L'été de tous les défis
Hermione se promenait dans les jardins du manoir Longbottom. Teeresa, quant à elle, voletait çà et là, butinant de fleur en fleur.
Les premiers jours où la bande avait récupéré la faë avaient été très durs. Hagrid, le spécialiste, n'avait jamais eu à traiter avec les faë et ces derniers évitaient le demi-géant en particulier car ils sentaient que sa magie était particulièrement instable. Luna et Neville avaient donc dû se rabattre sur l'utilisation première des plantes et la laisser gérer les soins dont elle avait besoin. La petite créature avait repris des forces, petit à petit, et peu après son arrivée au manoir Longbottom avec Hermione, Teeresa leur avait raconté ce qui s'était passé.
Flash-Back
Malgré les avertissements de Luna, le village faë ne s'était guère préparé à une attaque plus importante que d'habitude. Généralement, plusieurs sorciers débarquaient au village et détruisaient les habitations vidées de leurs propriétaires pour récupérer la poudre de faë qui s'y était déposée. Les derniers faë tués pour leurs ailes l'avaient été il y a de nombreuses années et depuis, le village prenait ses précautions pour les plus vieux et les plus jeunes soient mis à l'abri avant qu'on ne vienne les détruire.
Donc, les mesures de sécurité, certes déjà élevées, n'avaient pas été augmentées. Pire, aucun plan de secours n'avait été mis en place pour protéger les plus faibles.
Dès son retour, Teeresa avait harcelé le conseil des anciens pour qu'au moins les plus fragiles soient cachés auprès de protecteurs plus puissants, comme les centaures voire même les acromantulas.
Sans succès.
Les anciens campaient sur leurs positions, certains que la menace prophétisée par Luna n'était qu'une énième razzia de sorciers.
Quand la magie ambiante s'était faite beaucoup plus lourde, Teeresa avait compris que ce serait pire que ce qu'ils subissaient.
Les enfants s'étaient mis à pleurer sans raison et les adultes à angoisser. Le temps qu'ils comprennent ce qui se passait, il était trop tard.
Les sorciers avaient érigé des barrières pour que contrairement à d'habitude, les faë ne puissent s'enfuir. Etant un peuple profondément pacifique, ils n'avaient pas d'armes pour se défendre et là, ils le regrettèrent amèrement. Le village voulut s'éparpiller dans les sous-bois proches mais les barrières les firent retomber au sol. Là, au lieu de récolter tranquillement la poudre de leurs ailes, les sorciers attrapaient les faë et leur arrachaient violemment les ailes. Ils n'avaient fait aucune distinction entre les adultes, les vieillards et les enfants. Le pire était qu'ils ne s'étaient pas arrêtés là. Après leurs ailes, ils leur avaient arraché les membres un à un, les cheveux, les oreilles, la tête … Tout en piétinant et en détruisant à coup de sorts les habitations, ils laissaient derrière eux un véritable charnier.
Teeresa ne comprenait pas comment elle avait pu y réchapper. Pourtant, en les voyant arriver, elle avait directement foncé vers leur visage et en avait énucléé deux avant qu'un troisième ne l'attrape et la jette violemment contre un arbre, ce qui l'avait assommée sérieusement. Elle avait repris conscience sous la douleur de la magie de la forêt qui pleurait ses enfants morts et la jeune faë ne pouvait que pleurer les siens. Sachant que si elle restait, elle allait finir par vouloir les rejoindre dans la mort, elle avait pris son envol et avait fini par tomber sur le centaure Bane.
Fin Flash-Back
La faë était seule au monde et en plus, elle avait perdu l'une de ses jambes et ses ailes étaient définitivement mutilées. Oh, elle pouvait encore voler mais plus les mêmes distances. Et là, malgré la magnificence des jardins des Longbottom, elle était en pleine déprime, en pleine phase d'acceptation de son deuil.
-Tu sais, j'ai été comme toi, fit Hermione en prenant la parole.
La sorcière s'était assise à quelques pas du rosier où la faë avait trouvé refuge. Elle était restée silencieuse jusqu'à maintenant.
-Tu n'as perdu personne ! cracha Teeresa, encore furieuse
-Mon monde s'est écroulé quand mes parents ont été assassinés, répondit calmement Hermione.
Teeresa se figea.
