Une descente aux enfers

Melia Solna et Kali Velvet s'étaient rendues à la guilde des shamans. Les deux femmes étaient devenues très proches, encore plus quand elles avaient dû initier Harry au sexe. Elles savaient qu'elles ne formeraient jamais un couple mais elles aimaient s'amuser ensemble dans l'intimité de la chambre de l'une ou de l'autre.

Mais là, ce n'était pas leur relation qui était mise en cause mais les faits qui les avaient réunis.

-Le maître de guilde a terminé d'interroger le shaman qui devait te sacrifier, résuma Kali après un entretien. Tu vas devoir te soumettre à des examens pour qu'ils puissent confirmer la raison pour laquelle tu as été choisie.

-Quelles seront les conséquences ? demanda Melia

-Les résultats seront portés à la connaissance de Nolan, déclara Kali. La guilde est prête à laisser un détachement de shamans l'assister pour appréhender le commanditaire.

-Pourquoi j'ai l'impression que c'est quelqu'un d'important ? fronça des sourcils Melia

-Tu n'as pas idée, sourit Kali. Mais pour le moment, tu dois te faire examiner.

-Qu'est-ce qu'ils espèrent trouver ? demanda Melia

-Je ne sais pas, avoua Kali. Mais c'est important à leurs yeux.

-Très bien, soupira Melia. Où dois-je aller ?

-Viens, je vais t'y conduire, sourit Kali.

Elles se rendirent dans une salle d'examens et la shaman confia son amie à une équipe médicale avant de rejoindre le maître de la guilde.

-Tu lui as dit ? demanda le maître

-Non, soupira Kali. Comment j'aurais pu lui dire qu'on comptait l'utiliser comme mère porteuse en sacrifiant son frère et Nolan pour avoir le guerrier ultime ? Ça l'aurait anéanti !

-Maintenant qu'elle est sous la responsabilité de RoseSang, il va falloir qu'elle se marie pour la protéger, proposa le maître de Guilde.

-Vu ses déboires avec sa famille qui voulait la forcer à épouser un total inconnu, je ne crois pas qu'elle le voudra, sourit Kali. Le problème viendra plutôt de Nolan. Il a déjà fort à faire avec tout ce qui lui tombe dessus.

-A ce propos … coupa le maître de la guilde. Qu'il se rapproche du Cercle. Le maître semble assez sur les nerfs pour battre le rappel.

-Je transmettrai le message, promit Kali.

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Andromeda s'apprêtait à rentrer dans la demeure Black. La culpabilité de Vernon Dursley était avérée pour toutes les personnes qui assistaient à son procès mais honnêtement, c'était plus le fait qu'il se jette à la tête de l'avocate du plaignant – elle-même – à chaque fois qu'ils se voyaient qui parlait contre lui.

-MONSTRE ! rugit une voix

Vernon s'était échappé de la poigne des policiers pour se jeter sur l'avocate. Mais Andromeda n'était pas dépourvue d'intelligence car au moment où il posa la main sur elle, la sorcière dégaina un spray au poivre et l'utilisa sur le moldu. Ce dernier s'écroula à terre – en faisant vibrer le sol, vu son poids – et se mit à hurler comme un cochon qu'on égorge, les yeux à vif. Calmement, elle baissa son arme avant de se diriger vers les autres policiers présents pour la leur remettre.

-Vous vous baladez souvent avec ce genre d'objets, madame ? demanda l'un d'entre eux, impressionné

-Cet homme n'a jamais caché son animosité à mon égard alors que je ne le connaissais même pas avant cette affaire, souligna Andromeda. De plus, il tenait des propos assez menaçants à la fois à l'encontre de mon client que du mien. L'arme est non létale et n'est pas interdite par la loi. J'ai été agressée, ma réponse a été immédiate, c'est donc de la légitime défense. Et avec le nombre de témoins présents, je doute que vous ayez une autre version.

Mettant le spray sous scellé, le policier le lui rendit avant de lui conseiller le commissariat d'à côté pour déposer plainte. L'avocate salua son client avant d'obtempérer.

Si avec ça, on ne déclarait pas Vernon Dursley coupable de toutes les accusations portées contre lui …

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-JE REFUSE ! rugit Albus

Le moins qu'on ne puisse dire, c'était que le directeur de Poudlard savait exprimer sa désapprobation.

