Se précipiter avant l'échéance
Contrairement à ses camarades, Ginny n'était pas soulagée de voir se profiler les examens. Pour elle, cela voulait dire qu'elle allait devoir retourner chez sa mère. Elle avait cessé de considérer le Terrier comme sa maison quand elle avait été assez grande pour comprendre qu'elle n'était pas la fille de Molly Prewett mais uniquement le moyen le plus direct pour que cette dernière accède aux cercles Sang Pur et qu'elle puisse laisser sa trace dans l'histoire par l'éducation qu'elle comptait donner aux enfants du Survivant. Tous ses frères – sauf bien évidemment Ron – lui avaient écrit tout au long de l'année scolaire pour la soutenir puisqu'ils avaient tous appris qu'elle avait rompu avec Harry et que leur petite sœur n'avait toujours pas réussi à récupérer son ex. Personne ne se leurrait, les vacances d'été allaient être un enfer pour Ginny et depuis le départ des jumeaux, il n'y avait plus personne pour la protéger.
La rousse soupira.
-On trouvera une solution, assura Luna.
Ginny sourit. Astoria, Luna et elle s'étaient réunies pour réviser tranquillement. Dans leur petite bande, elles étaient aussi différentes que leurs maisons respectives, ce qui leur avait valu le doux surnom des Dames du Dragon depuis leur troisième année. Pour rire, Blaise avait cherché une Poufsouffle pour compléter leur groupe mais la réputation des Serpentards était tenace et personne de cette maison n'avait été capable de voir au-delà des apparences et des préjugés.
Astoria – après un serment de secret – avait été mise au courant de ce qui se passait derrière les murs du Terrier sous la houlette de Molly Weasley née Prewett. La jeune brune avait été d'une grande aide, notamment en corrigeant les enseignements douteux de la matrone rousse. C'était elle qui avait fait comprendre à Ginny que sa mère se trompait lourdement sur les droits, les devoirs et les attentes d'une Sang Pur.
-L'idéal serait que tu sois officiellement invitée dans la maison d'un Sang Pur plus puissant que ta famille, fit Astoria.
-Facile, renifla Ginny. Toutes les familles Sang Pur sont plus puissantes que les Weasley. Quant aux autres, elles ont toutes été massacrées par Voldemort.
-Bref, pouffa Luna. En attendant qu'une solution ne se présente, il va falloir que tu termines ta véritable éducation Sang Pur.
-Et l'idéal serait que tu te trouves un petit-ami Sang Pur, ajouta Astoria. Au moins pour que ta mère te lâche les basques.
-Aucune chance, secoua la tête Ginny. La raison pour laquelle elle a porté son choix sur Harry est qu'il ne se semble pas avoir été éduqué comme tel.
Cela l'avait frappé peu après qu'elle ait commencé à sortir avec Harry l'année dernière. Elle avait toujours su qu'il ne savait pas grand-chose sur le monde sorcier mais quand elle s'était aperçue qu'il ne connaissait même pas les méthodes Sang Pur et même sorcières pour courtiser quelqu'un, elle était tombée de haut. Ce fut à ce moment-là que les Sang Pur de leur bande leur avaient appris à Hermione, Ginny et Harry que l'une des règles fondamentales des Sang Pur était de transmettre les connaissances de la Magie aux nouvelles générations. Mais l'arrivée de Dumbledore les avait poussés à restreindre ce travail de transmission aux nés de sorciers et celle de Voldemort aux Sang Pur uniquement. Devant la défection des Sang Pur, les nés de sorciers avaient dû transmettre leurs connaissances parfois lapidaires mais le peu qu'ils savaient était suffisant pour que les nouveaux sorciers n'offensent pas la Magie. Peu après l'arrivée de Dumbledore à Poudlard, la règle implicite était que les nés de sorciers devaient apprendre la richesse de la Magie aux nés de moldus.
Nés de moldus et assimilés.
Les sangs mêlés ayant vécu dans le monde moldu ou les orphelins nés de sorciers sans aucune connaissance de leur héritage sorcier étaient sous le joug de cette règle tacite. Or, sous l'impulsion malsaine de Dumbledore, les familles sorcières se déchargeaient de plus en plus de cette charge, la refilant volontiers à Poudlard. Mais le directeur ne faisait rien pour combler cette lacune. Pire, il faisait en sorte que les nouveaux sorciers se détournent totalement de ce qu'ils étaient réellement. Le but était clairement pour le vieux sorcier d'imposer sa vision du monde aux sorciers anglais.
