Le sang coulera

Nva, le petit faë, ne s'était pas décroché d'Harry après qu'il l'ait récupéré. Même Crestell ne réussit pas à l'amadouer pour qu'il change de bras. Mais comme Harry ne semblait pas gêné, ils le laissèrent sur son perchoir.

La bataille à la frontière avait été aussi rapide que violente. En moins de quatre heures, les troupes du conseil – plusieurs centaines d'elfes noirs qui n'appartenaient à aucune guilde de combat et plusieurs renégats – avaient été réduites à néant par moins d'une vingtaine de personnes. Cela se comprenait quand Ric Agni en personne se trouvait sur place et Harry pouvait en remontrer aux meilleurs des mercenaires.

Milena avait contacté le Domaine Incandescent pour faire ramener les corps des elfes noirs morts au combat et Yana avait tenu à accompagner Crestell et Nva au palais faë pour livrer sa version de l'histoire. Pour plus de sécurité, Ric et Harry les avaient accompagnés, le premier pour garantir le silence du peuple faë concernant les événements qui avaient eu lieu et le second … eh ben, parce que le petit souverain ne comptait pas le lâcher de sitôt.

Cela avait pris trois jours mais au moins, la situation était claire du côté des faë. Côté elfe, cependant, ce n'était pas gagné. Eutar savait que la bataille pour récupérer le souverain faë avait été un échec et qu'en plus, il avait perdu beaucoup de soldats sous ses ordres et pire encore, Chotan, l'un de ses bras droits. Il n'avait aucun doute quant à sa localisation donc alors que Ric se dépêtrait des explications concernant la bataille, Eutar avait marché cette fois sur le Domaine Incandescent, accusant ouvertement Ric Agni du meurtre de Chotan.

Xino, le majordome du Domaine, avait tout de suite élevé les protections avant de prévenir son seigneur que les choses étaient arrivés au point de non-retour. Ric était donc arrivé avec Harry et avait compris d'un seul coup d'œil qu'il n'y aurait pas de négociation car Eutar était venu pour une annihilation complète.

Ric avait simplement souri.

Harry était descendu seul sur le champ de bataille, entraînant les ricanements des troupes et d'Eutar également, mais ils avaient tous déchanté quand le brun avait blessé l'écrasante majorité avec sa magie brute. Le summum avait été que chaque elfe avait eu des dégâts différents et surtout, ne pouvait plus combattre. Affaibli par cette dépense de magie, il avait volontiers laissé la place à Nolan, arrivé entre temps, pour qu'il s'occupe de l'état-major d'Eutar qui fut décimée sans plus de cérémonie. Quant à Eutar en personne, il eut le douteux honneur d'être la victime de Ric. Malheureusement pour lui, ce dernier avait gardé le lustre de ses années passées dans la dimension des humains ainsi que quelques techniques et potions qui pouvaient agir sur les elfes noirs. Il ne l'avait pas touché pour l'humilier et s'était contenté de l'entraver pour le mener devant l'Aéropage qui pour une fois, avait décrété une séance publique pour juger Eutar de trahison envers le peuple Elfe.

En moins d'une heure, tout le monde voulait sa tête et si Ric n'avait pas élevé la voix, les morceaux qui resteraient d'Eutar n'auraient pas été assez grands pour permettre une identification. A la place, pour ses crimes les plus récents, il fut condamné à la prison le temps de livrer et d'expliquer tous les autres, avant d'être confié à la Magie pour sa punition. Le conseil fut démantelé et tous les membres durent justifier leurs actes. Cela n'empêchait des dérives apparaître et exaspéré, Nolan prit la tête temporaire des elfes noirs et gare à celui ou celle qui viendrait le contredire ! L'exemple des chiens d'Eutar, venus accuser Nolan de vendetta contre leur maître, avait servi de leçon à tout le peuple. Les pauvres avaient été comme qui dirait … brûlés par leur propre magie après que Nolan ait invoqué la Magie pour leur lancer une malédiction. La reconstruction du peuple elfe allait être longue mais enfin, elle était en bonne voie.

Mais ce n'était pas pour autant que Ric en avait fini avec lui.