Après le bal du printemps, comme il l'avait prévu, Severus avait prévenu son supérieur de son départ prochain. Et à moins qu'il ne sorte une excuse valable dans les dix prochaines minutes, Albus Dumbledore serait obligé d'accepter devant tous les professeurs.

-Et pourquoi donc ? s'irrita Pomona. Contrairement à nous autres, Severus est le seul à être directement entré ici après sa maîtrise. Il n'a donc pas pu satisfaire l'obligation d'éduquer un apprenti, puisque ce n'est pas possible de le faire ici, à cause de nos emplois du temps chargés. D'ailleurs, je suis étonnée que la guilde de potions n'ait pas rappelé à l'ordre Severus plus tôt.

-Elle ne m'a pas donné de raison, seulement un ultimatum, déclara Severus. Elle a été très clair là-dessus. Ou bien je prenais un apprenti dans les plus brefs délais, ou bien tous mes diplômes en potions étaient annulés purement et simplement. En sachant que je suis l'un des seuls maîtres qui exerce en Grande Bretagne, ce serait une perte considérable …

Albus serra les poings. Si Snape quittait l'école, il ne lui servirait plus à rien, puisqu'il devrait en même temps quitter le service de Voldemort.

-Vous êtes professeur sous contrat, rappela durement Albus. Vous ne pouvez pas partir du jour au lendemain.

-Au nom de la guilde, si, intervint Minerva. Elle vient de m'envoyer tous les textes et les lois édictées par le conseil international des sorciers concernant la transmission de connaissances. En tant que maître de potions, il doit enseigner, ce qu'il fait depuis bientôt seize ans, mais aussi transmettre ses propres connaissances. Elle ne m'a pas caché être très intéressée par la potion Tue-Loup qu'il est le seul à développer.

Severus ne put louper la colère qui s'empara du vieux sorcier. Quand il avait découvert que toutes ses créations seraient la propriété exclusive de son garant sorcier, Severus avait planqué toutes ses notes. Quelques années après cette déconvenue, le maître de potions avait trouvé une parade symbolisée par la Tue-Loup. En effet, la potion était toujours en cours d'élaboration et tant qu'il ne la déclarait pas comme terminée, il n'était pas possible de la commercialiser ou même de la donner pour traiter quelqu'un, à moins que ce soit un cobaye. C'était d'ailleurs ainsi qu'il avait pu la donner à Remus Lupin et Severus ne s'était pas gêner pour faire en sorte que ses nuits soient difficiles, au mieux.

Mais ce n'était pas ce qui gênait le directeur dans son départ. Severus savait que sa condamnation faisait en sorte qu'Albus Dumbledore soit son garant pendant les quinze années suivantes. Le directeur pouvait lui ordonner tout ce qu'il voulait, y compris brasser une potion expérimentale pour aider l'un de ses ennemis d'école, et récolter à son compte tous les bénéfices qu'il tirait de la commercialisation des créations qu'il avait et de la vente des potions les plus chères que le maître de potions brassait – et dont il s'était aperçu du vol. D'après ses calculs, rien qu'avec ces gains, Severus aurait pu vivre très confortablement. Donc il était hors de question de laisser s'échapper cette providence pour le directeur.

-Nous avons besoin de vous ici ! gronda Albus

-Vous repoussez depuis trop longtemps la demande de la guilde d'accéder à Severus, claqua sèchement Minerva. Elle se pose des questions car quand il a passé sa maîtrise, il avait remarqué le nombre d'idées de potions ingénieuses qu'il avait mais depuis qu'il est devenu professeur, il n'a fait breveter que deux potions et amélioré une troisième. Or, d'après elle, avec son niveau, il aurait dû améliorer au moins une potion par an, même en enseignant.

-Vous savez parfaitement qu'on ne doit pas se mettre entre un maître et sa guilde, rappela Filius. Leurs menaces me semblent parfaitement cohérentes. De plus, elle a la possibilité d'enclencher des procédures assez lourdes qui pourraient conduire à la fermeture de Poudlard.

-Mais sa condamnation … siffla Albus.

-Si la guilde s'est permis cet ultimatum, c'est qu'elle a pu se procurer les détails de sa condamnation et qu'à ses yeux, Severus a payé sa dette, susurra vicieusement Filius.

En réalité, c'était Severus lui-même qui le leur avait fourni mais c'était un secret …

-Je n'ai donc pas le choix, capitula Albus.

