Guerrier jusqu'à la mort
Ric Agni avait totalement fignolé son plan avant de débarquer sur le domaine des RoseSang. Il remarqua avec plaisir que les protections avaient été rehaussées et compte-tenu de leur invité, il ne pouvait que le comprendre. Pour n'affoler personne, il se positionna près des protections et les effleura. L'instant suivant, quatre elfes le pointaient avec des lances. Ric haussa simplement un sourcil.
-Intéressant, souffla Ric. Ce cher RoseSang est bien plus futé que je ne l'imaginais …
-Veuillez décliner votre identité, ordonna l'un d'entre eux.
-Ric Agni, seigneur du Domaine Incandescent, s'annonça Ric.
Comme tout mercenaire, ils ne bougèrent pas d'un pouce quand l'un d'entre eux se désengagea pour faire son rapport à son supérieur. Cinq minutes plus tard, Nolan RoseSang en personne arriva.
-Seigneur Agni, s'inclina Nolan. Nous n'attendions pas votre visite.
-J'avais besoin de vacances, sourit Ric.
Il s'identifia auprès du maître des lieux qui leva la barrière. Les mercenaires lui firent un passage mais ne se redressèrent qu'au moment où les protections avaient repris leur place. Prudent, Nolan vérifia que les espions qui surveillaient le domaine de la Rose de Sang ne pouvaient pas les voir puis tout le monde gagna la demeure. Le maître des lieux remercia silencieusement les mercenaires qui se retirèrent puis il mena son invité dans son bureau.
-Seigneur Agni, fit Nolan.
-Ric, coupa Ric. Nous sommes de la même famille, non ? Et tutoies-moi, pendant que tu y es.
-Comme tu veux, capitula Nolan. Cela fait un moment que nous ne nous sommes pas vus.
-Un peu plus d'une lune, confirma Ric. J'avais quelques points à régler sur mon domaine. Alors ? Comme va ton neveu ?
-Il est très avide d'apprendre, sourit Nolan. Il ne reste jamais au sol, malgré les raclées que Celeb et moi nous lui mettons.
-Tu en doutais ? fit Ric
-Pas vraiment, non, répondit Nolan. Mais c'est surprenant de la part d'un sorcier.
-Les sorciers se sont toujours révélés être plein de surprises, assura Ric. Qu'as-tu sur lui ?
Nolan se leva et s'empara d'un épais dossier qu'il tendit à son … ancêtre ?!
-J'ai lancé une enquête dès que j'ai appris son existence, raconta Nolan. J'ai envoyé un elfe en qui j'ai toute confiance dans ce monde pour récolter des informations.
-Tu as réussi à envoyer un elfe noir dans le monde des humains ? s'étonna Ric
-Disons que les humains sont bien plus avancés que nous dans certains domaines, éluda Nolan.
Après qu'il ait récupéré Fin, ses blessures avaient pu être facilement soignées mais son état psychologique avait été lamentable. Les elfes noirs étant belliqueux par nature, la prise en charge après des combats n'était donc pas naturelle. Nolan avait donc convaincu Fin de consulter un psychologue moldu ce qui lui avait heureusement bien réussi. De cette période, Fin avait ramené, en plus d'une santé mentale, la capacité de se fondre aussi bien dans le monde moldu comme dans le monde sorcier, avec d'excellentes connaissances du monde magique. Il était donc tout indiqué pour se renseigner sur Harry.
-Je ne peux que te croire sur parole, fit Ric en feuilletant le dossier. As-tu pu confirmer ces informations auprès du gamin ?
-Je pense qu'on ne sait pas tout sur ce qui s'est passé chez ses tuteurs, se renfrogna Nolan. Quant à sa scolarité, ses impressions seraient très intéressantes à entendre.
-Je m'en occupe, déclara Ric en reposant le dossier. Comment se passe son apprentissage ?
-Je pense qu'il pourrait commencer à apprendre la magie, songea Nolan.
-Si ça ne te dérange pas, je préfère vérifier avant que tu ne le confies à ta shaman, fronça des sourcils Ric. C'est l'un de mes descendants et s'il est comme ma fille Luba, il se pourrait que ton programme saute totalement.
Nolan ne put qu'en convenir. Lui-même avait eu une capacité inouïe à apprendre les sorts les plus difficiles mais bloquait complètement sur les plus simples.
