Apocalypse

Hermione ouvrit les yeux dans l'obscurité et ne tenta même pas de regarder l'heure puisque de toute façon, il serait trop tôt pour se lever pour une nouvelle journée.

L'affaiblissement de ses fonctions vitales se faisait ressentir de plus en plus. Si Draco avait pu voir sa fatigue, elle se doutait que d'autres membres de la bande l'avaient vu aussi. Les réserves de son traitement s'amenuisaient de plus en plus et elle n'était pas sûre de pouvoir se rendre en France avant la fin de l'année scolaire pour le renouveler. Jeremiah Prince était au courant de son état de santé mais elle n'avait pas envie de le contacter pour qu'il l'aide et brasser les potions dont elle avait besoin serait un peu compliqué avec Dumbledore qui la scrutait avec ses amis depuis qu'ils étaient les seuls contacts connus de lord Potter.

La jeune femme soupira lourdement. Certains jours, comme aujourd'hui, la fatigue était si lourde qu'elle n'avait pas envie de se lever mais pour donner le change, elle devait assister aux cours. Défaite, elle voulut se lever mais un violent vertige l'obligea à se recoucher. Elle respira profondément pendant plusieurs minutes avant de retenter sa chance avec plus de succès. Tout doucement, elle fit ses ablutions et se cala dans un fauteuil de la salle commune avec un grimoire après avoir pris son traitement. Mais très vite, elle le délaissa pour s'emparer de la carte des Maraudeurs.

-Où te trouves-tu, sale garce ? marmonna Hermione en scrutant le parchemin

Pour tromper son ennui, la brune avait décidé de suivre Julia Genest, comme elle ne lui avait jamais fait confiance, encore plus depuis que l'adulte lui avait reproché à mots couverts sa relation avec Draco. Elle avait ainsi découvert que la responsable de l'internat passait de nombreuses nuits dans le bureau du directeur – les Maraudeurs n'avaient jamais eu l'occasion de visiter les appartements du directeur et d'après Harry, ils se trouvaient derrière son bureau – et elle était une visiteuse assidue des salles de classes désaffectées avec des élèves de sixième et de septième année de Gryffondor, de Serdaigle et de Poufsouffle, puisqu'elle avait une répulsion naturelle contre les Serpentards. Draco et Théo n'avaient pas eu beaucoup de mal à faire avouer aux « victimes » le détournement de mineur et les relations sexuelles par personne détentrice de l'autorité et les preuves étaient bien au chaud dans leurs manoirs respectifs.

Mais ce matin, Julia Genest se trouvait près des appartements de Severus Snape, visiblement impatiente si on se fiait aux cent pas qu'elle faisait devant la porte.

Les élèves les plus âgés avaient noté les efforts de la sulfureuse rousse pour attirer l'attention du professeur de potions devenu beaucoup plus séduisant. Ce dernier se cachait de moins en moins pour la rejeter qu'il y ait du public ou non ce qui la rendait furieuse, encore plus en sachant que Severus l'ignorait totalement. A moins d'être masochiste, donc, on pouvait aisément en déduire que Genest n'était nullement attirée par la personne de Severus mais plus par ce qu'il représentait, c'est-à-dire l'espion à garder à l'œil. Hermione était tenté d'en aviser Jeremiah mais elle ne voulait pas s'introduire dans les affaires de la famille Prince. De toutes les façons, Severus Snape gérait admirablement cette attention malvenue en ignorant purement et simplement Genest.

Un éclair de douleur cloua sur place Hermione. Visiblement, en plus d'être à court de potions, elle avait développé une certaine accoutumance. Elle allait devoir demander de l'aide et ça allait être un numéro d'équilibriste si elle ne voulait pas que qui que ce soit apprenne son véritable état de santé.

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Finalement, Harry avait donné l'autorisation aux médias étrangers de transmettre l'interview exclusive qu'il avait faite il y avait quelques temps aux médias britanniques.

Voulant continuer de tourner en bourrique Dumbledore, le jeune elfe avait décidé que l'article serait un excellent moyen de rappeler que le vieux sorcier n'avait plus aucun moyen de faire pression sur lui. Quand il entra donc dans la Grande Salle après une intense journée d'apprentissage, il ne fut pas surpris de sentir les regards curieux de tous les élèves sur lui. Une fois assis auprès de ses amis, il jeta un coup d'œil à la table des professeurs et sans surprise, celui du directeur était furieux.

-Quand tu emmerdes les gens, tu ne plaisantes pas, commenta à mi-voix Théo.