Les directeurs de maison se tendirent. Albus Dumbledore avait capitulé bien trop vite à leurs yeux. Il fallait donc s'attendre à une action de grande envergure de sa part. Il n'aimait pas qu'on lui vole ses jouets, visiblement …

-Comment allons-nous donc faire pour l'année prochaine ? demanda Albus. Nous avons des difficultés à recruter du personnel, je vous le rappelle.

-La guilde a aimablement accepté de remédier à cette perte, sourit machiavéliquement Minerva. Un maître britannique qui s'est exilé à l'étranger dans son enfance. Il a accepté d'enseigner l'année prochaine.

Comprenant qu'il était coincé, Albus passa sèchement au sujet suivant.

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Ginny inspira et expira profondément pour ne pas paniquer.

Alors qu'elle allait se rendre dans la bibliothèque rejoindre Luna et Astoria, une chouette inconnue lui avait délivré une lettre. Avant même qu'elle ait pu faire un geste, elle était entrée en contact avec sa peau, déclenchant un portauloin. La rousse s'était donc retrouvée dans un endroit inconnu, uniquement armée de sa baguette. Rapidement, elle avait examiné les lieux et il ne lui avait pas fallu longtemps pour découvrir qu'elle se trouvait au Terrier, plus particulièrement dans l'un des lieux favoris que sa mère utilisait pour la punir.

Le Cachot.

C'était un recoin de la cave que son père ne connaissait pas et où Molly l'enfermait quand sa fille n'exécutait pas exactement ce qu'elle voulait. Dedans, elle n'avait jamais eu droit à sa baguette, encore moins à la lumière ou des vêtements chauds. Jamais Arthur ne s'était douté qu'elle y passait de longues nuits et encore moins certaines journées car la matrone avait toujours fait en sorte de la sortir de là quand il était présent à la maison ou, à la rigueur, avoir une excuse plausible à son absence.

Otant les vêtements superflus si elle devait en venir à se battre, comme sa robe sorcière ou sa cravate, Ginny se mit à réfléchir à sa situation. Seul le directeur pouvait autoriser l'activation d'un portauloin dans l'enceinte de l'école. Et si elle était retournée dans la maison de son enfance, c'était qu'il avait des questions bien précises à lui poser et qu'il avait chargé sa mère de lui arracher les réponses. La rousse savait qu'elle allait passer des heures inconfortables, au mieux, et qu'elle serait seule. Les Dragons sauraient qu'il se serait passé quelque chose mais elle ne savait pas si les indices qui existaient pourraient les mener jusqu'à son lieu de détention.

Soudain, la porte s'ouvrit violemment, éclairant le Cachot d'une lumière aveuglante.

-Fille indigne ! claqua une voix que Ginny reconnut aussitôt

Malheureusement pour Molly, Ginny ne comptait pas plier.

Elle allait se battre pour sa liberté.

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La sorcière eut du mal à ouvrir les yeux. Mais quand elle le fit, elle sut qu'elle n'était plus dans sa geôle. Elle voulut se lever mais la douleur la cloua sur place.

-Doucement, souffla une voix qu'elle eut du mal à reconnaître. Tu as eu un choc conséquent et ton corps en subit les conséquences.

Elle souffla doucement avant de tenter de rouvrir les yeux. La silhouette à ses côtés devint de plus en plus précise et soudain, elle comprit qui était à ses côtés.

-Oncle Tom … souffla-t-elle.

-Bella, répondit tendrement Tom. Je suis là, tu ne me quitteras plus.

A cette affirmation, Bellatrix Lestrange née Black se renfonça dans son lit et s'endormit, le sourire aux lèvres.

Quand il fut sûr qu'elle ne réveillerait pas de sitôt, Tom perdit son sourire. Grâce à Narcissa, il n'avait pas été compliqué de trouver Bellatrix. Ce qui l'avait été, c'était de défaire tous les sorts qu'on avait posé sur elle, comme si elle avait été un cobaye de la part de son geôlier. D'ailleurs, Tom n'avait pas réussi à tous les détruire, s'étant concentré sur ceux de localisation pour qu'on ne sache pas avant qu'il ne soit trop tard ce qu'il comptait faire. Il l'avait amené dans le temple du dieu serpent pour lui retirer la marque des ténèbres mais cela ne s'était pas aussi bien passé qu'avec Lucius. En effet, les maîtres fourchelang présents avaient dû intervenir en catastrophe quand ils s'étaient rendu compte que la marque était liée à des sorts sur son esprit. Ils avaient failli la perdre plusieurs fois mais ils avaient finalement réussi à la libérer totalement. Pour s'assurer qu'elle n'aurait aucune séquelle, ils avaient permis à Tom de l'installer dans une maison de soin non loin pour la garder en observation.

