Majesté, le peuple se soulève !
Laze se trouvait dans la nouvelle échoppe de Garrick et il l'observait en train de lui fabriquer un nouvel item, son bâton de pouvoir n'étant plus en phase avec sa magie après presque mille ans d'emprisonnement.
-Je pensais que tu resterais dans la dimension des elfes, commenta Garrick.
-Où que Ric aille, j'irai, sourit Laze. Mais pour le moment, il a envie de créer encore un peu de bazar dans cette dimension, après avoir donné les pistes pour qu'Harry se débarrasse à la fois de Dumbledore et de Voldemort. Et toi ? Pourquoi n'es-tu pas allé rejoindre les tiens ? La rumeur la plus tenace était que vous aviez pu vous cacher dans un autre monde.
-Contrairement à ce que les sorciers de l'époque imaginaient, c'est également notre monde, répondit Garrick. Nous nous sommes simplement fondus dans la masse.
-Pourquoi ? s'étonna Laze
-Les sorciers ont rapidement oublié leur lien avec la Magie, répondit gravement Garrick. La chasse aux sorcières a caché une autre chasse, bien plus insidieuse, qui a consisté à traquer et à tuer les élémentaires. Il y a certes beaucoup d'innocents qui ont été menés sur le bûcher mais bon nombre étaient des miens. Nous devions nous cacher.
-Pourquoi ne pas vous réunir à nouveau ? demanda Laze
-Tu pars du principe que nous avons coupé contact, ricana Garrick. Or, ce n'est pas le cas. Nous nous sommes établis au sein de toutes les nations à travers le monde et dès que nous repérons un mage, nous faisons en sorte de le récupérer par les moyens les plus officiels possibles ou sinon, sans faire de vague. J'ai d'ailleurs identifié plusieurs mages dans ta descendance.
Laze en resta bouche bée.
-Vraiment ? balbutia Laze
-Ça a l'air de te surprendre, rit Garrick.
-Même à mon époque, excuse-moi, les mages faisaient partie de la légende, bouda Laze.
-Je comprends, sourit Garrick.
Le maître lia délicatement l'un des composants de l'item à un autre.
-Tu connais Ric depuis longtemps … souffla Laze.
-Nous l'avons connu à la même période, rappela Garrick.
-Comment est-ce qu'il a pris … ma disparition ? demanda doucement Laze
-Honnêtement ? Très mal, soupira Garrick. Il a littéralement retourné toute la région avant de retourner dans la dimension des elfes. Au début, je lui rendais visite ou c'était le contraire mais très vite, nous avons dû nous contenter de miroirs à double sens, moi parce que ma présence en tant qu'humain était de plus en plus mal vue, lui, comme je l'ai appris plus tard, qui avançait dans sa grossesse. Quand Luba a été assez grande, il l'a emmené dans cette dimension et c'est là que je me suis rendu compte à quel point ta disparition avait eu des conséquences sur lui. Il n'a jamais cru à ta mort mais il a beaucoup souffert.
Laze baissa la tête. Il lui avait fallu des jours pour avoir le courage de demander à Garrick ce qu'il savait de la période entre sa disparition et sa libération. Dans la dimension des elfes, son enquête avait tourné court pour une seule raison : Ric n'était pas retourné au Domaine Incandescent ce qui ne lui avait pas permis d'interroger les deux personnes les plus à même de répondre à ses questions, Milena et Xino, d'après Nolan. Laze était toujours choqué de leur première nuit ensemble. Contrairement à ce que Nolan et Harry pouvaient imaginer, Ric ne s'était pas jeté sur lui pour le culbuter – non, ça, ça s'était passé que trois jours plus tard – mais il l'avait pris dans ses bras et étreint avec un tel désespoir qu'il avait pris peur. Même si les réponses allaient lui briser le cœur, il avait besoin de savoir. Car si l'enthousiasme des retrouvailles s'était quelque peu estompé, de nombreuses choses n'avaient pas été dites et il leur faudrait du temps pour redevenir le couple presque fusionnel qu'ils étaient avant qu'il ne soit kidnappé.
