Se consumer de rage

Harry fit presque claquer la porte de la Chambre des Secrets alors qu'il s'y réfugiait pour se calmer. Visiblement, Dumbledore ne tenait pas à lâcher l'affaire du manoir Black et l'essentiel de leurs discussions était sur le sujet, quand ce n'était pas pour s'imposer dans sa vie. Depuis janvier – et on était mi-mars – il avait plus vu le directeur que durant toute sa scolarité.

Dans le même temps, comme Neville l'avait deviné, les partis à marier se précipitaient pour avoir la chance de sortir avec lui. Le brun ne comptait plus les lettres d'amour ou demandes en mariage qu'il recevait chaque jour. Au début, il les recevait par dizaines tout au long de la journée et au bout de trois jours, il avait renoncé à les ouvrir et les ignorait purement et simplement. Les volatiles faisaient un bruit d'enfer, que ce soit dans la Grande Salle comme dans les salles de classe, et le directeur s'était fait tirer l'oreille pendant deux semaines avant de poser un filtre pour réduire le courrier du Survivant. Le brun avait toutefois demandé aux gobelins de récupérer les lettres déviées et de les trier. Sans cela, il n'aurait jamais su que le ministère tentait vainement de le contacter de nouveau.

En outre, Harry perdait de plus en plus souvent le contrôle de sa magie. Environ tous les dix jours, Dobby venait le récupérer dans sa chambre après que tous les élèves se soient endormis pour l'emmener dans le château Potter où il se déchaînait. L'elfe de maison avait pris contact avec Nolan pour que celui-ci lui indique quelles protections utiliser pour renforcer la salle d'invocation et depuis, il n'avait plus peur que les murs lui tombent sur la tête.

S'il n'y avait que cela …

La transformation physique d'Harry avait également entraîné la transformation de la magie du jeune homme. Cette dernière réagissait de moins en moins aux sorts sorciers et beaucoup plus à ses intentions. Pour le cacher, il avait dû faire croire à tout le monde qu'il préférait désormais opter pour les sortilèges informulés pour se préparer à la guerre. Il se passait aussi de plus en plus de sa baguette mais là, il refusait qu'on le surprenne. Vulgairement appelée la magie sans baguette, c'était une aptitude très peu répandue en Angleterre pour deux raisons : le ministère éradiquait impitoyablement tout sorcier qui pouvait en faire, de peur qu'il ne mène un coup d'état contre lui et les Sang Pur ne transmettaient plus les courants de pensée qui ouvriraient l'esprit des sorciers qui pourraient développer cette capacité. Pour Harry, de toute façon, sa future nature n'utilisait pas de baguette donc c'était réglé.

Sa capacité de voir la magie sous toutes ses formes s'était développée entièrement. Poudlard étant une place forte magique, le brun était toujours émerveillé de la voir agir dans tous les recoins du château. C'était toutefois l'aptitude qu'il avait maîtrisé le plus rapidement car il ne pouvait décemment pas partir dans ses pensées à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit ! Son odorat s'était encore plus affiné, à un tel point qu'il pouvait même détecter un poison inodore et incolore dissous dans n'importe quel liquide, solide ou gazeux.

Son régime alimentaire avait, heureusement, pas spécialement changé. En fait, il devait plutôt dire qu'il s'était stabilisé. Il mangeait toujours sa viande rouge saignante, il dédaignait les viandes blanches, avait beaucoup plus de mal avec le poisson mais surtout, il continuait à prendre trois repas complets par jour. Certes, dès qu'il se trouvait dans la Grande Salle, il chipotait avec son assiette mais il prenait toujours une minute en sortant de table pour aller dans un coin pour dévorer à belles dents le reste de son repas. Ainsi, il gardait l'apparence d'un gosse malingre.

Son apparence … les glamours étaient une bénédiction pour Harry. Cacher sa poussée de croissance conséquente n'avait pas été simple, sans compter sa prise de muscles. Les sorts modifiaient drastiquement l'image qu'il projetait aux autres mais pas celle qu'il avait de lui-même. Ce décalage était étrange à ses yeux et pour appréhender son nouveau corps, il était un utilisateur assidu de la salle des bains de la Chambre des Secrets. Ses oreilles notamment avaient fait l'objet d'un examen minutieux. Le reste de son corps aussi, puisqu'il ne ressemblait plus à un gringalet anorexique qui venait d'arrêter de porter des couches. Non, il était un jeune homme en pleine santé qui avait de l'énergie à revendre. Nolan lui avait été d'un grand secours car il lui avait montré et indiqué les exercices qui lui conviendraient le mieux à la fois pour se dépenser et pour maintenir ce physique, ma foi, attirant.