Bellatrix avait très mal vécu les vingt dernières années, cela se voyait sur son corps. Les années passées en prison ne lui avaient clairement pas fait de bien et depuis sa libération, si, comme Lucius l'avait révélé, ils étaient parqués dans une salle quelconque comme des bêtes, elle n'avait jamais pu récupérer correctement.

Maintenant qu'elle n'était plus soumise à Voldemort, Tom se demandait ce qu'il allait faire. La découverte des sorts sur son esprit lui faisait craindre qu'elle n'ait subi le même traitement que Sirius. Il était très tenté d'emmener Bellatrix dans la même clinique mais il avait peur de la rencontre entre les deux cousins. Il ne fallait pas oublier que la première avait intentionnellement attaqué le second dans le but de le tuer. Même si Sirius y était depuis maintenant bientôt deux ans, ce serait une très mauvaise idée de les mettre l'un en face de l'autre. Cependant, il ne pouvait pas ménager les deux membres de la famille Black au mépris de leur santé mentale à tous les deux. Il comptait bien en parler à Dimitri Vater qui s'occupait de Sirius. Mais il fallait d'abord la ramener en Europe et rapprocher Bellatrix de la Russie. Il espérait simplement qu'il y avait une demeure Malfoy dans les alentours de la clinique.

Alors qu'il passait dans le séjour pour se prendre un thé, Tom songea à la suite de ses projets. La fin de l'année scolaire approchait et depuis les fêtes de fin d'année, il avait une correspondance abondante avec les Dragons et leurs Dames. Leurs impressions par rapport aux faits d'actualité lui montraient un nouveau point de vue mais également l'ampleur de la machination conduite par Dumbledore. Pendant que lui remettait en cause le bien-fondé des décisions du directeur en dehors de la Grande Bretagne, eux brisaient les aprioris et les conventions en rappelant qu'ils étaient tous des enfants et non quatre maisons qui devaient se dresser les unes contre les autres. A eux tous, ils ébranlaient l'ordre établi, d'autant plus que les rumeurs de l'existence de l'héritier légitime de Serpentard, de la famille Gaunt, se répandait dans toutes les hautes sphères des pays magiques du monde entier.

Dumbledore allait enfin sombrer.

§§§§§

Severus avait eu du mal à quitter le bureau du directeur.

Depuis qu'il avait appris son départ à la fin de l'année scolaire, Albus Dumbledore multipliait les tentatives pour que le maître de potions revienne sur sa décision. Il avait tenté de tomber sur lui « par hasard » mais depuis quelques temps, ce dernier se faisait invisible, même pour ses collègues. Même Julia n'arrivait pas le rencontrer lors de ses rondes.

Ce que très peu de personne savait, c'était que Severus se retenait à grand peine de faire un carnage.

Quelques temps auparavant, Garrick avait exigé de le voir et l'avait examiné avec les gobelins. Malheureusement, son mentor lui avait révélé bien plus que ses soupçons le lui avaient fait entrevoir, notamment une explication logique concernant le sort qui lui faisait oublier des passages entiers de ses entretiens avec le directeur. Cela avait mis le maître de potions dans une fureur noire. Et il entendait bien se venger dans les règles de l'art.

Garrick avait été génial sur ce coup-là et avait défait presque tout ce que Dumbledore avait fait, remplaçant les sorts par d'autres que Severus pourrait contrôler. Avec l'aide de Jeremiah, il avait commencé à répandre de vilaines rumeurs sur Albus Dumbledore, notamment son goût prononcé pour la chaire, car parmi les souvenirs qu'on avait voulus lui faire oublier, il avait surpris une … étreinte loin d'être amicale entre son « supérieur » et le nouvel ajout de l'équipe enseignante. Depuis, bien des idées machiavéliques lui étaient venues mais d'abord, il voulait reprendre son sang-froid. Et pour cela, il comptait bien utiliser la … « pute » de Dumbledore pour s'amuser.

