1 novembre 2011
Cher dompteur de loup géant,
J'ignore comment Ilvermorny célèbre Halloween (ce serait tout de même dommage si ce n'était pas le cas – savais-tu que les druides croyaient qu'il s'agissait du jour où les morts et autres esprits pouvaient revenir parmi les vivants pour leur jouer des mauvais tours et ne se laissaient apaiser que par des offrandes de nourriture ?) mais cela ne saurait être pire qu'ici.
Figure-toi en effet que l'esprit frappeur résident (dénommé Peeves, il est rentré dans la tour de Serdaigle pour voler nos draps et les échanger avec nos serviettes de bain il y a deux semaines) a pensé que ce serait très drôle de faire venir un troll des montagnes au château. L'inconvénient, vois-tu, c'est que les trolls ont tendance à tout réduire en bouillie sur leur passage, y compris les gens.
Le résultat final, c'est huit blessés parmi les élèves de Poufsouffle, dont deux graves. S'ils se sont retrouvés sur la trajectoire de la créature, c'est parce que le professeur Dumbledore (le directeur de notre école, je l'avais déjà mentionné) a insisté pour que tous les élèves retournent dans leur salle commune en apprenant que le troll se trouvait dans les cachots. Problème : les salles communes de Poufsouffle et de Serpentard sont situées respectivement au rez-de-chaussée et dans les dongeons. Mais à quoi pensait-il ?
Malfoy (la petite fouine) répondrait que Dumbledore ne pensait probablement pas du tout. Depuis septembre et le scandale médiatique concernant le Garçon-Qui-A-Disparu, il a perdu énormément de crédit. On l'a obligé à démissionner de son poste de président-sorcier du Magenmagot sous prétexte qu'il se faisait trop vieux, et il a été mis sous probation pour ce qui est de ses occupations au sein de la Confédération Internationale des Sorciers. Avec l'histoire du troll, il ne devrait pas tarder à perdre ce poste-là aussi.
En passant, c'est vraiment un triste jour si je me retrouve d'accord avec Malfoy. Ce garçon est un malotru de la pire espèce qui mériterait de passer aux mains d'Agatha Legourdin (au cas où tu n'aurais pas lu ce chef d'œuvre de littérature enfantine qu'est Mathilda de Roahl Dahl, je désespère de toi, d'autant que tu me semblais très dégourdi pour un garçon américain).
Autrement, tout se passe plus ou moins tranquillement, à l'exception de ce grand niais de Gryffondor qui me regarde de travers chaque fois que je donne une bonne réponse en cours. Les imbéciles se sentent toujours menacés par l'intelligence, hélas. Il est un tant soit peu déprimant de constater l'intemporalité de cette maxime de Swift, ce dont je m'efforce de me consoler grâce aux louanges et encouragements de mes pairs aiglons.
En passant, je refuse de croire qu'un des élèves de ton école s'est égaré trois jours dans le château sans qu'on puisse lui mettre la main dessus. Le corps professoral ne saurait être à ce point négligent, voyons.
Cordialement,
Hermione Granger (toujours aussi allergique à la sottise pure qu'à la rentrée scolaire)
P.S. : Après ta dernière lettre, je me suis arrogé le droit de faire des recherches sur les circonstances ayant mené à l'abrogation de la loi de Rappaport. Mes plus sincères condoléances pour l'épreuve traversée par ta grand-mère, elle avait l'air très admirable.
9 novembre 2011
Chère tragédie grecque,
Quelle vie palpitante tu mènes ! Décidément, comparé à la joyeuse Angleterre, nos bonnes vieilles colonies se révèlent d'un ennui on ne peut plus mortel. Ici, pas de disparition inexpliquée, pas d'évasion spectaculaire, pas de créature féroce au tournant du couloir. Le seul événement un rien croustillant à s'être produit depuis la rentrée scolaire, c'est la commémoration de ce petit incident aérien à New York le 11 septembre.
(Oui, cette blague est d'un goût absolument immonde. Comme disait je ne sais plus quel philosophe, la vie te permet soit de rire d'elle soit d'en pleurer. À titre personnel, je préfère le rire de loin, surtout parce que pleurer me fait la tête comme une pastèque.)
