Rendre à César ce qui est à César

Le patrimoine Black comptait de nombreuses propriétés à travers le pays. Comme Grimmaurd Square avait été occupé par l'Ordre du Phénix, Sirius avait opté pour installer son pied à terre dans un quartier plus huppé de la capitale.

C'était là qu'il recevait enfin Albus Dumbledore.

Depuis la célébration de Beltaine, le président-sorcier insistait pour rencontrer le nouveau lord Black, en parallèle avec ses demandes pour voir le nouveau lord Potter. Harry refusait catégoriquement mais Sirius avait finalement accepté, en souvenir de l'Ordre du Phénix. D'ailleurs, il comptait bien mettre sur la table l'avenir de cette organisation car il était clair que ses objectifs n'allaient plus dans le même sens.

Sirius arrangea les différents bibelots qui ornait la pièce. Bien entendu, rien d'inhabituel pour le bureau d'un lord mais assez d'indicateurs dans le cas où on s'en prendrait à lui et avec Albus Dumbledore, deux précautions valaient mieux qu'une.

Quelqu'un frappa à la porte et un homme ouvrit la porte.

-Milord, monsieur Albus Dumbledore, annonça-t-il.

-Merci, Walden, sourit Sirius.

Le vieux sorcier entra dans la pièce et attendit que la porte se referme pour prendre la parole.

-Un majordome, Sirius ? fit Albus. N'est-ce pas … vieux jeu ?

Sirius tiqua sur l'absence de bienséance de son interlocuteur – il avait pris la parole avant lui et avant même de s'installer – et se rendit compte des manquements de celui qui était censé représenter tous les sorciers de Grande Bretagne. Oui, il avait été aveuglé par son aura de prestance mais comme ce n'était plus le cas …

-Installez-vous, invita Sirius.

-Je ne pensais pas que vous auriez pris un majordome à votre service, relança Albus en s'exécutant.

-Je les trouve moins intrusifs que les elfes de maison, haussa des épaules Sirius.

Comme l'aristocratie moldue, les lords sorciers avaient du personnel humain à leur service. La pratique avait été abandonnée depuis que l'école, basée sur le continent, avait été détruite pendant la guerre franco-prussienne en 1871. Les rares autres écoles étant beaucoup moins prestigieuses à l'époque, peu à peu les familles sangs purs d'Europe y renoncèrent. Mais c'était toujours signe de prestige que d'en avoir à son service. Au souvenir de Sirius, seules quelques familles pouvaient se targuer d'avoir encore du personnel humain, et il venait de les rejoindre.

-Je trouve … insista Albus.

-La façon dont je gère ma maison ne concerne que moi, interrompit Sirius. Je suis certain que vous n'êtes pas venu pour cela.

Albus se tut, mouché.

-Si nous en venions au but de votre visite, relança à son tour Sirius.

-Vous aviez passé l'arcade au ministère, déclara Albus. Tout le monde vous pensait mort, Harry compris ! Pourquoi ne m'avez pas prévenu que vous étiez en vie ?

-Parce que je n'ai repris connaissance que peu après les fêtes de fin d'année, répondit calmement Sirius.

Tom et Sirius s'étaient mis d'accord pour ne pas révéler ce qui s'était réellement passé, bien évidemment. Lors de la bataille du ministère, comme Sirius avait échappé au piège de l'arcade, Dumbledore avait dû se douter qu'il avait survécu et avait dû supposer que Tom l'avait embarqué. De plus, si on ajoutait l'attaque inopinée au dernier anniversaire d'Harry, alors Sirius avait eu deux occasions de mourir. Ils avaient convenu que Sirius raconte qu'il s'était réveillé cinq mois plus tôt dans l'une des demeures Black et qu'en entrant dans l'une des pièces réservées au lord de la famille, il avait compris qu'il était le nouveau chef de la famille et il en avait profité pour réclamer son titre. De toutes les façons, Dumbledore n'avait plus d'emprise magique sur lui et ses consignes avaient tellement perdu de force que quand elles revenaient à la surface, elles n'étaient que des idées fugaces qui disparaissaient immédiatement.

-Pourquoi ne pas vous être rendu à St Mangouste ? persista Albus

-Je ne pouvais guère bouger, railla Sirius. Maintenant que vous avez établi que je ne pouvais pas revenir en Grande Bretagne, pouvons-vous en venir au but de votre visite ?

