Un calme trompeur

Amelia Bones et Augusta Longbottom se trouvaient dans le bureau de la première.

-C'est donc avec l'ancienne auror que tu veux parler, fit Augusta.

-Pour l'instant, précisa Amélia.

-Je t'écoute, fit Augusta.

-Il y a onze jours, le bureau des aurors a été contacté pour une intrusion, raconta Amelia. Les responsables ont rencontré de la résistance et trois d'entre eux ont été capturés.

-Je ne vois pas ce que je viens faire là, fit Augusta.

-Nous devons notre providence à quatre professeurs, révéla Amelia.

-Quatre pro … ?! s'étouffa Augusta. Tu veux dire que ça s'est passé à Poudlard ?!

Amelia hocha de la tête tandis qu'Augusta pestait fortement. Avec la guerre, le directeur aurait dû augmenter les protections autour de l'école. Un tel événement n'aurait jamais dû arriver !

-Que s'est-il passé ? gronda Augusta

-Il s'avère que les Fondateurs ont installé des protections indépendantes du directeur de l'école, expliqua Amelia. Il y a onze jours, donc, elles ont verrouillé chaque maison, enfermant les élèves dans leurs dortoirs et leurs salles communes respectives, et prévenant les directeurs de maison. Ces derniers se sont rendus dans le bureau du directeur et en chemin, ils sont tombés sur un groupe de huit mangemorts, dont Fenrir Greyback, Rodolphus et Rabastan Lestrange. Les quatre directeurs les ont vus assommer Dumbledore avant de se jeter dans la bataille. Ils ont pu mettre hors d'état de nuire trois d'entre eux avant qu'ils ne battent en retraite. J'ai besoin de ton avis si leur histoire te semble cohérente d'un point de vue technique.

-Comment ça, d'un point de vue technique ? releva Augusta

-Est-ce que tu penses que Minerva, Sprout, Flitwick et Snape auraient pu vaincre des mangemorts ? demanda Amelia

-Oui, confirma Augusta.

-Même Sprout ? s'étonna Amelia

-Pomona n'a pas seulement une maîtrise en botanique, sourit Augusta. Ce que les sorciers savent beaucoup moins, c'est qu'elle a orienté sa maîtrise sur les protections magiques végétales. Mais pour en revenir à la question que tu te poses, Minerva m'a toujours dit que les directeurs de maison étaient choisis par Poudlard elle-même et qu'ils avaient toujours plusieurs cordes à leur arc. Donc oui, ils ont très bien pu donner du fil à retordre aux mangemorts.

-Minerva et Flitwick n'ont plus leur réputation à faire, songea Amelia. J'ai pu suivre de près le procès de Snape donc j'ai une idée de ce qu'il sait faire. J'avais un doute pour Sprout mais si tu me dis qu'elle est apte à se défendre, je te crois.

-A moi maintenant, fit Augusta. Est-ce que tu as ce que je t'ai demandé ?

-Nous parlons de lady Bones à lady Longbottom, sourit Amelia. J'ai fouiné comme tu me l'as demandé et voici tout ce que j'ai trouvé.

Elle sortit d'un tiroir un dossier qu'elle tendit à la matriarche. Cette dernière n'y toucha pas encore.

-Il s'avère que la preuve de la mort de Sirius Black a été prouvée par un témoignage et uniquement cela, résuma Amelia. Ce qui est, je tiens à le souligner, hautement illégal.

-Pas de rituel de magie ? s'étonna Augusta

-Rien, assura Amelia. J'ai également trouvé un testament assez troublant avec des dispositions plutôt incohérentes à mes yeux.

