Bascule

Albus Dumbledore était vraiment agacé.

Alors que le train ramenant les élèves à Londres venait de partir, il avait pris le temps de s'asseoir pour faire le point sur la situation actuelle.

Le plus important, c'était qu'Harry Potter lui échappait complètement. La disparition de Sirius Black avait visiblement beaucoup impacté son comportement et il avait pensé à utiliser cette période de deuil pour prendre le dessus sur lui.

Mais le brun avait eu une humeur en dents de scie tout au long de l'année. Passant tour à tour de l'apathie à l'excitation ou encore par la colère ou l'agressivité, le vieux sorcier ne savait jamais sur quel pied danser.

Outre l'adolescent à gérer pour le convaincre – ou le contraindre – d'abonder en son sens, l'approche du dix-septième anniversaire de ce dernier avait enclenché des procédures assez lourdes tant au niveau de Gringotts qu'à celui du ministère. Il avait perdu la main sur les avoirs des Potter et il n'avait désormais plus la possibilité de faire main basse sur ceux des Black. Certes, il avait bloqué les différents testaments mais s'il laissait à Potter la possibilité de toucher son héritage, alors tout ce quoi il avait œuvré tomberait définitivement dans l'oubli et ça, il le refusait.

L'union qu'il avait prévu pour lui avec la jeune Weasley était également en train de tomber à l'eau. Malgré l'assurance de Molly, il était clair que la jeune fille n'avait pas l'intention de prétendre à ce prestigieux mariage. Pourtant, elle lui semblait qu'elle était assez soumise à sa mère pour qu'il ait les coudées franches pour faire ce qu'il voulait de son futur époux.

Non, il allait devoir parler sérieusement à Potter, de préférence avant son anniversaire pour que tout ce qu'il pourrait entreprendre ne se heurte pas au nouveau statut du jeune homme que lui octroierait sa majorité.

Il s'empara d'un parchemin et d'une plume et commença à écrire à Molly. Au début, il avait prévu qu'Harry ne vienne au QG de l'Ordre qu'à son anniversaire, soit un mois plus tard. Mais les événements ne lui permettaient pas d'attendre sa majorité. Il fallait absolument qu'il soit sous son contrôle avant cette date. Pour cela, il fallait un endroit d'où il ne pourrait s'enfuir et le manoir Black ne remplissait définitivement plus cette condition depuis les fêtes de fin d'année.

Oui, le Terrier correspondrait parfaitement … surtout s'il avançait comme argument qu'on pouvait installer des protections puissantes pour quelques jours pour permettre d'inviter pour son anniversaire tous les amis d'Harry qui n'étaient pas dans les secrets de l'Ordre du Phénix. Il fallait simplement ensorceler les pièces pour que Potter et également cette petite peste de Weasley leur obéissent au doigt et à l'œil.

Visualisant parfaitement l'entièreté de son plan, Dumbledore se perdit dans ses pensées machiavéliques …

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Andromeda Tonks avait pris sa décision.

Même si elle avait été très heureuse avec Ted, la famille Black, aussi dysfonctionnelle soit-elle, lui avait toujours manqué. Même si sur le papier elle n'en faisait plus partie, la magie familiale pensait autrement puisque sa fille avait reçu un don très prisé de la famille, et même elle n'avait pas pu s'empêcher d'en appliquer ses enseignements.

Quand l'héritier Black lui avait demandé de réfléchir à sa réintégration dans le clan ne serait-ce que pour pouvoir aider Harry Potter, elle en avait été choquée à plusieurs titres. Tout d'abord, elle n'avait jamais cru qu'on pouvait réintégrer un membre renié. Le reniement l'avait particulièrement blessée mais elle connaissait sa tante Walburga et savait qu'elle n'était pas du genre à revenir sur sa parole. Ensuite … depuis Grindelwald, on n'intégrait plus les clans sorciers autrement que par le sang. Même si sa situation était exceptionnelle, ce que lui avait proposé le jeune sorcier était très rare.

Et enfin … il ne l'avait pas dirigé vers Albus Dumbledore.

