L'heure de la revanche a sonné

Sirius sortit du bureau de Dimitri Vater, son médicomage, et se rendit rapidement dans ses appartements.

Dès qu'il avait été assez en forme, il lui avait tiré les vers du nez pour savoir comment Tom pouvait se permettre de l'envoyer dans une clinique aussi haut de gamme. Il comprenait qu'il se trouvait dans une clinique spécialisée dans les troubles de l'esprit, qu'il s'agisse de maladie ou de malédiction, bien plus adaptée dans son cas, mais elle restait hors de prix et de ce qu'il se souvenait de la maison de son bienfaiteur, il avait quasiment fait tous les aménagements lui-même. Donc, depuis le temps qu'il se trouvait ici, les économies de Tom, si d'aventure il en avait eues, avaient dû fondre comme neige au soleil. Sirius avait réussi à extorquer à son médicomage le montant des frais qu'il avait engendré et maintenant, il allait rembourser celui qui l'avait sauvé.

L'entretien qu'il avait eu avec Dimitri avait un autre but, celui de lui confirmer qu'il ne pourrait plus être totalement soumis aux consignes mentales qu'on lui avait implantées. Angus Boer avait réussi à briser le lien qu'il y avait avec celui qui l'avait manipulé, Sirius était maintenant beaucoup moins influençable. Et c'était ce degré d'influence qu'il voulait connaître.

En effet, il voulait reprendre le contrôle des coffres des Black et de toutes les affaires de la famille pour commencer à faire bouger les choses en Grande Bretagne. Il voulait être sûr que son esprit était assez solide pour qu'on ne puisse pas douter de ses décisions ou au contraire, qu'on puisse déterminer qu'on les avait forcées contre son gré et pas parce qu'il avait des consignes mentales.

Sa première lettre fut pour l'enclave gobeline la plus proche pour qu'il la transmette au directeur de Gringotts Grande Bretagne. En effet, il voulait d'abord connaître les éléments publics concernant la famille Black, notamment si un nouveau lord Black comme un Héritier avaient été désignés mais également s'il était encore un Enfant Black, titre qu'il n'aurait pas pu garder s'il était considéré mort par la Magie. C'était une chose dont il s'était rendu compte une fois qu'il avait repris ses esprits car s'il avait été réellement renié de la famille Black, il n'aurait jamais pu entrer et investir Grimmaurd Place. Il en avait donc déduit qu'il avait seulement été retiré de la succession directe et était passé d'Héritier Black à Enfant Black. Mais en tant que tel, dernier membre vivant de la famille, il pouvait prétendre au titre de lord Black et il voulait s'en assurer, d'où la lettre. La seconde était pour Gregorovitch, le marchant de baguette de l'Europe de l'Est. Il lui fallait une nouvelle baguette qui ne possède pas les différentes laisses du gouvernement britannique et surtout, il en avait marre d'utiliser des baguettes qui ne lui correspondaient pas forcément.

Il avait longuement hésité mais il avait renoncé à envoyer une lettre à son filleul. N'ayant confiance en très peu de personnes, Dimitri avait dû endosser le rôle du psychomage et avait fait comprendre à son patient que son rôle dans la vie de son filleul était totalement inexistant. Il avait abondé dans le sens de Tom en arguant que l'évadé Sirius Black n'aiderait absolument pas son neveu mais le sorcier Sirius Black serait plus utile mais surtout, que l'Héritier voire le lord Sirius Black pourrait protéger efficacement ceux qu'il aimait, encore plus si personne n'était au courant qu'il se remettait sur pied. Sirius avait fini par se ranger à son avis et avait donc renoncé à contacter son filleul.

-Sirius ? appela une voix de l'autre côté de la porte

Le sorcier se redressa, surpris. A cause de son animagus, il retenait assez facilement les voix et les odeurs. Or, celle qu'il venait d'entendre n'appartenait pas à l'une des personnes qu'il côtoyait habituellement. Pour autant, elle ne lui était pas inconnue.

Curieux, il se leva et ouvrit la porte.

-… Narcissa ?! hoqueta Sirius

-Sirius, sourit franchement Narcissa. Tu n'as pas changé. Et ton portrait dans les journaux il y a trois ans ne te rendait pas hommage.

Choqué mais n'oubliant pas pour autant ses bonnes manières, il l'invita à entrer. Elle admira les lieux quelques instants avant de prendre place sur l'un des fauteuils.

