Les secrets de chacun
Harry rêvassait, encore bercé par la célébration du solstice d'hiver, l'un des événements phare des elfes noirs, lorsqu'on frappa à la porte. Rapidement, il se releva et vérifia sa tenue avant d'ouvrir.
-Ric ? s'étonna Harry
-Viens, il faut que nous discutions, fit l'elfe.
Tous les deux se rendirent dans les appartements de l'aîné et s'y installèrent.
-J'ai besoin de ton aide, annonça Ric.
-Ce serait avec plaisir mais je viens d'arriver, rappela Harry. Pourquoi ne pas avoir demandé à Nolan ou à Celeb ?
-Si je veux être honnête avec toi, c'est parce que tu n'as pas encore d'identité officielle ici, répondit Ric. Mais il y a aussi le fait que ton expérience dans la dimension des humains fait que tu appréhendes différemment nos pouvoirs et donc, que tu n'es pas conditionné à penser comme nous. Et c'est de ça dont j'ai besoin.
-J'imagine que c'est dangereux, puisque Nolan n'est pas là ? devina Harry
-Je préfère qu'il ne soit pas mêlé à cette histoire, confirma Ric.
-En quoi ça consiste ? demanda Harry
-Normalement, Kali, Melia et Fin ont dû te raconter l'histoire de notre peuple, fit Ric.
-Les grandes lignes, confirma Harry.
-Tu sais également que j'ai déjà vécu de nombreuses années, sourit Ric.
Pour toute réponse, Harry lui tira la langue. Cela faisait un moment que le jeune elfe tentait de lui arracher son âge exact mais il n'avait pas encore réussi.
-Sais-tu pourquoi les grandes familles de guerriers ne se mêlent pas de politique ? demanda Ric
-J'imagine que ça a un rapport avec toi, devina Harry.
-C'est exact, répondit Ric. Le conseil des elfes noirs, avec Eutar à sa tête, m'a dérobé quelque chose de très précieux et m'a fait chanter. Tu vas me dire, j'aurais pu aller le récupérer mais les protections me repoussent spécifiquement et je ne connais pas beaucoup d'elfes assez puissants qui voudraient me rendre ce service, non sans me demander une dette magique.
-Même Nolan ? écarquilla des yeux Harry
-Le cas de Nolan est particulier, s'excusa Ric. Il a perdu toute sa famille peu avant qu'il n'entame sa transformation ce qui a fait craindre qu'il ne survive pas. J'ai dû intervenir pour ne pas qu'on l'y … aide.
Harry frissonna. S'il traduisait bien, on avait souhaité que Nolan rejoigne sa famille dans la mort. Ses ennemis devaient être puissants mais également inquiets qu'il vive.
-Enfin bref, se secoua Ric. Tu es là et je voudrais que tu m'aides à récupérer ce que le conseil m'a pris.
-Comment ? demanda Harry
Ric fit venir à lui de grandes feuilles.
-Voici les plans originaux du bâtiment en question, répondit Ric. J'ai réussi à me les procurer il y a quelques temps et j'ai eu le temps de les étudier. J'ai également les horaires des patrouilles et les heures des repas et de repos.
-J'imagine que vous avez également établi quel serait le chemin le plus sûr, se douta Harry en se penchant sur les documents.
-Oui, confirma Ric. J'aimerai que nous y allions dès demain.
-Pourquoi aussi tôt ? s'étonna Harry
-Comme tu le sais, nous sommes tous Enfants de la Magie et de ce fait, nous entrons en osmose avec elle lors des équinoxes et des solstices, rappela Ric. Certains mettent jusqu'à huit jours pour se remettre donc arbitrairement, la vie reprendre neuf jours après le solstice.
-Autant le faire le plus vite possible, en conclut Harry.
Comme il l'avait compris dans son adolescence, il n'était pas doué avec les plans tout établis et n'avait jamais de chance avec eux. Il faisait des merveilles sous pression donc il décida d'apprendre tous les documents qu'il avait sous les yeux par cœur – au pire des cas, il pouvait toujours les consulter grâce à la legilimencie – et adapter ses pas en fonction de la situation.
-Je serais prêt, fit Harry.
