jus de citrouille, ajouta Harry. As-tu fini ?

En trois coups de fourchette, Neville termina son assiette.

-Oui, confirma le jeune homme.

Les trois amis quittèrent alors les lieux et se réfugièrent près de la forêt interdite, malgré le temps frais. Commençant plus tard, ils voulaient tous les trois profiter de ce moment pour discuter en paix.

-Dumbledore te tourne autour, constata Hermione.

-Je l'ai remarqué aussi, bougonna Neville. J'imagine qu'il pense que je vais reprendre la place de mon père dans l'Ordre du Phénix.

-C'est-à-dire ? demanda Hermione

-Mes parents étaient des aurors assez bons dans leur partie pour qu'on leur confie des affaires délicates qui concernaient des Sang Pur qu'on soupçonnait d'association avec Voldemort, expliqua Neville. Ils avaient donc assez d'informations pour être utiles à l'Ordre.

-Pourquoi penses-tu que tes parents ne se sont pas rendus dignes de ta famille ? intervint Harry

-Pourquoi tu dis ça ? sursauta Hermione. Neville ne peut être que fier de ses parents qui étaient des héros !

-Neville ? ignora Harry

-Je ne pensais pas que ça se verrait, souffla Neville.

-Ça ne se voit pas, assura tranquillement Harry.

Il sortit sa baguette de son étui de bras et la tendit entre eux. Ce fut le signal pour les deux autres pour comprendre qu'ils allaient prêter serment et qu'ils allaient apprendre un nouveau secret de leur ami. Tous les trois renforcèrent donc les protections de leur refuge temporaire avant de coller ensemble la pointe de leurs baguettes. Mais avant même qu'ils ne prononcent un seul mot, une vague de magie les entoura.

-Mais … comment ? balbutia Hermione

-L'un d'entre nous est beaucoup plus proche de sa magie, à un tel point qu'il n'y a pas besoin de mot pour exprimer ses volontés, songea Neville. Je sais que ce n'est pas moi et encore moins toi, Hermione, à moins que tu nous aies caché un événement important dans ta vie. Ne reste plus que toi, Harry, et cela correspondrait à tes changements depuis la rentrée.

-Comment peux-tu savoir ça ? s'étonna Harry

-Que tu es plus proche de ta magie ce qui a eu pour conséquence que notre serment s'est fait sans parole ? sourit Neville. Je ne dirais pas que c'est impossible mais les Sang Pur savent que ça existe. Mais ça fait tellement longtemps que ce n'est pas arrivé …

-Peu importe, fit Harry. Nous étions sur tes parents …

-Nous étions en fait sur le fait que tu aies vu que je n'avais pas autant de respect que j'aurais dû en avoir envers mes parents, contra Neville.

-Très bien, fit Harry. Je peux déterminer l'humeur de quelqu'un en observant sa magie.

-Est-ce que ça va dans la continuité de ta capacité à sentir les potions dans les boissons ou encore sur les gens ? comprit Neville

-Je pense, hésita franchement Harry. Je n'en suis pas sûr à ce stade. Donc je ne peux rien dire de plus. A toi.

-Disons qu'ils ne se sont pas montrés dignes de la véritable famille Longbottom, sourit Neville. Qu'ils décident de se placer ouvertement du côté de la « Lumière » n'est pas un problème, encore moins qu'ils soutiennent publiquement Dumbledore malgré la neutralité de grand-mère. Mais qu'ils dévoilent des secrets de famille alors que grand-mère leur avait fortement interdit et qu'ils lui aient donné tout l'argent dont ils disposaient sans même s'assurer qu'il allait vraiment dans l'effort de guerre et non « pour le plus Grand Bien », non.

-Ce n'est pas la même chose ? s'étonna Hermione

-Pas quand le plus grand Bien s'avère être les coffres personnels de Dumbledore, cracha Neville.

-Le directeur détournerait l'argent de ses fidèles ? s'étouffa Hermione

-Pas forcément de ses fidèles, corrigea Harry.

-Il a pioché dans tes coffres ?! gronda Neville

-Je croyais que tu n'en avais qu'un seul, fit Hermione.

