10 mars 2007
« J'avoue ne pas bien comprendre le motif de votre visite, M. Coulson. J'ai beau être un homme d'affaires respectable, je ne suis pas le plus riche ni le plus influent. »
Coulson adressa un sourire bénin à son interlocuteur.
« En fait, c'est une irrégularité dans vos papiers qui m'amène ici, M. Black. C'est étrange, mais il n'existe aucune trace administrative de votre existence avant septembre 1929, quand vous avez été recueilli par l'église Saint Jean Baptiste de Covent Garden à l'âge de onze ans, déclarant n'avoir aucun souvenir de votre famille. »
Une lueur s'alluma dans le regard gris mercure du nonagénaire.
« C'est bien malchanceux, mais je doute que vous puissiez rectifier cela. Personne n'est jamais venu me réclamer, ni comme fils ni comme frère, et je ne me rappelle rien de mes parents. »
« Vraiment ? » fit Coulson à mi-voix. « Ou bien préférez-vous ne pas y penser, tout simplement ? »
« Et pour quelle raison ferais-je cela ? » voulut savoir le vieil homme, un sourire amusé sur le visage.
« Sans doute est-ce trop douloureux de regretter le monde magique pour un Cracmol, j'imagine. »
Le sourire disparut à une telle vitesse du visage de Black que Coulson en eut presque le vertige.
« Excusez-moi ? Je ne crois pas avoir bien entendu. »
L'Agent conserva son expression la plus inoffensive.
« C'est fou, les vieux papiers que l'on retrouve en fouillant les archives des hôpitaux – et en passant, Sainte Mangouste a réellement besoin d'un meilleur système de classement. Comme votre certificat de naissance, M. Marius Black de la Noble et Très Ancienne Maison Black. Quel dommage que votre famille n'ait pas su voir au-delà de votre absence d'aptitude à la magie, ils y ont certainement perdu. »
On aurait pu entendre voler une mouche dans la pièce.
« …Vous n'êtes pas un sorcier » lança Black, les yeux étrécis à la manière d'un prédateur s'apprêtant à fondre sur sa proie. « Je l'aurais senti. »
« C'est vrai que je suis on ne peut plus moldu, comme vous dites en Angleterre » confirma Coulson. « A titre personnel, le terme Non-Maje me plaît bien plus. Moins dépréciatif, comme celui de première génération comparé à né-moldu. En passant, comment vont vos charmants arrière-petit-fils ? Colin et Dennis, n'est-ce pas ? »
« M. Coulson, qu'êtes-vous venu chercher ici ? » gronda Black, sur la défensive.
« C'est Agent Coulson, en fait. De l'organisation gouvernementale Stratégie, Habileté, Intervention, Exécution et Logistique Défensive. Et vous, M. Black avez le potentiel de devenir un de nos contacts dans la société magique anglaise. Qu'en dites-vous ? »
31 juillet 2007
« Joyeux anniii-versaire, Johnny… Joyeux anniversaire ! »
Cette fois-ci, le garçon ne souffla que deux fois pour éteindre les sept bougies. Comparé aux cinq de l'année précédente, il y avait un net progrès.
« Rhodey, pas touche au glaçage ou le sang va couler » menaça Leah en se préparant à découper le gâteau.
« Ne jamais contrarier une femme qui tient un couteau ! Retiens ça, champion » déclara solennellement Tony.
« C'est marrant, ça ne t'a pas arrêté avec cette blonde du New Jersey » glissa le soldat tout en tendant un paquet à l'emballage kraft au gamin.
« Elle n'aurait jamais osé, je suis trop génialissime pour qu'on me tue. »
« Tony, tu sous-estimes ta capacité à porter sur les nerfs de tous ceux que tu croises » rétorqua Pepper.
L'inventeur rayonna.
« Merci ! »
« …Ce n'était pas un compliment. »
« Wah ! La classe ! »
Tout sourire, Jon se coiffa immédiatement de la casquette bleue marine ornée de l'emblème doré des Navy SEALs et se mit au garde-à-vous.
« Paré à obéir, capitaine. »
« C'est lieutenant colonel Rhodes, punaise » gronda le soldat faussement terrifiant, de sa voix la plus Full Metal Jacket.