Albus serra les dents. Sirius n'était coopératif du tout.

-Voldemort fait encore parler de lui, se lança Albus. Après la bataille au ministère, Fudge a dû démissionner et Scrimgeour, le nouveau ministre, a dû reconnaître son retour. L'Ordre a continué de fonctionner mais nos moyens restent faibles. De plus, six mois après votre … accident, le manoir a réagi étrangement et nous a interdit l'accès à la majorité de la maison.

Sirius se souvint qu'Harry lui avait raconté le méchant tour qu'il avait joué à l'Ordre en mettant sous fidelitas le manoir d'hiver et laissant qu'une minuscule partie à l'Ordre.

-J'exige avoir l'accès complet au manoir, gronda Albus.

-Vous exigez ? souleva Sirius froidement

Albus sursauta. Personne ne se permettait de lui tenir tête. Personne.

-J'ai normalement le plus grand respect pour vous, déclara Sirius. Mais rappelez-vous que vos titres de président-sorcier, de directeur de Poudlard ou encore de chef de l'Ordre du Phénix ne valent strictement rien dans ces lieux où je règne en maître en tant que lord Black.

-Sirius … protesta Albus.

-J'étais prêt à discuter avec vous de la poursuite de la lutte contre Vous Savez Qui aux vues de mes nouvelles responsabilités, coupa Sirius. Mais visiblement, ça n'ira pas dans votre sens.

-Vous êtes encore un fugitif et plus que tout, accusé de la mort des Potter, abattit Albus.

Sirius râla intérieurement en songeant qu'il devrait une faveur à Harry qui avait parié que le directeur lui rappellerait qu'il était encore recherché par les aurors aux yeux de tous.

-Non, corrigea avec délice Sirius. Quand mon projet de reprendre mon titre s'est fait plus précis, j'ai pris le temps de me renseigner et je me suis souvenu de quelques détails qui ont beaucoup intéressé la directrice de la justice magique, notamment qu'en tant que parrain devant la Magie d'Harry, je ne pouvais pas lui faire de mal ainsi qu'à ses parents.

Albus Dumbledore blanchit. Normalement, avec sa campagne de dénigrement, de tels liens auraient dû tomber en désuétude depuis longtemps. Sans oublier que ça n'aurait pas dû marcher.

-Et elle vous a cru ? s'étonna Albus

-Dès le moment où j'ai pu prouver le lien de parrainage magique, assura Sirius. Depuis le premier avril minuit, j'ai été innocenté de tous les accusations concernant l'attaque et la mort des Potter. Tous les avis de recherche se sont détruits au même moment.

Dumbledore ragea intérieurement. Sans la pression du ministère sur lui, Sirius était libre comme l'air.

-Puis-je compter sur votre soutien dans la guerre qui est en cours ? serra les dents Albus

-Je vous laisse Grimmaurd Square, annonça Sirius. De toute façon, je ne vais pas y vivre.

-Pourquoi ? s'étonna Albus

Il espérait pouvoir forcer les barrières qui séparaient le QG de l'Ordre et le manoir pour connaître les secrets de la famille Black et pourquoi pas, influencer sa politique.

-Je ne tiens pas à y habiter, répondit Sirius d'une voix ferme.

Ce n'était pas comme s'il n'avait pas seriné sur tous les tons, même à moitié dans les vapes, qu'il haïssait cette maison ! Le directeur avait la mémoire courte s'il ne se souvenait pas qu'il avait fui les lieux à seize ans à peine. Et il trouvait cela normal qu'il veuille y vivre ? Foutaises !

-C'est votre maison ! rappela Albus

-Mais ce n'est pas la seule, rétorqua Sirius. De toute façon, mon choix est fait.

Albus pesta intérieurement. Sans Sirius sous la main, il n'avait aucune chance de convaincre Harry de revenir vers lui.

D'ailleurs, en parlant de cela …

-Savez-vous pourquoi Harry n'a pas voulu faire sa dernière année à Poudlard ? demanda Albus

-A part parce qu'il risquait sa vie chaque année ? railla Sirius. Je n'ai pas posé la question.

