Le Prince de Sang mêlé

Severus lâcha un lourd soupir lorsqu'il sentit la marque des ténèbres brûler son bras. Ce qu'il pouvait être blasé de ce fou mégalo …

Rapidement, il réarrangea ses notes pour les ranger correctement, troqua son pull et son pantalon confortable pour son uniforme informe de mangemort. Il vérifia qu'il avait sa sacoche de potions d'urgence ainsi que sa baguette et son portauloin de secours avant de s'emparer de son masque qu'il fourra dans sa poche et quitta ses appartements qu'il referma soigneusement. Il parcourut les couloirs silencieux à cette heure de la nuit et sortit du château. Une fois les frontières du domaine passées, il transplana vers le quartier général de Voldemort. Il mit soigneusement son masque avant d'entrer dans la salle où se tenait la réunion. La procession avait déjà commencé et il se mit dans la file pour baiser le bas de la robe de leur maître à tous. Son devoir fait, il se plaça dans un recoin de la pièce à une place stratégique, proche du trône de Voldemort pour justifier qu'il faisait partie de son cercle rapproché mais assez loin pour avoir une vue d'ensemble.

D'une oreille distraite, Severus écouta les comptes rendus des différentes missions données par Voldemort. Lui y échappait parce qu'il donnait des cours – encore heureux ! S'il devait participer aux raids toutes les nuits, pas sûr qu'il puisse garantir la survie de ses cornichons ! – mais ce n'était pas pour autant qu'il était exempté de tâches. Comme il était le maître de potions le plus jeune depuis plusieurs siècles – et le seul qui ne se soit pas planqué en Angleterre – Voldemort en profitait pour lui demander des potions particulièrement pointues. Heureusement, il avait fermement refusé de fournir les potions de base pour ses « collègues » car il avait expliqué qu'avec ses autres fonctions, si Voldemort ne voulait pas qu'il fasse d'erreurs, il devait faire un choix pour les mangemorts, les potions pour les soldats ou celles pour leur chef. Bien évidemment, ce dernier ne pensant qu'à sa pomme, c'était couru d'avance.

Severus en profita pour s'amuser à reconnaître ses « camarades » malgré leurs tenues. Comme il était déjà mangemort quand il était devenu professeur de potions, il pouvait sans problème reconnaître ses anciens élèves. Il avait plus de mal avec ceux qui étaient plus âgés que lui ou qui avaient fait leurs études à l'étranger. Quelques-uns, cependant, sortaient du lot et il n'était pas difficile de deviner leur nom. Lucius, par exemple, dont les richissimes robes et les cheveux blonds presque blancs étaient connus dans le monde entier comme la marque de fabrique des Malfoy. Fenrir Greyback, dont les traits et le physique étaient presque plus lupins que sorciers. Bellatrix Lestrange était la seule à ne pas porter de masque et malgré son passage à Azkaban, elle restait une très belle femme.

Le regard de Severus se tourna vers la personne qui les avait tous réuni là. Par prudence, il renforça ses barrières occlumens avant de poursuivre ses pensées. L'être qui s'était hissé sur le trône n'avait même pas l'apparence d'un humain. La peau verte écailleuse, pas de nez, chauve … et certains continuaient de le suivre ! C'était assez incompréhensible et cela ne l'étonnerait pas que des sorts coercitifs aient été de la partie. Avant, l'idée ne l'aurait même pas effleuré mais depuis qu'il s'était souvenu dans les détails de sa dernière entrevue « non officielle » avec le directeur de Poudlard, Severus prenait avec précaution tout ce qu'il savait. Quand il avait compris que ce n'était pas la première fois que Dumbledore se conduisait ainsi avec lui – autant dire la vérité, qu'il le torturait – il avait vérifié son esprit pour savoir combien de fois ce genre d'événement s'était produit. Il n'y avait pas à dire, le directeur était puissant, et il n'avait pas encore réussi à retrouver la totalité de ses souvenirs – il n'en avait récupéré qu'une infime partie, en fait – et cela l'inquiétait vraiment.

