Ne jamais sacrifier l'innocence des enfants

Nva n'était pas un enfant comme les autres.

Il n'avait peut-être qu'une trentaine de lunes mais il avait parfaitement compris que dès que son père avait disparu, c'était sur lui que le peuple faë comptait pour le représenter et le protéger. Il concédait qu'il était encore un enfant mais rien de nouveau sous le soleil pour un prince faë.

Alors pourquoi un elfe noir se permettait de se présenter au palais royal armé jusqu'aux dents pour soi-disant le protéger ?

Il n'avait rien contre ce peuple voisin mais cet émissaire ne lui inspirait pas confiance. Ni à lui, ni à l'esprit de sa mère qui le guidait depuis que son père était mort. Ce dernier reviendrait dans trois lunes d'obsidienne, comme le rituel royal le lui permettait, mais en attendant, il devait se débarrasser des chacals qui lui tournaient autour. Dont cet elfe noir.

Sa mère n'était pas sereine. Elle lui avait murmuré que ce dernier lui portait un regard très étrange mais également adorait regarder la cour de la garderie quand les enfants étaient dehors alors que cet endroit était gardé secret des étrangers. Toujours sur le conseil de sa mère, outre une garde plus importante, il avait invoqué l'esprit des anciens pour protéger magiquement ses pas et ses appartements. Plusieurs serviteurs avaient remarqué que ce Chotan se promenait très souvent dans les couloirs du palais et faisait semblant de s'être perdu mais qu'il revenait très souvent devant le couloir où Nva disparaissait pour rejoindre son lit.

Et les rumeurs autour de lui étaient inquiétantes.

Heureusement, parmi toutes les personnes qui espéraient que le changement de pouvoir leur serait favorable, il pouvait compter sur des alliés, parfois assez inattendus.

C'était pour cela qu'il se trouvait dans la maison de vacances de sa famille avec sa grande cousine Crestell qui vivait dans le secret le plus total avec une elfe noir, Yana. Pour éviter le scandale, le couple avait construit leur maison dans la zone frontalière entre elfes noirs et faë. Les barrières de protection étaient telles qu'on voyait deux maisons indépendantes mais relativement proches l'une de l'autre au lieu de l'immense maison qu'elles avaient construite pour protéger leur amour. Crestell avait volontiers renoncé à son nom qui la reliait à la famille royale aussi bien pour se protéger que pour protéger sa famille ce qui faisait que plus personne ne se doutait aujourd'hui de son existence. Mais leurs familles respectives ne voulaient pas les abandonner à leur sort et faisait en sorte de leur rendre visite et garder le contact le plus souvent possible. Enfin, quand ils n'avaient pas exprimé leur profond dégoût pour le couple hors norme, cela s'entendait.

Bref, pour cela, la famille royale faë avait établi ses quartiers non loin pour aller voir Crestell. Pour Nva, elle était ce qui se rapprochait le plus d'une mère et elle était d'aussi bon conseil que l'esprit de sa mère. Yana n'était pas en reste et après avoir passé outre les préjugés concernant les elfes noirs, la famille royale avait compris qu'ils étaient des personnes comme les autres.

Mais ce n'était pas uniquement du réconfort que Nva était venu chercher dans la maison de Crestell. Non, il voulait les conseils de Yana mais surtout ceux de sa mère Milena.

Cette dernière était arrivée peu après la mort de son père pour le prévenir qu'il courrait un grand danger. Bethany, la mère de Nva, avait fait part à Crestell et Yana de ses inquiétudes à propos du conseil des elfes noirs qui ne semblait plus œuvrer pour le peuple elfe depuis un certain moment. Leur longévité jouait en la défaveur des faë et elle ne voulait pas que ses enfants et son peuple puisse tomber dans un piège. Milena était arrivée et avait largement confirmé ses soupçons. Mais Nva, même s'il était jeune, avait bien compris que les trois femmes lui cachaient un fait important concernant Chotan. Car lui dire qu'il fallait particulièrement se méfier de l'elfe noir sans lui dire pourquoi avait aiguisé sa curiosité. C'est en se promettant de chercher que l'enfant faë s'était endormi.

Au rez-de-chaussée, Milena, Crestell et Yana arboraient un air sombre.