§§§§§
Devant l'augmentation des nés de moldus dans la société sorcière, les sorciers comme les sangs purs avaient adopté certaines de leurs coutumes. Le fait de donner des cadeaux à Noël était donc passé dans les mœurs sorcières et après la célébration de Yule, qui ne coïncidait que rarement avec le Noël moldu, les sorciers s'échangeaient des cadeaux. Enfin, s'ils fêtaient Yule.
Les invités du manoir Malfoy avaient cédé à la nouvelle tradition et chacun avait cherché des cadeaux pour les autres. Les premiers jours de vacances avaient essentiellement servi à cela et les plus jeunes avaient décidé d'y aller ensemble, une façon de montrer à la population sorcière que les rumeurs rapportées de Poudlard n'en étaient pas et que des Serpentards pouvaient côtoyer les autres maisons sans les forcer à tirer les baguettes.
Alors que la soirée de Noël allait bientôt commencer, Ginny était restée figée dans sa chambre dans le manoir Longbottom, pas encore habillée. Elle tenait dans les mains une lettre qu'elle s'empêchait fortement de détruire.
-Ginny ? appela Hermione à travers la porte. Tu es prête ?
-Non … souffla Ginny.
-Ginny ? insista Hermione
-Entre, pria Ginny.
La rousse entra dans la chambre, sublime dans sa robe bordeaux.
-Pourquoi tu n'es pas encore habillée ? s'étonna Hermione
-Parce que j'ai reçu ça … gronda Ginny.
Hermione tendit la main pour prendre la lettre mais se rappelant l'état d'énervement de son amie, elle prit quelques précautions en sortant sa baguette. Elle ne fut pas très étonnée de découvrir les restes d'une potion d'obéissance sur le papier. Rassurée, elle la lut et nota qu'il s'agissait d'une beuglante neutralisée.
Ginny !
Je n'ose pas croire que tu te sois enfuie pour les fêtes ! Il s'agit d'une réunion familiale et tu es obligée d'y assister à la maison ! Quand le directeur m'a appris que tu avais quitté l'école alors que tu n'avais même pas mon autorisation ! Où que tu sois, tu as intérêt à revenir très vite ! De toute façon, j'ai vu avec le professeur Dumbledore, dès que tu poseras un pied à l'école, tu viendras à la maison et tu me donneras des explications sur ton comportement intolérable !
Aucun de mes enfants ne m'a autant fait honte que toi quand Ron m'a dit que tu avais quitté l'école toi aussi sans rien me dire et …
Hermione survola le reste de la lettre qui se composait essentiellement de récriminations mais également de l'ordre de venir passer les fêtes au QG de l'Ordre du Phénix.
-Si tu me permets de le dire, tout ça n'est un ramassis de conneries, décréta Hermione. En plus, elle se contredit puisqu'elle dit que Noël est une fête familiale et pourtant, aucun de tes frères n'y assiste depuis qu'ils ont pris leur envol et de plus, elle compte le faire à Grimmaurd Place avec les autres membres de l'Ordre du Phénix qui ne sont pas, aux dernières nouvelles, de ta famille. Je croyais que ta grande tante l'avait prévenu que tu serais avec Fred et Georges pour les vacances ?
-Papa est au courant et a accepté mais comme je ne lui ai pas demandé la permission en personne, c'est comme s'il n'avait rien dit pour maman, gronda Ginny.
-Tu vas obéir ? demanda Hermione
-Hors de question ! rugit Ginny. Elle a l'air d'oublier qu'elle n'est pas lady Weasley et donc, que ses ordres ne surpassent pas ceux de tante Muriel !
Hermione sourit. Par sa volonté de fer, la rousse venait de contrer une puissante potion d'obéissance sans aide. Il serait intéressant de l'initier à l'occlumencie ce qui l'aiderait considérablement dans ses futures études de métamorphoses.
-Puisque ta décision est prise, tu peux laisser tomber cette lettre, fit Hermione. Je te rappelle que nous sommes attendues et que tu n'es toujours pas prête !
-Merci d'être là, fit Ginny.
-Les amies sont faites pour ça, répondit Hermione. Bouge avant que la grand-mère de Neville ne débarque !
Riant aux éclats, Ginny fila dans la salle de bain pour se changer.