-Mais pourquoi tu ne m'as rien dit ?! s'étonna Teeresa
-Parce que personne ne devait le savoir avant que je n'aie terminé les démarches pour être émancipée, répondit Hermione. Je savais que je pouvais compter sur toi mais je n'avais pas confiance en certaines personnes qui me côtoyaient et qui auraient pu me jeter des sorts d'espionnage. Je ne voulais pas tester la magie de la forêt interdite.
Teeresa elle-même avait vu les limites de la forêt. En effet, celle-ci n'avait pu prévenir les faë que quelques minutes avant que le massacre ne commence.
-Comment as-tu fait pour oublier tout ça ? souffla Teeresa
-Je n'ai pas oublié, rectifia Hermione. Mais j'ai fini par comprendre qu'ils ne voudraient pas que je vive dans leur souvenir mais que j'avance selon mes convictions pour les rendre fiers. Ça a été dur, je ne te le cache pas, mais j'y arrive.
-Mais c'est injuste ! Leur mort est injuste ! hurla Teeresa
-L'une des premières leçons que j'ai apprises est que la vie est injuste, rétorqua Hermione. Tu auras beau t'indigner, si tu ne te bouges pas pour changer les choses, alors elles resteront tel quel.
-C'est pour cela que tu restes avec Harry ? demanda Teeresa
-Je reste à ses côtés parce qu'il est mon ami, corrigea durement Hermione. Au-delà de ça, ce n'est pas ma faute si le Destin a décidé que les événements actuels allaient tourner autour de lui pendant un long moment.
Teeresa ne put que le concéder.
-Là où je veux en venir, fit Hermione, c'est que nous sommes là. Nous ne sommes pas ta famille, je le reconnais, mais nous pouvons t'aider pour te reconstruire. Et même si ça peut sembler horrible pour d'autres, si tu nous le demandes, nous pouvons t'aider à venger les tiens.
Teeresa sursauta.
-Vous … vous m'aiderez ? balbutia Teeresa
-Oui, assura Hermione. C'est ce que font les amis, non ?
-Si, mais … hésita Teeresa.
-Je sais ce que tu penses, sourit Hermione. Nous allons sûrement risquer nos vies dans ce coup mais je t'avoue qu'avec ce qui se passe en ce moment, un peu plus ou un peu moins …
-Mais je ne suis pas sorcière … murmura Teeresa.
-Cela m'empêche d'être ton amie ? renifla Hermione. Je le suis en toute connaissance de cause et si je veux t'aider, je ne me laisserais pas dissuader pour des raisons aussi absurdes.
Pour la première fois depuis des jours, la faë eut un sourire. Petit, certes, mais sourire quand même.
-Merci, souffla Teeresa.
-De rien, répondit Hermione.
§§§§§
Harry se posait encore la question de savoir pourquoi il s'était retrouvé dans cette situation. En fait, tout s'était emballé quand il avait posé le pied sur le quai 9 ¾ et n'avait cessé de s'accélérer depuis. Et à quinze jours de son anniversaire, il ne s'attendait pas à partager sa chambre avec quatre autres garçons.
Flash-Back
Harry n'était pas surpris de la mauvaise humeur de Vernon à King's Cross. D'ailleurs, il ne se souvenait pas de l'avoir vu de bonne humeur en sa présence. Le brun se dépêcha de le suivre hors de la gare et prit place aux côtés de Dudley. Enfin, pris place … c'était vite dit. Outre le fait qu'il ait atteint visiblement sa taille adulte, son cousin avait bien pris une vingtaine de kilos et maintenant s'étalait sur les deux tiers de la banquette arrière. Heureusement qu'il était naturellement fin ou sinon, il aurait eu le temps de mourir étouffé plusieurs fois pendant le voyage de retour.
Quand ils descendirent de la voiture, le sorcier aperçut une silhouette assise sur le trottoir. La longue chevelure emmêlée lui indiqua qu'il s'agissait sûrement d'une jeune fille mais quand il voulut la regarder plus attentivement, il fut bousculé par son cousin et il entra dans la maison.
