Albus Dumbledore, vainqueur de Gellert Grindelwald

Garrick Ollivander avait décidé de réaliser un projet qu'il avait en tête depuis un petit moment. Il quitta son refuge et activa un portauloin illégal pour se rendre devant une échoppe concurrente.

-La rentrée est déjà passée ! tonna une voix caverneuse

Une haute silhouette apparut dans un rayon de lumière et une grimace déforma le visage de son propriétaire.

-Ollivander … cracha la silhouette. Tu as cessé de te prosterner devant ces chiens de sorciers ?!

-J'avais des intérêts à accepter ce contrat exclusif, répliqua Garrick. Mais rassure-toi, je suis désormais libre comme l'air.

-C'est ça, renifla la silhouette. Qu'est-ce que tu fiches ici ?

-Nous devons parler, déclara Garrick.

La silhouette le dévisagea quelques instants avant de marmonner dans sa barbe quelques mots de pouvoirs. Immédiatement, les rideaux se fermèrent, la pancarte indiquant que la boutique était fermée se mit en place et la porte se verrouilla. Sans un mot, il tourna des talons et s'enfonça dans son antre. Il n'en fallut pas plus pour que Garrick lui emboîte le pas.

Gregorovitch, Stanislas de son petit nom, était le neveu de l'ancien propriétaire de la boutique de baguettes magiques de l'Europe de l'est. Garrick n'avait jamais aimé correspondre avec Gus Gregorovitch car il avait des fréquentations vraiment douteuses. Contrairement à son oncle, Stanislas avait été initié à la fabrication des baguettes et Garrick pouvait se targuer d'avoir été l'un de ses formateurs.

Les deux maîtres dépassèrent le laboratoire de Gus pour s'enfoncer dans les entrailles de la boutique jusqu'à celui de Stanislas. Ce dernier sortit d'un placard une bouteille de vodka ainsi que deux verres et désigna à son invité un siège dans lequel ce dernier s'installa.

-Que me vaut le plaisir douteux de ta visite ? siffla Stanislas après qu'ils se soient servis

-La Baguette de Sureau, déclara Garrick.

Stanislas eut un regard interloqué.

-Que veux-tu que je te dise ? grogna Stanislas. Gus nous a trahis en révélant que notre famille en était la gardienne à ce sorcier anglais. Il nous est impossible de la récupérer, sinon sur son cadavre encore chaud. Saleté de Dumbledore !

Garrick laissa un sourire lui échapper. A la base, Gus n'était pas censé reprendre l'entreprise familiale. Depuis l'âge de treize ans, il préférait passer son temps à se noyer dans l'alcool. Mais un jour, il avait rencontré deux personnes qui avaient écouté ses divagations. Jour après jour, ou plutôt nuit après nuit, ils lui avaient payé toujours plus de tournées pour qu'il révèle petit à petit les secrets de sa famille. Dans le même temps, ils lui avaient monté la tête pour qu'il aspire à récupérer tous les trésors dont sa famille était la gardienne le plus vite possible.

C'est ainsi que Luka Gregorovitch, père d'un très jeune Stanislas, trouva la mort subitement.

Comme l'échoppe devait impérativement rester ouverte, le conseil de famille avait décidé de la confier à Gus le temps que Stanislas termine ses études et sa maîtrise. Malheureusement, durant ce court laps de temps, Gus avait déjà dilapidé et éparpillé bon nombre de secrets et une partie conséquente de la fortune de la famille. Garrick, qui était un grand ami de Luka, avait été alerté par Stanislas quand il avait commencé à jeter un coup d'œil à l'entreprise familiale quarante ans plus tôt et il avait eu des doutes concernant la mort accidentelle de l'ancien maître. Il lui avait fallu des années avant de comprendre que c'était un meurtre et surtout, à qui il avait bénéficié et pourquoi. Cela faisait quinze ans que Gus avait été condamné au supplice de Tantale par la famille pour avoir délibérément remis la Baguette de Sureau, l'une des Reliques de la Mort, à Albus Dumbledore et Gellert Grindelwald.

-Je sais qu'elle est entre les mains de Dumbledore, fit Garrick. Non, ce que je veux, ce sont des informations sur Gellert Grindelwald.

Stanislas se redressa.

