Renaissance
Harry faisait quelques pas dans les appartements qui lui avaient été alloués. Ils étaient spacieux, avec des meubles simples mais de bonne facture et solides, des couleurs chaudes et accueillantes. Le soleil entrait à flots même si la température avoisinait les 0°C.
Le jeune elfe avait suivi Nolan et son invité dès que son état s'était stabilisé. Après s'être arrangé avec le chef des elfes de maison du clan Potter, Dobby l'avait suivi dans cette autre dimension, s'étant lié au brun pour son service exclusif. Le petit être avait été observé sous toutes les coutures – car la race n'existait pas dans cette dimension – avant d'être laissé tranquille.
Pendant ce temps, Harry reprenait des forces. L'onde de magie qu'il avait libérée lors de sa transformation finale avait failli le tuer. S'il était resté dans la dimension des humains, il aurait mis des années à retrouver un niveau correct pour un sorcier moyen et plus encore pour retrouver son niveau habituel. Nolan l'avait brièvement examiné pour lui indiquer que le mieux pour le moment serait qu'il dorme de tout son saoul. Comme même lever un bras était une épreuve, le brun n'avait pas contesté et donc, ne faisait que dormir depuis trois jours. Mais aujourd'hui, il estima qu'il était temps qu'il visite un peu les lieux.
Quand il eut découvert l'immense salle de bain, Harry en profita pour se décrasser correctement. La sueur lui collait à la peau et depuis sa transformation finale, il avait été trop fatigué pour l'hygiène la plus élémentaire. Même ses besoins, Dobby s'en était occupé à l'aide de sa magie. Une tunique d'inspiration asiatique sans manches et un pantalon souple l'attendait sur son lit. Heureusement, Dobby avait eu la délicatesse de lui déposer des sous-vêtements dans la salle de bain bien que ça ne l'aurait pas dérangé de ne pas en porter. Mais les habitudes avaient la vie dure.
Dès qu'il fut prêt, Dobby apparut.
-Seigneur Harry, s'inclina Dobby.
-Bonjour Dobby, sourit Harry. Comment vas-tu ?
-Bien, seigneur Harry, répondit Dobby.
-Tu t'es installé ? demanda Harry
-Oui, seigneur Harry, fit Dobby. Mais il n'y a pas d'elfes de maison ici.
-Pourquoi ? s'étonna Harry
-Dans notre monde, la magie des sorciers est celle qui nous nourrit le mieux, expliqua Dobby. Ici, la magie ambiante est assez puissante pour qu'ils puissent se passer d'un tel lien.
-Hermione aurait adoré ça, sourit Harry en repensant à la SALE. Sais-tu où se trouve Nolan ?
-Le seigneur Nolan se trouve dans son bureau, renseigna Dobby. Voulez-vous que je vous y conduise ?
-Avec plaisir, accepta Harry.
Tous les deux se mirent donc en route.
-Que peux-tu me dire sur ce lieu ? demanda Harry
-L'atmosphère est aussi tendue que dans notre monde mais pas pour les mêmes raisons, répondit Dobby. La guerre couve mais tout le monde semble savoir qu'elle sera sanglante.
-Donc, je passe d'une guerre à une autre, fit Harry.
-Mais tu n'auras à te battre dans celle-ci que si tu le veux, interrompit une voix.
-Seigneur Nolan, s'inclina Dobby.
-Dobby, salua Nolan. Je vais m'occuper d'Harry. Puis-je te proposer de te rendre dans la communauté des elfes mineurs ? Je pense que tu pourrais apprendre beaucoup de choses.
-Avec votre permission, seigneur Harry ? demanda Dobby
-Je ne suis pas ton maître, Dobby, rappela doucement Harry. Tu es libre de faire ce que tu veux. Je sais que si j'ai besoin de toi, je peux t'appeler à toute heure du jour et de la nuit. Tu m'es fidèle pour répondre à mes besoins et je n'hésiterai pas un seul instant à te confier jusqu'à ma vie et ceux qui me sont cher. Donc cesse de croire que tu m'es soumis.