Dedans, les choses n'avaient pas changé. Il fut « prié » de se rendre dans sa chambre, de ne pas en sortir jusqu'au lendemain matin et de ne surtout pas déranger les honnêtes gens. Sachant parfaitement qu'il n'aurait que rarement à manger le temps de son séjour, Harry ouvrit sa malle et se rendit dans les appartements pour se préparer un repas. Il avait eu l'idée d'une malle magique à plusieurs compartiments après avoir vu celles des Serpentards mais après avoir découvert Alastor Maugrey enfermé dans la sienne, il en avait acheté une plus grande où se trouvaient des appartements spacieux et une cuisine toujours garnie.
Les premiers jours ressemblaient étrangement à sa vie avant qu'il ne découvre qu'il était un sorcier. Il avait une liste de tâches à faire longue comme le bras et gare à lui s'il ne la terminait pas. Dans cette entreprise, il n'était bien entendu pas aidé de son cousin qui, quand il ne traînait pas dans le quartier, était avachi devant la télé en s'empiffrant.
Dans le même temps, plusieurs choses changeaient des années précédentes.
D'abord, Pétunia ne faisait plus partie intégrante de la famille Dursley. Harry l'avait rapidement noté, elle n'était plus présente à table et prenait ses repas à part dans la cuisine. Il ne disait pas qu'il avait laissé une femme pleine de vie mais là, elle ressemblait presqu'à un zombie. Il avait même eu l'occasion de voir ses bras nus et la couleur des bleus lui avait fait comprendre qu'elle avait pris sa place en tant que punching-ball officiel du chef de la famille.
Ensuite, Dudley n'était pas aussi entouré que dans son enfance. Pendant qu'il faisait les courses pour la maison, Harry avait plusieurs fois repéré son cousin errant seul ou bien traumatisant les enfants les plus jeunes. En écoutant les commères du quartier, il avait appris que Dudley était revenu chez lui voilà quelques mois et qu'il avait voulu reformer sa bande. Or, ces derniers visiblement, sans la présence néfaste de leur leader, avaient grandi et avaient préféré assurer leur avenir au lieu de revivre le bon vieux temps. Nul doute qu'il y avait eu des cris, que les vieux amis n'étaient plus des amis et que Dudley était désormais seul.
D'autre part, Vernon était déjà en vacances, ce qui était vraiment surprenant. De ce qu'Harry se rappelait, l'époux de sa tante ne prenait ses vacances que mi-juillet pour au moins jusqu'à son anniversaire. Le brun savait que l'inactivité le rendait mauvais mais là, c'était pire. Les commères étant vraiment une bénédiction, il avait appris qu'il avait été mis à pied à cause de sa situation personnelle actuelle et de ses réactions disproportionnées et violentes quand on abordait le sujet.
Ce qui menait au quatrième point, la jeune fille qui semblait camper devant le 4, Privet Drive.
Enceinte.
De Dudley.
En soi, la situation ne l'étonnait pas. Honnêtement, avec ses antécédents de violence, de vandalisme et de délinquance, mettre une fille enceinte était couru d'avance. Seulement, Harry doutait franchement qu'elle ait leur âge. Toujours en écoutant les commères, les mots étaient tombés.
Viol.
Détournement de mineur.
Harry avait haussé des sourcils. Il connaissait assez Dudley pour savoir qu'il ne se rendrait coupable de ces actes que si quelqu'un lui avait montré la voie. S'il en était venu à tabasser les enfants du quartier pendant leur enfance, c'était uniquement parce qu'il avait vu son père tabasser Harry. Idem pour la « chasse au Harry » quand ce dernier avait tenté d'échapper à Vernon quand il avait voulu lui donner une bonne correction. Donc viol sur mineur ? Dudley n'avait pas été seul pour le faire.
Harry avait voulu comprendre pourquoi la jeune fille restait là. Un soir où Vernon et Dudley étaient partis s'enivrer quelque part, il avait vu Pétunia préparer quelques sandwichs et visiblement les emporter pour la fille. Le brun s'était proposé pour les apporter lui-même chaque soir et sa tante lui avait avoué qu'elle lui apporter ses repas chaque matin et chaque soir pour qu'elle ne meure pas de faim. C'était également elle qui lui avait indiqué la seconde cabane du jardin pour qu'elle puisse se reposer la nuit, cabane qu'elle avait aménagée.