Augusta ferma brièvement les yeux. Après la visite de Narcissa, elle avait contacté Amelia pour que cette dernière cherche des éléments concernant Sirius Black. Elle s'était justifiée en déclarant que son petit-fils avait été présent au moment de sa mort et qu'en tant que matriarche du clan Longbottom, elle n'avait pas été notifiée ni de ses funérailles ou d'une quelconque veillée funéraire, ni de la lecture de son testament alors qu'il était mort depuis presque un an, et encore moins de l'apparition d'un nouveau lord Black ou même de la désignation du nouvel Héritier. Devant le nombre de points manquants, surtout que le clan Black, malgré ses péripéties, restait important dans le pays, Amelia avait accepté d'enquêter. Et les résultats n'étaient pas bons.

-Tu peux le bloquer à ton niveau ? demanda Augusta

-A part si j'oriente l'enquête de la bataille de l'an dernier dans la direction de Black, et encore, grimaça Amelia.

-Elle n'est toujours pas terminée ? s'étonna Augusta

-Disons qu'elle a été mise en standby, grinça Amelia. Mes ressources ont été réquisitionnées pour la lutte contre les mangemorts. En l'état, la seule solution qui me viendrait à l'esprit pour que cette … abomination que constitue ce pseudo testament ne s'applique serait que le témoin de la mort de Black se rétracte.

-Je m'en charge, sourit machiavéliquement Augusta.

-Si seulement, soupira Amelia. C'est Dumbledore qui certifie que Black est mort.

-Comme c'est étonnant, railla Augusta.

-Personne ne voudrait remettre en cause ce que dit Dumbledore parce que c'est lui, grogna Amelia. Même moi, je dois faire attention à ne lui laisser aucune chance de s'engouffrer dans une brèche quand je démantèle l'un de ses plans.

Augusta s'enferma dans un silence songeur.

-Dans ces circonstances, si on laisse faire, dans combien de temps cette ineptie pourrait s'enclencher ? demanda Augusta

-Assez rapidement, avoua Amelia. D'autant plus qu'il faudrait qu'il entre en vigueur avant le dix-septième anniversaire de l'héritier si Dumbledore veut avoir tout pouvoir sur le patrimoine Potter.

-Donc, si on n'arrive pas à définitivement contester la mort de Black, il faudrait qu'elle soit officielle après la majorité du jeune Potter au moins, en conclut Augusta.

-C'est ça, confirma Amelia.

Ce qu'elles haïssaient la corruption !

§§§§§

Teeresa ne se préoccupa pas de se faire repérer, enfin pas trop. Il ne lui restait que peu de forces et il fallait absolument qu'elle retrouve Hermione ou Luna ! Le château était assez facile à situer mais la distance qui la séparait était assez importante en temps normal mais dans son état, cela relevait du parcours du combattant !

-Faë, aurais-tu besoin d'aide ? fit une voix à ses côtés

Teeresa sursauta. Par la Magie, elle était vraiment épuisée si elle n'entendait pas quelqu'un qui arrivait dans sa direction !

Le centaure, avisant son état, tendit la main et la faë s'y déposa avec soulagement.

-Je dois aller à l'école des sorciers, souffla Teeresa. C'est urgent !

-Tu étais là-bas, déclara le centaure.

Teeresa trembla. Elle ne voulait pas y penser, pas tant qu'elle ne serait pas en sécurité.

-Ecoutez … fit Teeresa.

-Bane, se présenta le centaure.

-Bane, reprit Teeresa. Je suis à bout de force et je ne compte pas rester ici !

Le centaure réfléchit quelques instants avant de prendre sa décision.

-Je vais t'emmener à l'orée de la forêt, annonça Bane. Je n'irais pas plus loin.

-Je pourrais me reposer un peu, souffla Teeresa. C'est mieux que rien. Merci Bane.

-De rien, faë, fit Bane. Où préfères-tu être pour ne pas tomber ?

-Si ça ne te dérange pas, je vais me poser dans ta chevelure, haleta Teeresa.

-Ton état est critique, comprit Bane. Accroche-toi.