-Merci, seigneur Harry, sourit Dobby.
Et il disparut.
-Tu as un ami plus que fidèle, constata Nolan en prenant la direction de son bureau.
-Parfois, je me demande si je le mérite vraiment à mes côtés, plaisanta Harry en lui emboîtant le pas.
-Je préfère remercier la Magie qu'il ait été à tes côtés durant toute la période de ta transformation, sourit Nolan.
Ils s'installèrent dans le bureau et Nolan lui servit une tasse de thé. Mais alors qu'il buvait sa première gorgée qu'il la recracha sec.
-C'est quoi cette horreur ?! pesta Harry
-Je crains avoir oublié de te prévenir que tes goûts allaient radicalement changer, ricana Nolan.
-Je mange déjà plus de viande saignante que de poisson, qu'est-ce qui pourrait m'arriver de plus ? grogna Harry
-Je t'en laisse la surprise, fit Nolan. Passons aux choses sérieuses, veux-tu ?
Harry reposa sa tasse en hochant la tête.
-Bien, tu es chez moi sur le domaine de la Rose de Sang, déclara Nolan. Je suis le chef de ce clan et officiellement le dernier membre en vie. J'aimerai que nous ne parlions de notre famille que quand tu seras plus stable aussi bien psychologiquement que magiquement.
-Mais … protesta Harry.
-Je sais, tu as horreur de ne pas savoir mais là, le plus important est que tu arrives à maîtriser ta nouvelle nature dans les plus brefs délais, coupa Nolan. Je n'évite pas le sujet, je le remets juste à plus tard. D'accord ?
-OK, soupira Harry.
-Les personnes qui vivent sur le domaine sont liés à moi par contrat magique et ils servent ma famille depuis des générations, expliqua Nolan. Ils savent que s'ils trahissent l'un de mes secrets, même les plus anodins, ils perdront tout. Leur magie s'ils en ont, leurs biens, leur réputation, leur vie. Ils ne dévoileront pas ta présence.
-Pourquoi ? s'étonna Harry
Nolan hésita avant de parler.
-Normalement, dès que l'un des nôtres commence sa transformation vers l'âge adulte, il est mis sous surveillance, expliqua Nolan. Personne ne sait que tu existes et j'aimerai que ça le reste jusqu'à ce que tu sois en pleine possession de tes moyens. Tu seras ainsi plus à même de te défendre.
-Je comprends, hocha la tête Harry.
-Tu n'auras de contact qu'avec très peu de personnes, révéla Nolan. Moi-même, comme tu t'en doutes, mon meilleur ami Celeb Velvet et sa sœur Kali, l'assistant de mon intendant Fin Solna et sa sœur jumelle Melia. Ils sont tous plus âgés que toi mais pour des raisons de sécurité, je ne peux pas te faire rencontrer des jeunes de ton âge.
-Ce n'est pas grave, sourit Harry. Généralement, je suis assez déçu par mes camarades. Surtout si, avec la chance que j'ai, je devrais être assez célèbre ici aussi, non ?
-Juste le fait d'être un RoseSang devrait t'assurer leur servilité, confirma Nolan.
-Les cours d'Histoire seront pour plus tard ? railla Harry
-Bien sûr, répondit Nolan.
-Êtes-vous les seuls à connaître ma présence ? demanda Harry
-Non, avoua Nolan. Ton cas, même parmi les nôtres, sort de l'ordinaire et il a fallu que je demande conseil à un aîné. Il ne te trahira pas.
-Comment peux-tu en être sûr ? fronça des sourcils Harry
-C'est celui qui était avec moi à ton anniversaire, répondit Nolan. Je ne sais pas si tu l'as senti mais ta magie nous a forcés à garder le secret te concernant.
Harry tressaillit.
-Harry ? s'inquiéta Nolan
-Ce n'est pas la première fois qu'elle force le silence, soupira Harry. J'avais appris une mauvaise nouvelle et j'avais perdu le contrôle. Ils étaient là et ma magie a estimé qu'il fallait qu'elle impose le silence aux sorciers qui avaient assisté à ça.
