Cavalerie en approche
Neville avait une drôle d'impression depuis quelques jours. Contrairement à d'habitude, il ne se sentait pas oppressé en marchant dans les couloirs de l'école. Non, il n'avait pas l'impression qu'il devait surveiller ses paroles et ses actes.
-Les tableaux ne nous suivent plus du regard, nota Luna.
Neville hocha la tête. Lui aussi avait noté ce point.
Juin était sur le point de commencer et contrairement à leurs camarades, Luna et Neville concentraient leur attention sur la guerre qui était en train de se dérouler, aussi bien entre les murs de l'école qu'à l'extérieur. Cependant, Poudlard leur réservait une nouvelle surprise car outre cette sensation qu'ils n'étaient plus suivis à chaque pas qu'ils faisaient, ils avaient senti leurs magies respectives entrer en résonnance avec celle du château. Ce dernier paraissait se réchauffer, n'était plus aussi lugubre et même les escaliers semblaient plus coopératifs.
-Je pense … je pense que l'école reprend ses droits, déclara Luna. Elle récupère des forces pour faire ce pour quoi elle a été créée.
-Je pensais qu'elle ne pouvait le faire que sous le contrôle du directeur, s'étonna Neville.
-Est-ce que tu penses honnêtement que Dumbledore remplit son rôle correctement ? grogna Luna. Rien ne compte à ses yeux que son plus grande Bien et tant pis si ça doit détruire des innocents au passage.
Neville ne put qu'hocher de la tête. Ce n'était pas un secret pour les grandes familles et elles luttaient contre le vieux sorcier mais malheureusement, il avait sous son contrôle les bonnes personnes.
-Si les tableaux ne semblent plus répondre au directeur … songea Luna. Viens, nous allons vérifier !
Neville se laissa entraîner non sans lever les yeux au ciel. Luna pouvait être impulsive sous ses airs rêveurs et il n'avait aucune intention de l'empêcher de faire ce qu'elle avait en tête. Ils se rendirent au deuxième étage dans le couloir où se trouvaient les toilettes hantées par Mimi Geignarde qui, depuis l'épisode de l'Héritier de Serpentard, avait été décoré de plusieurs tableaux qui semblaient maintenant endormis. Par mesure de précaution, la blonde les ensorcela soigneusement pour qu'ils ne puissent pas révéler ce qu'ils pourraient entendre ou voir s'ils venaient à se réveiller. Ils se faufilèrent dans les toilettes et avant même que Mimi ne puisse ouvrir la bouche, elle fut figée et renvoyée dans l'une des cabines dans le coin le plus éloigné sous un haussement de sourcil de Neville. Les sorts affectant les fantômes et les esprits, considérés comme de la magie noire par ce cher Dumbledore, étaient assez peu nombreux et il ne se doutait pas que Luna en connaisse. Ni qu'elle ait pu se procurer une potion polyglotte animale – toujours de la magie « noire » et particulièrement délicate à brasser – pour pouvoir parler fourchelangue. Après avoir bu quelques gorgées de la potion, elle siffla le mot de passe pour ouvrir le passage et invita son ami à emprunter les escaliers qui venaient d'apparaître. Elle le suivit pour pouvoir refermer l'entrée derrière eux et les minutes de progression qui suivirent servirent essentiellement à faire le ménage sur le chemin.
-Pourquoi la Chambre des Secrets ? demanda Neville
-Harry m'a avoué qu'il y avait d'autres moyens d'y accéder, répondit Luna. Il n'utilise plus cet accès parce que Dumbledore le surveillait. Je pense que c'est là que nous aurons les réponses à certaines de nos questions.
-Comment ? s'étonna Neville
Pour toute réponse, la blonde trottina vers la statue de Salazar Serpentard et siffla quelques mots, faisant ainsi basculer un pan de mur. Elle s'y engouffra et Neville parvint à la suivre de justesse avant que le passage ne se referme. Ils traversèrent plusieurs couloirs et elle ouvrit l'une des nombreuses portes qui jonchaient leur chemin. Ils entrèrent dans un bureau où un fin grimoire brillait doucement.
-Qu'est-ce que c'est ? souffla Neville
-Un récapitulatif des protections de l'école, répondit Luna. Salazar l'avait rédigé à l'intention du directeur de sa maison mais il semblerait qu'il n'ait pas eu le temps de le lui remettre. C'est un peu flou donc je n'en suis pas certaine.