Le centaure cala soigneusement la créature contre lui avant de prendre le galop. Comme il connaissait la forêt interdite comme sa poche, trouver le chemin le plus rapide vers le château des sorciers fut un jeu d'enfant. Il arriva rapidement à l'orée de la forêt mais quand il voulut l'indiquer à la petite faë, il se rendit compte qu'elle s'était évanouie. Ne pouvant se résoudre à l'abandonner, le centaure observa les environs avant d'aviser un groupe d'humains …

Dont un dont il reconnaissait la signature magique.

Bane hésita. Les siens refusaient de rencontrer les humains, bien qu'ils cohabitent pacifiquement sur ses terres. Lui-même, bercé par les histoires de grands affrontements entre centaures et humains, ne voulaient pas les fréquenter tant que ça. Mais les étoiles lui avaient annoncé un grand événement pour aujourd'hui et il se répugnait à les approcher.

Il baissa les yeux et avisa sa petite passagère. En tant que frère et sœur de magie, il ne pouvait pas l'abandonner à son sort. Si elle tenait tant à se rendre au château et que sa magie n'était pas contre, c'était qu'il y avait quelque chose d'important pour la Magie.

Bane prit sa décision. Il allait dévoiler au grand jour l'un des secrets les mieux gardés de son peuple et il espérait simplement que la personne à qui il allait le confier n'allait pas le trahir. Il posa sa main contre l'arbre le plus proche et lui souffla son message. Comprenant l'urgence, le végétal remua imperceptiblement ses branches pour le transmettre.

-Monseigneur …

Harry se figea, surpris. Nolan lui avait indiqué qu'il pouvait parler sans mots mais il n'en avait jamais eu la preuve ! Ne voulant pas prendre le risque qu'on découvre qu'il n'écoutait plus que d'une oreille la conversation, il envoya un léger courant de magie en retour.

-Monseigneur … sourit la « voix ». Pour quelqu'un qui ne connait cette capacité que depuis peu, vous êtes doué. Un centaure se trouve à l'orée de la forêt avec une faë gravement blessé. Elle a un lien avec les deux femelles avec vous. Pressez-vous …

Harry sentit la présence s'éteindre.

-Luna ? coupa Harry. Qu'est-ce qu'une faë ?

La blonde se redressa, alerte.

-Où ? demanda simplement Luna

Le brun lui indiqua la forêt et elle bondit sur ses pieds. Surpris, Hermione, Neville et Harry ramassèrent leurs affaires et la suivirent. Ils s'enfoncèrent à quelques pas avant de tomber nez à nez avec un centaure. Harry le reconnut malgré les années.

-Bane, salua Harry.

-Harry Potter, répondit Bane en le reconnaissant aussi. Tu as grandi mais je ne pensais pas que tu changerais autant …

-Où est-elle ? demanda Luna

Délicatement, il sortit de sa cachette la petite faë qui n'avait toujours pas repris connaissance.

-Teeresa ! s'écria Hermione en la voyant et en la récupérant. Que s'est-il passé ?

-Il s'est passé quelque chose de terrible aujourd'hui, annonça Bane. Toute la forêt est sur le qui-vive. Elle sait ce qui s'est passé et elle pourra le raconter … si elle survit. J'ai fait ce que la Magie m'a ordonné de faire. Puissiez-vous continuer votre vie malgré les événements.

-Merci Bane, fit Harry. Que les étoiles vous soient favorables.

Après un signe de tête, le centaure s'enfonça dans la forêt interdite. Avec précaution, la brune l'installa plus confortablement dans sa main.

-Elle a l'air mal en point, nota Neville. La salle sur demande nous aidera sûrement. Et vous pourrez nous raconter comment vous la connaissez.