-Nous étudierons ça, promit Nolan. Passons maintenant à la maîtrise de ta nouvelle nature. Tu auras plusieurs professeurs mais tu vas d'abord commencer avec Celeb et moi. Nous allons essentiellement t'apprendre à te battre et à utiliser ton corps. Ensuite, nous passerons à la magie propre aux elfes et c'est Kali qui s'en occupera et elle ne le fera que quand Celeb et moi seront certains que tu maîtrises parfaitement tes capacités physiques.
-Je comprends, fit Harry.
-Fin va t'apprendre notre mode de vie, poursuivit Nolan. Je vais voir si sa sœur va l'aider mais ce n'est pas encore décidé.
-Quand aurais-je la possibilité de visiter ce monde ? demanda Harry, curieux
-Uniquement quand tu pourras te faire passer pour l'un des nôtres, répondit Nolan. Pour l'instant, tu es un sorcier dans la peau d'un elfe. Il faut que tu sois totalement un elfe pour pouvoir te balader sereinement.
-Et ça peut prendre des années, souffla Harry.
-Oui, confirma lourdement Nolan. Cela ne dépend que de toi mais tu ne dois pas brûler les étapes.
-Quand commençons-nous ? demanda Harry
-Mon guérisseur personnel ne va pas tarder à arriver, fit Nolan. Il est également soumis au secret. Il va t'examiner et déterminer quand tu pourras commencer.
-Est-ce que je pourrais écrire à mes amis ? demanda Harry
-C'est la raison pour laquelle j'ai poussé ton ami à rencontrer les elfes mineurs, sourit Nolan. Leurs pouvoirs sont différents que celui de ton ami et ils auraient sûrement une méthode pour qu'il puisse passer d'un monde à l'autre. Je te demanderai juste de ne pas souffler un mot sur ta situation.
-Bien entendu, sourit Harry.
§§§§§
Dimitri Vater était à califourchon au-dessus de Sirius Black.
En train de lui faire le massage cardiaque moldu.
Alors qu'ils étaient en train de discuter, Sirius s'était écroulé dans un hurlement de douleur et son cœur s'était arrêté. Dimitri avait lancé les sorts de premiers soins mais le cœur avait encore lâché et il n'avait pas eu le choix que de recourir aux méthodes moldues.
Les médicomages étaient intervenus assez rapidement mais ils ne pouvaient pas prendre la place de Dimitri sans risquer de perdre le patient.
-On n'a pas le choix, on doit utiliser le doloris, intervint une voix qu'il reconnut aussitôt.
-Angus ?! haleta Dimitri
-Continue ce que tu fais, rabroua Angus Boer en prenant place à ses côtés. Quand je te le dirais, tu enlèveras tes mains de sa poitrine. D'accord ?
-OK, souffla Dimitri.
-MAINTENANT ! rugit Angus
Dimitri bondit en arrière avec le peu de forces qui lui restait. Angus ne traîna pas.
-DOLORIS ! siffla Angus
Le corps de Sirius s'arqua un instant avant de retomber lourdement.
-Son cœur est reparti mais il ne respire toujours pas, déclara un médicomage.
-Je commence le bouche-à-bouche, annonça Angus.
Le maître Rouge s'exécuta immédiatement.
-Qu'un médicomage prenne ma place ! siffla Angus autour de lui quelques minutes plus tard
L'échange fut très vite fait. Angus et Dimitri se reculèrent pour reprendre leurs souffles.
-On est en train de le perdre, déclara Dimitri.
-Pourquoi maintenant ? demanda Angus. Euh … d'abord, pourquoi tu m'as fait venir ?
-Il s'est écroulé comme ça et maintenant, il est au bord de la mort, souffla Dimitri.
-Tu penses quoi ? demanda Angus
-Ce n'est clairement pas normal et je suis quasiment certain que ces consignes mentales en sont à l'origine, dit Dimitri.