Elle avait remarqué que dès qu'il s'agissait du jeune Harry Potter, tout le monde s'attendait à ce que les problèmes soient pris en charge par le directeur de Poudlard alors qu'il n'en avait aucune légitimité. Les Sang Pur, pour des raisons évidentes, ne confiaient jamais leurs enfants sans aucune sécurité sorcière dans le monde moldu. Bien sûr, il y a eu des cas où un enfant Sang Pur, pour sa sécurité, avait dû être placé dans le monde moldu mais il y avait toujours un garant Sang Pur pour veiller à ce qu'il ait une éducation adaptée.

Sang Pur. Et non sorcier.

Dumbledore avait visiblement joué sur les mots parce que pour le sorcier lambda, les deux termes étaient la même chose. D'où le blanc-seing du peuple sorcier quand il s'agissait de gérer le Survivant.

Malgré les actes dont il avait été témoin – et même s'il en était responsable, il n'avait fait que se défendre, par Merlin ! – Harry Potter restait un citoyen sorcier anglais avec les mêmes droits que les autres. Parce que grâce à lui, l'Angleterre sorcière pouvait se targuer d'avoir bénéficié de treize, voire quatorze années de paix, est-ce que ça lui donnait le droit de déposer sur ses épaules la charge de se débarrasser de celui qui l'avait privé de ses parents ? De détourner les yeux quand il était clair qu'il avait des problèmes dans sa famille ? De lui tourner le dos dès qu'il faisait quelque chose qui ne correspondait pas à leur vision étriquée ? Et surtout, quand il avait besoin d'aide, de l'ignorer ? Non, la réponse était toujours non.

Et si pour réagir à sa situation, il fallait qu'elle rejoigne le clan Black, alors elle devait faire passer son propre confort derrière le bien-être physique et psychologique d'un enfant dont on avait sacrifié la vie sans qu'il ne demande quoi que ce soit.

-Dobby !

-Andromeda Tonks Madame a appelé Dobby ? apparut Dobby

-Pourrais-tu faire part à ton maître que j'accepte de retourner dans le clan Black ? fit Andromeda. Il est temps que je prenne une part plus active dans les événements.

-Je vais prévenir le maître immédiatement, s'inclina Dobby avant de disparaître.

La femme se sentit alors bien plus légère et ce fut avec un léger sourire qu'elle se mit au travail.

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La fin de l'année scolaire était pour le lendemain et Draco se tenait devant Severus. Après avoir récupéré la tête du clan Malfoy, le blond s'était ouvert à son parrain concernant la situation préoccupante de ses amis.

-Stupide blond ! siffla Severus, qui ne s'était pas douté que c'était si critique. Si tu n'avais gardé ça pour toi, j'aurais pu vous envoyer au manoir Prince !

-Mais … comment ça se fait que tu connaisses les Prince ? balbutia Draco

-Ma mère était Eileen Prince, renifla Severus. Je t'épargne les détails mais j'en suis l'héritier. Le vieillard qui fait office de lord est encore bien vivant.

-Mais … protesta Draco.

-Mais rien ! coupa Severus. Je ne t'apprends pas que les rituels pour transformer une maison en refuge prennent des jours et il est trop tard pour que vous puissiez demander la protection des Prince. Bon, puisqu'on ne peut plus rien faire, dis-moi à quoi tu avais pensé.

-J'ai voulu lancer le rituel sur la maison de maman mais ça n'a pas marché, grommela Draco. J'ai dû fouiller dans le patrimoine Malfoy pour trouver la bonne mais elle ne sera prête que dans vingt jours.

-Nott ne peut pas aider ? s'étonna Severus. Il est lui aussi majeur, je me trompe ?

-Sauf que sa maison est l'un des QG de Voldemort, soupira Draco. Nous y avons pensé aussi. Et Blaise n'aura dix-sept ans que fin août.

-Dans l'absolu, il va falloir que vous trouviez un endroit sûr en descendant du train, fit Severus. J'ai peut-être une idée pour les premiers jours.

-Laquelle ? demanda Draco

-Mes parents vivaient dans le monde moldu et j'ai hérité de leur maison, répondit Severus. Elle est petite mais avec quelques aménagements, je pense que vous pourrez y rester quelques temps. Elle pourra supporter la magie mais il faudra éviter d'en faire.

-Tout plutôt que de ramper devant ce fou ! cracha Draco

-Vous ne pourrez pas avoir de contact avec le monde sorcier jusqu'à ce que ta maison soit prête, prévint Severus.

-Je m'en doute, sourit Draco. Mais nous avons encore un petit problème.