Les deux filles acquiescèrent. La bande retourna alors rapidement dans le château et Harry leur indiqua les passages secrets qui leur permettraient de ne rencontrer personne. La salle magique arriva et le brun les fit entrer tout en songeant à trouver de quoi soigner la petite créature. Il sourit quand il découvrit le salon douillet et le lit de poupée sur l'une des tables basses. Neville avisa l'armoire de potions et soupira de soulagement en voyant la posologie et leur usage. Il en sélectionna plusieurs tandis qu'Hermione la couchait délicatement dans le lit. Luna s'empara des fioles et administra les potions selon les indications de son petit-ami.

-Elle sera KO pour un moment, comprit Neville. Maintenant, Harry et moi nous vous écoutons.

Hermione et Luna ne se leurraient pas. Même si ça n'en avait pas la forme, c'était bien un ordre et aucune d'entre elle ne voyait l'intérêt de ne pas s'y soumettre. Hermione commença et leur raconta sa rencontre de nombreuses années auparavant. Elle leur indiqua également qu'elle était présente à square Grimmaurd lors des vacances de fin d'année et aussi la remarque de Teeresa à propos des protections magiques désormais en place. Luna prit le relais en révélant qu'elle avait requis son aide pour un projet personnel. Harry comprit rapidement que la blonde avait demandé à la faë de l'aider pour cacher ses tatouages magiques. Luna leur raconta également la vision particulièrement intense du massacre du village qu'elle avait eu quelques mois plus tôt et la réponse édifiante qu'elle avait reçue.

-Je pense que ce que j'ai vu vient de se passer, hésita Luna.

-Ça m'en a tout l'air, songea Hermione. En attendant, il va falloir la cacher et continuer de la soigner.

-Visiblement, elle n'a pas eu de problèmes quand elle a suivi Luna, constata Neville. Son bonzaï est un endroit connu et honnêtement, je serais plus rassuré qu'elle soit loin de la tour Gryffondor.

-Mais … protesta Hermione.

-Dumbledore me surveille étroitement, rappela Harry. S'il découvre qu'une créature magique aussi puissante se trouve près de moi, il va se douter que j'en sais plus que ce que j'aurais dû.

-En plus, Teeresa m'a indiqué qu'il fallait qu'on se méfie du directeur, ajouta Luna.

-Alors on fait comme ça, décida Neville.

§§§§§

Severus entra rapidement dans le restaurant du quartier des Embrumes que son interlocuteur lui avait fait découvrir quelques semaines plus tôt. Depuis que Garrick Ollivander les avait mis en contact, le maître de potions et Thomas Gaunt ne passaient une semaine sans se rencontrer. Bien sûr, Severus avait dû trouver une parade pour que Dumbledore ne découvre pas son nouvel ami mais ses déboires avec le patrimoine Potter puis l'attaque des mangemorts au cœur même de l'école avait suffisamment détourné son attention.

-Severus ! salua Tom en se levant

-Bonjour, Tom, sourit Severus. Je croyais que tu serais accompagné ?

-C'est le cas, assura Tom alors qu'ils prenaient place. Elle est juste partie se rafraîchir.

-Veuillez m'excuser de … fit une voix clairement féminine.

Severus se leva et se retourna avant de se figer.

-Severus ?! hoqueta la Sorcière

-Narcissa ! s'exclama Severus. Mais qu'est-ce que tu fais ici ?

-Vous vous connaissez ? s'étonna Tom

-C'est le parrain de mon fils, déclara Narcissa.

Tom les pria de s'asseoir avant de poser des questions.

-Comment tu connais Tom ? attaqua Narcissa

-Narcissa … gronda Tom.

-Toi, tais-toi ! claqua Narcissa. Je t'en veux encore !

Tom se renfonça dans son fauteuil, vaincu.

-Severus ? gronda Narcissa

-Une … connaissance commune nous a mis en relation il y a quelques semaines, avoua Severus.

-Qui ?! demanda Narcissa

-Je ne peux pas te le dire, refusa Severus. Tu es mon amie mais ce n'est pas mon secret. Et avant que tu ne le demandes, tu ne peux pas savoir pourquoi Tom et moi nous nous sommes rencontrés.