-Je n'aime pas la demi-mesure, confirma Harry en se servant.

Le journal livré le matin même trainait sur la table mais Harry n'avait pas besoin de l'ouvrir pour savoir ce qu'il contenait. Parmi les quelques points qu'il avait autorisé à être publié en Grande Bretagne – il en avait coupé les deux tiers – la question d'un mariage avait été mise sur la table et le brun avait été très clair : toute jeune femme ou jeune homme qui le convoiterait – et qui l'aurait eu – devrait automatiquement exécuter les rituels de fiançailles de la famille Potter et après le mariage, si mariage il y avait, devenir exclusivement un(e) Potter, alors que dans les traditions sangs purs, le ou la conjoint(e) appartenait à la famille qu'il avait rejointe qu'à la naissance de son premier petit-enfant. En l'état, l'intégration immédiate de la nouvelle lady ou du nouveau Consort Potter-Black ne choquait personne mais deux de ses conséquences ne plairaient pas le moindre du monde à Dumbledore. La première était qu'ainsi, le nouvel ajout dans le clan Potter-Black ne pourrait obéir à un autre que lord Potter-Black, ce qui voulait dire que s'il s'agissait d'une marionnette de Dumbledore, elle ne pourrait littéralement pas agir en faveur de son maître. La deuxième exigeait qu'en cas de mort des parents, le ou les héritiers Potter-Black ne pourraient pas être confiés à d'autres personnes que des Potter, ce qui voulait dire que la situation d'Harry ne pourrait se reproduire. De cette manière, si Dumbledore voulait introduire l'un de ses pions par le mariage dans les clans Potter-Black, ce pion ne pourrait plus lui obéir et encore moins lui confier ses enfants pour qu'il puisse les éduquer comme il le souhaitait. S'il forçait, alors le peuple sorcier saurait que la situation n'avait jamais été voulue par Harry.

Le brun ne pouvait que se féliciter d'avoir soigneusement écouté Ric quand il lui avait parlé de la fondation du clan Gryffondor et par extension, Potter. Dumbledore était en train de s'en mordre les doigts.

Harry partit dans ses pensées pendant qu'il mangeait. Maintenant que Dumbledore était bloqué, s'il voulait reprendre le dessus sur le clan Potter par le biais de son ou sa future compagne, il était obligé de s'en prendre directement à lui pour pouvoir le contrôler et récupérer le contrôle sur la Grande Bretagne. Or, avec la campagne de Thomas Gaunt, il avait de moins en moins de supporters dans le reste du monde et le conseil international des sorciers n'allait pas tarder à lui poser des questions gênantes sur sa gestion ambigüe du pays et de la guerre en cours. Le vieux sorcier n'allait pas tarder à être acculé et bien que ce soit une satisfaction malveillante, cela tombait au pire moment. Ou plutôt non, l'arrivée d'Eutar dans la dimension avait un très mauvais timing. Avoir deux êtres magiques dont le but était de régner sur le monde, quitte à détruire la Magie, les deux dans la même dimension en plus, allait être compliqué à gérer. Sans parler de Voldemort …

Visiblement, l'heure n'était plus à la défense.

Harry termina rapidement son repas, salua ses amis et disparut avant que le directeur ne puisse l'intercepter.

Il était temps de passer à l'attaque.

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Ric ne décolorait pas depuis que Nolan leur avait annoncé l'évasion d'Eutar. Il avait fait un saut dans la dimension des elfes pour passer une soufflante aux gardiens de la prison et jeter les responsables corrompus par Eutar dans les cachots du Domaine Incandescent avant de revenir rejoindre Laze et Harry. Nolan était lui aussi retourné dans sa dimension mais avait envoyé à sa place Fin Arcana et Kali Velvet pour aider Ric. Si Fin était habitué à côtoyer les sorciers, l'arrivée de Kali avait donné une idée vicieuse à Harry.

-Tu veux faire quoi ? sursauta Laze

-M'afficher avec Kali dans les hauts lieux sorciers, ricana Harry. Je viens de rappeler à Dumbledore que ce n'est pas la peine de me fourrer dans les pattes l'une de ses marionnettes puisqu'elles ne pourront plus lui obéir au doigt et à l'œil si je venais à l'épouser. Alors imaginez qu'il me voit avec une femme dont il ne pourrait rien savoir … de quoi le rendre totalement fou !

-Pourquoi t'attaquer à Dumbledore maintenant ? demanda Laze

-Disons que je veux attirer son attention pour qu'il ne fourre pas son nez dans quelques affaires annexes, avoua Harry.

