Lord Harrison James Potter, pour détruire votre monde

La Grande Salle était, pour une fois, totalement silencieuse ce matin de début avril. Intrigué, Albus Dumbledore prit place et interrogea du regard ses collègues.

-Le journal, indiqua Minerva.

Curieux, le directeur s'en empara et les gros titres lui sautèrent aux yeux.

LE SURVIVANT DE RETOUR AU PAYS !

Il n'en fallait pas plus pour que le vieux sorcier ne se plonge dans l'article. Le jeune homme avait, semble-t-il, avait été vu sur le Chemin de Traverse en train de faire quelques achats. Il n'avait certes répondu à aucune question mais le savoir de retour en Grande Bretagne signifiait une avancée majeure dans la guerre.

Pendant que le directeur lisait attentivement le journal, Severus avait ouvert la lettre qui lui était parvenue juste avant la distribution du journal.

Severus,
Je sais qu'il n'est pas dans mes habitudes d'envoyer du courrier aussi ouvertement mais je me devais de mettre un pied dans la fourmilière …
Pour cela, il y a une idée qui me trotte dans la tête depuis que vous m'avez annoncé que Dumbledore avait très mal pris votre départ prochain. Cette idée pourrait également rendre dingue ce cher directeur.
Je veux que nous signions dès à présent le contrat d'apprentissage.
Je m'explique : la guilde de potions a exigé que vous quittiez Poudlard pour prendre un apprenti, ce qui vous est impossible de faire actuellement avec vos responsabilités à l'école. Mais est-ce qu'elle vous empêcherait de prendre un apprenti pendant que vous êtes encore professeur pour à peine deux mois ? D'après la charte de Poudlard, rien n'empêche un maître enseignant à l'école d'avoir un apprenti et le règlement imposé par Dumbledore ne peut pas l'interdire, c'est juste que physiquement parlant, vous ne pouvez pas en prendre en charge.
Concrètement parlant, Dumbledore est coincé : il ne peut pas vous interdire de prendre un apprenti puisque vous devez partir à la fin de l'année scolaire, il ne peut pas m'approcher puisque je ne serais pas élève à Poudlard et personne ne pourra nous faire du mal puisque nous serons protégés par les lois d'Apprentissage. En plus, Voldemort ne pourra pas vous faire payer le fait que vous ne puissiez pas m'amener à lui car s'il fait mine de vous forcer à me livrer, il aura toute la communauté internationale qui mettra le nez dans ses affaires.
Je pense que ça mérite qu'on réfléchisse dessus.
Oh, dernier point … Achetez du popcorn, je pense que les prochains événements vont vous amuser …
Harry J. RS. A. Potter

Severus vérifia dans sa tête les lois d'Apprentissage et le règlement de Poudlard. En effet, rien ne l'empêchait de prendre un apprenti et les conditions étaient à la discrétion du maître et de son apprenti. Si Dumbledore refusait, il attirerait l'attention de la communauté internationale, idem pour Voldemort s'il voulait tuer Harry. Oui, cette proposition avait beaucoup d'avantages mais un gros inconvénient, la prise de tête inévitable avec Dumbledore quand il l'apprendrait. Mais en louvoyant bien, il pourrait se dédouaner de ce choix précipité … qu'il mûrissait depuis trois ans quand même.

Calmement, il rangea la lettre et reprit son repas. Il ne doutait pas que le directeur avait noté qu'il avait reçu du courrier et qu'il allait essayer de lui tirer les vers du nez pour connaître tous les détails de cette correspondance.

-J'espère que c'était de bonnes nouvelles, pouffa une voix féminine à ses côtés.

Severus se retint de montrer les dents. Julia Genest était de plus en plus collante et franchement, ça le démangeait de lui jeter un sort.

-Assez pour ne pas avoir envie de les partager avec le monde entier, répondit sèchement Severus.

-Ne le prenez pas comme ça, bougonna Julia, refroidie.

-Etant donné que vous tenez à vous mêler de mes affaires alors que je ne veux rien avoir à faire avec vous, je suis en droit de le prendre comme je le veux, claqua Severus.

Julia lui tourna le dos, ouvertement vexée, et Severus put enfin respirer un peu. Il s'empara de sa tasse de thé mais une odeur suspecte lui fit comprendre qu'il était drogué. Il ne mit qu'un clignement d'œil pour identifier la potion et choisir de la boire quand même. Dommage pour Genest, depuis qu'il savait qu'il était sa cible, il avait fait en sorte que les potions d'attirance en tout genre n'aient que des effets minimes sur lui, l'occlumencie lui permettant de contrer l'essentiel.