Narcissa se tourna vers Tom, agacée.

-Nous en revenons à la discussion comme quoi tu n'as pas besoin de tout savoir, déclara Tom. Accepte ta défaite et passons à autre chose, veux-tu ?

La blonde soupira.

-Soit, fit Narcissa. Vous vous connaissez. Pourquoi tu voulais me présenter Severus ? Pas que je ne le connaissais pas …

-Je voulais te présenter la personne qui m'a introduit à la Bibliothèque des Embrumes, annonça Tom.

Narcissa sursauta.

-Pourquoi tu ne l'as pas dit ? fit Narcissa

-Ça doit rejoindre le fait que tu n'as pas besoin de tout savoir, railla Severus. Blague à part, je n'avais pas le droit de te le dire. Depuis l'apparition de Voldemort, cette information ne doit plus circuler aussi librement.

La blonde hocha la tête. Si des personnes mal intentionnées – pour ne citer que Dumbledore et Voldemort – tombaient sur ce trésor national qu'était la Bibliothèque des Embrumes, plus personne ne serait en sécurité.

-Enfin bref, fit Tom. Avec son aide, j'ai trouvé un moyen de libérer Lucius.

-Tu … tu as trouvé ? balbutia Narcissa

Severus fronça des sourcils.

-Je pense qu'il serait mieux que nous partions, fit Severus.

-Pourquoi ? s'étonna Narcissa

-Si je ne suis pas au courant qu'il se passe quelque chose avec Lucius, alors c'est que c'est un secret, pointa Severus. Or, nous ne sommes pas spécialement protégés des indiscrétions.

-Tout ce que nous pourrions dire ici peut ne pas être gardé secret, en convint Tom.

-Où alors ? demanda Narcissa

-Je connais l'endroit parfait, sourit Tom. Suivez-moi.

Tom paya leurs consommations puis les mena dans les quartiers les plus mal famés de la capitale britannique.

-Débarrassez-vous de tous les sorts espions, ordonna Tom.

Tous les deux obéirent et malgré les regards stupéfaits de Narcissa et de Tom, Severus n'était pas surpris d'en retrouver un certain nombre sur lui. Tom fit une dernière vérification avant de les faire transplaner dans une maison sorcière.

-Bienvenue chez moi, sourit Tom. Normalement, si vous aviez de mauvaises intentions à mon égard, vous devriez déjà en train de baver sur le sol, foudroyé par toutes les protections.

Narcissa et Severus se retinrent de déglutir bruyamment. Ils s'installèrent dans les fauteuils que leur indiquait leur hôte et acceptèrent la tasse de thé qu'il leur proposa.

-Bien, il n'y a personne pour nous entendre, sourit Tom. Donc, grâce à Severus, je peux libérer Lucius.

-Que voulez-vous dire ? demanda Severus

Soupirant lourdement, Narcissa lui révéla ce que Lucius était devenu depuis le retour de Voldemort. Severus écarquilla des yeux. Mais surtout, ça répondait à la question de pourquoi il s'était vu ramper devant ce monstre à son retour.

-Si j'avais besoin d'entrer dans cette bibliothèque, c'est parce que je cherche un moyen de retirer la marque des ténèbres, reprit Tom. Pendant mon dernier voyage, j'ai compris que Voldemort a utilisé une marque de soumission pour créer la sienne. Et maintenant, je peux la retirer. Enfin, presque.

-C'est-à-dire ? fit Severus

-Il me faut un autre fourchelang pour lancer le sort, grimaça Tom. Et le seul connu est un gosse qui ne doit pas comprendre ce qui se passe dans sa vie …

Severus retint son sourire. Harry allait adorer ce type.

-Harry Potter, comprit Severus.

-Je ne vais pas vous demander de me faire entrer en contact avec lui, prévint Tom.