§§§§§
-Bill ? s'étonna Charlie
Le jeune homme avait de quoi être surpris. En effet, la Roumanie n'était pas exactement à côté de la France et les deux frères, même s'ils faisaient l'effort de se voir au moins une fois par mois, n'étaient pas censés se voir avant deux bonnes semaines. Donc sa présence était surprenante.
-On peut parler ? demanda Bill
-Entre, je t'en prie, invita Charlie. Rien de grave avec Fleur ?
-Ça va, sourit Bill.
En bons Anglais, le service de thé fut sorti et chacun eut rapidement une tasse entre les mains.
-Qu'est-ce qui se passe ? demanda Charlie
-J'ai reçu un courrier de Muriel, déclara Bill. Elle m'a demandé des précisions sur notre vie au Terrier.
-Pourquoi ? s'étonna Charlie
-Ginny a réussi à la contacter car elle a eu une proposition d'apprentissage en métamorphoses, sourit Bill. Seulement, Ginny lui a dit que maman s'y opposait catégoriquement. Elle a déclaré qu'elle n'avait besoin que de l'autorisation du chef de famille pour y aller.
-Tiens donc, comme c'est étonnant, railla Charlie. Toujours la même excuse ?
-Oui, pour maman, elle doit épouser un sang pur, de préférence Harry Potter, et devenir mère au foyer, fit Bill en levant les yeux au ciel.
Dès qu'ils étaient tous les deux entrés à Poudlard, ils avaient découvert que l'éducation donnée à leur unique sœur était très loin du bon sens et ne pouvait même pas passer pour ce qui était demandé à des héritiers sangs purs. Un constat remarqué par tous leurs autres frères sauf bien évidemment Ron.
-Tu penses qu'elle a bien fait de court-circuiter maman ? demanda Charlie
-Tu la connais, elle est assez bornée, soupira Bill. Mais ce n'est pas cela qui me fait venir vers toi. Enfin, pas que.
-Je t'écoute, fit Charlie.
-Muriel est en train de m'interroger pour savoir ce qui se passait exactement au Terrier, soupira Bill. Je pense qu'elle songe à exclure maman des décisions familiales.
-Elle veut te nommer Héritier à la place de papa, comprit Charlie.
Quand Bill avait terminé ses études, il avait dû se faire une énorme remise à niveau pour intégrer les rangs des briseurs de sorts de Gringotts. Les gobelins lui avaient indiqué les ouvrages nécessaires et dans l'un d'entre eux, il avait découvert les règles de succession sangs purs. Perturbé alors qu'il était écrit en toutes lettres qu'il aurait dû les connaître depuis son enfance, Bill était allé voir son père qui l'avait directement dirigé vers Muriel. Cette dernière, devant cette ignorance, lui avait ordonné de faire honneur à leur rang et de récupérer cette éducation dont on l'avait spolié. Cela avait pris des années et durant celles-ci, la matriarche n'avait jamais caché être tentée de changer d'héritier.
-Qu'est-ce qu'en dit papa ? murmura Charlie
-Il refuse la tête de la famille, comme toujours, secoua la tête Bill. Il ne tient pas à ce que maman ait accès à une quelconque forme de pouvoir. Et il veut que tu reprennes la tête des Prewett.
Charlier sursauta. Contrairement à ce que leur mère voulait, les Prewett n'étaient pas une famille sang pur mais avait assez d'ancienneté pour passer pour telle. Elle avait toujours eu une réputation sulfureuse d'user de tous les moyens pour entrer dans les familles plus riches et plus fortunées qu'elle. Cette tendance s'était inversée avec les faits d'armes des jumeaux magiques Fabian et Gideon Prewett durant la première guerre contre Voldemort mais les volontés matrimoniales insistantes de Molly ternissaient à nouveau le nom.
-Fred et Georges auraient mieux convenu, hésita Charlie.
-Ils sont le second choix de Muriel et le mien aussi, assura Bill. Vous êtes tous les trois ce qui incarne le plus l'esprit de Fabian et de Gideon. Muriel est prête à vous laisser reprendre tous les trois le nom des Prewett.
-Elle ne demande pas l'avis de maman ? demanda Charlie
-Non, répondit Bill. Muriel ne s'est jamais réellement entendue avec elle et avec la mort de notre grand-père maternel, elle est la seule à décider de l'avenir de cette maison.