-Severus, ronronna Julia en se rapprochant, puisqu'il avait bu le thé. Est-ce que vous voudriez m'accompagner à Pré-au-Lard ce soir avec moi ?

-Toute activité où vous n'êtes pas présente est plus intéressante que vous, décréta Severus en se levant. Maintenant, même si vous ne me le permettez pas, j'ai à faire et vous n'êtes pas conviée.

Dans une envolée de cape, Severus s'en alla, laissant Julia ivre de rage. Le maître de potions se dirigea vers les cachots pour préparer ses prochains cours. Mais alors qu'il allait quitter ses appartements pour sa salle de cours, la cheminée s'embrasa. D'un œil distrait, il vérifia que les protections de Salazar Serpentard étaient en place avant de regarder qui osait l'appeler alors qu'il était censé donner cours.

-Héritier Prince, s'inclina une tête dans les flammes.

-Constantin, salua Severus. Qu'est-ce que mon ancêtre a encore fait ?

Constantin Pavel était l'assistant de Jeremiah Prince. Quand il avait appris son existence, le professeur lui avait fait passer une batterie de tests divers et variés pour connaître ses allégeances et ses buts. Heureusement, Constantin était entièrement dévoué à Jeremiah et la famille Prince.

-Votre grand-père va bien, sourit Constantin. Toujours aussi bougon, râlant sur tout et rien. Non, si je vous appelle, c'est parce qu'il s'avère que des membres bien intentionnés de la famille Prince ont estimé qu'il n'en avait plus très longtemps à vivre et qu'ils devaient emménager avec lui pour rendre ses derniers temps en ce monde plus doux.

-Ou l'aider à le quitter plus vite, bougonna Severus. Personne n'est au courant pour moi ?

-Non, répondit Constantin. Tout le monde pense que si les affaires de la famille se portent aussi bien, c'est parce que j'ai enfin eu procuration pour le faire moi-même.

-J'avais oublié que vous aviez été sollicité pour parler en la faveur de certains à ce bon vieux Jeremiah, fit Severus.

Constantin sourit. Depuis qu'on avait appris sa présence aux côtés de Jeremiah, voilà soixante ans, il ne se passait pas une semaine sans que l'un des membres de la famille ne tente de le corrompre pour avoir plus que les autres.

-Si Jeremiah accepte d'accueillir cette nuée de pique-assiette, critiqua Constantin, il sera plutôt difficile de cacher votre présence.

-Celle de Severus Snape, oui, confirma Severus. Mais moins celle de Seth Prince.

-Je croyais que vous vouliez garder le mystère, fronça des sourcils Constantin.

-Je quitte l'école à la fin de l'année scolaire, rappela Severus. J'aurais plus de temps pour répondre aux sollicitations … malvenues, dirons-nous.

Constantin et Severus avaient le même sourire machiavélique. Depuis que Severus avait découvert qu'il appartenait à la famille Prince, tous les deux s'étaient rendu compte qu'il s'agissait plus d'un véritable nid de vipère que d'une famille. Jeremiah avait eu l'intention d'y remettre bon ordre mais son état de santé ne lui permettait pas. Mais dès que l'ancêtre lui donnerait le feu vert, Severus allait faire le ménage, c'était sûr.

-Prévenez Jeremiah que je vais en discuter avec lui, fit Severus. Cette situation pourrait nous mettre dans l'embarras.

-Très bien, fit Constantin. Oh, pendant que j'y pense, il y a des propositions de contrats de mariage qui sont arrivées au manoir.

-En quoi est-ce que Jeremiah est concerné ? s'étonna Severus

-Il est le chef de famille, souligna Constantin. De ce fait, c'est lui qui accepte l'union ou non, sous peine que la magie familiale ne reconnaisse pas « l'ajout » à la famille Prince.

-Et ? fit Severus

-L'heureux élu est l'héritier de la famille Prince, ricana Constantin. Même si certains de vos cousins pensent l'être, dans les faits, c'est vous.

Severus pesta alors que Constantin se sauvait. Il était bien dans son célibat, merci bien !