Tout cela pour dire qu'il se méfiait de tout ce qui provenait également de Voldemort. Oui, il commençait à avoir des doutes, surtout concernant son adhésion. Oui, il était haineux et Lily avait fini par le rejeter pour une parole malheureuse. Mais pour autant, est-ce qu'il aurait renoncé à la volonté de devenir un homme dont sa défunte mère serait très fière ? Il ne se connaissait pas aussi stupide, encore plus avec une idéologie cousue de fils blancs. Les moldus devaient être éradiqués de la surface de la terre ? Pour être allé à l'école publique pendant son enfance, l'une des premières informations géographiques qu'on apprenait était que la population britannique se comptait en millions d'habitants alors que les sorciers dans ce même royaume, comme il l'avait appris après quelques recherches, n'approchait même pas de la centaine de milliers. Le rapport était incomparable et il n'y avait aucune chance que les sorciers aient le dessus sur les moldus, encore plus avec la technologie dont ils disposaient. Oui, les nés de moldus polluaient la société sorcière en important leurs croyances mais il avait rapidement compris qu'il s'agissait surtout d'un problème d'introduction au monde de la magie.

Mais de là à se soumettre à Voldemort, aussi séduisant était-il à ses débuts ? Non-sens. Severus avait toujours été indépendant et même s'il avait beaucoup souffert de la solitude pendant son enfance et son adolescence, il s'était toujours jugé assez mature pour ne pas s'enchaîner volontairement à quoi que ce soit. Mais visiblement, il l'avait fait.

Par deux fois, en plus.

Il réfléchissait encore aux raisons qui l'avaient poussé à l'époque vers Voldemort mais aussi vers Dumbledore ? Là, il y avait un problème ! Aussi loin qu'il pouvait remonter, le directeur de Poudlard n'avait jamais eu un seul regard et encore moins un geste aimable pour les Serpentards. Certes, il s'était toujours posé comme l'adversaire attitré de Voldemort mais Severus cumulait trop de défauts pour l'intéresser : Serpentard, sang-mêlé, pauvre, aimant la magie « noire ». Mais pourtant, Dumbledore était allé jusqu'à lui éviter la prison, lui avait donné un emploi et la tête de la maison Serpentard. En contrepartie, il devait risquer sa vie pour apporter des informations pour lutter contre Voldemort.

-Severus ?

Le Sorcier reprit rapidement ses esprits.

-Pardonnez-moi, monseigneur, s'inclina Severus. Une idée pour améliorer une potion m'était venue.

-Doloris !

Le sort craché lui fit poser un genou à terre mais il n'avait pas crié. Le maître de potions n'avait pas l'intention de lui donner satisfaction sur ce point.

-Quand je parle, tout le monde doit écouter, rappela Voldemort.

Et il repartit dans son discours mégalomaniaque. La dernière pensée qu'il eut avant de se concentrer totalement sur la réunion en cours était qu'il était temps qu'il se libère de ce fou.

§§§§§

-Mesdames, messieurs, fit Albus.

La réunion de l'Ordre du Phénix n'allait pas tarder. Molly, encore sur place avec son mari Arthur, avait préparé un bon dîner pour tout le monde pour que la réunion se passe bien. Après un digestif, le directeur les avait rassemblés dans la salle de bal.

-Mes amis, sourit Albus. J'aimerai vous présenter un nouveau membre de l'Ordre. Voici Julia.

Une rousse sublime entra d'un pas chaloupé dans la pièce, faisant baver les hommes les plus jeunes. Un seul toutefois ne montra aucune émotion.

Et pourtant, c'était un maelström à l'intérieur ! Quand Lily l'avait rejeté, Severus s'était retrouvé à la suivre dès qu'il le pouvait. Quand ils avaient quitté l'école, il gardait quand même toujours un œil sur elle et il fallait avouer qu'après sa mort, ses partenaires avaient soit les cheveux roux, soit les yeux verts.

Lily …

Severus retomba sur terre lorsqu'il sentit quelque chose sur son bras.

-Puis-je savoir ce que vous faites ? claqua Severus

-Je voulais savoir si la place à côté de vous était prise, sourit Julia.

-Visiblement, vous l'occupez déjà, nota Severus. Mon accord est donc superflu.

Julia rougit délicatement avant de reporter son attention sur le maître de séance.

Severus devait se l'avouer, il était troublé par cette jeune femme de son âge. Outre le fait qu'elle ressemble à Lily, elle ne semblait n'avoir aucun apriori sur lui alors qu'il s'était construit une très solide réputation de bâtard. Même si Dumbledore le traitait avec « bienveillance » – mais il n'était pas naïf au point de ne pas comprendre que c'était plutôt de la condescendance – il restait un Serpentard et le directeur de la maison de surcroît donc il ne devait pas être dans les petits papiers de Dumbledore, même s'il lui était utile.