La sorcière s'approcha du livre et avec délicatesse, le consulta. Elle ne le toucha pas directement mais tournait les pages par magie.
-Ici, murmura Luna. Il est indiqué que depuis l'arrivée de Dumbledore, les barrières sont passées de quatre-vingts à quinze pourcents de leur capacité mais depuis quelques semaines, c'est remonté à vingt pourcents.
-Ils connaissaient les pourcentages à l'époque ? ricana Neville
-Tu es bête, pouffa Luna. Les informations s'adaptent à la personne qui les lit. Et encore, je te donne la version simplifiée.
Neville décida de ne pas s'étonner des capacités de la jeune femme.
-Donc ? demanda Neville
-Poudlard se régénère, confirma Luna. Sauf si Dumbledore a un sursaut de conscience, quelque chose redonne de l'énergie au château.
-Est-ce que tu penses que les héritiers des fondateurs sont de retour ? chuchota Neville
C'était une légende parmi les sangs purs : la présence des héritiers des fondateurs ramènerait l'âge d'or de l'école. C'était d'ailleurs l'une des raisons pour laquelle il y avait tant de sangs purs qui avaient suivi Voldemort : ils voulaient croire qu'il serait capable de se débarrasser de Dumbledore à la tête de l'école, avant même qu'il ne s'occupe du problème des nés de moldus.
-Ce n'est qu'une légende, rappela Luna. Mais c'est possible, je ne dis pas le contraire …
Luna feuilleta le grimoire.
-Ah, voilà, fit-elle. Les tableaux vont reprendre leur forme première dans une semaine environ si rien n'est fait.
-Traduction ? demanda Neville
-Visiblement, les tableaux de l'école ne sont pas tous des tableaux, répondit Luna en fronçant des sourcils. D'après ce que je lis, ils sont le fruit d'une métamorphose de haut niveau …
-Dumbledore est maître de métamorphoses, rappela Neville. Ce ne serait pas aussi délirant que tu sembles le penser.
-Nan, je suis juste curieuse de savoir de quoi il est parti, avoua Luna. Ce n'est pas indiqué mais d'après la formulation … ça va reprendre sa liberté.
-Est-ce que ça sera dangereux pour les élèves ? s'inquiéta Neville
-Je ne sais pas, répondit tristement Luna. Je ne comprends pas tout.
-D'accord, souffla Neville. Est-ce que tu peux déplacer ce truc ?
-Non, répondit Luna. Seul une personne avec le sang de Salazar peut le donner au directeur de Serpentard.
-C'est embêtant, songea Neville. Tu connais tous les chemins qui mènent ici ?
Luna hocha la tête.
-Alors nous allons revenir tous les jours pour noter tous les changements qui ont lieu dans l'école, décida Neville. Nous le transmettrons à nos amis pour qu'ils soient sur leurs gardes ainsi qu'au professeur Snape. On le lui doit bien après le journal de Salazar.
-OK, accepta Luna.
Ils recopièrent les informations du jour puis remontèrent vers des couloirs plus fréquentés.
§§§§§
A la table des professeurs, Severus eut beaucoup de mal à ne pas rester bouche bée, non pas à cause de la une du journal – un ramassis de bêtises, comme toujours – mais à cause de la photo qui accompagnait l'article. C'était la première fois qu'il ne se reconnaissait pas car le photographe avait réussi l'exploit d'immortaliser le moment où il éclatait de rire depuis bien longtemps.
Flash-Back
En vertu de son apprentissage, Severus Snape pouvait être amené à rencontrer Harry Potter en dehors de Poudlard et ils ne se gênaient pas, notamment concernant les leçons sur la récolte des ingrédients. Ce soir-là, le maître avait rendez-vous avec son apprenti dans le Londres sorcier. Ils avaient prévu une petite heure chez l'apothicaire du Chemin de Traverse – qui avait bien aimablement accepté de prêter son échoppe pour le cours du jour – avant de dîner. Bien évidemment, Albus Dumbledore avait voulu s'opposer à ce programme mais Severus avait brandi les lois d'apprentissage et il avait dû s'incliner.