-Comment ça se fait que tu sois ici ? demanda Sirius

-Nous avons une connaissance commune, sourit Narcissa. Tom Riddle est un ami de mère et également de tante Walburga. Et par la force des choses, il est devenu le mien.

-Il t'a dit que j'étais ici ? s'étonna Sirius

-Non, corrigea Narcissa. Tu n'es pas dans n'importe quelle clinique et les fonds de Tom ne sont pas illimités. Au bout d'un moment, il s'est retrouvé à court d'argent et il m'en a emprunté. Il a fini par m'avouer qu'il t'avait sauvé mais il ne voulait pas me dire où tu te trouvais pour te protéger. J'ai dû chercher et me voilà !

-Pourquoi ? demanda Sirius

-Parce que c'est assez difficile d'être la dernière Black à vivre, souffla Narcissa.

-Tom sait que tu es là ? demanda Sirius

-Non, répondit Narcissa. Sirius, j'ai besoin de ton aide. Ce qui se passe en Grande Bretagne …

-Je t'arrête tout de suite, coupa Sirius. Je ne sais rien de ce qui se passe dans notre pays depuis la bataille du ministère et je n'ai pas l'intention de le savoir.

-Mais … protesta Narcissa.

-Je me concentre sur ma convalescence, insista Sirius. Je me concentre sur moi. Tant que je ne m'estimerais pas guéri, je n'aurais aucun contact avec mon pays.

Narcissa se tut, songeuse. Si effectivement Sirius n'était pas au mieux de sa forme, il ne servirait pas à grand-chose.

-Très bien, soupira Narcissa.

-Narcissa, fit Sirius. Tu ne peux plus revenir ici avant que je ne le décide.

-Pourquoi ? éclata Narcissa

-Parce que d'après Tom, ce qui s'est passé au ministère n'était pas accidentel, répondit Sirius. Cela sert que personne ne sache que je suis encore vivant. Si tu viens régulièrement ici, quelqu'un va s'en apercevoir et la piste va remonter aux mauvaises personnes.

Narcissa soupira. Son cousin avait raison. Elle se savait étroitement surveillée, surtout depuis que son fils avait repris le titre de son père …

-Soit, fit la blonde en se redressant. Je vais quand même soulager Tom de ton poids financier.

-Merci, sourit Sirius. Porte toi bien, Cissa.

-Toi aussi, Sirius, sourit Narcissa en le prenant dans ses bras.

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Toute la bande était revenue à Poudlard des souvenirs pleins la tête, bons comme moins bons.

Les vacances au manoir Malfoy avaient été féériques, d'autant plus que durant les derniers mois, Narcissa avait fait purifier l'endroit de la présence néfaste de Voldemort qui datait de son premier règne de terreur. Le soir de Noël, tout le monde avait pu voir Draco pleurer pour la première fois librement devant témoins lorsqu'il découvrit son père vivant, sain d'esprit et libéré de la marque des ténèbres. Ils n'avaient pas oublié les cadeaux surprise d'Harry qui leur avaient tous plu, sans oublier que les adultes présents avaient décidé de reléguer leur éducation au placard et s'étaient tous amusés avec plus ou moins de retenue.

Le jour de la rentrée, ils ne s'étaient pas cachés être venus du même endroit et heureusement que Molly n'avait pas pu voir Ginny, Fred et Georges ou sinon, sang pur ou pas, Narcissa l'aurait réduite définitivement au silence. Ils étaient montés dans le train et avaient partagé le même compartiment pour toute la durée du voyage. En fait, ils ne se séparèrent qu'une fois dans la Grande Salle, sous les regards des élèves encore surpris de voir des membres emblématiques de chaque maison se côtoyer sans se sauter à la gorge.

Depuis les hauteurs de la table des professeurs, Severus surveillait du coin de l'œil les faits et gestes de Dumbledore. Le regard noir que le directeur avait lancé aux Dragons et à leurs Dames ne lui avait pas échappé et il comprenait parfaitement pourquoi. Les Dragons prônaient le rapprochement des maisons alors que Dumbledore cherchait sous le prétexte du plus grand bien à jeter les Serpentards sur le ban de la société sorcière. Par cette amitié hors des sentiers battus par les soins du directeur, les Dragons remettaient en cause l'ordre établi. Et ça ne plaisait vraiment au grand Albus Dumbledore.