Et c'était vrai. Tout heureux de revoir Harry en bonne santé, il n'avait pas pensé à lui demander la raison pour laquelle il avait déserté l'école de magie pour ses ASPIC. Sans compter son apprentissage avec Severus Snape …

-L'école aurait tellement de choses à lui apprendre … fit Albus. En tant que parrain …

-Vous semblez oublier que grâce à une erreur de justice, je n'ai jamais pu exercer mes droits parentaux sur Harry, déclara froidement Sirius. Et le peu de temps où j'aurais pu apprendre à connaitre mon filleul, j'étais un fugitif. De ce fait, je me dois de rappeler que je n'ai aucune autorité de quelque sorte sur Harry.

-Vous êtes son parrain ! s'indigna faussement Albus

-Et il est majeur et lord Potter ! répliqua Sirius. Si vous avez des questions le concernant, veuillez en discuter directement avec lui.

Albus marmonna dans sa barbe. Il pouvait voir quand il perdait une manche.

-Pour l'Ordre du Phénix … fit Albus.

-Je vous laisse Grimmaurd Square à disposition, répéta Sirius. Avec mes nouvelles responsabilités et le fait que je me remets encore, je ne peux guère faire plus.

-Certes, fit Albus. Mais ceux qui ne peuvent pas se battre peuvent aider de d'autres manières …

-Comme des dons ? proposa Sirius avec un sourire en coin. Ça aurait été avec plaisir mais comme les affaires du clan Black ont été laissées à l'abandon pendant plus d'une dizaine d'années, je me dois de remettre tout en ordre avant de faire quoi que ce soit de concret.

Albus ne voulait surtout pas s'abaisser à quémander de l'argent. A la place, il soupira lourdement, comme s'il était déçu de Sirius.

Mais ce dernier s'en foutait royalement, s'il devait se fier à son regard neutre.

-Soit, grogna Albus. Si vous ne pouvez rien faire d'autre, je ne peux que vous remercier de nous laisser utiliser le manoir pour l'Ordre. Mais nous nous sentons un peu à l'étroit …

-Je vais voir ce que je peux faire, sourit Sirius. Mais rappelez-vous, c'est une maison sorcière, si elle a agi comme cela pendant mon absence, c'est qu'il y a une bonne raison.

Sirius comptait bien sur cette excuse pour ne pas lever le fidelitas qu'avait lancé Harry. Il comprenait que l'Ordre ait besoin d'un lieu pour se réunir mais il n'avait pas signé pour héberger les pique-assiettes qui vivaient aux crochets de Dumbledore, et il incluait Molly Weasley !

-Si nous avons fini, se leva Sirius. Je dois vous laisser, je dois honorer de nombreux rendez-vous.

Albus fut reconduit jusqu'à la porte par le fameux Walden mais alors qu'il allait interroger ledit majordome pour savoir s'il pourrait lui fournir des informations – de gré ou de force – sur son nouvel employeur, il découvrit que la demeure avait disparu et ses occupants avec.

Il jura.

§§§§§

Franck regardait les deux jeunes hommes qui se tenaient devant lui.

Neville, son fils adoré qu'il n'avait pas pu voir grandir, était devenu un sorcier dont il pouvait être fier. Depuis qu'il avait chassé Alice de sa vie, il avait pris la pleine mesure de son titre de lord et apprit qu'il y avait des choses difficiles à faire dont il ne pouvait se passer. L'entraînement qu'il lui donnait avait achevé d'en faire un guerrier.

Harry aussi avait bien grandi. On lui avait raconté que dès qu'il avait mis les pieds dans le monde Sorcier, c'était le portrait craché de son père mais depuis sa majorité, il trouvait qu'il ressemblait bien plus à sa mère, encore plus avec les quelques mèches rousses qui se trouvaient désormais dans ses cheveux. Il avait su s'émanciper de toutes les influences et se forger des alliances et des amitiés que tout le monde pouvait lui envier.

En plus, il avait ce petit quelque chose qui en faisait un très bon chef de guerre …

-Si je vous ai fait venir ici, c'est parce que j'ai une information capitale à vous transmettre, déclara Franck. Je ne sais pas si Neville te l'a dit mais Alice a été réveillée un peu après moi.

Harry hocha la tête. Cela semblait logique puisque le couple avait sombré en même temps.

-Ce que tu ne dois pas savoir, c'est qu'Alice n'est absolument pas la mère aimante qu'on pourrait croire, fit Franck.