Le conseil des guildes, dissous officiellement sur ordre d'Eutar, s'était réuni pour poser des questions plus … personnelles à l'ancien chef du conseil elfe.

-Où sont-ils ? gronda l'un des chefs de guilde

On avait laissé à Eutar la possibilité de dire la vérité librement. Mais il était clair qu'il n'avait pas du tout envie de répondre et cela agaçait particulièrement tous les elfes présents. Savoir où se trouvaient les enfants destinés aux guildes qui avaient été kidnappé était une question de la plus haute importance. Ils étaient peu, certes, mais dès le premier, les guildes s'étaient mises sur le pied de guerre pour le retrouver. Dans toutes les enquêtes, le point commun les rapprochait d'Eutar mais sa position avait empêché les guildes de chercher plus loin. Mais maintenant …

-Là où vous ne les trouverez jamais ! cracha Eutar

Ric, qui s'était mis en retrait, fronça des sourcils. Avec les éléments récoltés par Garrick, il était de plus en plus certain que c'était Eutar qui avait confié Shanleigh RoseSang à Albus Dumbledore et Gellert Grindelwald dans la dimension des humains. L'idée lui était également venu que l'ancien chef du conseil elfe ait également confié à des sorciers d'autres elfes noirs encore en couches mais l'examen du passage entre les deux dimensions côté elfe lui montrait que la personne qui passait devait bénéficier d'une certaine puissance magique, ce qui ne laissait que les plus hauts potentiels guerriers, comme Shanleigh. Il lui fallait absolument des réponses, et tout de suite.

Ric se redressa et tout le monde se tut.

-Tu ne veux pas répondre, Eutar ? demanda simplement Ric

-Je ne vois pas pourquoi, renifla Eutar.

-Bien, déclara Ric. Si vous êtes d'accord, nous allons essayer une autre méthode. Qui est contre ?

Aucune main ne se leva, ce qui arrangeait bien les affaires de Ric. Ce dernier sortit de sa poche une fiole et d'un geste de la main, immobilisa Eutar pour qu'il ouvre la bouche et compta cinq gouttes d'un liquide clair. Le prisonnier voulut recracher mais son interlocuteur l'en empêcha.

-Qu'est-ce que c'est ? crachota Eutar en reprenant son souffle

-J'imagine que tes alliés ne t'ont jamais parlé de cette potion, sourit machiavéliquement Ric. Elle permet tout simplement de révéler toute la vérité, rien que la vérité.

-Cette potion n'existe pas ! assura Eutar

-Je n'ai jamais dit que c'était une potion elfe, rétorqua Ric.

Eutar blanchit.

-Quel est ton nom complet ? ordonna Ric

-Randrian Eutar … Eutaryn, lâcha Eutar.

-N'est-ce pas le nom de ton ancien prétendant ? se rappela le plus ancien des chefs de guilde

-C'est mon ancien prétendant, corrigea Ric. Qui a mal pris que je découvre mon âme-sœur et qui a voulu se venger. Maintenant que tu es soumis à cette potion, tu vas pouvoir répondre à quelques questions, à commencer par le kidnapping de Laze …

§§§§§

Harry réajusta sa chemise alors qu'il remontait dans les hauteurs du château cathare.

-Il vous reste une tache sur votre poignet, seigneur Harry, indiqua Dobby qui l'attendait.

Harry leva le bras et remarqua la minuscule goutte de sang sur sa manche. D'un geste, il la nettoya et prit la veste que portait l'elfe de maison pour la mettre.

-Merci Dobby, sourit Harry. Est-ce que tous les invités sont là ?

-Les portes du domaine vont être refermées dans quelques minutes, répondit Dobby. Une lettre de désistement nous est parvenue il y a deux heures mais je pense qu'elle est fausse.

-Qui ? demanda Harry en montant les escaliers

-Kingsley Shacklebolt, renseigna Dobby.

Le brun eut un sourire railleur. C'était couru d'avance.

-Envoie quelqu'un le récupérer en toute discrétion, ordonna Harry. Il ne faut pas que ses … hôtes ne se doutent de son départ avant qu'il ne soit trop tard.