-Pourquoi oser envoyer un pédophile vers Nva ? s'indigna Crestell

-Même si c'est complètement immoral, ce n'est pas une mauvaise stratégie, soupira Yana. Les victimes d'harcèlement et d'abus se renferment généralement sur elles-mêmes. Par la menace, les bourreaux peuvent obtenir tout ce qu'ils veulent. Et Nva est encore très jeune …

-Vous les elfes noirs, vous avez des mœurs très bizarres ! déclara Crestell

-Ce ne sont pas les vôtres, sourit doucement Milena. Mais rassure-toi, les bourreaux d'enfants sont très rares et quand ils sont attrapés, ils ne bénéficient d'aucune clémence. Le cas de Chotan est exceptionnel puisqu'il a le conseil dans sa poche et que les victimes qui ont pu lui échapper ont dû être soigneusement cachées pour qu'il ne les fasse pas tuer. Tant que les membres du conseil auront autant de pouvoirs, nous ne pouvons rien faire.

-Quelque chose se prépare donc, devina Yana.

-Le seigneur du Domaine Incandescent s'active, annonça Milena.

Yana se redressa.

-Le seigneur Agni sort de sa retraite ? s'étonna Yana. Que s'est-il passé ?

-Le destin, sourit Milena. Le destin se met en marche, ma fille.

§§§§§

En parlant du seigneur Agni, Ric continuait son petit bonhomme de chemin dans le monde des humains.

Après le Chemin de Traverse, Pré-au-Lard et Poudlard, il se rendit sur les grands lieux de pouvoirs. Il fit donc un saut à Stonehenge et aux Orcades puis il se rendit à Westminster et à Canterbury, lieux de cultes chrétiens battis sur des nœuds de magie au même titre que les deux premiers. C'était assez drôle quand on y réfléchissait, surtout que pour les religieux, la magie était la marque du diable.

Mais son amusement tomba rapidement lorsqu'il se rendit compte que la magie ambiante, en plus d'être beaucoup plus sauvage que la dernière fois où il était venu, était vraiment bien plus faible. Il était conscient que les progrès technologiques avaient beaucoup d'impact sur la nature mais pas au point que la Magie en soit lourdement menacée.

Perturbé, Ric se rendit dans un dernier endroit.

-Dobby, appela Ric.

-Bonjour, seigneur Ric, s'inclina Dobby après quelques instants.

-En combien de temps penses-tu pouvoir remettre en état cette demeure ? demanda Ric en lui désignant la bâtisse en face d'eux.

-Je sens votre magie dans les protections, nota Dobby.

-Je sais, souffla Ric. Penses-tu réactiver les sorts présents également ?

-Si vous permettez à Dobby de visiter les lieux, demanda Dobby. J'en aurais pour quelques instants.

-Vas-y, autorisa Ric.

Dobby revint cinq minutes plus tard.

-Il sera simple de réactiver les sorts, assura Dobby. Le nettoyage prendra un peu plus de temps si je m'en charge seul.

-Je ne suis pas spécialement pressé, avoua Ric. Cette maison est pour Harry quand il rentrera dans ce monde.

-Avec votre permission … hésita Dobby.

-Je t'écoute, fit Ric.

-Je connais une elfe de maison, déclara Dobby. Elle pourrait se charger du nettoyage pendant que je restaure les protections.

-Je sais comment vous fonctionnez, soupira Ric. Mais notre peuple ne peut pas vous soumettre en esclavage. Notre magie ne nous le permettrait pas.

-Le serment des sorciers ne convient pas, confirma Dobby. Mais vous pouvez faire un contrat magique.

-Ce n'est pas faux, concéda Ric. Es-tu sûr de ton amie ?

-Certain, assura Dobby. Il faut juste que j'organise son départ sans risques.

-Je te laisse faire, accepta Ric. Pendant ce temps, je vais réfléchir aux termes du contrat. Tu n'en as pas besoin ?

-Je suis lié au maître Harry, répondit Dobby. Pas par le contrat classique des sorciers mais par un lien d'Amitié. Nous nous sommes mutuellement sauvés la vie.

-Je comprends, sourit Ric. Je te fais confiance.

-Combien de temps pensez-vous rester ici ? demanda Dobby

-Dans ce monde, tu veux dire ? sourit Ric. Encore quelques jours, j'ai un projet sur le feu. Dès qu'il aura avancé, j'irais torturer ton cher maître.