-Affaires annexes ? releva Ric, intéressé

-Je compte me débarrasser de Voldemort sans que Dumbledore ne puisse en récupérer les lauriers, déclara Harry. Et je veux le faire avant qu'il ne se rende compte de ce que j'ai fait.

-Comment ? demanda Fin

-Je cherche encore pour Voldemort, soupira Harry. Enfin, autre chose que de le provoquer en duel sur la place publique et de le massacrer.

-Même si l'idée est très tentante, ce serait particulièrement vulgaire, songea Ric. Sauf si cette place publique se trouve être le ministère ou Poudlard.

-Le ministère serait parfait, encore plus en se payant le gouvernement pour son inefficacité, nota Harry. Poudlard aussi, mais il faudrait éloigner Dumbledore assez longtemps pour que son implication possible soit totalement écartée.

-Bien que cette idée ne soit pas inintéressante, je voudrais revenir au sujet précédent, coupa Laze. Kali et Harry ?

-Je n'ai pas le droit de m'amuser ? bouda Harry

-Si, sourit Ric. Maintenant, il faut l'accord de Kali. D'ailleurs, où se trouve-t-elle ?

-Elle se familiarise avec les sorciers grâce à Fin, répondit Harry. C'est d'ailleurs cela qui m'a donné l'idée.

-On en discutera avec elle, fit Ric.

-Une idée où se trouve Eutar ? changea de sujet Harry

-Pas vraiment, soupira Ric.

-Mais encore ? insista Harry

Ric regarda Laze qui accepta silencieusement. Tôt ou tard, il aurait fallu en informer le jeune elfe noir.

-Il se pourrait que nous sachions comment ta mère est arrivée dans cette dimension, avoua Ric.

-Je vous écoute, fit Harry.

Laze se dévoua.

-Tu es parti avant qu'on ne commence à interroger Eutar, soupira Laze. Grâce à du véritasérum, nous avons appris qu'il avait fait enlever plusieurs enfants pour son propre bénéfice. Certains d'entre eux ont été envoyés dans cette dimension, la dernière était ta mère qui a fait s'effondrer définitivement le passage. Nous savons qu'elle a été confiée à Dumbledore.

-Comment vous l'avez su ? gronda Harry

-Un … vieil ami à moi a suivi une piste, répondit Ric. Il en est venu à interroger Gellert Grindelwald et il est tombé sur cette information.

-Qu'est-ce qu'il vous a appris d'autres ? demanda Harry

-Rien qui ne te concerne directement, répondit Ric.

-Pour en revenir à Eutar, enchaîna Laze avant que le plus jeune s'insurge, il y a de grandes chances pour que Dumbledore le cache. D'ici à penser qu'ils vont s'associer, il n'y a qu'un pas.

-Donc pour débusquer Eutar, il faudrait regarder du côté des propriétés de Dumbledore ? réfléchit Harry

-C'est l'idée, répondit Ric. Malheureusement, nous ne vivons pas depuis assez longtemps dans cette dimension pour savoir où il pourrait se cacher.

-Nous, non, confirma Harry. Mais les gobelins, si. A moins de garder son argent sous son matelas, l'économie sorcière passe automatiquement par Gringotts.

-C'est logique, concéda Ric. En recoupant certaines informations, la banque pourra parfaitement identifier les propriétés de Dumbledore.

-Cela n'irait pas à l'encontre du secret professionnel ? s'inquiéta Laze

-Je suis prêt à parier qu'il n'a pas pu se payer un patrimoine immobilier tout seul, ricana Ric.

-Ça vaut le coup de vérifier et ça procurera un argument en béton pour les gobelins pour qu'ils puissent fouiner, déclara Harry. Ma diversion avec Kali en sera plus importante.

-D'accord, on applique cette stratégie, conclut Ric.

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Même si Franck Longbottom avait du mal à tenir debout mais ce n'était pas pour autant qu'il allait renoncer à fabriquer des potions. Certes, il n'avait pas la virtuosité de Severus Snape mais il se débrouillait quand même pour brasser des potions très délicates, comme celle dont la recette leur était parvenue par le biais d'Harry Potter.

-Alors ? demanda Augusta, venue s'enquérir de ses avancées

-C'est une potion contre les loups garous, décréta Franck. Je reconnais plusieurs ingrédients qui entrent dans la composition de la tue-loup. Mais elle n'existe dans aucun grimoire.