-Avant que tu ne t'imagines des histoires folles, sache que la priorité de Ric te concernant, c'est que tu sois sain et sauf, intervint vivement Garrick. Si j'ai bien compris, il n'a jamais cessé de chercher à te libérer. La mission qu'il a montée a mis des siècles à être mise au point.
Laze eut un sourire. Ça, c'était bien du Ric tout craché. Il finit par se secouer, conscient qu'il ne pourrait en savoir plus.
-J'ai eu le dossier concernant la vie d'Harry, changea de sujet Laze. Ainsi qu'un résumé de ce qui se passe dans le royaume.
-Qu'est-ce qui te gêne ? demanda Garrick
-Comment est-ce qu'on en est arrivé à une dispute qui m'aurait amené à quitter l'école ? demanda Laze incrédule
-En vérité, cette soi-disant mésentente « mortelle » entre Ric et toi ne date que d'un siècle tout au plus, avoua Garrick. Elle a commencé à circuler alors que Dumbledore terminait à peine ses études.
-Tu penses que c'est de son fait ? fronça des sourcils Laze
-Ça ne m'étonnerait pas, haussa des épaules Garrick. Mais cela fait pas mal de coïncidences, tu ne trouves pas ?
-Je serais curieux de savoir ce que ce sorcier a contre ma maison, marmonna Laze.
-Tu n'es pas le seul, abonda Garrick.
Il termina l'item qu'il avait en main avant de le tendre à Laze.
-Tiens, sourit Garrick. En guise de cœur, ton sang et celui de Ric. Le lien d'âme est particulièrement fort.
-Merci, sourit Laze.
Il lança quelques sorts informulés avec sa nouvelle baguette avant de la ranger soigneusement.
-Je dois aller rejoindre Harry, s'excusa Laze. Encore merci pour tout.
L'artisan le salua tandis que le Fondateur s'éclipsait.
§§§§§
Neville récupéra rapidement son courrier et le rangea dans sa poche sous le regard suspicieux de Dumbledore. Depuis que Franck lui avait annoncé que la prophétie était fausse de la première à la dernière lettre, une rage froide l'envahissait à chaque fois que le directeur passait dans son champ de vision.
Plusieurs vies gâchées parce qu'un vieux fou avait décidé de jouer à Dieu …
Mais le jeune homme ne voulait pas laisser exploser sa colère. Non, à la place, il avait l'intention de le prendre à son propre piège et Harry avait été tout à fait d'accord. Avec l'aide du sceau des Longbottom, Neville avait contacté tous les chefs de familles neutres et leur avait demandé leur avis sur le conflit en cours. Les retours étaient passionnants et dans le même temps, ça l'avait éclairé sur l'image que Dumbledore envoyait à la population.
-J'ai ce que tu m'as demandé, fit Blaise en s'approchant de Neville.
Ce dernier avait demandé son aide car bien qu'il soit né en Angleterre, Blaise était d'origine italienne et l'essentiel de sa famille s'y trouvait. Un point de vue européen serait une grande aide pour les projets du jeune homme.
-Merci, sourit Neville. On va étudier cela dès qu'on n'aura pas d'espion sur le dos.
Et il ne parlait pas de la surveillance directe de Dumbledore. Cela faisait un moment que Neville se doutait que les tableaux magiques du château renseignaient efficacement le directeur mais également de nombreux élèves encore aveuglés par son aura de prestance.
-D'accord, fit Blaise.
Le repas se termina et Neville gagna ses appartements, dont l'entrée se trouvait dans la salle commune des Gryffondors. Récupérer son titre de lord et n'en aviser que le professeur McGonagall avait été une heureuse idée car sans cela, il aurait dû se cantonner aux dortoirs et il n'était pas sûr que Ron Weasley ait pu y survivre.