-Lequel ? soupira Severus

-Le petit frère de Pansy, répondit Draco. Il entre bientôt à Poudlard et ses parents veulent le modeler pour qu'il soit le prochain parfait chef de la famille Parkinson.

-C'est embêtant, concéda Severus. L'idéal aurait été que j'aille le chercher mais on découvrira très vite que je vous ai aidé donc il faudra se faire discret. Est-ce qu'il peut sortir de chez lui ?

-Je pense, réfléchit Draco. Pourquoi ?

-On peut faire croire à une fugue, proposa Severus. Il devra prendre la cheminée vers Londres pour brouiller les pistes.

-Je vais demander à Pansy de le prévenir ! bondit Draco

-Ne l'envoie pas par hibou ! interdit Severus. Tu devras me passer la lettre.

-Pourquoi ? s'étonna Draco

-Tout courrier entrant ou sortant est surveillé, je ne t'apprends rien, rappela Severus. De plus, il est facile de retracer des lettres, merci à Dumbledore. Mais personne ne pensera à un courrier transmis par un elfe de maison de l'école …

-Tu es génial, parrain ! s'exclama Draco

-Tu devrais filer maintenant, fit Severus. Il ne nous reste que peu de temps pour mettre en place ces différents plans.

Après quelques salutations, les deux sorciers se séparèrent.

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-J'espère que tu vas apprécier ton séjour, sourit Kali.

Son prisonnier tenta malgré ses liens de bouger – et sûrement de lui hurler des insultes à travers son bâillon – et la fusilla du regard. Mais les gardes présents lui intimèrent de se tenir tranquille et finirent par l'emmener vers sa prochaine destination, la prison des shamans.

Kali laissa tomber son sourire railleur une fois la porte refermée. Retrouver le shaman renégat qui avait emprisonné la sœur de Fin n'avait pas été facile, surtout qu'elle avait dû rester discrète. Heureusement, son réseau était assez performant et il avait fait deux erreurs monumentales : il suffisait de tendre l'oreille dans les bars les plus dangereux pour connaître ses faits d'armes et ses tarifs étaient plus élevés que ceux demandés par les shamans réguliers.

Kali n'aimait pas ces personnes principalement parce qu'ils se fichaient totalement des pertes annexes. Oh, elle n'avait rien contre des contrats qui consistaient à tuer ou torturer des gens – elle en avait eu quelques-uns en étant au service des RoseSang – mais ne pas se soucier des dégâts collatéraux, non. On pouvait excuser une erreur mais pas un massacre où il y avait plus que la cible de traitée. Les shamans traquaient les renégats surtout parce que leur peuple avait le sang chaud, pour être gentil. Il ne fallait pas en plus qu'ils aient à gérer des cow-boys en mal de sensations fortes.

Kali rentra au domaine des RoseSang et nota que Nolan était occupé. Elle se rendit dans ses appartements pour se détendre.

-Quel dommage que tu sois ma sœur …

Kali lui jeta à la figure le manteau qu'elle venait d'enlever.

-Tu fais dans l'inceste maintenant ? ricana Kali

-Je fais juste remarquer que tu es belle, haussa des épaules Celeb en évitant le vêtement. La mission a été un succès, j'imagine ?

-Je l'ai capturé, si c'est ce que tu demandes, renifla Kali en passant derrière un paravent.

-Mais tu as l'air soucieuse, constata Celeb.

-Je n'ai pas eu le temps de l'interroger, grogna Kali. T'inquiète, je travaille au corps la guilde pour être aux premières loges.

-Tu as rappelé notre lien avec les RoseSang ? demanda Celeb

-Pas encore, avoua Kali en sortant, vêtue d'un peignoir. Dans nos cercles, il vaut mieux ne pas se prévaloir de connaître des familles de guerriers.

-Tu ne me l'as jamais dit, s'étonna Celeb.

-Je ne dis pas que c'est un secret mais on ne s'en vante pas, fit Kali en prenant place dans un fauteuil.

-Pourquoi ? demanda Celeb. En tant que mercenaire, nous on le fait !

-Nous sommes bien plus discrets sur nos capacités que vous, gros tas de muscles sans cervelle, ricana Kali. Blague à part, on craint bien trop les guerriers pour nous les mettre à dos. Et je ferais une cible bien trop tentante si on venait à apprendre que je suis affiliée aux RoseSang. On sait que tu es sous leur protection et moi aussi par extension mais rien ne prouve que je sois au service de Nolan.