-Tu penses que c'est le jeune Potter qui l'a créée ? demanda Augusta

-Possible mais peu probable, à moins qu'il buche dessus depuis des années, réfléchit Franck. Certaines associations ne sont plus utilisées depuis des siècles car on a trouvé des substituts beaucoup plus efficaces.

-Tu penses qu'elle peut être améliorée ? fit Augusta

-C'est certain, assura Franck. Mais par un maître de potions de la trempe de Snape. Je ne suis qu'un bon brasseur.

-Tu te sous-estimes, sourit Augusta.

-Dans notre cas, pas du tout, assura Franck. Je sais reconnaître le talent là où il est présent.

Franck se reconcentra sur son brassage. La potion n'était pas si compliquée mais plus il avançait, plus il se doutait que ce serait une arme dangereuse, sinon létale, contre les loups garous. D'ici à imaginer qu'elle était réservée à Fenrir Greyback …

-Tu en fais beaucoup, constata Augusta.

-En fait, je dois en faire le double, avoua Franck. Si cette potion va servir pour éloigner les loups garous de Voldemort du champ de bataille, autant en faire plus que pas assez.

-Pas faux, concéda Augusta.

La matriarche s'installa dans un fauteuil mis à la disposition des visiteurs du laboratoire de potions.

-As-tu des nouvelles de Neville ? demanda Augusta

-Pas plus que d'habitude, répondit Franck. Il a simplement noté que Dumbledore semblait de plus en plus sur ses gardes et irrité.

-L'un de ses plans ne doit pas bien fonctionner, ricana Augusta.

-Depuis qu'Harry lui a échappé, il doit être sur les dents, sourit Franck. Encore plus en ce moment en sachant que le garçon est à Poudlard mais qu'il n'arrive pas à lui mettre la main dessus …

Mère et fils continuèrent à discuter de la malchance de leur ennemi.

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Daphnée, Pansy et Astoria s'étaient réfugiées dans l'une des salles d'étude à la disposition des Serpentards pour discuter. Depuis que plusieurs élèves avaient récupéré leurs titres, dont Daphnée, la dynamique de la maison Serpentard avait drastiquement changé, reléguant les soutiens à Voldemort à des chiots qui aboyaient faiblement. Certains avaient bien entendu tenté de reprendre le dessus mais ils l'avaient amèrement regretté et depuis, elles étaient laissées tranquilles.

Les trois sorcières furent donc assez surprises quand quelqu'un frappa à la porte et qu'Horace Slughorn entra.

-Mesdemoiselles, salua Horace.

-Professeur, saluèrent les trois sorcières.

-J'aimerai discuter avec vous, fit Horace.

-Prenez place, invita Daphnée.

En tant que lady, elle avait préséance sur sa sœur mais également sur Pansy. Cela les étonnait de voir le sorcier devant elles car le professeur Slughorn n'aurait jamais dû se trouver dans l'enceinte de l'école, ayant refusé de reprendre le poste de potions un an de plus. D'ailleurs, le professeur Snape cumulait les deux postes cette année et c'était un soulagement qu'il doive quitter Poudlard à la fin de l'année.

Une fois installé, Daphnée reprit la parole.

-Nous ne nous attentions pas à vous voir ici, professeur, décréta Daphnée. En quoi pouvons-nous vous aider ?

-J'ai été surpris d'apprendre que vous aviez repris le titre de votre famille maternelle et que vous ayez été présentées officiellement aux cercles sangs purs, sourit Horace.

-Nos situations familiales respectives ont changé l'année dernière et nous avons pris nos responsabilités, fit Daphnée. Que pouvons-vous faire pour vous ?

Slughorn sentit la menace dans le ton de la voix et enchaîna.

-J'aurais été ravi de pouvoir vous introduire, sourit Horace. Pourquoi ne pas m'avoir informé que vous comptiez reprendre votre titre ? J'aurais pu vous aider !

Pansy nota le sourire en coin d'Astoria, pressentant un moment très drôle à venir, puis se tourna vers Daphnée qui fusillait le professeur du regard.

-Il est vrai qu'il s'agit d'un honneur de présenter un nouveau membre à notre communauté, concéda froidement Daphnée. Mais je ne crois pas que nous ayons été proches à un quelconque moment pour que j'aie à vous demander cette responsabilité.

-J'ai été votre directeur de maison, protesta Horace.

-Pendant une année et où mes amis et moi avons été traités comme des pestiférés parce que nos parents ont fait des choix douteux, rappela doucereusement Daphnée. Vous étiez plus intéressé à remettre à flots votre petit club plutôt que de vous assurer que les élèves puissent sereinement se présenter à leurs examens.