-Lord Neville ?
Neville bondit sur ses jambes en lançant un sort de stupéfixion dans la direction de la voix tout en se mettant à couvert. Quand il fut sûr qu'il n'y avait plus de danger, il sortit prudemment la tête de son refuge improvisé.
-Dobby ?! découvrit Neville, incrédule
-Bonjour, lord Neville, s'inclina l'elfe de maison. Je viens de la part du seigneur Harry.
Il lui tendit une lettre que le jeune homme prit avec précaution. Il connaissait l'elfe de maison personnel d'Harry mais il n'avait jamais eu de contacts réguliers et directs avec lui.
Cher Neville,
Comme promis, j'ai cherché de mon côté tout ce qui se dit sur Dumbledore. Je suis toutefois assez surpris des retours que j'ai eus.
Tu as de la chance – et je te demanderai de ne pas en souffler mot – j'ai d'excellents contacts avec les gobelins qui ont accepté de me fournir quelques éléments.
Le nom d'Albus Dumbledore est mêlé à plusieurs affaires concernant le placement de certains enfants orphelins appartenant à des familles sorcières très aisées voire pouvant prétendre à devenir sang pur. Outre le fait qu'ils soient rarement scolarisés à Poudlard, il s'avère qu'ils font don de la majorité de leur héritage à divers organisations sorcières qui, après enquête, n'avaient aucune existence légale. Je connais ta prochaine question et oui, les gobelins pensent qu'il a mis son nez dans mes affaires. Dès que possible, ils te transmettront par le biais de ton père un dossier que tu pourras utiliser.
Par ailleurs, je pense qu'il est temps que tu fasses connaître tes projets aussitôt que tu auras quitté Poudlard. Il y a des rumeurs qui disent que plusieurs de nos amis comptent faire leur grande entrée au ministère or, j'ai cru comprendre qu'aucun d'entre nous ne le porte en grande estime.
Oh, et pendant que j'y pense, le professeur Snape accepte que nous puissions nous réunir à Poudlard un soir. Je te communiquerai toutes les informations dès que possible.
A bientôt
Harry
Neville sourit. Cela faisait un moment que leur bande d'amis n'avait pas pu se réunir sans problème. Harry avait déjà prouvé qu'il pouvait parfaitement circuler dans l'école sans que le directeur ne puisse le suivre, alors organiser une réunion pour leur bande serait parfaitement dans ses cordes. Et puisqu'il ne leur restait que quelques semaines avant de quitter définitivement les bancs de l'école, il serait temps de créer quelques ennuis à ceux qui leur en créaient, en juste retour des choses.
Le ricanement qu'il laissa échapper retentit dans toute l'école et fit glisser une sueur froide dans le dos des ennemis de la bande.
§§§§§§
Narcissa se tenait droite et fière dans l'une des salles d'interrogatoire du ministère.
-Où se trouve votre bâtard de mari ?! cracha un auror
La blonde se contenta de le regarder glacialement avant de renifler.
La lady s'était fait piéger après avoir accepté un entretien concernant son fils, l'actuel lord Malfoy. Sur le prétexte fallacieux que Lucius était un mangemort, les aurors l'avaient arrêté et depuis maintenant trois heures, ils tentaient sans succès de lui faire cracher la localisation de Lucius, porté disparu à la fois par Voldemort et par le ministère depuis l'été dernier. Puisque Narcissa n'était pas effondrée, ils estimaient qu'elle savait où il se trouvait.
Quand ça leur servait, ils oubliaient sans soucis qu'ils appartenaient aux cercles Sang Pur et donc, ils exprimaient différemment leur inquiétude.
Narcissa avait établi sa stratégie en un clignement d'œil. Elle avait décidé de ne pas ouvrir la bouche tant qu'ils n'useraient pas la force. Après, s'ils comptaient utiliser des moyens déloyaux pour la forcer à livrer ses secrets … ils allaient avoir quelques surprises.
