Victime de son succès
Albus maugréait alors qu'il se rendait à la demeure Weasley, où habitait la matriarche de la famille. Ce n'était pas de gaité de cœur qu'il le faisait mais la situation était telle qu'il devait intervenir en personne.
-Dumbledore, salua sèchement Muriel une fois qu'il fut installé.
-Muriel, je … commença Albus.
-Commencez par vous rappeler les bonnes manières avant que je ne vous écoute, rabroua sèchement Muriel.
Albus retint efficacement sa stupeur. Tellement habitué à côtoyer Molly et Arthur dans leur simplicité, il en avait oublié qu'ils étaient sangs purs, enfin Arthur plus que Molly. Malgré la pauvreté de la famille, Muriel tenait à ce que les conventions soient respectées. Il n'était pas arrivé là où il était pour faire des ronds de jambe à des personnes qui n'en valaient même pas la peine ! Mais s'il voulait obtenir ce qu'il voulait, il allait devoir s'y abaisser.
Maudite soit Molly !
-Milady, salua le moins sèchement possible Albus.
-Bien, fit Muriel. Que voulez-vous ?
-Molly a demandé que je vienne vous voir … commença Albus.
-Et peut-on savoir pourquoi elle n'est pas passée par son époux, mon héritier, comme toute personne normale ? claqua Muriel
Albus serra les dents. Misère, pourquoi était-il là déjà ?
-Je suis venu pour vous convaincre de laisser Ginevra retourner à l'école, déclara Albus.
Muriel ne laissa pas sa fureur l'envahir. Fred, Georges et Ginny lui avaient raconté ce qui se passait exactement derrière les portes du Terrier. Arthur non plus n'avait pas été avare de détails concernant la relation exacte entre la matrone et ses enfants mais également sur la relation entre Molly et le directeur de l'école.
-En quel honneur ? demanda Muriel
Dumbledore retint de justesse sa stupeur.
-L'année scolaire n'est pas terminée, rappela Albus. De plus, elle doit préparer ses ASPIC l'an prochain et ça lui serait handicapant à plus d'un titre si elle manquait les cours.
-J'entends vos arguments, déclara Muriel. Mais si j'ai retiré Ginevra de Poudlard, c'est parce qu'il le fallait mais surtout, parce que c'est mon droit en tant que chef de famille !
Dumbledore serra les dents. Il s'y attendait à cet argument.
-Pourquoi retirer arbitrairement à un enfant son droit à l'éducation ? pointa Albus
-Qui a dit que Ginevra ne poursuivait pas ses études ? railla Muriel
-Poudlard … protesta Albus.
-Est peut-être la seule école du pays mais ce n'est pas le seul endroit où on peut préparer ses ASPIC, rappela Muriel. Osez me dire que tous les sorciers qui passent cet examen ont tous été scolarisés à Poudlard.
Albus ragea car il ne pouvait pas réfuter ce fait. En fait, seuls soixante pourcents des enfants de Grande Bretagne allaient à Poudlard. Le reste était majoritairement des créatures magiques, ensuite il y avait les sangs purs et les nés de sorciers qui ne scolarisaient pas tous leurs héritiers et enfin, les enfants nés de moldus dont les parents refusaient qu'ils entrent dans le monde sorcier.
-Tous ses frères ont passé leurs examens à Poudlard, tenta Albus.
-Je sais, concéda Muriel. Mais pas ceux que je veux qu'elle prépare. D'où son retrait de Poudlard.
-Poudlard est la meilleure école du monde ! assura Albus
-Vous pouvez le faire avaler à tous ces abrutis du ministère qui ne mettent pas un seul pied hors du pays mais nous savons tous les deux que ce n'est pas le cas, tança Muriel.
Dumbledore se retint de lui jeter un sort douloureux. Malheureusement, même s'il faisait tout son possible, ce secret était connu par les mauvaises personnes.
-Ginevra a sa place à Poudlard, fit Albus.