-Pourquoi ? s'étonna Stanislas

-Cela fait des années que nous savons que Dumbledore n'est pas ce qu'il parait être, expliqua Garrick. Les événements en Grande Bretagne me font penser que l'histoire de sa victoire ne doit pas être tout à fait la vérité. En fait, je n'ai jamais pu comprendre pourquoi Grindelwald n'a pas été exécuté. Je remonte donc la piste, puisque je n'ai plus à tenir de commerce.

-Tu as saboté ta propre entreprise pour ne plus avoir de chaînes ? ricana Stanislas

-La paix, gamin ! siffla Garrick. Réponds plutôt à mes questions.

-Soit, renifla Stanislas. Quand Dumbledore a récupéré la Baguette de Sureau, Gus venait de récupérer la boutique. Ce qui veut dire que les sorts de protection ne s'étaient pas encore dissous. Comme il ne les maîtrisait pas, la mémoire a été stockée jusqu'à qu'un nouveau membre de la famille puisse les « lire ». Comme tu le sais, j'ai mis presque trente ans pour remettre à flot la boutique et récupérer la confiance des sorciers de l'est de l'Europe. Cet abruti s'était contenté de vendre les baguettes déjà présentes et il n'était même pas capable d'en fabriquer de nouvelles voire même de réparer les anciennes abîmées. Enfin bref, ce n'est pas le sujet. Quand j'ai jeté un coup d'œil, j'ai découvert que la magie de Grindelwald avait été bridée.

-Bridée ? sursauta Garrick

-Ouais, fit Stanislas en avalant une gorgée d'alcool. Je n'ai pas encore regardé de plus près.

-Avec ta permission … fit Garrick.

-Vas-y, autorisa Stanislas. De toute façon, cette histoire ne me concerne pas vraiment. Gus a payé pour avoir tué mon père et si tu es dans les parages, la Baguette de Sureau nous reviendra bien assez vite.

-Merci, sourit Garrick.

Retournant dans son laboratoire, Stanislas laissa Garrick fouiller les informations récoltées par les protections établies autour de la boutique.

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Tom avait fini par revenir en Angleterre.

Et la première chose qu'il reçut fut un vase en porcelaine. En pleine face.

-THOMAS MARVOLO RIDDLE ! rugit Narcissa

Tom s'était rapidement mis à couvert devant la rage de la blonde. Effectivement, il lui avait faussé compagnie alors qu'il était encore en train de récupérer de son attaque dans les Balkans et il n'avait pas donné signe de vie de tout l'été. Il était donc compréhensible que son infirmière soit … hors d'elle, pour être gentil.

Il la laissa lui jeter toute sorte d'objets au visage jusqu'à ce qu'elle se calme puis il la prit dans ses bras.

-J'ai eu peur, hoqueta Narcissa. Et si Dumbledore …

-Je lui ai toujours échappé, rappela doucement Tom. Ce n'est pas aujourd'hui que je me laisserai capturer.

Après quelques minutes d'étreinte, Narcissa se retira dans une salle d'eau pour se reprendre pendant que Tom se rendit dans un salon pour prendre une collation. Une fois la blonde de retour, ils s'assirent et Tom résuma à Narcissa ses vacances. La lady fut intriguée par toutes les nouvelles cultures qu'il avait découvert, n'ayant jamais eu l'occasion de voyager plus loin qu'en Europe, et encore, rarement, puis elle le mit à jour sur ce qui s'était passé dans le pays, plus particulièrement sur la disparition d'Harry Potter.

-Cela m'embête, avoua Tom. J'aurais aimé pouvoir discuter avec ce jeune homme.

-Pourquoi ? s'étonna Narcissa

-Je peux enfin retirer la marque des ténèbres, révéla Tom. Mais pour que les effets soient les plus efficaces, il faut que j'aie avec moi un fourchelang qui soit également lié à Voldemort.

-Donc le jeune Potter aurait parfaitement convenu, comprit Narcissa. Tu ne seras pas le seul à le rechercher.

-Je m'en doute, renifla Tom. Dumbledore doit sûrement être en train de traquer sa marionnette à travers le pays. Il ne laissera pas celui qui lui apportera la Grande Bretagne sur un plateau d'argent lui échapper aussi facilement.

-C'est vrai, pouffa Narcissa.

-Puisque je ne peux rien faire pour le moment, voyons ce que je peux faire d'autre, fit Tom. Penses-tu que je puisse contacter Severus ?