§§§§§

-Beltaine ? Vraiment ? fit Augusta

Pour toute réponse, Harry se renfonça dans son fauteuil avec un sourire aux lèvres.

Deux jours auparavant, il avait fait connaître sa présence à Londres et depuis, les gobelins étaient envahis par des lettres de tout genre. Il habitait toujours chez Ric et Laze et n'avait pas l'intention de déménager. Toutefois, il fallait que les sorciers se rappellent qu'avant d'être le Survivant, il était le prochain lord Potter et lord Black.

Pour cela, rien de plus simple, il allait se présenter à la société mondaine à la prochaine célébration magique, Beltaine. D'où sa visite à Augusta Longbottom.

-Quel symbole plus fort que celui du renouveau ? fit Harry. Nous nous sommes éloignés de la Magie pour plaire à des personnes qui ne la respectent même pas, que ce soit par ignorance ou par cupidité. Même si beaucoup vont passer à côté de la symbolique de Beltaine, on ne va pas louper que ce sera la renaissance des clans Potter et Black. Je veux frapper un grand coup.

-Et où allez-vous organiser ce grand événement ? demanda Augusta

-Justement, c'est pour cela que je suis venu vers vous, fit Harry. Je ne voudrais pas commettre d'impair.

-Cela mérite réflexion … songea Augusta. Mais vous êtes venu avec une idée précise, non ?

-Si, avoua Harry. Je voudrais utiliser Canterbury.

-Pourquoi ? demanda Augusta, surprise

-Pour rappeler à tous que nous coexistons sur une même terre et que certaines choses ne sont clairement pas ce qu'ils pensent s'ils ne font pas l'effort de faire des recherches, déclara Harry. Combien de nés de moldus voire de nés de sorciers savent que Canterbury ou Westminster appartiennent à des sorciers depuis avant que le christianisme n'existe ? Que l'essentiel des lieux des lieux de culte moldus sont avant tout des sources de magie ? Trop peu pour le maintien des traditions magiques.

-Vous êtes le gardien de Canterbury ? s'étouffa Augusta après que l'information soit montée au cerveau

-Non, nia Harry. Disons que je peux l'utiliser.

Laze lui avait appris que les lieux appartenaient à la famille de Rowena Serdaigle. Mais étant une femme et la seule héritière de sa famille, son nom s'était rapidement perdu. Mais en souvenir de ses amis, elle leur avait permis d'utiliser ses terres à conditions qu'ils ne se les accaparent pas au détriment de ses héritiers. D'ailleurs, Laze faisait des recherches pour retrouver lesdits héritiers, au cas où. Du peu de ce que Ric et lui avaient pu apprendre sur l'école qu'ils avaient fondée, ils avaient bien l'intention de rappeler certains points aux sorciers.

-Ce ne serait pas une mauvaise idée, concéda Augusta. Mais il vous reste moins d'un mois pour que tout soit prêt. Etes-vous sûr de votre choix ?

-Bien entendu, sourit Harry.

-Vous allez faire parler de vous, sourit Augusta. Qui allez-vous donc inviter ?

-Justement, c'était un autre point sur lequel je voulais votre avis, rebondit Harry. Est-il possible d'inviter des héritiers sans les lords et les ladies en fonction ?

-C'est possible, avoua Augusta. Mais cela reste très lourd de conséquences.

-C'est-à-dire ? demanda Harry

-Ce que les autres comprendront, c'est que vous n'avez pas confiance en ces chefs de familles pour respecter les coutumes magiques, expliqua Augusta. Dans un endroit aussi chargé magiquement que Canterbury, cela peut se traduire qu'à vos yeux, vous ne les considérez pas digne d'appartenir à la société sang pur voire même d'être sorcier.

-Cela m'intéresse, sourit Harry. Mais je vais faire les choses dans l'ordre. Je vais lancer les préparatifs de Beltaine et je vais plancher sur la liste des invités. Puis-je encore abuser de vos lumières et vous soumettre cette fameuse liste pour que je ne commette pas d'impair ?

-Ce sera avec plaisir, accepta Augusta.

§§§§§

Hermione avait un sourire qui barrait son visage depuis que les journaux avaient annoncé le retour d'Harry. Certes, les vautours étaient de retour pour essayer de lui faire avouer toute information concernant son ami mais elle n'était pas Hermione Granger pour rien et on pouvait déplorer la présence à l'infirmerie de nombreux élèves, le plus souvent des filles, mais aucun nom ne circulait concernant l'auteur des agressions.