Le maître de potions caressa distraitement la bague qu'il avait enfilée à l'auriculaire gauche et caché par un glamour modifié de la famille Prince. L'anneau d'amitié de Lily, qu'Harry lui avait offert pour Noël et qu'il avait agrémenté d'un nombre conséquent de protections, avait le don de le calmer, tout comme Lily le faisait. De plus, depuis qu'il la portait, il avait remarqué qu'il était de plus en plus lucide par rapport aux actes de Dumbledore. Il se rendait vraiment compte de l'impact des actes du directeur sur sa maison mais également de l'emprise malsaine qu'il avait sur l'Ordre du Phénix. En fait, il avait le même comportement que Voldemort avec ses mangemorts et c'était ce qui le troublait le plus.

-Severus ? appela Albus

Le maître de potions sortit de sa rêverie.

-Vous disiez ? fit Severus

-Nous avons reçu les réponses de tous les élèves de septième année pour le projet test, répéta Pomona. Qu'en est-il de votre maison ?

-Je dois rappeler la date limite à certains, avoua Severus.

-Je serais curieux de connaître les paires et les sujets traités, sourit Albus.

-Il me semblait que vous souhaitiez avoir la surprise, s'étonna ingénument Pomona.

-Je suis le directeur, s'indigna faussement Albus. Je veux simplement savoir ! Si les sujets ne sont pas appropriés …

-Ce sera à nous de nous en occuper, gronda sèchement Minerva, n'ayant plus envie de jouer. Dois-je vous rappeler les conditions de ce projet ? Vous n'en serez que spectateur, nous gérons tout du début jusqu'à la fin, que ce soit pour le choix des équipes et des sujets jusqu'aux notes attribuées. Souvenez-vous, après la vague de troubles qu'il y a eu l'année dernière quand vous aviez annoncé le projet : « Si vous tenez tant à ce projet et que vous vous sentez capable de faire mieux sans débordements, je vous laisse faire et je m'en lave les mains ».

Albus serra les dents. Après avoir insisté pour qu'Harry Potter se mette en équipe avec Zacharias Smith et que le Survivant ait sèchement refusé, le nombre de bagarres avait explosé, ce qui avait conduit à annuler le projet. Assez excédé que son plan n'ait pas réussi, Albus avait perdu patience et l'avait laissé entre les mains de la directrice adjointe et des directeurs de maison dans un mouvement d'humeur. Visiblement, ça se retournait contre lui puisqu'ainsi, il ne pourrait pas interdire aux Serpentards de faire ce qu'ils veulent.

-Mais … protesta Albus.

-Nous ne reviendrons pas là-dessus ! gronda Minerva

Remarquant que tous les professeurs les écoutaient, Albus comprit qu'il ne servait à rien d'argumenter.

-Très bien, capitula Albus. Je vous fais confiance.

Se drapant dans sa dignité soi-disant bafouée, le directeur se leva pour gagner son bureau.

-Ce qui me fait penser qu'il faudrait qu'on s'occupe des volontaires pour le bal du printemps, fit Filius. Avec votre permission, je vais m'en occuper.

-Merci, Filius, acquiesça Minerva.

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-Votre livre, je vous prie, grinça Albus.

L'élève de Serdaigle, en troisième année, obéit et tendit à son directeur son grimoire d'enchantements. Le vieux sorcier l'examina brièvement avant de le rendre avec réluctance et de s'en aller sans un mot.

Ce petit cinéma durait depuis que les élèves étaient revenus de vacances, trois semaines plus tôt. Le directeur cherchait un grimoire particulier mais personne ne savait lequel exactement. Et plus le temps passait, plus il perdait patience.

Ce qu'Albus Dumbledore ne disait pas, c'était qu'il était à la recherche d'un journal intime et pas n'importe lequel, celui de Salazar Serpentard. Avant les fêtes de fin d'année, les rares tableaux placés dans les cachots lui avaient appris que ce document était dans les mains des élèves qui semblaient perturbés après sa lecture.

Le directeur serra les dents. Quand il avait pu enfin accéder à Poudlard en tant que professeur, la première chose qu'il avait faite avait été de recenser tous les ouvrages qui parlaient de Salazar Serpentard. Petit à petit, il les avait retirés de la consultation et dès que ça avait été fait, il avait commencé à forger la mauvaise réputation de la maison vert et argent. Grâce à cela, il avait pu insuffler la théorie du sang parmi les sangs purs pour créer un terrain favorable à l'idéologie de « Voldemort ».