Pour en revenir à Harry, comme Dumbledore se positionnait comme son mentor, les Sang Pur avaient dû lui laisser son éducation entre les mains. Pendant dix ans donc, Harry était resté caché du monde sorcier. Mais quand il était parti en vacances chez les Weasley après sa première année, il avait été clair que ce serait cette famille qui introduirait le Survivant dans le monde sorcier, avec l'accord d'Albus Dumbledore. Mais en cachant des informations capitales à Harry, la matrone comptait bien vivre la vie à laquelle elle aspirait depuis son enfance.
Dommage qu'Harry était moins stupide que Dumbledore et Molly l'escomptaient. Et que Ginny n'avait pas l'intention de les aider dans leurs projets.
-Pratique, renifla Luna.
-Je n'ai jamais dit que ma mère travaillait dans la subtilité, fit Ginny.
-Tu as une idée pour te sortir de là ? demanda Astoria
-Si, hésita Ginny. Mais pour cela, il faudrait que je sois sûr que ma demande arrive à destination.
-Je peux m'arranger sourit Astoria.
-Ça m'aiderait, fit Ginny. Il faut absolument que ça reste secret.
-Ecris ta lettre, pressa Astoria. Je la posterai.
-Merci, sourit Ginny.
-On devrait y aller, rappela Luna en regardant l'heure. Les autres nous attendent.
Les trois filles rangèrent rapidement leurs affaires avant de s'en aller.
§§§§§
-Aïe !
-Ne fais pas ton bébé, ricana Narcissa en continuant de tamponner la plaie qu'il avait sur la joue.
-Mais tu me fais mal ! se plaignit Tom
-C'est ça, railla Narcissa.
Après avoir laissé Sirius en Russie, Tom avait fait quelques détours à travers l'Europe pour ses projets. Alors qu'il allait récupérer une commande chez un apothicaire spécialisé, l'échoppe avait été cambriolée et ça avait dégénéré. Tom en avait réchappé par pure chance parce qu'il était en train d'examiner des ingrédients dans l'arrière-boutique. Il était donc rentré en catastrophe en Angleterre – merci au portauloin d'urgence de Narcissa – et se faisait dorloter par la blonde depuis maintenant trois semaines.
-J'ai besoin de te parler, soupira Tom.
Narcissa le fixa quelques instants avant de ranger son matériel et de s'installer dans un fauteuil. Libéré de son infirmière, Tom réajusta sa robe de chambre avant de reprendre ses esprits.
-Tu te souviens, il y a quelques temps, je t'ai demandé de me prêter de l'argent, commença Tom.
-C'était d'ailleurs une somme importante, fronça des sourcils Narcissa. Je n'ai rien dit parce que tu m'as assuré que c'était un investissement et que tu me rembourserais dès que possible.
Tom n'avait trouvé que ça pour ne pas avoir à dire la vérité à Narcissa. Oh, il avait prévu de le lui dire mais à la dernière minute, il s'était rétracté. Il n'avait jamais aimé affronter sa mère Druella Black née Rosier quand elle était en colère et Narcissa savait de qui tenir.
-Je ne t'ai pas tout dit, souffla Tom.
-Vraiment ? fit Narcissa
-Oui, répondit Tom. J'avais besoin de cet argent … pour soigner quelqu'un.
-Oh ? s'étonna Narcissa. Je ne savais pas que tu fréquentais quelqu'un.
-Si j'en avais eu le choix, je ne lui aurais jamais adressé la parole, grommela Tom. Ce type est vraiment une catastrophe ambulante. Même Bellatrix n'est pas aussi agaçante que lui !
Narcissa plissa des yeux. Quand elle était jeune, en tant qu'héritières de la branche secondaire du clan Black, avec ses sœurs, elle se rendait très régulièrement au manoir Black à Londres rendre visite à leurs cousins de la branche principale. Et s'il y avait une seule chose qui rendait folle Bellatrix, c'était bien qu'on lui rappelle tous les points communs qu'elle avait avec son cadet de sept ans …
-Tom … gronda Narcissa. J'espère pour toi que l'idée folle qui m'a traversée n'est pas véridique.
-Laquelle ? fit Tom en se félicitant de ne pas trembler
-Que tu saurais où se trouve mon cher cousin Sirius, gronda Narcissa.