-Ne crains-tu pas que le conseil ne s'intéresse à la Rose de Sang si tu viens trop souvent ? s'inquiéta Nolan. Ou même qu'il cherche à prendre le Domaine Incandescent ?
-Ce n'est pas comme s'il n'avait pas déjà essayé, sourit Ric. De toute façon, je m'installe ici.
Nolan perdit la voix. S'étouffa. Ecarquilla des yeux.
Et Ric ricanait.
-Pourquoi ? balbutia Nolan
-Avant d'être un RoseSang, ce gosse est un Agni, rappela Ric. Tu as des secrets de famille à lui apprendre, j'ai les miens à lui enseigner. Mais si je suis ici, c'est pour lui proposer un projet.
-Lequel ? demanda Nolan après qu'il ait repris ses esprits
-Tu seras au courant en même temps que lui, assura Ric. Mais autant te prévenir tout de suite, il n'y aura que lui et moi.
-Pourquoi ? s'étonna Nolan
-Si ce plan devait échouer, il vaut mieux qu'il n'y ait qu'une seule maison importante qui tombe au lieu de deux, expliqua Ric.
-Mais tu es sûr que ça va réussir, comprit Nolan en regardant son air satisfait.
-Disons que si ça échoue, les conséquences seraient quand même positives, sourit Ric.
Conscient qu'il n'en saurait pas plus pour le moment, Nolan se leva.
-Je vais te mener à tes appartements, déclara Nolan. Le dîner est au coucher du soleil. Je te présenterais au reste de la maisonnée à ce moment-là.
-Parfait, sourit Ric. Nous allons bien nous amuser.
§§§§§
Neville avait obtenu une autorisation exceptionnelle pour rentrer chez lui. En effet, il avait besoin de parler franchement à son père.
-Installe-toi, Neville, sourit Franck.
Bien qu'ils soient père et fils, instaurer une telle relation n'était pas possible, surtout en temps de guerre. Ils avaient décidé de ne pas se donner du « papa » et du « fiston » jusqu'à ce qu'ils se sentent assez à l'aise avec leur lien de parenté.
-Je t'écoute, fit Franck.
-Il est temps pour que mes amis et moi nous nous préparions à affronter les minions de Voldemort, déclara Neville. Mais avec Dumbledore, nous devons, je cite, vivre des vies les plus normales possibles. Dans quel monde est-ce qu'il vit si les mangemorts font leur loi en dehors des murs de l'école ? On se défendra comment contre eux ? En leur parlant de nos vies parfaitement banales ?
Franck sourit. L'indignation de Neville était drôle à voir.
-Malheureusement, c'est la politique de Dumbledore, révéla Franck. Il avait sorti le même type de discours quand j'étais encore à l'école. Les élèves devaient vivre leur vie et non apprendre à se défendre. Quand on savait qu'une grande partie de notre génération est morte …
Franck se servit une tasse de thé.
-Que veux-tu faire exactement ? demanda Franck
-Je voudrais que tu nous entraînes, fit Neville.
-Nous ? releva Franck
-Mes amis et moi, précisa Neville.
-Vous êtes tous à Poudlard et moi ici, rappela Franck. A moins que tu aies une solution à proposer.
-Nous connaissons des passages qui pourraient nous permettre de quitter l'école, hésita Neville.
-Je soupçonne Dumbledore de tous les connaître, fit Franck. Ou, en tant que directeur de l'école, d'en avoir conscience. Ce serait vous faire prendre un trop grand risque. Idem pour me faire entrer dans l'école. En ce moment, je ne suis pas dans ses petits papiers.
Neville sourit. Il était au courant de la duplicité de sa génitrice et savait que régulièrement, Augusta et Franck lui tiraient les moindres informations qu'elle pourrait avoir.
-Tout ce que je peux vous proposer, c'est un travail en autonomie, fit Franck. Vous vous entraînez ensemble sur une liste de sorts que je vous indiquerai et je vérifierai vos efforts une fois par semaine.
-Comment ? s'étonna Neville
-Ce n'est pas pour rien que mère t'a demandé de me désigner comme représentant des Longbottom conjointement avec elle, sourit Franck. En tant que tel, je peux venir à l'école pour faire un compte-rendu de tes affaires. Dumbledore ne pourra s'y opposer car c'est une prérogative des lords régnants encore scolarisés. S'il s'y oppose, il ira au-devant d'immenses problèmes dont il voudrait sûrement se passer.