-Pourquoi ? s'étonna Severus

-Tout ce que je vois de lui, c'est un gosse qui se fait balader dans tous les sens et qui en plus doit faire les batailles des autres, grimaça Tom. Avant de demander son aide, je voudrais savoir s'il veut vraiment avoir des intérêts dans cette guerre.

Severus s'arrêta quelques instants sur ces mots. Il était étrange qu'une personne qui ne connaissait pas Harry s'interroge honnêtement sur ses convictions. Pour tous, Harry était aux côtés de Dumbledore – ou plutôt, pour être exact, il était son chien – alors voir Tom essayer de le connaître était rafraîchissant.

-De toute façon, si vous voulez le contacter sans que le directeur ne s'en mêle, je vous conseille d'attendre les vacances, fit Severus.

-Je m'en doutais, sourit Tom. Mais quand je serais sûr de ce qu'il veut, je serais ravi de le rencontrer.

Tandis que la discussion portait sur le moyen de Tom pour libérer Lucius de la marque des ténèbres, Severus songea que Garrick et Harry seraient heureux de cette avancée surprenante.

§§§§§

Pétunia se terrait dans le grenier, en larmes. Depuis un mois maintenant, sa vie avait totalement dérapé et elle en subissait les conséquences.

Tout avait commencé quand Dudley était revenu de son école privée avec plus d'un mois et demi d'avance. L'excuse donnée était une épidémie mais la mère de famille savait encore utiliser un téléphone et les transports en commun pour se rendre dans la fameuse école pour avoir le fin mot de l'histoire. Elle avait ainsi découvert que son cher fils avait été renvoyé définitivement de l'école pour avoir encore agressé un autre élève.

Ça ne l'étonnait même pas …

Quelques jours après le retour de Dudley, la famille avait découvert sur le pas de leur porte une jeune fille d'à peine treize ans qui avait argué que Dudley était le père de l'enfant qu'elle portait. Vernon lui avait claqué la porte au nez mais elle était revenue encore et encore, jusqu'à attirer l'attention des voisins. En laissant traîner ses oreilles, aussi bien chez elle que chez les voisins, Pétunia avait appris que Vernon et Dudley avaient déjà eu recours à des prostituées et que lors de l'une de ces relations « tarifées », ça avait dégénéré avec les résultats actuels. Vernon ne voulait pas le voir mais leur réputation était en miette, Pétunia en était certaine. De toute façon, les deux hommes de la famille continuaient leur vie comme si rien ne se passait mais il semblait que les membres du conseil d'administration de l'entreprise de Vernon commençaient à le regarder de travers et Dudley rencontrait une opposition surprenante de la part de son ancienne bande qui préférait préparer son avenir plutôt que de sillonner les rues de la ville pour tabasser les plus faibles qu'eux.

Tous ses événements avaient entamé la « bonne » humeur de Vernon qui n'avait trouvé comme moyen de se détendre que de battre comme plâtre sa femme, puisque Harry, leur neveu, ne reviendrait de son école que fin juin. Pétunia savait que plus le temps passait, plus la rage de Vernon allait augmenter et elle ne voulait même pas penser à ce qui allait arriver si Harry pointait le bout de son nez. Pour l'instant, elle tenait mais plus pour très longtemps. Elle aurait aimé le prévenir mais la mise à pied de Vernon la veille – il n'avait pas apprécié que l'un de ses collègues l'interroge sur la mésaventure que vivait Dudley et l'avait fait savoir de manière violente – faisait que ce dernier était désormais plus souvent à la maison.

-PETUNIA ! rugit une voix. ON SORT !

La femme se redressa et se traîna vers la petite fenêtre pour voir les deux hommes grimper dans la voiture et de partir en trombes. Nul doute qu'ils allaient se saouler dans un bar et la police allait encore intervenir.