-Euh … fit Tom.
Narcissa se leva brusquement et se plaça devant la fenêtre, vibrante de rage. Tom, quant à lui, sursauta lorsque les paroles de la blonde arrivèrent jusqu'à son cerveau.
-Comment tu sais que Sirius est vivant ? s'étonna Tom
Le regard venimeux que lui lança Narcissa le fit tressaillir de la tête aux pieds. Le reniflement dédaigneux répondit quant à lui à sa question.
« Je suis une Black »
Pour beaucoup, ce n'était pas une réponse mais pour Narcissa, si. Cette famille faisait partie de l'une des plus anciennes du pays et de ce fait, avait accès à des connaissances auxquelles le sorcier lambda ne pourrait même pas imaginer. Alors savoir si l'un des leurs était encore en vie était parfaitement dans ses cordes.
-Comment en es-tu venu à le rencontrer ? siffla Narcissa. Lucius m'a certifié qu'il était tombé au ministère …
Le patriarche Malfoy n'avait pas échappé à la prison en tombant dans le feu de l'action dans l'un des passages secrets du département des Mystères. Après sa libération, il était resté près de deux semaines auprès de Narcissa avant que Voldemort ne le rappelle. C'était à ce moment-là qu'elle avait eu la plupart des informations sur la situation actuelle.
-C'est le cas, confirma Tom. Il se battait contre Bellatrix avant de tomber dans un piège.
-Qu'est-ce que tu faisais là-bas ? demanda Narcissa
-J'avais des choses à faire, éluda Tom.
-Tom ! claqua Narcissa
-Tu le sauras en temps voulu, assura Tom.
-Ne m'oblige pas à te tirer les vers du nez, menaça Narcissa.
-Non, Narcissa, trancha fermement Tom.
Tous les deux s'affrontèrent du regard avant que la blonde ne capitule.
-Soit, renifla Narcissa. Que s'est-il passé alors ?
-Si je n'étais pas intervenu, Dumbledore aurait capturé Sirius sûrement pour mettre la main sur le clan Black, soupira Tom. Il était censé passer à travers une arche qui devait le garder prisonnier jusqu'à ce qu'on le délivre. J'ai profité de la bataille pour le chaparder.
-Ensuite ? demanda Narcissa
-Je me suis improvisé psychomage, grogna Tom. Mais je me suis aperçu qu'il y avait quelque chose qui clochait, à force de l'entendre me seriner sur tous les tons qu'il devait absolument rester en Angleterre pour protéger son filleul mais il ne faisait aucun effort en ce sens. J'ai pu lui prouver que son comportement était illogique puis je l'ai traîné en Allemagne puis en Russie. C'est là qu'ils ont découvert que malgré sa faiblesse, quelqu'un s'était amusé à lui implanter des consignes mentales qui le poussaient à ne pas se soigner, entre autres.
-Qui ? gronda Narcissa
-Le maître legilimens qui s'occupe de Sirius n'a pas pu l'identifier, répondit Tom. Nous savons que les seuls legilimens qu'il a côtoyés depuis qu'il s'est enfui d'Azkaban sont Severus Snape et Dumbledore. Nous connaissons les relations extrêmement amicales qu'entretiennent Severus et Sirius …
-Ne reste plus que Dumbledore, termina Narcissa. Si je lui mets la main dessus …
-Il n'est pas notre priorité pour le moment, rappela Tom. L'argent que je t'ai demandé était pour la clinique qui s'occupe de lui.
-Il en a encore pour combien de temps là-bas ? demanda Narcissa
-Avant que je parte, le maître legilimens qui s'occupe de Sirius, Dimitri Vater, pensait que s'il suivait les méthodes traditionnelles, il en aurait pour au moins trois ans, se souvint Tom. Mais il m'a aussi parlé qu'il allait tenter quelque chose d'autre. Il faudrait que je le recontacte.
-Tu me mettras en relation avec la clinique, ordonna Narcissa.
-Je ne suis peut-être pas en position de force mais rappelle-toi à qui tu parles, gronda Tom. J'étais un ami de ta mère, je suis ton ami, une sorte d'oncle même, je suis en droit d'avoir du respect.
Narcissa le fusilla du regard avant de soupirer.
-Je te présente mes excuses, dit Narcissa, plus calme. J'ai abusé.
-Je ne te le fais pas dire, renifla Tom.
-J'aimerai le voir, déclara Narcissa.