-Je pense, fit Narcissa. Maintenant qu'il a repris les potions et qu'il connait le programme par cœur, ce ne devrait pas être difficile de s'aménager un créneau pour te voir. Qu'as-tu en tête ?

-Je pense qu'il est temps de former l'armée qui nous manque pour vaincre définitivement Voldemort et Dumbledore, déclara Tom.

-Comment ? fronça des sourcils Narcissa. Sauf cas particuliers, tous les adultes sont embrigadés soit par un camp, soit par l'autre. Personne ne s'est rendu compte que les mangemorts le sont devenus après un passage au ministère de la magie voire un kidnapping. Tout le monde pense que les sangs purs et les Serpentards sont capables du pire, y compris mettre le pays à feu et à sang, uniquement parce que Dumbledore conditionne parfaitement les élèves. Nous sommes une poignée à nous rendre compte de ce qui se passe.

-Et c'est cette poignée que je veux réunir, rebondit Tom. Je suis certain que je ne suis pas le seul à avoir vu au-delà des masques de Dumbledore ou à avoir relevé les incohérences de Voldemort.

-A qui penses-tu ? demanda Narcissa

-Ton ami Severus pour commencer, fit Tom. La personne qui nous a mis en contact doit avoir un réseau assez étendu pour nous être utile. J'ai moi-même quelques relations qui ne sont pas dupes concernant les actes de Dumbledore. Et puis, si Lucius est conscient de ce qui se passe …

-Il ne doit pas être le seul, souffla Narcissa. Je veux t'aider.

-Je n'aurais rien fait sans toi, assura Tom. Je crains que nous n'ayons pas beaucoup de temps. Commençons par faire une liste de toutes les personnes qui pourraient être favorables à notre cause, à notre camp gris, à l'alternative à Voldemort et à Dumbledore. Nous n'avons que trop laissé ces sorciers nous malmener.

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Ric se leva alors que l'aube pointait à peine son nez.

Depuis quelques jours qu'il se trouvait sur le domaine de la Rose de Sang, il avait pu se faire intégrer aux protections et aller et venir comme bon lui semblait. Bien entendu, il y avait des endroits où il ne pouvait entrer mais ce n'était pas dans ses intentions de le faire.

Ce jour-là, s'il s'était réveillé tôt, c'était parce qu'il avait un travail important à faire.

Avec l'autorisation de Nolan, il avait emprunté le dossier concernant la vie d'Harry Potter. Il avait l'intention de parler directement avec lui de son enfance mais concernant sa scolarité, il voulait se faire son propre avis lui-même.

Et donc, il avait décidé de faire un saut à Poudlard.

Ric faisait partie des elfes noirs qui avaient conscience de l'existence des dimensions magiques et qui connaissaient plus précisément la plus proche, celle des humains. Mais il faisait également partie de l'infime pourcentage qui y allait régulièrement et qui pouvait s'y fondre sans problème. Il l'avait caché à Nolan car il voulait d'abord l'annoncer à Harry avant toute chose.

Quittant les protections de la Rose de Sang, Ric changea quelques traits de son visage pour être méconnaissable puis emprunta l'un des passages vers la dimension des humains. Sur place, il troqua ses vêtements pour d'autres moins voyants avant de se faufiler dans le monde sorcier. Il fit une razzia dans le kiosque à journaux puis se promena dans les rues du quartier magique avant de se rendre à Pré-au-Lard répéter son manège. Une fois qu'il avait toutes les informations qu'il voulait, il se rendit à Poudlard.

Les alarmes ne réagirent pas à son intrusion, comme il s'y attendait, mais Ric fut vraiment surpris que strictement rien ne réagisse. Inquiet, il se rendit dans le cœur du château pour se faire reconnaître avant d'ouvrir certains lieux verrouillés sur sa signature magique. Il ne réfléchit que quelques instants avant de se faire discret et d'entrer dans les salles communes. Il ne lui avait pas été difficile d'influencer les conversations pour apprendre de nouvelles informations sur son protégé. Il avait été effaré de ce qu'il avait pu entendre mais également déçu de certains propos tenus à l'encontre de l'ancien sorcier devenu elfe.