-IL SUFFIT ! claqua une voix
Tous les aurors présents sursautèrent, entraînant un nouveau reniflement de mépris de la part de la blonde. Et c'était sur ça que les sorciers devaient compter pour être protégés ? Autant le faire soi-même !
-Mais King … protesta un Auror.
-On n'a pas élevé les hippogriffes ensemble donc pour toi, c'est auror Shacklebolt ! cracha le sorcier en entrant dans la pièce. J'entends vos hurlements depuis mon bureau et vous savez ce que je vois ?
Les aurors présents se regardèrent, surpris.
-Son mari et elle font partie des mangemorts … fit une voix d'une voix presque assurée.
-Lucius Malfoy a effectivement la marque, concéda Kingsley. Or, à moins qu'il ait changé de sexe, il ne me semble pas que la personne assise là est Lucius Malfoy. Je me trompe ?
Tous nièrent de la tête.
-Pour quelle raison lady Malfoy se trouve ici ? grinça Kingsley
-Il faut qu'elle nous dise où se trouve Malfoy ! cracha un auror
-Donc elle est là pour nous aider à le trouver, correct ? fit Kingsley
-Euh … oui, répondit l'auror.
-Pourquoi est-elle donc interrogée comme une vulgaire criminelle ? susurra Kingsley
-Mais elle est aux ordres de Vous Savez Qui ! s'exclama un autre auror
-Voilà une information qui intéressera beaucoup la directrice Bones, déclara sèchement Kingsley.
Les aurors présents frissonnèrent d'effroi. S'il y avait bien une personne à ne pas énerver au ministère, avant même le ministre en personne, c'était bien Amélia Bones. Malgré la corruption environnante, la directrice terrorisait tout le monde et même les plus anciens – qui n'avaient pas été tués par Voldemort, cela s'entend – redoutaient les moments où elle pointait le bout de son nez dans leur bureau car ils savaient que la moindre erreur pourrait leur coûter cher. Donc menacer les aurors d'une petite visite d'Amelia Bones faisait toujours son petit effet.
-Mais King … protesta le premier auror.
-C'est AUROR SHACKELBOLT ! tonna Kingsley, excédé
Comprenant que ces abrutis ne l'écouteraient même pas, il se dirigea vers la blonde qu'il libéra d'un coup de baguette et l'aida galamment à se redresser.
-Milady ? demanda doucement Kingsley. Est-ce que tout va bien ?
-Oui, merci, souffla Narcissa. Auror …
-Shacklebolt, renseigna Kingsley.
-Auror Shacklebolt, reprit Narcissa. J'ai été conduite ici sans motif valable et sans qu'aucune raison ne m'ait été fournie. Je doute que ces jeunes gens aient eu une autorisation officielle pour se montrer aussi désinvoltes envers leur serment. Quelles sont les possibilités qui me sont ouvertes pour leur faire payer cet outrage ?
-Nous allons en discuter ailleurs, proposa Kingsley en lui proposant son bras.
-Avec plaisir, répondit Narcissa avec un sourire charmant.
Ils quittèrent la pièce mais avant de tourner définitivement des talons, Kingsley brandit sa baguette qu'il n'avait toujours pas rangé et enferma les rebelles dans la pièce. Le duo quitta le couloir sous les hurlements des prisonniers mais l'auror eut tôt fait de les faire taire par un sort de silence sur la pièce.
-Vous ne risquez pas d'avoir des problèmes ? s'inquiéta Narcissa
-J'en doute, ricana sombrement Kingsley. La directrice Bones sera ravie d'apprendre qu'il y a une faction dissidente dans nos rangs.
-Des rumeurs disent pourtant qu'une milice sous les ordres d'un sorcier important, autre que le lord sombre, aurait infiltré le ministère, leva un sourcil Narcissa.
-Je ne le nie pas, concéda Kingsley. Mais il semble clair que ces sorciers ont des méthodes semblables.