-Il en sera fait selon vos ordres, s'inclina Dobby.

Ils transplanèrent tous les deux pour se retrouver aux portes de Canterbury et à l'heure dite, Harry James Potter fit son entrée.

Grâce à l'aide précieuse d'Augusta Longbottom, Harry avait pu organiser la cérémonie selon les anciens principes et plus en accord avec sa nouvelle nature. Il avait appris de la bouche de Neville et de Severus que Dumbledore s'attendait à être invité, au nom de tous ses titres. Malheureusement pour lui, Harry n'avait jamais prévu de l'inviter et Neville avait très bien joué le jeu en lui cachant que sa propre invitation l'attendait bien sagement chez lui pour que tous les élèves et les professeurs invités puissent avoir l'autorisation de se rendre à la soirée mondaine. Comme le jeune homme l'avait souligné, le directeur ne pouvait se permettre de lui interdire de s'y rendre sauf s'il voulait avoir Augusta sur le dos. Et pour bien marquer le coup, il avait annoncé son invitation au moment où les autres invités quittaient le château pour se préparer, soit quatre heures auparavant.

Le « désistement » de Kingsley n'était pas inattendu. Il s'agissait de l'un des seuls membres de l'Ordre du Phénix qui n'appartenait pas à l'aristocratie sorcière donc qui n'était pas forcé d'y aller. Mais Harry voulait que l'auror se détache fermement du vieux sorcier car il était hors de question de laisser un tel potentiel mourir « pour le plus grand Bien ». Kingsley était trop bon et tôt ou tard, il allait se mettre à gêner le maître marionnettiste.

Un tiraillement sur sa magie le poussa à se réfugier dans un coin et Dobby apparut à ses côtés.

-Seigneur Harry, annonça Dobby. Kingsley Shacklebolt a besoin de soins.

Harry fronça des sourcils.

-Répertorie chaque blessure, visible ou non, avant de le soigner, ordonna Harry. Je verrais avec lui quelles sont celles qu'il faudra faire payer à Dumbledore.

L'elfe de maison obéit et disparut. Le brun inspira longuement avant de laisser la colère couler dans ses veines. Si le vieux fou avait osé le toucher parce qu'il n'arrivait pas à l'atteindre … la dimension ne serait pas assez grande pour qu'il puisse se cacher. Il termina de saluer tous les invités, croisa Sirius qui en faisait de même tout en laissant quelques indices pour qu'ils comprennent que sa situation était très loin d'être normale puis invita tout le monde à se rendre sur le site sacré.

En apprenant d'Augusta, Harry s'était rendu compte que la manière d'honorer la Magie différait selon la race. Alors que les humains – ou plutôt sorciers ici – se contentaient d'un don de fruits, les elfes noirs, plus proches d'Elle, entamaient des rituels collectifs où la magie circulait librement. En fait, les humains avaient dû les abandonner peu après la fondation de Poudlard après que l'un des Fondateurs se soit insurgé de ses « pratiques barbares », d'après Augusta. Renseignement pris auprès de Ric et de Laze, c'était l'un des cousins de Rowena, jaloux de la puissance accumulée entre les quatre amis, qui avait monté la tête de la jeune sorcière pour qu'elle s'échine à catégoriser la magie « blanche » et la magie « noire ».

Le jeune lord sortit de ses pensées et avisa son parrain qui se tenait à ses côtés. Comprenant qu'il était temps de commencer la célébration, il fit apparaître dans ses mains une corbeille de fruits de la terre, ce qui fut le signal pour tous les invités qui se dirigèrent vers le cœur de Canterbury. En tant que maîtresse de cérémonie, Augusta Longbottom indiqua l'ordre dans lequel les présents devaient être offerts à la Magie et avait prévenu Harry et Sirius que comme ils étaient les organisateurs avec elle, ils seraient les derniers à honorer la Magie.

Dès le premier présent, Harry sentit la Magie vibrer et il sourit.

Enfin Elle reprenait ses droits.

§§§§§

Tom ne pouvait s'empêcher d'observer les lieux. D'après Severus, le manoir Black à Londres était une demeure décrépie à un tel point qu'on pouvait se demander si des Sang Pur à l'aise financièrement parlant avaient pu y habiter.