-Je devais m'y attendre, murmura Ric alors qu'il avait pris ses quartiers dans l'école sans que qui que ce soit ne s'en aperçoive.

La situation était pire que ce qu'il avait imaginé. La dernière fois qu'il avait fait un séjour dans cette dimension, les mentalités commençaient à changer mais là, c'était comme si rien ne s'était passé.

Et ça, il en était hors de question.

Comme sa présence devait être un secret, il lui fallait donc user de subtilité et pour lui, cela voulait dire réduire à néant les idées fausses que répandaient à loisir les deux chefs de la guerre. Il se déplia souplement et examina attentivement la bibliothèque qui se trouvait sous ses yeux. Il sélectionna un livre qu'il feuilleta avant de le refermer d'un coup sec.

Comment Dumbledore allait-il réagir quand l'un des journaux intimes de Salazar Serpentard atterrirait dans la salle commune des vert et argent puis circulerait dans les autres salles communes sans qu'il ne puisse rien y faire ? Et surtout, lorsque le fameux journal détruirait intégralement l'idéologie de Voldemort qui se disait inspirée de celle de Salazar ?

Cela garantirait un joli petit bordel …

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Albus Dumbledore était vraiment hors de lui.

Bientôt deux mois que l'école avait repris et il n'avait toujours pas remis la main sur le gamin ! Il avait fouillé toute l'Europe, le sachant incapable de se tenir loin de ceux qu'il considérait comme sa famille, mais aucune trace. D'ailleurs, pour en profiter, il avait décidé de manipuler le ministère et d'harceler Gringotts pour être nommé comme gestionnaire du patrimoine Potter et Black. Malheureusement, les gobelins étaient bornés et à leurs yeux, Harry Potter n'avait pas disparu. Il avait réussi à faire croire au peuple sorcier que leur héros s'était désisté de son poste – quelques sous-entendus aux bonnes personnes et il avait pu reprendre le contrôle sur ce que pensait le sorcier lambda – mais ces dégoûtantes créatures étaient vraiment fermées à tout … « argument ».

Heureusement, il avait un plan de rechange.

Enfin … c'était s'il arrivait à remettre la main sur Pétunia Evans.

Albus avait réussi à empêcher que les enfants ayant une existence légale dans le monde moldu ne puissent obtenir leur majorité dans ce monde en même temps que dans le monde sorcier. De ce fait, il pouvait se désigner tuteur de ces élèves entre leurs dix-sept et vingt-et-un ans et « négocier » leurs contrats de travail ou leur héritage pour largement prendre sa part. Cela rapportait gros surtout avec les héritiers Sang Pur orphelins qu'il avait pu envoyer dans le monde moldu « pour leur protection », puisqu'ainsi, ils n'avaient pas accès à l'éducation qu'ils auraient dû avoir si leurs parents n'étaient pas morts – par ses bons soins – et donc, ils savaient généralement trop tard qu'ils avaient été à la tête de fortunes colossales, la loi les débloquant à leur majorité moldue sur ses ordres. Harry Potter était donc loin d'être un cas particulier.

Mais le brun était le seul qu'il avait fait réintégrer le monde sorcier après la mort de ses parents. La fausse prophétie avait tellement pris d'ampleur qu'il lui avait été impossible de le faire disparaître sans bruit.

Pour mettre son plan habituel à exécution, il lui fallait donc remettre la main sur Pétunia Evans. Seulement, cette dernière avait quitté le domicile conjugal avec son neveu en laissant son propre fils. Pourtant, il était certain qu'avec le sort qu'il lui avait lancé dans son enfance, elle n'aurait jamais pu abandonner sa famille ! Mais il y avait quelque chose qui avait cloché et tant qu'il n'aurait pas mis la main sur cette satanée moldue, il ne pourrait pas en être sûr.

-Albus ?

Le vieux sorcier se retourna pour se trouver nez à nez avec Minerva McGonagall.

-Entrez et asseyez-vous, invita Albus en se reprenant. Que puis-je pour vous ?

-J'en ai discuté avec Pomona et Filius et nous pensons que pour détendre les élèves dans ce contexte de guerre, un bal serait le bienvenu, annonça Minerva.

-Qu'en dit Severus ? demanda Albus

-Du moment qu'on ne le sollicite pas pour la surveillance, haussa des épaules Minerva.