Autre point qui le chiffonnait, c'était que cette Julia était inconnue de tous les membres. Or, l'introduction dans l'Ordre se faisait par parrainage et la candidature étudiée par un conseil des plus anciens membres. Mais là, il n'y avait rien eu du tout et c'était étrange.

Severus se secoua intérieurement et reporta son attention sur la réunion. Comme d'habitude, Dumbledore lançait des miettes d'informations, tout le monde braillait et le directeur les mettait tous d'accord en révélant l'idée qu'il avait eu et que tout le monde acceptait « parce que le grand Albus Dumbledore en était à l'origine ».

Autant pour la démocratie …

Severus ne prenait jamais la parole, uniquement quand son avis était expressément demandé. Et même là, il se faisait le plus bref et concis possible. De toute façon, personne n'avait confiance en lui et s'il était parmi eux, c'était uniquement parce que Dumbledore le tolérait.

Actuellement, le principal sujet de conversation était le recrutement de nouveaux membres. Comme la majorité des membres lors de la première guerre avait été tuée, l'Ordre de la deuxième guerre était très réduit et il fallait absolument l'étoffer pour qu'ils puissent être « efficaces ». Quand le sujet était arrivé sur la table la première fois, Severus avait été clair : il ne pourrait approcher aucun Serpentard sans mettre en péril son statut d'espion. Cela ne gênait personne car pour toute l'assemblée, les vert et argent étaient destinés uniquement et seulement à devenir des mangemorts. Lui n'était que l'exception qui confirmait la règle.

Pour les autres professeurs membres de l'Ordre, s'ils ne voulaient pas que le ministère ne se doute de quoi que ce soit, ils devaient donc garder une absolue neutralité. Seul Dumbledore se permettait de transgresser cette règle implicite, parce qu'il était Albus Dumbledore.

Ne restait donc que les autres membres de l'Ordre pour faire le recrutement. Du peu qu'il avait pu entendre – il n'était naturellement pas convié aux réunions pour étudier les dossiers – les pressentis étaient essentiellement les enfants scolarisés pendant la première guerre. Ils étaient donc bercés par les récits des héros qui s'y étaient illustrés et mieux encore, ne souhaitaient que pouvoir se vanter qu'ils avaient pu côtoyer le Survivant. De plus, leur registre de sorts maîtrisés était plus que décevant et il n'osait imaginer ce qu'ils donneraient sur le champ de bataille. Une remise à niveau aurait été donc la bienvenue mais ce n'était pas dans les projets du grand Albus Dumbledore.

Quoi qu'il en soit, pour toute candidature, le directeur de Poudlard et chef de l'Ordre du Phénix avait toujours le dernier mot. Severus avait pu récolter les noms des personnes approchées – on était espion ou on ne l'était pas – et il avait remarqué que seuls les plus crédules mais également les plus riches étaient acceptés. D'ailleurs, une fois introduits, on n'en entendait plus du tout parler. Mais son petit doigt lui disait que cette Julia allait rester plus longtemps que les autres.

-Oh, Severus, un mot, interpella Albus alors que la réunion était terminée.

Silencieusement, le maître de Potions approcha.

-Julia n'a pas vécu en Angleterre, fit Albus. Je …

-Je vous arrête tout de suite, coupa Severus. Nous avons déjà établi que je ne pouvais pas me dédoubler pour toutes les fonctions que je remplis. Des choix ont été faits et je ne compte pas les remettre en cause. Si vous avez besoin d'un guide touristique ou de quoi que ce soit d'autre, il y a bien assez de membres de l'Ordre qui ne savent pas quoi faire de leurs dix doigts pour vous servir !

Severus ne risquait pas de dévoiler qu'il se souvenait parfaitement de leur dernier entretien. En effet, depuis le retour de Voldemort, ils se prenaient tous les deux la tête pour que le maître de potions constitue une réserve de potions à destination de l'Ordre. Ce dernier avait refusé car, outre le fait qu'il avait refusé de le faire pour les mangemorts, il n'avait réellement pas le temps de le faire. Mais « non » n'était pas une réponse pour Albus Dumbledore.