-Elle a eu sa place, corrigea Muriel. Comme les frais de scolarité vous sont versés à chaque début d'année scolaire et qu'elle a satisfait l'obligation d'assister aux cours les trois quarts de l'année, je peux parfaitement la retirer de l'école sans justification.
Dumbledore serra les poings. La vieille rombière retournait le règlement de Poudlard contre lui !
-Mais … protesta Albus.
-De plus, coupa Muriel, je n'ai pas l'intention d'inscrire Ginevra l'année prochaine.
Le vieux sorcier sursauta.
-Pourquoi ? s'étonna Albus. La qualité de l'enseignement est excellente !
-Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, nous savons tous les deux que ce n'est pas le cas, railla Muriel. Donnez-moi un argument valable pour que je revienne sur ma décision.
-Tous ses frères ont fait leurs études à Poudlard, fit Albus.
-Ce n'est pas une obligation pour qu'elle ne fasse de même, contra Muriel.
-Ses parents seraient plus rassurés de la savoir dans un endroit connu, avança Albus.
-Pourquoi passer par un intermédiaire pour me le dire ? rétorqua Muriel. Et je ne suis pas n'importe qui, je suis le chef de la famille Weasley !
-Elle manquera à sa famille … essaya Albus.
-Ce n'est pas comme si elle n'était pas dix mois sur douze loin d'eux, rétorqua Muriel.
Mais avant que Dumbledore n'ouvre la bouche pour avancer un autre argument, Muriel l'arrêta.
-Si vous me disiez enfin pourquoi vous tenez tellement à ce que Ginevra retourne dans cette école ? cracha Muriel
-Molly … tenta Albus.
-J'en discuterai directement avec elle, trancha Muriel. Autre chose ?
Dumbledore garda le silence, plus pour s'empêcher de jeter un sort malheureux à la matriarche que par réel manque d'arguments.
-Pourrais-je au moins la voir ? laissa finalement tomber Albus
Il fallait absolument qu'il sache ce que la gamine avait pu raconter pour limiter les dégâts.
-Je ne suis absolument pas désolée de vous dire que Ginevra est actuellement sortie, sourit machiavéliquement Muriel. Et vous allez suivre le même chemin. Bonne journée à vous, Dumbledore !
L'instant suivant, les pieds du directeur prirent d'eux-mêmes la direction de la porte, poussés par la magie familiale. Le vieux sorcier se retint de réduire la maison à néant avant de tourner les talons et de disparaître vers le Terrier pour ordonner à Molly d'aller voir en personne la matriarche pour qu'ils aient une chance d'interroger Ginny sur la façon dont elle avait pu s'échapper.
§§§§§
-Espèce de sale sang de bourbe ! cracha une voix qu'Hermione n'eut aucun mal à identifier
-Bonjour à toi aussi Clark, répondit Hermione d'une voix ennuyée. Que puis-je pour toi ?
-Tu vas laisser Draco tranquille ! ordonna Gwendoline Clark, une Serpentard en 6e année, en se plantant devant elle
-Non, parce qu'il est trop bon au lit pour que je le laisse m'échapper, répondit Hermione avec un sourire en coin.
-Il serait mieux avec moi ! tempêta Gwendoline
-Curieux alors qu'il sorte avec moi alors, lâcha Hermione, nullement intéressée par la « conversation ».
Cela faisait un moment que toutes les filles de l'école défilaient devant elle pour la convaincre, de gré ou de force, de laisser tomber Draco. Malheureusement pour elles, si Hermione en était venue à sortir avec lui pour donner une bonne leçon à Ronald Weasley, le contraire était également valable pour Draco. La brune avait déjà fait comprendre – de manière tout à fait serpentarde en plus – qu'elle ne comptait pas céder sa place mais certaines étaient bornées, comme Gwendoline Clark. Elle avait sottement cru que si elle faisait suffisamment courir le bruit qu'elle était fiancée à Draco, leurs parents respectifs finiraient par concrétiser cette union. En pure perte.