La voiture partie, Pétunia se redressa difficilement, sentant encore tout « l'amour » de son mari. Elle se dépêcha de préparer ses affaires, emballa celles d'Harry et les traîna dans la petite voiture qu'elle s'était achetée après avoir passé son permis avec succès. Heureusement, le garage qu'elle louait avec l'argent de Vernon n'était pas loin et la voiture était donc un secret bien gardé. Il fallait que dès qu'Harry arriverait à Privet Drive, ils quittent tous les deux la maison. Peu importait ce qui se passerait, leurs vies respectives étaient désormais en danger.

Et il était hors de question qu'elle la sacrifie pour satisfaire les envies des autres.

§§§§§

Muriel Weasley, matriarche de la famille, tenait entre les mains une lettre bien particulière. Ce qui l'avait totalement surprise, c'était qu'elle lui était parvenue par des moyens Sang Pur. Or, connaissant Molly, elle était certaine que cette dernière n'avait même pas pris la peine d'enseigner à ses enfants les us et coutumes sorcières les plus importantes.

Mais Ginny lui avait quand même écrit.

Matriarche Weasley,
Pardonnez ce moyen de contact irrégulier mais je dois vous faire part d'une situation préoccupante.
Dernière fille de votre héritier, je suis vouée à faire un mariage important et je me suis accommodée du fait qu'il se pourrait que je fasse un mariage de raison pour redorer le blason de la famille.
Cependant, il s'avère que ma mère a une vision très précise de mon avenir et bien que j'essaie d'en discuter avec elle depuis de nombreuses années, elle ne veut rien entendre.
Pour elle, la seule personne que je dois épouser est l'héritier Harrison Potter. Si son choix s'est porté sur lui, je crains que ce soit parce qu'il ne connait ses droits et devoirs en tant que Sang Pur. En raison de nos liens d'amitié, cela ne m'aurait pas dérangée si le mariage était inévitable mais c'est très loin d'être le cas.
Pire, en prévision de ce « mariage », il m'est impossible de poursuivre mes aspirations. Lors de mes choix pour ma troisième année, ma mère m'a interdit de m'inscrire en runes anciennes et sans même me demander si ça m'intéresserait, elle a décidé unilatéralement que je préparerai les BUSE de divination et de soins aux créatures magiques.
Mais cette lettre n'est pas là pour exposer tous mes griefs.
Durant l'année scolaire, par le biais de l'un de mes professeurs, j'ai été approchée pour un apprentissage en sortilèges. Si j'accepte, il est demandé que je termine ma scolarité dans une autre école, de préférence Beauxbâtons voire en Amérique. D'après les premiers éléments que j'ai pu récolter, ce maître refuse que je participe à la guerre qui se déroule en Angleterre.
Pour le moment, je n'ai pas donné de réponse, qu'elle soit positive ou négative, pour plusieurs raisons. Tout d'abord, étant mineure, il me faudrait l'accord de mes tuteurs et je suis certaine que ma mère refuserait totalement en arguant que je serais bientôt mariée. Ensuite, les frais d'apprentissage sont assez importants et les finances de la famille ne pourront peut-être pas les supporter. Enfin, malgré la confiance de notre contact commun, je ne sais rien de ce fameux maître.
En tant que matriarche de la famille, il vous est possible de demander de plus amples informations mais surtout, d'accepter en lieu et place de mes parents la possibilité que je puisse faire briller à mon tour le nom de nos ancêtres.
Avec tout mon respect,
Ginevra Weasley

Muriel était stupéfaite, il n'y avait pas d'autres mots. Elle s'était toujours méfiée de la femme de son neveu mais ce qu'elle avait sous les yeux n'était que la traduction du malaise qu'elle n'avait fait que toucher du doigt quand elle leur rendait visite.

Maintenant qu'elle avait une raison valable, il était temps qu'elle tire les vers du nez de certains de ses descendants, à commencer par les jumeaux Fred et Georges.