Ce n'était pas pour autant que le professeur n'avait pas senti les sorts d'espionnage l'entourer et encore moins vu les hommes du directeur le suivre avec plus ou moins de discrétion. Quel dommage qu'il soit difficile d'espionner un espion …
Grâce aux élèves, la société sorcière savait qu'Harry Potter était en apprentissage avec lui. Dans une interview exclusive, le Survivant avait rappelé à la population les lois d'apprentissage et leurs conséquences si, par stupidité ou parce que ça ne leur plaisait pas, elle se mettait entre le maître et son apprenti. Cela avait largement coupé l'herbe sous les pieds de Dumbledore qui ne pouvait plus créer de toute pièce un « accident » pour les séparer.
Le cours terminé, les deux hommes se rendirent dans un restaurant sorcier côté et Severus fut surpris de voir qu'ils y étaient attendus.
Après un baisemain des plus galants, Harry se tourna vers son maître.
-Severus, je vous présente Kali, déclara Harry. Kali, voici Severus Snape, mon maître.
-Enchantée, maître, salua la dénommée Kali.
-Moi de même, s'inclina Severus, un peu abasourdi.
Tandis qu'ils s'installaient, Severus observa la jeune femme du coin de l'œil. Il était difficile de lui donner un âge précis mais s'il devait parier, elle ne devait pas être plus âgée qu'Harry, qui lui-même donnait l'impression d'avoir vingt-cinq ans alors qu'il n'en avait que dix-sept. Ses courbes généreuses étaient flattées par une robe moldue très près du corps et un décolleté carré, assez profond pour noter la naissance de la poitrine mais pas trop pour paraître vulgaire. Les manches trois quarts dévoilaient une peau mate, presque noire, dont les ongles effilés étaient du même parme que la robe. Le visage aux yeux violet était encadré d'une chevelure abondante aux boucles serrées. Tous ces éléments la rendaient remarquable et remarquée, d'autant plus que ce n'était pas le type de femme de la population sorcière britannique. Mais surtout, on avait l'impression qu'elle était … dangereuse.
Après quelques précautions et les premiers plats, Severus prit la parole.
-Où vous êtes-vous connus ? demanda Severus
-J'ai été engagée pour permettre à Harry de se connecter avec sa nature profonde, sourit Kali avec une voix envoutante. Le bonus a été de l'initier aux plaisirs … charnels.
Severus faillit s'étouffer dans son verre.
-Pardon ? hoqueta Severus
-Oui, confirma Kali. Cela m'a étonnée que toute grande école que se proclame Poudlard, elle n'ait pas pensé, comme il est obligatoire à travers le monde, de mettre en place un cours d'éducation sexuelle ou du moins, de mettre à disposition les livres adéquats.
Un coup d'œil vers Harry montra que même s'il se contenait admirablement bien, le jeune homme était quand même gêné.
-La société britannique est … puritaine, révéla Severus. On ne discute pas de ce qui se passe dans l'intimité. On pourrait presque croire que le sexe est tabou.
-Encore un peu et vous allez me faire croire que l'homosexualité est réprouvée, renifla Kali.
-Elle est bien moins tolérée depuis une cinquantaine d'années, confirma Severus.
-Quelle magnifique dictature, siffla Kali. Qui doit-on remercier pour bafouer autant la Magie ?
-Bafouer ? releva Severus. Ce n'est pas un peu fort ?
-Si on stigmatise les couples homosexuels, on stigmatise une grande partie de la population, décréta Kali. La Magie prend la peine de nous pousser vers la personne qui nous convient le plus, peu importe le genre. Si on commence à moins en moins tolérer ces couples, alors on renie ce que la Magie nous apporte.
Severus ne put s'opposer à cette logique.
-Bref, parlons de sujets moins lugubres, sourit Harry. Chacun de vous a une approche différente de la magie et je voulais que vous vous rencontriez pour en discuter.
La discussion fut intense et Severus adorait positivement le sarcasme qui suintait de tous les pores de la peau de Kali. La femme n'avait aucun respect pour la société sorcière et le faisait bien comprendre. Plus d'une fois, il n'avait pas pu se retenir et avait explosé de rire. Il avait également noté les gestes tendres entre Kali et Harry, dénotant une relation proche et consentie des deux côtés. Ils agissaient presque comme un couple et s'il devait se fier aux regards noirs des femmes autour d'eux, beaucoup en voulaient à Kali d'avoir pu obtenir lord Potter.