-D'accord, fit Celeb. Bon, je te laisse, je vais attraper Nolan pour le prévenir que tu es de retour. On va avoir deux jours au maximum avant qu'on s'aperçoive que leur shaman de compagnie leur a fait faux bond. Tu penses que Fin me remerciera après qu'on ait sauvé sa sœur ?

-Tel que je te connais, tu espères des remerciements en nature ? rit Kali. Ça t'arrive de ne pas penser avec ce qui pend entre tes jambes ?

-Eh ! protesta Celeb. Il y a des petits plaisirs qu'on ne peut pas renier !

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Tom sortit du temple inca, un sourire fou aux lèvres.

Il avait réussi !

Pour vérifier ses théories, Severus lui avait révélé les noms de quelques mangemorts fraîchement marqués avant la chute de Voldemort et qui avaient pu s'enfuir en Amérique. Tom les avait retrouvé – bon, il ne fallait pas se leurrer, il les avait kidnappé – et les avait emmenés au temple inca du dieu serpent pour mettre la main sur un fourchelang. C'est vrai, ses cobayes avaient un peu souffert mais résultat des courses, il avait pu leur retirer la marque. Son associé temporaire, bien plus à l'aise avec la magie issue de cette langue si particulière, lui avait signalé que son entreprise aurait beaucoup plus de chance d'être couronnée de succès si le deuxième fourchelang qui l'assistait avait également un lien avec celui qui avait apposé cette marque.

Et lui qui ne voulait pas qu'Harry Potter soit mêlé à tout ça …

De toute façon, il fallait d'abord qu'il connaisse les allégeances du gamin et ça, ça ne sera pas facile ! Il était sous très haute surveillance de Dumbledore et il ne fallait absolument pas qu'il se doute qu'il était encore en vie. Visiblement, il allait encore devoir demander un service à Severus pour qu'il se renseigne à sa place.

Se dégageant des jeunes mangemorts qui le remerciaient encore et encore, Tom leur fit prêter un serment magique comme quoi ils ne diraient rien sur son projet et encore moins qui les avait délivrés de cette marque maudite. Une fois sûr que ses arrières étaient assurés, Tom poursuivit son voyage en Amazonie. Le fourchelang avec qui il avait travaillé lui avait indiqué une communauté qui pourrait l'aider avec son don et pourquoi pas, activer la magie qui était derrière cette langue si c'était encore possible. Curieux, il avait décidé de suivre cette piste et il était tombé sur un autre temple dédié au dieu serpent. Comme tous ses plans étaient en standby, il avait décidé de s'accorder un peu de temps pour lui et d'entrer dans le temple. A raison.

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Sirius était agréablement surpris.

Après une présentation haute en couleur, Angus Boer s'était révélé être un sorcier tout à fait normal. Enfin, il se comprenait.

Ils n'avaient pas commencé par une orgie digne de l'antiquité romaine, non. Boer – « bon sang, appelez-moi Angus ! » – avait commencé par lui faire faire du sport. De la marche, puis de la course, de la natation … tout y passait. L'ancien prisonnier eut la surprise de découvrit que son corps n'était plus décharné mais se couvrait d'une musculature fine.

-Bien entendu, avait reniflé Angus après qu'il s'en soit ouvert. Les occidentaux se reposent bien trop sur la magie et dénigrent totalement toute activité physique. Alors que s'ils travaillaient leur corps en même temps que leur magie, ils deviendraient plus forts et surtout plus équilibrés …

Quand Sirius eut bien intégré que le sport ne pouvait pas lui faire de mal, Angus l'avait introduit à de petits plaisirs. Le hammam et le sauna réduisirent le sorcier à une masse sans force aucune. Les massages lui avaient fait découvrir des nerfs inusités. En fait, il commença à apprendre à prendre soin de lui.

Angus passa ensuite à la gastronomie. Sirius savoura la nourriture au lieu de simplement manger. Ils écumèrent les restaurants étrangers de Russie et le plus souvent, ils embarquaient Dimitri Vater avec eux. Les saveurs du monde avaient ouvert au patient de nouveaux horizons.

-Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? demanda Sirius

Angus, Dimitri et lui commençaient une nouvelle journée de traitement. Le marathon de sensations, comme l'avait surnommé Sirius, était particulièrement prenant. Environ une fois tous les dix jours, ils se réunissaient et faisaient le point.