Pour cela, il avait décidé d'améliorer l'apparence de Severus Snape, le rendre plus attirant. Exit les cheveux gras, le teint maladif et les grandes robes noires. Du jour au lendemain, il avait troqué ses tenues austères et lourdes pour quelque chose de plus élégant, il était passé chez le coiffeur pour une coupe plus en adéquation avec son âge, enfin bref, il avait enfin pris soin de lui. Les premiers jours, les regards s'étaient attardés sur lui, choqués, avant de prendre la réelle mesure de ce qu'ils voyaient. Julia Genest avait redoublé d'efforts pour entrer dans son lit, persuadée que s'il avait amélioré son apparence, c'était pour elle, mais Severus se faisait un plaisir de la jeter avec perte et fracas avec un maximum de public. Pour enfoncer le clou, il quittait l'école chaque soir après le dîner pour sortir et régulièrement, il se montrait indifféremment aux bras d'hommes ou de femmes sans toutefois faire preuve de débauche.

-Il parait que vous invitez régulièrement la sœur de Rosemerta, taquina Pomona alors que toute la majorité de l'équipe enseignante se trouvait dans la salle de repos.

-Si vous avez cette information, c'est que vous êtes une visiteuse régulière, répondit du tac au tac Severus.

-Ne changez pas de sujet, ricana Minerva. Alors ?

-Nous ne faisons que dîner ensemble, confirma Severus.

Toutes les femmes pouffèrent. Sauf Julia.

-Je ne vois pas ce que vous pouvez lui trouver, renifla Julia.

-Quand on est entouré de gamines ou au contraire, de femmes d'âge mûr, s'inclina Severus vers Minerva et Pomona, il est rafraîchissant de se retrouver avec quelqu'un de son âge pour avoir des conversations d'adultes.

Julia se vexa en comprenant que Severus la considérait comme une gamine alors qu'ils avaient le même âge.

-J'avoue que j'ai toujours pensé que vous étiez amoureux de Lily Evans, fit Filius.

-Nous ne le saurons jamais, haussa des épaules Severus. Elle est partie avant que je ne connaisse la réponse.

-Puisque votre langue s'est déliée, j'aurais une question, fit Pomona.

-Je me réserve le droit de ne pas répondre, prévint Severus.

-D'accord, sourit Pomona. Vous avez toujours eu la vie d'un moine ou alors, vous étiez très discret ces dernières années. Mais en ce moment, vous changez régulièrement de partenaires. Pourquoi ?

-Avant, j'étais extrêmement discret, confirma Severus. En fait, je le suis toujours mais allez savoir pourquoi, chaque fois que je sors, il y a un journaliste dans les parages.

En vérité, c'était lui qui avait engagé l'un des reporters en free-lance du Chicaneur pour publier les photos de ses conquêtes pour faire enrager Genest et Dumbledore.

Tandis que la conversation se poursuivait, Severus regarda du coin de l'œil Julia Genest qui fulminait. Quand elle s'était approchée de lui lors de la réunion de l'Ordre du Phénix, il s'était douté que c'était intentionnel et les semaines suivantes lui avaient donné confirmation. Son indignation montrait bien qu'elle avait intérêt à ce qu'il tombe dans ses filets et vu l'étreinte … passionnée, dirait-on, cela servait ceux de Dumbledore qu'il soit pris en main par une sorcière. Dommage pour Genest, elle ne l'intéressait même pas, même si d'aventure elle n'avait pas une liaison avec le directeur. Oui, elle ressemblait beaucoup à Lily Evans mais depuis le temps, il avait compris que c'était plus la meilleure amie, la sœur même qu'il avait pleurée et non la potentielle amante. Oui, ils avaient été très proches les cinq premières années de scolarité mais quand il l'avait insulté, ils avaient compris que même s'ils prenaient des chemins différents, ils resteraient toujours les mêmes.

Donc il était hors de question qu'il cherche dans une vulgaire inconnue un substitut de Lily. Et Julia était en train de le comprendre.

§§§§§

La sorcière reprit brutalement conscience.

Elle voulut bouger mais elle remarqua rapidement qu'elle ne pouvait pas.

-Bonjour Alice, fit une voix.

Elle tourna la tête et reconnut immédiatement la personne qui lui avait adressé la parole.

-Franck … souffla Alice.

-Content que tu te souviennes de moi, railla Franck.

D'un coup, tous les souvenirs revinrent à Alice, ainsi que la raison pour laquelle elle se trouvait dans cette position.

Elle avait trahi son mari et sa famille. Et maintenant, elle en payait le prix.

-Explique-moi pourquoi tu as préféré Dumbledore à moi, fit Franck. Qu'est-ce qu'il pouvait t'apporter de plus que nous ?