C'était mot pour mot ce qu'avait dit le maître de potions. Il n'avait jamais été fan des mondanités donc c'était compréhensible.

-Un bal demande beaucoup de préparations, rappela précautionneusement Albus. Et nous sommes tous particulièrement occupés …

-Nous comptions mettre à contribution des volontaires, coupa Minerva. Mieux, désigner plusieurs équipes regroupant des membres des différentes maisons. S'il le faut, avec à la clé, un certain nombre de points pour collaboration.

-Pour Halloween … protesta Albus.

-Nous n'avions pas l'intention de faire quoi que ce soit pour Samain, déclara sèchement Minerva. Nous étions plutôt pour le début du printemps.

Albus s'arrêta un instant sur l'idée. Il savait qu'il existait des rituels de puissance en lien avec l'équinoxe de printemps et il serait fou de ne pas en profiter. Comme il avait la mainmise sur l'école, ça lui serait plus qu'aisé de se servir de l'événement à son bénéfice.

-Pourquoi pas ? accepta Albus. Si vous pouviez me proposer un plan d'organisation dans les plus brefs délais ….

-Vous l'aurez rapidement, sourit Minerva. Je vais m'y mettre immédiatement. Bonne journée, Albus.

La maîtresse de métamorphoses quitta rapidement le bureau du directeur pour se rendre dans celui de Filius Flitwick où se trouvaient les autres directeurs de maison. Une tasse de thé plus tard, Minerva raconta son entretien.

-Vous aviez raison, soupira Minerva. Il a changé d'avis dès que j'ai parlé de la date du bal. Pourquoi le début du printemps, Severus ?

-A cause de l'équinoxe, répondit Severus. Beaucoup de rituels de haute magie ont lieu à ce moment-là ou encore lors des solstices.

-Dumbledore ne crachera jamais sur encore plus de puissance, concéda Filius. Si on se fie aux manipulations qu'il a faites au niveau de l'école.

-Ils ont raison, déclara Pomona.

Minerva soupira. Depuis l'attaque des mangemorts à la fin de l'année scolaire dernière, les quatre directeurs de maison avaient découvert de nombreuses choses concernant leurs fonctions, à commencer par une salle spéciale qui leur était réservée. Dedans, ils avaient découvert une copie de la charte de Poudlard rédigée par les Fondateurs qui était très loin de celle qu'ils connaissaient tous. Ils avaient notamment découvert qu'ils étaient censés être en charge des protections de l'école au même titre que le directeur de l'école mais que depuis qu'Albus Dumbledore était entré à l'école en tant que professeur, les directeurs avaient lentement abandonné leurs charges.

Et lui avait détourné une grosse partie de la puissance destinée à la protection de l'école.

Cela avait indigné les quatre professeurs quand ils avaient compris que toutes ses années, Dumbledore avait délibérément risqué la vie d'enfants, encore plus pendant les différentes guerres contre Voldemort.

-On continue alors ? demanda Minerva

-C'est plus sûr, fit Pomona. Si nos soupçons sont confirmés, alors ce bal sera le seul moyen de protéger l'école d'Albus.

Aucun d'entre eux n'était rassuré. Outre le fait de leur confirmer la duplicité d'Albus Dumbledore, l'organisation du bal avait également pour but de définir tous les actes dont le directeur s'était rendu coupable envers l'école et de ses habitants. Chaque directeur avait été « contacté » par l'entité millénaire qu'était Poudlard quelques jours auparavant qui avait mis à jour tous les dysfonctionnements existants. Il n'en avait pas fallu plus qu'ils se mettent à imaginer un plan pour rattraper le coup.

Vérifiant qu'on n'allait pas les chercher dans les prochaines heures, Minerva, Pomona, Filius et Severus se mirent à comploter.

§§§§§

Bouboum. Bouboum. Bouboum.

Les battements de son cœur étaient toujours aussi assourdissants. Depuis le temps, il devait s'y être habitué, non ?

Bouboum. Bouboum. Bouboum.

S'il se fiait au rayon de lumière qui filtre en-dessous de la porte, ça devait être le matin, ou dans pas très longtemps.

Comparé aux premiers temps où il s'était retrouvé ici, il pouvait maintenant déterminer presqu'avec précision à quel moment de la journée il se trouvait. Quant à la date …

Bouboum. Bouboum. Bouboum.