-Draco ne peut pas être avec une merde comme toi ! siffla Gwendoline
-Ce n'est pas moi qui hurle comme une banshee parce qu'il n'est pas avec moi, rétorqua Hermione. Depuis le temps que je fréquente Draco, j'ai appris une chose : seul un Malfoy peut savoir ce que veut un Malfoy. Et visiblement, il ne veut pas de toi.
-Tu n'en sais rien ! hurla Gwendoline
-Si, parce que je le lui ai dit, intervint une nouvelle voix.
Gwendoline sursauta en la reconnaissant.
-Dra… fit Gwendoline.
-Pour toi, ça sera toujours Malfoy, claqua sèchement Draco en sortant de l'ombre. Faut-il que je te fasse comprendre une nouvelle fois que je ne veux pas de toi, Clark ?
La jeune fille trembla avant de tourner des talons et de s'enfuir.
-Elle ne t'a pas trop dérangée ? demanda Draco en prenant place aux côtés d'Hermione
-Oh, tu sais, quand ce genre de furie arrive, je coupe le son, plaisanta Hermione. Tu as été long.
-Quelques soucis à régler, balaya Draco.
Le blond observa quelques instants sa compagne avant de prendre une décision.
-Et si nous travaillons dans un endroit plus calme ? proposa Draco
-Avec plaisir, sourit Hermione.
La brune rangea ses affaires avant d'accepter le bras du blond pour se rendre dans le petit salon où la bande se réunissait habituellement.
-Tes cernes ne mentent pas, déclara Draco alors qu'Hermione ouvrait la bouche. Repose-toi et je ne discuterais pas à ta place. A moins que tu veuilles que je prévienne Harry.
Cette seule menace lui clôt le bec et elle s'allongea sans un mot sur le canapé où elle s'endormit rapidement. Quelques minutes plus tard, Neville entra et avisa la silhouette endormie.
-Toujours autant fatiguée ? comprit Neville
-C'est de pire en pire, soupira Draco. Heureusement qu'on part du château bientôt, je ne suis pas sûr qu'elle aurait pu donner le change encore longtemps. Qu'en dit Luna ?
-Que c'est la décision d'Hermione, haussa des épaules Neville.
-J'ai promis de ne rien dire à Harry, précisa Draco.
-Mais moi pas, sourit Neville. Peut-être qu'il aura une solution.
-C'est toi qui affronteras Hermione quand elle découvrira ce que tu as fait, prévint Draco.
Les deux garçons éclatèrent de rire.
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Harry essuya le filet de sang qui coulait dans son cou avant de se redresser. Tout autour de lui, ce n'était qu'un carnage sans nom.
Et dire qu'il en était l'unique auteur …
Quand le jeune elfe avait fait part de son projet à son ancêtre, ce dernier lui avait indiqué que la dimension – qu'ils appelaient improprement dimension des elfes – ne se limitait pas aux territoires des elfes noirs et des faë. Au-delà de ces territoires, il y avait d'autres peuples magiques qui vivaient en plus ou moins bonne harmonie, dont les lycans. Après quelques recherches, le plus jeune avait appris qu'ils étaient une version améliorée des loups garous qu'il connaissait dans son monde d'origine.
Soupirant lourdement, Harry fouilla dans l'une de ses poches secrètes et avala quelques potions pour récupérer des forces avant de commencer à soigner ses adversaires. Au fur et à mesure de son avancée, le regard de ces derniers se teintèrent d'admiration car voir le vainqueur soigner les perdants était étonnant.
-Est-ce que vous allez enfin m'écouter ? soupira Harry après avoir fini sa besogne
-Vous êtes un elfe noir … s'écria un lycan que le brun ne se souvenait pas avoir vu pendant l'affrontement.
-Un elfe noir qui vient de vous botter le cul dans les règles de l'art et qui vous remet sur pied dans la foulée, s'irrita Harry. Et si c'est pour m'envoyer vos préjugés en pleine face alors que vous n'avez même pas eu les couilles de m'attaquer, vous pouvez remballer vos crocs et dégager d'ici !