-Tu es sûr de ton coup ? fit Angus
-Plutôt, fit Dimitri.
-OK, fit Angus. Garde le lien avec moi, il ne faut pas qu'il m'emporte.
Le maître Rouge dégagea un médicomage qui maintenait la tête de Sirius immobile et ouvrit ses yeux pour se plonger dans son esprit. Dimitri posa une main réconfortante sur son épaule pour garder un lien psychique avec son ami. Angus plongea très profondément dans l'esprit de Sirius, jusqu'aux fameuses consignes mentales qu'avait effleurées Dimitri. Il ne laissa pas sa surprise le submerger devant l'ampleur des dégâts mais se concentra sur un lien qui vibrait beaucoup plus que les autres. Un lien d'où se dégageait beaucoup de sentiments négatifs. Trop même.
Angus ne s'embarrassa pas de scrupules. Il chercha les émotions les plus puissantes de son patient et ne fut guère surpris de découvrir la frustration. Sexuelle, bien entendu, mais aussi dans le fait de ne pouvoir aider son filleul. Il puisa donc dedans pour amplifier ses propres pouvoirs et couper le lien qui visiblement était en train de tuer Sirius. Il prenait le risque que ce soit lui qui le tue mais si Angus voulait avancer dans la guérison du patient, le lien devait être détruit.
Alors il frappa, encore et encore. Encore et encore.
Cela lui sembla durer des heures mais quand il vit une brèche dans le lien, il s'acharna dessus jusqu'à ce qu'il se brise totalement. Il vérifia qu'il n'en subsistait plus aucune trace avant de revenir vers Dimitri. Il prit note dans un coin de son propre esprit de travailler sur les consignes mentales quand l'esprit était le coma avant de revenir à lui. Toute l'assemblée était totalement épuisée et Sirius se trouvait sous respirateur magique.
-Dim ? ânonna Angus en s'écroulant
-Repose-toi, souffla Dimitri. Il est sauvé.
Il n'en fallait pas plus pour qu'il sombre dans une inconscience bienvenue. Quand il se réveilla, il se trouvait dans un lit confortable dans une chambre qui semblait spacieuse. En tournant la tête, il découvrit un autre lit, également occupé. La chevelure lui disait quelque chose …
-Sirius dort, si tu te poses la question, fit une voix qu'il connaissait.
-Dimitri ? marmonna Angus
-Je suis là, fit Dimitri à ses côtés.
-Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Angus
-Tu t'es évanoui et tu es resté inconscient pendant quatre heures, expliqua Dimitri. Et avant ça, tu t'es battu dans son esprit pendant quinze heures.
-Pourquoi ça tombe toujours sur moi ? soupira Angus en s'asseyant plus confortablement dans son lit
-Le karma, répondit pince sans rire Dimitri. Merci. Tu l'as sauvé.
-C'était un travail d'équipe, ricana Angus. Si tu ne t'étais pas acharné à le garder en vie d'abord, je n'aurais rien pu faire.
-Pas faux, rit Dimitri, soulagé.
-Tu sais pourquoi les consignes ne se sont enclenchées que maintenant ? demanda Angus
-Non, secoua la tête Dimitri. Je pensais avoir des réponses du côté de monsieur Riddle, celui qui l'a amené ici, mais pas de réponse.
-J'ai pu voir certaines choses pendant que j'étais là-bas, fit Angus.
-Vraiment ? sursauta Dimitri. Je n'ai jamais réussi à aller au-delà d'un certain seuil.
-Tu n'as effleuré que la surface, assura Angus. Quoi qu'il ait fait, on voulait s'assurer qu'il soit exactement comme il l'était et ce, depuis des années.
-Il est resté beaucoup de temps à Azkaban, fronça des sourcils Dimitri. Il n'a eu aucun contact avec l'extérieur pendant une dizaine d'années.
-Tu es sûr ? pointa Angus
-Non, avoua Dimitri. Qu'est-ce que tu as fait dans son esprit ?