-C'est sûr, concéda Neville. Tu penses qu'il te mettra des bâtons dans les roues ?
-Tant qu'il ne saura pas où se trouve Alice, il ne pourra rien faire, fit Franck. Mais dès que je viendrais à l'école, je suis sûr que le manoir Longbottom sera visité. Reste à savoir comment. Mais ce n'est pas le moment d'y penser. J'ai besoin de connaître le niveau de tes amis pour concocter un programme optimal.
-Autant te dire tout de suite, il n'y aura pas que des gentils Gryffondors, ricana Neville.
-Les griffons ont leurs limites, déclara Franck. Ils peuvent se montrer très intolérants avec ce qui ne leur ressemble pas.
-Tu parles des Maraudeurs et leur vendetta avec Severus Snape ? s'étonna Neville
-Avec du recul, on ne pouvait que se rendre compte que James Potter et Sirius Black étaient de petits cons, assura Franck. Je pense honnêtement que s'ils se sont acharnés sur lui, c'est parce qu'il était proche de Lily Evans. Mais bref, le passé est le passé. Alors ? Qui sont tes fameux amis ?
-Je ne te présenterai pas Luna Lovegood, sourit Neville. Ni Hermione Granger et Ginny Weasley.
-Ces jeunes femmes sont adorables, se rappela Franck. J'imagine que s'il avait été là, nous aurions pu compter sur Harry Potter ?
-C'est sûr, sourit Neville. Tu feras la connaissance également de Draco Malfoy, Blaise Zabini, Théodore Nott, Pansy Parkinson, Daphnée et Astoria Greengrass.
-Des serpents ? s'étonna Franck
-Tous autant qu'ils sont, assura Neville.
-J'ai eu l'occasion de côtoyer leurs parents, murmura Franck. Je parie que les fils Zabini et Malfoy peuvent parfaitement se défendre. J'ai plus de doutes pour la petite Parkinson et le fils Nott, puisque leurs pères étaient de vraies larves. Quant aux sœur Greengrass, leur mère n'a pas dû laisser son mari faire sa loi.
-Tu n'es pas tombé loin, s'émerveilla Neville.
-Pourquoi exactement tu as besoin de mon aide ? demanda Franck. Avec des amis pareils, tu devrais rapidement savoir comment te débarrasser des mangemorts !
-Tu as raison et tort à la fois, soupira Neville. Tu oublies seulement que le gouvernement qui nous dirige a peur de tout ce qui ressemble à de la magie « noire ». S'il a un seul soupçon sur la catégorisation des sorts que nous pourrions utiliser, tout ce que qu'on voudra entreprendre ensuite sera décrédibiliser.
-Si je comprends bien, tu veux apprendre tous les sorts bien sous tous les rapports, traduisit Franck.
-Qui ne peuvent pas être appris à l'école, précisa Neville.
-Pourquoi exactement cela ? insista Franck
Neville lui lança un regard incrédule et Franck capitula. Pour toute personne qui savait voir au-delà de son nez, on se rendait compte que le niveau du sorcier moyen en Grande Bretagne était largement atteint par des élèves de quatorze ans au moins dans les autres nations magiques du monde entier. Pour garder la mainmise sur le pays, le ministère – avec la complicité active de Dumbledore, il ne fallait pas en douter – avait réduit le niveau scolaire tout au long du siècle dernier et empêché que les élèves puissent avoir connaissance de toutes les matières disponibles dans le monde sorcier. Si les Sang Pur étaient si « puissants » et donc en passe de devenir « maléfiques » selon les dires de certains sorciers du gouvernement – (tousse) Dumbledore (tousse) – c'était parce que les familles les entraînaient à la hauteur de leur puissance magique et non du niveau que le gouvernement voudrait qu'ils aient. En ce temps de guerre, une mise à niveau ne serait donc pas du luxe.