Harry lui lança un regard blasé.

-En ayant un titre valable à la fois dans le monde sorcier comme moldu, un siège au Magenmagot et étant le dernier héritier de l'une des familles les plus anciennes et importantes du pays ? railla Harry. Voyons, Hermione, je te pensais plus intelligente que ça !

-Ce n'est pas ce que je veux dire, renifla Hermione. Je ne pensais pas que tu aurais accès à ton héritage avant ta majorité, c'est tout.

-En fait, il aurait dû en avoir connaissance dès ses onze ans, corrigea Neville. Mais j'imagine qu'il y a eu quelques irrégularités …

-Bien entendu, puisque tout le monde semble concerné par ma vie sans même me demander mon avis ou même me connaître, ricana Harry. Mais passons. Qu'est-ce qui te fait penser que Dumbledore imagine que tu vas reprendre la place de ton père ?

-Une intuition, répondit Neville. Oh, et le fait qu'il me pousse à me révolter contre ma grand-mère pour que je prenne la tête de la famille.

-Cela n'a pas de rapport, fit Hermione.

-Pas vraiment, concéda Neville. Mais en étant « de bon conseil », si je suis ses suggestions, il pourrait croire que j'accèderai à toutes ses demandes.

-C'est tiré par les cheveux, fit Hermione.

Les deux garçons finirent par se ranger de son avis. Neville leur raconta alors la discussion qu'il avait eue avec le directeur.

-Tu as déjà répondu à la question comme quoi Dumbledore s'intéresserait à toi, fit Hermione. Mais Théo ?

-Ce n'est pas Théo en tant que personne qui l'intéresse mais le fait que je n'ai pas clairement tourné le dos aux Serpentards, déclara Neville. Les Gryffondors sont les gentils, les Serpentards les méchants, tu te souviens ? En traînant avec Harry, sur qui il a dirigé toutes les lumières, nous sommes également scrutés à la loupe. Et si nous ne rejetons pas ouvertement les Serpentards, alors les moutons du monde sorcier pourraient croire qu'ils ne sont pas si horribles que ça …

-Plus j'apprends les actes de cet homme, moins je comprends comment il a pu rester à sa place … grogna Hermione.

-Bienvenue dans le monde des incohérences, railla Harry.

§§§§§

-Que peut Dobby pour madame Tonks ? demanda l'elfe de maison

-Pourrais-tu me servir le déjeuner, je te prie ? demanda Andromeda

-Tout de suite, madame, s'inclina Dobby.

L'instant d'après, le repas arriva et la sorcière commença à manger sans grande conviction.

Depuis qu'elle avait fui sa maison attaquée par les mangemorts, elle avait trouvé refuge dans le manoir Black à Londres. Pourtant, d'après les rumeurs, celui-ci était normalement occupé par l'Ordre du Phénix. Mais quand Andromeda s'était interrogée sur ce point, Dobby avait eu un rictus malicieux et avait poursuivi son travail.

Ce dernier avait été d'une aide admirable depuis qu'elle était là. Quand il avait compris la situation, il avait récupéré le corps de son défunt mari, qui était en train de pourrir, et s'était arrangé pour qu'il ait une mort légale, tant au niveau moldu que sorcier. Andromeda n'avait eu qu'à sortir de la maison au moment de l'enterrement pour dire définitivement adieu à celui qui avait partagé sa vie avant de retourner se cacher. Personne ne savait où elle se trouvait et avec l'aide de l'elfe de maison, elle avait vidé sans que qui que ce soit ne s'en doute sa maison de toutes ses possessions et de tous ses souvenirs.

Quand elle avait commencé à reprendre ses esprits et à commencer son deuil, elle avait craint d'importuner le nouveau lord Black, dont elle ne connaissait toujours pas l'identité. Heureusement, Dobby – cet elfe était vraiment digne de la famille ! – avait contacté son maître pour signaler sa présence et il en était revenu avec une lettre de l'héritier Black qui assurait à la sorcière qu'elle serait toujours la bienvenue dans le manoir d'hiver du clan Black et que ce dernier serait à sa disposition tout le temps qu'elle le désirait. Depuis, Andromeda attendait d'être introduite correctement.