Mais là, maintenant, ça ne lui suffirait pas.

Une heure auparavant, il avait dangereusement frôlé la limite entre se contenir et faire un massacre. Juste avant le dîner, les directeurs de maison avaient annoncé que les élèves de sixième année allaient travailler sur un projet par binôme sur un sujet libre jusqu'à la fin de l'année. Les dossiers allaient être lus et notés par le corps professoral et octroyaient aux gagnants une mention qui serait très appréciée dans les dossiers scolaires des concernés. Les élèves avaient été enchantés, ce n'était pas le problème. Disons que le moment où tout avait dégénéré était quand ils s'étaient tous lancés dans la chasse au meilleur partenaire. En moins d'une demi-heure, Hermione, Neville et lui avaient été agressés de nombreuses fois. Certes, leurs résultats scolaires étaient mis en avant mais les garçons n'avaient pas mis longtemps à comprendre que le projet était également un moyen détourné pour les autres de mettre leurs arguments en avant pour avoir le privilège de sortir avec deux des partis les plus prisés de la société anglaise et qui sait, obtenir le mariage tant convoité. Cela avait exaspéré Neville – Luna avait été implicitement menacée – mais Harry avait vraiment vu rouge. Surtout avec Ron Weasley et Zacharias Smith. Le premier s'était calmé après que le brun se soit lui-même occupé de lui quand il avait été surpris en train de fouiller ses affaires. Mais dès que l'annonce avait retenti, il s'était jeté sur Harry et avait babillé comme quoi ils feraient l'un des meilleurs duos alors qu'objectivement parlant, le brun aurait été le seul à travailler tandis que le roux serait resté dans son coin à se goinfrer, au mieux. Quant à Zacharias Smith, ce dernier avait réussi à l'intercepter alors qu'il traversait le hall de l'école et avait déclaré qu'il serait le meilleur choix et qu'il devrait s'en rendre compte maintenant. Harry n'était pas vraiment sûr qu'il parlait bien du projet mais pour ça comme pour devenir son petit-ami, sa réponse était la même, il ne tenait pas à s'encombrer d'un boulet pareil. Le brun le lui avait fait savoir de manière extrêmement claire et précise mais apparemment, Smith ne pouvait pas accepter un non pour réponse … et Dumbledore aussi. Alors que Smith venait de se faire humilier proprement devant toute l'école, le directeur était intervenu pour le convaincre d'accepter de travailler avec lui. Sous les regards incrédules d'Harry et de ses amis, qu'ils soient de Gryffondor, de Serdaigle ou de Serpentard, le vieil homme lista toutes les raisons pour lesquelles il devrait accepter sa proposition. Le brun, franchement agacé qu'on veuille lui forcer la main pour qu'il écarte les cuisses devant Smith – il n'était pas aussi aveugle pour ne pas comprendre que le seul but du jeune homme était de se taper le Survivant – avait lentement mais sûrement perdu son calme. Conscient que s'il écoutait une minute de plus ces inepties, il allait craquer, Harry avait alors tourné le dos à l'assemblée sans un mot et avait quitté les lieux en plein milieu d'une phrase de Dumbledore. Ce dernier l'avait regardé, bouche ouverte, stupéfait par le toupet que montrait son élève. Certains avaient bien voulu le suivre mais Harry connaissait l'école comme sa poche et c'était un jeu d'enfant de les semer dans les couloirs pour rejoindre la Chambre des Secrets.

Et le voici en train de tourner en rond pour ne pas exploser.

-Seigneur Harry ? apparut Dobby

-Partons, gronda Harry.

L'elfe de maison s'empressa de les amener dans les cachots du château Potter. Une fois sécurisé, Harry s'y déchaîna mais il sentit rapidement que ce ne serait pas assez. Alors il modela sa magie pour qu'elle fasse quelque chose de concret. Les elfes de maison attachés à la maison Potter apparurent auprès de Dobby.

-Que se passe-t-il ? demanda Dobby, intrigué mais inquiet par le déchaînement de magie

-Des objets disparaissent dans tout le château, expliqua l'un des elfes de maison. Nous les avons suivis jusqu'ici.