Il reconduisit la blonde à travers le bureau des aurors. Mais alors qu'ils allaient atteindre l'entrée du bureau, le bruit d'une chaise qui se renversait leur fit comprendre que le calme apparent allait disparaître.
-Kingsley ! rugit Nymphadora Tonks. Qu'est-ce que tu fais avec … elle !
-Je la raccompagne, déclara froidement Kingsley. Un problème, auror Tonks ?
-Pourquoi est-ce qu'elle n'est pas dans une cellule ? cracha Nymphadora
-Parce qu'elle n'est pas en état d'arrestation ! claqua Kingsley. Je vous conseille de vous reprendre avant que je n'en avise la hiérarchie, auror Tonks !
La jeune femme fit un pas en arrière, foudroyée.
-Pourquoi tu me parles comme ça ? Je suis ta partenaire ! balbutia Nymphadora
-Était, corrigea Kingsley. Vous ne l'êtes plus depuis le 03 mai car nos méthodes de travail n'étaient plus compatibles. Et même si ce n'était pas le cas, je reste votre supérieur et de ce fait, je suis en droit de vous rappeler que votre comportement doit être exemplaire, encore plus en présence de civils. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que je vous fais cette remarque !
La jeune auror rougit violemment.
-Mais … protesta Nymphadora.
-Il suffit, coupa Kingsley. Nous discuterons de votre comportement après le départ de lady Malfoy. Dans le bureau de la directrice Bones.
Tonks blanchit. Depuis qu'elle s'était fait reprendre devant tout le bureau concernant son incapacité à contrôler son don, sa maladresse et ses erreurs étaient bien moins tolérées, ce qui avait pour conséquence qu'elle se retrouvait régulièrement dans le bureau de la directrice Bones pour y recevoir notamment des blâmes. Elle savait qu'elle pouvait y remédier en acceptant la formation pour contrôler son don – elle était même très tentée de le faire – mais Albus Dumbledore lui avait conseillé de n'en rien faire car il soupçonnait qu'avec cette formation, le ministère pourrait s'assurer le contrôle total sur elle.
Ne voulant pas discuter plus longtemps avec elle, Kingsley la contourna et mena Narcissa vers l'entrée du bureau. Il s'inclina pour la saluer.
-Avec votre permission, je me présenterai chez vous demain pour prendre votre témoignage et de nous informer des moyens à votre disposition pour …
-Pour faire regretter à ces petits intrigants leurs manières désinvoltes ? proposa Narcissa
-Je ne l'aurais pas dit en ces termes mais l'idée est là, sourit furtivement Kingsley. Désirez-vous une escorte jusqu'à chez vous ?
-C'est très aimable de votre part mais cela ira, sourit Narcissa. Je vous remercie de votre aide et je vous souhaite une bonne fin de journée.
-A vous aussi, milady, s'inclina Kingsley.
Il attendit que la blonde ait emprunté l'ascenseur pour se tourner vers le bureau des aurors, l'air sombre. Sans surprise, Tonks était encore là pour le surveiller. Cela l'agaça prodigieusement et il préféra ne rien dire sauf s'il voulait se mettre à hurler. A la place, il marcha sur elle en direction du bureau d'Amélia Bones.
-Kingsley … tenta Tonks. Quel besoin avais-tu de te conduire civilement avec cette mangemort ?
L'auror ne la regarda même pas et la contourna pour s'enfermer dans le bureau de la directrice. La suite ne tarda pas.
-TONKS ! DANS MON BUREAU IMMEDIATEMENT !
§§§§§
Tom Gaunt se retenait de sourire comme un dément.
-Je vais finir par croire que je suis devenu comique depuis la dernière fois que je me suis regardé dans le miroir, ricana Harry.
Le sorcier et l'elfe noir s'étaient retrouvés dans une pièce que les gobelins avaient bien voulu leur céder pour leur entretien, puisqu'ils étaient des clients privilégiés en tant que lord Gaunt potentiellement héritier Serpentard et de lord Potter héritier Black.