§§§§§

C'était rare mais pour une fois, Hermione et Neville se retrouvèrent seuls alors qu'ils avaient un moment de libre. Sans même se concerter, ils se rendirent dans la salle sur demande qui prit la forme d'un confortable salon avec une cheminée qui diffusait une chaleur bienfaisante. Chacun s'installa dans un immense fauteuil et savoura sa tasse de thé – Neville – ou de café – Hermione.

-Cela fait vraiment bizarre qu'Harry ne soit pas là, fit Neville après un confortable moment de silence.

-Pourtant, il ne nous manque pas, compléta Hermione. Il est juste dommage que nous ne puissions pas être à ses côtés.

-C'est vrai, sourit Neville. Mais même s'il n'est pas là, il faut nous préparer à son retour. Nous savons tous les deux que dès qu'il reviendra, ce sera un tournant de la guerre et j'espère aussi que ça en sera la fin. C'est pour cela que mon père nous aide.

Franck Longbottom venait en effet toutes les semaines faire un compte-rendu des affaires de la famille. Officiellement. Dès que c'était expédié, les amis de son fils les rejoignaient pour vérifier leurs acquis. Etrangement, la salle sur demande s'était transformée en salle temporelle et les Dragons en avaient largement profité, d'autant plus que le directeur ne semblait pas être au courant. Leur niveau avait donc augmenté depuis trois mois mais ils étaient assez intelligents pour ne pas le montrer au monde entier.

-C'est comme avec l'Armée de Défense, sourit Hermione. Mais en comité réduit, nous allons plus vite et nous apprenons bien plus. Je ne me doutais pas que ce qu'on considérait comme la magie « noire » était comme cela.

-Je sais, sourit Neville. Mais la première chose que Dumbledore a faite en prenant la tête de l'école a été de faire renvoyer le professeur d'arts occultes pour une raison inconnue. Ensuite, il a tellement dénigré cette matière qu'elle a cette réputation. Voldemort n'a eu qu'à en profiter pour s'implanter.

-A ce propos, fronça des sourcils Hermione. Comment ça se fait que les motivations de Voldemort soient aussi vagues ?

-Je ne peux pas te répondre, soupira Neville. Ce mouvement est tellement secret qu'il est étonnant qu'on connaisse son nom et son chef. Et les plus importants de ses membres.

-Sait-on comment ils prennent la marque ? demanda Hermione

-Pas vraiment, hésita Neville. Mais je sais qui pourrait nous le dire.

-Qui ? demanda Hermione

-Le professeur Snape, répondit Neville.

-Je n'y avais pas pensé, rougit Hermione. Mais est-ce qu'il va accepter de répondre à nos questions ?

-Nous ne saurons pas tant que nous ne lui demanderons pas, haussa des épaules Neville.

Il savoura une gorgée de thé avant de reprendre la parole.

-Est-ce que tu as vu comment les journaux ont une nouvelle fois retourné leur veste et accusé Harry de tous les maux ? critiqua Neville

-Ça en devient lassant, soupira Hermione. C'est pour cela qu'on nous harcèle moins ?

-Il y a des chances, fit Neville.

-Comment on peut faire pour faire comprendre au monde sorcier qu'Harry ne leur doit rien ? demanda Hermione

-Il y a une solution, hésita Neville. Mais il va falloir en discuter avec Harry.

-Qu'as-tu en tête ? demanda Hermione

-Je pense que le mieux est de rappeler qu'Harry, avant d'être le Survivant, est l'Héritier Potter et aussi l'Héritier Black, déclara Neville. En tant que tel, par ces deux familles, il tient une grosse partie de l'économie britannique dans sa main. Il devrait même commencer à retirer ses capitaux de la Grande Bretagne pour qu'il leur fasse comprendre qu'il n'est pas leur jouet mais eux si. Sans compter qu'avec Draco, Théo et Blaise, nous pourrions mettre à genoux le peuple sorcier mieux que Voldemort.

-Uniquement parce que vous êtes les propriétaires des principales entreprises du pays ? s'étonna Hermione. Je savais que vos familles étaient importantes mais pas à ce point.

-Généralement, les élèves ne le découvrent que quand ils quittent Poudlard, ricana Neville. Et donc, ils s'en mordent les doigts quand ils s'aperçoivent que celui ou celle qu'ils prenaient pour leur tête de turc était en fait leur futur employeur.