-J'ai aidé bon nombre de vos camarades, assura Horace.

-Vous avez fourni de nombreuses lettres de recommandation, quand vous n'avez pas directement mis en contact vos élèves favoris avec vos amis, concéda Daphnée. Mais votre travail entre ces murs était d'enseigner les potions, il me semble, et non continuer votre vie de demi-mondain. Maintenant, dites-nous pourquoi vous êtes ici alors que vous n'y avez plus votre place, si vous l'avez eue un jour !

-J'aurais pu vous aider avec votre titre ! se plaignit presque Horace

-Savez-vous pourquoi aucun sang pur n'est réellement proche de vous ? demanda Daphnée

-Non, répondit Horace, surpris.

-C'est parce que contrairement à un Serpentard, vous ne cachez pas votre avidité devant la renommée, répondit Daphnée. Vous êtes comme un chien affamé, langue pendante, quand la perspective de se trouver au bon endroit au bon moment se fait sentir. Vous vous gargarisez d'avoir eu l'occasion d'enseigner à des futurs lords et ladies mais vous auriez préféré pouvoir être derrière eux pour pouvoir dire que c'est vous qui les avez poussés à reprendre leurs titres. Dans un sens, c'est ce que vous avez fait, je ne le nie pas. Mais …

-Mais ? pressa Horace

-C'est pour que nous ayons la puissance nécessaire pour empêcher des incapables comme vous d'enseigner à des esprits influençables ! cracha Daphnée

Slughorn eut un mouvement de recul, frappé par la férocité des mots.

-Si nous n'avions pas eu la chance d'avoir le professeur Snape à nos côtés, aucun d'entre nous n'aurait pu avoir ses examens ! siffla Daphnée. Je ne compte le nombre de fois où il est passé derrière vous pour nous expliquer vos cours qui ne ressemblaient à rien ! Il est d'ailleurs étonnant qu'il ait pu devenir un si grand maître de potions alors qu'il reconnait que votre enseignement lui a presque fait renoncer à son rêve ! Et vous osez vous présenter devant moi en exigeant de savoir pourquoi je ne vous ai pas choisi pour me présenter dans les cercles sangs purs ? C'est parce que vous ne représentez rien pour moi, vous n'avez rien fait pour moi et vous n'avez rien fait pour les Serpentards ! Veuillez quitter les lieux avant que j'en avise qui de droit pour que vous ne puissiez plus harceler ni moi ni mes camarades ! Adieu !

Conscient que s'il n'obtempérait pas, il allait au-devant de gros ennuis, Slughorn balbutia quelques salutations avant de prendre ses jambes à son cou.

-Quel couard, renifla Pansy.

Tout était dit.

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Eutaryn avait du mal à récupérer son souffle.

Heureusement pour ses ennemis, il avait encore quelques alliés ou plutôt, quelques elfes qu'il faisait chanter qui avaient pu le libérer. Emprunter un passage vers la dimension des humains avait été compliqué car comme il l'avait découvert en se débarrassant des bébés elfes, il fallait une combinaison précise pour pouvoir passer. Il avait donc forcé le passage, non sans sacrifier une bonne partie des elfes encore sous ses ordres et de son énergie.

Il n'avait pas fallu longtemps pour que le sorcier à qui il avait confié Shanleigh RoseSang ne le récupère et l'installe chez lui. Le massacre qu'il avait perpétré lui avait permis de se remettre en forme mais il lui fallait encore un moment avant d'être au meilleur de ses capacités. La magie de cette dimension était très différente et particulièrement exsangue à cause de l'humain avec lequel il s'était allié, puisqu'il volait la magie ambiante pour son propre bénéfice.

Depuis qu'il côtoyait étroitement ce Dumbledore, il se rendait compte que leurs objectifs finaux respectifs n'allaient clairement pas dans le même sens. Certes, il voulait se venger des humains qui l'avaient empêché d'accéder au prestige et à la renommée de s'unir à un Agni mais devenir le maître du monde en causant autant de massacre parmi les êtres magiques était une utopie même pour lui. Il savait qu'il avait fait des erreurs qui lui avaient valu d'être aujourd'hui en fuite mais il ne se voilait pas la face comme ce sorcier qui ne voyait pas le précipice se rapprocher de plus en plus. Malheureusement, il devait rester un moment avec son « allié », au moins jusqu'à ce qu'il puisse se débrouiller seul dans cette dimension.

-Eutar ?

