Lueurs d'espoirs

Narcissa, Lucius et Tom s'étaient réunis dans le manoir Malfoy. Depuis que le blond avait été libéré de la marque des ténèbres, ce dernier leur révélait tout ce qu'il savait de l'organisation des mangemorts … qui n'en portait que le nom. A leur plus grande surprise, les prétendus mangemorts étaient simplement rassemblés dans un lieu quelconque tandis que d'autres commettaient leurs exactions. Il avait pu en établir la liste exacte mais il était certain d'une chose, seul Severus avait des missions qui ne concernaient pas des massacres.

-Je ne dis pas que c'est logique, fit Tom, mais ça expliquerait que Severus ait été aussi médiatisé.

-Mais pas qu'il ait pu nous aider sans que Voldemort n'ait appris ce que tu faisais, fit Narcissa. S'il est vraiment le formidable legilimens qu'on dit.

-Je pense surtout qu'on ne sait pas tout sur Severus, fit Lucius. C'est une chose que j'ai remarqué quand nous étions jeunes, mais il cache énormément de choses. Qui nous dit que ce n'est pas le cas sur ses capacités ?

-D'autant plus qu'il m'a fait entrer dans la Bibliothèque des Embrumes alors que ni Voldemort et ni Dumbledore n'ont pu y entrer, ajouta Tom.

-On va l'interroger, proposa Narcissa.

-De toute façon, il le faudra bien si nous voulons rassembler notre nouveau camp pour lutter contre Dumbledore et Voldemort, sourit Tom.

-Comptes-tu approcher Harry Potter ? demanda Lucius. Enfin … dès qu'il reviendra ?

-J'aimerai bien, répondit Tom. Mais je vais me contenter de ses amis pour le moment.

En effet, il avait eu l'occasion de rencontrer les Dragons pendant les vacances et le courant était bien passé. Leur point de vue était rafraichissant mais surtout, était plus en phase avec leur génération et leur époque. Et au moins, on ne pouvait pas dire que leurs parents leur avaient fait avaler leurs croyances de force.

-Commençons par leur écrire, sourit Narcissa.

§§§§§

Garrick Ollivander arriva tranquillement à Nurmengard. Heureusement, il connaissait les chemins qui lui permettaient de ne pas se faire remarquer. Il arpenta les couloirs vides de la prison sorcière la plus réputée d'Europe car elle enfermait les plus grands criminels sans aucun contact avec le monde extérieur. Une idée d'un certain Albus Dumbledore …

La cellule de Gellert Grindelwald fut en vue et Garrick ouvrit la porte. Le sorcier qui avait fait trembler toute l'Europe pendant la Seconde Guerre Mondiale était en train de contempler le plafond.

-Oui, c'est pour quoi ? marmonna Gellert

-Vérifier que vous étiez sain d'esprit, sourit Garrick. Oh, et aussi voir si vous vouliez réellement dominer le monde.

-Parce que ça intéresse quelqu'un, maintenant ? ricana Gellert en se redressant. On ne m'a même pas jugé proprement puisqu'on ne m'a même pas interrogé sur mes motivations. Personne ne voulait apprendre que le grand Albus Dumbledore avait besoin d'un bouc émissaire au cas où ses plans viendraient à être découverts.

-Vous m'intéressez, jeune homme, sourit Garrick.

Gellert se tourna vers l'intrus et ne mit pas très longtemps à mettre un nom sur le visage.

-Vous n'êtes pas le fabriquant de baguettes de Grande Bretagne ? fit Gellert. Olli quelque chose, je crois.

-Garrick Ollivander, ravi de faire votre connaissance, s'inclina Garrick. Que diriez-vous d'une petite balade à l'extérieur ? Je pense que nous avons beaucoup à nous dire, à commencer par la véritable version de votre relation avec un certain Albus Dumbledore, votre amant il me semble.

-Un traître, vous voulez dire, ricana Gellert en se levant. Je vous suis avec plaisir.

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-Vous allez donc nous quitter, fit Pomona.