Pour ce qui est de l'histoire d'Ollie Létincelle, comment oses-tu remettre en doute ma crédibilité ? (va s'avachir sur le canapé pour se gaver de Michokos) Sache, ô copie femelle de l'apôtre Thomas, que je tiens l'histoire d'Olivia Vertigo en personne, ma très estimée tutrice et guide au sein de ce nid de vipères qu'est le collège. Oui, c'est bien la fille du metteur en scène et de l'actrice, oui, elle a une imagination débordante, non, elle n'invente rien. Si elle inventait, pourquoi irait-on la croire, je te le demande ?
Si tu n'es toujours pas convaincue, je suis allé interroger le garçon en question (il est en quatrième année). Figure-toi qu'on ne l'a retrouvé que parce qu'il s'est retrouvé dans une zone dégradée du château et qu'il est passé à travers le plancher ! Il raconte ça comme si c'était une bonne grosse blague, mais sa famille n'a pas dû tellement apprécier puisque son frère est venu se faire engager comme professeur d'Art le mois suivant, histoire de lui garder l'œil dessus.
Le frère s'appelle Samuel Létincelle mais nous demande de l'appeler par son pseudonyme de peintre, Boldova. Pour un peintre sorcier, il donne plutôt dans l'art abstrait, le genre spirales sur fond coloré et assortiment de pois diverses tailles. Comme c'est animé, c'est plutôt intéressant à observer, même si Zelda Dobinski raconte partout que le mouvement lui donne envie de vomir. Quand je lui ai demandé pourquoi chacune de ses toiles portait le titre d'un morceau de musique, il m'a répondu que c'était parce qu'il écoutait ce morceau précis pendant qu'il travaillait !
Ça plus son catogan absolument superbe (moi qui doit me battre avec mon peigne, j'ai un faible pour les coiffures parfaites) me mènent à la conclusion que Boldova est mon âme-sœur, façonnée exprès par l'Univers pour me faire tomber dans ses bras après notre première conversation. Mais comme la vie n'est qu'une vallée de larmes, il faut qu'il ait minimum quinze ans de plus que moi et ne donne aucun signe d'être gay ou bisexuel, même de tendance occasionnelle. Vie de merde.
Oui, c'est dur d'être fils de milliardaire, je te le ferais savoir. Surtout quand ton père se décharge de toi en pension pour continuer tranquillement à faire l'idiot dans une boîte de conserve high-tech qui vaut basiquement le PIB de toute la région des Balkans.
Tilly te fait dire qu'elle regrette de ne pas avoir pu d'envoyer un mot pendant qu'elle se trouvait en Irlande, mais elle avait quelques soucis à ce moment-là. Elle essaiera de se rattraper avec le cadeau de Noël. En passant, est-ce qu'elle a déjà commencé à te tanner pour que tu trouves ceux que tu va offrir ?
Affectueusement,
Jon Stark (artiste en puissance qui a déjà le talent, la célébrité et la malchance en amour indiquant qu'il ira loin dans la vie)
P.S. : Je te remercie de tes condoléances, mais à l'avenir j'aimerais m'abstenir de ce sujet. C'est très personnel.
17 novembre 2011
Cher futur aliéné (parce que tous les grands artistes finissent par travailler du chapeau)
Nous voici donc compagnons d'infortune dans cette course effrénée pour satisfaire autrui qu'est la recherche du parfait cadeau de réveillon. Si j'ai le malheur de m'avouer totalement dépourvue d'inspiration en ce qui concerne les achats, je suis en revanche on ne peut plus disposée à en recevoir, surtout s'il s'agissait de ta collection complète et dédicacée des œuvres de Terry Pratchett (tout sourire).
Cordialement,
Hermione Granger (qui n'éprouve ni honte ni remords concernant ses désirs honteux)
24 novembre 2011
Chère diablesse privée de cœur,
Pourquoi tu me demandes pas carrément de m'arracher la peau des valseuses avant d'y mettre un cataplasme au jus de citron et d'aller me jeter dans l'océan, ça me ferait moins mal ?
Puisses-tu découvrir le cadeau de tes recherches en rupture de stock, puisses-tu passer l'après-midi dans la file d'attente et puisses-tu n'avoir que du papier cadeau hideux dans tes placards.
(Pas) Affectueusement
Jon Stark (qui prévoit de te lancer le Grinch aux trousses)