Malheureusement, sa bonne humeur avait eu comme effet néfaste d'attirer sur elle l'attention de nombreux garçons qui avaient été « frappé par son rayonnement dû à son bonheur », dont Ronald Weasley.

Qui, présentement, chouinait à ses côtés pour savoir pourquoi elle ne voulait pas lâcher Draco Malfoy pour lui.

-Weasley, siffla Hermione. Je vais te le répéter une dernière fois : oui, je sors avec Draco et non, jamais je ne sortirai avec toi. Si tu veux tout savoir, je préfère sortir avec n'importe quelle personne qui n'a pas tes manières ignobles à table.

-Mais … protesta Ron.

Hermione ne s'embarrassa pas de scrupules et sortit sa baguette de sa poche. Toute la salle commune retint son souffle, comprenant aisément son avertissement : une seule autre parole de travers et les sorts allaient voler. Surtout que la jeune femme avait fait assez de recherches pour trouver des sorts particulièrement douloureux mais totalement légaux. Donc tout le monde filait doux quand elle était agacée. Le roux comprit également la menace et détala sans demander son reste. Maintenant tranquille, elle se plongea dans son livre, laissant les élèves présents souffler de soulagement, l'explosion ayant été évitée.

Mais la brune pensait à tout autre chose que ses révisions pour le moment.

Ginny avait dû quitter l'école précipitamment pour rejoindre le Terrier, d'après le professeur Dumbledore quand elle l'avait interrogé avec le professeur McGonagall concernant son absence. Ayant eu des échos sur le comportement de Molly Weasley, elle savait que s'il y avait eu un problème de famille, elle aurait tenu à ce que Ron revienne également à la maison. Mais le dernier fils Weasley n'avait même pas eu l'air de se préoccuper de ce qui se passait avec le reste de sa famille, et c'était ce qui avait mis la puce à l'oreille de Neville. Il avait mis Fred et Georges sur le coup, également ignorants du retrait de leur sœur de l'école, et ils étaient allés faire un tour dans la maison de leur enfance. Si les deux Gryffondors se référaient aux tremblements de l'écriture qui leur signalait que tout était réglé, alors la situation était vraiment mauvaise.

La veille de l'annonce du journal, toute la bande avait eu la primeur de son retour. Hermione et Neville avaient convenu d'attendre qu'ils se rencontrent pour l'avertir de la disparition de Ginny, souhaitant que les jumeaux soient présents pour qu'ils leur donnent des nouvelles fraîches de la rousse. Le brun avait apprécié l'idée que le Prince des Serpentards sorte ouvertement avec la Princesse des Gryffondors – surnom qu'Hermione abhorrait, allez savoir pourquoi – et que les élèves se rendent compte que ce n'était une hérésie uniquement dans leur esprit étriqué.

Un faucon royal se posa soudainement sur le haut de son livre. Curieuse, Hermione le regarda droit dans les yeux alors que la salle commune devenait brusquement silencieuse et au bout de quelques instants, le rapace poussa un cri assourdissant tout en tendant une patte. Prudemment, la brune s'empara de la missive qu'il transportait tout en faisant en sorte que le livre ne bouge pas trop. Quand la lettre changea de main, l'animal s'envola. Intriguée, elle l'ouvrit et avisa l'invitation officielle. Consciente que tout le monde épiait ses faits et gestes, elle la rangea calmement et décida de déposer ses affaires dans sa chambre pour quitter la tour des Gryffondors avant d'en étrangler un. Luna vint la rejoindre et elles se réfugièrent dans la salle sur demande où le reste de la bande les retrouva.

-Il s'agit de l'événement de la décennie, au moins, décréta Draco en déposant sa propre invitation. Harry voit les choses en grand.

-Il veut retourner aux sources, sourit Luna.

-Oui, mais Canterbury ? s'étonna Astoria

-C'est un site magique avant d'être un lieu de culte moldu, répondit Théo. Les gouvernements successifs l'ont fait oublier aux sorciers car il faut avoir des intentions pures pour pouvoir l'utiliser.

-Pourquoi avoir autorisé les moldus à l'utiliser alors ? s'indigna Astoria

-Car Dieu est une manifestation de la Magie, c'est ça ? comprit Hermione. Les moldus rendent hommage à la Magie mais d'une autre manière et sous un autre nom.