Mais voilà, du peu de ce que lui-même avait pu lire sur le Fondateur, sa ligne de conduite était de récupérer les nés de moldus dès les premiers signes de magie et de les séparer définitivement de leurs parents. Oui, il ne faisait aucune confiance aux moldus et voulait leur faire payer leurs exactions contre les enfants magiques mais ce n'était pas un extrémiste au point de vouloir tous les tuer. Or, c'était la réputation que Dumbledore lui avait construite pour appuyer l'idéologie de « Voldemort ». Il fallait absolument qu'il mette la main sur ce journal pour savoir exactement ce qu'il racontait et le cas échéant, le détruire. Cela faisait des jours qu'il était à sa recherche mais il faisait chou blanc.

Toujours d'après les tableaux, le journal avait quitté les cachots et était passé dans d'autres salles communes. Pas encore chez les Gryffondors puisqu'il surveillait étroitement cette dernière mais des Serdaigles et des Poufsouffles avaient vu cet ouvrage. Cela pouvait entraver grandement ses plans pour un monde meilleur et c'était hors de question. Harry Potter s'était déjà échappé, il ne voulait pas perdre la main sur la société sorcière.

Pestant contre son manque de chance, Albus poursuivit ses recherches.

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Pétunia Dursley née Evans était fébrile.

Depuis qu'elle s'était enfuie de chez elle avec son neveu en juillet, elle vivait enfin. Ses pensées et ses actes n'étaient plus dirigés par quelqu'un d'autre et elle pouvait prendre ses propres décisions. Après de véritables vacances dans une station thermale, elle s'était installée en août dans un joli cottage qu'elle avait enfin pu aménager à son goût. Peu de temps après, un avocat spécialisé dans les divorces, maître Matthew Lawrence, envoyé par Harry, était venu la rencontrer pour l'interroger concernant sa vie de couple. La femme fut soulagée de révéler l'envers du décor du 4 Privet Drive et le comportement effroyable des hommes de la famille. Elle ne cacha pas que pour ne pas subir leurs foudres, elle avait dû adopter un comportement normalement inadéquat pour le reste du monde mais parfait pour les Dursley père et fils envers son neveu. Elle lui remit également la copie des comptes de la famille qu'elle possédait ainsi que ce qu'elle avait fait.

Depuis, toutes les deux semaines, Pétunia et Matthew se rencontraient pour fignoler la défense de la future ex-madame Dursley ainsi que les modalités du divorce. Immédiatement, et c'était assez dur à dire, Pétunia renonça à se battre pour obtenir la garde de son fils. D'abord parce que Dudley refuserait de la suivre, n'ayant qu'un respect extrêmement limité pour les femmes – pour ne pas dire aucun – y compris sa mère, et surtout parce qu'il ne serait jamais le fils de Pétunia mais uniquement celui de Vernon. L'avocat et la cliente se mirent également d'accord pour réclamer la garde d'Harry si le sujet venait sur la table. En effet, même si la majorité était à dix-sept ans dans le monde sorcier, ils ne préféraient pas prendre de risques dans le cas où les documents adéquats pour que le jeune homme soit également déclaré majeur dans le monde moldu n'aient pas été transmis par le ministère de la Magie anglais. Pétunia refusa de réclamer également le 4 Privet Drive mais voulut avoir la maison de vacances à Majorque qui, dans les faits, appartenait à Harry. L'entreprise ne l'intéressait pas le moindre du monde donc Vernon serait tranquille de ce côté.

Était venu le problème de la jeune Johan, qui avait accouché depuis peu d'un petit Luka. Même si elle n'était pas directement concernée par l'avenir de l'enfant, Pétunia voulait savoir ce qui se passerait pour la jeune fille et son fils. Elle connaissait Dudley et Vernon, ils ne voudraient pas s'encombrer d'une fille-mère et de son enfant, même si le plus jeune l'avait violé. De plus, rien ne disait que Johan ait surmonté ce traumatisme et surtout, que Luka ne soit pas un sorcier, avec les antécédents de la famille Dursley, ou plutôt Evans. Pétunia demanda donc si sa « belle-fille » pouvait retourner dans sa famille avec son nouveau-né et si ce n'était pas le cas, elle acceptait de s'occuper des deux. Matthew promit de se renseigner.