-Mais … tenta de protester Albus.

-Je n'ai pas le temps, décréta Severus. Si nous en avons terminé, je vais retourner à mes actuels engagements.

Il tourna les talons et quitta les lieux. Severus se doutait que le directeur avait été à deux doigts de lui faire ravaler ses paroles mais il y avait encore des membres de l'Ordre dans la pièce et il ne fallait surtout pas qu'il déroge à son image de gentil papy gâteaux.

Qu'est-ce qu'il ne ferait pas pour des vacances loin d'ici …

§§§§§

-Vous n'auriez pas un retourneur de temps ? fit Severus en laissant tomber sa tête sur le bureau après les salutations d'usage. Si je ne dors pas au moins une semaine, je vais devenir fou !

Seul un éclat de rire lui répondit.

Dans son emploi du temps de ministre, Severus avait pu se trouver un créneau pour rendre visite à l'un de ses plus anciens amis. Garrick Ollivander avait été le premier à comprendre que la vie au sein de la famille Snape était très loin d'être idyllique. L'enfant de l'époque avait été l'un des seuls à lui avoir posé des questions sur les éléments qui pouvaient constituer une baguette donc il l'avait invité à lui écrire s'il voulait en savoir plus. Ça avait été le début d'une belle correspondance mais surtout d'une belle et grande amitié. Severus avait trouvé en Garrick un mentor et un confident qui l'avait poussé à devenir maître de potions. Mais curieusement, il n'avait pas réussi à le dissuader de se soumettre à Voldemort.

-On peut dire que tu as une vie bien remplie, sourit Garrick.

-Pourquoi j'ai refusé de devenir votre apprenti, déjà ? marmonna Severus

-Tu aimais trop les potions, rappela Garrick. Et dans les baguettes, ce qui te fascinait était surtout les interactions entre les différents éléments, rien d'autre.

-Ah, c'est vrai, souffla Severus. Et Dumbledore qui me prend la tête …

-Que Dumbledore ? insista Garrick

-Oh, ça va ! grogna Severus

Garrick Ollivander connaissait parfaitement les « allégeances » de son protégé. Il avait été le premier vers lequel le jeune sorcier s'était tourné quand il était revenu des geôles du ministère la première fois, alors qu'il venait à peine d'obtenir sa maîtrise de potions, la marque des ténèbres trônant sombrement sur son bras et il avait été encore là quand il était revenu après avoir livré la prophétie. Aucun mot n'avait été nécessaire mais ce n'était pas pour autant que le fabriquant de baguette n'avait cessé de lui faire confiance.

-Qu'est-ce qui t'amène dans mon antre aujourd'hui ? sourit Garrick

-J'avais besoin d'une pause, j'imagine, fit Severus.

-Je pourrais presque te croire, ricana Garrick. Allons, je t'écoute.

A voix basse, Severus lui raconta les derniers événements de sa vie. La boutique était le seul endroit où il pouvait être lui-même et où il n'avait pas à s'inquiéter pour ses secrets car il savait qu'ils seraient gardés. Oh, il ne lui confiait pas ceux d'Harry – bizarrement, il se rappelait parfaitement sa crise au début de l'année où, avec Draco, ils s'étaient fait soumettre par sa magie – mais Garrick restait quand même de bon conseil.

-Tu ne chômes pas, constata Garrick.

-Semblerait, grommela Severus.

Garrick fronça des sourcils en regardant Severus. Avec la chance qu'il avait, son protégé lui claquerait entre les doigts avant la fin de l'année scolaire. Et ça, il en était hors de question !

-Dis-moi, mon cher, comment se passe la gestion du clan Prince ? demanda Garrick

Dès que Severus avait eu ses examens, Garrick l'avait poussé à contacter les gobelins. En effet, comme il fournissait toutes les baguettes d'apprentissage des sorciers avant leur entrée à Poudlard, il avait vu défilé des centaines de générations d'élèves et avait appris certains détails sur les Sang Pur. Contrairement à d'autres familles, le clan Prince n'était pas tout à fait fermé au monde moldu. Certes, le dernier patriarche avait renié sa fille unique parce qu'elle avait épousé un moldu de la pire espèce et avait laissé son petit-fils vivre dans un foyer abusif mais pour autant, Jeremiah Prince ne l'avait pas totalement écarté de la succession. Alors quand le jeune homme s'était présenté à la banque, il avait appris que toute sa famille mis à part le patriarche avait été tuée. Ce dernier, presque grabataire, avait dû contre son gré former son petit-fils pour que le patrimoine Prince ne tombe pas entre de mauvaises mains. Au début, la cohabitation avait été infernale mais les deux hommes avaient fini par s'apprivoiser. Aujourd'hui, Jeremiah était en rémission grâce aux potions de Severus et ce dernier gérait les affaires des Prince avec brio sans que qui que ce soit ne s'en doute.