-Alors c'est que le seigneur Harry en avait besoin, décréta Dobby. Identifiez-les tous et retournez travailler. Je m'occupe du seigneur Harry.

Les elfes de maison s'inclinèrent avant d'obéir. Dobby reporta son regard vers son seigneur et ami. Il nota la présence des objets disparus qui voletaient au-dessus de sa tête, traversés par des rayons de magie. Le ballet dura quelques heures avant que tout ne retombe au sol, y compris Harry. L'elfe de maison se précipita pour le soigner et l'amener dans un lit pour qu'il puisse se reposer.

-Dobby ? souffla faiblement Harry

-Seigneur Harry, sourit Dobby. Que puis-je pour vous ?

-J'ai senti ma magie agir, fit Harry. Que s'est-il passé ?

Dobby fit venir à lui les objets qui s'étaient trouvés dans la salle d'invocation.

-Ces objets sont chargés de votre magie, expliqua Dobby. Vous seul pourrez me dire ce à quoi ils pourraient servir.

Se callant contre ses oreillers, Harry observa le plateau sur lequel les babioles avaient été déposées. Son regard fut attiré par une barrette avec un ornement en forme d'ailes de papillon en bronze. Il le prit délicatement entre ses mains et l'examina de plus près.

-Elle appartenait à votre grand-mère maternelle, révéla Dobby.

-Il ne me semble pas que tu aies été au service de la famille Potter avant moi, sourit Harry.

-Les Malfoy n'étaient pas si terrible, avoua Dobby. Non, ces objets sont venus à vous pendant votre … crise. J'ai demandé aux autres une description pour chaque objet.

-Merci, Dobby, sourit chaleureusement Harry.

-De rien, seigneur Harry, s'inclina Dobby.

-Continue, fit Harry.

-Donc, cette pince pour cheveux appartenait à la mère de votre mère, fit Dobby. C'était son cadeau pour ses dix ans de mariage, il me semble.

-Elle serait parfaite pour Luna, songea Harry. Surtout pour m'envoyer de bonnes ondes pour me calmer.

Il avisa ensuite une pochette avec un bouledogue tissé dessus.

-C'est pour Pansy, rit Harry. Elle qui se plaint qu'elle perdait toujours ses affaires !

Dobby fronça légèrement des sourcils avant de vérifier.

-C'est une pochette qui appartenait à votre grand-mère paternelle, analysa Dobby. D'excellente qualité en plus. Votre magie en a fait une pochette sans fond. Votre amie n'aura qu'à ouvrir la pochette en pensant à ce dont elle avait besoin pour l'avoir immédiatement. Les meilleurs sacs sans fond du marché nécessitaient quand même à ce qu'on plonge le bras dedans pour chercher durant plusieurs minutes ce dont on a besoin.

Harry prit ensuite une montre bracelet soigneusement serti de cristaux finement taillés.

-Comme ça, Daphnée saura toujours où se trouve sa sœur, ricana Harry.

-Ella appartenait également à votre grand-mère paternelle, indiqua Dobby. Le sort pour indiquer où se trouvent les membres de sa famille a été perdu depuis quelques siècles. Généralement, les artefacts qui contiennent ce sort se transmettent de génération en génération. Pour changer les noms, il suffit simplement d'une goutte de sang. Normalement, chaque famille Sang Pur en possède un tel artefact, sous forme d'horloge le plus souvent.

-Il faudrait que je retrouve celui des Potter, marmonna Harry.

Il fronça des sourcils en notant la présence de deux autres pinces à cheveux, l'une en forme de flamme en or et l'autre une goutte en argent.

-Ginny et Astoria, souffla Harry. Pour qu'elles soient toujours en contact avec Luna.

-Elles contiennent les mêmes sorts que celle de Luna, confirma Dobby. Et proviennent également des bijoux de votre grand-mère maternelle.

Son souffle se coupa en apercevant de l'ambre monté en pendentif avec une chaîne en or.

-Hermione, murmura Harry.

Avec surprise, il découvrit que la pierre avait été enchâssée sur un médaillon qui s'ouvrait sur une surface unie.

-Curieux … fit Harry.

-C'est un héritage de votre grand-mère paternelle, déclara Dobby. C'est maintenant une boussole magique, qui lui indiquera où se trouvera toutes les personnes auxquelles elle tient le plus.