Les directeurs de maison s'étaient réunis pour faire le point des préparatifs pour le bal du printemps. Janvier se terminait et il fallait que les volontaires soient désignés pour présenter le projet au directeur. Chaque directeur avait choisi, parmi les élèves de sixième et de septième année, deux élèves de leur maison, assez responsables pour qu'ils ne leur demandent pas toutes les trente secondes de les aider et peu curieux pour qu'ils ne s'interrogent pas sur ce que trafiquaient les professeurs en parallèle. Filius ne chercha pas très loin et choisit Luna Lovegood et Padma Patil. Pomona sélectionna Megan Jones et Owen Cauldwell, Minerva opta pour Dean Thomas et Colin Creevey, quant à Severus, il désigna Théo Nott et Devon Harper. Grâce à Théo Nott et étonnement Dean Thomas, personne ne s'était jeté à la gorge des autres et travaillaient en bonne entente. Chaque paire faisait un rapport à leur directeur de maison et ces derniers mettaient en commun les ressentis.

Severus avait profité de l'occasion pour prévenir les autres de son départ prochain.

-Pourquoi maintenant ? demanda Minerva

-Je ne fais que reculer les échéances de la guilde de potions depuis un moment, fit Severus, répétant l'histoire qu'il avait mise au point. Même si j'enseigne depuis des années, il est conseillé de faire au moins un an dans une école supérieure mais surtout de prendre un apprenti.

Aucun ne demanda pourquoi il ne pouvait pas en prendre un tout en restant à Poudlard. A un moment ou à un autre de leur carrière, ils avaient été confrontés au même problème et tous s'étaient heurtés au même obstacle : Albus Dumbledore. Ce dernier refusait catégoriquement la présence d'apprentis auprès des professeurs depuis qu'il était devenu directeur.

-J'imagine que tu dois également apporter ta contribution à la communauté des maîtres de potions, envisagea Filius. Une potion ?

-Toutes celles que j'ai créées jusqu'à aujourd'hui sont la propriété de mon garant, en vertu de ma condamnation à la chute de Voldemort, serra les dents Severus.

Comme il n'avait pas eu officiellement en main les termes exacts de sa condamnation, il avait appris ce point précis quand il avait voulu déposer le brevet pour une potion contre les cicatrices qu'il avait créée peu de temps après être devenu professeur à Poudlard. Furieux, il était retourné chez lui pour planquer toutes ses notes hors de l'école pour que le directeur ne puisse pas se faire de l'argent sur le dos. Dans les faits, le véritaserum et la potion pour effacer les cicatrices appartenaient totalement à Albus Dumbledore.

-C'est injuste, soupira Filius. Mais en partant de l'école, j'imagine que vous pourrez enfin faire ce que vous voulez, non ?

-J'aurais payé ma dette à la société, haussa des épaules Severus. Mais avec la guerre …

Personne ne chercha à aller plus loin.

-Je dois donc me mettre à chercher un nouveau professeur de potions pour l'année prochaine, fit Minerva.

-Un conseil, prenez-en un qui n'a pas eu son diplôme ici, fit Severus. Comme j'ai passé ma maîtrise en France, j'étais curieux et j'ai jeté un coup d'œil sur les critères du ministère. Honnêtement, il donne le diplôme de maître de potions à n'importe qui, du moment qu'il paie assez cher.

Tous grimacèrent. Depuis le temps, ils s'étaient aperçus que les professions les plus prestigieuses étaient sujettes à corruption et rien n'était fait pour lutter contre ça.

-Je contacterai la guilde pour qu'elle envoie quelqu'un, promit Minerva.

-Où en sont les préparatifs pour le rituel ? demanda Filius

-En bonne voie, sourit Pomona. Les ingrédients dont nous aurons besoin poussent correctement.

-Avez-vous trouvé un endroit pour faire le rituel ? demanda Severus

-La salle sur demande serait parfaite mais Dumbledore la connait, soupira Minerva.

-Les cachots sont vastes, rappela Severus. Mais cela fait bien longtemps qu'on ne les a pas explorés, même pour les Serpentards.

-Ou on peut utiliser les toits de l'école, proposa Filius.

-L'idéal aurait été de mettre la main sur des salles d'invocation, soupira Minerva.

Severus tressaillit, ce que notèrent ses collègues.

-Vous savez quelque chose, pressentit Pomona.

-Une rumeur, tout au plus, avoua Severus. Il parait qu'il y a un journal qui circule parmi les élèves qui révèle des informations intéressantes. Dont l'emplacement de salles d'invocation.

-J'en ai entendu parler, fit Filius. Un de mes élèves l'a lu et m'a assuré que l'auteur semblait être Salazar Serpentard lui-même.

-Sais-tu à quoi il ressemble ? demanda Pomona

-Un carnet rouge sang avec un fermoir en argent, pourquoi ? demanda Filius

-Parce que j'ai vu le directeur à la recherche du même type d'objet, avoua Pomona.