La plupart des lycans sentirent le danger et l'indélicat se tut. Le bêta qui avait mené l'attaque s'avança alors.
-Si nous devons vous écouter, nous devrions le faire autre part, déclara le lycan.
-Très bien, répondit Ric avant qu'Harry ne s'agace plus. Nous vous suivons.
Curieux de voir comment son descendant allait se débrouiller, Ric avait décidé de le suivre. Bien entendu, maintenant qu'il avait retrouvé son compagnon, ne comptant plus le quitter des yeux, Laze fut également du voyage. Les deux elfes et le sorcier emboîtèrent le pas du bêta qui le mena vers une clairière non loin. Ils s'installèrent sur quelques rochers et Harry s'attendit presque à ce qu'on leur serve du thé.
Ah ouais, c'est vrai, cette boisson lui était maintenant imbuvable.
-Parlez, ordonna le bêta.
Immédiatement, Harry montra les dents, laissant sa magie se répandre lentement autour de lui. Laze sursauta légèrement tandis que Ric arborait un rictus mauvais.
-Vous jouez avec votre vie, décréta Ric. Je peux le retenir un peu sur le champ de bataille pour éviter de vous tuer mais le provoquer alors qu'il vous a tous vaincus à la loyale et ensuite soignés n'est vraiment pas dans votre intérêt. D'autant plus que ça fait un moment qu'il n'a pas eu d'adversaire à sa taille depuis un moment.
Le bêta déglutit difficilement. S'il comprenait bien le sous-entendu, l'elfe noir qu'il avait combattu serait capable de se battre à nouveau et cette fois de tous les anéantir.
-Sygar, se présenta le moins sèchement possible. Je vous écoute.
Encore sous le coup de l'adrénaline, Harry sentit sa magie s'enflammer.
-Nous voulons connaître le moyen de maîtriser un lycan devenu fou, coupa Ric de manière froide, commençant à son tour à s'agacer du bêta qui se trouvait face à eux.
-Pourquoi ? gronda le bêta, sur ses gardes
Les lycans et les elfes noirs, toute une histoire d'amour …
Laze sentit le danger et prit les choses en main.
-Ecoutez, fit Laze. Vous êtes en face de deux elfes noirs, vos rivaux depuis des générations, dont l'un vient de vous battre à plates coutures et de vous soigner dans la foulée. Ils sont encore assez excités et honnêtement, ils sont à deux doigts de se tracer un chemin dans le sang s'il le faut pour avoir l'information qu'ils veulent. On ne demande pas vos points faibles, simplement un moyen de maîtriser un loup garou devenu fou.
Harry leur avait parlé de Fenrir Greyback, un loup garou au service de Voldemort dont les exactions terrorisaient le monde sorcier britannique. Le brun avait appris pendant ses cours avec les jumeaux Velvet et Arcana que les loups garous ne se comportaient nullement comme dans sa dimension. Comme il devait se débarrasser de tous les soutiens de Voldemort avant de le tuer, il lui fallait un moyen de le mettre à terre sans y perdre des plumes. D'où sa visite auprès de l'une des meutes les plus importantes de lycans dont la garde les avait attaqués dès le moment où elle les avait vus. Pas les meilleures des présentations, surtout quand Harry leur avait montré le plus grand des respects.
Et maintenant, ce bêta agaçait volontairement Ric et Harry ? Mieux valait qu'il prenne les choses en main, il avait un peu plus de diplomatie que les deux autres. Enfin … disons qu'il était celui qui avait le plus la tête froide en ce moment.
-Si vous ne pouvez pas nous répondre, nous irons voir une autre meute, déclara Laze. Vous n'êtes pas la seule ici et peut-être qu'elles auront de meilleures manières que vous.
Le bêta montra les crocs, clairement menacé et très menaçant. Ric vrilla et laissa sa propre magie envahir les lieux.