Matthew Lawrence ne cacha pas appartenir au monde sorcier. Contrairement à ce qu'il pensait, sa cliente ne s'en offusqua même pas et accepta même qu'il fasse de la magie devant elle. Il avait lui avait également signalé qu'il y avait une autre procédure judiciaire initiée contre son futur ex-mari mais ne lui avait pas dit qu'elle était également menée par une sorcière et pas n'importe laquelle, Andromeda Tonks, anciennement Black, qui avait repris le dossier à la suite de la mort de son époux quelques mois plus tôt. En tant qu'avocat au service des Potter, il était habilité à prendre contact avec elle sans autorisation préalable de son client premier pour veiller sur ses intérêts. Mais il avait préféré attendre son accord avant de révéler des éléments de l'enfance d'Harry Potter à un tiers.

Et maintenant, six mois après avoir quitté le domicile familial, Pétunia, accompagnée de Matthew Lawrence, étaient au tribunal pour rencontrer le juge concernant son divorce avec Vernon Dursley. Ce dernier était arrivé furieux et assez menaçant pour que le juge estime qu'une présence policière soit nécessaire.

-Bien, fit le juge après que deux armoires à glace en uniforme aient pris place dans le bureau. J'ai déjà rencontré vos avocats et étudiés vos désidératas. Dans l'ensemble, vous êtes d'accord sur ce que vous voulez ou non, sauf sur un seul point, la garde du jeune Harry Potter, que vous voulez tous les deux. J'attends quelques confirmations avant de statuer sur ce point mais rien ne nous empêche de travailler dès à présent sur le reste. Commençons, voulez-vous ?

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Ric n'avait pas quitté Laze depuis qu'il l'avait libéré.

Grâce à Dobby, donc, tous les trois avaient regagné la Rose de Sang puis Ric s'était réveillé pour traîner Laze – qui avait fait une sieste chez Harry – à ses appartements. Délicatement, comme s'il avait peur de le casser, l'elfe l'avait lavé puis habillé avant se rendre dans les cuisines. Il avait voulu commander tout ce qui était possible mais le plus jeune, qui était également là pour se prendre un encas, avait mis le holà et en avait fait un léger pour Laze pour qu'il ne rejette pas son premier vrai repas depuis longtemps visiblement. Repus, l'homme repoussa son assiette avant de se tourner vers le plus jeune.

-Tu me connais, affirma Laze.

-Je suis entré dans la Chambre des Secrets, avoua Harry.

-Tu es un elfe noir, fronça des sourcils Laze. J'avais cru comprendre qu'ils ne supportaient pas la magie sorcière.

-Je suis né et j'ai été élevé dans le monde sorcier, sourit Harry. Harrison Potter, pour vous servir.

Laze se tourna vers Ric qui avait un sourire malicieux.

-Il n'est pas ce que je pense ? fit Laze

-Ça dépend, ricana Ric. A quoi tu penses ?

-On en a discuté avant que je ne sois kidnappé et envoyé dans cet endroit horrible, pesta Laze. Potter était le nom que tu voulais utiliser pour ta descendance sorcière !

Harry tressaillit, ce que nota Ric.

-Quand je sentais que nous étions de la même famille … souffla Harry.

-C'est le cas, confirma Ric. Mais pas de la façon dont tu le penses. On va reprendre depuis le début. Commençons par les présentations. Puisque tu es allé dans la Chambre des Secrets à Poudlard, tu connais son identité.

-Salazar Serpentard, déclara Harry.

-Enchanté, s'inclina Laze. Mais sais-tu qui est cet énergumène ?

-Ric Agni, un membre de ma famille d'après ma magie mais je ne sais pas où il se situe dans mon arbre généalogique, répondit Harry.

-Je vais finir par croire qu'il n'existe plus aucun portrait de toi dans cette fichue école, grommela Laze. Harrison…

-Harry, corrigea Harry.

-Harry, sourit Laze. Je te présente Ric Agni, mieux connu dans le monde sorcier comme étant Godric Gryffondor.

Harry resta bouche bée.

-Pardon ?! hoqueta Harry

-Si je ne te l'ai pas dit, c'est parce que je voulais que tu maîtrises un minimum tes pouvoirs avant, soupira Ric.

-Vous êtes donc mon ancêtre ? demanda Harry

-Tu n'as pas l'air spécialement choqué, constata Laze.

-Demandez à Ric un résumé de ma vie, fit Harry. Ce que j'apprends n'est vraiment pas le pire. Et au moins, Ric m'avait prévenu qu'il savait que je savais que nous étions de la même famille mais qu'il voulait attendre un peu avant de m'expliquer. D'autres n'ont même pas eu cette délicatesse.