-Je ne crois pas que ce soit une bonne idée, réfléchit Tom. Personne ne sait qu'il est en vie parce que je n'ai mis personne au courant. Tu es une exception, et encore, parce que tu savais déjà qu'il n'était pas mort mais pas où il se trouvait. Je me trompe ?
-Non, répondit Narcissa. Mais tu n'es pas au courant de tout.
-Comment ça ? s'étonna Tom
-Ce n'est pas que je ne veux rien te dire mais je veux avoir tous les éléments en ma possession, déclara Narcissa.
-C'est moi ou j'ai l'impression que tu penses à un complot ? soupçonna Tom
-Ce n'est pas qu'une impression, assura Narcissa. J'ai des … alliés qui m'aident à trouver la vérité.
-Est-ce que je peux t'aider ? proposa Tom
Narcissa sourit et le repoussa doucement dans son lit.
-Commence par te reposer, oncle Tommy, taquina Narcissa. Je m'occupe du reste.
-Gamine impertinente ! grommela Tom en se recouchant
§§§§§
-Hum ?
-Mais oui, faites comme si vous ne m'écoutez pas, leva les yeux au ciel Milena.
-Je ne me le permettrai jamais, papillonna Ric. Que disais-tu ?
-Plusieurs membres du conseil sont portés disparus, révéla Milena. Officiellement, ils se sont retirés dans leurs familles respectives.
-Montre-moi la liste, demanda Ric.
Elle lui remit le document qu'il consulta.
-Tiens donc, Xosa aussi … sourit Ric. Il était encore récupérable, d'après tes dires.
-Il avait une vision un peu faussée sur certains points mais il était clair qu'il voulait le bien de notre peuple.
-Quand tout est sacrifié sur l'autel de l'ambition … secoua la tête Ric. Quoi d'autre ?
-Une délégation se prépare pour la nation faë, révéla Milena. Xino est allé se renseigner.
-Je me demandais bien quand ils allaient agir pour profiter de la passation de pouvoir, sourit Ric.
-Visiblement, Chotan en est à la tête, ajouta Milena.
-Tiens donc, ils désignent un pédophile pour aller à la rencontre du chef du peuple faë qui est lui-même encore un enfant pour représenter notre peuple ? railla sombrement Ric. Le conseil n'en est plus à une contradiction près.
-Nous savons tous les deux que s'il y va, c'est pour prendre le dessus sur les faë et sûrement pour garder en otage leur souverain, leva les yeux au ciel Milena. Et si le chef de la délégation pouvait se faire plaisir en plus …
-Tu es mauvaise langue, sourit Ric. Qui te dit que le conseil ne veut réellement pas protéger le petit Nva pour obtenir de meilleures relations entre nos deux peuples ?
-Je ne vous pensais pas utopiste, ricana Milena.
-C'est vrai, ne nous voilons pas la face, souffla Ric. Eutar et ses sbires n'hésiteront pas à faire en sorte qu'un enfant soit abusé pour asseoir leurs idées de grandeur. Je pense que Xino pourra aller désamorcer la situation …
-Je vais y aller, coupa Milena.
Ric haussa un sourcil.
-Tu n'as pas l'habitude de quitter le Domaine Incandescent ou alors, tu me caches des choses, fit Ric.
-Ma fille habite près de la maison de vacances de la famille royale, rappela Milena. Elle a l'habitude de les côtoyer quand ils venaient. Elle connait Nva.
-Tu penses arriver avant le détachement de Chotan ? demanda Ric
-Largement, assura Milena.
-Dis tout de suite que tu avais envie de prendre des vacances, ricana Ric.
-Je vous l'aurais dit directement, il me semble, rappela Milena.
-Tu n'as jamais pris de gants avec moi, confirma Ric. Xino ne va pas apprécier de récupérer ton travail.
-Ce sera juste le temps de renverser le conseil actuel, haussa des épaules Milena. En ce moment, il fait tout et n'importe quoi.
-C'est vrai, concéda Ric. Il est temps de les mettre sur la touche et je pense que révéler leurs buts concernant cet enfant devrait bien les embêter.
-Je me chargerais de trouver des preuves, promit Milena.
-Tu peux aller préparer tes bagages, sourit Ric.
-Merci, seigneur Ric, s'inclina Milena avant de se retirer.