-Pourquoi ? demanda Hermione

-C'est lié au cours d'histoire des sorciers que Dumbledore a supprimé, répondit Neville. La plupart des familles Sang Pur sont intimement liés à l'histoire sorcière de la Grande Bretagne. Sans la plupart de nos ancêtres, le pays aurait été trois voire quatre fois plus souvent ravagé par des guerres ou encore des épidémies. Ce cours montre également que les Sang Pur sont le lien le plus étroit entre les sorciers et la Magie. Mais en supprimant ce cours, les enfants n'apprennent pas les subtilités de leur nature et donc, n'aident pas la Magie à prospérer.

-Si je traduis bien, tu es en train de me dire que Dumbledore est en train de tuer la Magie pour sa propre gloire ? fronça des sourcils Hermione

-C'est l'idée la plus répandue, acquiesça Neville. C'est l'une des raisons pour laquelle il y a très peu de Serpentards qui apportent leur soutien au directeur. Ils sont conscients de ce qui se passe à cause de ses décisions.

-D'accord, articula Hermione. Alors que vient faire Harry dans l'histoire ? Dumbledore s'est beaucoup immiscé dans sa vie.

-C'est flou, quand on y pense, avoua Neville. Il a déjà eu la responsabilité de plusieurs héritiers Sang Pur mais jamais il n'a été aussi présent dans leur vie. Et contrairement à ce qu'on pourrait croire, Harry n'est pas le plus important d'entre eux. Je ne m'avancerai pas sur le sujet sans plus d'éléments.

-Je comprends, hocha la tête Hermione.

La jeune femme plongea dans ses pensées avant de reprendre la parole.

-Je suis en train de me rendre compte qu'au lieu de me concentrer sur mes examens ou encore de baver sur les mecs canons de l'école, je me prépare à la guerre, rit Hermione. Ce n'est vraiment pas la vie d'une adolescente normale.

-Ce n'est pas une situation normale, souligna Neville en souriant. Dès que nous avons mis les pieds dans cette école, nous savions que nous devions jouer un rôle à l'opposé de nos personnalités respectives. Nous avons joué le jeu pour passer sous les radars et maintenant, nous devons naviguer sur tous les plans pour être libres de nos actes et qu'on ne les récupère pas à d'autres fins que les nôtres.

-En plus, ajouta Hermione, il faut préparer le terrain pour que quand Harry reviendra, on soit prêt à tout balayer sur notre passage.

-On dirait que tu as quelque chose contre ce monde, taquina Neville.

-Allez, arrête ! grogna Hermione. Il est resté figé à l'ère industrielle ! C'est à la limite si je ne m'attends pas à voir des voitures à chevaux ! Sans oublier que rien n'est fait pour pousser les élèves à évoluer ! Tout doit être fait comme nos ancêtres !

-Doucement ! rit Neville. Tu prêches un convaincu, tu te rappelles ?

-Dis … fit Hermione. Comment on en est venu à soupçonner Dumbledore ?

Neville réfléchit quelques instants pour rassembler ses idées.

-Ce n'est pas venu tout de suite, déclara Neville. Comme je te l'ai dit, nous avions convenu de nous couler dans les moules qu'on nous réservait. Nous savions que nous devions affronter en temps et en heure les regards des élèves et la pression du peuple sorcier. L'histoire de la pierre philosophale ne nous a pas alerté parce que nous étions des enfants malgré tout et qu'il s'agissait d'une grande aventure. Je pense que ça nous a vraiment frappé pendant la cavale de Sirius Black.

L'air perdu de la brune le poussa à préciser ses pensées.

-L'arrivée des détraqueurs autour de l'école nous a frappé par son absurdité et sa dangerosité, rappela Neville. Les détraqueurs avaient gardé Sirius et il avait quand même réussi à s'évader. Ils se nourrissent des sentiments positifs des sorciers et leur influence à court terme est unanimement reconnu comme néfaste mais ça n'avait pas choqué le ministère de les placer auprès des nouvelles générations. Merde, Harry a failli être embrassé par une centaine d'entre eux ! Sans oublier le fait que le professeur de défense était un loup garou qui se transformait dans un endroit connu par ledit évadé ! Ce sont ces incohérences qui nous ont fait comprendre que rien n'aurait pu être possible sans la complicité de Dumbledore. L'inscription d'Harry au Tournoi des Trois Sorciers a achevé de nous convaincre.