-Vous êtes sur notre territoire ! cracha le bêta
-Et c'est MON compagnon ! rugit Ric en se levant brusquement, faisant tomber sa chaise
-IL SUFFIT ! tonna une voix
Tous les lycans autour se raidirent quand un immense loup arriva de son pas chaloupé. Plus il avançait, plus il reprenait forme humaine. Laze était fasciné par la transformation et visiblement, ça ne plaisait guère à son compagnon dont l'aura devenait plus oppressante.
-Du calme, tempéra le nouveau lycan. Ma compagne n'est pas très loin et n'apprécierait pas non plus que je m'intéresse à quelqu'un d'autre qu'elle.
Il attendit que ses paroles atteignent l'esprit de l'elfe noir avant de reprendre la parole.
-Ben Caribald, se présenta le lycan à Ric. Alpha de la meute de la Cascade. Vous avez rencontré Ygor Sygar, l'un de mes plus jeunes bêtas, clairement un peu trop impulsif.
-Mais … protesta le dénommé Ygor.
-SILENCE ! gronda Ben. Je m'occuperai de toi plus tard ! Maintenant, retire-toi !
Ygor baissa la tête et recula, soumis.
-Bien, maintenant parlons peu mais parlons bien, sourit Ben. En quoi puis-je aider l'elfe Ric Agni et ses compagnons ?
Ric et Harry perdirent un peu de leur tension, surpris qu'un lycan connaisse le nom d'un elfe noir.
-Comment ? verbalisa Laze
-Outre le fait que les elfes noirs aient une impressionnante longévité, Agni est célèbre, à la fois pour ses compétences que pour avoir tenu tête au conseil elfe qui prenait de plus en plus de décisions loufoques jusqu'à ce qu'il soit déposé, sourit Ben.
-Vous m'avez l'air bien au courant de la politique elfe, fronça des sourcils Harry.
-C'est vrai que c'est surprenant, concéda Ben. Mais ils assurent la stabilité de la région donc ça ne fait pas trop de mal de garder un œil dessus.
Le lycan observa ses adversaires avant de prendre une nouvelle décision.
-Vous avez besoin de repos, décréta Ben. Soyez mes hôtes pour cette nuit et vous serez libres de repartir pour votre quête dès demain.
Harry et Laze regardèrent Ric pour avoir son avis. Ce dernier soupira lourdement, relâchant enfin la tension qu'avait entraîné sa jalousie.
-Ce serait un honneur, s'inclina Ric.
-Bien ! sourit Ben. Laissez-moi vous conduire alors chez moi. Les lois de l'hospitalité seront respectées.
Ric finit par se détendre, à l'étonnement d'Harry. Comprenant ses interrogations, tandis qu'ils emboîtaient le pas à Ben, l'aîné se rapprocha du plus jeune.
-Les lois d'hospitalité ont une dimension magique, expliqua Ric. Concrètement parlant, si Caribald nous fait du mal alors qu'il nous a invité chez lui, alors une terrible malédiction s'abattra sur lui et les siens. Une menace comme celle-ci ne peut être ignorée, qu'importe le peuple concerné.
Ils arrivèrent tranquillement dans un rassemblement d'habitations qu'Harry pouvait facilement qualifier de ville. Le jeune elfe noir faisait en sorte de garder son émerveillement pour une telle structure. Dans la dimension des humains, les loups garous étaient chassés de la communauté sorcière et vivaient en paria. Alors voir des lycans vivre librement sans être pris pour des monstres étaient vraiment rafraîchissant. Si seulement c'était possible d'exporter cet état d'esprit …
Ric nota que leur groupe, malgré le fait qu'ils soient les invités de l'Alpha, ne passaient pas par les rues les plus fréquentées et la population. L'elfe noir louait la stratégie car ainsi, s'ils avaient été des ennemis, ils n'auraient pas eu la possibilité de faire un massacre. De toute façon, même si ça avait été leur objectif, ils auraient eu des bâtons dans les roues à cause de l'important détachement de soldats lycan qui les entouraient.
Ils entrèrent finalement dans une maison qui curieusement, ne se démarquait pas des autres. Seul Ben entra à l'intérieur, les gardes se postant aux différentes entrées de la maison.