De nouveau seul dans son bureau, Ric laissa son regard vagabonder quelques minutes avant qu'il ne se lève et n'ouvre une cache secrète pour en retirer un dossier bien épais.
Milena avait amplement raison en déclarant que le conseil avait besoin d'être renversé puisqu'il était en train de mener leur peuple à la déchéance. Rien que le fait de faire disparaître les membres qui pourraient s'opposer à eux pour qu'Eutar puisse envoyer auprès du nouveau souverain faë encore enfant un pédophile reconnu ne parlait pas en sa faveur.
Ric déplia une grande feuille pour se retrouver avec les plans d'un bâtiment qu'il ne pouvait pas approcher depuis des lunes. Mais là, s'il voulait que les choses changent, il fallait qu'il frappe un grand coup.
Qu'il frappe au cœur de leur pouvoir.
§§§§§
Hermione, Harry et Neville s'étaient retrouvés dans l'un de leurs endroits préférés sur le domaine de Poudlard, un petit renfoncement à l'orée de la forêt interdite. Ils avaient soigneusement vérifié qu'ils ne se trouvaient pas hors des limites autorisées aux élèves avant de l'aménager à leur goût. Beaucoup, Ron le premier, avaient voulu les suivre dans ce havre de paix mais ils se heurtaient invariablement à la magie de la forêt. Même Dumbledore s'y était cassé les dents quand Harry s'y était réfugié après avoir détruit son bureau.
Harry avait raconté à ses amis ce qui s'était passé après que Dumbledore ait demandé à lui parler seul à seul après le bal de la Saint Valentin. Il avait fait des recherches et avait découvert que le document que le directeur avait voulu lui faire signer existait bel et bien. Mais quelque chose le chiffonnait quand même, la raison pour laquelle il s'en ouvrait à ses amis.
-Mis à part que tu n'aurais jamais dû le signer maintenant ? sourit Neville
-Comment ça ? s'étonna Harry
-Ce document doit être signé par les tuteurs ou l'élève majeur, fronça les sourcils Hermione. Où est le problème ?
-Le document doit être signé au premier jour de l'année scolaire, expliqua Neville. Pendant le voyage dans le Poudlard Express, les élèves de septième année majeurs sont convoqués dans le compartiment des professeurs pour valider leur inscription aux ASPIC. Ceux qui sont encore mineurs à cette date apportent une lettre signée de leurs tuteurs qui les autorisent à suivre la préparation aux ASPIC qu'est la septième année. Dès qu'ils sont majeurs, ils signent à leur tour leur inscription.
-Tu es en train de dire qu'il faut être majeur pour passer les ASPIC ? sursauta Hermione. Mais ce n'est écrit nulle part !
-Si, assura Neville. Mais pas sous ce terme. Je te retrouverai la tournure exacte. Mais pour en revenir à ce que je te disais, l'inscription se fait du premier septembre jusqu'à le début des épreuves, avec une dérogation pour les élèves qui deviennent majeurs avant la fin de l'année scolaire. Ce document n'aurait jamais dû se trouver entre tes mains avant cette période.
-Donc Dumbledore voulait me piéger, comprit Harry. Pourquoi ?
-Je ne suis pas sûr mais je pencherai sur une substitution, fit Neville. En tant que Sang Pur, certains actes sont de ta responsabilité dès tes quinze ans.
-Mais comme je n'étais pas censé savoir quoi que ce soit de mon héritage, j'allais passer à côté, railla Harry. C'est quoi à ton avis ?
-Tu atteins tes dix-sept ans, rappela Neville. Ça peut être tout et n'importe quoi. Contacte les gobelins pour leur demander s'il n'y a pas une procédure en cours avec ton nom.
-OK, fit Harry.
-Dis, fit Hermione. Tu comptes rentrer chez les Dursley cet été ?
Harry ne leur avait jamais révélé qu'il n'allait chez eux que le strict minimum, soit le 31 juillet uniquement. Pas qu'il n'avait pas confiance en eux mais il n'aimait pas mettre tous ses œufs dans le même panier.
-Jusqu'à mon anniversaire, sourit Harry. Après, personne ne pourra m'imposer que je dois aller quelque part pour mon bien !
La pique était bien évidemment dirigée vers Dumbledore qui avait largement outrepassé ses prérogatives de directeur d'école ou de président du Magenmagot, se substituant aux organismes dédiés à l'enfance pour intervenir dans la vie d'Harry, notamment en décidant de son placement après la mort de ses parents alors que toutes les personnes qui avaient connu les Potter assez intimement savaient que le couple n'aurait jamais confié leur enfant à la sœur de Lily, qu'importe les circonstances.
