Brebis sacrificielle portée disparue !
L'édition du lendemain de la rentrée fut abondamment commentée dans tout le pays.
HARRY POTTER NE FERA PAS SA DERNIERE ANNEE A POUDLARD !
Quand les élèves s'étaient aperçus que le Survivant n'était pas aux côtés de ses amis, les rumeurs les plus folles s'étaient répandues comme une traînée de poudre. Mais quand ces derniers avaient confirmé qu'Harry ne pourrait revenir avant un moment, il n'en fallait pas plus pour que la nouvelle se répande et que l'un d'entre eux bien intentionné ne vende l'information aux médias.
La situation devenait incontrôlable.
Enfin … uniquement pour les manipulateurs compulsifs.
Neville observait le peuple sorcier courir comme des coqs sans tête puisque la seule personne à leurs yeux qui pouvait les sauver venait de disparaître dans la nature. Il voyait parfaitement les membres du personnel enseignant plus ou moins inquiet mais surtout la colère froide du directeur qui passait pour les autres moutons comme une tentative ratée de faire bonne figure à la suite de la disparition de l'un de ses élèves favoris. Le châtain croisa le regard de Draco Malfoy qui semblait lui aussi avoir vu au-delà du masque du gentil grand-père.
-Pourquoi il n'est pas revenu ? insista Ron
Hermione, assise à côté de Neville, s'enflamma.
-Tu n'es pas son ami, articula Hermione, attirant l'attention de toute la Grande Salle. Donc tu n'as pas besoin de savoir !
-Mais il doit tuer Tu Sais Qui … protesta Ron.
Ginny et Neville levèrent les yeux au ciel. Ron et l'art de mettre les pieds dans le plat. Mais ça arrangeait leurs affaires.
-Le peuple sorcier n'a rien fait pour Harry alors pourquoi il devrait se battre pour lui ? cingla Neville. Quand il avait assuré que Voldemort était de retour, la quasi-totalité des sorciers du pays ont cru les articles fallacieux qui le traitaient de fou et à la recherche d'attention, y compris toi, Ron ! Nous étions qu'une poignée de personnes à le soutenir quand tout le monde sans exception lui crachait au visage. Quand vous avez découvert qu'il avait dit la vérité, personne ne s'était excusé de ne pas l'avoir cru et il était redevenu votre Sauveur. Mais il était trop tard, vous l'aviez dégoûté des sorciers anglais. Et vous vous étonnez qu'il préfère vivre dans un endroit où il ne serait pas un jour adulé et le lendemain traité plus bas que terre ? Harry est maintenant majeur et ne dépend de personne ! S'il estime que n'importe où serait mieux que Poudlard voire que l'Angleterre, je ne serais pas celui qui lui dira le contraire.
-Mais tous ses amis sont ici ! fit une voix dans la salle
La bande n'eut aucun mal à identifier Ernie McMillan, qui tout comme Ron, avait tenté de devenir l'ami d'Harry sans succès.
-Oui, nous sommes tous ici, confirma Luna. Mais nous n'avions aucun argument pour le retenir, et même, nous pensons tous comme lui, l'Angleterre n'avait rien à lui apporter. Oui, Ernie, tous ses amis sont ici mais nous sommes conscients qu'il ne sera pas heureux ici.
-Vous savez où il est ! accusa une autre voix
Curieusement, Severus nota que c'était un Serpentard qui avait lancé cette accusation. Il y avait de grandes chances pour qu'il soit un sympathisant de Voldemort.
-Même si nous savions, pourquoi nous vous le dirions ? renifla Hermione. Comme Neville vous l'a dit, vous n'êtes pas ses amis et vous lui avez tellement tourné le dos qu'il n'en a plus rien à faire de vous. Il est parti donc laissez-le en paix !
Excédée, Hermione se leva, suivie de Luna et de Ginny, et quittèrent la Grande Salle. Neville prit son temps pour se lever à son tour.
-Puisqu'Harry n'est plus là pour porter le poids du monde sorcier alors qu'il ne l'avait même pas demandé, vous feriez mieux de vous prendre en main, décréta Neville dans la pièce silencieuse. Parce qu'il est temps que vous compreniez qu'il n'y aura personne pour se battre pour vous si vous ne faites aucun effort.
Et il sortit.