Vu les jointures blanchies du père et du fils, cela devait être l'euphémisme de l'année, d'après Harry.

-Pour résumer, il s'avère qu'Alice était sous les ordres de Dumbledore, annonça Franck. Elle a infiltré notre famille pour pouvoir la faire basculer vers lui.

-Peut-être que la question est trop personnelle mais est-ce que votre mariage faisait partie de son plan ? demanda Harry

-Oui, confirma Franck. Cela expliquerait également son manque d'implication auprès de Neville depuis sa naissance.

Harry sentit immédiatement la rage s'emparer de son ami. Il posa une main rassurante sur l'épaule de Neville et lui transmit un peu de magie apaisante pour le calmer.

-Pourquoi voulais-tu nous voir ? demanda Neville

-Mère et moi avons soigneusement interrogé Alice pendant des mois, expliqua Franck. Nous avons appris beaucoup des plans de Dumbledore mais l'information qui vous concerne est sur la prophétie qui désigne l'un d'entre vous comme celui qui devrait vaincre Voldemort.

Les deux jeunes hommes se redressèrent.

-Il se pourrait … que la prophétie soit fausse du début jusqu'à la fin, annonça Franck.

-PARDON ?! siffla Neville en se levant brusquement

C'était à cause de cette fichue prophétie que ses parents avaient été attaqués !

-Je m'en doutais, lâcha Harry.

Père et fils se tournèrent vers lui.

-Comment ça ? s'étonna Neville

-J'ai eu l'occasion d'en parler avec certaines personnes qui ont des connaissances en divination et ils étaient assez sceptiques sur sa véracité, avoua Harry.

Ragnok avait en effet effectivement émis des doutes en l'entendant pester dessus, tout comme Laze. Il avait appris également que la prophétie avait été faite peu après l'annonce de la grossesse de sa mère, ce qui jetait également le trouble sur ce que Sybille Trelawney avait pu dire. Pratique quand on savait que les voyants ne se souvenaient jamais de leurs prédictions.

-La prophétie est donc fausse, fit Neville. Comment ça se fait ?

-D'après Alice, Dumbledore voulait avoir le contrôle sur toi, révéla Franck. Ou plutôt, sur l'enfant de Lily. Il lançait régulièrement un sort pour savoir si elle était enceinte et dès que ça a été le cas, il a ordonné à Alice de tomber enceinte au plus vite. J'ai également appris qu'elle a déclenché ta naissance mais tu es né un jour trop tôt.

-Un instant, tilta Harry. Si Alice est tombée enceinte après ma mère, cela veut dire que Neville est né prématuré, non ? De combien de mois ?

-Il est né à six mois et demi, répondit Franck.

-Ce qui expliquerait tes difficultés à faire de la magie pendant ton enfance, songea Harry.

Comme Melia et Kali avaient fait son éducation sexuelle, ils en étaient venus à discuter de la grossesse féminine et masculine. En tant que lord Potter, il était attendu à ce qu'il ait assez rapidement un héritier, dès qu'il aurait ses examens, juste après un mariage grandiose bien entendu. Mais en tant que seigneur elfe, il pouvait porter ses propres enfants. Les chances pour qu'il se retrouve avec une ou un sorcier étant grandes, Ric avait accepté de faire des recherches pour les transmettre à Kali et Mélia pour leur permettre de brosser un tableau comparatif entre les grossesses elfe et sorcière. En apprenant les effets d'une naissance prématurée chez les sorciers, Harry avait fait le lien avec les rumeurs entourant Neville et son statut de cracmol.

-Je pense, fit Franck en regardant Neville.

-Continue, serra les dents Neville.

-Vos naissances devaient avoir lieu le même jour pour brouiller les pistes concernant l'élu de la fausse prophétie, reprit Franck. Ce qui me fait penser que le soi-disant choix qu'aurait pu faire Voldemort entre vous deux a été faussé voire n'a jamais existé.

-C'est logique, concéda Harry.

-Qu'est-ce que ça change pour nous ? demanda Neville

-A part que je n'ai pas l'obligation de vaincre Voldemort ? railla Harry. Dumbledore avait des intérêts à ce que Voldemort s'en prenne à mes parents. Reste à savoir pourquoi.

Tous les trois continuèrent à discuter des informations que leur avaient données Alice Collins ex Longbottom.