Avec révérence, il reposa le bijou et s'intéressa aux autres. La montre à gousset était finement ornée.

-Parfait pour Théo, sourit Harry. Une revisite des traditions.

-Et un excellent réceptacle de sorts, ajouta Dobby. En le lançant sur cette montre, il n'aura pas besoin de le maintenir.

-Pratique, fit Harry.

Le bracelet, avec les motifs en forme de feuilles, n'avait aucune ambiguïté quant à son destinataire.

-Neville sera ravi, pouffa Harry.

-D'autant plus que le bracelet est comme une sacoche d'herboriste, fit Dobby. Cela lui serait bien utile.

La broche pour cape en forme d'araignée était assez fantasque pour plaire à Blaise.

-Une veuve noire, comme la mère de Blaise, sourit Harry.

-Et un très bon détecteur de poison, ajouta Dobby.

La chaîne était si fine, si délicate et si haut de gamme qu'il ne voyait qu'une seule personne la porter.

-Draco ne reniflerait même pas devant la qualité de ce présent, sourit Harry.

-D'autant plus que ça le protégera d'un certain nombre de sorts visant son esprit, déclara Dobby.

Il ne restait que deux objets sur le plateau. Avec fébrilité, il s'empara de l'anneau d'une simplicité assez étonnante parmi ces riches objets.

-D'où vient-il ? demanda Harry

-Il provient des affaires de votre mère, déclara Dobby. C'est une bague de magie. Elle l'a créé en pensant à son meilleur ami.

-Severus … souffla Harry.

Harry savait depuis quelques temps que sa mère et lui étaient très proches durant leur enfance. Ils s'étaient éloignés quand elle s'était rapprochée de James mais ils s'étaient peu à peu retrouvés. Il était donc normal que l'objet lui revienne.

Le dernier objet était une simple boucle d'oreille. Harry n'avait pas besoin de Dobby pour comprendre ce que c'était.

-Un réceptacle de magie, s'émerveilla Harry. Je ne pensais pas que ça existait.

-Ils sont extrêmement rares pour les sorciers, expliqua Dobby. Le vôtre est calibrée sur votre magie et uniquement la vôtre. Ce sera une réserve formidable et très discrète, surtout avec les combats qui vous attendent.

Harry regarda tous ces objets avant de se décider.

-Emballe-les, s'il te plait, pria Harry. Je les leur donnerais.

-Et pour votre boucle d'oreille ? demanda Dobby

-Je vais y réfléchir, fit Harry.

Et demander conseil à Nolan.

§§§§§

Fin se faufila discrètement dans la maison de RoseSang où il vivait.

-Bonsoir Fin, fit une voix.

Fin sursauta pour découvrir dans un fauteuil non pas Nolan mais Celeb.

-Seigneur Celeb, s'inclina Fin.

-Tu me connais, d'habitude je m'amuserai à tourner autour du pot mais nous n'avons pas le temps, soupira Celeb. Pourquoi tu ne sors pas ta sœur de là ?

Fin ne sursauta même pas et s'avachit sur un fauteuil proche.

-Pourquoi je ne m'étonne même pas que vous soyez au courant ? marmonna Fin

-Nolan aime bien avoir un œil sur ses jouets, ricana Celeb. Mais ce n'est pas le sujet. Pourquoi ?

-Notre oncle a engagé un shaman renégat pour l'enfermer, soupira Fin.

-Pardon ?! bondit Celeb

Leur peuple n'était pas exactement magique. La magie qu'ils possédaient servait essentiellement à augmenter leurs capacités physiques. Bien entendu, certains d'entre eux pouvaient utiliser la magie à plus ou moins grande échelle. Les shamans formaient donc une petite caste à part de leur peuple qui était elle-même divisée en plusieurs groupes selon leurs affinités. Ils étaient repérés dès leur plus jeune âge et leurs aptitudes développées selon leur magie. Une fois à l'âge adulte, ils étaient invités à rejoindre la communauté qui leur correspondait le mieux ou à s'établir en tant que shaman solitaire. Dans les deux cas, ils devaient se faire recenser, même s'ils maitrisaient la magie la plus sombre à portée de leur peuple. Les shamans renégats étaient ceux qui refusaient de se faire ficher et qui voulaient pratiquer la magie sans entrave. Ils étaient traqués sans merci car ils ne préoccupaient guère de la survie de leur peuple. Que le patriarche de Fin ait pu faire appel à l'un d'entre eux n'était pas vraiment une bonne nouvelle.