-Jeremiah n'est pas très bien en ce moment, fit sombrement Severus. Il faudrait que j'arrive à le convaincre d'aller voir un médicomage.

-Même enfant, Jeremiah était assez borné, rit Garrick. J'irais le voir, j'aurais peut-être plus de chances.

-Avec plaisir, grogna Severus.

-Mais j'imagine que ce n'est pas ça qui te tracasse, pointa Garrick.

Severus soupira lourdement.

-J'en ai marre de ces deux fous, avoua Severus. Je ne veux plus porter cette marque honteuse ou ramper pour grappiller quelques miettes de liberté.

-Tu n'as jamais fait de recherches dessus ? s'étonna Garrick

-Et quand j'en aurais eu le temps ? se plaignit Severus. Les premières années je n'avais pas à me préoccuper et ensuite, c'est comme si j'étais indispensable ! Ils ne me lâchent pas !

Garrick ricana. Severus se redressa, observa son mentor avant de lui révéler la dernière entrevue et ce qu'il avait subi. Garrick ne mit que quelques instants avant de bondir sur ses pieds et de maugréer dans sa barbe.

-Je m'en doutais un peu, souffla Garrick.

-Comment ça ? s'étonna Severus

-C'est ta baguette qui m'a donné des soupçons, révéla Garrick.

-C'est-à-dire ? demanda Severus, perdu

-Généralement, le sorcier moyen garde la baguette qui l'a choisi à onze ans toute sa vie, expliqua Garrick. Mais pour ceux plus puissants que la moyenne, cette baguette n'est plus adaptée parce qu'elle ne peut pas canaliser toute la puissance de son sorcier. Tu fais partie de cette catégorie de sorciers.

-Mais j'ai toujours la baguette de mon enfance, rappela Severus. Quel est le rapport ?

-C'est assez difficile à expliquer pour un non initié, fit Garrick. Mais pour résumer, tu n'es pas … entier ?

-C'est très clair, railla Severus.

-Je pense que tu n'as jamais eu accès à la totalité de ta personnalité, de ton esprit voire même de ta magie, hésita Garrick.

-C'est tiré par les cheveux, nota Severus.

-Je sais, tu ne comprends pas, sourit Garrick. Mais rappelle-toi que je suis bien plus vieux que toi et donc, j'ai vu beaucoup plus de choses que toi. Crois-moi, ta situation n'est pas normale.

-D'accord, articula Severus.

Garrick prit quelques instants avant de prendre sa décision.

-Il se peut que j'aie une solution, fit Garrick.

-Laquelle ? demanda Severus

-Il se trouve que les rumeurs parlent d'une personne qui fait des recherches sur les magies de l'esprit et la marque des ténèbres.

-Voldemort n'en a jamais entendu parler, assura Severus. Sinon, cette personne serait déjà morte.

-Ne t'inquiète pas, sourit Garrick. Il a quand même un réseau assez étendu qui va en Allemagne.

-Qu'essayez-vous de me dire ? fronça des sourcils Severus

-Je veux que tu le conduises à la Bibliothèque des Embrumes, annonça Garrick.

-Pourquoi ? sursauta Severus

-Ce Gaunt pourrait t'être d'une très grande aide.

-Gaunt ?! écarquilla des yeux Severus

-Tu connais ? sourit Garrick

-C'est une famille Sang Pur déchue dont on n'a plus entendu parler depuis quelques siècles, répondit Severus. Jeremiah m'en a parlé parce qu'on a plusieurs contrats en vigueur avec leur nom. Comment en avez-vous entendu parler ?

-J'ai des oreilles partout, sourit Garrick. J'ai également mené ma petite enquête.