-Alors il est au courant, comprit Severus. Et je suis sûr de ne pas m'avancer en disant que c'est pour le faire disparaître.

-Pourquoi ? s'étonna Minerva

-Parce que du peu que j'ai entendu dessus, il est clair que l'auteur n'est pas l'extermination des moldus et la pureté du sang, déclara Filius. Il est également fait mention de principes de la Magie qui ne sont plus enseignés ici alors que ça fait partie de nos fondements.

Tous se turent. Le journal remettait fortement en cause ce que prônait Dumbledore mais aussi et surtout ses certitudes sur la maison Serpentard et plus que tout, les principes de Voldemort. Qui sait ce qu'il révélait d'autres …

-Je serais d'avis de laisser circuler ce journal, fit Minerva, surprenant le groupe. Bien entendu, il faudrait qu'on le lise entièrement, surtout pour qu'on sache à quelles questions il faudra répondre ou même se poser.

Les directeurs de maison en convinrent puis se remirent au travail.

§§§§§

Julia se promenait dans les couloirs jusqu'à ce qu'elle tombe sur la personne qu'elle cherchait.

-Bonjour Severus, salua Julia.

-Mademoiselle Genest, salua Severus.

-J'ai dû vous le dire un bon millier de fois, appelez-moi Julia, sourit la sorcière.

-J'en resterai à mademoiselle Genest, s'entêta Severus.

Un éclair d'agacement traversa le regard de la rousse. Le sorcier ne lui facilitait pas la tâche !

-Je ne savais pas qu'il s'agissait de votre secteur de patrouille, fit remarquer Julia.

-Si vous aviez daigné écouter ce que le directeur disait sur nos attributions, s'il l'a même mentionné, les professeurs sont tenus de faire des rondes dans tous les couloirs, renifla Severus. Nous n'avons donc pas de secteur prédéfinis. En revanche, je m'étonne de vous voir ici à cette heure-là. Il me semblait que d'habitude, vous étiez déjà dans vos appartements, où vous préférez recevoir les élèves qui requièrent votre … attention.

Il n'avait pas été difficile d'apprendre que les heureux élus en sortaient parfois aux petites heures du matin, totalement débraillés avec un sourire de contentement qui allait d'une oreille à l'autre. Par acquis de conscience et après en avoir avisé Poppy Pomfrey, il avait rapidement commencé à brasser une quantité significative de potions de contraception d'urgence et l'infirmière avait fini par lui avouer du bout des lèvres qu'il avait eu raison.

-Il ne tient qu'à vous de vous joindre à nous, sourit Julia. Les élèves aiment y faire leurs devoirs et ils s'aident les uns les autres. Ceux de votre maison adorent venir !

Severus retint de justesse un rictus ironique. Oui, par curiosité, certains Serpentards avaient accepté d'y aller mais avaient refusé de renouveler l'expérience. Contrairement à ce qu'elle disait, l'ambiance était très loin d'être studieuse et les plus âgés avaient même avoué que la sorcière faisait pas mal d'allusions sexuelles, même devant les moins de treize ans.

-J'en suis certain, railla Severus. Je dois vous laisser, je n'ai pas terminé. Bonne soirée.

Le maître de potions reprit sa marche mais il se doutait qu'elle n'allait pas le laisser tranquille. En effet, quelques instants plus tard, Julia lui emboîta le pas.

-Je ne vous vois guère lors des réunions des professeurs, fit remarquer Julia.

-Sauf problème grave, je ne m'y rends rarement, déclara Severus. Mes fonctions annexes ne me permettent pas de perdre du temps dans des simagrées pareilles. J'ai toujours fait en sorte de régler les problèmes de mes élèves à mon niveau.

C'était surtout que Dumbledore ne prenait même pas en compte les problèmes soulevés par les Serpentards, encore plus quand ils étaient victimes de harcèlement ou même d'agressions de la part de d'autres élèves, notamment des Gryffondors.

-Mais … protesta Julia.

-Mademoiselle Genest, fit Severus en s'arrêtant et en se tournant vers le pot de glue. Votre poste ne vous permet pas d'appréhender tous les devoirs liés à celui de professeur. Je vous prie donc de ne pas porter de jugement sur la manière dont je gère les élèves sous ma responsabilité. Je ne suis pas ici pour vous tenir compagnie et avant que vous ne protestiez, je ne veux pas qu'on me tienne compagnie. Sur ce, je vous souhaite une bonne soirée.