-Avouez que la situation prête à sourire, rétorqua Tom. Vous pouvez revendiquer Poudlard pour pouvoir chasser Dumbledore de son poste !
-C'est une possibilité que j'ai évoquée, pas un projet concret, sourit Harry.
Le brun lui avait révélé son ascendance prestigieuse et la conversation avait dérivé sur ce qu'Harry pourrait faire avec un tel pouvoir.
-Revenons sur le sujet premier, tempéra Harry. Dumbledore est une épine dans le pied de la Grande Bretagne sorcière qu'il est temps de retirer définitivement. J'ai cru comprendre qu'il avait des griefs contre vous ?
-Pour résumer, je ne suis pas la pauvre petite victime qui peut se laisser martyriser, renifla Tom. Vous devez savoir que quand ses marionnettes se rebellent sous son autorité, ça a tendance à l'agacer.
Harry eut un rictus ironique. Quand on savait lire entre les lignes, on voyait bien que Dumbledore était plus qu'irrité par le comportement dissident de l'Elu qu'il avait patiemment modelé. Enfin, qu'il pensait avoir modelé selon ses désirs.
-Certes, concéda Harry. Mais cela ne répond pas à notre problème actuel. Comment virer Dumbledore sans qu'il ne puisse en tirer toute la gloire ?
-Je sape déjà sa renommée à l'international en pointant certaines incohérences de sa politique, réfléchit Tom. Vous avez pris votre indépendance sans lui en référer. Je trouve qu'il a perdu pas mal de sa superbe ces derniers temps.
-C'est vrai, fit Harry. Il est temps qu'il chute définitivement. Une idée ?
-Pas vraiment, avoua Tom. C'est une chose à laquelle je réfléchis depuis que j'ai quitté Poudlard. Il a une toile d'influence qu'on aura du mal à démanteler. Des contacts partout dans le pays. Des pions qui se sacrifieront avec joie pour sa cause. Ça ne sera pas facile.
-Je m'en doute, soupira Harry. En fait, il faudrait faire tuer Voldemort pour que Dumbledore soit jugé inutile.
-Arrêtez-moi si je me trompe … fit Tom. Vous comptez attirer Voldemort dans un piège ?
-L'idée me tente de plus en plus, avoua Harry. Je crains qu'on ne puisse pas s'occuper à la fois de Voldemort et de Dumbledore en même temps.
-On pourrait en prendre un chacun, proposa Tom. Mais Dumbledore est un gros poisson et il est lié à Voldemort.
Harry se redressa. C'était un doute persistant qu'il n'avait jamais réellement pu prouver. Mais avec Tom …
-Tous les deux seraient de mèche ? demanda Harry
-Voldemort est en réalité mon surnom à Poudlard, révéla Tom. Ce n'est que quand je me suis posé ouvertement des questions sur les actes de Dumbledore qu'il a commencé à circuler et à être l'auteur d'actes répréhensibles. La coïncidence est trop grande à mes yeux. Sans oublier que pour retirer la marque des ténèbres, je suis aussi efficace que vous car il semblerait que j'ai un lien avec ce sorcier fou.
Très vite, Severus avait révélé à Harry les capacités de Tom Gaunt, notamment en techniques de combat oubliées mais aussi du fait qu'il ait trouvé comment retirer la marque des ténèbres. Pour l'instant, le brun n'avait pas encore essayé de faire partie du rituel, Laze ayant émis des doutes et voulant approfondir le sujet avant d'impliquer un elfe noir.
-C'est vrai, concéda Harry. Est-ce que vous avez des preuves de ce que vous avancez ?
-Vous vous doutez bien que si c'était le cas, je les aurais déjà utilisées, sourit Tom.
-Je me disais aussi, railla Harry.