-Bref, fit Ric. Oui, je suis ton ancêtre. Mais pour les détails, on va attendre Nolan, si tu veux bien.

Harry hocha la tête.

-Je suis resté une cinquantaine d'années dans la dimension des humains et j'ai rencontré Laze, Rowena et Helga, continua Ric. Nous avons construit Poudlard, notre plus grand chef-d'œuvre.

-Mais … est-ce que Serdaigle et Poufsouffle savaient que tu n'étais pas sorcier ? demanda Harry

-Non, fit Laze. Nous avons estimé que c'était trop dangereux. Les différentes races magiques se tenaient à l'écart les unes des autres. Chacune savait que les autres existaient mais elles ne se côtoyaient pas plus que ça. De plus, les elfes noirs ne foulaient plus les terres humaines depuis une centaine d'années et ils n'étaient pas considérés comme très gentils.

-Mais comment vous, vous êtes au courant ? demanda Harry, perdu

-Parce qu'il est mon compagnon devant la Magie, révéla Ric alors que Laze rougissait atrocement.

-L'homosexualité était acceptée il y a mille ans ? s'étonna Harry

-Plus qu'aujourd'hui, répondit Ric. La société sorcière n'était pas encore aussi influencée par les croyances chrétiennes des nés de moldus. Du moment que nous étions discrets, on ne nous cherchait pas des noises …

-D'accord, fit Harry.

-A l'époque, les humains étaient encore tolérés dans cette dimension, puisque les elfes commençaient seulement à ne plus aller dans celle des humains, fit Ric. Quand j'ai rencontré Salazar, j'ai tout de suite su que j'allais faire ma vie avec lui, comme ma magie l'avait reconnu comme mon âme-sœur. Nous vivions heureux dans la Chambre des Secrets.

-Comment avez-vous pu vous séparer ? demanda Harry

-J'ai été kidnappé, avoua Laze. Du jour au lendemain. Encore aujourd'hui, je ne sais pas pourquoi mais je pense que c'était parce que j'étais avec Ric.

-D'autant plus que juste après sa disparition, j'ai appris que j'étais enceint, souffla Ric.

Laze prit doucement la main de son compagnon. Visiblement, le couple avait eu le temps de parler un peu avant de rejoindre Harry.

-Cela fait combien de temps que tu sais qu'il se trouvait là ? demanda Harry

-Je l'ai toujours su, rit douloureusement Ric. Une lune après la disparition de Laze, le chef du conseil, qui venait à peine d'accéder à son poste, m'a fait du chantage. Tant que je me tiendrais tranquille, il ne ferait pas de mal à Laze. Ma priorité allant à l'enfant que j'attendais, j'ai accepté. J'ai dû attendre presque quatre siècles humains avant de me pencher sur la prison. J'ai très vite remarqué que les protections étaient calibrées expressément sur ma signature magique et en même temps que j'étudiais toutes les protections autour du bâtiment, j'attendais la venue d'un descendant assez puissant pour m'aider dans mon projet. Et te voilà Harry.

-Maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? demanda Harry

-Tu vas continuer ton apprentissage, sourit Ric. Personnellement, je vais renouer avec mon compagnon et dès que je serais rassasié de son corps, je pense que tu pourrais avoir un apprentissage en ancien savoir sorcier.

-Ric ! gronda Laze

-Mais nous verrons cela avec Nolan, fit Ric. Avant que j'oublie, Laze, nous vérifierons quand tu seras plus en forme que ce jeune homme est bien l'un de tes héritiers.

-Un descendant de Lucinda ? s'étonna Laze

-Qui est Lucinda ? demanda Harry

-Ma femme, sourit Laze.

-Votre femme ? sursauta Harry. Mais vous venez de dire …

-Avant de reconnaître le lien d'âme-sœur entre Ric et moi, nous avons convenu qu'il fallait que j'aie une descendance, répondit Laze. J'ai donc épousé ma meilleure amie Lucinda à qui j'ai donné deux enfants. Je leur ai donné mon nom avant que je ne sois enlevé.

-Et toi ? demanda Harry. Tu t'es aussi marié ?

-Non, secoua la tête Ric. Avant de l'expliquer, je préfère que Nolan soit présent. En attendant, tu vas apprendre la véritable histoire des Fondateurs car je pense que ça pourrait vraiment te servir quand tu rentreras dans la dimension des humains. Il est temps que les mensonges cessent de gouverner.