§§§§§

Severus grogna alors qu'il nota la silhouette de Julia Genest dans la salle mais il ne laissa rien paraître.

Puisque les proches de Jeremiah Prince faisaient de plus en plus pression sur ce dernier, le lord avait décidé de sortir de son silence Seth Prince. Il n'était pas inhabituel que Jeremiah, assez faible physiquement, envoie certains membres de sa famille représenter le clan dans diverses soirées mondaines. Comme blague mesquine, Jeremiah avait donc envoyé Seth à une soirée du ministère et ce dernier avait eu la surprise d'y découvrir la « protégée » d'Albus Dumbledore, plus vulgaire que jamais. Il observa son manège et fronça des sourcils.

Depuis que le directeur l'avait présenté à la réunion de l'Ordre, Severus avait mené l'enquête sur elle, mais il n'avait pas utilisé les canaux officiels. Non, les réseaux des sangs purs étaient bien plus compétents et avaient la chance de ne pas se cantonner à l'intérieur de certaines frontières. Ça n'avait pas été facile et s'il n'avait pas eu une photo d'un membre précis de la famille de Genest, jamais il n'aurait pu la relier à Albus Dumbledore. Apprendre qu'il couchait avec son arrière-petite-nièce en toute connaissance de cause avait un peu choqué Severus – il avait été élevé dans le monde moldu où l'inceste était bien moins toléré que dans le monde sorcier – mais pas vraiment étonné, puisqu'il s'attendait désormais du pire venant de lui, sans compter que c'était une pratique assez courante – plus au niveau des sangs purs cependant – de se fréquenter aussi intimement dans la famille sorcière.

Les faits d'armes de Julia Genest étaient particulièrement édifiants. Extorsion de fonds, chantage, abus de confiance, prostitution … Severus était impressionné de tout ce qu'elle avait pu faire depuis qu'elle s'était enfuit de sa famille. Bien sûr, de ce point de vue, la patte de Dumbledore était évidente à trouver. Et elle travaillait avec des enfants ? On voyait que le directeur avait à cœur leur bien-être ou même leur sécurité.

Objectivement parlant, Severus comprenait pourquoi il avait Genest sous la main. Avoir quelqu'un de « confiance » pour faire les basses besognes était essentiel, surtout quand on s'adonnait à de sombres desseins. En Angleterre, seules les familles sangs purs les plus importantes savaient comment ne pas tomber dans les filets de mantes religieuses de son genre. Tous les autres étaient sensibles à niveau plus ou moins important et se faisaient avoir dans les grandes largeurs.

-Lord Prince ? susurra une voix mielleuse

Tiens, quand on parle du loup … songea Severus en comprenant qui se trouvait devant lui.

Julia Genest, qui se voulait sensuelle et voluptueuse, était en vérité provoquante et sulfureuse, à la limite de la vulgarité. Visiblement, elle venait de se décider à mettre le grappin sur un héritier Prince.

-Seigneur Prince, mon chef de famille est encore de ce monde, Magia merci, corrigea Seth. Vous êtes ?

-Julia, répondit sensuellement Julia. Enchantée de vous rencontrer.

-Puis-je savoir pourquoi vous êtes devant moi ? demanda Seth

-J'ai entendu parler de l'enfant prodige des Prince, sourit Julia. Le descendant direct de Jeremiah Prince. J'étais curieuse.

Seth fut agacé. L'histoire de Seth Prince né Snape devait rester au sein de la famille Prince mais certains avaient eu le besoin de s'épancher. Constantin serait ravi de faire payer ces langues bien pendues.

-Il n'y a rien en dire, haussa des épaules Seth. Mon chef de famille a tenu à ce que je sois présent, je lui obéis.

-Vous faites toujours ce qu'il vous dit ? pouffa Julia

-Il est clair que vous n'appartenez pas à nos cercles et avec votre tenue, vous n'êtes pas prête d'en faire partie, souffla Seth.

Julia s'empourpra.

-Je … protesta Julia.

-Je n'ai pas le temps de vous faire la discussion, coupa Seth. Cependant, j'aurais une question pour vous : pourquoi Dumbledore voulait absolument vous faire venir ici ?