-Si je veux être honnête avec moi-même, avoua Neville, c'est que je sais qu'Harry reviendra et je veux pouvoir me battre à ses côtés pour protéger les miens. Il est déjà bien gentil de faire les batailles du monde sorcier, il ne faut pas aussi qu'il vienne nous sauver tous les quatre matins. Je veux apprendre à me battre pour qu'il puisse me considérer … nous considérer comme des alliés au lieu de boulets qu'il devrait se trimbaler.
Fier de son fils, Franck posa une main réconfortante sur l'épaule de Neville.
-Je vais le faire, déclara Franck.
§§§§§
Rien !
Il n'avait trouvé aucun indice sur la localisation de ce crétin de Potter !
Albus était furieux que sa marionnette se soit enfuie. Le pire, c'était qu'il avait justifié son départ dans les règles et que ses amis n'avaient absolument pas l'intention de lui donner son adresse pour qu'il puisse le ramener par la peau du cou et avec un imperium en prime si possible.
Le directeur avait envoyé ses espions comme les mangemorts chercher le brun dans tout le pays. Après avoir tellement lutté pour mettre la main sur le clan Potter et Black, il était hors de question de laisser l'héritier de ces deux familles dans la nature. De plus, les gobelins avaient verrouillé tous les coffres et les maisons qui leur appartenaient et le vieux sorcier savait que ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne reçoive une notification de la banque pour vider le square Grimmaurd voire, un rappel de tous les loyers impayés lors de son occupation.
Conscient que tant que sa marionnette ne referait pas surface, il ne pourrait rien faire, Albus se tourna vers les problèmes annexes.
Il avait compté sur les fils Malfoy et Nott pour diriger la nouvelle génération des mangemorts mais tous les deux avaient repris les titres et responsabilités de leurs pères et n'avaient visiblement pas l'intention de rejoindre les rangs de Voldemort. Pire, ils avaient entraîné avec eux le fils Zabini, la fille Parkinson et les filles Greengrass. A eux tous, ils concentraient une bonne partie des capitaux sorciers et cela faisait autant en moins pour la cause mangemort. Les élèves de Serpentard, les voyant tourner le dos à Voldemort, se sentiraient plus enclins à refuser l'honneur qui leur était proposé et cela aurait pour conséquence que le camp neutre prendrait de plus en plus d'ampleur. Or, c'était ce que Dumbledore refusait catégoriquement. Son but ultime était de régner sur le monde sorcier et le seul moyen était de le mettre à feu et à sang pour que tous puissent le reconnaître comme un sauveur. Mais si les pions qu'il avait désignés comme « méchants » n'entraient pas dans les cases correspondantes, alors son merveilleux plan « pour le plus grand bien » n'allait pas fonctionner comme il le voudrait.
Heureusement qu'il avait réussi à se débarrasser de Tom sinon, il finirait par croire qu'il était malchanceux. Enfin, c'était ce qu'il pensait, parce que comme toujours, il n'avait pas trouvé son corps. Ce qui l'amenait à songer à la disparition de Lucius Malfoy. Outre le fait qu'il manipulait à merveille le ministre de la Magie, le blond était un formidable donateur à la cause mangemort, sans compter les pots de vin qui atterrissaient directement dans ses poches. Mais depuis que Draco avait repris sa place, toutes les entrées et sorties d'argent avaient été suspendues, vraisemblablement pour vérification, avant que bon nombre d'entre elles ne soient réduites de manières drastiques voire purement et simplement supprimées. Cela avait fait grincer des dents le vieux sorcier mais tant qu'il n'avait pas la possibilité de mettre le jeune blond à sa merci, les choses devaient rester ainsi.
Soudain, Albus Dumbledore eut une idée lumineuse. Puisqu'il n'arrivait pas à avoir d'espions assez proches de Potter pour connaître ses plans et mieux le manipuler, il devait en introduire un qui puisse obtenir la confiance de ses amis. Et si en plus, il pouvait tenir en laisse son espion qui jouait sur tous les tableaux, alors ça serait une pierre deux coups.
Le directeur, animé d'une ardeur nouvelle, entreprit de justifier l'arrivée de Julia dans l'enceinte de la noble école de Poudlard.
L'avoir dans l'école pourrait également lui permettrait de se « décharger » de toutes ses « frustrations », en plus. Il avait toujours adoré que la jeune femme réchauffe son lit …
§§§§§
La rentrée des classes avait eu lieu quelques semaines auparavant et Severus se demandait pourquoi il continuait à enseigner alors qu'il détestait ça.