-Avant que tu ne le demandes, oui, il s'agit du manoir ancestral des Black, sourit Sirius en entrant dans la pièce.

-Il ne se situe pas à Londres ? s'étonna Tom

-C'était une lubie de mère, haussa des épaules Sirius. Comme elle faisait partie d'une branche cadette des Black qui n'était pas aussi … opulente que la branche principale et la branche secondaire, elle voulait montrer à toute la société qu'il fallait compter sur la famille Black. La vie à Londres a toujours été chère, que ce soit côté moldu comme sorcier donc c'était un signe de richesse. Ça a surtout bien entamé nos coffres pour rien, si on doit se fier à certaines de ses décisions …

-Pourquoi m'inviter ici ? demanda Tom

-Tout d'abord, pour te remercier de m'avoir aidé toutes ces années, fit Sirius. Je sais que ce n'était pas prévu mais merci quand même. Ensuite, puisque je suis le nouveau lord Black, il fallait que j'ouvre cette maison pour permettre à mes alliés de trouver un refuge.

Tom mit quelques instants pour comprendre où il voulait en venir.

-Un Serment d'Alliance ?! s'étouffa Tom. Mais tu es fou !

-Dumbledore a chamboulé toutes les alliances en prenant le pouvoir sur le pays, rappela Sirius. Il nous a divisé et éduqué les nouvelles générations pour que nous correspondions à sa vision du monde. Il est temps que nous reprenions ce qui nous revient de droit.

-La famille Gaunt a perdu en prestige, rappela sombrement Tom.

-Et tu es en train de le rattraper, ajouta Sirius. Depuis que j'ai repris mon titre, j'ai eu le temps de me renseigner et tu es connu, autant pour tes capacités que par tes mises en gardes par rapport à Voldemort et par extension, Dumbledore. Ce serait un honneur pour moi de contracter cette alliance.

-Ne le fais pas par reconnaissance, bougonna Tom, tout de même touché.

-Non, je le fais parce que je sais que nous allons dans la même direction, sourit Sirius. Je n'aurais même pas à me soucier du fait que des membres de ta famille ne sont pas d'accord avec ta politique puisque tu es le dernier. Ne tourne pas le dos à la possibilité de faire ce qui est juste pour la Magie.

-Laisse-moi y réfléchir, capitula Tom.

-Merci, soupira Sirius.

-Tu ne m'as pas fait venir que pour ça, j'espère ? fit Tom

-C'est vrai, avoua Sirius. J'ai fait verser dans ton coffre toutes les sommes que tu as versé pour me faire soigner et le refus n'est pas envisageable. Les bons comptes font les bons amis.

Tom bougonna encore plus dans sa barbe inexistante.

-Narcissa m'a dit que tu avais des plans pour l'après Dumbledore, fit Sirius. Elle a parlé de lois …

-C'est pourtant simple, fit Tom. Il y a beaucoup de lois, notamment celles votées par Dumbledore, qui restreignent les droits des êtres magiques dans le pays. J'ai énormément voyagé et même les pays qui sont dits traditionnalistes ne bafouent pas autant la Magie et n'excluent pas aussi violemment tout ce qui n'est pas sorcier. Ils reconnaissent les autres races magiques et se sont accordés sur le fait qu'ils n'ont pas à interférer avec la gestion des leurs. Alors qu'ici … Les sorciers se sentent supérieurs à tout et à tous et ils sont éduqués dans ce sens parce que des imbéciles se sont laissé convaincre que ce serait une bonne idée de rassembler tous les pouvoirs entre les mains d'un seul sorcier.