§§§§§
La convocation dans le bureau du directeur tomba le soir même. Les quatre amis eurent un soupir las puis Neville envoya un message codé vers qui de droit. Quelle ne fut pas la surprise d'Albus Dumbledore de voir débarquer de concert Augusta Longbottom et Muriel Weasley remontées comme des coucous suisses.
-Mesdames, salua Albus. Puis-je connaître la raison de votre visite ?
-Vous avez convoqué lord Longbottom et deux de ses protégées pour un motif qui ne lui semblait pas être en rapport avec son parcours scolaire, déclara Augusta. Je suis là pour en connaître la teneur, en tant que lady Longbottom.
-Ginevra est une Enfant Weasley ! rappela fortement Muriel en tapant le sol de sa canne. Je suis en droit de connaître tout ce qui se passe dans sa vie, en tant que chef de famille !
Albus grimaça. Les deux matriarches étaient particulièrement difficiles et faire affaire avec elles relevait du parcours du combattant. C'était l'une des raisons pour lesquelles il avait dû se décider à passer par les épouses des héritiers pour mettre la main sur leur lignée.
-Vous n'ignorez pas qu'Harry Potter est porté disparu … commença Albus.
-Bon nombre d'enfants ne font pas leur scolarité à Poudlard et ce n'est pas pour autant qu'ils sont portés disparus, intervint Muriel. Même si le jeune Potter a fait ses six premières années à Hogwarts, ce n'est nullement une obligation qu'il y fasse sa septième année, que je sache ?
-D'autant plus qu'il me semble qu'il a fait parvenir à l'école comme au département de l'Education au ministère une lettre de désistement pour cette année scolaire il y a quelques semaines, non ? pointa Augusta
Albus retint son tic d'agacement. Effectivement, il avait intercepté la lettre stipulant que le brun ne viendra pas faire sa dernière année à Poudlard mais il ne savait pas qu'il avait pris la peine de prévenir le ministère. Depuis qu'il l'avait reçu, il avait préparé les médias pour qu'ils fassent comprendre au sorcier lambda que le Survivant avait quitté son poste sans prévenir personne, pour retourner une nouvelle fois la population sorcière contre lui. Mais là … si le ministère était au courant, la décision restait légitime et ne pouvait passer pour un coup de tête.
-Certes, mais il reste en danger, toussota Albus. J'ai sa sécurité à cœur et il ne m'a pas dit où il se trouvait …
-Il est majeur, rappela sèchement Augusta. Du peu que j'ai pu entendre de sa scolarité, je suis certaine que personne ne lui en voudrait de tenter de se protéger seul au lieu de remettre sa vie à des personnes qui lui ont toujours fait défaut.
-De plus, ajouta Muriel, vous n'êtes que son directeur d'école, pas son tuteur légal. Il n'a jamais eu aucun compte à vous rendre, aujourd'hui encore moins qu'avant. Alors pourquoi ne vous contentez-vous pas de lui envoyer une lettre officielle pour lui demander s'il va bien et s'il a besoin de quoi que ce soit, comme une personne normale qui a à cœur sa sécurité l'aurait fait ?
Les répliques assassines des deux sorcières agaçaient vraiment le directeur.
-C'est une personnalité importante … tenta Albus.
-Qui a également le droit de pouvoir prendre ses décisions comme il l'entend, coupa Muriel. S'il n'a pas envie de divulguer au monde où il se trouve, je ne vois pas pourquoi vous voudriez l'en empêcher.
-Est-ce parce qu'il n'a plus de parents sorciers qu'il doit être dépourvu de vie privée ? demanda Augusta
-Mesdames ! tonna Albus. Je voulais simplement connaître l'actuelle adresse de monsieur Potter pour lui rendre visite.
-Héritier Potter, répliquèrent en chœur Augusta et Muriel.
-Excusez-moi ? fit Albus, surpris
-Je vous rappelle qu'Harry Potter est le fils du lord James Potter, dit Augusta. Il l'a désigné Héritier Potter et aux dernières nouvelles, rien ni personne ne l'a déchu de ce titre.
-Comme nous sommes hors du cadre scolaire, vous êtes priés de le nommer avec le respect qui lui est dû, abonda Muriel.
Albus dut se retenir de serrer les poings. Que ces mégères lui tapaient sur le système !
-Pardonnez cet oubli, grinça Albus.
-Mais le problème reste le même, sourit Muriel.