Ah oui, une histoire de condamnation parce qu'il avait été reconnu comme mangemort …
Il avait repris son poste aux potions … enfin, il n'avait pas eu le choix, Dumbledore n'avait, semble-t-il, pas apprécié que les élèves apprennent quoi que ce soit d'utile.
Depuis la disparition d'Harry Potter, certaines choses avaient changé à Poudlard. Tout d'abord, Hermione Granger, Luna Lovegood, Ginny Weasley et Neville Longbottom s'étaient fait harceler sous le regard aveugle de Dumbledore. Tout le monde voulait savoir où se trouvait le Survivant mais ses amis tenaient bon. Ils n'étaient du tout du genre à se laisser faire et ils avaient fait en sorte de faire payer à certains leur curiosité malsaine. Contrairement à ce qu'on aurait pu croire, le premier n'avait pas été Ron Weasley mais Zacharias Smith. Quelle idée de vouloir s'en prendre à des Dames du Dragons …
Flash-Back
Luna, Astoria et Ginny s'étaient retrouvées dans la Grande Salle reconvertie en salle d'étude. Elles se désolaient que Paul, le bébé de la bande, ne soit pas assez âgé pour entrer à Poudlard. Oh, elles pouvaient le contacter mais uniquement via Gringotts, ce qui lui garantissait une sécurité relative. Il ne fallait pas que Voldemort – ou même Dumbledore – ne puisse mettre la main sur lui.
Les trois jeunes filles travaillaient donc sagement jusqu'à ce qu'elles se fassent aborder.
-Weasley, Lovegood, fit une voix.
Elles jetèrent un coup d'œil distrait à Zacharias Smith entouré de ses suivants serviles qui avaient sciemment ignoré Astoria Greengrass avant de retourner à leurs devoirs.
-Je vous parle, gronda Zacharias.
-Oui mais nous on n'a pas envie de le faire, répliqua Luna. Si c'est pour nous demander où se trouve Harry, je ne vois pas pourquoi on te répondra alors qu'on a refusé de le dire au reste de l'école.
-Je suis son petit-ami, siffla Zacharias.
-Grande nouvelle, lâcha Luna.
-Mais si c'est vraiment le cas, tu n'as qu'à le lui demander, pointa Ginny. Si nous, ses amis, ne sommes pas au courant, toi, en tant que petit-ami, tu devrais l'être.
Zacharias rougit, mort de honte, tandis que des rires discrets retentissaient dans la Grande Salle. Chaque altercation entre les amis du Survivant et les élèves était étroitement suivie dans le cas improbable où ils lâcheraient une information importante. Mais généralement, c'était de grands moments de rigolade.
N'appréciant très peu de se faire humilier, Zacharias s'empara du bras de la rousse pour l'arracher à sa table et la relever brutalement.
-Tu vas me dire où il se trouve, gronda Zacharias.
-Lâche-moi, articula Ginny.
-Parce que tu vas me le faire payer ? ricana Zacharias
-Bien sûr, sourit machiavéliquement Ginny.
-Monsieur Smith, claqua la voix froide de Minerva McGonagall. Puis-je savoir ce que vous faites exactement ?
Zacharias se sépara brusquement de Ginny qui se frotta le bras. Le professeur demanda silencieusement l'autorisation à la jeune fille qui accepta avant de d'examiner brièvement le bleu qui se formait sur le membre maltraité.
-Malmener vos camarades est indigne d'un élève, critiqua Minerva. Vous serez donc heureux d'apprendre que vous venez de faire perdre à votre maison cinquante points et vous avez également une semaine de colle avec votre directrice de maison.