Sans attendre de réponse, dans une envolée de cape, Severus fila dans le couloir suivant et se glissa dans un passage secret. A raison puisqu'il entendit les bruits de course à sa suite ainsi que des jurons assez colorés.

Alors qu'il retournait vers les cachots, Severus songea à la situation actuelle. Julia Genest avait pris ses fonctions depuis plus d'un mois maintenant et il n'avait pas pu louper qu'il était la proie du nouvel ajout de l'équipe enseignante. Les autres directeurs de maison notamment ainsi que quelques autres l'avaient également noté et en profitaient dès qu'ils pouvaient pour se moquer de leur collègue. Le maître de potions les laissait dire et quand ça allait trop loin, il les remettait tranquillement à leur place.

Mais au-delà de ces taquineries, Severus se doutait que l'intérêt de la rousse était motivé. Il l'avouait volontiers, il n'était pas un canon de beauté et si on ajoutait en plus les dégâts causés par son défunt géniteur Tobias Snape durant son enfance, l'accident de balai en deuxième année causé par James Potter qui avait brisé son nez une première fois et la monstrueuse bagarre avec Sirius Black qui lui avait brisé encore une fois le nez juste avant les vacances d'été précédant sa sixième année, on pouvait le considérer comme laid. Il avait en outre très mauvais caractère, pouvait écorcher vif toute personne qui le déplaisait au point de le faire fondre en larmes sans même mouiller sa chemise, il était un sang mêlé, pauvre, ancien mangemort et directeur de Serpentard en prime. En clair, pas le parti le plus prestigieux du pays. Le seul atout qu'il pouvait présenter était sa maîtrise de potions car c'était sa fierté mais c'était bien tout. Or, Julia Genest avait bien l'intention de l'accrocher sur son tableau de chasse et pas pour une histoire d'une nuit, si on se fiait aux rumeurs qui disait que la sorcière cherchait à se poser. De plus, ce qui avait achevé de le convaincre que son intérêt n'était pas innocent était la subtile odeur d'amortentia dont elle se parfumait visiblement. Sa beauté naturelle lui assurait la servilité de tous les mâles, la potion n'était donc pas nécessaire … sauf si elle voulait réellement mettre la main sur une personne particulière, en l'occurrence lui.

Severus gagna rapidement ses appartements et les verrouilla soigneusement.

-Maître Snape ?

-Bonsoir Dobby, salua Severus en tentant de calmer les battements affolés de son cœur.

C'était que ce fichu elfe de maison arrivait toujours à le surprendre ! Habitué à toujours ressentir les signatures magiques autour de lui, il ne remarquait le serviteur que quand ce dernier faisait connaître sa présence. L'une des premières fois, il lui avait demandé la raison et la créature lui avait expliqué que c'était une précaution pour qu'on ne puisse pas le repérer par n'importe quelle magie.

-Le seigneur Harry m'a demandé de vous remettre cette lettre, sourit Dobby.

-Merci, répondit Severus en prenant le pli. Dis-moi, Dobby, est-ce qu'il y a des pensines là où Harry se trouve ?

-Non, secoua la tête Dobby. Mais nous sommes en contact avec le gestionnaire des comptes du seigneur Harry donc s'il en a une, nous pourrons l'utiliser.

-Très bien … fit Severus. Je te préviendrai quand Harry en aura besoin. En attendant, j'aimerai que tu lui transmettes ceci.

Il lui tendit le contrat d'apprentissage qu'il comptait soumettre au jeune homme dès qu'il pourrait revenir. Il avait également glissé avec les formulaires d'inscription pour les ASPIC en France. A ses yeux, il était hors de question que le brun sorte avec un diplôme de Poudlard. Lui-même l'avait fait vingt ans auparavant et heureusement qu'il s'agissait d'une passion à ses yeux ou sinon, il serait passé pour un total abruti. D'ailleurs, il comptait bien soumettre la même idée aux Dragons et à leurs Dames.

-Précise-lui qu'il faut qu'il me pose toutes les questions qui lui passent par la tête car ce contrat doit être en béton pour le ministère de la Magie, prévint Severus.

-Ce sera fait, maître Snape, s'inclina Dobby.

-Merci encore, Dobby, tu peux y aller, fit Severus.

L'elfe de maison s'en alla avec son courrier, laissant le sorcier seul. Ce dernier se mit à l'aise avant de lire la lettre.