Étant donné sa naissance, Sirius avait eu une éducation politique. Même après qu'il ait quitté sa famille, les Potter avaient continué cette éducation. Les Black avaient souligné le fait que c'était la première fois qu'un sorcier, pas même un sang pur, se tenait à la tête de l'éducation – symbolisé par Poudlard – et du contre-pouvoir du gouvernement – soit le Magenmagot – en même temps. Auréolé par sa victoire contre Grindelwald et le fait que Voldemort en personne semblait le craindre – sans pour autant faire quoi que ce soit pour le mettre sur la touche, ce qui n'était pas cohérent – le vieux sorcier pouvait mettre dans sa poche beaucoup de personnes qui ne se rendaient pas compte que ses nombreuses demandes violaient trop souvent la vie privée voire des informations personnelles des sorciers lambda. Depuis que Sirius avait récupéré la pleine maitrise de son esprit, il avait fait en sorte de récupérer son retard et avait noté les dérives que s'étaient permises le gouvernement sous la houlette de Dumbledore. Comportement souligné à l'international par Tom.

-Je pense qu'il serait temps d'organiser une réunion entre nous, réfléchit Sirius. Nous devons établir notre ligne de conduite, surtout que maintenant qu'Harry est de retour, Voldemort va se sentir pousser des ailes.

-C'est compréhensible, concéda Tom. Mais rappelle-toi que la plupart sont encore des adolescents. Ils sont trop jeunes.

-C'est vrai, fit Sirius. Mais on ne leur a pas laissé la possibilité de profiter de leur adolescence selon leurs règles. On a voulu les manipuler et ils se sont révoltés en grandissant avant qu'on ne le veuille. S'ils sont assez grands pour se battre, ils sont assez grands pour prendre part à l'élaboration de plans pour l'avenir.

Tom hocha la tête. C'était logique.

-J'imagine que tu as une idée pour cela, railla Tom.

-J'allais te demander ton aide, sourit Sirius.

§§§§§

Ginny, Fred et Georges s'étaient réunis chez Muriel. La jeune femme se rétablissait difficilement à la suite de son passage mouvementé entre les mains de sa mère. Elle ne savait pas si sa disparition avait été signalée mais Molly comme Dumbledore auraient du mal à la justifier, puisqu'elle avait été sortie illégalement de l'école par le directeur et cachée de son propre père par sa génitrice dans la maison familiale.

Oui, la rupture avait été consommée entre la mère et la fille.

Contre leur silence, les jumeaux avaient eu l'autorisation de rentre visite à leur sœur aussi souvent qu'ils le voulaient. Ils en avaient profité pour qu'elle les aide à avoir toujours plus d'idées pour le magasin et soit apte à reprendre leur commerce au cas où il leur arriverait malheur. D'ailleurs, depuis qu'ils avaient récupéré Ginny, ils avaient changé leur testament pour que seule leur sœur hérite de leurs biens et surtout, qu'elle ne soit sous la tutelle de qui que ce soit pour le faire. Dans le cas où elle ne pourrait rien récupérer, ils avaient fait en sorte pour que le commerce revienne à Harry et le reste soit partagé entre les enfants de Bill et de Charlie.

Non, ils n'avaient pas l'intention de laisser une seule faille à leur génitrice.

Bref.

Tous les trois avaient assisté à la soirée donnée par lord Potter et lord Black pour la cérémonie de Beltaine. La plupart des sangs purs avaient été étonnés de l'absence de l'héritier Weasley et de sa femme mais avec la présence de lady Weasley, c'était compréhensible. La célébration leur avait fait comprendre de nombreuses choses dont celle que Molly ne serait jamais un atout pour un monde meilleur et plus particulièrement pour les Weasley. Muriel n'avait jamais abandonné l'idée de la renier depuis qu'elle avait réussi à se faire épouser d'Arthur mais pour Fred, Georges et Ginny, Molly Prewett n'était plus leur mère et elle allait payer au centuple tout ce qu'elle leur avait fait. Même si seule Ginny a été torturée physiquement, toute la fratrie avait été maltraitée psychologiquement par la matrone. Quand leur père n'était plus dans les parages, elle se permettait de descendre plus bas que terre ses enfants, quand elle ne les formatait pas à la recherche de l'alliance la plus prestigieuse pour qu'elle puisse enfin vivre la vie dont elle rêve depuis toujours. Sur les sept, seul Ron semblait avoir été sensible à son discours puisqu'il tentait toujours de redevenir l'ami d'Harry Potter malgré sa trahison.

-Les gars … hésita Ginny. Ce n'est pas n'importe qui. Elle nous a quand même mis au monde.