-Pardon ? sursauta Albus
-L'adresse de l'Héritier Potter, souligna Muriel. S'il ne vous l'a pas transmise, c'est qu'il n'avait aucune envie de le faire.
-Et donc, poursuivit Augusta, il est inutile de vouloir l'extorquer de ces enfants. Ce serait dommage que le Magenmagot apprenne que vous malmeniez vos propres élèves pour connaître l'adresse d'un Sang Pur …
Albus comprit alors qu'il avait perdu la manche. Les Sang Pur et plus particulièrement ceux du Magenmagot, étaient très soucieux de garder leur vie privée … eh bien, privée. Beaucoup s'étaient insurgés qu'on fasse tellement étalage de la vie du jeune Potter qui restait, envers et contre tous, un Sang Pur, encore plus quand il avait fait ses premiers pas à Poudlard. Ils n'attendaient qu'un seul faux pas de sa part pour le limoger.
-Je vais me ranger de votre avis et lui écrire une lettre, capitula Albus.
-Je n'en attendais pas moins de vous, sourit Muriel en se levant. Puisque cet entretien est terminé, nous allons pouvoir y aller. En vous souhaitant une bonne soirée, directeur.
Les deux sorcières, escortées des quatre élèves, quittèrent le domaine de l'école. Tandis qu'ils les voyaient grimper dans la calèche mise à disposition des invités pour gagner Pré-au-Lard, Hermione souffla.
-Tu n'as pas été trop dur en envoyant ta grand-mère et la grand-tante de Ginny à Dumbledore ? demanda Hermione
-Absolument pas, assura Neville. Il a une grande influence sur Molly Weasley donc il ne pourra pas utiliser lady Muriel pour qu'elle tire les vers du nez à Ginny. Quant à grand-mère, elle était là pour lui rappeler que même s'il a un grand pouvoir sur le sorcier ordinaire, la plupart des pouvoirs de cette nation sont gardés par les Sang Pur et jusqu'à preuve du contraire, il n'en est pas un. Ce sont des menaces qu'il ne pourra transgresser s'il ne veut pas que tout ce qu'il a entrepris jusqu'ici soit remis en cause de son propre fait.
-C'est de la politique pure et dure, comprit Hermione.
-Nous n'avons plus le choix, haussa des épaules Neville. L'ère de Dumbledore doit se terminer, ici et maintenant.
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Le chaos engendré par le départ de Potter n'avait pas occulté le problème le plus important de Serpentard : la défection des plus grands héritiers de la maison vert et argent auprès de Voldemort. Tous les mangemorts savaient que depuis les fêtes de fin d'année, Voldemort voulait plus que tout marquer la nouvelle génération. Mais les heureux élus s'étaient dérobés non pas une fois en passant les vacances dans un lieu inconnu de leurs parents mangemorts, ni deux en échappant à ces derniers qui les avaient cherchés pendant la sortie inopinée des élèves à Pré-au-Lard mais bien trois fois puisqu'ils s'étaient évaporés dans la nature à la descente du train à la fin de l'année scolaire.
Pire, il s'était avéré que Draco avait repris le titre de lord de son père ! Depuis, d'ailleurs, Lucius ne se présentait plus aux convocations. D'après les élèves scolarisés qui avaient des contacts avec des mangemorts, Voldemort n'avait que très peu apprécié ces disparitions successives.
Quand Draco était entré dans la Grande Salle, accompagné de Théo, de Blaise mais également de Pansy, de Daphnée et d'Astoria, tous recherchés depuis le début de l'été, ça avait été la stupeur dans les rangs des sympathisants de Voldemort mais également des Sang Pur en général. Ce n'était plus des élèves lambda qui se présentaient devant eux mais des lords et ladies qui n'étaient aucunement soumis ni à Voldemort mais encore moins à Dumbledore. Et cerise sur le gâteau, ils étaient intouchables par tous les camps de la guerre tant qu'ils n'avaient pas d'enfants à qui transmettre leur héritage.
Et cela augmenta l'état de fureur d'Albus Dumbledore.
Comme tout le monde sorcier, il avait appris la disparition des Héritiers d'Argent à la descente du train. Bien entendu, il avait entamé ses propres recherches pour enfin avoir l'occasion de leur mettre la main dessus et leur faire prendre la marque mais ils n'avaient pas pointé le bout de leur nez pendant les deux mois suivants.
Enfin … jusqu'à il y a deux jours.