Pour que la barrière de la langue ne soit pas un obstacle, Harry avait rapidement brassé une potion pour la comprendre et sous le couvert de la nuit, il avait appris l'horrible vérité. Se faire violer alors qu'elle n'avait rien demandé était un cauchemar, mais apprendre que c'était Vernon qui avait montré l'exemple était le summum. De plus, elle s'était enfuie de chez elle quand son état avait commencé à se voir et elle demandait juste que le père de son enfant assume ses responsabilités.
Tout avait dégénéré le onze juillet.
Harry avait récupéré la lettre du coursier et l'avait déposé sur la table du déjeuner avant de continuer de préparer le repas. Ensuite, il était parti dans le jardin aider sa tante qui nettoyait les parterres. Le rugissement les avait figés mais pas autant que le fait de voir Vernon écumant de rage moins d'une demi-heure plus tard, à moitié habillé, avec sur ses talons Dudley complètement débraillé et encore endormi. Ils grimpèrent dans la voiture et démarrèrent en trombes. Quand ils eurent disparu au coin de la rue, Pétunia essuya ses mains dans son tablier et entra dans la maison, Harry sur ses pas. Dans la salle à manger, la vaisselle et le repas avaient volé dans toute la pièce et au milieu de tout ça, une lettre, ouverte. Sans gêne, Pétunia s'en empara et la lut d'une traite.
-Prépare tes affaires, ordonna soudainement Pétunia. Il faut que nous soyons partis avant qu'ils ne reviennent. Vernon a été viré.
Ne montrant pas sa stupéfaction, Harry grimpa les marches quatre à quatre et rangea toutes ses affaires. Conscient qu'il ne reviendrait jamais ici, il abandonna sans regret les fripes de Dudley pour enfiler une tenue à sa taille. De retour au rez-de-chaussée, Harry s'aperçut que les affaires de Pétunia étaient conséquences et qu'on verrait immédiatement qu'elle fuyait sa maison, ce qui ne l'arrangeait pas du tout.
-Je vais avoir besoin de ton aide pour tout transporter, déclara Pétunia.
-Non, fit Harry. On va faire autrement. Toutes tes affaires sont là ?
-Oui, répondit Pétunia.
Harry fit fi du tressaillement de sa tante lorsqu'il agrandit sa malle pour y entreposer ses affaires. Cette dernière reprit sa table minimaliste puis sa poche.
-Comme ça, les personnes qui me surveillent ne pourront pas se douter que tu t'en vas, sourit Harry. J'imagine que tu as un plan et je vais te suivre sans que tu me voies. Ne t'inquiète pas, je serais là.
-Je te fais confiance, souffla Pétunia avec un sourire tremblant.
La moldue vérifia la présence de ses papiers d'identité dans son sac à main, fit un dernier tour de la maison pour s'assurer qu'elle n'avait rien oublié puis enfila sa veste et quitta définitivement la maison. Harry, extrêmement sensible à la magie ambiante depuis le début de sa transformation, fut surpris de ne pas sentir la fameuse protection par le sang s'effondrer. Ne préférant pas se poser de questions, il se concentra pour rendre sa magie invisible et les objets magiques qu'il transporte indétectables. Dans un dernier geste, il se coula sous la cape d'invisibilité et emboîta le pas à sa tante qui jetait un dernier coup d'œil à la maison qui avait été la sienne pendant des années. Elle avisa leur visiteuse de son départ, lui priant de partir aussi avant que le pire ne se produise et se rendit au le centre-ville. Curieux, Harry la suivit et découvrit une voiture spacieuse très remplie dans un garage fermé. Il sortit sa tête de sous la cape.
-Pétunia ? interrogea Harry
-Cela fait longtemps que je savais que j'allais devoir quitter Vernon, souffla Pétunia. J'ai préparé mon départ, c'est tout. Monte, nous devons nous dépêcher.
-Je dois garder ma cape, prévint Harry.
Il savait qu'on ne pouvait pas le suivre mais il ne voulait pas croire que Pétunia ne le serait pas. En attendant de trouver un sorcier adulte en qui il aurait confiance, il ne préférait pas donner de possibilité de le localiser.
Une fois hors de Little Whinging, Harry, toujours invisible, prit la parole.
-Où comptes-tu aller ? demanda Harry
-Je pensais aller à Londres, expliqua Pétunia. Surtout le temps de me retourner. J'ai fait quelques recherches et j'ai trouvé un hôtel pour quelques jours.