Fin Flash-Back
Quand Severus nota que son image faisait un baisemain à Kali, il se remémora le moment où la photo avait été prise. Vers la fin du repas, la femme avait vertement critiqué la mode sorcière et galant, Severus l'avait complimentée sur sa tenue.
-Vous avez été en galante compagnie hier soir, pouffa Minerva en avisant le journal.
-Pas tout à fait, sourit Severus. Il s'agit de la compagne du jeune Harry.
-Pardon ?!
Tous les professeurs se tournèrent vers le directeur qui venait d'intervenir de manière aussi cavalière.
-Oui, confirma Severus. Elle accompagne régulièrement l'apprenti Potter lors de ses sorties.
-Ce n'est pas la première fois que vous la voyez ? demanda Pomona
-Non, répondit Severus. Quand nos cours ont lieu hors de Poudlard, elle vient le récupérer juste après. Je n'ai eu l'occasion de lui parler qu'hier, lors de cette fameuse soirée.
-Vous pensez qu'elle serait sa petite-amie ? demanda Minerva. Je la trouve particulière belle.
-Je dois avouer qu'elle est fascinante, rougit quelque peu Severus. D'ailleurs, quand je lui ai fait ce baisemain, je la complimentais sur sa tenue. Beaucoup moins vulgaire que certaines.
Sans surprise, Julia se sentit visée.
-Elle n'a aucun style, grommela Julia.
-Elle n'a pas besoin d'en montrer trop pour en avoir, persiffla Sélène. Contrairement à certaines …
Les sorcières présentes furent tout à fait d'accord.
-Bref, fit Severus. Kali est une jeune femme très intéressante et son avis sur la politique tout autant.
Tandis que les professeurs allaient de leur commentaire sur la jeune compagne de lord Potter, Severus nota l'air renfrogné de Dumbledore et absolument furieux de Julia.
Parfois, il adorait son boulot.
§§§§§
Ragnok et Garrick Ollivander trinquaient joyeusement après un fou rire bienvenu. Entre eux, le journal datant de quelques jours auparavant, avec la fameuse photo de Kali, Severus et Harry.
-Ils ont réussi à traîner une elfe noire dans la dimension des humains et à faire croire qu'elle est la fiancée du Sauveur, ricana Garrick. Ce journaliste est doué pour se trouver totalement à côté de la plaque !
-C'était couru d'avance, pointa Ragnok. Lord Potter ne fréquente personne en temps normal et ne se laisse pas photographier aussi facilement. Il faut du croustillant pour le peuple sorcier, même si c'est faux. Pour ça, il était à la bonne école avec Rita Skeeter.
-Pas faux, concéda Garrick.
Ils finirent par se calmer et sirotèrent leur verre d'alcool.
-Aucune trace d'Eutar ? demanda Ragnok
-D'après Ric, le passage d'une dimension à une autre n'a pas dû être facile, fit Garrick. Il n'est pas un guerrier, d'abord un politicien qui est conscient de ses faiblesses et qui y a remédié à hauteur de ses moyens. Même avec le massacre qu'il a produit, il doit encore apprivoiser la magie qu'il a récupéré.
-Combien de temps ? fronça des sourcils Ragnok
-Il ne devrait pas tarder à être en pleine forme, soupira Garrick.
-Que peut-on faire pour le neutraliser ? demanda Ragnok
-Ric pense qu'il se cache avec Dumbledore, révéla Garrick.
-A Poudlard ? sursauta Ragnok
-Non, secoua la tête Garrick. Même si les barrières sont très basses, elles ne permettront pas l'accès à Eutar sans hurler. Ric est donc en train de parcourir le pays pour retrouver cette propriété.
-Il aurait pu faire appel à la banque, ronchonna Ragnok.
-Ça aurait été une solution, concéda Garrick. Mais votre mission est plus importante, non ?
Après l'attaque de l'entrée vers la nation gobeline sur les terres britanniques, ordre avait été donné de sécuriser toutes les entrées à travers le monde, aussi bien avec des gardes qu'avec des protections magiques. Ces dernières mettaient du temps à être installées donc attirer l'attention sur Gringotts n'était pas dans leur intérêt, il en allait de la sécurité du peuple gobelin.
-Alors ? demanda Ragnok
-Il n'a pas trouvé grand-chose pour le moment, répondit Garrick. Je ne t'apprends rien, la chasse est un sport adoré par les elfes noirs et maintenant que Laze est libre, Ric va s'en donner à grande joie.