-Même les sangs purs l'ont oublié, confirma Théo. Mais eux, au moins, savent que les sites magiques appartiennent à toutes les personnes qui veulent rendre hommage à la Magie.

-Choisir le premier mai a une symbolique très puissante, nota Pansy. Cela fait presque vingt ans que Beltaine n'est plus célébré dans le pays. J'ai l'impression que notre Survivant national va remettre des personnes à leur place.

-Nous allons rencontrer quelques difficultés, fronça des sourcils Draco en arpentant la salle. Nous sommes en pleine période scolaire et Dumbledore va faire des pieds et des mains pour nous empêcher d'y aller. Même si nos directeurs de maison donnaient leur accord.

-Mais il a accepté le bal du printemps, non ? pointa Hermione

-L'équinoxe du printemps peut servir à beaucoup de choses, haussa des épaules Blaise. Il peut avoir utilisé la fête pour son propre profit.

-Je pense que j'ai une idée, fit soudain Neville.

Tous se tournèrent vers lui. Contrairement aux autres, il n'avait pas d'invitation.

-Où est la tienne ? fronça des sourcils Théo

-Pas ici, sourit Neville. On va jouer sur le timing. Allez voir vos directeurs de maison et demandez-leur l'autorisation d'aller au bal de présentation d'Harry. Ils vont faire en sorte que Dumbledore accepte.

-Pourquoi ? s'étonna Hermione

-Parce que tant que je n'ai pas reçu d'invitation, Dumbledore va croire qu'il va être invité, ricana Neville. Mais contrairement à vous, je peux lui forcer la main pour qu'il me laisse y aller parce que personne de sain d'esprit ne s'opposerait à grand-mère. Il ne pourra pas revenir sur ce qu'il a fait avant et nous aurons la paix. En revanche, nos derniers jours à l'école ne vont pas être des plus joyeux.

-On prend le risque, décida Blaise. Je suis fidèle à Harry, quoi qu'on en dise !

La bande se sourit avant de se disperser vers les bureaux des directeurs de maisons. Il s'agissait de prendre de vitesse Dumbledore désormais.

§§§§§

-Dobby, que faisons-nous ? demanda Harry. Et où sommes-nous ?

-Nous sommes dans l'une des demeures appartenant aux Potter, répondit Dobby. J'ai pu la restaurer et la protéger pour que personne ne puisse se douter que vous y êtes.

-Ça ressemble à une forteresse, constata Harry.

-C'était sa fonction première à sa construction, confirma Dobby. Elle est tombée dans l'oubli mais je pense qu'elle convient parfaitement à l'usage que vous allez en faire aujourd'hui. Encore plus en sachant que vous êtes en France.

-Pourquoi je me sens bien ici ? s'étonna quelque peu Harry

-Parce que les lieux sont emprunts de douleur, répondit Ric, qui avait tenu à l'accompagner. C'est assez subtil parce que ça remonte à plusieurs centaines d'années mais cela ne m'étonnerait pas qu'il s'agisse d'un château cathare. Il y avait beaucoup de massacres et de tortures.

-Et avant cela, ajouta Ragnok, nous utilisions ces points hauts lors de nos batailles, quand nous foulions encore ouvertement ces terres.

Harry hocha la tête. Quand Dobby avait voulu lui faire une surprise, Harry s'était méfié, se souvenant encore des événements de sa deuxième année. Mais la présence de Ric et de Ragnok l'avait calmé et il avait suivi sans problème l'elfe de maison qui les avait faits transplaner au pied du château niché dans les montagnes. La vieille pierre était saine et il n'y avait pas un seul grain de poussière, ce qui était étonnant pour un château plusieurs fois centenaires. Mais Dobby était passé par là …

-J'ai presque envie de déplacer la bibliothèque des Black et des Potter ici, sourit Harry.

-Je pense que ton amie Hermione aurait quelque chose à redire, pointa Ric. Il n'y a rien à des kilomètres à la ronde.

-Si je mets quelques elfes de maison ici, ce ne sera pas un problème, haussa des épaules Harry. Ils la ramèneront où ils voudront sans qu'elle n'ait besoin de justifier tous ses déplacements.

-L'idée n'est pas bête, concéda Ragnok.

Ils descendirent dans les profondeurs du château et entrèrent dans les cachots. Soudain, Harry et Ric se figèrent.