-Que voulez-vous dire ? blêmit Julia

-Vous n'êtes pas la seule à avoir des sources d'information, sourit machiavéliquement Seth. Au plaisir de ne jamais vous revoir. Je ne parle pas aux marionnettes.

Et il tourna des talons, la laissant ivre de rage. Cela rappelait à Severus une anecdote que lui avait raconté Hermione Granger, quand la rousse avait tenté de lui soutirer un rendez-vous avec Harry. Il fit ce qui lui était socialement demandé tandis qu'elle cherchait à récupérer son attention puis disparut dès qu'il le put.

§§§§§

Tom se réveilla dans un confortable lit. Bizarre, il se trouvait pourtant dans un laboratoire quelques instants auparavant. Mais visiblement, ça ne s'était pas si bien passé pour lui …

-Lord Gaunt, salua Garrick. Un léger malaise, rien de grave en soit. Je dois en revanche vous avouer que j'en ai profité pour faire un examen plus approfondi de votre magie.

-J'étais venu uniquement pour une nouvelle baguette, s'étira Tom.

Il avisa ses vêtements sur une chaise ainsi qu'un paravent.

-Puis-je ? demanda Tom

-Allez-y, je vous attends dans le couloir, sourit Garrick en sortant de la pièce.

Avec les informations qu'il avait obtenu de Grindelwald et de la situation en général – surtout celle de Severus – ainsi que les doutes de Laze, Garrick avait voulu vérifier certains points concernant Thomas Gaunt-Riddle. L'acharnement qu'avait Dumbledore à le faire disparaître n'était pas normal et il voulait des réponses. Par le biais de Severus, donc, il l'avait invité à lui rendre visite pour lui fournir une nouvelle baguette mais il avait abusé intentionnellement pour lui faire passer le même examen qu'à Severus. Malheureusement, comme il le craignait, Dumbledore les avait autant manipulés l'un que l'autre. Curieusement, cependant, Tom avait rejeté ses consignes mentales bien plus rapidement qu'on aurait pu le croire. Il avait donc fait d'autres examens et dans le plus grand secret, il avait demandé de l'aide à Ric et Ragnok pour connaître le fin mot de l'histoire.

Les résultats avaient été assez … surprenants.

-Maître Ollivander ? appela Tom, habillé de pied en cape

-Suivez-moi, pria Garrick.

Ils se dirigèrent vers son bureau temporaire où ils s'installèrent.

-Votre baguette sera prête d'ici quelques jours, annonça Garrick. Mais je pense que nous aurions de discuter plus en profondeur à ce moment-là.

-Pourquoi ? s'étonna Tom

-Vous le saurez à ce moment-là, sourit Garrick.

-Très bien, soupira Tom. Bonne journée maître Ollivander.

-A vous aussi lord Gaunt, répondit Garrick.

Le lord quitta finalement la maison. Ric et Ragnok vinrent le rejoindre.

-Combien de chance avions-nous que Tom Gaunt descende de l'un des enfants kidnappés par Eutaryn ? grogna Ric

-Heureusement pour nous, le sang elfe est trop dilué pour poser un problème, soupira Ragnok.

-Tu ne m'avais pas dit que le cousin de Laze a violé sa sœur pour récupérer le don de fourchelangue ? demanda Garrick. Est-ce que ça pourrait venir de là ?

-Non, assura Ric. Ce sorcier a des ancêtres elfe. Vu le degré, il s'agirait de l'un des premiers enfants kidnappés dans notre monde. Les passages étaient encore régulièrement utilisés, ça ne devait pas être difficile de faire passer un enfant d'une dimension à l'autre.

-Et concernant ses pouvoirs ? demanda Garrick. Si on se fie au temps que les gènes d'Harry a pris pour se réveiller …

-Harry est un guerrier descendant d'une longue lignée de guerriers, rappela Ric. Sa magie est particulièrement forte, surtout avec le sang de sorcier. Les enfants kidnappés n'étaient pas tous des guerriers et d'une puissance variable. Le sort qui a scellé les gènes elfes de Shanleigh et d'Harry avait sûrement plus de puissance sur cet enfant que sur les RoseSang. Ce ne serait pas totalement délirant qu'il fasse encore effet aujourd'hui.

-Bon, on fait quoi ? demanda Garrick

-Je ne sais pas, soupira Ric.

-On le saura en temps voulu quand ça nous servira, en conclut Ragnok.