« Ben alors, on recrute au berceau, maintenant ? » lança Tony. « Y a plus de candidats qui font le pied de grue devant la porte du bureau ? »
« La faute à tes jouets, l'industriel » déclara Leah en s'efforçant de transvaser un morceau de gâteau sur une assiette sans que celui-ci ne s'effrite en miettes chocolatées. « Avec tous ces drones et missiles guidés, il n'y a plus que les pauvres pour faire la guerre avec de vrais gens. »
« Psh » fit le milliardaire dédaigneux. « Et en quoi c'est mal, hein ? Moins de vies perdues, si tu veux mon avis. »
« L'idéal, ce serait pas de vies perdues du tout. »
« S'il vous plaît » intervint Pepper, « nous sommes ici pour fêter l'anniversaire de Johnny, pas pour refaire le monde. »
« C'est Jon, Tante Pepper » protesta le gamin, ses lèvres de chérubin tordues en une irrésistible moue boudeuse.
La rousse eut un sourire.
« Pardon, mon grand. J'avais oublié. »
12 septembre 2008
« Vous ne semblez pas très affolée. »
Margaret Carter se contenta de sourire.
« Et bien, ça ne m'avancerait pas à grand-chose, n'est-ce pas ? Que je le veuille ou non, je deviendrais bientôt complètement gaga, persuadée que la télévision n'a pas encore été inventée. Quoique, quand on voit certains des programmes diffusés, peut-être n'est-ce pas plus mal… »
Leah haussa un sourcil régalien.
« Plus j'y pense, plus je suis persuadée que la démence est le pire de tous les états. Une infirmité physique, passe encore avec toutes ces prothèses et aides qu'on invente. Mais quand c'est votre esprit… »
« Miss Locke, essayez-vous de me déprimer ? Vraiment, je ne me plains pas. C'est juste une inévitabilité. »
« Pas sûre. »
La vieille femme lui adressa un regard scrutateur.
« Ne me dites pas que vous allez me proposer un remède magique ? Faudra-t-il que je m'attache une taupe morte autour du cou ? »
« C'est contre la rage de dents, ça. Et ce serait expérimental, mais j'aimerais tenter le coup. Je ne vous promets pas la guérison, juste un peu plus de lucidité, et un peu plus longtemps. Qu'en pensez-vous ? »
L'ex-Agent considéra l'option longuement.
« …Pourquoi pas, après tout. »
28 mars 2009
« Je peux te rappeler que t'es la nounou de Jon et pas la mienne, Mary Poppins ? » râla Tony.
« Vu comment tu uses la patience de Pepper, elle recourt à moi comme suppléante » rétorqua Leah. « Tant qu'on y est, tu n'as pas oublié ce qui se passera le trente, tout de même ? »
Confrontée au regard vide de son employeur, la jeune femme se prit la tête dans les mains.
« Anthony Edward Stark, tu es l'être humain le plus désespérant que j'ai jamais eu l'infortune de rencontrer. Pepper travaille pour toi depuis neuf ans et tu ne connais toujours pas sa date d'anniversaire ? »
« …J'ai oublié ? » lâcha piteusement le milliardaire. « Oh, fais pas cette tête ! La connaissant, elle a anticipé et s'est déjà acheté une babiole mille fois mieux que tout ce que j'aurais pu lui fourguer. »
« Parfois, je me demande vraiment pourquoi je me donne du mal » gémit la magicienne. « Espérons qu'elle appréciera mon bracelet anti-migraine, je sens qu'il va beaucoup lui servir dans le futur. »
« Tu es une vraie fée, Mary ! » s'écria l'ingénieur, radieux, la poussant à rouler des yeux.
« Pour la dernière fois, je suis une sorcière. »
« Et quand une sorcière est belle, ça s'appelle une fée » décréta Tony d'un ton qui ne souffrait pas de réplique. « Dis, est-ce que Jon est toujours vexé ? »
« A ton avis ? Tu ne seras pas là pour assister à la kermesse de l'école alors que tu avais juré que tu y serais, comment veux-tu qu'il le prenne ? »
Le milliardaire soupira.
« Ecoute, si j'avais pu reporter le voyage en Afghanistan… »
« Je sais » fit gentiment Leah. « Et il le sait aussi. Seulement, c'est fragile, l'égo des garçons de cet âge. Quoique, l'égo des mâles en général… »
« Quelle cruauté » pleurnicha théâtralement Tony. « Enfin, aucune chance pour qu'il vienne me souhaiter bon voyage demain, alors ? »
« N'y compte pas là-dessus, ça non. Ceci dit, ne t'inquiète pas pour le retour, il te sautera dessus sans hésiter parce que tu lui auras manqué. »
« Mince, faudra que je sorte l'armure » plaisanta l'inventeur.
En guise de réponse, Leah laissa échapper un petit rire.