-Je suis à l'étranger, rappela Charlie.
-C'est un faux problème, gronda Bill.
-Pourquoi maintenant ? capitula Charlie
-Muriel a appris que maman avait nommé le prochain héritier Prewett, avoua sombrement Bill.
-Elle ne peut pas, fronça des sourcils Charlie. Alors comment … ?
-Elle ne peut pas, confirma Bill. Muriel soupçonne que c'est son grand ami qui lui a conseillé de le faire.
Charlie n'avait pas besoin de réfléchir pour comprendre qu'il s'agissait d'Albus Dumbledore. Tous les enfants de la famille ainsi que le père avaient été étonné de la proximité entre le directeur de l'école et la matrone. Les deux aînés savaient qu'il était à l'origine du plan pour que leur sœur épouse Harry.
-Qui a-t-elle désigné ? demanda Charlie
-Le deuxième fils de Ginny et Harry, répondit Bill.
-Mais ils ne sont pas et ne seront jamais ensemble ! s'étonna Charlie
-Ce n'est pas faute de le lui avoir dit, renifla Bill. Mais elle n'en démord pas.
-A ce stade, ce n'est plus de l'obsession, fit Charlie. C'est une certitude.
-Tu penses à un contrat de mariage ? comprit Bill
-Tu ne crois pas ? pointa Charlie
-Ça semble plausible, même logique, concéda Bill. Je vais demander à Muriel de regarder. Tu acceptes pour la famille Prewett ?
-Laisse-moi y réfléchir avec les jumeaux, répondit Charlie. Je te rappelle que quand j'ai quitté le pays, c'était pour pouvoir vivre ma vie sans qu'on me reproche mes choix. Il est toujours hors de question qu'à chaque fois que je croise ma mère, elle crache sur mon compagnon !
Bill soupira. C'était réellement la réaction disproportionnée et particulièrement violente de leur mère par rapport à leur orientation sexuelle qui avait poussé les deux aînés à s'exiler. Reprendre le nom des Prewett présageait des tensions dont les futurs héritiers se passeraient bien.
Bill discuta encore un peu avec Charlie de sujets plus légers avant de prendre congé.
§§§§§
Théo avait tenu à retourner chez lui avant de passer les fêtes chez Draco. Il savait que c'était dangereux mais il était temps que Voldemort comprenne qu'il avait eu son père mais qu'il ne l'aurait jamais lui. Dès qu'il avait repris son titre, il avait fait plusieurs changements minimes pour que les « collègues » de son père ne se doutent pas de ce qu'il faisait.
La première chose qu'il avait faite début août avait été d'ordonner à la magie familiale d'enfermer son père dans leur manoir et d'interdire toute communication. Il avait régulièrement des rapports des elfes de maison qui précisaient tous les faits et gestes de son géniteur. Juste après sa présentation par lady Longbottom, il s'était rendu à Gringotts pour retirer tout droit à son géniteur sur ses coffres et son patrimoine.
Et maintenant, il comptait bien détacher complètement son nom de Voldemort.
-Maître Théo, s'inclina le chef des elfes de maison de la famille.
-Où se trouve Théodore ? demanda Théo
A ses yeux, son père n'avait plus le droit de prétendre à ce titre depuis qu'il avait estimé que sa mère ne valait pas la peine de la faire soigner, ce qui avait conduit à sa mort. Depuis, s'il le pouvait, il ne le nommait plus et s'il le fallait, le « Père » était tellement chargé de venin et de dédain qu'on ne pouvait douter des sentiments du plus jeune envers l'aîné.
-Dans un cachot, sur votre ordre, maître Théo, répondit l'elfe de maison.
-Que l'accès au domaine soit totalement scellé, je veux que personne ne puisse entrer, ordonna Théo.
-Il en sera fait selon vos ordres, maître Théo, s'inclina l'elfe de maison avant de disparaître.
Théo fit un détour par le cœur de la maison avant de descendre dans les sous-sols.
-Traître à ton sang ! Bâtard ! Pourquoi tu m'as enfermé ici ?! éructa Théodore Senior
-Tu te poses sérieusement la question ? ricana Théo. Tu te soumets à une honte de sorcier qui s'est montré indigne de la Magie, mais il est hors de question que tu me forces à te suivre !