-Comment l'as-tu su ? demanda Celeb

-Il vient chaque lune pour renouveler la protection, avoua Fin. J'ai tenté de la faire sortir à ce moment-là mais il est toujours assez ponctuel. Quant à m'en prendre à lui … je suis téméraire, pas suicidaire.

Celeb sourit. Effectivement, il fallait être fou pour s'en prendre à des shamans. Seuls d'autres shamans ou des guerriers pouvaient se mesurer à armes égales.

-C'était ça qui t'empêchait de la libérer, donc, songea Celeb. Dans combien de temps est-ce que ta sœur va être mariée ?

-Mon oncle veut absolument que la cérémonie ait lieu dans trois lunes, révéla Fin.

-C'est précis, nota Celeb. Les négociations ont commencé quand ?

-Il y a deux lunes officiellement, répondit Fin. Mais Melia est enfermée depuis six lunes.

-Je ne sais pas dans quoi ta famille s'est fourrée mais c'est mauvais, prévint Celeb.

-Je sais, soupira Fin. Mais je veux protéger ma sœur.

-Et ta mère ? s'étonna Celeb

-Si c'est possible, sourit nerveusement Fin.

-Je vais voir ce qu'on peut faire, déclara Celeb. Mais il y a beaucoup de chances pour que ça se termine dans un carnage. En s'en prenant à ta sœur, on s'en est pris à toi et comme tu es au service des RoseSang, c'est Nolan qu'on implique. Tu n'as pas choisi n'importe quelle famille à qui prêter ton bras et ton honneur, tu sais.

-J'ai pu le constater, sourit faiblement Fin.

-Va te coucher, conseilla Celeb. On va prendre le relais et ne t'inquiète pas, tu participeras. Hors de question de te laisser sur le côté.

-Merci, soupira Fin en se levant.

Celeb le regarda s'en aller en dégustant distraitement son verre.

-Tu veux parier que si on a choisi la famille de Fin, c'est pour affaiblir la maison RoseSang ? s'éleva une voix

-Les nôtres ont été massacrés parce que nous leur étions liés, se rappela Celeb. Il est temps de faire renaître le nom des Velvet. Es-tu partante ?

-Bien entendu, sourit la jeune femme qui sortit de l'ombre. Nolan et toi êtes d'excellents guerriers, il vous faut bien un shaman pour assurer vos arrières, non ?

-Kali, ma petite sœur chérie ! rit Celeb. Nos ennemis ne savent pas sur qui ils sont tombés …

§§§§§

Tom avait du mal à revenir de sa stupeur.

Il avait trouvé ! Enfin !

Pendant que Sirius se réappropriait peu à peu sa vie, Tom avait fouillé les bibliothèques russes. Il n'avait pas abandonné l'idée de sauver ses amis de la marque des ténèbres et surtout de rendre son mari et éventuellement sa sœur à Narcissa. Dimitri Vater lui avait donné un laisser-passer pour la bibliothèque de la Neva, où une partie des archives sorcières se trouvaient. Le maître legilimens lui avait indiqué qu'il n'aurait pas accès à tout ce qu'il voudrait mais c'était suffisant visiblement.

En Angleterre, il avait trouvé une piste assez sérieuse en se penchant sur la géométrie de la marque. Mais comme il s'agissait d'une science moldue, il n'avait rien pu trouver, à cause du mépris et l'égocentrisme des Anglais. Ses recherches en France puis en Allemagne lui avaient permis de faire le lien avec l'arithmancie puis les runes anciennes.

Et là, les runes l'avaient mené aux marques d'appartenance.

Au début, il s'était tout de suite intéressé aux marques d'esclavage mais toutes les archives sur le sujet avaient disparu dans toutes les bibliothèques officielles qu'il avait pu consulter, courtoisie de Dumbledore. Mais il n'avait jamais pensé à chercher quelque chose de plus générique pour trouver ce qu'il voulait.

Voldemort – ou qui que ce soit qui le manipulait – était doué, il ne le contestait pas, mais pas assez pour réussir à modifier durablement des marques de soumission.