-J'espère que votre séjour … commença Ben.
-Ben ! s'exclama une voix à l'étage. J'espère pour toi que tu n'as pas fait la connerie que je pense que tu as faite !
A la surprise des deux elfes noirs et du sorcier, le lycan se tassa, appréhendant l'arrivée de la personne qui venait de l'apostropher.
-Ma douce … tenta Ben.
Laze écarquilla des yeux en apercevant la jeune femme qui descendait les escaliers … et qui assomma presque l'alpha avec un crochet du gauche bien placé.
-Bella ! protesta Ben. Tu donnes une mauvaise image à nos invités !
-Je m'en occuperai après, balaya la dénommée Bella. Je t'ai dit et répété qu'il fallait que tu serres la vis avec Sygor ! Mais non, tu es l'alpha, tu sais mieux que tout le monde !
Elle s'était emparée d'un journal qu'elle avait roulé pour en frapper son compagnon tout en continuant ses imprécations. Devant le ridicule de la situation, lesdits invités tentèrent de masquer leur hilarité mais Harry fut le premier à craquer. Le pouffement attira l'attention du couple qui se chamaillait et qui se rendit compte qu'il donnait un spectacle assez étonnant.
La femme réarrangea sa tenue avant de sourire aux elfes.
-Bella Rayan, se présenta-t-elle. La compagne de Ben.
-Vous n'êtes pas unis ? s'étonna Laze
Il était habitué à voir la femme prendre le nom de son époux.
-Elle ne veut pas, se plaint Ben. Ce n'est pas faute de le lui avoir demandé.
-Et vous êtes lupa ? demanda Ric, intrigué
De ce qu'il savait, l'alpha et la lupa, le mâle et la femelle dominant d'une meute, étaient toujours unis par un lien magique – le plus souvent une union, puisqu'ils étaient un couple – ou, dans de rares cas, par des liens de sang. Mais c'était la première fois qu'il voyait un alpha et une lupa sans aucun lien et sans que la meute elle-même ne s'insurge.
-Non, rassura Bella. Les anciens commencent à s'impatienter, d'ailleurs. Mais nous n'allons pas vous embêter avec ça. Je vais vous faire visiter la maison et vous indiquer vos chambres pour que vous puissiez vous rafraîchir avant le repas. Heureusement que nous avons plusieurs chambres d'amis !
-Deux suffiront, sourit Laze.
Bella observa la proximité entre Ric et Laze et comprit immédiatement.
-Bien sûr, sourit Bella. Deux chambres, donc. Suivez-moi !
-Bella … tenta Ben.
-Toi, tu restes là ! gronda Bella. Nous n'avons pas fini de discuter !
Ben baissa la tête, vaincu, tandis que le fou rire envahissait les elfes noirs et le sorcier. Bella les mena à l'étage et leur indiqua les chambres qu'ils allaient occuper ainsi que la salle de bain.
Deux heures plus tard, tous les cinq étaient attablés devant un repas odorant auquel les invités firent honneur. L'estomac rempli, ils s'installèrent dans le salon avec des digestifs.
-Parlons peu mais parlons bien, fit Ben. Pourquoi êtes-vous venu nous voir ?
Bien détendu depuis son combat, Harry prit calmement la parole.
-J'ai découvert la présence d'un lycan solitaire sur mes terres, déclara Harry.
C'était l'histoire sur laquelle Ric, Laze et Harry avaient décidé de se mettre d'accord. Comme les passages vers les autres dimensions avaient été fermés depuis près de mille ans, leur existence avait disparu peu à peu de la mémoire populaire. Seuls les jumeaux Velvet, les désormais jumeaux Arcana, Ric et Laze savaient qu'Harry n'était pas né dans cette dimension et le groupe tenait à rester le seul à savoir.
-Je pensais que vous auriez voulu le tuer, constata Ben.
-J'ai autre chose à faire, balaya Harry.
-Il est pourtant connu que les elfes noirs ont le goût du sang, s'étonna Bella.