-Essentiellement couper le lien qui était en train de le tuer, répondit Angus. La personne qui a posé ces consignes ne voulait pas qu'il survive. Maintenant, il doit sûrement le croire.
-Donc on a l'avantage ? comprit Dimitri
-Pour le moment, confirma Angus.
-Est-ce que tu penses qu'on pourrait accélérer son traitement ? demanda Dimitri
-Il faudrait d'abord savoir s'il a bien vécu mon intervention, pointa Angus. Rester plus d'une heure dans un esprit qui n'est pas le nôtre est dangereux, même pour des maitres.
-Alors quinze … souffla Dimitri. Tu as raison, mieux vaut prendre nos précautions.
-Il s'est réveillé ? demanda Angus
-Toujours pas, se désola Dimitri. Les médicomages se chargent de le remettre sur pied.
-Parfait, fit Angus. Dès que je peux, je rentre chez moi pour mettre mes affaires en ordre et ensuite, j'espère que tu as une chambre d'ami chez toi. On va le sauver, ce grognon.
§§§§§
-Intéressant … murmura Albus.
Le directeur avait convoqué le maître de potions pour qu'il le renseigne sur les faits et gestes de Voldemort. Mais le plus jeune ne pouvait pas savoir qu'il était déjà au courant de tout ce qu'il pourrait lui dire.
Enfin presque.
Severus venait de lui apprendre une nouvelle assez surprenante.
-Où avez-vous entendu cela ? demanda Albus
-Dans un cercle d'initiés, répondit froidement Severus. Je ne peux en dire plus.
Albus s'était vu ouvrir le monde des potions quand il avait mis sous son contrôle Severus Snape. Malheureusement, quand les maîtres étaient reconnus par leurs pairs, ils étaient soumis à un serment ancien de confidentialité. Donc tout ce qui se passait entre plusieurs véritables maîtres de potions restait strictement entre eux. Pour l'une des seules fois de sa vie, Severus était libre de dire ce qu'il voulait.
-Lord Prince veut engager un maître de potions pour le soigner à domicile, donc, résuma Albus.
-En contrat d'exclusivité, précisa Severus.
-Ce qui veut dire ? demanda Albus
-Tant que je serais à son service, je ne pourrais pas brasser d'autres potions qui ne seraient pas pour son usage, précisa Severus.
-C'est assez contraignant, constata Albus.
-C'est un contrat standard, rétorqua sèchement Severus.
-Jeremiah Prince pourrait aider à l'effort de guerre, songea Albus. Mais il ne veut pas me parler. Peut-être que …
-Je vous arrête tout de suite, fit Severus. Si d'aventure j'acceptais, si je devais parler en votre faveur, s'il estime que cela va à l'encontre de sa sécurité, je pourrais mourir sur le champ.
Ce n'est pas une grande perte, songea Albus.
Le vieux sorcier se demandait comment la conversation avait pu dériver à ce point. A la base, Severus avait appris qu'il devrait retourner aux potions, puisque Slughorn refusait de rempiler pour une autre année. Il avait ensuite embrayé sur les potions qu'il voulait avant la rentrée des classes et Severus avait lâché un commentaire comme quoi il n'était pas le seul à chercher un maître capable de brasser certaines potions.
Et voilà comment Jeremiah Prince était entré dans la conversation. Et donc, à portée d'Albus Dumbledore.
-Si je discutais avec Prince … souffla Albus.
-C'est à vous de voir, fit Severus.
Le maître de potions faisait tout son possible pour rester impassible. Il se souvenait parfaitement de la véritable personnalité de son supérieur hiérarchique et il était hors de question qu'il découvre tout ce qu'il savait.
-Je vais y réfléchir, déclara Albus. J'ai besoin de ces potions dans les plus brefs délais.
Sur un signe de tête, Severus salua Dumbledore et se retira.
Il retourna vers son laboratoire à l'impasse du Tisseur désormais bien vide et s'assit dans son fauteuil favori pour réfléchir.