-En parlant du seigneur Salazar, que devient-il ? demanda Ragnok
-Il continue de donner des cours à Harry, sourit Garrick. J'ai même eu l'occasion de lui parler de ma nature et il compte bien redonner nos lettres de noblesse.
-Alors que vous vous êtes cachés depuis des siècles ? s'étonna Ragnok. Et tu es d'accord ?
-J'ai contacté les miens et ils ne sont pas totalement opposés à ce projet, avoua Garrick. La situation politique dans les autres pays n'est pas aussi catastrophique qu'ici et si on se fie aux courants magiques à travers le monde, il est temps de reprendre la main si on ne veut pas qu'elle disparaisse à moyen terme.
Ragnok hocha la tête. Outre la disparition des terres disponibles pour les créatures magiques à cause de la mondialisation, l'ère industrielle avait poussé les communautés magiques à se rapprocher des sans pouvoirs dans une question de survie, ce qui les avait poussées à s'éloigner petit à petit de la Magie. Un retour aux sources devenait de plus en plus important et la disparition de Dumbledore, qui contrôlait la ligne de magie de Greenwich tout en bafouant la Magie, d'autant plus vitale.
-D'accord, fit Ragnok. L'idéal serait qu'on puisse tous attaquer en même temps.
-C'est-à-dire ? demanda Garrick
-Lord Potter et lord Black ont récupéré officiellement leurs titres, rappela Ragnok. Aucun d'entre eux ignore que Dumbledore a corrompu les institutions pour les manipuler en toute impunité. Ils peuvent parfaitement porter plainte contre lui concernant les ponctions sur leurs coffres. Les preuves sont déjà là, personne n'a besoin de savoir que nous l'avons dans le collimateur depuis des dizaines d'années.
-Entre ces deux lords qui ne lui obéissent plus, les mangemorts qui partent dans tous les sens, les Dragons qui refusent en bloc ses enseignements, si on ajoute Gringotts qui fourre son nez dans ses affaires, je pense qu'il va rapidement perdre pied, songea Garrick. Si on négocie bien, on peut même l'y pousser un peu plus vite.
-Comment ? demanda Ragnok
-Tu connais le principe des « accidents fortuits » ? ricana Garrick
§§§§§
Quand il ne trouvait pas dans la maison qu'il partageait avec Ric et Harry, Laze se rendait souvent à Poudlard. Comme son compagnon s'était entièrement tourné vers la recherche d'Eutaryn, il lui avait laissé la charge de récupérer Poudlard. Ça avait été avec plaisir qu'il avait réinvesti ses appartements privés et retrouvé ses affaires abandonnées mille ans auparavant.
Laze ne passait pas ses journées de manière oisive. Outre les cours qu'il donnait à Harry en parallèle à son apprentissage, il continuait à comprendre la manière dont le monde avait changé. A sa plus grande surprise, s'il devait comparer les avancées technologiques des personnes non magiques et celles magiques des sorciers, ces derniers avaient réellement traîné la patte. Occupés à préserver le statut du Secret, les sorciers britanniques – il n'avait pas encore pris le temps de se renseigner dans les autres contrées – s'étaient renfermés sur eux-mêmes et n'avaient pas pensé à s'adapter aux personnes qui les entouraient. Pire, comme ils ne s'ouvraient pas sur l'extérieur, de nombreuses capacités leur étaient de moins en moins accessibles et ils les avaient catégorisées comme maléfiques sans jamais se remettre en question.
Ce jour-là, Laze avait décidé de se promener dans les couloirs secrets de l'école de magie. Après son kidnapping, Ric n'avait pas tardé à regagner la dimension des elfes pour mener ses recherches à bien. Seules aux commandes de l'école, Rowena et Helga avaient dû la maintenir à flots et sans l'aide de leurs compagnons, maîtres dans leurs domaines respectifs et enseignant également à Poudlard, leur grand rêve aurait pu être un échec. Mais cette charge de travail ne leur avait pas permis de transmettre tous les secrets du château, du moins, ceux auxquelles elles avaient accès, à commencer par l'accès à leurs appartements privés. Les deux sorcières ne savaient pas qu'avant que Ric ne mette à disposition ce château qu'il venait d'acquérir, il avait usé de sa magie pour créer un réseau parallèle de couloirs et de salles, en cas d'invasion comme pour pouvoir se rendre d'un point à un autre en toute discrétion. Cela amusait l'elfe noir de surgir derrière les apprentis, surtout quand ils se permettaient de le critiquer ou, le plus souvent, de critiquer son compagnon. Le maître de potions n'était pas le plus aimable mais avec une matière des plus dangereuses, il ne pouvait pas se permettre de sympathiser avec les élèves et c'était ce que ces derniers ne parvenaient pas à comprendre.