Mais pour autant, elle ne se tournait pas les pouces. D'après les journaux qui arrivaient au manoir, l'attaque de sa maison était désormais publique ainsi que la mort de Ted. Les spéculations étaient nombreuses quant à sa localisation, d'autant plus que son cabinet juridique, spécialisé dans les affaires dites mixtes – Andromeda s'occupait du côté sorcier, Ted du côté moldu – continuait de fonctionner malgré l'absence de la propriétaire restante.

-Madame Tonks, l'Héritier Black, présenta Dobby.

Surprise, Andromeda se leva rapidement et s'inclina devant la silhouette.

-Héritier, fit Andromeda.

-Bonsoir, madame Tonks, fit la silhouette.

Tous les deux s'installèrent chacun dans un fauteuil et Dobby leur apporta du thé. La sorcière ne put s'empêcher de regarder son interlocuteur.

-J'imagine que vous devez vous demander si je suis bien ce que je prétends être, sourit la silhouette. Voici.

Avec grâce, il tendit sa main et elle nota la présence de la bague de l'héritier Black. Beaucoup de grands arts sorciers avaient été perdus au cours des siècles et seuls quelques témoignages subsistaient, notamment les bagues des grandes familles Sang Pur sorcières et celles de leurs héritiers. Rattachées directement à la magie familiale, elles ne pouvaient être copiées ou reproduites de n'importe quelle manière que ce soit. De plus, elles étaient enchantées pour que seules les personnes qui y avaient droit puissent les porter et les manipuler. Donc, la personne qui se tenait face à Andromeda était bien l'héritier de la famille Black.

-Concernant mon identité exacte … poursuivi la silhouette. Je ne vous connais pas et vu comment a été traité mon prédécesseur, je préfère prendre mes précautions avant de vous faire confiance.

-Bien monseigneur, capitula Andromeda.

-Appelez-moi Shad, proposa la silhouette.

-Seigneur Shad ? hésita Andromeda

-Oui, confirma « Shad ».

L'aînée ne montra pas sa nervosité en prenant sa tasse.

-Pourquoi m'avez-vous offert l'hospitalité ? attaqua Andromeda. Je ne suis plus un membre de la famille Black depuis des années, pourtant.

-Et pourtant, lorsque vous avez été en danger, vous sembliez être persuadée que vous trouverez refuge dans une maison Black, contra « Shad ». Chacun d'entre nous a ses raisons pour avoir agi à sa façon, madame Tonks. Vous d'abord car c'est votre venue qui a déclenché cette situation.

Andromeda jeta un long regard las à travers la fenêtre avant de répondre.

-Malgré mon reniement, la magie des Black a toujours été présente en moi, déclara Andromeda. C'est d'ailleurs pour cela que j'ai pu transmettre à ma fille son don de métamorphomage, aptitude reconnue des Black qui n'avait plus fait son apparition depuis près de deux siècles.

-Comment pouvez-vous être sûre que ce don provient de la famille Black et non de la Magie ? s'étonna « Shad ». Vous le dites vous-même, vous avez été reniée !

-Moi-même je ne me l'explique pas, assura Andromeda. Mais c'est le cas.

-Disons que je vous croie, déclara « Shad ». Comment avez-vous pu trouver ces lieux ?

-C'est la Magie qui m'a guidé, avoua Andromeda.

-Ce n'est pas une chose à déclarer à la légère, rappela « Shad ».

-Je m'en remets à la Magie, s'inclina Andromeda.

Il s'agissait là d'une sorte de serment magique. Peu de choses pouvaient se réclamer du fait de la Magie et on ne pouvait les remettre en cause. La phrase rituelle n'était là que pour punir ceux qui impliquaient la Magie dans leurs mensonges. Dans ce cas, ils mourraient dans la minute, consumés par leur magie.

-Il ne peut en être autrement, sourit « Shad ». Mais vous êtes une reniée, la magie familiale n'est plus aussi impérative que lorsque vous étiez encore une Black. Vous auriez pu vous réfugier dans d'autres endroits, comme le ministère chez les aurors ou que sais-je encore … Pourquoi ici ?