Hermione hocha la tête. A l'époque, elle avait lu tous les ouvrages se référant à l'événement et toutes les versions avaient vu certains candidats, notamment les plus jeunes, se rétracter sans perdre leur magie. D'ailleurs, dans ce cas de figure, la Coupe de Feu pouvait faire une nouvelle sélection dix jours après la première où des conditions plus restrictives étaient appliquées. Alors apprendre que le directeur, à l'origine de la renaissance de la compétition, ne pouvait rien faire pour l'inscription d'Harry leur avait mis la puce à l'oreille. Ça n'avait pas arrangé les choses quand il s'était avéré que le professeur de défense, un ami proche de Dumbledore de surcroît, était en réalité un mangemort censé être mort depuis plus de dix ans. Il était d'ailleurs assez étonnant que personne ne s'était interrogé sur le fait que Dumbledore n'ait pas eu de doutes alors que celui qui était soi-disant un ami très proche avait été remplacé par un sorcier gardé emprisonné pendant plus de dix ans par son propre père et qui n'avait virtuellement pas le temps de l'observer assez de temps pour se conduire aussi parfaitement que le vrai. Mais visiblement, on ne pouvait pas accuser de malhonnêteté le grand Albus Dumbledore …

-Les événements suivants ont apporté de l'eau dans notre moulin, murmura Hermione. Ombrage ne pouvait pas être nommé professeur de défense sans l'accord de Dumbledore puisque le conseil international des sorciers a édicté des règles très claires concernant le recrutement des professeurs. Dumbledore, en tant que directeur de Poudlard, est le garant du respect de ces conditions et même le ministère ne peut passer outre sans attirer l'attention du CIS. Mais quand on sait que Remus Lupin n'avait pas plus de qualifications qu'elle et qu'il a pu enseigner pendant toute une année …

-Je pense qu'il s'est calmé l'année dernière, remarqua Neville.

-Parce qu'Harry semblait aller mal, répondit Hermione. Dumbledore a tenté tout au long de l'année de devenir son mentor sauf qu'il ne voulait pas avoir à faire au directeur.

-Et maintenant … souffla Neville. Heureusement qu'Harry est parti.

-On peut dire ça, marmonna Hermione.

-Qu'est-ce qui se passe ? fronça des sourcils Neville

-C'est étrange que Dumbledore ait lâché l'affaire aussi vite, avoua Hermione. S'il y a bien une chose que l'on sait sur lui, c'est qu'il est tenace. Or, depuis que ta grand-mère et celle de Ginny sont venues dans son bureau, il n'a rien tenté pour nous arracher la localisation d'Harry. Et ça m'inquiète.

-Tu n'as pas tort, concéda Neville. Mais rappelle-toi, nous sommes tous majeurs, mis à part Astoria, Ginny et Luna qui sont toutes protégées. S'il prend le risque de s'en prendre à elles, je ne donne pas cher de sa peau.

-Ça serait marrant que les Dragons s'en prennent ouvertement à lui, rit Hermione.

§§§§§

Andromeda avait signé un contrat avec l'héritier Black pour s'occuper du cas d'Harry Potter. Le fait qu'elle ne puisse pas parler directement au jeune homme avait posé un problème mais il avait vite été balayé par le fait qu'elle devait d'abord s'occuper de décrédibiliser Vernon Dursley à la fois par la plainte de son ancien employé et surtout vis-à-vis du divorce de Pétunia Evans. Dès qu'il serait condamné avec pertes et fracas, elle pourrait songer à l'attaquer pour maltraitance, coups et blessures ainsi que tortures sur mineur.

L'ancienne Black s'était donc mise au travail. Elle avait repris les dossiers de son défunt époux et s'était replongé dedans. Elle avait relu attentivement les conclusions des enquêtes menées par leurs détectives privés avant de les rappeler pour qu'ils puissent approfondir certains points. Elle avait également repris contact avec le plaignant qui avait assez heureux qu'elle reprenne son affaire malgré la grande perte qu'elle avait subie.