-Le seigneur des ténèbres … scanda Théodore Senior.
-A bu le sang d'une licorne qu'il venait d'abattre ! cracha Théo. A fait tuer des enfants sorciers, peu importe leur origine, mais surtout des sangs purs ! A décimé une très grande partie des sangs purs alors qu'il se vante de vouloir restaurer nos droits ! S'est fait battre par un enfant de quinze mois ! C'est honteux ! Et tu veux que je me traîne devant un looser pareil qui traite ceux qui le rejoigne comme des esclaves ? Tu peux rêver !
-Tu es mon fils et tu feras ce que je t'ordonne ! rugit Théodore Senior
-Quel dommage alors que je sois le nouveau chef de la famille Nott et le tenant du titre, railla Théo. Oh, et aussi que je t'aie exclu de la famille.
Théo ouvrit la porte de la cellule.
-Tu es libre de partir rejoindre ton maître, Théodore Sans Nom, déclara froidement Théo. Mais sans nom, sans argent et privé de la majorité de ta magie, je crains que tu ne lui serves plus à grand-chose.
-Le maître te punira ! menaça Théodore Senior
-Toi d'abord, sourit Théo. Et je ne suis pas sûr que tu y survives. Autant te prévenir tout de suite, même si ton cher maître parvenait à me tuer, tu ne pourras jamais récupérer la tête de la famille, j'ai tout fait pour. Ta baguette se trouve sur le guéridon dans le hall d'entrée. Bon voyage.
-Tu ne vas pas me tuer ? s'étonna Théodore Senior
-Pourquoi me salir les mains alors qu'un autre s'en chargera parfaitement ? ricana sombrement Théo
Comprenant qu'il était vraiment libre, Théodore Senior grimpa les marches et avisa sa baguette à l'endroit exact où son fils l'avait dit. Après un dernier instant d'hésitation, il quitta la demeure, certain que son maître apprendra à son fils qu'il ne fallait pas le défier.
Mais il ne douta pas qu'à l'instant même où il quitta le domaine des Nott, tous les squatteurs des autres maisons appartenant aux Nott étaient expulsés par magie.
Son retour auprès de son maître ne serait pas aussi triomphant qu'il ne le pensait.
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Ric et Harry avaient déserté leurs lits vers les trois heures du matin. Ils s'étaient préparés en conséquence et avaient pris le chemin du siège du conseil. Pour ne pas se faire repérer, ils avaient demandé à Dobby de les emmener à trois kilomètres du bâtiment et ils avaient fait le reste du chemin à pied. A un kilomètre de distance, Ric s'arrêta et Harry continua jusqu'aux barrières. Même s'il ne pouvait pas approcher, cela n'avait pas empêché Ric d'envoyer ses serviteurs déterminer les protections. Il les avait donc listés et avait cherché les contre-sorts qu'il avait fournis à Harry. Ce dernier n'avait plus qu'à les suspendre pour permettre le passage de Ric.
L'aube était passée depuis une bonne heure lorsque Ric put enfin mettre les pieds dans ce bâtiment maudit. Il passa devant Harry pour suivre un chemin connu de lui seul. Ils rencontrèrent quelques soldats que l'aîné avait proposé d'éliminer mais Harry avait eu le temps de fouiller la bibliothèque de la Rose de Sang et avait trouvé une potion qu'il avait brassé en deux temps trois mouvements qui avait les mêmes effets que l'imperium. Trois gouttes suffisaient amplement pour que les gardes continuent leur travail qu'importent les autres ordres qu'ils recevraient dans les douze heures suivantes. Ric avait dû s'incliner devant l'ingéniosité du plus jeune car ainsi, l'alerte ne serait pas donnée immédiatement et quand elle le serait, une bonne partie des gardes n'y répondrait pas.
Ils s'enfoncèrent dans les entrailles de la bâtisse à travers des couloirs de moins en moins entretenus puis de plus en plus délabrés. Très vite, il fut clair que plus personne ne se rendait dans cette partie des sous-sols quand on voyait la couche de poussière qui s'y trouvait.
-Tu es sûr qu'on est au bon endroit ? murmura Harry
-Je ne peux pas me tromper, assura Ric.
Enfin, après quatre heures de pérégrinations, ils s'arrêtèrent devant une porte scellée. Harry tendit la main pour la toucher mais Ric l'en empêcha d'une tape sèche.