Comme les marques d'esclavage, ces marques n'avaient pas besoin du consentement des concernés pour qu'on puisse les apposer. La différence majeure entre ces marques était que celles de soumission permettaient d'appeler ceux qui la portaient avec plus ou moins de douleur vers celui qui avait la marque maîtresse. Tom avait également déterminé qu'une combinaison de runes permettait au porteur de la marque de donner de sa magie à la marque maîtresse.

La partie la plus difficile maintenant était de pouvoir enlever la marque des ténèbres, de surcroît sans que le porteur de la marque maîtresse, vraisemblablement Voldemort, ne s'en doute. L'idéal serait de le tuer mais comme il n'avait aucune idée d'où il pouvait se trouver, c'était peine perdue. Il lui restait donc deux solutions : ou bien il démantelait la marque, ou bien il la rendait inactive.

-Monsieur ? interpella une voix. Nous allons fermer.

Tom se redressa, surpris. Déjà ? Où était donc passé toute la journée ? Il était pourtant arrivé dès l'ouverture !

Rapidement, il ramassa ses affaires et vida les lieux. Il prit le temps de les déposer dans la chambre d'hôtel qu'il occupait avant de se rendre à la clinique qui elle, n'avait pas d'horaires de visite.

-Bonsoir Tom, salua Sirius.

-Sirius, répondit Tom. Comment vas-tu ?

-Le travail sur mon esprit est long, très long, soupira Sirius. Annuler toutes les consignes n'est pas aisé.

-Pourquoi ? s'étonna Tom

-D'après ce que j'ai compris, la personne qui a fait ça a profité que j'étais faible psychiquement pour implanter les consignes profondément en moi, expliqua Sirius. Comme il était doué, ça prend du temps pour les détruire. Et tant que ce n'est pas fait, je ne peux pas me remettre à l'occlumencie.

-Combien de temps ça va prendre ? demanda Tom

-A ce rythme, plusieurs mois, révéla Sirius.

-Je ne pourrais pas rester autant de temps, s'excusa Tom.

-Je m'en doute, sourit Sirius. Je ne suis plus un gosse, je peux rester seul plusieurs jours de suite.

-Permets-moi d'en douter, renifla Tom. Mais je passerai de temps en temps pour vérifier que les médicomages ne t'ont pas tué parce que tu étais trop agaçant.

-Même pas vrai ! grogna Sirius

Ils se chamaillèrent encore un moment avant que Tom ne prenne congé. Il rencontra Dimitri Vater pour discuter de la prise en charge de son patient, notamment financière, et Tom sortit finalement de la clinique, préoccupé. Ses économies n'étaient pas éternelles et Sirius en bouffait pas mal. Il n'avait pas le choix, il allait devoir demander de l'aide à Narcissa. Mais il allait devoir lui dire que Sirius était vivant et là … Il tenait à sa tête, merci. Cependant, il ne pouvait pas faire autrement.

Tom rentra et décida de partir pour l'Angleterre dès le lendemain, non sans faire quelques détours. Il fit donc ses bagages avant d'aller se coucher.

§§§§§

Ça y est. Il l'avait enfin retrouvé.

Albus se félicitait d'avoir distribué assez d'argent pour être prévenu de tout indice qui pourrait l'aider à localiser Tom. L'un de ses espions en Bosnie lui avait certifié que Tom s'était rendu dans une échoppe d'apothicaire et qu'il comptait récupérer sa commande dans deux jours. C'était donc amplement suffisant pour monter une opération et se débarrasser définitivement de ce gêneur. Le vieux sorcier prit le temps de contacter quelques connaissances qui pourraient l'aider dans ce projet particulier et leur assura une excellente prime pour qu'ils ne bâclent pas le travail. Après avoir donné ses ordres, il se tâta avant de se décider. Il délégua ses affaires pour les trois prochains jours avant de se rendre chez lui. Heureusement, sa nièce était encore là et il ne s'embarrassa pas de scrupules pour la traîner jusqu'à la surface plane la plus proche pour prendre son plaisir. Julia était très loin de s'en plaindre et une fois leur affaire finie, elle s'allongea langoureusement sur le canapé, toujours nue, tandis qu'Albus se servait une boisson forte.

-Je me répète peut-être mais pour un sorcier de ton âge, tu as de l'endurance, sourit Julia.

-Je sais, se rengorgea Albus après avoir savouré une gorgée.

-Bonne journée ? devina Julia

-Bonne nouvelle, corrigea Albus. Je vais enfin me débarrasser d'un parasite.