L'elfe noir se retourna pour trouver le sorcier Dumbledore sur le pas de la porte de sa chambre.

-Dumbledore, salua Eutaryn. Que me vaut le plaisir ?

-J'aimerai discuter avec vous du rituel que vous avez effectué dans ce village, répondit Albus. Vous m'avez dit que vous m'expliquerez après.

Le vieux sorcier entra et s'installa, ce qui irrita Eutaryn. Il comprenait maintenant ses opposants quand il débarquait sans prévenir chez les personnes avec lesquelles il voulait « discuter » : c'était particulièrement malpoli et au lieu de déstabiliser ses adversaires, il découvrait que ça les mettait dans de très mauvaises dispositions à son égard.

Comme lui envers son « bienfaiteur ».

-Il s'agit d'un rituel elfique pour absorber la magie environnante, résuma Eutaryn. Assez compliqué à mettre en place, à la fois à cause du rituel en lui-même et de la magie que je devais absorber.

-Je pourrais l'apprendre ? se précipita Albus, avide

-Non, répondit Eutaryn.

-Pourquoi ? s'indigna Albus

-Il fait partie des rituels qui ont été spécifiquement modifiés pour que seuls les elfes dotés de magie active puissent l'utiliser, répondit Eutaryn.

C'était un mensonge éhonté mais il respectait la Magie sous toutes ses formes et ce n'était clairement pas le cas de ce sorcier. Lui donner d'autres armes ne serait pas une bonne idée non plus.

-Ne pouvons-nous pas … fit Albus.

-Je ne suis pas un chercheur, rétorqua sèchement Eutaryn. Et je ne pense pas que nous ayons le temps non plus.

Dumbledore se renfrogna.

-Nous avons besoin d'alliés, décréta Eutaryn. Qu'en est-il de l'enfant que je vous ai confié ?

-Elle est morte, avoua avec reluctance Albus.

-Comment ? siffla Eutaryn

-Assassinée avec son mari, révéla Albus.

-Est-ce qu'elle a eu des enfants ? pressa Eutaryn. Est-ce que vous avez le contrôle sur cet enfant ?

-Oui, un fils, répondit Albus. Mais il ne m'obéit plus.

-Comment avez-vous réussi votre coup ? grinça Eutaryn. Tout ce que vous aviez à faire, c'était l'élever pour en faire un bon petit soldat !

-Une fille n'est pas faite pour se battre ! s'exclama Albus

Eutar passa une main lasse, exaspéré. Visiblement, les rares écrits qu'il avait consulté sur les humains n'avaient pas menti : ils étaient totalement misogynes.

-Cette enfant était née pour être une guerrière, cracha Eutaryn. Ce n'est pas pour rien que je vous ai ordonné de la former au combat quand je vous l'ai confiée !

-Je ne savais pas, ronchonna Albus avec mauvaise foi.

Eutaryn renifla. Il sentait le mensonge à plein nez.

-Vous étiez deux à récupérer cette enfant, fit Eutaryn. Où se trouve votre compagnon ?

-Les circonstances étaient telles que nous avons dû nous séparer, répondit Albus.

Eutaryn plissa les yeux. Le mensonge était encore là. Quoi qu'il se soit passé, Dumbledore n'avait certainement pas le beau rôle.

-Vous savez où il se trouve ? demanda Eutaryn

-Oui, répondit Albus, soupçonneux.

-Alors dès que je serais vraiment sur pied, nous irons le récupérer, décréta Eutaryn.

-Mais … protesta Albus.

-Peu importe ce qui s'est passé entre vous, coupa Eutaryn, j'ai besoin d'alliés puissants pour mener à bien mon plan. Je vous ai confié cette enfant pour que vous puissiez avoir une arme totalement dévouée et en échange, j'avais votre aide à tous les deux dès que j'exigerai. Un serment magique, je tiens à vous le rappeler, Dumbledore. Donc vous réglerez vos problèmes rapidement et nous agirons. Ai-je été assez clair ?

-Oui, grogna Albus.

-Je pense que vous devez préparer notre expédition, fit Eutaryn.

Comprenant qu'il venait de se faire congédier, Dumbledore quitta son siège et sortit de la pièce en refermant violemment la porte pour indiquer qu'il n'aimait pas les ordres. Eutaryn soupira lourdement en songeant que son avenir était plus que sombre mais il comptait mourir en emportant dans la tombe celui qui lui avait pris Ric.

Et s'il pouvait y emmener son peuple, ce serait un bonus très appréciable.