Fin Flash-Back
L'intervention de la directrice adjointe n'avait pas sauvé Smith de la vindicte des trois sorcières. Bien que Dumbledore ait annulé la perte de points – Severus se demandait sur quel motif – les retenues avaient été maintenues et Pomona Sprout avait été ulcérée de l'attitude inconvenante de l'un de ses blaireaux. Le maître de potions avait été satisfait de voir l'imbécile au bord des larmes à chaque fois qu'il sortait de colle. Mais ce n'était rien comparé à ce que lui avaient réservé les Dragons. Le plan en lui-même avait été simple – une simple lettre soi-disant d'Harry qui donnait rendez-vous à Zacharias dans Pré-au-Lard – mais son exécution avait été d'une cruauté savoureuse. Quand il était arrivé au point de rendez-vous, il avait été aveuglé et immobilisé pour ensuite être passé à tabac. Avant même que le premier coup ne tombe, il s'était déjà uriné dessus et s'était évanoui au deuxième. Quand il s'était réveillé, les vêtements souillés, il avait dû traverser le village sous les rires des élèves. Mais quand il avait voulu se présenter à l'infirmerie pour soigner ses blessures, il s'était rendu compte qu'il n'avait rien. La potion que Théo lui avait fait boire à Pré-au-Lard lui avait fait imaginer son passage à tabac. Pendant une semaine, la bande s'était amusée à le kidnapper dans tous les recoins de l'école pour lui faire boire la potion et lui faire croire à une nouvelle agression, jusqu'à ce que Zacharias ne puisse plus marcher sans trembler.
Severus soupira et se concentra sur ses propres problèmes. S'il avait demandé à Harry de devenir son apprenti, c'était parce qu'il y était incité par la guilde de potions à le faire. S'il ne l'avait pas dit aussi bien au directeur qu'à Voldemort, c'était parce que dès qu'il aurait pris un apprenti, aucun des deux ne pourrait le forcer à faire quoi que ce soit et encore moins s'en prendre à son apprenti sans déclencher une terrible malédiction. Il n'avait pas précisé ce point à Dumbledore comme au « Seigneur des Ténèbres » car il était certain qu'ils allaient vouloir lui coller dans les pattes un incapable qui ne saurait même pas ce qu'était un chaudron et qu'il devrait de surcroît se coltiner de nombreuses années au lieu des quatre réglementaires. Sans oublier qu'ils voudraient mettre leur nez dans le contrat d'apprentissage et qu'ils réussiraient à le soumettre ad vitam aeternam.
Mais puisqu'Harry ne comptait pas revenir avant quelques temps, cette possibilité était mise en pause. Il se laissait un an avant de prendre son envol. Jeremiah avait fait jouer ses contacts pour récupérer les modalités de sa condamnation et désormais, le maître de potion savait qu'il pouvait partir après les seize ans qu'il devait passer en tant que professeur à Poudlard. Il était inquiet de laisser ses serpents mais ce n'était pas en restant sous la coupe de Dumbledore qu'il pourrait rendre ses lettres de noblesse à sa maison. De plus, il savait qu'il pourrait compter sur Sélène Sinistra, professeur d'Astronomie et ancienne Serpentard, à qui il souhaitait confier la direction des vert et argent.
Son plan pour quitter la Grande Bretagne était presque au point. Comme il ne pouvait rien révéler de ce qui se passait avec la guilde de potions, il allait les invoquer auprès de Dumbledore pour justifier son départ définitif de l'école. Comme ses devoirs envers la guilde étaient bien plus importants que son « contrat » avec l'école de magie, le directeur ne pouvait l'empêcher de partir sauf s'il voulait attirer l'attention du conseil international des sorciers.
Pour se protéger, il comptait quitter le pays l'été prochain pour passer quelques jours au cœur de la guilde puis « négocier » un contrat exclusif avec Jeremiah Prince, qui se serait retiré en Espagne pour raison de santé, pour empêcher Dumbledore de le récupérer. Il espérait simplement que Tom trouverait une solution pour lui ôter la marque des ténèbres sans impliquer Harry.
Pour faire bonne mesure, Severus comptait apprendre au directeur la bonne nouvelle début mars. Dans le même temps, il allait convaincre les Dames du Dragon ainsi que le petit Paul Parkinson, qui devait faire sa rentrée l'année suivante, de partir étudier dans une autre école, de préférence hors de portée de Dumbledore. Il savait que c'était bien parti pour la petite Weasley, puisque la chef de famille de la rousse était en pleine négociation pour un apprentissage hors du pays, les Lovegood n'étaient pas soumis au vieux sorcier et concernant Paul Parkinson, sa sœur était en passe de récupérer sa tutelle. Mais pour lui, il était hors de question de les laisser sans un soutien adéquat.
L'horloge de son bureau sonna et Severus décida de se concentrer sur ses copies à corriger.