-Ne fais pas ça ! siffla Ric. J'ai fait en sorte pour qu'on ne laisse aucune trace depuis le début, ne fais surtout pas tout foirer maintenant !
-OK, souffla Harry. Comment on fait pour aller de l'autre côté ?
-C'est là que j'ai besoin de toi, annonça Ric. Il va falloir que tu sortes ta magie et que tu désactives les sorts posés. Je m'occupe du reste.
Harry ne fut pas surpris. Alors que Kali et Nolan lui apprenaient des sorts spécifiques aux elfes, Ric au contraire le poussait à laisser sa magie agir librement pour exaucer ses désirs. Il obéit donc à son parent – il n'avait pas encore eu le temps de l'interroger sur ce point – et laissa sa magie se répandre.
-Tu peux faire en sorte que je puisse la voir ? demanda Ric
-Pourquoi ? sursauta Harry
-Pour que je puisse couvrir tes traces ! siffla Ric, fébrile
Harry haussa des épaules et accepta la requête. Sa magie prit donc une teinte bleu nuit métallique et se promena paresseusement tout autour de la porte. Elle se faufila délicatement derrière les gonds, tordant le cou à tous les sorts présents un à un. Finalement, le sceau, dans un grincement assourdissant, tomba au sol, laissant une voix mélodieuse retentir dans le couloir.
-Par la Grande Lune … souffla Ric.
Ce fut à ce moment que l'aîné perdit son sang-froid. Sous le regard ébahi d'Harry, Ric se jeta sur la porte pour l'arracher à mains nues – A MAINS NUES, PAR MERLIN ! – et la balancer dans un fracas épouvantable. Mais au lieu de se précipiter à l'intérieur, il hésita lourdement, en proie au doute.
-Ric ? osa Harry
-Oh, ne vous inquiétez pas, fit une voix depuis la pièce qu'ils venaient d'ouvrir. Il va rester comme ça pendant au moins une petite heure. Auriez-vous une cape, que je puisse m'en recouvrir ? Il fait frais, je trouve …
-Tenez, monsieur, fit Harry en ôtant son manteau.
-Appelez-moi Laze, se présenta la silhouette en attrapant le vêtement.
Il s'habilla rapidement et sortit de son … cachot ?
-Enchanté, enfin je crois, fit Harry. Je suis Harry. Qu'est-ce qu'on fait de lui ?
-Il ne me quittera pas des yeux, assura Laze.
-J'avais bien besoin de ça, soupira Harry. On a mis des heures pour arriver jusqu'ici et il était le seul à connaître le chemin et à couvrir nos traces.
-Si seulement on avait un elfe de maison … soupira Laze.
Harry le regarda d'un œil neuf.
-Dobby ! appela Harry
-Seigneur Harry, s'inclina Dobby en arrivant. Monsieur.
-Il n'y avait pas de protection pour t'empêcher de venir ? s'étonna Harry
-Rappelez-vous, ma race n'existe pas ici, sourit Dobby. Souhaitez-vous sortir d'ici ?
-Avec plaisir, répondit Harry. Nous sommes trois, ça ira ?
-Bien sûr, seigneur Harry, dit Dobby.
Ils se rapprochèrent de Ric et l'elfe de maison les ramena à la Rose de Sang, dans les appartements de Ric. Laze fit asseoir Ric dans un fauteuil avant de se tourner vers Harry.
-J'aimerai me nettoyer, se racla la gorge Laze.
-La salle de bain est ici, indiqua Harry.
-Serait-il possible que vous puissiez mettre à ma disposition votre elfe de maison ? demanda Laze
-Je pense que ce sera plus sûr pour vous, sourit Harry. Dobby ? Es-tu d'accord ?
-Oui, seigneur Harry, répondit Dobby. Par ici, monsieur Laze.
Tandis que Laze était pris en charge par Dobby, Harry rejoignit ses propres quartiers pour se rafraîchir et se changer. Trois quarts d'heure plus tard, il retourna chez Ric et tomba nez à nez avec leur nouvel invité. Ses yeux s'écarquillèrent en le reconnaissant.
-Impossible … souffla Harry.
Car, devant lui, se tenait nul autre que Salazar Serpentard.