-On lui retourne juste la politesse, rétorqua Georges. Aussi longtemps que je me souvienne, Molly nous a toujours considéré comme des poupées qu'elle pouvait manipuler à sa guise.

-D'après Bill, nous étions censés être les derniers de la famille, expliqua Fred. Mais James Potter s'est marié et Dumbledore a voulu de parfaites marionnettes pour pouvoir entrer sans problème dans cette famille. Ron et toi êtes nés et Molly s'est acharnée à vous élever pour être le meilleur ami et la future épouse d'Harry Potter qui a soigneusement été écarté du monde sorcier.

-Tu ne l'as jamais vu mais avant que vous n'arriviez, Molly se contentait de nous ignorer dès que nous étions propres, avoua Georges d'une voix sombre. C'est vraiment quand elle a eu confirmation que tu étais bien une fille qu'elle a commencé à dénigrer.

-Je ne savais pas … murmura Ginny, la gorge nouée.

Elle avait été la parfaite petite fille à sa maman les dix premières années de sa vie. Puis elle avait été possédée par Voldemort et avait rencontré de véritables héritières sangs purs. Elle avait ouvert les yeux sur ce qui se passait réellement derrière les portes du Terrier.

-Ce n'est pas le problème, balaya Georges. Molly doit goûter à sa propre médecine pour qu'elle comprenne enfin tout le mal qu'elle nous a fait.

-D'accord, souffla Ginny. Mais comment ? Excusez-moi mais Muriel compte la renier de la famille à mon anniversaire. Et je suis certain que papa, dès qu'il apprendra pour le Cachot, il va l'y enfermer au minimum.

-C'est parce que tu ne connais pas l'un de nos chefs-d'œuvre, ricana sombrement Fred.

-Comment ça ? fronça des sourcils Ginny

-Parmi tous les produits qu'on a créé, il y a une gamme dont seul Harry connait l'existence, révéla Georges. C'est lui qui l'a nommé « Epée et Bouclier ».

-Ces produits sont expressément destinés à la guerre, expliqua Fred. Ils sont là pour protéger en cas d'attaque. Ils peuvent même tuer, bien utilisés.

-Pourquoi ? demanda Ginny

-Contrairement à ce que Dumbledore veut nous faire avaler de force, une guerre ne se gagne pas uniquement avec des bons sentiments, siffla Fred. Tu remarqueras que depuis que Voldemort est officiellement de retour, le programme scolaire n'a pas changé d'un pouce. Pire, quand les élèves ont réclamé des cours pour apprendre réellement à se défendre, il a poussé le vice à dire que la guerre n'arrivera jamais jusqu'à Poudlard en s'asseyant royalement sur le fait que les plus âgés allaient quitter l'école un jour ou l'autre.

-La majorité des sorciers ne saura jamais se défendre correctement, continua Georges. A cause du programme en défense qui n'est pas axé sur ce qui pourrait vraiment utile mais surtout, parce que le gouvernement a fait en sorte que la production de tout artefact pouvant aider à la protection du sorcier lambda soit abandonnée.

-Cette gamme peut facilement être détournée pour faire de la vie de Molly un enfer pour ses derniers jours au sein de la famille Weasley, décréta Fred.

-Pourquoi j'ai l'impression que quand vous l'avez imaginé, vous aviez déjà ce but en tête ? devina Ginny

-Disons que l'idée nous a effleuré, ricana Fred.

-Et que nous avons déjà commencé notre vengeance, ajouta Georges.

-Est-ce que j'ai vraiment envie de savoir ? soupira Ginny

-Si tu étais jeune et pure, on t'aurait dit non, répondit Fred.

-Mais tu es notre petite sœur donc si tu veux en profiter, il faut bien que tu sois au courant, fit Georges.

-OK, capitula Ginny. Dites-moi ce que vous avez fait. Et si vous pouviez m'aider pour ensorceler toutes ses chaussures. Parce qu'une sang pur doit avoir de petits pieds, voyons …

Les jumeaux acquiescèrent. C'était l'une des tortures favorites de Molly quand Ginny grandissait et la première que la petite rousse avait haï de tout son cœur.