-J'avoue que vous acceptez parfaitement ce traitement atypique, fit Dimitri. Si vous remarquez bien, vous n'avez plus cette certitude que votre place est auprès de votre filleul.

Sirius hocha de la tête. Il ne pouvait nier que son obsession pour Harry s'était atténuée. Ce n'était pas pour autant qu'il ne pensait pas à lui.

-Je pense qu'il faudrait ralentir le rythme, fit Angus. En vous forçant à vous concentrer sur vous et votre bien-être, les consignes ont moins d'emprise. Je préfère consolider ces acquis avant de passer au niveau suivant.

-Qui est ? demanda Sirius

-Le sexe, répondit tranquillement Angus.

Sirius n'était pas pudibond, ce n'était pas le problème, mais il redoutait la suite. Et Angus le vit parfaitement.

-Dois-je vous le répéter encore une fois ? soupira Angus. La magie rouge n'est pas une orgie sans fin. Il s'agit simplement de la magie dégagée par l'acte sexuel. Il n'y a même pas besoin de pénétration pour l'utiliser.

-Permettez-moi de ne pas être serein, grogna Sirius.

-Cela fait surtout des mois que je le répète, leva les yeux au ciel Angus.

-Pendant combien de temps tu veux qu'on continue sur cette ligne de conduite ? demanda Dimitri en recentrant la conversation

-Au moins trois mois, répondit Angus.

-C'est énorme ! s'exclama Sirius

-Je sais, fit Angus. Mais je pense qu'il serait bien de commencer une rééducation magique dans le même temps.

-De quel type ? fronça des sourcils Dimitri

-Lui réapprendre à manipuler la magie, petit à petit avec des sorts de faible intensité, expliqua Angus. Cela permettra d'agrandir sa réserve de magie actuelle et l'aidera quand nous enlèverons toutes les brides.

-Ça aura l'avantage de vous occuper, Sirius, en convint Dimitri.

-Mais je dois être sur pied au plus vite ! rappela Sirius

-Nous ne disons pas le contraire, fit Dimitri. Mais je vous ai prévenu que votre guérison prendra sûrement des années. Contrer des consignes mentales n'est pas évident en temps normal mais avec votre état de santé préoccupant, c'est extrêmement difficile. Je préfère que nous prenions notre temps maintenant plutôt que de vous voir être manipulé de nouveau.

-Vu comme ça … maugréa Sirius.

-Faisons comme ça, fit Dimitri. Nous suivrons ce programme pendant quelques temps et nous ferons le point dans trois mois. D'accord ?

-D'accord, firent les deux autres.

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Harry avait profité du voyage vers Londres pour faire le point sur son été.

Il se doutait que Dumbledore voudrait le savoir dans un lieu connu pour mieux le manipuler. Pour passer sous les radars, le brun allait donc devoir se rendre à Privet Drive pour une grande partie du mois de juillet, chose qu'il ne faisait plus depuis quelques années. Il savait qu'il allait devoir négocier dur avec Vernon pour qu'il le laisse tranquille. Il était vraiment tenté de lui donner de l'argent pour avoir la paix mais il se doutait que ça allait se retourner contre lui et il était sûr que son oncle par alliance le ferait chanter au moins jusqu'à ses vingt-et-un ans.

Outre les Dursley, l'insistance malsaine de son directeur d'école à régenter sa vie allait monter crescendo maintenant qu'il allait être majeur. Une fois passé les premiers temps de l'émerveillement, la plupart des enfants ayant vécu exclusivement dans le monde moldu – les nés de sorciers trouvaient ça tout à fait normal – s'apercevait qu'une telle concentration de pouvoirs si éloignés les uns des autres dans les mains d'une seule personne conduisait à une dictature. Pour Harry surtout, Dumbledore était une hérésie car sans porter le titre de roi, il dirigeait intégralement l'Angleterre sorcière.

Enfin bref, ce n'était pas le sujet.

Harry savait que les gardes autour de Privet Drive allaient être intensifiées et il lui serait très difficile de quitter la demeure de ses tuteurs moldus. Heureusement, avec Severus, ils avaient trouvé la faille de cette fameuse protection de sang dont se vantait tant le directeur, ce qui lui avait permis de quitter la maison sans se faire remarquer une grande partie des vacances d'été les années précédentes. Malheureusement, il ne pourrait pas compter sur son professeur ou sinon, Dumbledore se rendrait compte qu'il le menait en bateau depuis un moment.