-Je peux vous assurer que rattraper des vêtements couverts de sang est une galère, soupira Harry. Je m'épargne donc cette peine.
Tandis que l'assistance éclatait de rire, imaginant que c'était une blague, Harry ne put s'empêcher de penser qu'il n'avait pas tort. Vernon Dursley l'avait assez souvent battu au sang et avait toujours refusé de lui donner de nouveaux vêtements pour remplacer ceux tâchés. L'enfant qu'il était devait donc les laver toute la nuit et très souvent, il les portait encore humides à l'école.
-Vous voulez donc le maîtriser, se reprit Ben. Et ensuite ?
-Voir si on peut arriver à un compromis, haussa des épaules Harry. Et s'il se montre violent, vous l'amener, si ça ne vous dérange pas.
-Vous n'allez pas le tuer ? demanda confirmation Ben
-S'il ne m'attaque pas, non, assura Harry.
Après, on parlait de Fenrir Greyback. Le loup garou n'allait pas manquer l'occasion de servir l'ennemi de son maître sur un plateau d'argent … Dommage pour lui.
-Ce n'est pas le comportement habituel d'un elfe noir, répéta Ben. D'abord il attaque et rares sont les fois où il pense à poser des questions ensuite.
Un sourire railleur flirta sur les lèvres de Laze. Oh oui, il avait également noté cette façon de faire, surtout quand Ric avait commencé à le courtiser. Il n'avait jamais réussi à faire la différence entre ses prétendant(e)s et les autres. Pas qu'il en ait eu l'envie aussi.
-Je n'aime pas faire comme les autres, sourit Harry. Pouvez-vous nous aider ?
-Bien sûr, répondit Ben. Vous avez du temps ou pas ?
-C'est-à-dire ? fronça des sourcils Harry
-Un lycan solitaire est très agressif, surtout quand il est acculé, révéla Ben. Nous avons une résistance naturelle à la magie donc le moyen le plus sûr de nous vaincre est de nous inciter au corps à corps, comme vous avez dû le remarquer.
Le souvenir du combat plus tôt dans la journée revint à la mémoire de chacun.
-Le mieux serait de l'épuiser, reprit Ben. De simples runes suffisent généralement pour le cantonner dans un dôme où il perdra de plus en plus d'énergie au fur et à mesure qu'il essayera de le briser par la force brute. Mais si au bout d'une heure il est toujours aussi vif, renforcez la barrière avec des runes de sang.
-Si on suit votre logique, intervint Laze, on peut également utiliser des runes pour aspirer l'énergie ou la magie, non ?
-Je vous le déconseille, répondit Bella. Nous sentons avec une acuité aigue ce type de runes et il pourrait devenir désespéré. Il en serait encore plus dangereux et aura plus de chance de se libérer.
-Et si je n'avais pas le temps ? demanda Harry
-Tuez-le, déclara sans ambages Ben. Vous devriez le vaincre au corps à corps et pris dans le combat, votre seul but sera de tuer l'autre. La seule raison pour laquelle mes soldats ne sont pas encore morts est parce que vous avez bien compris que leurs ordres n'étaient pas de vous tuer mais de vous affaiblir assez.
Harry inclina la tête. Il n'avait pas tort.
-Ce sera suffisant ? demanda Ric
-Oui, pour le maîtriser, précisa Ben. Pour qu'il vous écoute pour obtenir un accord, cela dépend de chaque individu. Mais à mon avis, pour qu'un lycan veuille s'installer sur les terres d'un elfe noir, soit c'est pour se suicider en mourant au combat, soit c'est parce qu'il est trop arrogant et qu'il pense avoir le dessus.
-Merci, fit Harry.
-Oh, vous m'avez bien aidé aussi, sourit Ben. Maintenant, mes loups vont enfin s'entraîner correctement.
-Je n'avais vraiment pas envie de descendre dans l'arène pour leur botter le cul, puisque Ben est trop doux avec eux, ricana Bella.
-Bella ! s'offusqua Ben
Tous éclatèrent de rire.