C'était véritablement l'une des questions qui turlupinait encore Franck. Les motivations de son ex-femme – il comptait bien la répudier une fois toute cette affaire terminée – lui étaient toujours obscures mais il comptait bien tirer tout cela au clair. De toute façon, depuis que sa duplicité avait été avérée, sa mère et lui avaient indiqué à Neville quoi faire pour qu'Alice n'ait aucun droit sur le patrimoine Longbottom.

-Dis-moi, fit Franck. Qu'est-ce que ce vieillard aurait pu t'apporter de plus ? Si tu avais accepté les règles de ta nouvelle famille, tu aurais été l'une des sorcières les plus puissantes de notre société, bien plus puissante que Dumbledore lui-même. Non, tu avais besoin de marionnettes pour te sentir bien. Pendant combien de temps tu penses qu'on n'aurait pas remarqué la supercherie, hein ?

-Albus disait … protesta Alice.

-Que sait exactement Dumbledore sur les sangs purs ? sourit mielleusement Franck. Est-ce qu'il sait que nous protégeons toujours les nôtres, même s'ils font de grosses conneries ?

-Mais Sirius Black a été renié ! s'exclama Alice. Vous ne vous protégez pas si bien, surtout parce qu'il s'était simplement enfui de chez lui !

-Je vois que tu as bien appris ta leçon, ricana Franck. Ses mensonges n'ont pas dû être trop difficiles à avaler. Mais après tout, ce n'est pas comme si c'était la vérité …

-Comment ça ? sursauta Alice à travers ses liens

-Est-ce que ça ne te semble pas curieux que Sirius n'ait même pas eu besoin d'ouvrir la bouche pour que tout le monde sache qu'il avait fugué de chez ses parents ? susurra Franck

Alice ouvrit la bouche pour réfuter mais se figea et la referma. Effectivement, elle se souvenait que lors de la rentrée en sixième année, le fait que Sirius Black se soit enfui de chez lui durant l'été était sur toutes les lèvres. Le Gryffondor, quant à lui, s'était toujours contenté de dire qu'il avait passé ses vacances chez son meilleur ami et ses parents ne s'étaient jamais prononcés sur l'événement. Donc, comment est-ce que la rumeur avait pu se répandre ?

-Ses amis … proposa Alice.

-Sirius était mineur au moment des faits, rappela Franck. Si les Black avaient appris qu'il se trouvait chez les Potter sans leur autorisation, ils auraient très bien pu les attaquer en justice pour kidnapping. Mais ils n'ont rien fait, ils n'ont même pas tenté de le récupérer une fois de retour à l'école.

-Ils soutenaient Voldemort ! assura Alice

-Et Sirius n'était pas le seul de la famille à ne pas vouloir le faire, pointa Franck. C'est donc une excuse un peu trop légère pour renier quelqu'un, je trouve.

Le regard d'Alice se troubla et les doutes l'envahirent.

-Je peux te dire ce qui s'est vraiment passé, sourit Franck. Mais honnêtement, je ne vois pas pourquoi je devrais combler tes lacunes.

Franck s'amusa de la fureur de la sorcière. En fait, la situation de Sirius était extrêmement simple. Sirius Black avait quitté le domicile familial sans autorisation.

Et c'était tout.

L'affaire n'était jamais allée plus loin. Pas de hurlements de la part de Walburga Black, de malédictions jetées à tout va, voire même de reniement.

Il n'avait même pas été déchu de son titre d'héritier Black. Il avait dû recevoir une soufflante – il restait un héritier sang pur et c'était en période de guerre – mais jamais Sirius avait été inquiété aux yeux des sangs purs. Malheureusement, le sorcier lambda y avait cru et quand Pettigrow avait hurlé dans la rue que Sirius avait livré les Potter à Voldemort, il avait été condamné par la populace et le ministère, poussé par Dumbledore, n'avait pas jugé utile de lui offrir un véritable procès pour qu'il puisse se défendre.

-Je ne te crois pas ! fit Alice, l'air bravache

-A ta guise, s'inclina Franck. Mais dis-toi une chose. Je suis réveillé depuis plusieurs mois et j'ai cédé officiellement mon titre de lord Longbottom à Neville. Avec toutes ces informations, peux-tu me dire à quoi tu pourrais maintenant servir à Dumbledore et pourquoi il viendrait te sauver ?

A ses yeux, tu ne vaux plus rien. En plus, il ne sait même pas où tu es. Et il ne le saura jamais.

Le désespoir envahit le regard d'Alice.