Harry n'avait pas le choix, il devait confronter Vernon dès son retour chez les Dursley. Avec sa nouvelle nature, il devrait réussir à suffisamment le terroriser pour qu'il ne fasse rien jusqu'à ce qu'il quitte son cher « home sweet home ». Il était bien tenté de le tuer mais il avait promis à Luna de ne rien en faire, surtout que Dumbledore serait capable de lui coller le meurtre sur le dos et récupérer sa tutelle jusqu'à ce qu'il meure pieds et poings liés sous la torture de Voldemort.

Si l'ambiance chez les Dursley se faisait intenable, il avait toujours la solution de faire une fugue. Mais dans ce cas-là, il devait faire en sorte que personne ne s'en doute jusqu'à son anniversaire. Harry ne croyait plus au père Noël et il se doutait qu'à son retour, la maison serait décorée de nouvelles « protections » pour s'assurer qu'il serait toujours à sa place, entre autres.

Le brun sortit son carnet ensorcelé et vérifia ses notes. Juste avant qu'il ne grimpe dans le train, Severus l'avait prévenu qu'il avait trouvé une solution pour son apprentissage. Dans tous les cas, le monde sorcier dans sa grande débilité ne serait au courant qu'après son anniversaire. Mais Nolan lui avait dit qu'il devrait d'abord maîtriser sa nouvelle nature avant de pouvoir revenir dans la dimension des Humains. Un point qu'il comptait aborder avec Severus une fois hors de portée du directeur …

Le train commença à ralentir et tout son compartiment se redressa pour rassembler ses affaires. Harry vérifia qu'il avait tout dans ses poches, y compris sa malle magique rétrécie par mot de passe dans sa poche. Le sac de voyage moldu, qui contenait tous les « dons » des Dursley, traînait à ses pieds et heureusement, il était assez léger. Avec son sac de cours en cuir vieilli, il passait parfaitement pour l'étudiant – ou l'élève de pensionnat, vu sa taille – qui rentrait chez lui.

Autour de lui, Neville revêtait une robe sorcière plus en phase avec son statut d'héritier Sang Pur, au contraire d'Hermione qui était en sweat et en jean. Ginny, elle, avait enfilé une robe sorcière ouverte sur un pantalon droit et un T-shirt manches longues. Luna, quant à elle, avait mis une longue tunique avec un collant et des bottes, renforçant son côté décalé. Les Serpentards n'avaient pas pu faire le voyage avec eux car ils étaient étroitement surveillés depuis qu'ils avaient échappé par deux fois aux mangemorts pour se faire marquer.

-Bon, souffla Neville. Il semblerait que c'est ici que les choses sérieuses vont commencer.

-Dis plutôt qu'on va devoir se battre pour notre liberté et pas de la manière dont tout le monde pense, renifla Ginny.

-Tu es sûr que tout va bien se passer ? s'inquiéta Hermione. Si tu veux …

-Mieux vaut pour toi que tu n'approches pas de chez moi le prochain mois, fit Harry. La situation va être explosive. Reste en sécurité.

La brune soupira. Elle ne connaissait pas les plans de son meilleur ami mais elle était sûre qu'il n'allait ménager personne.

-Fais attention à toi, souffla Hermione en le prenant dans ses bras.

-Toujours, sourit Harry en lui rendant son étreinte.

-N'oublie pas qu'on doit fêter ton anniversaire ensemble, rappela Ginny.

-Idem pour le tien, ricana Harry en l'embrassant.

-On se donne rendez-vous le trente-et-un juillet chez moi ? proposa Neville en le serrant dans ses bras

-Avec plaisir, sourit Harry. J'ai envie d'un vrai anniversaire avec des personnes que j'apprécie.

Harry se tourna vers Luna qui lui prit les mains.

-Le sang coulera, soupira Luna.

-Ceux qui auront offensé notre Mère subiront son courroux, répondit Harry. Peu importe qui sera Sa main.

Luna le prit dans ses bras et Harry lui rendit son étreinte. Il ne fallait pas être devin pour comprendre qu'elle avait peur. Ils se sourirent tendrement alors que le train s'immobilisait totalement puis quittèrent le train.

Les choses sérieuses commençaient.