-Et il vous semble tellement digne de confiance pour lui accorder l'accès à la Bibliothèque ? nota Severus

-Je veux que tu me donnes ton avis sur lui, précisa Garrick. Si tu ne le sens pas, ramène-le ici et je m'en occuperai.

En tant que gardien de la Bibliothèque, Garrick la protégeait contre toutes les menaces. C'était également lui qui avait le dernier mot sur les nouveaux adhérents.

-D'accord, fit Severus. Quand devrais-je le rencontrer, parce que je me doute que vous avez tout organisé ?

-Demain à quinze heures, sourit Garrick.

-Je serais là, promit Severus.

-Tu devrais y aller, tu m'as dit que tu avais un emploi du temps chargé, ricana Garrick.

-Et en plus, vous me jetez dehors ! bougonna Severus

Il salua son ami avant de filer.

-Severus Snape, n'est-ce pas ? fit une nouvelle voix

-Exactement, sourit Garrick en regardant son protégé s'en aller.

Ragnok sortit de l'ombre.

-La succession Prince ne s'est jamais portée aussi bien depuis qu'il travaille avec le chef de la famille, sourit Ragnok. Pourquoi suis-je ici ?

-Il semblerait qu'il puisse voir à travers les sorts de Dumbledore, annonça Garrick.

-Comment as-tu pu lui expliquer ça ? demanda Ragnok

-Une histoire avec sa baguette qui aurait attiré mes soupçons, sourit Garrick.

-Tu l'as embrouillé, en fait, ricana Ragnok.

-Comment j'aurais pu lui dire que c'était la magie du jeune Potter qui érodait les sorts de Dumbledore ? haussa un sourcil Garrick

-Pas faux, sourit Ragnok.

-D'ailleurs, en parlant de lui, as-tu des nouvelles ? demanda Garrick

-Je lui envoie des leçons de gestion chaque semaine, répondit Ragnok. Il pose des questions assez pertinentes et il est très assidu.

-Dumbledore ne l'a donc pas totalement détruit, soupira Garrick. J'avais peur que ce soit le cas quand je l'ai vu au moment où il a récupéré sa baguette.

-C'est vrai que ce vieux fou a pris des libertés avec sa vie, grimaça Ragnok. Mais nous sommes là pour rectifier le tir.

-Nous sommes là pour ça, assura Garrick.

Tous les deux s'assirent.

-Que faisons-nous, maintenant ? demanda Ragnok

-J'ai fait en sorte que Severus et Thomas Gaunt se rencontrent demain, expliqua Garrick. A eux deux, je suis certain qu'ils réussiront à lever le voile sur ce Voldemort. Tu en sais plus sur lui ?

-Il n'existe pas, assura Ragnok. En revanche, tu avais raison, il y a bien un lien entre Thomas Gaunt et Voldemort.

-Lequel ? demanda Garrick

-D'après les rares survivants de la promotion du jeune Gaunt, il s'agit de son surnom créé pendant sa scolarité, révéla Ragnok. Il l'utilisait essentiellement pour mettre en lumière les incohérences dans les actes de Dumbledore. C'est d'ailleurs à partir de là qu'il a eu des problèmes.

-La toile de Dumbledore se dévoile peu à peu, constata Garrick. C'est moi ou il fait de plus en plus d'erreurs ?

-Non, comme Gripsec me l'a fait comprendre, notre adversaire ne joue pas fair-play donc nous ne faisons plus, fit Ragnok. Nous devons utiliser toutes les opportunités à notre disposition.

-On ne peut pas aller contre cette logique, concéda Garrick. Mais dans tous les cas, cela expliquerait pourquoi Gaunt vient d'échapper à une explosion dans les Balkans alors qu'il était introuvable jusque-là.

-Comment va-t-il ? s'inquiéta Ragnok

-Il a disparu de la circulation, répondit Garrick. Mais mon petit doigt me dit qu'il doit être vivant quelque part.

-Pourquoi tu t'intéresses à lui ? demanda Ragnok

-Disons que le propriétaire d'une baguette sur mesure aussi puissante et avec des éléments aussi mystérieux ne peut que m'intéresser, sourit Garrick.

Les deux amis de très longue date continuèrent à discuter avant de se séparer. Chacun d'entre eux avaient des responsabilités importantes pour la survie de leurs mondes respectifs et pour celle de la Magie.