-Où ça ? demanda Harry
-Dans la boîte à gants, indiqua Pétunia. Il y a une carte de la ville et j'ai entouré le lieu.
Harry examina le plan et vit que le lieu indiqué restait à une certaine distance du Chemin de Traverse. Mais l'un des accès pour l'Allée des Embrumes était proche.
-On va y aller, déclara Harry. Mais dès que tu seras installée, je dois aller dans le monde sorcier.
-Pourquoi ? demanda Pétunia
-Je n'aurais pas dû quitter la maison si tôt, répondit Harry. Je vais assurer mes arrières et je reviendrais.
-Mais … protesta Pétunia.
-Ce sera pour ma sécurité autant que pour la tienne, assura Harry.
-Très bien, capitula Pétunia.
Trois heures plus tard, Harry quittait l'hôtel et s'enfonçait dans la foule. Bien que ce soit les vacances d'été, il y avait toujours la sortie des bureaux et donc, une heure de pointe. Heureusement, Harry avait dissimulé ses traits les plus marquants en faisant tomber quelques glamours avant d'entrer dans le quartier magique. Il fila jusqu'à la banque et fut conduit dans le bureau du directeur.
-Milord, salua Ragnok. Je ne m'attendais pas à voir aujourd'hui.
-Disons que les choses se sont précipitées, avoua Harry. Ma tante a décidé que son foyer actuel ne lui convenait plus. Elle est donc partie en m'emmenant avec elle.
-C'est une bonne chose, félicita Ragnok.
-Pourquoi ? s'étonna Harry
-Parce que la raison pour laquelle vous avez été placé chez votre tante est qu'elle a du sang en commun avec votre mère, rappela Ragnok. Dans l'absolu, où que se trouve votre tante, vous serez protégé si vous êtes à ses côtés.
Harry se détendit.
-Une bonne chose, donc, sourit Harry. Si je suis ici, c'est pour que Dumbledore ne me reproche pas d'avoir quitté Privet Drive sans son autorisation. A croire qu'il pense que j'ai besoin qu'il me dise quand je dois aller pisser …
-Mais non, ricana Ragnok. Je comprends votre démarche. Et la présence de votre tante va faciliter les choses. Si vous aviez simplement fugué, ça aurait pu être une preuve que vous n'aviez pas la maturité nécessaire pour vous passer de tuteur.
-Attendez, fronça des sourcils Harry. Il a déjà lancé la procédure ?
-Si vous me le permettez, nous verrons ce point à un autre rendez-vous, demanda Ragnok.
-D'accord, fit Harry. Je veux la protéger. Voire lui faire quitter le pays. Si ce n'est pas Dumbledore qui va lui faire payer, c'est Vernon et il n'hésitera pas à la tuer en faisant passer ça pour un suicide voire un accident.
-Si vous pouviez faire venir votre tante ici, nous pourrons prendre en charge les démarches pour la protéger dans le monde moldu, proposa Ragnok. Il est même possible, si elle en fait la demande, que nous la mettions en contact avec des avocats si elle veut divorcer.
-Si c'est le cas, je prendrais tout en charge, prévint Harry.
-Comme vous le souhaitez, déclara Ragnok. Où logez-vous ?
-Dans un hôtel moldu, répondit Harry. Mais je crains pour notre sécurité.
-C'est compréhensible, concéda Ragnok. Mais cela reste votre meilleure garantie pour rester en vie. Sinon, je peux vous proposer quelque chose.
-Je vous écoute, fit Harry.
-Cela est peu connu en Angleterre mais il existe des hôtels tenus par des créatures magiques ouverts à tous, révéla Ragnok. Il y en a surtout en Irlande et ils accueillent même des moldus qui sont au courant du monde magique. Votre tante pourrait s'y réfugier en attendant que sa situation se stabilise ou qu'elle décide de quitter définitivement le Royaume-Uni.
-Mais, pour sa sécurité ? s'inquiéta Harry
-Ces hôtels sont ce qu'on appelle des refuges, indiqua Ragnok. Toute violence y est proscrite. Et tous les hommes de main de Dumbledore y sont interdits de séjour. Je ne suis même pas sûr qu'il en connaisse l'existence.