Severus,
Je suis heureux que votre cadeau vous ait plu mais je vous rappelle que je n'ai aucun mérite. C'est ma mère qui a créé cet objet pour vous et je n'ai fait que vous le rendre, avec quelques ajouts, je ne le cache pas.
Ici, les célébrations magiques ont bien plus d'importance qu'en Angleterre et je dois avouer que je ne vois pas pourquoi on les a interdites. Je me sens plus calme, plus en harmonie avec ma magie et paradoxalement plus fort physiquement comme mentalement.
Je ne m'inquiète pas concernant les recherches pour me retrouver. Sauf coup de bol incroyable, personne ne pourra me trouver. Toutefois, Dumbledore se doute que je ne me trouve plus en Grande Bretagne.
Mon apprentissage continue tranquillement et je me rends compte qu'il y a beaucoup trop de choses qui sont passées sous silence à Poudlard et qui pourraient tellement aider les élèves …
Mais cette lettre a un but beaucoup moins léger, je le crains.
Au cours de mes études, je me suis interrogé sur ce qui faisait le statut de sang pur. Du peu que j'ai pu comprendre avant de partir, les Potter sont une famille importante du pays mais rien n'a été fait pour que j'en apprenne plus sur eux et le rôle que j'aurais à jouer une fois majeur.
Serait-il possible que vous rassembliez toutes les informations sur ma famille pour me les transmettre ? Je ne compte pas sur les canaux officiels mais du fait que vous soyez le directeur de la maison Serpentard, vous avez de nombreux contacts qui ne sont pas politiquement corrects et donc, vous pourriez réunir un tableau assez juste de ma famille, de leurs convictions, de leurs faits d'armes. Je me méfie particulièrement des idées reçues et des informations qui me parviennent de Dumbledore et des Weasley parce qu'avec les éléments que j'ai appris depuis que j'ai quitté Poudlard, mes doutes ne font qu'augmenter.
En espérant que tout se passe bien pour vous.
Bien à vous,
Harry

Severus leva les yeux de la lettre. Il savait qu'Harry ne savait que peu de choses de sa famille mais il ne se doutait pas qu'on lui avait carrément caché ce qui faisait la prestance des Potter. Mais il était vrai que le cours d'histoire de la magie avait tellement été dénaturé que seules les familles qui enseignaient les traditions sangs purs pouvaient se rendre compte de la déchéance dans laquelle la Grande Bretagne sorcière plongeait inexorablement depuis que Dumbledore avait accédé au pouvoir.

D'un geste de la main, il rangea la missive. Il ne serait pas difficile de répondre à la demande du jeune homme.

§§§§§

Hermione fut surprise de recevoir du courrier de la part des gobelins.

Depuis qu'elle était entrée dans le monde sorcier – et qu'elle avait compris que le directeur n'était pas aussi bon que la plupart des nés de sorciers le pensait – elle avait craint pour ses parents. A raison puisqu'ils furent tués dès les premiers assauts de Voldemort. Dans le monde moldu, elle s'était donc rapidement émancipée, ne tenant pas à être placée en foyer pour mettre en danger d'autres moldus sans défense. Avec le concours des gobelins, son passage à l'âge adulte était passé comme une lettre à la poste puisque pour la plupart des bureaucrates du ministère, la majorité des nés de moldus n'était que quantité négligeable. Mais pour cela, ils avaient préféré attendre que son émancipation soit totalement actée avant d'en aviser les sorciers. D'après les échos des gobelins, Dumbledore avait tempêté de ne pas avoir pu récupérer la tutelle de la jeune femme pour avoir un point de pression supplémentaire sur le Survivant.

Hermione avait toujours cru que puisqu'il ne pouvait plus rien faire, Dumbledore aurait laissé tomber toute action contre elle. Mais après la lecture de la lettre, elle sut que non.