Augusta Longbottom avait organisé le 31 août l'une des plus importantes soirées mondaines de la saison et y avait présenté plusieurs lords et ladies en même temps ainsi que plusieurs sorciers de la haute société, ce qui n'était plus arrivé depuis la montée en puissance de Voldemort. Pansy Parkinson et Blaise Zabini, qui n'étaient pas des Sang Pur selon certains critères étriqués des vieux de la vielle sous les ordres étroits de Dumbledore comme de Voldemort, s'étaient vus attribués le statut d'alliés aux Sang Pur, titre tombé dans l'oubli grâce aux bons soins de Dumbledore ce qui leur autorisait à prétendre au statut Sang Pur dès la prochaine génération. Hermione Granger avait également été présentée sous la protection du clan Longbottom, après l'annonce des fiançailles de Neville Longbottom avec Luna Lovegood.
Mais en lisant le journal ce matin, le directeur avait appris deux autres nouvelles extrêmement perturbantes.
La première était la présence de Franck Longbottom à ce bal. Le vieux Sorcier savait que le couple avait été retiré de St Mangouste par Augusta Longbottom mais il avait été surpris d'apprendre qu'elle avait réussi là où il avait lamentablement échoué. Quand il avait examiné Alice et Franck après leur agression, il n'avait pu ni les réveiller et encore moins les atteindre. Il avait seulement compris que ce n'était pas le doloris qui les avait mis dans cet état mais un autre élément extérieur. Il avait ragé de nombreuses semaines de ne pas pouvoir les utiliser comme il l'entendait et les avait laissés à leur sort.
Mais là, Franck était en pleine forme. Sans Alice.
Mais ce n'était pas le pire. Pendant cette soirée mondaine, le sorcier avait annoncé que à la suite de son hospitalisation conséquente, il n'allait pas reprendre son titre de lord Longbottom. Donc Neville Longbottom était le nouveau lord de la famille.
Il n'était pas le seul à avoir repris la tête de sa famille alors que l'ancien tenant du titre était encore vivant. C'était le cas pour Théodore III Nott mais également pour Draco Malfoy et Daphnée Greengrass. Leurs pères respectifs n'étaient pas présents et on n'entendait plus parler d'eux depuis que leurs héritiers avaient disparu des radars mais le directeur avait appris que s'ils pouvaient se targuer de ce fait, c'était que la Magie avait validé leur nouveau statut.
Et maintenant, ils venaient en tant que conquérants dans SON école ! C'était un affront intolérable !
-Cela faisait longtemps que nous n'avions pas eu de lords ou de ladies régnants scolarisés, constata Filius en observant les Héritiers d'Argent gagner leurs places.
Albus se renfrogna. C'était tout à fait normal puisqu'il attendait que les héritiers aient quitté l'école pour que les lords en fonction soient tués par Voldemort.
-Ils ont déjà demandé des appartements particuliers et ils m'ont fait parvenir le matin de la rentrée une lettre demandant des précisions sur le statut des lords régnants au sein de l'école, indiqua Minerva.
-Que leur avez-vous dit ? s'alarma Albus
-Je leur ai fourni leur nouveau règlement intérieur, déclara Minerva, un peu surprise par son éclat.
Le directeur comprenait mieux comment Longbottom avait pu lui coller dans les pattes les matriarches Longbottom et Weasley. La magie du château avait dû lui indiquer que le sujet qu'il voulait aborder ne concernait pas sa scolarité.
-J'ai cru comprendre qu'on ne les avait pas vu de tout l'été, Severus, grinça des dents Albus. Savez-vous ce qui s'est passé ?
-Ils n'ont pas voulu s'étendre, avoua faussement Severus.
Pas la peine de lui dire que la première soirée au sein des Serpentards serait plus que musclée !
-Mais encore ? insista Albus
-Ils n'ont pas voulu me raconter leur été, déclara Severus d'une voix extrêmement froide.
Le directeur sut qu'il avait dépassé la limite et se renfrogna dans son coin. Minerva, encore perturbée par le sursaut du directeur et ses questions pas loin d'être indiscrètes, lança un coup d'œil entendu avec les autres directeurs de maison. Depuis qu'ils avaient été réveillés par les alarmes des maisons à la fin de l'année scolaire, un lien qu'ils n'auraient jamais soupçonné s'était tissé entre eux. Nul doute qu'ils auraient une sérieuse discussion d'ici peu.