Le brun se laissa glisser dans un silence songeur. Depuis la libération de Laze, Ric et lui avaient beaucoup discuté sur l'ingérence de Dumbledore dans la vie du plus jeune et ils en étaient venus à plusieurs conclusions déplaisantes. Cependant, ce dernier ne lui avait toujours pas révélé ses propres griefs contre le vieux sorcier et le brun sentait que ça devait être très lourd.
-Mon idée première était de le pousser à la faute, souffla doucement Harry après quelques instants de silence. C'est d'ailleurs pour cela que j'ai proposé à Severus de me prendre pour apprenti avant qu'il ne quitte définitivement Poudlard. Tous les élèves savent que Dumbledore cherche à me parler seul à seul mais il n'a toujours pas réussi.
Ses cours avec Severus se déroulaient dans l'une des salles de duel que lui avait indiqué Ric et qui avait été efficacement protégé par ce dernier pour que le directeur ne les retrouve pas. Quand il fallait qu'il rejoigne ses amis, le brun utilisait des passages secrets uniquement utilisables par Ric et Laze. Les bruits de couloir lui indiquaient que le vieux sorcier était particulièrement agacé de ne pas avoir mis la main sur son arme fétiche. Pour être gentil.
-Mon prochain mouvement ne va sûrement pas lui plaire, ricana Harry.
-Votre prochain mouvement ? haussa un sourcil Tom. De ce que je sais, vous démantelez méthodiquement tout ce qu'il a pu faire en votre nom. Je ne sais pas ce qui pourrait encore plus l'agacer.
-Des fiançailles ? sourit Harry
La mâchoire de Tom manqua de s'écraser.
-Vos fiançailles ? s'étouffa Tom
-Des fiançailles, insista Harry. Dommage qu'Hermione et Draco soient déjà grillés. Quoique, si j'ajoute ça …
-Arrêtez de me faire tourner en bourrique, grogna Tom. Où voulez-vous en venir ?
-J'ai l'intention de réactiver l'un des plus antiques contrats de mariage de la famille Potter, annonça Harry.
En vérité, il s'agissait d'une mesure prise par Ric quand il avait fondé le clan Potter, voire même une protection. Jusqu'à ce que les enfants Potter atteignent cent lunes d'obsidienne – soit dix-sept années humaines environ – aucun d'entre eux ne pouvait contracter de mariage. Une fois cet âge dépassé, l'enfant, après avoir scellé un serment avec la magie familiale, ne pourra se faire imposer une union que si son futur conjoint répondait aux critères du clan Potter. Quand on savait que ça comprenait un rituel elfe, on comprenait que toute manipulation était sérieusement compromise.
-Qui consiste ? insista Tom
-Les futurs conjoints des Potter doivent se soumettre à un rituel spécifique où toutes ses intentions seront examinées, sourit Harry. Enfin, en gros. Cela empêchera les marionnettes de Dumbledore d'essayer de me faire croire qu'elles sont réellement amoureuses de moi.
-Il parait que vous étiez très liés à la jeune Weasley, ricana Tom.
-C'était le rêve de sa mère, pas de Ginny, pointa Harry. Mais puisqu'elle n'est plus là, je n'ai plus à m'en préoccuper …
Fred et Georges lui avaient annoncé que Muriel, leur matriarche, avait décidé de garder la rousse à ses côtés malgré l'année scolaire encore en cours. D'ailleurs, au sein de la famille Weasley, l'affaire n'avait pas encore éclaté. Il fallait qu'il se renseigne sur le sujet.
-Quand allez-vous annoncer que ce n'est pas la peine qu'on vous mette dans les pattes des cruches à la solde de Dumbledore ? demanda Tom
-Oh, j'ai rendez-vous demain avec quelques journalistes pour une interview exclusive, sourit Harry. Autant qu'un maximum soit au courant avant que ce vieux fou ne l'apprenne pour qu'il n'ait que ses yeux pour pleurer.
Tom éclata de rire.