-Je pense quand même qu'il ne va pas laisser échapper le contrôle qu'il a sur toi, songea Neville. Mais il doit être prudent. Les grandes familles ont bien vu que tu ne savais pas tout ce que tu aurais dû savoir. Elles attendent que tu ne sois plus autant sous la responsabilité de Dumbledore pour te contacter pour avoir une idée d'à quel point il a merdé avec toi.
-Donc le mois d'août promet d'être chargé, comprit Hermione. Désolé, Harry, mais il y a des chances pour que tu sois emmené de gré ou de force au QG de l'Ordre ou tout autre endroit où tu n'auras pas de contact avec l'extérieur.
-Je pense aussi, fit Harry. Combien on parie qu'il va faire en sorte que je sois sous sa garde quelques jours avant mon anniversaire ?
-C'est certain, renifla Hermione. Je serais sur place, ne t'inquiète pas.
-Ce qui me fait penser, intervint Neville. Tu devrais toi aussi te renseigner sur ton cas auprès des gobelins.
-Pourquoi ? s'étonna Hermione
-Tu n'ignores pas que les nés de moldus ne sont pas aussi bien considérés dans le monde sorcier qu'on ne veut le faire croire, fit Neville. Mais rappelle-toi, tu es la meilleure amie du Survivant et il écoute soigneusement ton avis.
-Tu sais qu'il nous arrive de nous disputer ? rit Harry
-Pour le reste du monde, tu ne fais rien qu'Hermione n'ait pas autorisé, balaya Neville. Qui nous dit qu'on ne veut pas utiliser Hermione pour son pouvoir sur toi ?
-Pas faux, songea Hermione. Je n'ai jamais vu notre amitié sous cet angle. Mais toi ?
-Tu les vois me harceler avec ma grand-mère ? sourit Neville
-Pas faux, sourit Hermione.
-Mais à cause de notre amitié, elle n'est pas en danger ? s'inquiéta Harry
-Pas plus que d'habitude, haussa des épaules Neville. Elle ne mâche pas ses mots quand quelque chose lui déplait. Elle s'est fait plus d'ennemis qu'on ne pourrait le croire et elle est toujours là. Qu'ils viennent.
Les trois amis se réchauffèrent avec les tasses de chocolat ou de café apportés avec les thermos remplis par les elfes de maison.
-Il va falloir que nous nous organisions pour cet été, déclara Neville. Si ce que tu dis est vrai, alors les prochains mois vont être mouvementés. Hermione, je pense que puisque tu es un peu moins surveillé qu'Harry, tu devrais venir chez moi cet été.
-Mais … protesta Hermione.
-Si Dumbledore ne veut pas perdre l'influence qu'il a sur Harry, il va tout faire pour te garder, appuya Neville. Nous savons tous les trois qu'Harry t'écoutera toujours. Donc tu vas être une cible.
-Tu ne veux pas que je détruise tous les moutons qui suivent Dumbledore parce qu'il t'a blessé ? déclara Harry l'air de rien
Hermione ne réfléchit pas longtemps. Contrairement à toutes les personnes qui gravitaient autour d'Harry, elle devait être l'unique à savoir jusqu'où serait capable le brun pour la protéger ou la défendre. Neville et Luna étaient les seuls à en avoir une idée précise mais ils ne l'avaient jamais vu en action, heureusement pour eux.
-OK, capitula Hermione.
-Je vais voir avec grand-mère, prévint Neville.
-Je serais d'avis de les faire paniquer, fit Harry.
-Toi, tu as envie de leur faire payer, ricana Hermione.
-Disons que je veux leur faire comprendre qu'ils ne sont pas Dieu, déclara Harry. Il est temps qu'ils reviennent dans le monde réel.
-J'en suis, fit Neville. Le monde a besoin d'être secoué de ses habitudes malsaines.
-Si je ne suis pas là pour vous surveiller, vous serez capables de déclencher l'apocalypse, renifla Hermione.
-Voyons, Hermione, tu nous connais, ricana Harry.
-Justement !
Les trois amis se regardèrent dans les blancs des yeux avant d'éclater de rire. Oh oui, ils en seraient bien capables, surtout avec leurs alliés qui n'étaient pas au goût de tout le monde …