A la base, Severus avait voulu invoquer les obligations liées à la guilde de potions pour prendre Harry en tant qu'apprenti. Mais sa transformation et la maîtrise de sa nouvelle nature l'avait obligé à reculer la mise en place de ce plan, d'autant plus que la disparition du brun allait mettre le monde sorcier sur les dents et que le directeur allait être encore plus sur ses gardes et particulièrement méfiant par rapport aux Serpentards. Si le maître de potions était parti à ce moment-là, la maison aurait été détruite, sans nul doute.
Mais la situation actuelle n'était guère enviable. Draco et Théo Nott avaient repris la tête de leurs familles respectives, mettant à mal l'influence de Voldemort car ils n'étaient pas soumis à ce fou dégénéré. Dans leur sillage, ils avaient entraîné quelques-uns des plus importants héritiers des familles Sang Pur et leurs parents étaient en fâcheuse posture – pas que ça ne les dérange non plus. Pour tous les sauver d'un avenir sombre, il avait pris sur lui de les héberger dans la maison de son enfance pour la majeure partie du mois de juillet, jusqu'à ce que l'une des maisons des Malfoy puisse justifier de son statut de refuge magique. D'ailleurs, cela lui avait donné l'idée de demander à Jeremiah de placer l'impasse du Tisseur également sous le statut de refuge pour qu'il ait un point de chute le cas échéant.
Ce qui inquiétait maintenant Severus, c'était Dumbledore. Maintenant qu'il avait vu son véritable visage, il avait peur de ce qu'il découvrirait encore. S'il avait pu se montrer aussi violent avec lui, qu'avait-il pu faire d'autre ? Ses actes envers Harry attiraient le doute mais il pressentait qu'il y avait encore d'autres choses.
-Maître Severus Snape ?
Severus sursauta, baguette en joue, vers la silhouette qui venait d'apparaître devant lui.
-Maître Severus Snape ? répéta l'elfe de maison
-Une minute … souffla Severus. Dobby ?!
-Oui, maître Snape, sourit Dobby. Je viens de la part du seigneur Harry. Il tenait à vous remettre cette lettre.
-Merci, fit Severus. Si j'ai une réponse ?
-Maître Snape n'aura qu'à appeler Dobby et je viendrais la récupérer, annonça Dobby.
-Merci, répéta Severus.
-A votre service, maître Snape, s'inclina l'elfe de maison avant de disparaître.
Severus se rassit, intrigué par la missive. Il laissa tomber une goutte de sang sur le papier ainsi qu'un peu de sa magie, comme ils l'avaient convenu en cas de courrier entre eux, puis lut la lettre.
Cher Severus,
Je sais que j'aurais dû vous prévenir dès que possible mais mon état s'est beaucoup dégradé quand je suis arrivé et je ne peux prendre une plume pour écrire que maintenant.
Nolan, mon hôte, m'a confirmé qu'il ne me sera pas possible d'être présent à la rentrée et il n'a guère d'espoir pour que je rejoigne l'école en cours de scolarité. Pas que je n'aie eu l'intention de passer mes examens là-bas mais bref …
Je vous confirme que mon séjour doit durer plusieurs mois et ne sera conditionné que par mes propres efforts. Contrairement à ce que vous vous amusiez à me rappeler régulièrement, je ne suis pas un fichu Gryffondor et donc, dès que j'ai su que je devais m'absenter pour une plus ou moins longue période, je me suis préparé en conséquence.
Je sais que vous serez amusé d'apprendre que le patrimoine des Potter a été placé sous le contrôle direct du directeur de Gringotts Grande Bretagne depuis mon dix-septième anniversaire. Il a donc toute latitude pour demander des explications concernant les mouvements inexpliqués qu'il y a eu entre la mort du dernier chef de famille et l'arrivée à la majorité du nouveau.
Par ailleurs, en tant qu'Héritier Black, je suis en droit de réclamer la jouissance exclusive d'un bien Black, quand bien même l'occupation des lieux aurait été accordée par l'ancien Héritier Black.
Oui, en d'autres termes, je compte rappeler à l'Ordre du Phénix qu'il peut être à tout moment être expulsé.