Mademoiselle Granger,
Nous ne nous vous cachons pas que grâce aux excellents rapports que vous entretenez avec la banque Gringotts, vous bénéficiez de services qui ne sont guère délivrés aux sorciers lambda.
Sans cela, vous n'auriez pas été prévenue de ce dont nous allons vous apprendre.
Etant en dernière année à l'école pour sorciers de Poudlard, vous vous apprêtez à entrer dans la vie active. Un antique accord entre Gringotts et les directeurs de maison veut que ces derniers soient mis au courant des principaux détails des propositions d'embauche et d'apprentissage déposées dans les coffres des élèves, qui est une pratique tout aussi antique. Cependant, depuis l'arrivée d'Albus Dumbledore à la tête de l'école, ce dernier a repris cette prérogative à ses directeurs de maison et nous avons pu observer que dès qu'il prenait connaissance de ces propositions, les éventuels employeurs se rétractaient rapidement, tous sans exception, ce qui faisait que les élèves n'entendaient jamais parler des opportunités qu'ils auraient pu avoir.
Dans votre cas, le directeur Dumbledore a laissé une proposition d'embauche plutôt surprenante dont la copie est jointe. Comme convenu, la banque vous soumet son avis.
L'intégration des sorciers au ministère de la Magie, qu'importent leurs origines, marche pour presque soixante pour cent grâce au népotisme. Le reste était engagé selon les besoins du ministère et pour les services les plus sélectifs, grâce à plusieurs tests d'entrée, comme pour le département des Mystères ou le Bureau des Aurors.
Vous nous avez fait part de cette proposition que vous avez reçu un an auparavant concernant ce fameux groupe de travail sur l'évolution des moldus par rapport aux sorciers. Déjà à l'époque, ce groupe n'avait pas d'existence légale puisque, comme vous vous en doutiez, l'étude avait déjà été réalisée par le département des Mystères, et c'est toujours le cas aujourd'hui. Il apparait clairement qu'il s'agit d'une manœuvre pour vous placer sous la coupe du ministère et pour faire pression sur vous et par extension, sur votre célèbre ami Harry Potter.
Ni vous ni la banque n'ignorons que si cette proposition vous parvient sans que le directeur n'ait tout fait pour l'annuler, c'est parce qu'elle doit servir à ses plans mais nous ne savons pas lequel exactement.
Normalement, vous auriez dû en prendre connaissance dès votre retour de l'école et nous avons noté que dès que vous auriez pris connaissance de la lettre jointe, vous auriez été liée par un contrat magique au ministère de la Magie. Rassurez-vous, la lettre que vous nous avons transmise n'est qu'une copie inoffensive.
Je vous conseille donc de prévoir une solution de secours. Le mieux serait de faire en sorte de rappeler que vous êtes rattachée ouvertement à une famille sang pur. La famille Longbottom ne plaisante pas absolument pas sur le sujet et elle se chargera de mettre les points sur les i.
Si vous avez d'autres questions, je reste à votre entière disposition.
Gemne,
Gestionnaire du coffre Granger

La brune renifla. Cela ne l'étonnait pas que le ministère et Dumbledore tentent de mettre la main sur elle pour avoir une influence sur Harry quand il reviendrait. Malheureusement pour eux, au lieu de tourner le dos à certaines personnes par pure xénophobie, avec ses amis, elle s'en était fait des alliés sûrs qui, comme aujourd'hui, leur apportaient leur aide quand une situation délicate faisait son apparition. Mais effectivement, Gemne avait raison sur un point, il était temps de préparer sa sortie de Poudlard. Il y avait la guerre, certes, mais elle n'avait pas l'intention d'y laisser la vie et encore moins de se laisser manipuler pour le plus grand Bien et être cantonnée dans des postes qu'on lui laisserait par charité. Non, elle comptait bien forger son avenir et ne pas laisser les autres lui imposer quoi que ce soit.

§§§§§

Celeb se tenait avec ses soldats aux abords de la Rose de Sang, le regard sombre.

-Livrez-nous Agni ! gronda Eutar

Celui-ci, à la tête des troupes dévolues au conseil elfe, tenait le siège de la demeure des RoseSang. Peu après le solstice d'hiver, il avait mené une enquête de grande envergure mais sans que le but n'ait filtré, ce qui l'avait conduit à accuser Ric Agni de vol. En bon mercenaire, Celeb ne comptait pas répondre aux provocations et puis, il avait confiance dans les protections que sa sœur Kali avait en main.

Ça et le fait que Ric Agni n'était pas sur le domaine actuellement.

Nolan non plus n'était pas présent, en mission pour Ric. Quant à Harry, il avait préféré faire un saut chez les gobelins dans la dimension des humains. Donc la protection de la Rose de Sang dépendait exclusivement de la fratrie Velvet et de celle des Solna, puisque Melia et Fin étaient en train de patrouiller aux frontières du domaine pour s'occuper des éventuels espions qui voudraient entrer pour prendre à revers les forces de Celeb.

-JE SUIS LE CHEF DU CONSEIL ELFE ! rugit Eutar qui perdait patience. JE VEUX AGNI TOUT DE SUITE !

Celeb retint son sourire ironique. S'il avait appris une chose de la part de l'elfe noir recherché, c'était qu'il n'obéissait à personne, sinon la Magie.

Et ça, Eutar allait enfin l'apprendre à ses dépens.