Il fallait qu'il se lève s'il ne voulait pas passer une journée inconfortable, au mieux. Le fin drap glissa le long de son corps nu et il s'assit sur la paillasse qui lui servait de lit. Il attendit quelques instants avant de se lever et utilisa les sanitaires pour se soulager. Quand il eut assez de lumière, il commença ses exercices. Depuis qu'il était enfermé dans ces dix mètres carrés, il se forçait à faire de l'exercice de manière régulière. Les premiers temps, il avait fait quelques ajustements – c'était quand il n'avait pas compris qu'il aurait qu'un repas frugal par jour et avait perdu connaissance plus d'une fois – mais très vite, il avait établi un rituel réglé comme du papier à musique.

C'était soit ça, soit il s'ouvrait les veines. Malheureusement, il avait juré de survivre.

La poisse …

Du jour au lendemain, il s'était retrouvé dans cet endroit déprimant et il luttait depuis de toutes ses forces pour ne pas perdre la tête. Il ne savait pas pourquoi il avait été kidnappé mais il en avait une petite idée – idée qui se confirmait au fur et à mesure que le temps passait.

Ses exercices faits, il prit ensuite une douche – froide, il n'avait évidemment pas droit au minimum de confort, il ne fallait pas exagérer – puis utilisa le drap qu'il avait sacrifié pour se sécher. Il enfila l'une des deux tuniques à sa disposition et se rassit sur sa paillasse pour attendre son repas.

Il n'avait eu aucun contact avec ses ravisseurs depuis son emprisonnement, même quand ses repas étaient amenés. Une trappe avait été aménagée dans la porte et le plateau était poussé sèchement à l'intérieur de la cellule. Bien entendu, il n'avait aucun couvert, comme il n'avait pas de rasoir ou de ciseaux. On ne voulait pas qu'il puisse s'enfuir par la mort …

Quand il ne faisait pas ses exercices, il s'adonnait à l'un de ses passe-temps favoris en temps normal mais qui était devenu l'une des premières depuis qu'il était là. Plus que le fait de se maintenir en force, c'était ça qui l'avait réellement sauvé.

Une voix mélodieuse s'éleva dans la pièce close. S'il prenait plaisir à chanter, c'était surtout pour exercer sa voix et ne pas oublier ce que les chants lui rappelaient. C'était une bonne alternative ou sinon, il aurait dû se parler à lui-même et là, il n'aurait pas garanti l'intégrité de sa santé mentale. Personne n'était venu pour lui dire d'arrêter donc il partait du principe que ses geôliers n'étaient pas contre. Sinon, ils seraient venus depuis longtemps.

D'une main distraite, il se leva et caressa les murs de pierre brute qu'il avait « décorés » à sa manière.

Un trait qui symbolisait un jour passé dans cette prison.

Quand il s'était aperçu qu'il venait d'y passer un siècle dans l'indifférence la plus totale, ça avait été vraiment l'un des moments les plus durs de sa vie. Il avait passé en revu tout ce qu'il avait manqué, tout ce qu'il aurait pu faire s'il avait été libre … et avait tenté de se suicider. Mais sa magie avait été largement contre et l'avait soigné contre son gré. Il avait recommencé quatre fois avant de comprendre que sa magie, même s'il ne pouvait plus l'utiliser comme bon lui semblait, avait d'autres projets pour lui. Visiblement, elle se chargeait de le garder en vie physiquement parlant et lui n'avait qu'à ne pas devenir fou et à garder espoir. Petit à petit, c'était ce qu'il avait fait et il avait décidé de s'occuper l'esprit. D'où le fait de se forcer à garder la forme et à chanter.

Ça et à fortifier ses boucliers occlumens.

Quand il était encore libre, la magie de l'esprit n'était pas sa tasse de thé. Il avait les bases mais n'était pas capable d'utiliser par exemple la legilimencie dans sa pleine mesure. Pour compenser, il était très habile avec les mots, sachant naturellement quoi dire pour que son interlocuteur finisse par avouer tous ses sombres secrets. Mais comme il était désormais seul, il fallait qu'il s'occupe intelligemment et l'occlumencie était un bon compromis.

Il en avait profité pour apprendre à se connaître lui-même puis à connaître les limites de sa prison.

Maintenant, s'il pouvait être libéré … Mille ans commençaient à devenir long …