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Et pendant ce temps, le peuple sorcier paniquait …
Garrick Ollivander ricanait dans son coin alors qu'il les observait. Après l'attaque de sa boutique, il en avait profité pour disparaître et abandonner ce monde ingrat. Oh, il savait que ça allait embêter les jeunes sorciers qui devaient entrer à Poudlard mais honnêtement, il n'en avait plus rien à faire. D'ailleurs, il avait bien vu que le ministère avait réquisitionné un fabricant de baguettes de seconde zone – il avait toujours été le seul maître à avoir accepté de travailler avec le gouvernement, surtout ces derniers temps – pour doter les nouveaux élèves et le moins qu'on puisse dire, c'était qu'il n'était pas spécialement bon.
-Cela t'amuse, sourit Ragnok, qui était venu lui rendre visite dans sa maison de repli.
-Bien sûr, répondit Garrick. Tu sais, ça fait des années que je vois la Grande Bretagne sombrer et maintenant que la seule personne à leurs yeux qui pouvait les débarrasser de leur plus grand danger n'est plus là, ils se rendent compte qu'ils sont seuls au monde.
-Tu n'aimes pas les sorciers, comprit Ragnok.
-Disons plutôt que je n'ai jamais aimé leur mentalité, surtout depuis que Dumbledore a soi-disant vaincu Grindelwald, grimaça Garrick. Personne n'a trouvé ça étrange que du jour au lendemain il emprisonne son amant. Information qui, je tiens à le souligner, a disparu des esprits.
-C'est Dumbledore, haussa des épaules Ragnok. Il ne voudrait pas que ses « écarts de conduite » soient révélés au grand jour.
-Pas faux, sourit Garrick. Bien, que peux-tu me dire à propos de la nation gobeline ?
-Je prends comme une affaire personnelle l'attaque de l'entrée sur notre nation, gronda Ragnok. La prochaine fois, il n'y aura pas de témoins de leur défaite.
-Tu connais la raison de cette attaque ? demanda Garrick
-C'est flou, avoua Ragnok. Je ne t'apprends rien, nous avons relativement été laissés tranquilles ces dernières décennies puisque nos batailles se faisaient essentiellement au niveau de la banque. Mais les revers successifs de Dumbledore doivent jouer.
-Tu m'as l'air certain qu'il en est à l'origine, fronça des sourcils Garrick.
-Tu vois quelqu'un d'autre, peut-être ? mordit Ragnok
-Il n'est pas le seul à avoir la dent dure contre les gobelins, insista Garrick.
Ragnok fusilla du regard son ami avant de capituler. Il n'avait pas tort. Albus Dumbledore n'était pas le seul ennemi des gobelins.
-C'est vrai, concéda Ragnok. Tu penses que je devrais m'intéresser à d'autres possibilités ?
-Ça ne coûte rien, fit Garrick. D'autant plus que dès que Dumbledore et Voldemort ne seront plus de ce monde, on va sûrement profiter de l'affaiblissement de la Grande Bretagne pour prendre de l'ascendant.
Le gobelin nota cette idée dans un coin de sa tête.
-Comptes-tu continuer à fabriquer des baguettes pour les sorciers ? demanda Ragnok
-J'y réfléchis, déclara Garrick. Mais je ne pense pas. Du moins, plus en masse.
-Pourquoi ? s'étonna Ragnok. Tu le fais depuis trois siècles au moins !
-Mon père et ma grand-mère ont vu la démocratisation de la baguette et le moins qu'on puisse dire, c'est que les sorciers ont vite perdu de vue le véritable but de cet objet, déclara Garrick. Quand je vais ouvrir ma nouvelle boutique, je sais que beaucoup vont râler. Mais je m'en fiche.
-Te connaissant, tu as déjà trouvé l'endroit parfait, ricana Ragnok.
-Je pense que ma boutique se trouvera dans le quartier des Embrumes mais mon laboratoire sera autre part, déclara Garrick. Oh, et je vais étendre mes activités, puisque le contrat qui me reliait au ministère de la Magie britannique vient de prendre fin. A leurs torts.
-Ah bon ? s'étonna Ragnok
Il avait été nommé Seigneur des Grottes quelques temps après que l'artisan se soit installé à Londres.