Reprendre une affaire qui la touchait lui avait fait réellement remonter la pente après la mort de Ted. Elle ne l'oubliait pas mais désormais, elle pouvait continuer à avancer dans la vie. Il lui restait la famille Black et même si pour le moment, elle était toujours reniée, elle avait bon espoir que l'héritier de la famille parle en sa faveur au chef du clan et lui permette au moins de retisser des liens avec sa famille de sang et qui sait, renouer librement avec sa sœur Narcissa. Quand elle avait tourné le dos à sa famille pour épouser celui qu'elle aimait, elle n'avait eu que trois regrets, quitter Narcissa, Sirius et Regulus. Elle avait déjà perdu tout espoir pour Bellatrix, déjà envoûtée par la personnalité de Voldemort et conquise par son combat. Mais Narcissa, malgré le fait qu'elle ait déjà été séduite par le physique de Lucius, son fiancé, était encore jeune et n'avait pas encore vu les ravages de Voldemort sur ses suivants. Quant à ses cousins Sirius et Regulus, elle avait déjà eu à faire avec le caractère entier de l'aîné et celui plus soumis mais tout autant déterminé du cadet mais elle avait senti qu'un jour ou l'autre, ils se heurteraient à leurs parents et leur vision biaisée des principes de la famille.

Habillée dans un tailleur moldu strict, Andromeda faisait de longues enjambées pour rejoindre la salle d'audience. Malgré sa cinquantaine bien tassée, bien des regards se retournaient sur son chemin, merci à la magie qui augmentait leur longévité et qui ralentissait beaucoup leur vieillissement, ce qui faisait qu'on ne lui donnait à peine la quarantaine. Arrivée devant son client, elle le salua mais fut interrompue par les vociférations de l'accusé, qui comparaissait libre, qui avait reconnu son employé. Il se figea lorsque son regard se porta sur l'avocate.

-Vous êtes l'un de ces monstres ! éructa Vernon Dursley. Passe encore que vous refiliez l'un de vos bâtards à d'honnêtes gens sans qu'ils n'aient la possibilité de refuser, il faut aussi que vous nous créiez des problèmes ! J'aurais dû noyer ce petit salopard dès que j'en ai eu l'occasion ! Le vieux nous avait pourtant prévenus et voilà où j'en suis ! Ce salaud de Potter porte malheur !

Alors que son avocat le tirait par la manche et lui parlait pour le calmer, les pensées d'Andromeda s'entrechoquaient. A moins de se tenir au courant des informations du monde sorcier, les moldus hébergeant des sorciers mineurs ne pouvaient pas reconnaître des personnes nées de sorciers. Or, il semblait clair que Vernon Dursley l'avait reconnue comme telle. Seulement, son seul contact avec leur monde restait Harry et aux vues de son discours enflammé, il en avait une opinion très négative et il ne chercherait pas à en savoir plus que le strict minimum. Sa photo était apparue dans les journaux sorciers après sa fuite de la famille Black et cela datait de plus de trente ans. Même après son reniement – qui, pour une raison obscure, avait été mentionné dans les journaux alors que ça n'aurait jamais dû être le cas – sa photo n'avait pas été publiée. On aurait pu établir une ressemblance avec Sirius Black mais il fallait réellement regarder attentivement pour s'en apercevoir.

La raison la plus plausible pour laquelle un moldu qu'elle ne connaissait pas ait pu la reconnaître était qu'on avait dû lui montrer une photo récente d'elle. A cause de son emploi mais également de reniée Black, dès qu'elle mettait un pied dehors, elle s'entourait d'une protection qui empêchait quiconque de prendre quoi que ce soit d'elle, y compris des images comme des mèches de cheveux ou de sang.

Seulement … pourquoi vouloir que Vernon Dursley sache qui elle était ? Cela faisait remonter en elle des doutes qu'elle avait eu une quinzaine d'années auparavant, lors de la mort des Potter. Dans le plus grand secret, elle avait fait la connaissance du couple et de leur nouveau-né et elle s'était lié d'amitié avec Lily Potter. Au détour d'une conversation, cette dernière avait déclaré que si le meilleur ami de son mari ou le sien ne pouvait pas s'occuper d'Harry s'il leur arrivait quelque chose, elle aurait adoré qu'Andromeda récupère sa garde, puisqu'elle connaissait aussi bien le monde sorcier et Sang Pur que le monde moldu. C'est ainsi que l'avocate avait compris qu'elle serait couchée sur les testaments du couple. Mais après leur mort, elle n'avait jamais été conviée à la lecture des testaments et avait appris avec effarement qu'Albus Dumbledore s'était chargé de mettre l'enfant en sécurité.

Il fallait absolument qu'elle tire cette histoire au clair. En attendant, sa haine irraisonnée pour l'avocate de son adversaire qu'il n'était pas censé connaître allait lui servir pour faire couler Vernon Dursley …