-C'est une solution, fit Harry. Mais je ne pense pas que je devrais l'accompagner. Je comptais regagner le château Potter trois jours avant mon anniversaire.
-C'est le plus sage, abonda Ragnok. Vous allez cesser d'être un sorcier et la déflagration de magie pourrait tuer votre tante. Savez-vous que vous devez rester en contact avec des personnes magiques ?
-Que voulez-vous dire ? fit Harry
-La personne qui m'a remis les grimoires que je vous ai transmis par le professeur Snape m'a indiqué cette petite subtilité, fit Ragnok. Vous devez être en contact avec la Magie mais ne pas baigner dedans.
-Comment je vais faire ? soupira Harry
-Il se peut que j'aie une solution, sourit Ragnok.
Fin Flash-Back
Et le voilà dans cette maison avec quatre autres garçons. Ragnok avait contacté Severus qui lui avait signalé qu'il avait une maison dans le monde moldu. Le professeur lui avait proposé de vivre avec lui jusqu'à ce qu'il doive rejoindre le château Potter. Le brun avait accepté mais il ne s'était pas douté de ce qui allait lui tomber dessus. En arrivant à l'impasse du Tisseur, il apprit la présence d'une bande de Serpentards bien connue. Donc, au lieu de cohabiter avec seulement Severus Snape, il cohabitait avec quatre garçons – Draco, Blaise, Théo et Paul Parkinson– et trois filles – Pansy, Daphnée et Astoria – en plus.
Bien que ce soit une maison moldue, le fait que Severus y ait vécu toute son enfance avait fait en sorte qu'elle supporte bien les sorts d'agrandissement magique. Il avait donc pu aménager les deux chambres existantes pour que tous les adolescents puissent être logés et avait installé la sienne dans un coin de la cave reconvertie en laboratoire de potions. Le séjour avait lui aussi été agrandi pour que tout le monde puisse manger ensemble. Mais c'était les seuls changements magiques qu'il s'était permis. Pour passer sous les radars du ministère, toute la bande ne pouvait faire de magie. Même les elfes de maison devaient limiter leurs actes et sur la demande de Severus, ils se contentaient de faire le ménage. Quant à la nourriture, c'était le professeur qui s'y collait mais avec l'arrivée d'Harry, il allait enfin souffler.
Pétunia, après la visite à Gringotts, avait préféré quitter temporairement le pays par le biais de la banque. Harry lui avait donc payé une cure tous frais compris sur la côte méditerranéenne en France jusqu'à son anniversaire puis elle s'installerait ensuite dans une maison Potter dans le monde moldu qu'Harry placerait sous statut de refuge.
Avant de prévenir la tribu de leur nouvel invité, Severus convia Harry dans le laboratoire.
-Ça va ? demanda Severus
-Disons que je ne pensais pas que mon été se passerait comme ça, répondit Harry. Quand j'ai quitté Poudlard, je pensais que mon seul problème serait de trouver une excuse pour ne pas quitter Privet Drive avant mon anniversaire. Mais là …
-Je comprends, sourit Severus. Je vais vous laisser vous poser mais maintenant que vous êtes là, il y a plusieurs choses dont nous devrons discuter.
-Je m'en doute, fit Harry. Il semblerait que mes plans soient un peu différents que ce que je pensais.
-Les miens ont également changé, déclara Severus. Si on arrive à se trouver un moment sans les fous furieux qui sont là-haut. J'aurais également sûrement quelqu'un à vous présenter et vous ne serez pas déçu.
-D'accord, sourit Harry. Avant que vous ne me jetiez dans la fosse aux serpents, j'aurais besoin d'une nouvelle baguette sans les petits ajouts du ministère. Vous pensez que je pourrais trouver ça où ?
-Je connais la personne parfaite pour cela, déclara Severus. Il faudra juste m'indiquer si vous avez besoin d'attendre votre anniversaire ou non pour le rendez-vous.
-Sûrement après, réfléchit Harry.
-Je vous préviens dès que j'aurais la date, fit Severus.
Alors que le brun remontait vers les étages, Severus songea que Garrick Ollivander allait être enchanté de rencontrer Harry Potter pour lui confectionner la baguette à laquelle il aurait dû avoir droit depuis son entrée dans le monde sorcier.