-Bien que ma fille y travaille, je n'ai plus jamais eu confiance dans le ministère depuis que mon cousin Sirius, l'ancien héritier Black, a été emprisonné sans procès à vie à Azkaban, gronda Andromeda. Certes, il s'en est enfui il y a quelques années et les rumeurs courent qu'il est maintenant mort mais le mal est fait, sous prétexte qu'il est un Black et l'ami des Potter depuis des années, il aurait pu leur tourner le dos en un claquement de doigts. Nous ne sommes pas connus pour retourner notre veste. Nous avons toujours été loyaux à nos convictions, seigneur Shad.

« Shad » ne pouvait qu'en convenir. D'après les échos, Andromeda avait tenu tête à sa famille pour épouser l'homme qu'elle aimait et Sirius s'est dressé contre sa propre famille pour garder ses liens avec les Potter. On pouvait même ajouter Bellatrix Lestrange qui servait la cause de Voldemort avec ferveur. Oh non, les Black n'étaient pas adeptes de la trahison.

-Qu'attendez-vous de moi ? demanda « Shad ». Je vous ai permis de rester ici jusqu'à ce que vous ne décidiez de partir mais j'ai l'impression qu'il y autre chose.

Andromeda soupira lourdement, ce qui était contraire à l'étiquette Sang Pur.

-La magie familiale me murmure que je peux vous faire confiance, déclara Andromeda. Alors je vais le faire.

Elle sortit de sa poche un dossier qu'elle déposa sur la table. Mais « Shad » ne fit pas mine de le prendre.

-Qu'est-ce que c'est ? demanda « Shad »

-Il s'agit des éléments d'une enquête moldue, répondit Andromeda. Parce que notre cabinet d'avocats travaille dans le monde moldu, il arrive … arrivait que mon époux fasse appel à des détectives privés pour avoir plus d'éléments sur une affaire. Celle-ci nous a été donnée par un cracmol qui voulait porter plainte contre son employeur moldu. Il s'avère que celui-ci a fait ressortir un nom qui ne nous était pas tout à fait inconnu.

-Lequel ? demanda « Shad »

-Harry Potter, annonça Andromeda.

-Quel est le lien entre eux ? fit « Shad »

-La plainte concerne son oncle, répondit Andromeda.

-Qu'avez-vous découvert ? demanda « Shad »

-Les conditions de vie d'Harry Potter sont loin, mais alors très loin de ce qui circule dans le monde sorcier, soupira Andromeda. De plus, un autre nom loin d'être inconnu apparaît régulièrement dans le dossier. Celui d'Albus Dumbledore.

-Intéressant … lâcha « Shad ». Que comptez-vous faire ?

-Je ne sais pas encore, avoua Andromeda. Mais je compte lui apporter mon aide, peu importe le prix.

« Shad » garda le silence, angoissant de plus en plus Andromeda. L'ampleur de ses découvertes l'avait totalement horrifiée et juste avant l'attaque, elle était en train d'en discuter avec Ted. Ils n'avaient pas réussi à établir de plan et là, avec ce chamboulement drastique de sa vie, elle avait besoin de se fixer un objectif.

-Vos buts sont louables, madame Tonks, fit « Shad ». Mais même si vous avez une éducation Black, vous n'en êtes plus une.

Ça avait beau être les faits, Andromeda avait l'impression de se prendre une gifle.

-Vous savez tout comme moi que sans l'appui d'une grande famille Sang Pur, vous ne pouvez pas faire grand-chose dans le monde sorcier, encore plus pour aider Harry Potter, décréta « Shad ». Vous pourrez être utile aux Black mais il me faut savoir si vous seriez prête à réintégrer le clan.

-Je ne l'ai jamais envisagé, tressaillit Andromeda.

-Réfléchissez-y, fit « Shad » en se levant. Prouvez-moi que vous pouvez et que vous voulez servir le clan Black et j'envisagerai de vous en offrir la protection. Bonne journée, madame Tonks.

La silhouette quitta la pièce alors qu'Andromeda n'arrivait pas à sortir de sa stupeur.