J'ai mis en marche bien d'autres plans mais l'un d'entre eux me tient à cœur, lié au clan Black.
Visiblement, il y aurait un lord Black puisqu'à ma majorité, j'ai gardé le titre d'Héritier. J'aimerai savoir si à ce titre, il m'est possible de réintégrer quelqu'un dans la famille et si oui, sous quelles conditions. Rassurez-vous, il s'agit d'Andromeda Tonks.
D'autre part, cette dernière est tombée sur des éléments assez délicats sur Harry Potter et sa famille. Je lui ai donné mon accord en tant qu'Héritier Black pour aider le Survivant à faire valoir ses droits, à commencer par porter plainte contre sa famille moldue. Ou, pour être exact, contre Vernon Dursley. La plainte sera couplée avec celle de maltraitance et de coups et blessures de la part de Pétunia Dursley née Evans ainsi que sa demande de divorce.
Oui, les choses se sont vraiment précipitées.
Je pense que vous avez dû vous apercevoir que le directeur était de très mauvaise humeur ces derniers temps. Je crains d'en être la cause mais soyez sans crainte, je ne m'en excuse pas.
Peu après que j'aie quitté Privet Drive avec ma tante et avant que je ne vous rejoigne, j'ai reçu une lettre du directeur qui m'a appris qu'il serait possible de me faire quitter la maison de mes tuteurs avant mon anniversaire et que celui-ci pourrait être organisé au Terrier. J'ai été pris d'un fou-rire monumental et vous êtes obligé d'en convenir, la situation ne peut que prêter à sourire. Les barrières de cette maison sont tellement faibles qu'il ne serait pas impossible qu'en soufflant dessus, elles puissent s'écrouler ! En plus, si, comme il me l'a certifié, on pouvait placer des barrières temporaires solides sur une maison, pourquoi aurait-il refusé qu'on en place sur la maison d'Hermione pour que je puisse y passer des vacances sûres ? Mais ce qui m'a fait tiquer, c'était le fait que je devais y célébrer mon anniversaire. Contrairement à ce que le directeur croit, je sais encore ouvrir un livre et comprendre que la majorité d'un sorcier est un événement majeur de sa vie et celle d'un Sang Pur encore plus. Pour en avoir discuté avec Théo, Neville, Draco et Blaise, j'aurais été la risée de nos cercles si mon anniversaire s'était tenu dans un lieu aussi … délabré.
Avec mon refus, j'ai annoncé au directeur Dumbledore que je ne comptais pas quitter ma tante de sitôt car elle avait besoin de moi pour les prochains jours. Je suis certain que ça l'a fait entrer dans une fureur noire car le jour où il a reçu cette lettre, Pétunia avait déjà quitté le pays et moi je m'étais fondu dans la masse. Il a également appris que je ne comptais pas faire ma dernière année, comme il en était mon droit puisque je suis majeur. Je tiens donc à vous prévenir qu'il se pourrait qu'il vous envoie dans toutes les écoles du monde chercher mon inscription dans l'une d'entre elles. Il ne se doute pas que mon but est de vaincre Voldemort tout en lui survivant avant de songer à reprendre une scolarité normale.
Voici les dernières nouvelles.
Pour des raisons de sécurité, ce sera Dobby qui servira de chouette entre vous et moi. Je suis conscient qu'il ne pourra pas vous le donner en mains propres en toutes circonstances donc si vous le souhaitez, je peux lui demander qu'il fasse comme avec mes amis, c'est-à-dire qu'il entre dans Poudlard et qu'il utilise l'une des chouettes de l'école pour vous donner votre courrier sans que qui que ce soit ne s'en doute. J'ai vérifié, seul le courrier entrant et sortant est intégralement lu mais le courrier « interne » non. De toute façon, tout est ensorcelé pour que les destinataires puissent être les seuls à lire leur courrier.
Soyez sans crainte, dès que je reviens, je serais votre nouvel apprenti.
Bien à vous,
Harry
Severus sourit. Harry était en sécurité.