Ce réseau de couloirs permettait actuellement à Laze de vaquer à ses occupations sans que quiconque dans le château, à commencer par le directeur en premier, ne puisse se douter de sa présence. Cela lui avait permis d'examiner directement les barrières magiques de l'école et de les réalimenter doucement. Comme une personne affamée depuis trop longtemps, il ne lui était pas possible de restaurer d'un coup les barrières sous peine de rendre Poudlard malade, ce qui impacterait tous les habitants du château. Le fondateur avait donc pris le parti de réinjecter tout doucement de l'énergie pour qu'il puisse récupérer petit à petit. Dans le même temps, il avait examiné les lieux les plus fréquentés pour les restaurer et il était tombé sur des sorts de coercition et d'influence parmi les plus abjects. S'il se fiait à leur force, ils avaient une importance capitale pour la personne qui les avait mis en place et il ne fallait pas être Merlin pour comprendre que Dumbledore tenait à avoir un certain contrôle sur les élèves et les professeurs. Malheureusement, il ne pouvait pas se permettre de les démanteler car il était certain que le directeur s'en apercevrait mais également parce qu'il savait que s'il se trompait de contre-sort, ça aurait le même effet et alerter leur adversaire ne serait pas dans leur intérêt.
Alors qu'il se trouvait du côté de la salle sur demande, l'une des plus grandes créations conjointe d'Helga et de Rowena, Laze entendit un bruit sourd retentir dans le couloir. Inquiet, il fit apparaître une fenêtre dans le couloir officiel et notant qu'il n'y avait personne, il se lança un sort de désillusions avant de sortir. Il vérifia toutes les salles – également vides – et en conclut que le bruit venait de la salle secrète. Il posa alors une main contre le mur et infusa sa magie.
-En tant que fondateur, je t'ordonne d'ouvrir cette porte, fit Laze.
Reconnaissant la magie supérieure à ses fonctions premières, la salle s'ouvrit et l'homme entra. Il fut surpris de tomber sur un laboratoire de potions très bien équipé, une potion en plein brassage mais surtout, une silhouette à terre. Non sans quelques précautions, comme éteindre le feu sous le chaudron et l'entourer d'un bouclier, il s'approcha de la silhouette et nota qu'il s'agissait d'une jeune femme évanouie. Délicatement, il demanda à la salle de lui fournir un couchage qui apparut aussitôt et lui lança plusieurs sorts de diagnostic qu'il avait appris des livres que Ric avait récolté depuis qu'il avait fait la connaissance d'Harry. Les résultats le surprirent au plus haut point et vérifiant que la sorcière n'allait pas se réveiller de sitôt, il examina son travail interrompu.
-Par Magia, mais qu'est-ce qu'on a bien pu te faire … souffla Laze.
Il ne connaissait pas la potion qui était en train d'être brassée mais avec les ingrédients encore présents sur la table, il devinait aisément qu'on voulait palier à un déficit magique important et surtout, que la potion n'était clairement pas du niveau d'un élève. D'une impulsion psychique, la salle changea partiellement de configuration et il fallut plus d'une heure avant qu'il ne puisse trouver la recette exacte de cette potion qui était brassée de tête.
-Dobby ?
-Le seigneur Salazar a appelé Dobby ? fit l'elfe de maison en apparaissant
-Oui, merci d'être venu aussi vite, sourit Laze. J'aurais besoin que tu ailles récupérer ces ingrédients dans le laboratoire de la maison dans ces quantités précises. Ensuite, pendant que je brasserai, je voudrais que tu t'occupes de cette demoiselle. Qu'elle se repose et qu'elle ne se réveille que quand je te le dirais.
-Bien, seigneur Salazar, s'inclina Dobby.
Une dizaine de minutes plus tard, l'elfe de maison revint avec ce qui était demandé puis se pencha sur le lit où la jeune femme dormait paisiblement. D'un claquement de doigts, il fit venir une couverture qu'il déposa sur le corps d'Hermione Granger.