-Pour résumer, le ministère doit être capable de me protéger en cas de danger, sourit Garrick. Or, je lui ai fait parvenir les différents messages de menaces que j'ai reçus des mangemorts mais il n'a jamais rien fait. Et la destruction de ma boutique a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. J'ai vérifié, le contrat n'est plus actif et ne le sera plus jamais.
-Ce qui veut dire ? fit Ragnok
-Je peux de nouveau créer des items de concentration magique pour toutes les créatures magiques qui le demandent, annonça Garrick. Je vais retourner à mes premiers amours.
Ragnok sourit. Si Garrick Ollivander était célèbre dans le monde entier, ce n'était pas parce qu'il était l'un des seuls maîtres artisans à travailler exclusivement avec les sorciers depuis trois siècles mais bien parce que sa carrière avant ce contrat exclusif avait fait sa réputation.
-Tu as déjà une idée en tête pour ta première œuvre, devina Ragnok.
-Cela fait longtemps que ma famille n'a pas eu l'occasion de créer un item pour un elfe noir, confirma Garrick.
§§§§§
Franck Longbottom, retranché dans le manoir de sa famille, sourit en lisant les différentes unes des journaux nationaux sorciers. Depuis que sa mère l'avait réveillé, il avait tout fait pour rattraper les seize dernières années. Il avait particulièrement été stupéfait de la manière dont le ministère de la Magie et Albus Dumbledore avaient fait en sorte que le peuple sorcier se repose entièrement sur Harry Potter pour faire ses batailles à sa place. Pendant la période entre la chute de Voldemort et l'entrée d'Harry Potter à Poudlard, ils avaient influencé les sorciers pour qu'ils considèrent l'enfant qui était caché pour sa propre sécurité – bien entendu sous la garde du directeur de Poudlard – comme un futur auror qui serait toujours à leur service, pas même une personne à part entière.
Puis était arrivée son entrée dans le monde sorcier.
D'après sa mère, le jeune Potter avait été introduit par Rubeus Hagrid, le garde-chasse de l'école, ce qui était à l'encontre de toutes les règles établies. Heureusement, le brun semblait avoir vu au-delà des œillères qu'on avait voulues lui imposer, notamment en se liant d'amitié avec son propre fils puis en ne se jetant pas à la tête des Serpentards malgré le comportement détestable du fils Malfoy.
Et aujourd'hui, il avait estimé que Poudlard n'était pas fait pour lui.
Franck avait bien rigolé quand il avait appris la nouvelle par Neville peu après son anniversaire. Il ne se leurrait pas, il avait prévu la panique qui s'emparait du peuple sorcier à la disparition de leur brebis sacrificielle.
Déposant le journal sur un guéridon, Franck se leva avec difficulté. Même libéré du poison des Longbottom, ce n'était pas pour autant qu'il était complètement rétabli. Sa présence au bal de présentation l'avait totalement épuisé et s'il avait tenu, c'était uniquement pour soutenir son fils et pour qu'on ne conteste pas le nouveau titre de Neville. Il se dirigea vers la salle de transports et laissa tomber une goutte de son sang dans les flammes qui prirent une teinte dorée dans lesquelles il entra. Il sortit dans l'une des maisons sécurisées de la famille et alla dans l'une des chambres où se trouvait déjà sa mère Augusta.
-J'aurais presque pu croire que tu t'étais endormi, murmura Augusta. Tu sais, j'aurais pu m'en occuper toute seule.
-Non, refusa Franck. C'est ma femme. C'est moi qui l'aie introduite dans la famille Longbottom. Et malgré tout ce qu'elle a fait contre nous, elle reste la mère de mon fils. Je veux être là quand elle avouera pourquoi elle a œuvré pour nous détruire.
-Tu n'as pas à le faire, assura Augusta.
-Si, déclara Franck. Je ne changerai pas d'avis.
La matriarche soupira lourdement. Couchée devant eux se trouvait Alice Longbottom. Elle était toujours apparue comme une sorcière Sang Pur exemplaire mais les propos de son époux à son réveil avaient jeté le trouble sur la personnalité d'Alice. D'un commun accord, mère et fils avaient convenu de la maintenir dans le coma le temps qu'ils puissent établir une stratégie pour lui soutirer toutes les informations qu'elle pourrait avoir en sa possession. Avec la disparition d'Harry Potter, les esprits allaient s'échauffer et donc, c'était le meilleur moment pour eux de trouver des preuves contre leur ennemi le plus important, Albus Dumbledore.