-Du sang frais ? s'étonna Ric. Je pensais que nous serions seuls, Dobby !

Mais le sourire machiavélique de son descendant lui fit comprendre qu'il avait compris ce qui se passait.

-Comment se fait-il qu'ils soient ici ? demanda Harry en pressant le pas

-Je savais qu'à un moment donné, ils devraient payer leurs crimes, mais je ne tenais pas à ce qu'ils s'échappent, avoua Dobby en lui emboîtant le pas. J'ai demandé de l'aide au seigneur Ragnok ici présent pour tous les aspects légaux et administratifs. Pour le monde moldu, ils sont morts dans un accident de voiture.

-Dobby a insisté pour que leur taux d'alcool dans le sang soit vraiment élevé, fit Ragnok. Pourquoi ?

-Parce que sa rengaine la plus fréquente était de dire que mes parents étaient des alcooliques qui étaient ivres quand ils ont eu l'accident de voiture qui les a tués, répondit Harry. Il ne s'est pas vu, ce gros balourd, avec sa chère sœur vieille fille et ivrogne et son bon à rien de fils …

Ils débouchèrent sur une petite salle qui s'ouvrait sur plusieurs cellules. Deux d'entre elles étaient occupées et ces derniers semblaient particulièrement furieux à leur vue. Heureusement, les arrivants n'entendirent rien.

-Alors ce sont eux … fit Ric.

-Je te présente Vernon Dursley et son fils Dudley, fit Harry. L'ex-mari de celle qu'on a désigné ma tante et son fils. Mes tortionnaires et bourreaux pendant une quinzaine d'années.

Le regard de Ric flamba. Il allait enfin avoir certaines réponses.

-Nous avons eu certains échos sur la vie que vous meniez chez eux, avança Ragnok avec précaution.

-La version de Dumbledore ou les déductions faites quand vous m'avez vu ? renifla Harry

-La première proposition ne cadrait pas avec ce que nous avons vu la première fois que vous êtes venu à la banque, répondit Ragnok. Nous avons donc mené l'enquête et découvert de très nombreux points litigieux. La consécration a été quand nous avons découvert que vous n'étiez nullement lié par le sang à Pétunia Evans et donc, à eux.

-Pourquoi eux entre tous ? demanda Ric

-Parce qu'on savait que Vernon Dursley serait farouchement contre la magie, répondit simplement Ragnok. Nous avons remonté toute sa vie et nous avons appris qu'il avait déjà eu des contacts avec des sorciers et que sa réaction a été … disproportionnée.

-A quel point ? demanda Harry, curieux

-Il a tué la petite fille sorcière qui avait utilisé la magie pour se protéger de lui, annonça gravement Ragnok.

-Un meurtrier, de plus en plus intéressant, ronronna Harry. J'imagine que comme la pomme ne tombe jamais loin de l'arbre, c'était son jeu préféré ?

-Avec sa sœur Marge, ils s'amusaient à terroriser les enfants de leur quartier, confirma Ragnok.

-Nous reviendrons sur ce point plus tard, déclara Harry. Mon cher Dobby, pourrais-tu enlever le sort de silence, je te prie ?

L'elfe de maison obéit mais aussitôt que les hurlements de fureur retentirent, ils se transformèrent en d'autres de douleur.

-Oh, arrêtez de chouiner, siffla Harry. Je vous ai seulement cassé une phalange. C'est donc beaucoup moins que les bras que vous m'avez broyé alors que je n'avais que cinq et huit ans. Deux fois chacun.

-Et ta « tante » ne faisait rien ? gronda Ric

-Elle les a empêchés qu'ils s'en prennent à mes jambes et mes côtes, grinça Harry. Ils évitaient de s'en prendre à moi quand elle était là. Elle avait tendance à me considérer comme un être humain au lieu d'un punching-ball.

Le gobelin et l'aîné des elfes noirs fusillèrent du regard les deux humains. Peu importait ce qu'ils avaient exactement fait, ils paieraient au centuple.

-Avant que tu ne t'amuses avec eux, j'aimerai leur poser quelques questions, fit Ric. La famille est sacrée.

Harry s'inclina. Il ne pourrait jamais atteindre le degré de sadisme d'un elfe noir âgé de plus d'un millénaire qui rêvait de vengeance.

Les Dursley allaient enfin apprendre ce qu'était la douleur.